L’ancien président des Philippines Rodrigo Duterte a été arrêté à
Manille et emmené à La Haye, où il sera jugé pour crimes contre
l’humanité par la Cour pénale internationale.
De 2016 à 2022, le gouvernement de Duterte a mené une campagne
d’exécutions de masse de gens soupçonnés de consommer de la drogue. On
estime que 27 000 personnes, pour la plupart pauvres et indigentes, ont à
sa demande, été exécutées sans procès par des policiers et des milices.
Les enfants ont également été régulièrement victimes des raids
antidrogue de Duterte, que ce soit en tant que victimes collatérales ou
en tant que cibles.
Pendant ce temps, les États-Unis fournissaient des dizaines de
millions de dollars par an à l’armée et à la police nationale
philippines. Les fonds se sont déversés pratiquement sans interruption,
tandis que les groupes de défense des droits humains du monde entier
criaient au scandale.
Dès le début, Duterte avait fait part de son intention de mener une
répression brutale contre la drogue. Avant d’accéder à la présidence, il
avait été maire de Davao, la troisième ville du pays. C’est là qu’il a
présidé à l’exécution de 1 400 criminels présumés et enfants des rues
par un groupe de voyous justiciers connu sous le nom d’« escadron de la
mort de Davao ». Duterte a d’abord nié toute implication directe dans
ces mises à mort, avant de laisser entendre qu’il les avait en fait
soutenues, en déclarant : « Comment ai-je obtenu ce titre de ville la
plus sûre du monde ? En les tuant tous. »
Reporters
Sans Frontières (RSF) a toutes les audaces, tous les culots. Les
« salauds ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît ». L’assertion du
type Bernard Blier marche pour eux en changeant le premier mot. Voilà
une « ONG » qui n’en est pas une, puisqu’elle a avec constance touché de
l’argent des USA et d’Israël, voilà qu’en novembre, dans son « Bilan
Annuel de la liberté de la presse dans le monde », elle refuse de
compter les journalistes assassinés par Israël à Gaza ! En effet pour
RSF les martyrs de presse Palestiniens ne sont pas de « vrais
journalistes ». Du type Robert Ménard.
Et
voilà qu’aujourd’hui, à Paris et à Marseille, cette OG (organisation
Gouvernementale) rejoint l’appel d’une cohorte d’honnêtes gens pour
protester contre les crimes israéliens commis contre les journalistes à
Gaza ! Faut vraiment être culotté.
Nous avons eu la preuve par Trump que RSF est un mistigri piloté par
les US : RSF a protesté contre la coupure des crédits exigée par le
blondinet qui règne à la Maison Blanche. Cette pleurnicherie était un
aveu, Washington ne verse plus de sous aux héritiers de Ménard ce qui
« met en danger la liberté de la presse ». Disent-ils. Il faut entendre
ou lire ce paradoxe pour le croire. Donc, puisque Trump garde ses sous,
la puce change d’âne et RSF entend taper la caisse de l’Europe (qui lui
verse déjà un million d’euro par an).
Résumons. RSF a vécu de l’argent américain et israélien, et un peu
des largesse de Bongo. En Echange RSF a toujours très bien classé Israël
dans son « Palmarès mondial de la démocratie », et tant pis pour les
journalistes Palestiniens, et quelques occidentaux, assassinés par Tel
Aviv. Miracle et nouveau marketing, cette engeance que Macron à naguère
nommée pour assurer la police au sein de la presse, s’en vient pleureur
sur Gaza. Ménard reviens ils sont devenus fous !
McKinsey est accusé notamment d’avoir aidé le laboratoire Purdue Pharma à doper les ventes de l’OxyContin, dont la surprescription est généralement considérée comme ayant déclenché une crise sanitaire meurtrière aux Etats-Unis.
L'OTAN CULTURELLE C'EST AUSSI LA ZOMBIFICATION PHARMACEUTIQUE
Afin d’éviter un procès pénal pour son rôle dans la crise des opiacés, le cabinet de conseil américain McKinsey a accepté de payer 650 millions de dollars (près de 620 millions d’euros) dans le cadre d’un accord avec le gouvernement des Etats-Unis. Selon ce document enregistré vendredi 13 décembre auprès d’un tribunal de Virginie, le cabinet sera sous surveillance pendant cinq ans pour avoir contribué à la crise sanitaire en conseillant des groupes pharmaceutiques comme Purdue Pharma, fabricant de l’antidouleur OxyContin.
Le document précise que McKinsey a déjà déboursé près d’un milliard de dollars dans le cadre de plusieurs accords conclus hors des tribunaux depuis 2019, dont plus de 640 millions dans des accords avec les cinquante Etats et plusieurs territoires américains, et plus de 345 millions au civil. Le groupe a également été mis à l’amende par le gendarme américain de la Bourse (la Securities Exchange Commission ou SEC), pour des contrôles internes déficients.
McKinsey a reconnu avoir, « en toute connaissance et de manière intentionnelle, conspiré avec Purdue Pharma et d’autres pour aider et encourager à fournir une mauvaise communication sur des médicaments prescrits sur ordonnance », stipule le texte. Et aussi d’avoir, « par les actions d’un haut responsable de McKinsey, détruit et caché en toute connaissance des archives et des documents » pour faire obstruction aux enquêtes. Le groupe a licencié, rapidement après le début du scandale, deux salariés pour destruction de documents.
Dosages élevés
« Nous sommes profondément désolés de nos services pour notre ancien client Purdue Pharma et des actes d’un ancien responsable qui a détruit des documents », a réagi McKinsey dans un communiqué. « Cette terrible crise de santé publique et notre travail passé pour des fabricants d’opiacés seront toujours sources de profonds regrets », a poursuivi le cabinet.
Lors d’une conférence de presse, le procureur général de Virginie Chris Kavanaugh a relevé que McKinsey était « le premier cabinet de conseil tenu pénalement responsable pour des conseils ayant entraîné la commission d’un crime par son client ».
