« J’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il y en ait deux. »
François MAURIAC (1885-1970) - Le Temps d’un regard (1978),
Jacques Chancel.
« Depuis
que l’Allemagne fait la guerre aux soviets, la main d’œuvre d’un grand
nombre de nos prisonniers lui est devenue indispensable. Ouvriers de
France ! Aujourd’hui […] ce sont les ouvriers qui peuvent rendre aux
combattants le bien qu’ils ont reçu d’eux. C’est la Relève.
Il faut que les ouvriers en masse comprennent qu’ils ont aujourd’hui un
devoir de solidarité à remplir. La reconnaissance de la nation montera
vers eux […] Ouvriers de France ! C’est pour notre pays que vous irez en
Allemagne en grand nombre ! C’est pour permettre à la France de trouver
sa place dans la nouvelle Europe que vous répondrez à mon appel !
Cette
guerre, je l’ai déjà dit, n’est pas une guerre comme les autres. C’est
une révolution d’où doit surgir un monde nouveau. Vous n’avez rien à
redouter, mais tout à espérer du régime qui s’instituera chez nous. Une
République plus jeune, plus humaine, plus forte doit naître, le
socialisme s’instaurera partout en Europe, et la forme qu’il trouvera en
France sera dessinée par notre caractère national.»
Pierre Laval, «Allocution radiodiffusée du 22 juin 1942», Les Nouveaux Temps, 24 juin 1942.
L'hystérie de guerre de Berlin contre la Russie
lui fait adopter une voie qui la voue clairement à l'autodestruction
Les Allemands sont notoirement – et même tristement célèbres, pour
cela – des conservateurs en matière budgétaire. Croyez-moi, je le sais :
je suis Allemand et j’ai été témoin pendant des décennies, et même
toute ma vie, de l’obsession de mes compatriotes pour la dette publique.
Ils confondent souvent les règles qui favorisent la frugalité
individuelle avec les besoins d'un État moderne et de son économie. De
fait, ils ont cristallisé leur idéal erroné d'une gestion serrée et peu
prévoyante des finances publiques dans l'étrange avatar de la « ménagère
souabe » (les Souabes sont typiquement économes et prudents ; une sorte
d'Écossais de l'identité allemande). Et chaque fois que l'adoration
nationale pour la ménagère souabe ne suffisait pas, on y ajoutait des
sanglots plaintifs de « Weimar, Weimar ». Voyez-vous, la première
expérience allemande ratée de démocratie (plus ou moins), la République
de Weimar de l'entre-deux-guerres, aurait succombé, entre autres, à
l'inflation.
L'hyperinflation, comme le raconte ce récit fragile mais (autrefois) extrêmement puissant d'un « traumatisme inflationniste unique »
, a miné la légitimité de cet État dès le début, de sorte qu'il n'a
jamais pu devenir suffisamment fort pour résister plus tard à la
pression de la Grande Dépression et des nazis. Curieusement, dans cette
version profondément erronée de l’histoire allemande récente,
l’austérité a été consacrée comme le charme magique qui éloignera
l’inflation et donc aussi d’autres choses indésirables comme les films
de Leni Riefenstahl, le fascisme et le déclenchement et la perte d’une
nouvelle guerre mondiale tout en commettant un génocide. En réalité,
c’est précisément la politique d’austérité des derniers gouvernements de
Weimar, menée de manière aussi antidémocratique que c’est à nouveau la
mode aujourd’hui (voir ci-dessous), qui a aggravé les effets de la
Grande Dépression et a contribué à ouvrir la voie au pouvoir des nazis.
En résumé, l'Allemagne veut se lancer dans une grande frénésie de trois manières
: le soi-disant frein à l'endettement – une limite anachronique et
économiquement primitive à la dette publique – sera supprimé pour tout
ce qui touche à la « défense », c'est-à-dire en réalité un programme
massif de réarmement, incluant la défense civile et les services de
renseignement, ainsi que pour l'aide militaire à l'Ukraine.
Deuxièmement,
le gouvernement allemand s'endettera également à hauteur de 500
milliards d'euros supplémentaires, à dépenser sur 12 ans. Cet argent est
censé être investi dans la lutte contre le changement climatique (un
affront aux Verts militaristes d'extrême droite allemands) et dans les
infrastructures. Les infrastructures, ici aussi, ont une forte incidence
sur les objectifs militaires. Il est bien connu que les voies ferrées,
les routes et les ponts allemands, souvent décrépits, doivent être
rénovés, et pas seulement à des fins civiles et commerciales. Comme par
le passé, les trains et les autoroutes sont désormais considérés comme des éléments clés de la logistique militaire
. Et comme auparavant, la grande propagande affirme qu'ils sont
nécessaires pour envoyer des forces militaires combattre la Russie. Sauf
que cette fois, l'Allemagne est présentée comme une plaque tournante
pour l'ensemble de l'OTAN. Quelle que soit la signification future de
« l'ensemble de l'OTAN ».
Troisièmement – et on l'oublie souvent –, l'Allemagne étant une
fédération, ses différents États fédérés sont également habilités à
s'endetter davantage. La manière dont tout cela est censé fonctionner
ensemble au cours de la prochaine décennie est complexe. Par exemple,
des règles complexes et probablement peu pratiques sont mises en place
pour éviter d'inclure les dépenses budgétaires ordinaires et
l'endettement dans ce programme. Pourtant, le résultat est simple : le
gouvernement allemand a créé un outil permettant d'ajouter un total d'environ mille milliards d'euros, voire plus, de dette.
Il est vrai que, dans une certaine mesure, tout ce qui précède n'est
qu'une variante locale d'une frénésie générale UE-Royaume-Uni : avec
Bruxelles, Londres et Paris comme agitateurs en chef, ce bloc minable et stagnant rêve de s'endetter massivement
, voire, en substance, de confisquer l'épargne privée, pour affronter
la Russie. Avec ou sans les États-Unis. Ce n'est là qu'une autre
application du principe clé de gouvernance actuel des élites
occidentales : gouverner par l'état d'urgence permanent. Et s'il n'y a
pas de véritable urgence, ils en inventent une.
Mais il y a aussi quelque chose de spécifiquement allemand dans le «
Sonderweg » de Berlin, en proie à une dette mortelle. D'abord, finies
les vieilles lamentations sur l'inflation à « Weimar » : il s'avère que
le seul objectif qui pousse les Allemands à surmonter leur peur,
jusqu'alors prétendument débilitante, de l'inflation et de la dette est –
tenez-vous bien – le lancement d'un programme de réarmement à la
manière de l'Allemagne nazie des années 1930. Car, il faut supposer que,
contrairement à Weimar, ce régime a très bien fini.
Vous voyez l'ironie, j'espère. Les Grecs ont probablement perçu la
tragédie : en 2015, les Allemands, surtout, ont transformé leur nation
en sacrifice rituel au dieu européen de l'austérité (la version
sanguinaire de Kali, la divinité souabe locale, la ménagère). Mais
si la maladresse idéologique et narrative et une incapacité étonnante à
percevoir à quel point ils peuvent parfois paraître déroutants aux yeux
des autres étaient ses seuls problèmes, l'Allemagne serait comme
d'habitude. Malheureusement, ce n'est pas le cas. L'enjeu est bien plus
vaste. Car l'ironie est bien pire : en principe, il est vrai que
l'Allemagne a un besoin urgent d'une forte dose de keynésianisme,
c'est-à-dire d'utiliser la dette publique pour relancer son économie en
voie de désindustrialisation (à l'instar des États-Unis et de
l'Ukraine). Pourtant, lier cette politique fondamentalement saine et
absolument nécessaire à une peur hystérique d'une guerre contre la
Russie engendrera un énorme gaspillage économique ainsi que de terribles
risques.
