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mardi 24 décembre 2024

Édition et presse. Gaza, symbole d’un tour de vis idéologique

https://orientxxi.info/magazine/edition-et-presse-gaza-symbole-d-un-tour-de-vis-ideologique,7866
 

Exclusif. Le jour de son arrivée en septembre aux éditions du Seuil, Coralie Piton, la patronne venue de McKinsey, voit d’un mauvais œil la sortie du Livre noir de Gaza, coordonné par Agnès Levallois. Et à Marianne, la directrice Natacha Polony, considérée comme critique de la guerre israélienne à Gaza, vient d’être débarquée. Signes de plus d’une menace sur les libertés éditoriales des milliardaires catholiques et réactionnaires. Et, bien entendu, pro-israéliens.

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C’est l’histoire d’une tentative d’effacement d’un livre, mais aussi le signe d’une défaite qui s’annonce si l’on n’y prend pas garde. À Paris, des manœuvres capitalistiques bouleversent l’édition et la presse depuis quelques années, qu’on pourrait résumer par « à droite toute ». Leitmotiv des patrons : que les universitaires, journalistes et éditeurs (évidemment woke) dégagent le terrain. Et arrêtent de bassiner avec la Palestine ces nouveaux amis d’Israël, au nom d’une tragique farce : la civilisation judéo-chrétienne qui se défendrait à Gaza.

Que les éditions du Seuil, place-forte littéraire de la gauche culturelle en France, soit le cadre de cet effacement en dit long sur les percées des nouveaux réacs sur le front des idées. Après avoir été la propriété de la famille Wertheimer, actionnaire de Chanel, plus encline aux garden-partys qu’aux joutes culturelles, cette maison est contrôlée depuis 2017 par la famille conservatrice franco-belge Montagne, qui possède les géants de la bande dessinée Dargaud et Dupuis, mais aussi Fleurus, l’hebdomadaire catholique Famille Chrétienne et quelques petits éditeurs traditionalistes.

Mai 2024. Hugues Jallon, PDG des éditions du Seuil, est débarqué. Les Montagne lui reprochent des résultats financiers en baisse et des erreurs de management. La baisse touche tout le secteur de l’édition qui s’est mal remis de la fin de l’engouement pour les livres pendant les années covid. Jallon a des convictions de gauche, qu’il n’a jamais cachées. Cela n’avait pas empêché son embauche en 2018 par les Montagne. Cet ancien patron de La Découverte, lui-même auteur, est un professionnel respecté. Mais depuis, les temps ont changé.

Parmi les projets lancés par Hugues Jallon avant son limogeage : Le livre noir de Gaza1. Il est confié à Agnès Levallois, une spécialiste du Proche-Orient, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo) et enseignante à Sciences Po. L’objectif de l’ouvrage est simple : traduire en français et éclairer des rapports d’ONG sur la situation à Gaza depuis un an. La préface est confiée à Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières (MSF) et spectateur à la fois avisé et engagé.

Malgré le départ d’Hugues Jallon, le processus de fabrication du livre suit son cours. La date de sortie du Livre noir est fixée au 4 octobre 2024. Début juillet, Coralie Piton est nommée à la tête des éditions du Seuil. Ancienne de la Fnac et de Canal+, elle a commencé sa carrière comme consultante chez McKinsey, le cabinet de conseil préféré des ultralibéraux. Il aida notamment Emmanuel Macron dans sa première campagne présidentielle. Il en fut dûment récompensé par des commandes de ministères macronisés après 2017, comme le révéla la presse début 2022. Plusieurs enquêtes judiciaires sont en cours à ce sujet.

Le « resserrement » du débat d’idées

Une ancienne de McKinsey à la personnalité glacée, selon le mot d’une salariée, contre un rêveur de gauche un peu bordélique, « cela ne pouvait pas s’inventer, mais, pour beaucoup, on a compris que la messe était dite », confie un salarié du Seuil. Vincent Montagne, le patron de Média Participations, qui contrôle le Seuil, est à la manœuvre. Il préside également le Syndicat national de l’édition (SNE), et « ne jure que par les résultats », dit un proche. Il complète en parlant de sa méfiance pour « les extrêmes », comprenez de gauche.

Coralie Piton arrive au Seuil début septembre. Immédiatement, au cours de différentes réunions avec les équipes, elle fait part de ses « interrogations » et de son « embarras » quant à la sortie du Livre noir de Gaza. « Beaucoup de choses me gênent personnellement », dit-elle. Il semble que la préface de Rony Brauman soit « problématique » à ses yeux. « Pourtant, il ne s’agit pas d’un brûlot militant, mais d’un livre de documentation », déplore une salariée du Seuil. Il est trop tard pour censurer, « le livre est alors déjà dans les camions de livraison », ironise un troisième salarié. Il ajoute : « cela serait abusif de parler de censure, mais il s’agit d’un sérieux warning. L’inquiétude est moins sur ce livre que pour les projets qui vont suivre ». « Il s’agit d’une bêtise plus que d’une volonté politique », tempère une autre salariée.

L’histoire n’est alors pas rendue publique. En interne, beaucoup s’inquiètent désormais de la nomination d’une femme « qui ne connaît pas notre métier et se demande s’il faut soutenir un livre publié par la maison ». « Elle a compris qu’elle devait s’écraser, car le pôle commercial défendait le Livre noir », poursuit un salarié. D’ailleurs, pour protéger un lancement qui s’annonce prometteur, Agnès Levallois n’est pas mise au courant des « inquiétudes » de Coralie Piton par ses éditeurs. Elle va défendre le livre dans de nombreux médias et rencontres. Elle est « tombée de l’armoire » quand elle a appris ce qui s’était joué début septembre. Agnès Levallois souligne le soutien constant des équipes du Seuil à un ouvrage qui s’est très bien vendu depuis deux mois, témoin de l’intérêt du public pour Gaza, a contrario de la doxa ambiante.