D’après l’accord, McKinsey n’a pas bénéficié d’une bienveillance des autorités américaines car il n’a pas révélé lui-même, ni dans les temps, les faits reprochés. En revanche, sa coopération a posteriori et les mesures adoptées par la suite ont joué en sa faveur. Le cabinet s’est notamment engagé à ne plus conseiller d’entreprises concernant un opiacé ou tout autre narcotique.
En particulier, McKinsey avait conseillé Purdue Pharma pour l’aider à doper les ventes de l’OxyContin, affirmait l’Etat de New York dans une plainte. Le cabinet lui avait notamment recommandé de se concentrer sur les dosages élevés, considérés comme les plus lucratifs mais très addictifs. La surprescription de ce médicament est généralement considérée comme ayant déclenché la crise des opiacés aux Etats-Unis.
Visé par une avalanche de poursuites, le laboratoire Purdue Pharma s’est déclaré en faillite en 2019, mais il s’est heurté à plusieurs rejets de son plan par les tribunaux. La Cour suprême a annulé à la fin de juin la dernière mouture, qui prévoyait la création d’une nouvelle entité et le paiement d’au moins 5,5 milliards de dollars sur dix-huit ans.
Promotion musclée
La Cour a estimé que le plan exonérait la famille Sackler, propriétaire de Purdue Pharma, de toutes futures poursuites émanant de victimes. Les Sackler sont accusés d’avoir promu de façon musclée l’OxyContin tout en ayant connaissance de son caractère très addictif, ce qui leur a rapporté des dizaines de milliards de dollars.
Selon les données des centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), plus de 700 000 personnes ont succombé entre 1999 et 2022 à une overdose liée à la prise d’opiacés, obtenus sur ordonnance ou de manière illégale. Pour la première fois depuis 2018, le nombre de morts liées aux opiacés (principalement le fentanyl) a diminué en 2023 (81 083 décès) par rapport à l’année précédente (84 181).
De grands distributeurs de médicaments, comme les chaînes CVS, Walgreens et Walmart, ou encore une filiale du géant français de la publicité Publicis ont également été poursuivis pour leur rôle dans cette crise.
Hace 80 años, el 11 de abril de 1945, unidades de la 4ª División
Blindada del general George S. Patton, de las fuerzas armadas
estadounidenses, se dirigieron hacia la ciudad de Weimar (Alemania),
donde se encontraba el campo de concentración de Buchenwald. Finalmente,
las tropas de Patton tomaron el control del campo, pero los testimonios
de los soldados, recogidos más tarde por historiadores, sugieren que no
fueron los tanques estadounidenses los que liberaron Buchenwald: el
campo ya había sido tomado por la organización y el coraje de los
prisioneros, quienes aprovecharon la huida de los soldados alemanes ante
el avance aliado.
Las personas prisioneras políticas en el campo de concentración de Buchenwald se habían organizado en Kampfgruppen [grupos
de combate]. Utilizaron un arsenal de armas ocultas para promover un
levantamiento dentro del campo, desarmar a los guardias nazis y tomar la
torre de entrada. Desde allí, izaron una bandera blanca y formaron un
anillo alrededor del campo para informar a las tropas estadounidenses
que ya lo habían liberado. Das Lager hatte sich selbst befreit, dijeron: “el campo se liberó a sí mismo”.
No fue solo en Buchenwald donde hubo rebeliones. En agosto de 1943,
lxs prisionerxs de Treblinka se alzaron en una rebelión armada y, a
pesar de ser acribilladxs, obligaron a los nazis a cerrar este repulsivo
campo de exterminio (en el que fueron asesinadas casi un millón de
personas judías).
El Ejército Rojo de la Unión Soviética y las fuerzas estadounidenses
también liberaron varios campos, la mayoría de ellos horrendos centros
de exterminio del Holocausto. Las tropas estadounidenses liberaron
Dachau en abril de 1945, pero fue el Ejército Rojo quien abrió las
puertas de la mayoría de los peores campos, como Majdanek (julio de
1944) y Auschwitz (enero de 1945) en Polonia, Sachsenhausen y
Ravensbrück (abril de 1945) en Alemania.
Dominik Černý (Checoslovaquia), K.L. Dora: Bydlení ve štole [K. L. Dora: Viviendo en el túnel]), 1953.
En julio de 1937, el régimen nazi trasladó prisioneros desde
Sachsenhausen a una zona cercana a Weimar (ciudad natal de Johann
Wolfgang von Goethe y Friedrich Schiller y también lugar donde se firmó
la Constitución alemana de 1919). Lxs prisionerxs despejaron casi 400
acres de bosque para construir un campo de concentración con capacidad
para 8.000 personas, a quienes el comandante nazi Hermann Pister
(1942–1945) utilizó para experimentación médica y trabajo forzado. Al
momento del cierre del campo, ocho años después, casi 280.000 personas
habían pasado por allí (en su mayoría comunistas, socialdemócratas,
pueblos romaní y sinti, judíxs y disidencias cristianas). A fines de
1943, los nazis fusilaron a cerca de 8.500 prisioneros de guerra
soviéticos en el campo y asesinaron a muchxs comunistas y
socialdemócratas. Se estima que el régimen nazi asesinó en total a
56.000 prisioneras y prisioneros en este campo, incluyendo a Ernst
Thälmann, dirigente del Partido Comunista de Alemania (KPD), quien fue
ejecutado el 18 de agosto de 1944 tras pasar once años en confinamiento
solitario.
Sin embargo, Buchenwald no fue un campo de exterminio como Majdanek o
Auschwitz. No formó parte directa de la abominable “solución final a la
cuestión judía” (Endlösung der judenfrage) de Adolf Hitler.
Dentro de Buchenwald, comunistas y socialdemócratas establecieron el
Comité Internacional del Campo para organizar su vida cotidiana en
cautiverio y llevar a cabo actos de sabotaje y resistencia (incluidos,
de manera notable, ataques a las fábricas de armamento cercanas). Con el
tiempo, esta organización evolucionó hasta convertirse en el Comité del
Frente Popular, creado en 1944, con cuatro dirigentes: Hermann Brill
(Frente Popular Alemán), Werner Hilpert (Demócrata Cristiano), Ernst
Thape (Socialdemócrata) y Walter Wolf (Partido Comunista de Alemania).