Ces risques incluent un échec ruineux et coûteux de la politique, avec
des effets terriblement déstabilisateurs sur le plan intérieur, et un «
succès » encore plus ruineux, à savoir un effet de prophétie
auto-réalisatrice, dans lequel ce qui est officiellement présenté comme
une prévention de la guerre par une dissuasion accrue contribuera à
provoquer cette guerre. Soyons clairs : le problème n’est même pas
que Berlin admette, une fois de plus, non seulement le délabrement de
l’armée allemande, mais qu’il faut agir sérieusement, et cela coûte
cher, pour remédier à cette faiblesse. Une modernisation raisonnable est
urgente ; et c’est, en principe, un fait que les observateurs sérieux, y
compris à Moscou, sont susceptibles de comprendre (qu’ils jugent utile
de le dire ouvertement ou non). Ce
qui rend l’accent mis sur le réarmement si pernicieux dans ce cas, ce
sont quatre caractéristiques que les élites allemandes lui ont
délibérément associées : l’Ukraine ; l’exagération ; une propagande
véritablement dérangée et monotone sur une guerre imminente avec la
Russie ; et enfin, une mise en œuvre de cette politique semblable à un
coup d’État par une manœuvre inhabituellement éhontée.
Pour commencer, la plus évidente : les entreprises allemandes
pourraient bien sûr trouver des sites de production et des marchés en
Ukraine, surtout si la stupide guerre par procuration occidentale prend
fin (et elles devraient remercier Washington et Moscou pour cela,
certainement pas Berlin ou Bruxelles). De tels investissements et
échanges commerciaux profiteraient également aux Ukrainiens. Mais
il faut cesser de simplement injecter de l'argent à Kiev et à ses
régimes corrompus, car, en réalité, l'Ukraine n'est pas un atout, mais
un lourd fardeau. Et pour ceux qui souhaitent parler de ce qu'ils
considèrent à tort comme des « valeurs » : l'Ukraine n'est pas une
démocratie, elle ne jouit pas d'un État de droit ni d'une presse à
moitié libre ; sa « société civile » – du moins celle que les
Occidentaux rencontrent dans les cafés chics de Kiev et lors de tournées
de promotion dans le monde universitaire – est une gigantesque affaire
de fraude aux subventions ; et, pour couronner le tout, elle est
extrêmement corrompue. Pour Berlin, il est pervers, autodestructeur et
même immoral de verser encore plus d'argent aux élites ukrainiennes.
Deuxièmement, il est impossible de déterminer précisément la
répartition optimale entre dépenses militaires et civiles déficitaires
qui constituerait la combinaison keynésienne idéale pour sortir
l'Allemagne de son coma économique. Mais il ne fait aucun doute que les
plans actuels ont commis des erreurs militaires, probablement massives.
D'une part, c'est un fait économique simple : les armements et autres
dépenses militaires ne sont pas productifs au sens habituel du terme.
Ils constituent au mieux un pis-aller pour relancer l'économie
nationale. Ceux qui fantasment sur d'énormes répercussions pour
compenser ce manque de confiance sont soit ignorants, soit malhonnêtes. Sans
surprise, même la principale instance de contrôle du gouvernement
allemand – la Bundesrechnungshof – a critiqué les plans d'endettement :
pour les auditeurs fédéraux, ils sont globalement excessifs. Et,
concernant leur volet militaire prépondérant, ils estiment que ces
dépenses n'auraient pas dû être exemptées du frein à l'endettement, les
rendant ainsi, de fait, illimitées. Par conséquent, des « dépenses à taux d'intérêt élevés et à long terme » menaceront les finances de l'État et des entreprises, entraînant des « risques économiques et sociaux ». L'avenir
nous le dira, mais une grande partie du rabâchage et des fanfaronnades à
la mode actuellement risquent de laisser un souvenir embarrassant. Joe
Kaeser, le patron du conglomérat Siemens, par exemple, pourrait – à
l'instar du chancelier élu Friedrich Merz – se réjouir du retour
de l'Allemagne . Il a clairement oublié que, concernant l'Allemagne en
particulier, la question devrait toujours être : « Retour à quoi ? »
Pourtant, même lui remarque que « nous ne savons pas exactement
comment ». Vraiment
? Quelle insouciance intrigante quand on s'apprête à accumuler mille
milliards d'euros de dette publique supplémentaire. Il n'est pas
étonnant que même le journal suisse ultra-capitaliste et très russophobe
Neue Zuercher Zeitung ait accueilli le nouvel enthousiasme allemand
pour la dette avec un scepticisme prononcé .
Troisièmement, il y a la peur de la guerre. Pour ceux qui ne parlent
pas allemand, il peut être difficile d'imaginer à quel point la sphère
publique allemande est devenue déréglée. Les médias traditionnels et
sociaux alimentent la population d'un flot incessant de propagande
russophobe annonçant une guerre imminente. Les rares critiques
allemands, totalement marginalisés, de cette psychose de masse fabriquée
parlent d' hystérie guerrière , et ils ont raison.
Il
est révélateur qu’un petit groupe omniprésent d’experts de l’enfer tels
que Carlo Masala, Soenke Neitzel, Gustav Gressel et Claudia Major se
soient surmenés : après des années à se tromper sur tout – oui, vraiment
sur tout – à propos du conflit ukrainien, ils prédisent désormais avec
assurance une guerre avec la Russie et disent aux Allemands ce qu’ils
doivent penser et faire à ce sujet. Leurs
discussions, fascinantes et variées (et toujours aussi originales et
surprenantes), qui s'en prennent presque quotidiennement aux Allemands
depuis un studio ou un autre, se concentrent désormais généralement sur
le moment précis où « Der Russe ! » va frapper. Les opinions divergent
entre demain matin et dans quelques années.
Et cette folie est malheureusement désormais répandue en Allemagne, du
moins parmi ses prétendues élites. Un problème avec cette propagande est
ancien et évident : ceux qui la propagent finissent par y croire
eux-mêmes. En Allemagne, ils ont d'ailleurs atteint ce stade depuis
longtemps : à l'instar de la secte apocalyptique, qu'ils sont en
réalité, ils s'auto-hystérisent et s'auto-exacerbent. Ce
qui signifie que, même si des dirigeants allemands rationnels
chercheraient à concilier la diligence raisonnable en matière de
sécurité avec une diplomatie axée sur l'intérêt national et, bien sûr,
la coopération avec la Russie, ce type d'approche est désormais
impossible. Au lieu de cela, ces Allemands qui aiment parler au nom de
la nation s'emploient à la mener vers une nouvelle guerre stupide,
inutile et, au final, complètement perdue. Enfin,
il y a la manière dont ce virage politique a été mis en œuvre. Il était
peut-être (à peine, formellement) légal, mais si tel était le cas, ce
n'était que par la lettre de la loi. Son esprit et la démocratie en tant
que telle ont été violés vigoureusement et publiquement. Car Merz, qui
n'est même pas encore chancelier, a utilisé l'ancien parlement
pré-électoral pour imposer ces changements. Le nouveau parlement, déjà
élu, ne lui aurait pas permis de trouver une majorité pour cette
opération. Cela
signifie que le prochain chancelier allemand a délibérément contrevenu à
la volonté déjà clairement exprimée des électeurs, et ce, en usant
d'une manœuvre frauduleuse et transparente. Tous les partis qui l'ont
soutenu dans cette démarche, y compris les Verts et ses probables futurs
partenaires de coalition sociaux-démocrates, se sont souillés.