Mais Agnès Levallois n’est pas totalement surprise. Elle constate le « resserrement » du débat d’idées en France. Le 7 novembre, elle devait participer à une rencontre sur le Liban, organisé par la vénérable Association Neuilly Liban en compagnie de Joseph Maïla, professeur à l’ESSEC, et Karim Emile Bitar, professeur à l’École normale supérieure (ENS). Cette réunion devait être présentée par le journaliste du Monde Benjamin Barthe dans une salle municipale de la ville, après accord du maire, Jean-Christophe Fromentin. Mais, face à une campagne locale de dénigrement et de menaces menée notamment par le Crif et le rabbin, Neuilly prend peur, ce qui est amusant à écrire, et ne veut plus prêter sa salle. La veille de sa tenue, la rencontre est annulée… Quant à Benjamin Barthe, il fait l’objet de campagnes diffamatoires depuis des mois, dont la très réactionnaire Eugénie Bastié se fait le relais dans un article du Figarovox le 17 décembre.

Cela marque un climat, tout comme la tentative maladroite d’envoyer un ouvrage aux oubliettes. Depuis la rentrée de septembre, on ne compte plus les réunions interdites par les préfets — celles de Salah Hammouri, l’auteur de Prisonnier de Jérusalem (édition Libertalia, 2023), en particulier. Partout, des pressions, des menaces, de la surveillance policière. Du 13 au 16 décembre, l’association Histoires de se rencontrer au cinéma organisait au Mas d’Azil, un superbe village d’Ariège à l’esprit rebelle et culturel, une rétrospective du cinéaste Eyal Sivan en présence de la philosophe Marie-José Mondzain et de l’auteur de ces lignes. Salle et rencontres pleines, de longs échanges d’idées et de perspectives dans une ambiance chaleureuse. Alentour, des gendarmes se tenaient en faction dans leurs breaks bleus, observant sans discrétion les participantes et relevant les plaques d’immatriculation des voitures pendant les séances.

Alliance entre ultra-laïcs islamophobes et riches réactionnaires catholiques

Accompagnant ce climat étouffant, se trame une alliance naissante entre les riches catholiques réacs — les familles Bolloré, Montagne, Stérin notamment — et les soutiens financiers de courants politiques ultra-laïcs et islamophobes, Daniel Kretinsky en particulier.

Ce milliardaire tchèque s’est bâti en France, en moins de dix ans, un empire économique et médiatique d’une puissance inédite, de l’énergie à la grande distribution. Il s’est allié à Denis Olivennes, son homme dans les médias. Ce dernier, aux commandes de nombreux magazines, dirige en coulisses Libération, à qui Kretinsky va à nouveau avancer 15 millions d’euros. Mais il est aussi le patron de Franc-Tireur, l’hebdo de Caroline Fourest et Raphaël Enthoven. On retrouvera les mêmes, et bien d’autres, à « Réels Tv », le projet de télé qu’Olivennes pilote et entend consacrer à la lutte contre « la désinformation ». Ce chaud partisan d’Israël, qui a commencé sa carrière politico-médiatique au Parti socialiste, a en horreur tout ce qui ressemble à un syndicaliste ou à un militant de gauche. Cela promet…

Entre la chorale de Denis Olivennes et les chœurs de Vincent Bolloré, c’est la même gamme qui est chantée, les mêmes obsessions racistes, la même vision biaisée de la France, tandis que la gauche a perdu la voix.

C’est encore brumeux, mais suffisamment précis pour déclencher divers levers de bouclier. D’abord quand tous ces gens se sont alliés au début de l’automne pour reprendre l’École supérieure de journalisme (ESJ-Paris). Puis fin novembre, à l’intérieur du groupe Bayard. Les salariées se sont mis en grève contre l’embauche à un poste dirigeant d’Alban du Rostu, l’ancien bras droit du « jeune » (50 ans) milliardaire Pierre-Édouard Stérin.

Les salariées de Bayard ont obtenu, le 2 décembre, le renoncement à son entrée dans leur groupe marqué par le christianisme social et la culture populaire. On peut se réjouir avec l’intersyndicale de Bayard (CFDT, CFTC, CFE-CGC-CSN, CGT, SNJ) d’une « victoire sur toute la ligne ». Mais Alban du Rostu est jeune, désormais connu, et il se dit qu’il échange avec Jordan Bardella. Il ne devrait pas connaître un long passage par la case chômage. D’autant qu’il est soutenu par Denis Olivennes.

Olivennes (qui est aussi un ami de Vincent Montagne du Seuil) aime bien être le nouvel ami d’Alban du Rostu. Dans un tweet, il le juge « sympa, pro, pas sectaire ». Il a essayé de fourguer à Stérin l’hebdomadaire Marianne, à la ligne politique erratique. Et il vient de débarquer sa directrice, Natacha Polony, ce 19 décembre. Polony disait partout dans Paris ces dernières semaines que ses ennuis ont commencé quand elle s’est affrontée à Bernard-Henri Lévy, dit BHL, le 24 mars 2024, sur le plateau de Léa Salamé, à propos de Gaza. Caroline Fourest, l’amie de Denis Olivennes et de BHL (Paris est un village), elle aussi très pro-israélienne, menait campagne contre Polony, qui l’avait virée de Marianne. L’extrême droite « pas sectaire » n’a pas réussi à récupérer l’hebdomadaire après un niet de la rédaction. Mais Olivennes veut venger l’affront à BHL, un autre de ses amis.

Tout en annonçant une sévère cure d’austérité pour Marianne, avec réduction de la rédaction et de la pagination, il nomme à sa tête un Bolloré-boy, le vieux roublard de la télé Frédéric Taddéi, qui était ces derniers temps à Europe 1. Il a aussi collaboré à Cnews, dont il a d’ailleurs été viré. L’homme traine la sulfureuse réputation d’aimer ouvrir ses micros à des complotistes et à des antisémites, comme Dieudonné ou Marc-Édouard Nabe. Mais, ce n’est pas forcément pour déplaire aux amis réactionnaires d’Olivennes, qui montre avec ce petit coup de force que ce déontologue autoproclamé assume aussi le tordu. Avec Taddeï à Marianne, ce titre tombe dans l’escarcelle des nouveaux réacs, sans dépenser un sou. Kretinsky reste propriétaire et Olivennes patron. Pauvres confrères, qui vont connaître des heures noires.

Une guerre idéologique

Côté réac encore plus engagé que Taddeï, Alban du Rostu est une des têtes pensantes de cette extrême droite identitaire. Il a conçu pour Stérin le projet Pericles, dévoilé cet été par l’Humanité. Il suffit de décliner l’acronyme Pericles — Patriotes, enracinés, résistants, identitaires, chrétiens, libéraux, européens, souverainistes — pour comprendre de quoi il s’agit : mettre le pays sous cloche identitaire, « remporter des victoires idéologiques », et se débarrasser de ces Français qui osent les mariages mixtes et manifestent pour la Palestine.