Lo más notable de esta iniciativa fue que, pese a encontrarse en
condición de prisionerxs, el comité ya había comenzado a debatir el
posible futuro de una nueva Alemania, completamente desnazificada y
basada en una economía cooperativa. Mientras estuvo en Buchenwald,
Walter Wolf escribió ACritique of Unreason: On the Analysis of National Socialist Pseudo-Philosophy [Una crítica de la sinrazón: Sobre el análisis de la seudo filosofía nacionalsocialista].
Nachum Bandel (Ucrania), Block 51. Buchenwald. Small Camp [Block 51. Buchenwald. Campo pequeño], 1947.
Una semana después que lxs prisionerxs liberaran Buchenwald,
colocaron una escultura de madera cerca del campo como símbolo de su
resistencia antifascista. Querían que el campo de concentración no fuera
recordado solo por las muertes, sino también por su resiliencia durante
el encarcelamiento y por su auto-liberación. En 1945, las prisioneras y
prisioneros ya habían formulado el Juramento de Buchenwald, que se
convirtió en su credo: “Solo abandonaremos la lucha cuando la última
persona culpable haya sido juzgada por el tribunal de todas las
naciones. La destrucción total del nazismo, hasta sus raíces, es nuestra
consigna. La construcción de un mundo nuevo, de paz y libertad, es
nuestro ideal”.
El campo de concentración, ubicado entonces en la República
Democrática Alemana (RDA o Alemania Oriental), fue convertido en una
prisión para nazis que esperaban sus juicios. Algunos de ellos fueron
ejecutados por sus crímenes, entre ellos, el alcalde de Weimar, Karl
Otto Koch, quien había organizado el arresto de judíxs en la ciudad en
1941. Mientras tanto, al otro lado de la Cortina de Hierro, la República
Federal de Alemania (Alemania Occidental) incorporó rápidamente a ex
integrantes del régimen nazi en la burocracia estatal, al punto que dos
tercios del personal superior de la Bundeskriminalamt (Oficina
Federal de Policía Criminal) estaban compuestos por ex nazis. A medida
que el proceso de juicios y castigos llegaba a su fin, los restos de
Buchenwald pasaron a formar parte del proyecto de memoria pública en la
RDA.
Ilse Häfner-Mode (Alemania), Portrait of a Woman in Front of a Wooden Door [Retrato de una mujer frente a una puerta de madera], s/f.
En 1958, Otto Grotewohl, socialdemócrata y primer ministro de la RDA,
abrió el campo para que cientos de miles de trabajadoras, trabajadores y
escolares lo visitaran, recorrieran sus instalaciones, escucharan los
relatos, tanto de las atrocidades como de la resistencia y se
comprometieran con el antifascismo. Ese mismo año, el ex prisionero
Bruno Apitz publicó Desnudo entre lobos, novela que narra cómo el
movimiento de resistencia en el campo escondió a un niño pequeño,
asumiendo un gran riesgo y cómo más tarde ese mismo movimiento tomó el
control del campo en 1945. La novela fue adaptada al cine en la RDA por
Frank Beyer en 1963. La historia se basaba en el testimonio real de
Stefan Jerzy Zweig, un niño que fue ocultado por lxs prisionerxs para
evitar que fuera deportado a Auschwitz. Zweig sobrevivió al horror y
falleció en Viena en 2024, a los 81 años.
La RDA forjó su cultura nacional en torno al tema del antifascismo.
En 1949, el Ministerio de Educación Popular instó a las escuelas a
construir un calendario de actividades centrado en la lucha
antifascista, en lugar de en las festividades religiosas. Por ejemplo,
se promovía el Día Mundial por la Paz en lugar del Fasching [Martes de carnaval]. La antigua Jugendweihe [ceremonia
de iniciación juvenil] fue transformada, dejó de ser únicamente un rito
de paso para convertirse en una afirmación del compromiso de las y los
jóvenes con el antifascismo. Las escuelas organizaban salidas
pedagógicas a Buchenwald, Ravensbrück y Sachsenhausen, donde el
estudiantado podía conocer de cerca la atrocidad del fascismo y cultivar
valores humanistas y socialistas. Fue una poderosa práctica de
transformación social para una cultura que había sido arrastrada al
nazismo.
Herbert Sandberg (Alemania), We Didn’t Know [No lo sabíamos], 1964.
Cuando Alemania Occidental anexó a la República Democrática Alemana
(RDA) en 1990, comenzó un proceso de desmantelamiento de los avances en
materia de antifascismo desarrollados en la RDA. Buchenwald se convirtió
en el epicentro de este ejercicio. En primer lugar, la dirección del
campo se volvió objeto de controversia. La doctora Irmgard Seidel, quien
había asumido la dirección tras el ex prisionero del KPD Klaus
Trostorff en 1988, se enteró por un artículo de prensa de que había sido
destituida (investigando archivos de las SS, la doctora Seidel había descubierto que
hubo 28.000 mujeres prisioneras en Buchenwald que trabajaron como mano
de obra esclavizada, en su mayoría en fábricas de armamento). Fue
reemplazada por Ulrich Schneider, quien más tarde también fue removido,
luego de que se revelara que había sido miembro del Partido Comunista en
Alemania Occidental. A él lo sucedió Thomas Hofmann, suficientemente
anticomunista como para complacer a las nuevas autoridades políticas.
En segundo lugar, la orientación antifascista de la memoria pública
debía ser modificada para promover el anticomunismo, lo que incluyó
minimizar el memorial dedicado a Ernst Thälmann. Se puso un nuevo
énfasis en el uso que hizo la Unión Soviética de Buchenwald como prisión
para nazis.