Et tout cela alors que Merz a démontré son mépris du droit et de la
décence en invitant en Allemagne le criminel de guerre recherché
internationalement Benjamin Netanyahu, et que le
BSW de Sarah Wagenknecht a été tenu à l'écart du parlement par une
manipulation électorale évidente et une falsification extrêmement
probable
. Pas étonnant que de nombreux Allemands aient perdu confiance dans les
partis traditionnels. S'il y a une force qui pourrait profiter de tout
cela, c'est bien sûr l'AfD, le plus puissant parti d'opposition allemand
actuellement. Centristes allemands : ne pleurez pas sur nos épaules et
ne vous plaignez pas de « Russie, Russie, Russie » lorsque votre stupide
pare-feu contre l'AfD s'effondrera. Vous ne pouvez vous en prendre qu'à
vous-mêmes.
Reste-t-il
un espoir ? Oui, peut-être. Car, même si ce début est terrible, la
politique qui vient d'être lancée est également censée être appliquée
sur une décennie et plus. Beaucoup de choses pourraient se produire
pendant cette période. Par exemple, les entreprises allemandes
pourraient enfin – quoique discrètement – se rebeller contre le risque
d'être paralysées par une guerre de sanctions contre-productive contre
la Russie, surtout lorsque leurs concurrents américains reviendront sur
le marché russe, comme ils en ont manifestement envie
. Le conflit ukrainien pourrait se terminer de telle manière que les
partisans allemands de Zelensky n'auront plus personne à qui envoyer de
l'argent. Enfin, même les Allemands, actuellement en pleine
hyperventilation, remarqueront peut-être que la Russie n'attaque pas.
Pourtant, pour l'instant, l'Allemagne poursuit sa route vers une
autodestruction nationale grave et évidente. Et malheureusement,
l'histoire nous enseigne que les Allemands peuvent persévérer dans cette
voie jusqu'à une fin tragique. Rien ne garantit que la situation
s'améliorera cette fois-ci.
. Friedman "..c’est cynique, amoral, mais ça marche ».
Stratfor: comment Washington peut conserver sa domination sur la planète. Extraits du discours de George Friedman, directeur de la société de renseignement et d’analyse Stratfor, dite la « CIA de l'ombre », au Council on Foreign Relations de Chicago.
Dans son discours au Council il explique comment Washington peut conserver sa domination sur la planète. Il identifie également les ennemis potentiels des USA.
Friedman voudrait que le monde actuel soit exclusivement sous le contrôle direct ou indirect des USA
Le président de Stratfor déclare que les USA n'ont pas de relations avec l'Europe. « Nous avons des relations avec la Roumanie, la France et ainsi de suite. Il n'y a pas d'Europe avec laquelle les USA ont des relations quelconques". Cela rappelle forcément la conversation de la sous-secrétaire d'Etat Victoria Nuland avec l'ambassadeur des USA à Kiev en 2014. Nuland avait alors expliqué à son interlocuteur en des termes très crus ce qu'elle pensait de l'Europe unie et de ses dirigeants: https://www.youtube.com/watch?v=2-kbw... 33] Plus tard, elle a présenté ses excuses pour la forme de ses propos, mais pas sur le fond. Il faut savoir que Mme Nuland est une lectrice des notes analytiques de Stratfor.
« Les USA contrôlent tous les océans de la terre. Personne n'avait encore réussi à le faire. Par conséquent, nous pouvons nous ingérer partout sur la planète, mais personne ne peut nous attaquer. Le contrôle des océans et de l'espace est la base de notre pouvoir", a déclaré Friedman à Chicago,
Selon lui, "la priorité des USA est d'empêcher que le capital allemand et les technologies allemandes s'unissent avec les ressources naturelles et la main d'œuvre russes pour former une combinaison invincible".Créer un "cordon sanitaire" autour de la Russie permettra à terme aux USA de tenir en laisse l'Allemagne et toute l'Union européenne.
Un an après les départs autour de Sahra Wagenknecht, il y a eu une
nouvelle vague de départs au sein de Die LINKE (la gauche en allemand).
Cette fois ci avec la grande différence que ce sont les éléments les
plus réactionnaires et bellicistes qui quittent le parti à la suite de
deux congrès importants. Après des années de défaites pour les éléments
marxistes-léninistes de Die LINKE, il y a de nouveau de l´espoir.
Cet article peut sembler un peu long, mais c’est nécessaire pour
connaître les raisons et contradictions qui mènent aux mouvements que
l´on peut observer et pour réellement comprendre ce qui se passe. Vu que
la situation de la gauche en Allemagne est complètement différente de
la situation française, je vais d´abord devoir un peu parler d´histoire.
L´histoire du Parti Die Linke
Après la libération en mai 1945, le grand KPD (Kommunistische Partei
Deutschlands) qui avait agi dans l´illégalité depuis 1933 s’est
reconstitué partout en Allemagne. Comme conséquence des « douze ans de
dictature fasciste et six ans de guerres d’´Hitler » le KPD et le SPD
(Sozialdemokratische Partei Deutschlands) fusionnèrent en 1946 dans la
zone d´occupation soviétique pour que plus jamais la réaction n´arrive
au pouvoir et pour construire le socialisme. Ce nouveau parti du nom de Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (SED) ou « parti de l´unité socialiste d´Allemagne » devint la première force politique en RDA.
Le SPD des zones d´occupation de l´Ouest, corrompu et contrôlé par
les impérialistes occidentaux, n’a pas pu faire cause commune avec le
KPD qui fut même interdit en Allemagne de l’Ouest en 1956 par le grand
démocrate Adenauer.
Après la chute du mur de protection antifasciste de Berlin, le SED
avait approximativement deux millions de membres (sur une population de
seize millions) et devint le PDS (“Partei des Demokratischen
Sozialismus”). Ce fut un changement drastique. La tête du Parti fut
complètement remplacée. Les nouveaux dirigeants participèrent à
l´hystérie générale contre la RDA. Des camarades méritants furent exclus
parce qu´ils avaient eu des fonctions importantes en RDA et dans les
organes qui avaient défendu la RDA avec dévouement (armée,
gardes-frontières, sécurité d´État et personnes affiliées), sans parler
des anciens dirigeants comme Erich Honecker ou Heinz Kessler, carrément
abandonnés à la réaction. Mais pour un bon nombre de communistes
convaincus, abandonner ce parti ne fut pas une option, même si les
réformistes dominèrent le terrain. Très vite, la Kommunistische Plattform (KPF)
ou « plateforme communiste » s´est formée, qui regroupe jusqu´à
aujourd’hui´ceux qui veulent « préserver et développer la pensée
marxiste au sein du parti », lutter contre l´anticommunisme, pour la
paix et qui ne veulent pas laisser le parti aux vautours. Juste après sa
création, la KPF avait 5000 membres et Sara Wagenknecht,
alors très jeune et qui codirigeait cette plateforme, échangea
d’ailleurs à l’époque avec Georges Gastaud qui co-animait alors en
France le Comité Erich Honecker de Solidarité Internationaliste.