Ces gens sont des tyrans en mots. Pour le moment, ils s’affairent avec Jordan Bardella et Marine Le Pen. Mais leur projet de purification est terrifiant, et ils le préparent en se débarrassant de ces affreux « islamo-gauchistes » qui selon eux pullulent. Hugues Jallon est le premier d’une liste, Natacha Polony est une cousine éloignée, mais elle n’a pas manqué de courage sur Gaza. Le mot purification n’est pas trop fort : des listes de noms d’avocats et de journalistes à purger circulent déjà sur des sites identitaires.

Le redressement « spirituel » de la France qu’appelle de leurs vœux les catholiques réactionnaires et leurs alliés les libéraux islamophobes est ainsi en marche. Flics partout, libertés nulle part est moins un slogan libertaire qu’un programme politique. Un de leurs objectifs communs : ne plus entendre parler de cette sale guerre livrée à Gaza. Mais aussi de ces libertés qui s’éteignent l’une après l’autre au pays des droits de l’homme.

C’est une guerre idéologique qui se livre en France. Elle ne fait que commencer sur les fronts éditoriaux. Julia Cagé, experte des médias et présidente de la Société des lecteurs du Monde, constate, non sans inquiétude que « le laissez-faire face à Bolloré, pour piétiner l’idée de liberté éditoriale, dans les médias et l’édition, a été le libérateur de tout ». Des « pro-business semblant sans idéologie » s’alignent, un par un, derrière Bolloré et Bardella. Leurs partisans s’échinent à nous faire croire que la France est livrée, avec France Inter, Le Monde, Médiapart et bien d’autres titres, à la croisade woke (et pro-palestinienne), alors qu’en réalité ils mettent la main sur d’énormes pactoles médiatiques et éditoriaux. « Stérin se cache à peine », ajoute d’ailleurs Julia Cagé. Olivennes non plus. Inutile de continuer à s’aveugler : les nouveaux réacs sont en train de marquer de nombreux points.

samedi 27 juillet 2024

L'ovation de Netanyahou

 
GAZA EST LE GÉNOCIDE LE PLUS DOCUMENTÉ (NOTAMMENT PAR LES ISRAÉLIENS), EN DIRECT,ET POURTANT...
 
"LE VRAI EST UN MOMENT DU FAUX" (GUY DEBORD), PLUS QUE JAMAIS

Il nous  a semblé utile et opportun de traduire et diffuser cet extrait de la très récente et très instructive interview que John Mearsheimer vient de donner à propos de l'étonnant spectacle donné à Washington par le Congrès US . Mearsheimer y donne avec sa perspicacité et sa compétence coutumière, un éclairage assez cru sur les circonstances "paradoxales" qui ont suscité l'ovation "debout" par 58 congressmen enthousiastes, gratifiant un bref mais hallucinant discours de leur invité d'honneur, le premier ministre israélien. 


 

Le même Netanyahou étant conspué par les manifestants aux portes du Capitole, dans un contexte politicien local qui n'est pas sans rappeler celui de l'ovation reçue par survivant criminel de guerre nazi lors de la prestation de Zelensky devant les députés canadiens  :

TOUT DOIT DISPARAÎTRE: pendant les festivités olympiques, le génocide continue ...

Source secondaire: https://www.librairie-tropiques.fr/2024/07/pendant-les-festivites-la-vente-du-genocide-continue.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

Source primaire: Eva Bartlett @ evakbartlett
publié initialement par RT international

Les attaques israéliennes ont probablement fait bien plus que les 40 000 victimes déjà recensées, et plus encore risquent de périr.

 
Les innombrables victimes de Gaza : pourquoi on laisse des centaines de milliers de personnes mourir

 

Plus tôt ce mois-ci, le Lancet a publié un article estimant que le nombre total de morts civiles palestiniennes causées directement et indirectement par les attaques israéliennes depuis octobre 2023 pourrait être près de cinq fois supérieur au bilan officiel, et pourrait atteindre « jusqu’à 186 000, voire même plus." 

Il a noté que  « cela se traduirait par 7,9 % de la population totale de la bande de Gaza ». 

Selon l'article, le dernier décompte disponible de Palestiniens tués – 37 396 – est beaucoup trop faible, car on ne sait toujours pas combien d'autres se trouvent sous les décombres, combien sont portés disparus mais ne sont pas comptabilisés parmi les morts, et combien périront à cause de la faim, de la déshydratation ou des maladies.

« Même si le conflit prend fin immédiatement, il y aura encore de nombreux décès indirects dans les mois et années à venir, dus à des causes telles que les maladies reproductives, transmissibles et non transmissibles », note-t-il.

Cependant, même cette estimation du Lancet de près de 200 000 morts pourrait ne représenter que la moitié du nombre réel de Palestiniens tués, selon certains décomptes.

Le Norvégien Mads Gilbert, qui a beaucoup travaillé depuis Gaza au fil des ans – notamment à l'époque où Israël menait des guerres contre l'enclave palestinienne – a récemment souligné les multiples conditions évitables qui contribuent à ces décès « indirects » , estimant le nombre de morts ou de décès imminents. le nombre de morts pourrait être supérieur à 500 000.

Comme causes de décès indirects, il détaille « le manque de nourriture entrant à Gaza et la destruction de l’agriculture, de la pêche, de la volaille, des fermes laitières, etc. Le manque d’eau, qui entraîne déshydratation et infections.

La troisième composante du « triangle de la mort » concerne les maladies courantes, note Gilbert. « Il y a peut-être au moins 10 000 patients atteints de cancer à Gaza. L’armée israélienne a bombardé l’hôpital de Rantisi pour enfants atteints de cancer et l’hôpital de l’amitié turque pour patients adultes atteints de cancer. Ils n’autorisent pas l’entrée de médicaments contre le cancer.

Selon lui, plus de 1,2 million de personnes sont infectées en raison des mauvaises conditions d'hygiène .

Gilbert souligne que dans les températures élevées qui règnent actuellement à Gaza, les ordures non ramassées, les pompes à eaux usées détruites et les rues inondées d’eaux usées qui en résultent, « cela crée un enfer de parasites qui peuvent propager des maladies ».