Historiadores provenientes de Alemania Occidental comenzaron a
publicar relatos que sostenían que fueron los soldados de Patton y no
lxs prisionerxs, quienes liberaron el campo (esta es, por ejemplo, la
interpretación del influyente libro de Manfred Overesch Buchenwald und die DDR. Oder die Suche nach Selbstlegitimation [Buchenwald
y la RDA, o la búsqueda de la autolegitimación], publicado en 1995). En
junio de 1991, el canciller alemán Helmut Kohl presidió una ceremonia
para instalar seis grandes cruces en memoria de las víctimas de “la
dictadura del terror comunista” y se refirió a los crímenes nazis como
si fueran equivalentes a las acciones de la Unión Soviética.
Entre 1991 y 1992, el historiador alemán Eberhard Jäckel encabezó una
comisión para reescribir la historia de Buchenwald, lo que incluyó
acusaciones contra prisionerxs comunistas de haber colaborado con los
nazis y la conmemoración de las “víctimas” de la prisión antifascista.
Esta reordenación oficial de los hechos históricos tuvo por objetivo
elevar a los fascistas y deslegitimar a quienes los resistieron. Este
tipo de revisionismo histórico ha alcanzado nuevas dimensiones en los
últimos años: representantes diplomáticos de Rusia y Bielorrusia —dos
antiguas repúblicas soviéticas— han sido excluidos de los actos
conmemorativos anuales. En los discursos pronunciados en el memorial, se
ha equiparado a los campos de concentración nazis con los campos de
trabajo soviéticos. Mientras tanto, las banderas de Israel se exhiben
abiertamente en Buchenwald, pero se ha prohibido la entrada a personas
que usan la keffiyeh y se ha reprimido cualquier mención del genocidio en Palestina.
En la década de 1950, artistas comunistas colaboraron para erigir
memoriales en Buchenwald que conmemoraran la lucha antifascista. Los
escultores René Graetz, Waldemar Grzimek y Hans Kies crearon estelas con
relieves, en cuyos dorsos grabaron un poema de Johannes R. Becher,
primer ministro de Cultura de la RDA:
Thälmann vió lo que un día ocurrió:
Desenterraron las armas que habían escondido.
De la tumba se levantaron lxs condenadxs,
Miren sus brazos extendidos como un llamado.
Miren el memorial que de mil formas grita,
evocando nuestras luchas presentes y pasadas.
Los muertos advierten: ¡Recuerden Buchenwald!
En este boletín, las pinturas son obra de ex prisionerxs de Buchenwald y la fotografía muestra La revuelta de los prisionerxs, escultura en bronce de Fritz Cremer —militante del KPD desde 1929— que representa la autoliberación del campo.
Vijay Prashad
***
La insurrección victoriosa de Buchenwald del 11 de abril 1945, por Boris Taslitzsky
Le réserviste de l’armée israélienne est revenu différent, traumatisé
par ce qu’il avait vu dans la guerre contre le Hamas dans la bande de
Gaza, a déclaré sa famille à CNN. Six mois après avoir été envoyé au
combat, il luttait contre le syndrome de stress post-traumatique (SSPT)
une fois rentré chez lui. Avant son redéploiement, il s’est suicidé. «
Il est sorti de Gaza, mais Gaza n’est pas sortie de lui. Et il en est
mort, à cause du post-traumatisme », a déclaré sa mère, Jenny Mizrahi.
Eliran Mizrahi, qui s’est suicidé en juin, photographié à Gaza. Famille d’Eliran Mizrachi
Note de la rédaction : cette histoire contient des détails sur le
suicide et la violence qui pourraient déranger certains lecteurs.
Tel Aviv et Ma’ale Adumim (CNN) – Eliran Mizrahi, 40
ans et père de quatre enfants, a été déployé à Gaza après l’attaque
meurtrière du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. Le réserviste de
l’armée israélienne est revenu différent, traumatisé par ce qu’il avait
vu dans la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, a déclaré sa
famille à CNN. Six mois après avoir été envoyé au combat, il luttait
contre le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) une fois rentré
chez lui. Avant son redéploiement, il s’est suicidé. « Il est sorti de
Gaza, mais Gaza n’est pas sortie de lui. Et il en est mort, à cause du
post-traumatisme », a déclaré sa mère, Jenny Mizrahi.
L’armée israélienne a déclaré qu’elle fournissait des soins à des
milliers de soldats souffrant de SSPT ou de maladies mentales causées
par les traumatismes subis pendant la guerre. Le nombre de ceux qui se
sont suicidés n’est pas clair, car les Forces de défense israéliennes
(FDI) n’ont pas fourni de chiffres officiels.
La tombe d’Eliran Mizrahi est ornée de fleurs et du drapeau
israélien lors de son enterrement militaire à Jérusalem le 13 juin 2024.
Famille d’Eliran Mizrachi
Un an après, la guerre d’Israël à Gaza a fait plus de 42 000 morts,
selon le ministère de la santé de la bande de Gaza, et les Nations unies
signalent que la plupart des morts sont des femmes et des enfants.
La guerre, lancée après que le Hamas a tué 1 200 personnes et en a
pris plus de 250 en otage, est déjà la plus longue qu’ait connue Israël
depuis la création de l’État juif. Alors qu’elle s’étend désormais au
Liban, certains soldats disent redouter d’être enrôlés dans un nouveau
conflit.
« Beaucoup d’entre nous ont très peur d’être à nouveau enrôlés dans
une guerre au Liban », a déclaré à CNN un infirmier des FDI qui a servi
quatre mois à Gaza, sous le couvert de l’anonymat en raison du caractère
sensible de la question. « Beaucoup d’entre nous ne font pas confiance
au gouvernement en ce moment. »
À de rares exceptions près, les autorités israéliennes ont interdit
l’accès à Gaza aux journalistes étrangers, à moins qu’ils ne soient
escortés par les FDI. Il est donc difficile de rendre compte de
l’ampleur des souffrances des Palestiniens ou de l’expérience des
soldats sur place. Les soldats israéliens qui ont combattu dans
l’enclave ont déclaré à CNN qu’ils ont été témoins d’horreurs que le
monde extérieur ne pourra jamais vraiment comprendre. Leurs récits
offrent un rare aperçu de la brutalité de ce que les critiques ont
appelé la « guerre éternelle » du Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu, et du tribut intangible qu’elle prélève sur les soldats qui y
participent.