En 2007, le PDS fusionna avec un parti ouest-allemand (le
WASG, auquel appartenait Oskar Lafontaine, ex-dirigeant de la gauche du
SPD) pour créer Die LINKE.
Dans Die LINKE il est autorisé de se regrouper pour constituer des
courants. Avec le temps, plusieurs courants reconnus par Die LINKE se
sont formés au sein du parti, qui jouent un rôle important.
Le vote Die Linke en 2017
Die Linke et le DKP
Les communistes marxistes-léninistes d´Allemagne sont organisés
majoritairement dans le DKP ou dans Die LINKE et sa plateforme
communiste KPF. Le DKP (“Deutsche Kommunistische Partei”), qui est
beaucoup plus petit que Die LINKE, s´est formé en Allemagne de l’Ouest
après l’interdiction du KPD et a toujours été un parti
marxiste-léniniste. La raison pour la division du mouvement communiste
en SED-PDS (aujourd´hui Die LINKE) et le DKP est donc d´origine
historique. Un parti vient de l´Est et l´autre de l’Ouest. Les membres
du DKP ne veulent pas adhérer à Die LINKE, car le parti est dirigé en
grande partie par des liquidateurs réformistes sans ligne de classe qui
sympathisent avec l´axe UE-OTAN. De leur côté, les communistes de Die
LINKE, ne veulent pas abandonner le parti car ce serait un immense
cadeau pour les liquidateurs et le camp bourgeois en général.
Personnellement, je comprends bien les deux côtés. Il y a beaucoup de
contacts chaleureux entre les deux partis. Les membres du KPF
souhaitent le mieux pour le DKP et les membres du DKP souhaitent que Die
LINKE devienne à nouveau un parti qui combat sans hésitation pour la
paix et le socialisme.
La différence principale est que les membres du DKP sont pessimistes
et n´ont plus d´espoir dans Die LINKE et que les communistes dans Die
LINKE voient que le combat n´est pas encore décidé et ont encore de
l’espoir.
Les années 2021 à 2023
Fin 2021 : Klaus Lederer et ses amis (ceux qui viennent de quitter le
parti), qui se regroupaient dans la « Progressive LINKE » (« gauche
progressiste »), contrôlaient sans partage la Die LINKE de Berlin depuis
des années. Après les élections de 2021 ils renouvelèrent la
participation de Die LINKE au gouvernement du Land de Berlin. Lors des
mêmes élections il y avait eu un référendum à Berlin sur l´expropriation
des grands groupes immobiliers à Berlin approuvé par 59,1%
des Berlinois qui voyaient leur existence en danger en raison d´une
explosion des loyers.
Mais il était clair dès le début que le nouveau gouvernement allait ignorer ce référendum.
Déjà à l´époque, le gouvernement de Berlin menait des
campagnes assimilant les critiques d´Israël à de l´antisémistisme.
Défendre les colons de la théocratie fasciste tenait depuis toujours à
cœur à la « progressive LINKE ». Il faut savoir, que les « progressive
LINKE » appartiennent à une idéologie spéciale à l’Allemagne : les
« Antideutsche » ou anti-Allemands. Cette idéologie est une forme
spéciale du nationalisme bourgeois, une sorte de nationalisme allemand à
l’envers. Comme le nationalisme bourgeois « ordinaire », elle dit que
l´Allemagne est unique et différente des autres pays. Sauf que d´après
cette idéologie, l’Allemagne serait le mal incarné. Elle part de l´idée
que par essence, tous les Allemands sont un ramassis de nazis. Cette
idéologie est à l´opposé de la vision matérialiste du monde et mystifie
le peuple allemand qui porterait le nazisme dans son ADN. Pour contrer
cela, le soutien à Israël devient comme une offrande pour purger
l´Allemagne du mal. Tout ce qui n´est pas un soutien inconditionnel à
Israël serait du nazisme. Sauf que derrière Israël il y a les USA. Donc
en pratique, tout ce qui n´est pas un soutien inconditionnel à
l´impérialisme US serait du nazisme. Une haine FANATIQUE de tout ce qui
contrarie les ambitions des États-Unis : voici l´essence des
« Antideutsche » et donc des « progressive LINKE » autour de Klaus
Lederer. Cette idéologie est incorporée depuis longtemps dans le système
politique et médiatique. Le soutien inconditionnel à Israël est reconnu
comme « raison d´État » par la bourgeoisie allemande.
La « progressive LINKE » participa au gouvernement de Berlin sur une base anti-sociale et impérialiste.
Le congrès fédéral de Die LINKE 2022 fut un point bas pour le parti.
Les va-t-en-guerre dominaient le discours et demandèrent des armes pour
les nazis de Kiev.
En octobre 2023 Sahra Wagenknecht et d´autres députés qui remettent
en cause les livraisons d´armes quittèrent le parti. Les belliqueux
croyaient avoir gagné définitivement. Sauf qu´il n´y avait pas le départ
massif de ceux qui sont contre les livraisons d´armes qu´ils avaient
espéré.
Ellen Brombacher – KPF Die Linke
Ellen Brombacher, figure connue de la KPF (Kommunistische Plattform)
disait à peu près ceci lors d´une réunion publique cet octobre à
Berlin : « Vous auriez dû voir le visage de Lederer quand il nous a vu
après le départ de Wagenknecht. « Mais vous êtes encore là vous? », nous
a-t-il demandé. »
Beaucoup de membres de Die LINKE voulaient rester pour ne pas laisser
le parti aux ennemis. Un bon nombre d´entre eux étaient membres depuis
le temps de la RDA et le parti était depuis toujours une part importante
de leurs vies. Ils ne voulaient également pas rejoindre le parti de
Sahra Wagenknecht le BSW, parce qu´ils n´étaient pas d´accord avec elle
sur d´autres points importants. Car Sahra Wagenknecht dit se réjouir de
la réunification et du fait que la RDA n´existe plus. Elle a également
des idées très libérales sur l´économie. Elle ne veut pas sortir de
l´UE, croit en une « économie de marché sociale » et son modèle en
matière de politique économique est Ludwig Erhard, ce qui est de la pure
folie. Ludwig Erhard était un économiste qui commença sa carrière dans
le IIIe Reich et devint ministre de l´économie de la RFA. Il
accompagna le création d´une économie d´après-guerre sous tutelle des
États-Unis et posa ainsi la base économique de l’asservissement de
l´Allemagne par les grands monopoles (surtout américains) qui sont la
véritable raison de la politique impérialiste allemande.
Wagenknecht n’est également pas très claire sur la paix. Sa critique
d´Israël est très réservée et elle a même dit qu´il faut faire de l´OTAN
une « alliance défensive » au lieu de la liquider. En novembre 2024, le
parti de Wagenknecht (BSW) en est déjà au point qu´ils ont
annoncé vouloir constituer une coalition pour gouverner le Brandebourg
avec le SPD. Dans un communiqué publié par les deux partis on peut lire
ceci : « Nous sommes d’accord sur le fait que la capacité de défense de
notre pays revêt une grande importance pour la paix et la sécurité et
que la capacité de défense de la Bundeswehr doit être renforcée. C’est
pourquoi nous soutenons la Bundeswehr et ses sites en Brandebourg. »
Cela devrait être une déception pour les électeurs du BSW qui ont voté
pour ce parti afin de ne pas voir l´OTAN s´implanter dans leur région.
