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lundi 27 octobre 2025

Juillet 67 : le Salon de Mai à la Havane


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RADIO FRANCE Peinture et révolution : Cuba 1967

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INA: Salon de Mai (noticiero ICAIC Latinoamericano)

A l'occasion du Salón de Mayo, l'équipe d'ICAIC a rencontré plusieurs personnalités : Interview en anglais du dirigeant noir nord-américain Stokely CARMICHAEL, qui affirme que "l'art est politique ou n'est pas" et se réjouit du sens révolutionnaire des peintures exposées au salon ; Interview du peintre Wilfredo LAM qui est heureux de la popularité de cette manifestation culturelle auprès du peuple cubain ; Interview de l'écrivain Carlos FRANQUI qui cite une phrase de Fidel CASTRO publiée dans la revue du salon.  
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lundi 20 octobre 2025

Le flipper situationniste de Jacqueline de Jong. Exposition 2020

SOURCE: https://lunettesrouges1.wordpress.com/2020/12/14/le-flipper-situationniste-jacqueline-de-jong/ 

Jacqueline de Jong, Same Players Shoot Again, vu d’exposition Treize, décembre 2020

L’exposition de Jacqueline de Jong au Stedelijk à Amsterdam en 2019 avait beau être titrée « Pinball Wizard «, on ne pouvait pas y jouer au flipper dans les salles du musée. Alors qu’à Paris, jusqu’au 16 janvier, une plus petite exposition de Jacqueline de Jong dans ce centre d’art parisien (qui fut déprogrammée deux fois cette année pour cause de confinement) vous offre la possibilité de jouer à ce que, dans mes années de lycée pré-anglicisation, on nommait la babasse. D’une part, c’est un jeu à la fois souple et brutal, érotique et violent, orgasmique dit-elle (faire tilt …), et un jeu historiquement semi-clandestin, où on joue contre l’appareil. Mais, et c’est aussi cet aspect là qui intéresse Jacqueline de Jong, c’est un jeu topologique : mes vieux souvenirs de maths se réveillent un peu, et je saisis bien l’intérêt que les Situationnistes trouvaient à la topologie, qui préserve la structure malgré les déformations et ne prend en compte que les limites et non les formes. L’artiste, dans une petite vidéo de VPRO datant de sa trentaine, cite le pénis comme objet topologique idéal, adoptant des formes (et des rôles) différents selon les situations, avec un volume et un aspect changeant. Dans The Situationist Times, la revue graphique, colorée, inventive, encyclopédique (tout le contraire du lugubre bulletin de l’IS) que Jacqueline de Jong édita aprés son départ de l’IS, trois numéros furent consacrés à des motifs topologiques, le noeud, le labyrinthe et l’anneau; mais le numéro 7 prévu sur le flipper ne sortit jamais.

Jacqueline de Jong, The pain is beautiful, série Chroniques d’Amsterdam, 1971, peinture sur toile, celluloid, bois, charnières en métal

À part y jouer au flipper (un Gottlieb Jungle Queen de 1977), dans une ambiance joyeuse, l’intérêt principal de cette exposition est qu’elle reprend donc les documents, lettres, photographies et dessins qui devaient composer ce numéro 7 sur les flippers. Le flipper est vu comme un espace dans lequel la balle va dériver, une situation qu’elle va transformer. C’est la découverte de cet ordinateur jouet, fonctionnant lui aussi avec des billes et des clapets, mais à des fins plus scientifiques, qui rappela à Jacqueline de Jong l’existence de cette documentation oubliée dans un cageot, qui fut d’abord montrée à Oslo en 2017 (puis à Malmö, Silkeborg, et au Stedelijk avant d’arriver à Paris). L’exposition montre aussi d’autres oeuvres de Jacqueline de Jong, sérigraphies Pinball Wizard (l’une au mur du fond sur la photo ci-dessus), tableaux, affiche de Mai 68, et ce tableau valise des Chroniques d’Amsterdam. Avec la revue sont présentées ici des vidéos d’entretiens (visibles ici) de Ellef Prestsaeter (auteur de ce livre de référence sur le sujet; introduction) avec l’artiste feuilletant et commentant les six numéros, sous l’égide du Scandinavian Institute for Computational Vandalism (lequel avait été fondé par Asger Jorn).

Jacqueline de Jong, Entretien avec Gallien Déjean, Aware / Manuella éditions, 2020

Vient de sortir un excellent livre d’entretien de Gallien Déjean avec Jacqueline de Jong (à l’occasion de son prix Aware; 128 pages, dont une quarantaine d’illustrations, 15€). Gallien Déjean, qui est un des quatre commissaires de cette exposition, y interroge longuement Jacqueline de Jong sur sa vie, qui fut assez mouvementée dès son enfance et toujours plutôt bohème (la « baronne gitane « ), avec une constante volonté d’autonomie et une créativité débordante. Il l’a fait parler de son art, un peu de ses idées esthétiques (« Je n’étais pas une grande philosophe quand je peignais », p. 58), et beaucoup, et fort bien, de l’énergie de ses tableaux, du mouvement qui les anime et de son inspiration. Le livre étant édité par Aware, il tente aussi de la faire parler de son intérêt pour le féminisme, mais sans grand succès : toujours aussi libre, celle que Restany qualifiait de « la petite situ » (p.60), répond avec sa franchise habituelle : « À l’époque, pas vraiment … Du point de vue artistique, j’avais tendance à me méfier de la forme de narcissisme que pouvait induire le féminisme, que je trouvais emmerdante » (p. 63), disant s’affirmer, lutter en tant qu’artiste et non en tant que femme. Et (page 31), elle dément tout « relent sexiste » chez Guy Debord. Livre donc très intéressant, mais avec une petite bizarrerie : il comprend 145 notes de bas de pages, certaines sont très utiles et instructives, mais quand on lit, par exemple, une information aussi utile que « note 10 : Pierre Soulages (né en 1919), peintre, graveur et sculpteur français » (ou idem pour Dubuffet, César, Michaux, Ernst, etc.), on sourit.