Pour de nombreux soldats, la guerre à Gaza est une lutte pour la
survie d’Israël et doit être gagnée par tous les moyens. Mais cette
bataille a également des conséquences psychologiques qui, en raison de
la stigmatisation, restent largement cachées. Des entretiens avec des
soldats israéliens, un médecin et la famille de Mizrahi, le réserviste
qui s’est suicidé, permettent de comprendre le fardeau psychologique que
la guerre fait peser sur la société israélienne.
Le bilan en matière de santé mentale
Mizrahi a été déployé à Gaza le 8 octobre de l’année dernière et a
été chargé de conduire un bulldozer D-9, un véhicule blindé de 62 tonnes
qui peut résister aux balles et aux explosifs.
Il a passé la majeure partie de sa vie dans la vie civile,
travaillant comme directeur dans une entreprise de construction
israélienne. Après avoir été témoin des massacres commis par le Hamas,
il a ressenti le besoin de se battre, a déclaré Jenny à CNN.
Le réserviste a passé 186 jours dans l’enclave jusqu’à ce qu’il soit
blessé au genou et qu’il subisse des lésions auditives en février
lorsqu’une grenade propulsée par une roquette (RPG) a touché son
véhicule, a indiqué sa famille. Il a été retiré de Gaza pour être soigné
et, en avril, on lui a diagnostiqué un syndrome de stress
post-traumatique, pour lequel il suit une thérapie hebdomadaire.
Son traitement n’a rien donné.
« Ils ne savaient pas comment les traiter (les soldats) », a déclaré
Jenny, qui vit dans la colonie israélienne de Ma’ale Adumim, en
Cisjordanie occupée. « Ils (les soldats) ont dit que la guerre était
très différente. Ils ont vu des choses qui n’ont jamais été vues en
Israël. »
Lorsque Mizrahi était en permission, il souffrait d’accès de colère,
de transpiration, d’insomnie et de retrait social, a déclaré sa famille.
Il disait à sa famille que seuls ceux qui étaient à Gaza avec lui
pouvaient comprendre ce qu’il vivait.
« Il disait toujours que personne ne comprendrait ce que j’ai vu », a déclaré sa sœur, Shir, à CNN.
Jenny se demande si son fils a tué quelqu’un et s’il n’a pas pu le supporter.
Des Palestiniens déplacés marchent sur un chemin de terre bordé de
décombres de bâtiments dans le quartier Shejaiya de la ville de Gaza, le
7 octobre 2024. Omar Al-Qattaa/AFP/Getty Images
« Il a vu beaucoup de gens mourir. Il a peut-être même tué quelqu’un.
(Mais) nous n’apprenons pas à nos enfants à faire ce genre de choses »,
a-t-elle déclaré. « Alors, quand il a fait ça, quelque chose comme ça,
peut-être que ça a été un choc pour lui. »
Guy Zaken, l’ami de Mizrahi et copilote du bulldozer, a apporté des
précisions sur leur expérience à Gaza. « Nous avons vu des choses très,
très, très difficiles », a déclaré M. Zaken à CNN. « Des choses
difficiles à accepter. »
L’ancien soldat a parlé publiquement des traumatismes psychologiques
subis par les troupes israéliennes à Gaza. Lors d’un témoignage devant
la Knesset, le parlement israélien, en juin, Zaken a déclaré qu’à de
nombreuses reprises, les soldats ont dû « écraser des terroristes,
morts ou vivants, par centaines. »
« Tout gicle », a-t-il ajouté.
Zaken dit qu’il ne peut plus manger de viande, car cela lui rappelle
les scènes horribles dont il a été témoin depuis son bulldozer à Gaza,
et qu’il a du mal à dormir la nuit, le bruit des explosions résonnant
dans sa tête.
« Lorsque vous voyez beaucoup de viande à l’extérieur, et du sang… à
la fois le nôtre et le leur (Hamas), cela vous affecte vraiment lorsque
vous mangez », a-t-il déclaré à CNN, faisant référence aux corps comme à
de la « viande. »
Il affirme que la grande majorité des personnes qu’il a rencontrées étaient des « terroristes. »
« Les civils que nous avons vus, nous les avons arrêtés et leur avons
apporté de l’eau à boire, et nous les avons laissés manger de notre
nourriture », a-t-il rappelé, ajoutant que même dans de telles
situations, les combattants du Hamas leur tiraient dessus.
« Il n’y a donc pas de citoyens », a-t-il déclaré, faisant référence à
la capacité des combattants du Hamas à se fondre dans la population
civile. « C’est du terrorisme. »
Cependant, lorsque les soldats rencontrent des civils, beaucoup sont
confrontés à un dilemme moral, selon l’infirmier des FDI qui a parlé à
CNN sous le couvert de l’anonymat.
Les soldats israéliens avaient une « attitude collective très forte »
de méfiance à l’égard des Palestiniens de Gaza, en particulier au début
de la guerre, a déclaré l’infirmier.
Il y avait l’idée que les habitants de Gaza, y compris les civils, «
sont mauvais, qu’ils soutiennent le Hamas, qu’ils aident le Hamas,
qu’ils cachent des munitions », a déclaré l’infirmier.
Sur le terrain, cependant, certaines de ces attitudes ont changé «
lorsque l’on a des civils gazaouis sous nos yeux », ont-ils déclaré.
Les FDI ont déclaré qu’elles faisaient tout leur possible pour
minimiser les pertes civiles à Gaza, notamment en envoyant des messages
textuels, en passant des appels téléphoniques et en larguant des tracts
d’évacuation pour avertir les civils avant les attaques.
Malgré cela, les civils de Gaza ont été tués à plusieurs reprises et
en grand nombre, y compris lorsqu’ils s’abritaient dans des zones que
l’armée a elle-même désignées comme des « zones de sécurité. »
Le bilan en matière de santé mentale à Gaza risque d’être énorme. Les
organisations humanitaires et les Nations unies ont souligné à
plusieurs reprises les conséquences catastrophiques de la guerre sur la
santé mentale des civils de Gaza, dont beaucoup avaient déjà été marqués
par un blocus de 17 ans et plusieurs guerres avec Israël. Dans un
rapport publié en août, les Nations unies ont déclaré que les
expériences des habitants de Gaza défiaient « les définitions
biomédicales traditionnelles des troubles de stress post-traumatique
(TSPT), dans la mesure où dans le contexte de Gaza, le mot post de
post-trumatique n’a pas le loisir d’exister.