Ensuite, il y a les femmes enceintes qui accouchent dans des conditions insalubres, le corps affaibli par la faim. Il estime que plus de 50 000 enfants sont nés à Gaza depuis le 7 octobre 2023, ajoutant que  « toutes ces femmes ont besoin d’eau potable et de bonne nourriture pour pouvoir prendre soin de leurs enfants. Il y a une surmortalité massive chez les femmes enceintes qui ont des accouchements difficiles et qui ont besoin d’une césarienne.

Les près de 40 000 morts constituent déjà un chiffre effroyable, mais ces récentes estimations sont absolument horrifiantes

Famine et maladies planifiées

Ayant vécu trois ans à Gaza (entre fin 2008 et début 2013), j'ai vu (et vécu) la brutalité du siège israélien, les graves coupures de courant (16 à 22 heures par jour lorsque j'y vivais) après la destruction par Israël. la seule centrale électrique et l'impact de ces coupures de courant sur les hôpitaux (fonctionnement des salles de dialyse et des urgences ; incubateurs ; réfrigération pour les médicaments, etc.).

Les pannes de courant ont eu un impact sur la capacité de traiter les eaux usées, ou du moins de les rejeter dans la mer. Lorsque les eaux usées s’accumulent en excès, elles se déversent dans les rues (y compris au moins un cas horrible où cinq civils se sont noyés dans un village du nord de Gaza lorsque les eaux usées ont débordé).

Le confinement imposé par Israël restreint sévèrement ce qui est autorisé à entrer à Gaza, notamment les médicaments, le gaz de cuisine, le carburant, les produits alimentaires, le bétail, les semences, les engrais et bien plus encore. De même, cela limite considérablement les exportations, contribuant ainsi à détruire l’économie.

Comme je l’ai écrit il y a quelques années, les pannes d’électricité, les pénuries de carburant et de gaz de cuisine, l’insécurité alimentaire dramatique , le retard de croissance des enfants, le chômage à 50 % et l’eau non potable à 96 % sont la réalité de Gaza depuis des années.

En fait, déjà en 2008, j’écrivais (depuis Gaza) sur le manque d’aide alimentaire autorisée dans l’enclave : 

« Les chiffres de l'ONU révèlent qu'en moyenne moins de cinq camions par jour ont été autorisés à entrer, contre 123 en octobre et 475 en mai de l'année dernière. Le 27 novembre, l’ONU a annoncé qu’elle était à court de vivres et de produits de première nécessité à Gaza. »

À l’époque, il y avait déjà une grave pénurie de  « 300 types de médicaments différents, dont 95 (y compris des médicaments contre le cancer) ne sont plus disponibles à Gaza ». 220 machines utilisées pour la dialyse et d’autres procédures vitales, comme les tomodensitogrammes, n’étaient pas utilisables.

De même, les attaques israéliennes incessantes contre les agriculteurs et les pêcheurs palestiniens , tués et mutilés par des balles et des obus, les enlèvements de pêcheurs et le vol de leurs bateaux, durent depuis plus d'une quinzaine d'années, ce qui a de graves conséquences sur la capacité des Palestiniens à se développer. ou attraper leur propre nourriture.

D'autres tactiques de l'armée israélienne incluent  l'incendie des récoltes palestiniennes , l'abattage ou la destruction d'oliviers et la démolition de fermes dans toutes les régions frontalières. Le gouvernement israélien est allé jusqu’à calculer  le nombre minimum de calories nécessaire pour que les Palestiniens ne meurent pas complètement de faim.

En 2010, j'ai écrit sur la destruction systématique des puits et des citernes par Israël du sud-est au nord, en rendant visite aux agriculteurs et en étant témoin de la destruction. Beaucoup ont essayé d'irriguer leurs terres via une charrette à âne avec des cruches d'eau. Depuis plus d'une décennie, 95 % de l'eau de l'unique aquifère de Gaza est impropre à la consommation humaine .

Ajoutez les nombreuses guerres israéliennes contre Gaza au siège incessant, et vous verrez comment Israël a depuis longtemps préparé le terrain pour les maladies chroniques, les retards de croissance, l’anémie et bien d’autres maladies et afflictions – bien avant le 7 octobre 2023.

Rappelez-vous qu'en octobre, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait déclaré : « J'ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant, tout est fermé. Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence.

Rappelez-vous également comment les forces israéliennes ont tiré à plusieurs reprises sur des Palestiniens affamés alignés pour que la maigre aide alimentaire soit entrée à Gaza, le pire massacre de ce type en février, tuant au moins 115 civils et en blessant plus de 750.

Quelques mois avant l'avertissement du Lancet, en mars dernier, Ralph Nader avait également remis en question ce qu'il pensait être une grave sous-estimation du nombre de Palestiniens tués à Gaza, écrivant : « À partir de récits de personnes sur le terrain, de vidéos et de photographies d'épisodes meurtriers après épisodes, ainsi que de En raison du nombre de décès résultant du blocage ou de la destruction des biens essentiels à la vie, une estimation plus probable, à mon avis, est qu'au moins 200 000 Palestiniens doivent avoir péri à l'heure actuelle et le bilan s'accélère d'heure en heure.

Plus récemment, le Dr Ahmad Yousaf, médecin de Med Global qui travaille à Deir al-Balah, au centre de Gaza, a déclaré dans une interview

« Cette unité de soins intensifs est pleine de patients diabétiques qui contractent une maladie très traitable, mais ils meurent de la chose la plus simple : parce que l'insuline n'est pas disponible, parce qu'ils ne sont pas autorisés à l'apporter et qu'il n'y a plus de réfrigération. Comme beaucoup d'amputés à cause d'un traumatisme, il existe des amputés atteints de diabète incontrôlé. 

« Les chiffres sont beaucoup plus élevés, je dirais facilement quatre, cinq, six fois plus élevés. Sans parler de ceux qui mourront dans les décennies à cause à la fois du traumatisme psychiatrique et des handicaps physiques associés à ce qui s'est passé au cours des neuf derniers mois.

Les « zones de sécurité » ne sont pas sûres

Les Palestiniens torturés à mort dans les prisons israéliennes devraient également être inclus dans le décompte des morts « indirectes » , car Israël a enlevé plus de 4 000 Palestiniens de Gaza, dont des enfants, des journalistes, des médecins et des femmes (cela s'ajoute aux près de 10 000 Palestiniens non-Gaza). en détention israélienne).