Le congrès de Die LINKE fin octobre 2023 était différent de celui de
2022. L´ambiance vis-à-vis des livraisons d´armes à l´Ukraine avait
changé. Presque plus personne se présentant pour un poste ou sur la
liste des élections européennes n’osa se prononcer ouvertement
pour des livraisons d´armes et ceux qui disaient y être favorables ne se
faisaient pas élire (à l’exception des têtes de listes). Mais le très
réactionnaire appareil du parti en place avait fait en sorte que les
quatre premières places, à l’exception de la
troisième position, soient réservées à des extrémistes pro-OTAN.
Dans ce but, ils avaient fait en sorte qu´il n´y ait aucune
contre-candidature. Les délégués n´avaient même pas le droit de les
questionner. La première place revint à l´ancien co-secrétaire du parti,
un supporter du régime pronazi de Kiev. Les places deux et quatre
n´étaient pas attribuées à des membres du parti qui ne disaient même
pas vouloir le devenir. La deuxième place était attribuée à la fille
d´un officier de la Bundeswehr qui vota entre autres pour des attaques
directes contre le territoire russe au parlement européen. Seule la
troisième personne de la liste était contre les livraisons d´armes.
Le congrès 2023 fut une mise en scène par les bureaucrates qui
tiennent les ficelles et placent les membres devant des faits accomplis
mais la position des délégués avait beaucoup changé.
Octobre 2024 : la base exige la paix, refuse des livraisons d’armes
En 2024 le refus vis-à-vis des livraisons d´armes devint de plus en plus important dans la population et dans le parti.
Au congrès de Die LINKE Berlin du 11 octobre la paix dans le monde
fut également discutée. Lederer et ses amis « Antideutsch »
(“anti-allemands”) de la « progressive LINKE » étaient
déterminés à défendre l´impérialisme américain sans compromis. Ils
voulaient entre autres à tout prix accuser les manifestations
pro-palestiniennes de soutenir un « antisémitisme éliminatoire ». Mais
le congrès ne voulait pas de cet amendement. Enragés, Klaus Lederer
(ancien maire adjoint de Berlin), Petra Pau (vice-présidente du
Bundestag), une grande partie des députés du groupe parlementaire de
Berlin et Elke Breitenbach (ancienne membre du gouvernement de Berlin)
quittèrent la salle. Cette dernière, pourtant connue pour sa politesse, a
tenu à faire un double doigt d’honneur à la salle avant de s´enfuir.
Une semaine plus tard eut lieu le congrès fédéral de Die LINKE. Lors
des élections pour le nouveau « Bundesvorstand » (une sorte de comité
central), ceux qui avaient demandé ouvertement des livraisons d´armes
les dernières années ne furent pas élus (à l’exception de Wulf Gallert).
Mais pour l´élection de la double tête du parti, il n´y avait pas de
contre-candidatures (comme un an auparavant lors de la liste pour les
européennes). Par conséquent, les deux candidats instaurés par
l’ancienne tête du parti ont été élus. Comme leurs prédécesseurs, il
s’agit de gens qui mettent à peine en cause Israël et qui se montrent
compréhensifs vis-à-vis de ceux qui demandent des armes pour les nazis
en Ukraine. Des gens qui laissent les va-t-en-guerre salir l´image du
parti tout en disant à ceux qui sont pour la paix de ne pas porter leurs
revendications car il faut préserver l´unité du Parti.
Du point de vue du personnel politique, l’Établissement a pu
préserver les postes les plus importants tout en perdant de l´influence
dans le Bundesvorstand (comité central).
Tout de même, on a pu voir que la paix avait gagné du terrain lors du
débat autour du nouveau programme. La KPF (Kommunistische Plattform)
avait déposé une motion qui parlait de l´histoire du conflit en Ukraine,
visait à éliminer la haine antirusse et insistait sur le rôle
historique du militarisme allemand. Bien évidemment, l’ancienne tête du
parti posa un contre-amendement qui visait à éliminer tous les points
importants de celui de la KPF. Le contre-amendement n´a pas été adopté
avec 41% pour et 44% contre, ce qui fut une défaite pour l´ancienne tête
du parti. Mais l´amendement de la KPF qui fut présenté dans sa version
initiale n´a également pas été accepté (40% pour et 51% contre). Ces
résultats sont tout de même un grand bond en avant par rapport aux
dernières années et montre qu’une part de plus en plus importante des
délégués ne suivent plus la tête du parti et veulent défendre une ligne
de paix. D´autant plus qu’un autre amendement de la KPF a été repris,
insistant sur la nécessité de ne pas laisser des missiles américains sur
le sol allemand, de dissoudre l´OTAN et d´être « sans si ni mais contre
toutes livraisons d´armes à l´Ukraine et à Israël ». Ces mots clairs
n´auraient pas été possibles il y a encore deux ans. D´un côté les
délégués votent des résolutions qui deviennent de plus en plus claires
en ce qui concerne la paix, de l´autre ils votent toujours pour des
personnes qui sont plus ou moins contre la paix. Lors d´une conférence
publique, Ellen Brombacher de la KPF a dit ne pas avoir d’explication
pour cette contradiction. Une raison importante devrait être que la
plupart du temps, les dirigeants placent leurs candidats avec le soutien
de tout l´appareil du parti et des médias bourgeois et qu´aucun «
inconnu » n´ose présenter une contre-candidature.
Le 23 octobre, quelques jours après le congrès fédéral, Klaus
Lederer, Elke Breitenbach et les mêmes parlementaires qui avaient
quitté la salle lors du congrès de Die LINKE Berlin quelques jours
auparavant quittèrent le parti. Ils donnèrent comme raison que le parti
ne se distanciait plus assez de l’antisémitisme et le refus de
solidarité avec l’Ukraine. Il ne s´agit pour l´instant que de figures
politiques de Berlin. Les « progressive LINKE » d´autres régions du pays
sont restés dans le parti. Mais cela reste tout de même très important
pour Berlin, car ces mêmes gens avaient le contrôle du parti à Berlin il
n’y a pas longtemps.
En réaction à cela, la nouvelle double tête (du parti au niveau
fédéral) et d´autres éléments très réactionnaires ont demandé
publiquement à ceux qui sont partis de revenir. En attendant, ces
derniers ont déjà annoncé ne pas vouloir rendre leurs mandats de députés
à Die LINKE alors qu´ils l´avaient demandé aux députés regroupés autour
de Wagenknecht il y a un an à peine.
L´avenir du parti reste difficile à prédire. Les liquidateurs ont
toujours une emprise sur celui-ci, quoique moins ferme. Une grande
partie du personnel embauché par le parti, qui a également beaucoup
d´influence, est toujours en place et sera difficile à dégager dans tous
les cas. Il reste à voir comment se développera le parti lors des
prochains congrès et lors des élections anticipées qui s´annoncent au
niveau fédéral, qui pourraient complètement faire couler le parti. S’il y
a plus de départs de gens comme Lederer et compagnie, s’il y a des
contre-candidats et si les membres commencent à voter pour des candidats
en accord avec leurs idées politiques avant qu´il ne soit trop tard,
cela pourrait sauver le parti. Si la tête du parti n´est pas
remplacée et que les mêmes continuent à contrôler le parti et à le
représenter à l’extérieur, il continuera de s’enfoncer dans le
marécage de l’insignifiance politique.