Photos 1 & 2 de l’auteur

mardi 23 septembre 2025

Guy Debord et le cinéma: notes sur Jean Rouch

 1959

Dans Les situationnistes. Une avant-garde totale (1950-1972), Eric Brun pointe l'influence du cinéma direct de Jean Rouch, et son détournement, dans le deuxième film de Guy Debord, Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps : 

Dans ce court-métrage de vingt minutes, projeté à Paris en décembre 1959 (on ne sait malheureusement pas grand chose de cette projection), Debord détourne le genre du "film ethnologique", alors en vogue si l'on en juge par le succès des films de Jean Rouch (Moi un noir reçoit le prix Louis-Delluc en 1958). De même que ses Mémoires prennent la forme d' "un livre qui se refuse", Sur le passage se veut un "anti-film d'art", un film qui se dément lui-même [note]Il entend ainsi étendre dans le cinéma les transgressions du récit menées par l'avant-garde littéraire en visant concrètement à la "rupture de l'habitude au spectacle, rupture irritante et déconcertante [note]. Dans cette optique, après les premières minutes du film qui font penser à un documentaire ordinaire, le texte de la bande-son prend soudainement parti contre la "limitation arbitraire" du sujet des documentaires traditionnels : le propos s'élargit, et passe d'un sujet à l'autre de manière indifférente. Le film devient de temps à autre l'objet même du film, comme pour en faire sortir le spectateur, lui empêcher toute adhésion au premier degré. Et si Debord utilise cette fois des images (contrairement aux Hurlements en faveur de Sade, qui faisaient simplement alterner des écrans noirs avec des écrans blancs, accompagnés d'une bande sonore composée de textes détournés), le rapport entre l'image et le commentaire (lu par trois speakers) demeure généralement obscur.

Jean Rouch dit de Moi, un Noir que c'est un film où on "ramasse des éléments du réel et où une histoire se crée durant le tournage". Dans Sur le passage, Debord ne cherche pas à créer une  histoire puisqu'il la connaît déjà, lui et tous les autres "acteurs". Il s'agit de la monter et livrer son petit goût de "Graal néfaste" comme l'énonce l'un des trois narrateurs : "[...] il y avait la fatigue et le froid du matin, dans ce labyrinthe tant parcouru, comme une énigme que nous devions résoudre."

Moi, un noir, 1958

 
 

 Sur le passage de..., 1959


 

1960

Extrait d'une lettre de Guy Debord à Maurice Wyckaert du 1er octobre 1960:

De plus, Morin vient de faire demander à Asger [Jorn] l’autorisation de tourner dans son atelier (de tapisserie) une séquence d’un film sur la vie quotidienne des Français [sans doute Chronique d'un été], qu’il fait actuellement comme sociologue-scénariste, avec le cinéaste Jean Rouch. Asger a refusé absolument de recevoir ce Morin, à cause de ses louches manœuvres contre nous dans le passé.

 

1977 

Dans le fonds Debord de la BNF, on trouve dans la "Réserve d'images", un dossier "Photos à classer" de mars 1977 contenant des photographies de tournage de Chronique d'un été, le documentaire de Jean Rouch et Edgar Morin de 1960. 

Pour quel usage? Elles semblent liées à la préparation de son film In girum imus nocte et consumimur igni de 1978 (mais non utilisées).

 

1999

A la fin du XX° siècle et au début du suivant je croisais souvent Jean Rouch au bar-tabac L'Observatoire, boulevard du Montparnasse. Il y achetait le journal et semblait connaître tout le monde. Je connaissais alors le film Chronique d'un été réalisé avec Edgar Morin, il avait du passer à la télé. Mais j'ignorais l'influence de son cinéma ("cinéma-vérité" s'inspirant de Dziga Vertov ou "cinéma direct" à l'anglo-saxonne) tant sur la génération de Debord que la suivante, et notamment de ce film.

samedi 3 mai 2025

Avril 1961: sortie de "Musique phénoménale", un disque d'Asger Jorn et Jean Dubuffet



Musique phénoménale, texte d'Asger Jorn (?) accompagnant les quatre disques de "musique chaosmique" réalisée de décembre 1960 à février 1961 en duo avec Jean Dubuffet, Galleria Cavallino, Venise. 

 Époque situationniste d'Asger Jorn. 

Quand faire un peu n'importe quoi c'est de l'avant-garde, et que surtout c'est chiant.