Pratiquement aucune couverture dans les médias canadiens traditionnels, et peu de couverture aux États-Unis. En fait, sans surprise, le titre du New York Times efface Israël comme la raison derrière ces décès, avec son titre : « Les combats ne sont pas le seul tueur de Gazaouis au milieu de la guerre, disent les chercheurs », et écrit par ailleurs qu'Israël se dégage de toute responsabilité dans la famine. cela a délibérément provoqué à Gaza.

Il vaut toujours la peine de souligner l’hypocrisie de la presse occidentale et des réactions des têtes parlantes lorsque Israël commet des atrocités, par rapport à l’Occident qui prétend que la Syrie, la Russie ou un autre État aurait fait quelque chose de similaire. Pendant ce temps, Israël continue de massacrer les Palestiniens dans ce qui était censé être des « zones de sécurité »,  notamment les récents bombardements répétés du camp de réfugiés d’al-Masawi (avec au moins 1,5 million de Palestiniens déplacés), tuant au moins 71 civils et en blessant près de 300 autres. Ensuite, Israël a bombardé à nouveau ce même camp quelques jours plus tard. 

Il est ahurissant que ce massacre de civils palestiniens se poursuive, avec quelques crispations et de légères condamnations. Comme l’a écrit Ralph Nader : « Il est très important que le bilan global jusqu’à présent, et ce n’est pas fini, soit trois, quatre, cinq, six fois plus élevé. C’est important pour souligner l’urgence d’un cessez-le-feu permanent.

 

 

mercredi 24 juillet 2024

Des documents israéliens révèlent les pressions exercées sur Washington pour orienter le discours américain sur Gaza

NOTE PERSONNELLE 

Des mois que les médias français ne disent plus rien des massacres de palestiniens, alors que les médias espagnols relatent les massacres quotidiens: 40, 60, 80 par jour. C'est-à-dire que des dizaines et parfois des centaines d'êtres humains sont exterminés quotidiennement depuis des mois et"ça passe" car le gouvernement israélien répond au massacre du 7 octobre (auquel il a contribué par sa doctrine Hannibal). On constate donc en Espagne une ingérence moindre. On peut même mettre à son balcon un drapeau palestinien pour protester contre ces massacres sans être apostasié d'"antisémite". Le lobby sioniste ni a pas la même puissance d'ingérence qu'en France, cependant on y retrouve le même schéma fasciste: la Fundación Hispanojudia a financé ainsi l'extrême-droite (Vox) ou l'extrême-centre (Ciudadanos, avec notamment Manuel Valls).

Les médias français suivent les consignes, celles exposées plus bas, des fondations israéliennes pour dicter aux législateurs étatsuniens une définition de l'"antisémitisme" visant à criminaliser la moindre critique faite contre ces massacres quotidiens.

Hier encore, ces médias adoubaient le massacreur en chef (Netanyahou, de son vrai nom: Mileikowsky) devant le Congrès des États-Unis ("il parle très bien anglais, sans accent" remarque Les Échos), après qu'il ait été applaudi durant trois minutes longues comme une rivière de sang. C'est qu'ils défendent nos valeurs, les mêmes que le massacreur: "la civilisation contre la barbarie", dit avec un super accent. Le massacreur ajoutant qu'il n'y aurait "quasiment aucun civil mort à Gaza" après avoir soutenu chez lui, il y a quelque mois, "qu'il n'y avait pas de civils innocents à Gaza". Les grands médias étatsuniens semblent faire comme les français: taire les massacres. Au vu de cette mascarade criminelle, Congrès peut donc continuer l'envoi de bombes et de munitions étatsuniennes.



 *** 

ARTICLE

SOURCE SECONDAIRE: https://www.les-crises.fr/exclusifs-des-documents-israeliens-revelent-les-pressions-exercees-sur-washington-pour-orienter-le-discours-americain-sur-gaza  

SOURCE PRIMAIRE : The Guardian, Lee Fang, Jack Poulson, 24-06-2024. Traduit par les lecteurs du site Les-Crises. 

Alors que la guerre de Gaza fait rage, sur les campus universitaires américains, des fondations israéliennes font pression pour modifier la définition de l’antisémitisme dans la législation américaine.

Amichai Chikli s’exprime à Cracovie, en Pologne, le 22 janvier 2024. Photographie : Omar Marques/Getty Images

En novembre dernier, quelques semaines seulement après le début de la guerre à Gaza, Amichai Chikli, 42 ans, impétueux ministre du Likoud au sein du gouvernement israélien, a été invité à la Knesset, le parlement israélien, pour expliquer aux législateurs ce qui pouvait être fait face à la montée des manifestations anti-guerre des jeunes aux États-Unis, en particulier dans les universités d’élite.

« Je l’ai déjà dit et je le répète, je pense que nous devrions, surtout aux États-Unis, passer à l’offensive », a déclaré Chikli.

Depuis, Chikli a mené une campagne ciblée pour contrer les critiques à l’encontre d’Israël. Le Guardian a découvert des preuves montrant comment Israël fait renaître une structure controversée dans le cadre d’une vaste campagne de relations publiques visant les campus universitaires américains afin de redéfinir l’antisémitisme dans la législation américaine.

Quelques secondes après la fin d’un signal d’alarme pendant son audition, Chikli a assuré que le budget prévoyait de nouveaux fonds destinés à une campagne de riposte, distincte des relations publiques plus traditionnelles et de la publicité financée par le gouvernement. Cette campagne compte 80 programmes déjà en cours pour des actions de sensibilisation « menées à la manière de Concert », a-t-il déclaré.

Le terme « Concert » désigne le lancement d’un programme tentaculaire controversé du gouvernement israélien, initialement connu sous le nom de Kela Shlomo, conçu pour mener ce qu’Israël appelle des « activités de sensibilisation à grande échelle » destinées principalement aux États-Unis et à l’Europe. Concert, désormais connu sous le nom de Voices of Israel [Les Voix d’Israël, NdT], collaborait auparavant avec des organismes menant campagne pour faire adopter des lois d’état dites « anti-BDS », [ BDS : boycott, désinvestissement, sanctions, NdT] destinées à pénalise les Américains participant à des boycotts ou manifestations non violentes contre d’Israël.