Pour le moment, le camp de la paix semble avoir le vent en poupe, mais les larbins de l´UE-OTAN gardent les postes-clés.
🔸Brzezinski a été conseiller des administrations des présidents américains J. Kennedy et L. Johnson, ainsi que d'Obama pendant la période électorale. Responsable de la politique internationale USA sous Carter (1977-1980), il envoya Ben Laden en Afghanistan et développa le terrorisme « islamiste » pour renverser le gouvernement de gauche et attirer l'URSS dans un piège.
🔸Synthétisant les concepts géopolitiques de MacKinder et des géopoliticiens américains Admiral Mahan et Spykman, il créa la doctrine d'un nouvel expansionnisme américain. Dans Le Grand échiquier, paru en 1997, il expose les moyens de perpétuer la domination mondiale des USA. L'essentiel est de contrôler l'Eurasie. Il faut donc la diviser et empêcher les alliances entre Moscou, Berlin et Pékin. Brzezinski annonce les stratégies que suivront toutes les administrations USA jusqu'à aujourd'hui.
- dominer l’Eurasie
🔸« L'Eurasie demeure l'échiquier sur lequel se déroule le combat pour la primauté globale. La façon dont les États-Unis gèrent l'Eurasie est d'une importance cruciale. Le plus grand continent à la surface du globe en est aussi l'axe géopolitique. Toute puissance qui le contrôle, contrôle par là même deux des trois régions les plus développées et les plus productives. 75% de la population mondiale, la plus grande partie des richesses physiques, sous forme d'entreprises ou de gisements de matières premières, quelque 60% du total mondial. »
🔸Il s’agit donc de briser les partenariats et les échanges économiques pouvant renforcer les rivaux. Tous doivent être affaiblis méthodiquement et pour cela il faut diviser et paralyser l’UE tout en affaiblissant durablement la Russie qui doit être divisée en trois. Intégrer l'Ukraine dans l'OTAN et la retourner contre Moscou doit être la clé de la stratégie USA dont ce livre annonce les différentes étapes. Et même la date approximative des événements qui surviendront effectivement.
- diviser les « vassaux »
🔸« Les trois grands impératifs géostratégiques des USA: éviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l'état de dépendance que justifie leur sécurité; cultiver la docilité des sujets protégés; empêcher les barbares de former des alliances offensives. »
🔸« Si l'espace central [ndlr: la Russie] rompt avec l'Ouest et constitue une entité dynamique, capable d'initiatives propres; si dès lors, il assure son contrôle sur le Sud ou forme une alliance avec le principal acteur oriental [ndlr: La Chine], alors la position américaine en Eurasie sera terriblement affaiblie. À l'Est, l'union des deux principaux acteurs aurait des conséquences similaires. Enfin, sur la périphérie occidentale, l'éviction des USA par ses partenaires [ndlr: L'Europe] signerait la fin de la participation américaine au jeu d'échecs eurasien. »
- jouer la France contre l’Allemagne, contrôler l’UE
🔸« La France n'est pas assez forte pour faire obstacle aux objectifs géostratégiques fondamentaux des USA en Europe, ni pour construire une Europe conforme à ses vues. De ce fait, ses particularismes et même ses emportements peuvent être tolérés. »
🔸« L'Allemagne pose des problèmes d'une autre nature. Si l'on ne peut nier sa prééminence régionale, il serait imprudent de l'entériner officiellement. À long terme, toutefois, le leadership allemand ne saurait être le moteur de la construction européenne. »
- contrôler l’Ukraine grâce à l’OTAN
🔸« En 2010, la collaboration franco-germano-polono-ukrainienne, engageant quelque 230 millions de personnes, pourrait devenir la colonne vertébrale géostratégique de l'Europe. .... L'intégration des États balkaniques pourrait amener la Suède et la Finlande à envisager leur candidature à l'OTAN. Au cours de la période suivante (soit de 2005 à 2010), l'Ukraine pourrait à son tour être en situation d'entamer les négociations en vue de rejoindre l'UE et l'OTAN. »
- « l’expansion de l'OTAN est essentielle.
🔸À défaut, les USA n'auraient plus les moyens d’élaborer une politique d'ensemble en Eurasie. Si, en dépit des efforts investis l'élargissement de l'OTAN ne se réalisait pas, leur échec aurait des conséquences désastreuses. It remettrait en cause leur suprématie, paralyserait l'expansion de l'Europe, démoraliserait Europe centrale et pourrait allumer les aspirations géopolitiques, aujourd'hui dormantes, de la Russie. »
🔸Pourquoi ce « programme Brzezinski » n’est-il jamais cité par les médias occidentaux ?
🔸Brzezinski a expliqué comment Washington devrait agir pour contrôler l'UE. De nombreux responsables politiques US du plus haut niveau ont exprimé la même hostilité envers l'Europe.
🔸1992 - Le président George Bush (1989 - 1993): « Contre l’Europe, nous gagnerons. » « La Communauté européenne se cache derrière « un rideau de fer » de protectionnisme. Nous avons gagné la guerre froide et nous gagnerons aussi la guerre économique. »
🔸Ayant obtenu le soutien des puissances européennes pour sa guerre contre l'Irak, on aurait pu s'attendre à davantage de bienveillance de Bush père. Pourquoi cette agressivité? La crise économique. Les profits des multinationales sont en baisse. Pour s'en sortir, c'est chacun pour soi. Y compris voler aux « amis » leurs clients et leurs marchés, s'emparer d'entreprises rivales ou les priver d'un accès bon marché aux matières premières africaines. Tout est permis.
🔸1992 - Paul Wolfowitz, le vice-ministre de la Guerre de Bush fils (2001 2005): « Décourager l’Europe occidentale. » « Les USA doivent s'appuyer sur leur écrasante supériorité militaire et l'utiliser préventivement et unilatéralement. Notre premier objectif est d'empêcher qu'émerge une nouvelle fois un rival. [Il faut] empêcher toute puissance hostile de dominer une région. [...] Ces régions englobent l'Europe de l'Ouest, l'Asie de l'Est, le territoire de l'ancienne USSR et l'Asie du Sud-Est. Nous devons nous occuper suffisamment des intérêts des nations industrielles avancées, de façon à les décourager de défier notre leadership ou de renverser l'ordre politique et économique établi. »
🔸Théoricien du courant néo-con républicain, Wolfowitz estime qu'une fois acquise la victoire sur l'URSS, Washington doit en profiter pour dominer le monde et cesser de ménager ses alliés européens.
🔸Pourquoi les médias européens ne communiquent-ils pas aux citoyens européens des informations qui les concernent tant?
🔸1989. La Guerre froide contre l'ennemi commun soviétique prend fin. Du coup, la rivalité USA - UE va se renforcer. En Irak, pour le pétrole du Moyen-Orient dont l'Europe dépend. En Yougoslavie que Berlin souhaitait coloniser. En Afrique, réservoir de minerais stratégiques et de super-profits des multinationales françaises. Là aussi, les médias européens ne mentionnent pas cette guerre économique et politique « entre amis ».