Après que Mizrahi a mis fin à ses jours, des vidéos et des photos ont
fait surface sur les médias sociaux montrant le réserviste en train de
raser des maisons et des bâtiments à Gaza et posant devant des
structures vandalisées. Certaines de ces images, qui auraient été
postées sur ses comptes de médias sociaux aujourd’hui supprimés, sont
visibles dans un documentaire au cours duquel il avait été interviewé
sur la chaîne israélienne Channel 13.
Sa sœur, Shir, a déclaré avoir vu de nombreux commentaires sur les
réseaux sociaux accusant Mizrahi d’être « un meurtrier », l’injuriant
et réagissant par des émojis hostiles.
« C’était difficile », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle faisait de son mieux pour l’oublier. « Je sais qu’il avait bon cœur. »
Dégager les morts des débris
Ahron Bregman, politologue au King’s College de Londres, qui a servi
dans l’armée israélienne pendant six ans, notamment lors de la guerre du
Liban en 1982, a déclaré que la guerre de Gaza ne ressemble à aucune
autre guerre menée par Israël.
« C’est très long », a-t-il dit, et c’est une zone urbaine, ce qui
signifie que les soldats se battent au milieu de nombreuses personnes, «
dont la grande majorité sont des civils. »
Les conducteurs de bulldozers font partie de ceux qui sont le plus
directement exposés à la brutalité de la guerre, a déclaré M. Bregman. «
Ce qu’ils voient, ce sont des morts, et ils les dégagent (avec) les
débris », a-t-il déclaré à CNN. « Ils passent par dessus. »
Des femmes palestiniennes pleurent un parent tué lors d’un
bombardement israélien sur la bande de Gaza, dans un hôpital de Deir
al-Balah, le 22 mars 2024. Abdel Kareem Hana/AP
Pour beaucoup, la transition du champ de bataille à la vie civile
peut être accablante, surtout après une guerre urbaine qui a entraîné la
mort de femmes et d’enfants, a déclaré Bregman.
« Comment pouvez-vous mettre vos enfants au lit alors que vous avez vu des enfants tués à Gaza ? »
Malgré le syndrome de stress post-traumatique de Mizrahi, sa famille a
déclaré qu’il avait accepté de retourner à Gaza lorsqu’il a été
rappelé. Deux jours avant son redéploiement, il s’est suicidé.
Dans sa maison, Jenny a consacré une pièce à la mémoire de son fils
décédé, avec des photos de son enfance et de son travail dans le
bâtiment. Parmi les objets que sa mère a conservés figure la casquette
que portait Mizrahi lorsqu’il s’est tiré une balle dans la tête, dont
les impacts sont clairement visibles.
La famille de Mizrahi a commencé à parler de sa mort après que les
Forces de défense israéliennes (FDI) lui ont refusé un enterrement
militaire, arguant qu’il n’avait pas été « en service de réserve actif
». Elles sont ensuite revenues sur leur décision.
Eliran Mizrahi, enfant, dans un collage de photos encadré dans la
maison familiale, en Cisjordanie occupée. Famille d’Eliran Mizrachi
Le journal israélien Haaretz a rapporté que 10 soldats ont mis fin à
leurs jours entre le 7 octobre et le 11 mai, selon des données
militaires obtenues par le journal.
Interrogé par CNN sur le nombre de suicides au sein des FDI depuis la
guerre, Uzi Bechor, psychologue et commandant de l’unité de réponse au
combat des FDI, a déclaré que le corps médical n’était pas autorisé à
fournir un chiffre et que l’armée considérait que le taux de suicide
n’avait pratiquement pas changé.
« Le taux de suicide dans l’armée est plus ou moins stable au cours
des cinq ou six dernières années », a déclaré Bechor, précisant qu’il
avait en fait diminué au cours des dix dernières années.
Même si le nombre de suicides est plus élevé, a-t-il dit, le ratio
jusqu’à présent « est assez semblable à celui de l’année précédente
parce que nous avons plus de soldats. »
« Cela ne signifie pas qu’il y a une tendance à l’augmentation des suicides », a déclaré Bechor à CNN.
Il n’a pas communiqué à CNN le nombre de suicides ni leur taux. « Chaque cas nous brise le cœur », a-t-il déclaré.
Pourtant, plus d’un tiers des soldats éloignés du combat souffrent de
problèmes de santé mentale. Dans une déclaration faite en août, la
division de réhabilitation du ministère israélien de la défense a
indiqué que chaque mois, plus de 1 000 nouveaux soldats blessés sont
rappelés des combats pour être soignés. 35 % d’entre eux se plaignent de
leur état mental, et 27 % développent « une réaction mentale ou un
syndrome de stress post-traumatique. »
Elle ajoute que d’ici la fin de l’année, 14 000 combattants blessés
seront probablement admis pour être soignés, et qu’environ 40 % d’entre
eux devraient être confrontés à des problèmes de santé mentale.
Plus de 500 personnes meurent par suicide en Israël et plus de 6 000
autres tentent de se suicider chaque année, selon le ministère de la
santé du pays, qui note que « les chiffres mentionnés sont sous-estimés
d’environ 23 %. »
En 2021, le suicide a été la principale cause de décès parmi les
soldats de Tsahal, a rapporté le Times of Israel, citant des données
militaires qui montrent qu’au moins 11 soldats ont mis fin à leurs jours
cette année-là.