Son dernier épisode en date s’inscrit dans une stratégie musclée et parfois secrète du gouvernement israélien visant à contrer les manifestations d’étudiants, les organisations de défense des droits humains et d’autres voix dissidentes.

Les dernières activités de Voices ont été menées par l’intermédiaire d’organisations à but non lucratif et d’autres organismes qui, souvent, ne divulguent pas les informations relatives à leurs donateurs. D’octobre à mai, Chikli a supervisé des dépenses à hauteur d’au moins 32 millions de shekels, soit environ 8 millions d’euros, dédiés à la défense des intérêts du gouvernement afin de recadrer le débat public.

Rapidement, une victoire éclatante a été remportée par l’un des groupes de pression américains travaillant en étroite synergie avec le ministère de Chikli, l’Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy, ou ISGAP (Institut pour l’étude de l’antisémitisme mondial et de la politique).

En décembre, lors d’une audition au Congrès, largement suivie, concernant l’antisémitisme présumé des étudiants manifestant contre la guerre, plusieurs législateurs Républicains de la Chambre des représentants ont explicitement cité les recherches de l’ISGAP dans leurs questions aux présidents d’université. L’audition s’est terminée par la confrontation devenue virale de la représentante Elise Stefanik avec la présidente de l’université de Harvard de l’époque, Claudine Gay, qui s’est ensuite retirée de ses fonctions après une avalanche médiatique négative.

Lors d’un événement organisé le 7 avril au Palm Beach Country Club, l’ISGAP, qui aurait reçu la majorité de son financement en 2018 de l’agence israélienne qui dirigeait Concert, s’est félicité de son coup d’éclat en matière de relations publiques au Congrès

Elise Stefanik interroge des dirigeants d’université lors d’une audition sur l’antisémitisme à Washington le 5 décembre 2023. Photo : Ken Cedeno/Reuters

« Toutes ces auditions sont le fruit de notre rapport voulant que toutes ces universités, à commencer par Harvard, reçoivent beaucoup d’argent du Qatar », a fanfaronné Natan Sharansky, un ancien membre de la Knesset israélienne (MK) qui a occupé la fonction de Chikli et qui préside aujourd’hui l’ISGAP. Sharansky a déclaré aux partisans rassemblés que les remarques de Stefanik avaient été vues par un milliard de personnes.

L’ISGAP a continué à influencer les enquêtes du Congrès sur les universités qui prétendent que les manifestations contre le bilan d’Israël en matière de droits humains sont motivées par l’antisémitisme, et l’organisation s’est fortement impliquée dans la campagne visant à faire adopter de nouvelles lois qui redéfinissent l’antisémitisme pour y inclure certaines formes de discours critiques à l’égard de la nation d’Israël.

D’autres groupes américains liés à Voices ont lancé une série d’initiatives visant à renforcer le soutien à l’État d’Israël. L’un de ces groupes, officiellement qualifié de partenaire, le National Black Empowerment Council (NBEC), a publié une lettre ouverte de politiciens Démocrates Noirs s’engageant à être solidaires d’Israël. Un autre groupe, CyberWell, un groupe pro-israélien anti-désinformation dirigé par d’anciens responsables du renseignement militaire israélien et de Voices, s’est positionné comme « partenaire de confiance » officiel auprès des plateformes TikTok et Meta, pour aider les deux plateformes sociales à filtrer et à éditer des contenus. Un récent rapport de CyberWell a demandé à Meta de supprimer le slogan en vogue « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre. »

À l’aube de la guerre à Gaza, après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 menées par le Hamas, la firme qui avait à l’origine été créée avec le soutien du ministère des Affaires stratégiques, aujourd’hui supprimé, a été relancée pour la troisième fois. Cette réorganisation a été révélée pour la première fois dans un document budgétaire peu remarqué publié par le gouvernement israélien le 1er novembre, qui indiquait que Voices aller geler toutes ses campagnes en cours afin de se consacrer au soutien aux activités liées à « gagner la guerre relative à la version israélienne de l’histoire. »

L’organisation est désormais placée sous l’administration de Chikli, ministre israélien des Affaires de la diaspora.

« On peine à trouver un parallèle quant à l’influence d’un pays étranger sur le débat politique américain. » Eli Clifton, du Quincy Institute for Responsible Statecraft (Institut Quincy pour Responsible Statecraft).

Haaretz et le New York Times ont récemment révélé que le ministère de Chikli s’était adjoint les services d’une société de relations publiques pour exercer secrètement des pressions sur les législateurs américains. Celle-ci s’est servi de centaines de faux comptes publiant des contenus pro-israéliens ou anti-musulmans sur X (anciennement Twitter), Facebook et Instagram. (Le ministère des Affaires de la diaspora a nié toute implication dans cette campagne, qui aurait versé environ 2 millions de dollars à une société israélienne pour les publications sur les réseaux sociaux).

Mais cette initiative n’est que l’une des nombreuses campagnes de ce type coordonnées par le ministère, qui n’a fait l’objet que d’une couverture médiatique limitée. Le ministère des Affaires de la diaspora et ses partenaires compilent des rapports hebdomadaires à partir d’informations fournies par des groupes d’étudiants américains pro-Israël, dont certains sont financés par des sources gouvernementales israéliennes.

Par exemple, Hillel International, cofondateur du réseau Israel on Campus Coalition [ Coalition d’Israël sur les campus, NdT] qui est aussi l’un des plus grands groupes universitaires juifs au monde, a fait état d’un soutien financier et stratégique de Mosaic United, une organisation d’utilité publique soutenue par le ministère dirigé par Chikli. Ce partenariat de longue date est désormais mis à profit pour orienter le débat politique relatif à la guerre d’Israël. En février, le directeur général de Hillel, Adam Lehman, s’est présenté devant la Knesset pour exposer le partenariat stratégique avec Mosaic et le ministère des Affaires de la diaspora, qui, selon lui, a déjà produit des résultats.

“We are changing administrations. Just last week, MIT, the same president who was lambasted in front of Congress, took the step of fully suspending her Students for Justice in Palestine chapter for crossing lines, and for creating an unwelcoming environment for Jewish students,” said Lehman, referencing the president of the Massachusetts Institute of Technology, Sally Kornbluth.