🔸1999 - Strobe Talbott, secrétaire d'État adjoint de Bill Clinton (1994-2001): « Pas d’euro-armée! » « Nous ne voudrions pas voir une initiative européenne de sécurité et de défense qui grandirait d'abord au sein de l'OTAN puis grandirait en dehors de l'OTAN et finalement grandirait en s'éloignant de l'OTAN. Car elle pourrait éventuellement entrer en compétition avec l'OTAN.»
🔸Bill Clinton obtint le soutien des Européens pour sa guerre contre la Yougoslavie en 1999. Récompensa-t-il ses alliés ? Nullement. Il voulait les empêcher de créer l’Euroarmée dont rêvaient Chirac, Schröder et quelques industriels de l'armement.
🔸À chaque guerre, les Etats-Unis s'emparent de nouveaux marchés au détriment de leurs rivaux européens. Pas question donc que l'Europe puisse être militairement autonome. C'est pour ça que Washington torpilla les efforts de certains Européens pour une solution négociée avec la Yougoslavie et imposa les bombardements de l'OTAN.
🔸2003 - Richard Perle, figure de proue du think tank PNAC (Projet pour le Nouveau Siècle Américain): « Berlin et Paris, vous êtes trop solidaires! »
🔸« Les Français et les Allemands ont tendance en chaque circonstance à vouloir être mutuellement solidaires. La profondeur du partenariat franco-allemand s'avérera préjudiciable aux relations avec Washington. »
🔸Novembre 2003. Principal conseiller du ministère de la Défense de Reagan, Perle participe à Berlin à une conférence internationale sur les questions militaires. Il enjoint à l'Allemagne de cesser d'être de mèche avec la France. L’amiral Jacques Lanxade, chef d'état-major français, riposte: les Etats-Unis ne doivent pas essayer de semer la discorde entre Paris et Berlin. Finie, l'amitié ? En fait, la chute de l'URSS et la victoire de l'Occident en 1990 ont laissé le champ libre à la concurrence économique, politique et militaire entre les Alliés d'hier, qui le sont de moins en moins.
🔸En 2014, Nuland lancera « F*ck the EU ! ». Ce n'était pas une grossièreté accidentelle d'une femme surmenée. C’est l’expression claire de la véritable stratégie de Washington. En exprimant aussi élégamment son mépris et son hostilité envers les Européens, Nuland, envoyée d'Obama, ne se doutait pas que sa conversation avec l'ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt, autour du 25 janvier 2014, était interceptée (sans doute par des hackers russes). Le plus étonnant sera ensuite la discrétion totale des médias européens: on aurait pu s'attendre à une analyse sérieuse des véritables relations entre les « amis » USA et UE. D'autant que Nuland, qui a travaillé pour les républicains aussi bien que pour les démocrates, est un personnage-clé de la politique USA. Elle était numéro 2 des Affaires étrangères dans l'administration Biden.
🔸Toute la crise ukrainienne a-t-elle été annoncée dès 2015 par George Friedman ? Il dirige l'agence de renseignement Stratfor Global Intelligence, la plus influente aux USA et très proche du pouvoir. Elle conseille le gouvernement USA, des personnalités et 4 000 entreprises. Étonnant: 8 ans auparavant, Friedman annonçait ce qui allait se passer en Ukraine.
🔸1. « Nous voulons tenir en laisse l’Allemagne et toute l’EU » « La priorité des USA est d'empêcher que le capital allemand et les technologies allemandes s'unissent avec les ressources naturelles et la main d'œuvre russes pour former une combinaison invincible. Créer un « cordon sanitaire » autour de la Russie permettra à terme aux USA de tenir en laisse l'Allemagne et toute l'UE.
🔸La préoccupation primordiale des USA, pour laquelle nous avons livré des guerres depuis un siècle - la Première, la Seconde, la guerre froide - a été la relation entre l'Allemagne et la Russie. Car, unies, elles sont la seule force qui pourrait nous menacer. »
🔸2. « Empêcher l’Allemagne d’exporter » « L'Allemagne est extrêmement puissante économiquement, mais en même temps elle est très fragile géopolitiquement. Et elle ne sait jamais comment ni où elle peut vendre ses exportations. Depuis 1871, cela a toujours été la question allemande et la question de l’Europe. »
🔸Retenant les leçons des défaites USA (Vietnam, Irak, Afghanistan), Friedman expose que les USA ne doivent pas envoyer leurs troupes mais contrôler l'armée ukrainienne et s'en servir pour provoquer et affaiblir la Russie...
🔸3. « Un cordon sanitaire pour blesser la Russie » « Le principal dans toute cette affaire, c'est que les USA établissent un « cordon sanitaire » autour de la Russie. Et la Russie en a conscience. Elle croit que les USA envisagent de la détruire. Nous ne voulons pas la tuer, juste la blesser un peu.»
🔸4. « Faisons la guerre, mais n’envoyons pas de troupes »
« Une intervention militaire est pour nous un cas particulier, la dernière possibilité. Nous ne pouvons pas envoyer des troupes USA à la première étape, mais quand nous envoyons des troupes - et ceci nous l'avons bien compris par l'expérience - cette intervention doit s'opérer de façon limitée et non parvenir à des dimensions gigantesques. »
🔸5. « L’armée ukrainienne, c’est notre armée »
En 2015, « …le général Hodges, commandant de l'armée des USA en Europe s'est rendu en Ukraine. Il a annoncé que des formateurs USA allaient maintenant venir officiellement, et non plus seulement officieusement. Il a remis des médailles à des combattants ukrainiens. Dans le protocole militaire, vous savez, des étrangers ne remettent pas des médailles. Mais il l'a fait. Montrant que c'était son armée. »
🔸6. « Le but n’est pas que l’Ukraine gagne la guerre, mais de faire mal à la Russie »
« Les USA ne peuvent pas occuper l'Eurasie. Dès le moment où les premières bottes touchent le sol, la différence démographique fait que nous sommes totalement en infériorité numérique. […] Donc nous n'avons pas la capacité d'aller là-bas mais, en revanche, on a la capacité de, premièrement, soutenir diverses puissances rivales (un soutien politique, économique, militaire, des conseillers) et en dernier recours, des attaques de déstabilisation : les spoiling attacks ne visent pas à vaincre l'ennemi, mais à le déstabiliser.»
Friedman confirme ici la stratégie de Brzezinski de 1997: empêcher à tout prix une alliance Berlin - Moscou et tenir l'Europe en laisse. Ce sont bien les USA qui prennent l'initiative. Leur but: affaiblir la Russie mais aussi l'Allemagne! Il s'agit d'empêcher ces relations commerciales « naturelles »: les Allemands ont besoin d'exporter et la Russie peut absorber ces exportations, les Allemands pourraient fournir du gaz à l'Europe par le Nord Stream-2 [ndlr: l'une des deux branches du pipeline est intacte]! Les sanctions décidées à Washington visent en réalité à affaiblir l'industrie allemande et toute l'Europe. L'Ukraine là-dedans n'est qu'un pion, sacrifié sans état d'âme sur le grand échiquier de la domination mondiale.
🔸Pourquoi les médias européens n'en disent pas un mot?
🔸Les médias présentent chaque crise internationale (Ukraine, Syrie, Biélorussie, Caucase, Asie centrale, Moldavie et Transnistrie) comme un événement isolé, pour lequel ils pointent chaque fois la responsabilité des « méchants » locaux ou globaux (Moscou). Ce document présente l'avantage de replacer tout cela dans le contexte général. Toutes ces crises ont été fomentées ou attisées par Washington.Toujours avec le même objectif: affaiblir les rivaux (définis par Brzezinski) et renforcer la domination régionale et mondiale des USA.