Au début de l’année, le ministère de la santé a cherché à « démentir
les rumeurs d’augmentation des taux de suicide depuis le 7 octobre »,
affirmant que les cas signalés sont des « incidents isolés dans les
médias et les réseaux sociaux ». Sans fournir de chiffres, le ministère a
déclaré qu’il y avait eu une « diminution du nombre de suicides en
Israël entre octobre et décembre par rapport aux mêmes mois de ces
dernières années. »
M. Bregman, vétéran de la guerre du Liban, a déclaré qu’il était
désormais plus facile de parler du syndrome de stress post-traumatique
et d’autres problèmes de santé mentale que dans les années 1970 et 1980,
grâce à la diminution de la stigmatisation. Néanmoins, il a ajouté que
les soldats qui sortent de Gaza « porteront (leurs expériences) pour le
reste de leur vie. »
L’infirmier des FDI qui a parlé à CNN a déclaré qu’un responsable de
la santé mentale était désigné pour chaque unité de l’armée pendant et
après le déploiement. L’impact de la guerre persiste néanmoins, a
déclaré l’infirmier, avec des soldats aussi jeunes que 18 ans souffrant
de traumatismes mentaux à Gaza. Ils pleuraient souvent ou semblaient
émotionnellement engourdis, a ajouté l’infirmier.
Normaliser l’anormal
Bechor, le psychologue de Tsahal, a déclaré que l’un des moyens
utilisés par l’armée pour aider les troupes traumatisées à reprendre
leur vie est d’essayer de « normaliser » ce qu’elles ont vécu, en partie
en leur rappelant les horreurs commises le 7 octobre.
« Cette situation n’est pas normale pour les êtres humains », a
déclaré Bechor, ajoutant que lorsque les soldats reviennent du champ de
bataille avec des symptômes de stress post-traumatique, ils se demandent
: « Comment puis-je rentrer chez moi après ce que j’ai vu ? Comment
puis-je m’engager avec mes enfants après ce que j’ai vu ? »
« Nous essayons de normaliser la situation et de les aider à se
souvenir de leurs valeurs et des raisons pour lesquelles ils sont allés
là-bas (à Gaza) », a-t-il déclaré à CNN.
Pour les dizaines de milliers d’Israéliens qui se sont portés
volontaires ou qui ont été appelés à combattre, la guerre à Gaza a été
perçue non seulement comme un acte d’autodéfense, mais aussi comme une
bataille existentielle. Cette notion a été vantée par les principaux
dirigeants politiques et militaires israéliens, ainsi que par les alliés
internationaux d’Israël.
Des soldats portent le cercueil d’un capitaine israélien tué lors de
combats dans le sud de la bande de Gaza, lors de ses funérailles à Beit
Jann, Israël, le 16 juin 2024. Amir Levy/Getty Images
Netanyahu a qualifié le Hamas de « nouveaux nazis » et le président
américain Joe Biden a déclaré que « l’ancienne haine des Juifs »
entérinée par les nazis avait été « ramenée à la vie » le 7 octobre.
Les menaces extérieures qui pèsent sur leur pays ont unifié de
nombreux Israéliens, mettant en veilleuse les querelles politiques
internes qui divisaient la société depuis des mois. Pendant ce temps,
les souffrances des Palestiniens ont été largement absentes des écrans
de télévision israéliens, dominés par les nouvelles concernant les
otages de Gaza.
Après les attaques du Hamas, les sondages ont montré que la plupart
des Israéliens soutenaient la guerre à Gaza et ne voulaient pas que leur
gouvernement arrête les combats, même en négociant la libération des
otages kidnappés. À l’occasion du premier anniversaire de l’attaque du 7
octobre, un sondage publié par l’Institut israélien de la démocratie a
révélé que seuls 6 % des Israéliens pensent que la guerre à Gaza devrait
être arrêtée en raison du « coût élevé en vies humaines. »
Certains soldats, cependant, ne pouvaient rationaliser les horreurs qu’ils ont vues.
À son retour de Gaza, Mizrahi disait souvent à sa famille qu’il sentait un « sang invisible » sortir de lui, a déclaré sa mère.
Shir, sa sœur, accuse la guerre d’être à l’origine de la mort de son
frère. « À cause de l’armée, à cause de cette guerre, mon frère n’est
pas là », a-t-elle déclaré. « Il n’est peut-être pas mort d’une balle
(de combat) ou d’une grenade, mais d’une balle invisible », a-t-elle
ajouté, faisant référence à ses souffrances psychologiques.
*
Qu’est-ce que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) ? Le SSPT
est un trouble de la santé mentale causé par des événements très
stressants, effrayants ou pénibles, selon le Service national de santé
britannique. Une personne atteinte de SSPT revit souvent l’événement
traumatique sous forme de cauchemars et de flashbacks, et peut éprouver
des sentiments d’isolement, d’irritabilité et de culpabilité. Le SSPT
peut se développer immédiatement après l’expérience d’un événement
perturbant, ou se manifester des semaines, des mois, voire des années
plus tard.
Dans Revolutionary Warfare, How the Algerian War Made Modern Counterinsurgency,
Terrence Peterson livre une foule de détails puisés dans les archives
militaires de la guerre d’indépendance à l’appui de son récit des
stratégies mises en œuvre, sans succès, par l’armée française pour
tenter de rallier la population algérienne. Il analyse également
l’étonnante postérité de la doctrine militaire française de
contre-insurrection élaborée à cette époque, qui a été ressuscitée en
2007 par le général américain David Petraeus en Irak.
Victoria Brittain : Quelle a été l’étincelle à l’origine de
vos travaux sur cette guerre coloniale française et sur le concept de
pacification à travers le remodelage de la société civile ?
Terrence Peterson : La personne qui a éveillé mon intérêt pour la guerre d’Algérie est Frantz Fanon.
J’ai commencé mes études supérieures avec la France de Vichy et la
complexité des lois antijuives appliquées en Afrique du Nord. Et j’ai
fini par lire L’An V de la révolution algérienne (1959), dans lequel Fanon raconte comment les femmes algériennes du Front de libération nationale (FLN)
choisissaient de porter le voile ou non à différents moments, pour
détourner les soupçons et déjouer les mesures de sécurité françaises.
J’ai été séduit.