« Nous assistons à un changement d’administration. Ne serait-ce que la semaine dernière, au MIT, cette même présidente qui avait été critiquée devant le Congrès a pris la décision de suspendre totalement sa section « Étudiants pour la justice en Palestine » pour avoir franchi les limites et créé un environnement peu accueillant pour les étudiants juifs », a déclaré Lehman, faisant référence à la présidente du Massachusetts Institute of Technology, Sally Kornbluth.

Hillel International, CyberWell, le NBEC, le ministère israélien des Affaires de la diaspora et Voices of Israel/Concert n’ont pas répondu à nos demandes de commentaire.

Le présent rapport d’enquête a passé en revue les récentes auditions gouvernementales, les déclarations d’entreprises israéliennes, les documents relatifs aux marchés publics et d’autres documents publics. Alors que les particuliers et les fondations financent surtout nombre des organisations qui défendent les intérêts d’Israël, très probablement sans directives étrangères, les documents indiquent une implication non négligeable du gouvernement israélien dans la politique américaine concernant la guerre à Gaza, la liberté d’expression sur les campus universitaires et la politique israélo-palestinienne.

« Il y a actuellement une obsession qui consiste à contrôler le discours américain sur les relations entre les États-Unis et Israël, même sur les campus universitaires, et ce, depuis Israël, et cela va jusqu’au Premier ministre Netanyahou », a déclaré Eli Clifton, conseiller principal à l’Institut Quincy pour Responsible Statecraft. « On peine à trouver un parallèle quant à l’influence d’un pays étranger sur le débat politique américain. »

Aucun des groupes identifiés dans cet article n’est enregistré au titre de la loi Foreign Agents Registration Act, Fara, sur l’enregistrement des agents étrangers. Cette loi oblige les groupes recevant un financement ou des directives depuis des pays étrangers à communiquer au ministère américain de la justice toute information publique..

Lara Friedman, présidente de la Fondation pour la paix au Moyen-Orient, a déclaré : « Implicitement, on part du principe qu’il n’y a rien de bizarre à considérer les États-Unis comme une sorte de champ libre où Israël peut opérer, qu’il n’y a pas de limites. »

Une grande partie de ce que l’on savait déjà sur Concert a été initialement rapportée par Forward, un média juif américain, et Seventh Eye, un site d’information d’investigation indépendant basé en Israël. L’histoire de Concert remonte à 2017, lorsque le ministère des Affaires stratégiques a commencé à élaborer un programme visant à mener des campagnes secrètes destinées à faire basculer l’opinion publique. Les autorités ont alors imaginé un vecteur « extra-gouvernemental » pour « apporter une réponse rapide et concertée aux tentatives de ternir l’image d’Israël dans le monde entier. »

Avec Concert, le ministre de l’époque, Gilad Erdan, avait imaginé un « commando de relations publiques » capable de lancer secrètement sur les réseaux sociaux des campagnes à grande échelle de dénonciation de célébrités qui critiquaient le gouvernement israélien. Des documents internes obtenus par Seventh Eye ont montré que de nombreux bénéficiaires des fonds de Concert étaient des organisations sionistes chrétiennes américaines, telles que Christians United for Israel, Proclaiming Justice to the Nations et Israel Allies Foundation.

Gilad Erdan s’exprime à l’ONU à New York le 18 avril 2024. Photographie : Eduardo Muñoz/Reuters

L’un des plus grands bénéficiaires américains était l’ISGAP, qui aurait reçu au moins 445 000 dollars, un montant équivalent à 80 % de son revenu total en 2018, dans le cadre d’une promesse de don de 1,3 million de dollars à l’organisation. Le Dr Charles Small, directeur exécutif de l’ISGAP, a contesté ces chiffres lorsqu’il a été interrogé par Forward, bien qu’il ait tenu des propos contradictoires auprès d’un média canadien.

Small a précédemment affirmé que l’ISGAP n’avait pas besoin d’être enregistrée auprès de la Fara parce que son organisation bénéficiait de l’exemption académique prévue par la loi, qui permet aux organisations de recevoir des fonds étrangers tant qu’elles ne s’engagent pas dans des activités de lobbying politique. Pourtant, Yale, qui a déjà hébergé le groupe, a fermé le précurseur de l’ISGAP en 2011 en raison d’inquiétudes concernant sa rigueur scientifique.

L’année dernière, la générale de brigade Sima Vaknin-Gill, ancienne officière de renseignement et agente de liaison avec Concert au sein du gouvernement israélien, est devenu directrice générale de l’ISGAP.

En janvier, Vaknin-Gill et Small ont témoigné devant une commission de la Knesset qui débattait de la réponse appropriéeà apporter aux critiques à l’encontre d’Israël. Au cours de la déposition, plusieurs témoins ont évoqué la nécessité d’encourager les pays à adopter la définition de l’antisémitisme selon l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, qui assimile à l’antisémitisme les critiques acerbes d’Israël et l’antisionisme, y compris les affirmations selon lesquelles l’État d’Israël est une « entreprise raciste. »

De nombreuses critiques, tant à gauche qu’à droite, se sont élevées contre la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui, selon elles, bafoue le Premier amendement en limitant la possibilité de critiquer une entité gouvernementale et brandit les considérations relatives à l’antisémitisme comme une arme pour pénaliser les personnes qui critiquent la politique israélienne.

Mais les intervenants ont clairement indiqué que la définition de l’IHRA devrait constituer une priorité stratégique pour l’État d’Israël.

« Le Mouvement de lutte contre l’antisémitisme s’est fait le champion de la définition de l’IHRA », a fait remarquer Vaknin-Gill, en faisant référence à un partenaire de financement occulte de l’ISGAP, de Concert et du ministère des Affaires de la diaspora, qui verse de l’argent sale. (Le Combat Antisemitism Movement est présidé par Sharansky ; Vaknin-Gill est membre du conseil d’administration). « Nous nous sommes recentrés sur le travail au niveau local, a déclaré Vaknin-Gill. Il nous a semblé beaucoup plus facile de travailler avec les maires et les États et de donner corps à la définition. »

En janvier, le gouverneur de Géorgie, Brian Kemp, a signé une loi révisant la législation géorgienne sur les crimes de haine afin d’y inclure la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, ce qui permet d’alourdir les peines d’emprisonnement pour certaines critiques à l’égard d’Israël. La Caroline du Sud et le Dakota du Sud ont fait de même en adoptant des lois similaires au cours des derniers mois. Un autre projet de loi connexe en Floride, HB 187, a été adopté par les deux chambres de la législature de l’État et attend la signature du gouverneur, Ron DeSantis. Des courriels obtenus dans le cadre d’une demande de documents montrent que Kennedy Starnes, un fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères, a correspondu avec la sénatrice de l’État, Lori Berman, au sujet de la législation.