🔸Depuis 2019, toutes les propositions de la Rand ont été réalisées. Les USA ont livré des armes mortelles à l'Ukraine, augmenté leur soutien aux forces islamistes en Syrie, tenté un changement de régime en Biélorussie, exacerbé le conflit Azerbaïdjan - Arménie, tenté de prendre le contrôle du Kazakhstan (riche en minéraux et étape importante de la Route de la Soie), et ils s'efforcent d'intégrer la Moldavie dans l'OTAN.
🔸4 mesures pour affaiblir l’économie russe: ✔️augmenter la production de gaz US ✔️renforcer les sanctions commerciales et financières ✔️augmenter la capacité de l'Europe à importer du gaz d'autres fournisseurs que la Russie ✔️encourager l'émigration de la force de travail qualifiée et de la jeunesse diplômée.
🔸4 mesures pour la guerre de l’information
🔸Écoutez toujours votre adversaire. Lisez ses documents stratégiques fondamentaux. Aux USA, des organismes officiels publient des analyses exposant sans pudeur les mauvais coups à organiser. La Rand Corporation, financée par le gouvernement et l’armée, est le plus important bureau d’études du pouvoir USA: 1850 employés à son siège de Santa Monica et dans ses bureaux de Cambridge, Bruxelles et Canberra.
🔸En 2019, elle a publié Extending Russia - résumé ensuite dans Overextending and Unbalancing Russia. (Obliger la Russie à s'étendre et la déstabiliser). 47 mesures concrètes pour provoquer et affaiblir Moscou. Toutes les six mesures «géopolitiques» ont été mises en pratique.
👉«Amener la Russie à se battre»! La préface est cynique et instructive : «Les étapes que nous proposons n'auraient pas pour objectif premier la défense ou la dissuasion [...] mais sont plutôt conçues comme des mesures qui amèneraient la Russie à se battre dans des domaines ou des régions où les USA ont un avantage concurrentiel, obligeant la Russie à outrepasser ses limites sur le plan militaire ou économique ou en faisant perdre au régime son prestige et son influence au niveau national et/ou international.»
🔸Il ne s'agit pas pour les USA de se défendre, ni de préserver la paix, mais au contraire d'entraîner et d'enliser Moscou dans des conflits militaires. Provoquer la Russie pour qu'elle veuille s'étendre, puis l'accabler de reproches.
❓Pourquoi les médias européens cachent-ils ce rapport au public ?
🔸La Rand examine «une série de mesures non violentes qui pourraient exploiter les vulnérabilités et les anxiétés réelles de la Russie afin de mettre sous pression son armée et son économie ainsi que la position politique de son régime à l'intérieur et à l'extérieur.»
🔸6 mesures pour provoquer militairement la Russie: ✔️fournir une aide létale à l'Ukraine ✔️augmenter le soutien aux rebelles syriens ✔️promouvoir un changement de régime en Biélorussie.. ✔️exploiter les tensions dans le Caucase du Sud. ✔️réduire l'influence russe en Asie centrale ✔️contester la présence russe en Moldavie
🔸Il est évidemment paradoxal de qualifier de «non violentes» la fourniture d'armes mortelles aux milices néo-nazies d'Ukraine, l'assistance aux terroristes islamistes en Syrie, l'exacerbation de la guerre Arménie-Azerbaïdjan, etc. «Non violentes» signifie en fait que l'armée USA ne s'engagera pas directement dans ces pays. Trop risqué. Mais il s'agit bien de stimuler des guerres pour affaiblir la Russie!
🔸Toute première mesure «géopolitique»: fournir des armes mortelles à l'Ukraine! Plutôt cynique alors que, depuis cinq ans, Kiev opprime et agresse les populations du Donbass (10 000 victimes selon les observateurs de l'OHCHR dont plus de 3 000 civils). Les «avantages» sont ainsi exposés par la Rand : «Renforcer l'assistance USA à l'Ukraine, y compris en lui fournissant des armes létales, augmenterait probablement les coûts pour la Russie, en vies humaines et en trésorerie pour tenir la région du Donbass.»
🔸Refaire le coup de l'Afghanistan? La Rand explique: «Davantage d'aide russe aux séparatistes [Ndlr: Ce qu'ils n'étaient pas: jusqu'en 2022, ils demandaient l'autonomie et le respect des droits humains] et une présence supplémentaire de troupes russes serait probablement nécessaire, menant à de plus fortes dépenses, des pertes de matériel, et à des victimes russes.»
🔸Ce que la Rand propose, c'est donc de pousser la Russie à entrer en guerre en Ukraine. Provoquer un nouvel Afghanistan (un nouveau Vietnam) pour nuire à la Russie.
🔸Dès 2019, la Rand consacre un chapitre très détaillé aux « mesures idéologiques et informationnelles ». Étonnamment, la Rand doute de l'efficacité de certaines de ses propositions et y voit des risques importants. Elle ne croit donc guère aux campagnes de promo d'un opposant comme Navalny et semble admettre que Poutine, quoi qu'on pense de lui, bénéfice d'un soutien important et stable dans la population russe. Cependant force est de constater que la campagne de propagande médiatique a réussi à installer une image très négative de Poutine en Europe.
🔸Quel rapport ! Sanctions et guerre économique pour ruiner l'économie d'un pays rival. Provocations géopolitiques pour enliser son armée dans divers conflits régionaux. Guerre psychologique et informationnelle pour isoler ce pays. Plus trois longs chapitres de mesures purement militaires (course aux armements dans l'espace, augmentation de la présence navale, augmentation des forces de l'OTAN en Europe, retrait du traité de non-utilisation des armes nucléaires, etc.). Après les échecs en Irak et en Afghanistan, les gouvernements US n'envoie plus leurs soldats en zone risquée, mais c'est toujours la guerre. Hybride et totale. Contre la Russie, contre ses alliés, et même contre l'Europe qu'ils veulent aussi affaiblir.
🔸Face aux caméras, Washington travaille à « renforcer la paix », « apaiser les tensions », « éviter l'escalade ». Dans les coulisses, elle fait exactement le contraire. Elle ne respecte ni le droit international ni la coexistence pacifique entre des régimes différents. Aussi bien pour Obama que Trump ou Biden, le seul principe est : « America First ». Seuls comptent les intérêts US et tous les coups sont permis.
🔸On s'étonne donc du silence total des médias européens. Pourquoi cachent-ils ce rapport qui permet de comprendre ce qui est arrivé? Un rapport qui ridiculise le refrain sans cesse ressassé «Poutine parano - Personne ne menace la Russie ». Bien sûr que si ! Les très officiels experts de la Rand, grassement payés par leur gouvernement, ont rédigé 47 mesures pour miner la Russie, et toutes sont appliquées. Source: Michel Colon, Ukraine. La guerre des images
La rue, comme lieu de tentation et de mauvaises rencontres. Un petit bourgeois à la vie monotone se fait aspirer par les trépidations noctambules de la grande ville. Ombrée de traits expressionnistes, l'œuvre de Grune tire sa modernité des superbes séquences avant-gardistes. Un modèle de Strassenfilm (film de rue), avant les fleurons du genre, La Rue sans joie (Pabst) et Asphalte (Joe May).