Sima Vaknin-Gill à Tel Aviv en 2015. Photographie : Nir Elias/Reuters

Le Congrès est allé de l’avant en proposant une législation IHRA similaire. Le mois dernier, la Chambre des représentants a adopté un projet de loi qui intègre la définition de l’antisémitisme de l’IHRA dans les normes du ministère de l’Education. S’il est adopté par le Sénat et promulgué, une loi permettra au gouvernement fédéral de suspendre le financement des établissements d’enseignement supérieur ou d’engager des poursuites pour violation des droits civils à l’encontre des universités qui autorisent certaines critiques à l’encontre d’Israël.

Small a également témoigné lors de multiples auditions à la Knesset, informant les législateurs israéliens de la stratégie de l’ISGAP et de sa lutte pour infléchir le discours sur les campus universitaires.

« Il s’agit d’un moment unique où nous devons accroître notre pouvoir dans des proportions historiques par rapport à l’histoire du peuple juif », a déclaré Small lors de l’audition de janvier. « Et de l’État d’Israël. Il nous faut tous les outils dont ce dernier dispose. » Le mois précédent, il avait témoigné lors d’une autre audition à la Knesset, au cours de laquelle il avait affirmé que l’organisation étudiante Students for Justice in Palestine représentait les « forces armées » des Frères musulmans.

Le mois dernier, Small a rencontré des membres de la commission de surveillance de la Chambre des représentants lors d’une réunion d’information à huis clos sur la question, peu avant que les Républicains de la Chambre n’intensifient leur enquête sur les sources de financement des groupes pro-palestiniens sur les campus. L’ISGAP a également affirmé que le financement qatari du cursus médical de l’université de Cornell avait contribué à influencer les inquiétudes des étudiants concernant le nombre de civils tués par l’armée israélienne à Gaza.

Lors de la rencontre de Palm Beach en avril, Small a affirmé que « l’intersectionnalité est en fait un concept que nous pouvons utiliser » pour « combattre un milliard de musulmans et tous les libéraux du monde occidental », un concept qu’il a appelé « tai chi ». Small a proposé une ligne argumentaire affirmant que l’islam politique « veut tuer les juifs, soumettre les femmes et tuer tous les homosexuels.»

Ni le financement recherche étranger de l’ISGAP ni son site Internet ne révèlent les liens financiers antérieurs de l’organisation avec Israël. Les observateurs notent que les demandes d’exemption académique à Fara ne sont peut-être pas justifiées pour une organisation telle que l’ISGAP qui collabore avec le gouvernement israélien et mène des actions de lobbying auprès du Congrès.

« Bien qu’il existe plusieurs exemptions à l’enregistrement selon la loi Fara, presque toutes les exemptions sont caduques si une personne ou un groupe cherche à influencer la politique et l’opinion publique américaines sur proposition ou à la demande du gouvernement étranger », a déclaré Craig Holman, expert en règles de lobbying auprès de Public Citizen.

Bien que l’on ne connaisse pas toute l’étendue de l’influence du gouvernement israélien sur les institutions américaines, les débats de la Knesset offrent une fenêtre sur la stratégie israélienne et les interactions avec les groupes de pression américains.

La Knesset a organisé plusieurs auditions avec des organisations juives américaines pour envisager une coordination. Margarita Spichko, fonctionnaire du ministère des Affaires de la diaspora de Chikli, a déclaré en décembre que son bureau publiait un rapport hebdomadaire basé sur les informations recueillies auprès de partenaires aux États-Unis, y compris Hillel.

Hadas Lorber, qui travaillait alors en tant qu’assistante du conseil de sécurité nationale d’Israël, a indiqué au cours de la même audition que le bureau du Premier ministre avait rencontré régulièrement des groupes basés à Washington dans le cadre d’une « tentative honnête pour déterminer comment nous pouvons combattre l’antisémitisme, améliorer la législation présentée aux différents membres du Congrès, promouvoir aux États-Unis des lois qui lutteront contre l’antisémitisme et seront efficaces sur les campus ».

En mars, la Knesset a réuni les dirigeants des principaux groupes pro-israéliens du monde entier pour faire le point sur les activités liées à la guerre. Lors de l’audition, les législateurs ont pressé les groupes de défense d’expliquer comment ils s’opposaient aux manifestations sur les campus. Meir Holtz, président de Mosaic United, a indiqué lors de l’audition que le gouvernement israélien investirait cette année 48 millions de shekels, soit environ 12 millions d’euros, en faveur de son organisation pour la sensibilisation des campus.

Le mois dernier, Alon Lavi, représentant du ministère israélien des Affaires étrangères, a exhorté les membres de la Knesset à continuer de soutenir financièrement les campagnes liées à la politique américaine et au monde universitaire. Il a prévenu que l’État d’Israël ne pouvait pas prendre la tête de cette campagne et qu’il devait plutôt s’appuyer sur les organisations non gouvernementales et la société civile au sens large.

« Il nous faut former des coalitions avec des éléments à l’intérieur qui veulent nous aider, et une partie de cela consiste à mobiliser les responsables, la direction de l’université, la direction des étudiants, les maires, les députés à l’échelon local dans les États et les villes », a déclaré Lavi.

L’un des législateurs présents à l’audition, le député Meir Cohen, ne s’est pas laissé impressionner. « Je n’ai pas l’impression que nous soyons dans l’urgence », a déclaré Cohen, précisant que les projets de budget du ministère ne représentaient pas grand-chose.

« Si vous le permettez, Représentant Cohen, je suis tout à fait d’accord avec vous », a répondu Ron Brummer, un représentant du ministère des Affaires de la diaspora qui travaille en étroite collaboration avec Chikli. « Nous avons besoin de 300 millions de shekels, pas de 30 millions de shekels. »

Cet article a été modifié le 3 juillet 2024 pour inclure une réponse de CyberWell reçue après la publication.