J’ai fait des recherches exploratoires dans les archives et découvert
que l’armée française avait lancé toutes sortes de programmes sociaux
destinés aux femmes algériennes pendant les huit années de guerre. J’ai
aussi découvert d’autres programmes destinés aux jeunes, aux ruraux, aux
anciens combattants, etc. Cela m’a conduit à me poser ces questions :
comment ces programmes s’articulaient-ils entre eux ? Quelle était leur finalité ?
Comment concilier le travail social armé, se présentant comme
humanitaire, avec les violences notoires qui ont été la réponse
militaire au mouvement de libération nationale algérien ?
Je l’ai rapidement constaté, les officiers français eux-mêmes n’étaient
pas tout à fait sûrs. Ils expérimentaient toutes sortes d’idées sur le
terrain. Ce livre est né de mes efforts pour comprendre ce qu’était le
concept de « pacification »,
comment il était né puis avait évolué au cours de la guerre. Quand on
évoque la guerre d’Algérie, on pense d’abord aux formes de violence les
plus criantes, comme la torture. Mais les archives révèlent que la
réponse française au mouvement de libération de l’Algérie a été beaucoup
plus large.
Victoria Brittain : Dans l’énorme quantité d’archives des
gouvernements français et algérien que vous mentionnez, y a-t-il des
filons particulièrement riches qui vous ont permis de pénétrer au plus
profond de la mentalité coloniale française ? Vous êtes-vous particulièrement intéressé à certains personnages ?
Terence Peterson : Le sens de l’historicité qu’ont
ressenti les fonctionnaires et officiers coloniaux français est
particulièrement frappant dans les archives : ils semblaient comprendre
que le FLN et la spirale de la guerre de
libération nationale qu’il avait initiée constituaient un phénomène sans
précédent, bien avant que l’indépendance de l’Algérie ne devienne une
évidence. Leur réaction a été d’essayer de comprendre ce qui était si
nouveau, afin de pouvoir maîtriser les forces du changement. Le
gouvernement colonial et l’armée française ont tous deux lancé toutes
sortes de nouvelles institutions expérimentales pour s’attaquer à la « question algérienne » – c’est-à-dire la raison pour laquelle le FLN
réussissait aussi bien à emporter l’adhésion en Algérie et à
l’étranger –, et les archives témoignent de beaucoup de débats
perspicaces, de réflexions, d’échecs et de projets ratés qui nous aident
à comprendre l’état d’esprit colonial et son évolution au fur et à
mesure que la décolonisation progressait.
Ces institutions regorgeaient également de personnages étranges et
hauts en couleur, en particulier au sein du bureau d’action
psychologique de l’armée, qui devint l’épicentre de cet effort au milieu
de la guerre. L’un d’entre eux, Jean Servier, était un ethnographe mais
aussi un simple escroc qui espérait tirer parti de sa connaissance de
l’Algérie rurale pour se faire une place dans les cercles politiques. Il
y avait aussi le colonel Michel Goussault, un anticommuniste ardent qui
avait mené des opérations de propagande lors de l’invasion de Suez par
la France en 1956 et qui est ensuite devenu le chef du bureau d’action
psychologique à Alger. Ces personnages m’ont vraiment intrigué, non
seulement parce que leurs ambitions ont laissé des traces écrites très
riches dans les archives, mais aussi parce que leur tempérament les ont
conduits à s’opposer fortement, ce qui me permettait de confronter leurs
écrits de façon très productive.
« Les défaites ont discrédité la doctrine française »
Victoria Brittain : Vous décrivez des divisions profondes au
sein de l’armée et l’impact persistant de la défaite française de Diên
Biên Phu... De quoi s’agit-il ?
Terrence Peterson : Les récits populaires sur la
guerre d’Algérie parlent souvent de l’armée française en termes
monolithiques mais, en fait, lorsque le FLN a
lancé sa lutte de libération nationale, en 1954, l’establishment
militaire français était déjà en crise. Les défaites subies sur le sol
français en 1940, puis à Diên Biên Phu en 1954, avaient discrédité les
doctrines militaires françaises dominantes. Les officiers en milieu de
carrière, comme les capitaines et les colonels, étaient convaincus que
leurs chefs militaires étaient voués à mener des guerres dépassées. Ce
sentiment de crise a finalement contribué aux coups d’État militaires de
1958 et 1961, mais, tout au long de la guerre, il a également conduit à
la recherche de nouvelles techniques et de nouveaux cadres
stratégiques.
Souvent, les officiers à l’avant-garde de cet effort pour élaborer de
nouvelles doctrines militaires étaient précisément ces officiers de
niveau intermédiaire : des soldats de carrière qui avaient combattu
pendant la Seconde Guerre mondiale, puis lors de l’insurrection malgache
en 1947, en Indochine ou dans d’autres zones de guerres coloniales
après 1945, avant d’arriver en Algérie.
En pleine guerre d’Algérie, ce débat a éclaté pendant les premières
années du conflit, alors que l’armée française peinait à progresser face
au FLN. À cela se sont ajoutés d’autres chocs
culturels entre les officiers indigènes ou des affaires algériennes,
qui incarnaient les traditions et la culture de l’Armée d’Afrique, et
les forces de frappe composées en grande partie de vétérans de
l’Indochine. Autant dire que l’ambiance au sein de l’armée était
tumultueuse et souvent conflictuelle.
Victoria Brittain : Chez les militaires, l’idée que le
communisme mondial était l’étincelle qui allumait le nationalisme
anticolonial en Afrique, comme cela avait été le cas, pensaient-ils, en
Indochine, était répandue. Pourquoi ?
Terrence Peterson : En 1956, un fort consensus
émerge de tous ces débats sur la doctrine et la stratégie. Les partisans
de ce courant de pensée, souvent appelé « doctrine de la guerre révolutionnaire »,
soutenaient que les guerres de décolonisation en Indochine et en
Algérie n’étaient pas seulement semblables en apparence, mais qu’elles
étaient littéralement liées, comme deux fronts d’un vaste assaut mondial
contre l’Occident mené par des communistes qui maîtrisaient les
techniques de la guerre idéologique et psychologique.
L’idée qu’une conspiration communiste puisse se cacher derrière tous
les soulèvements anticoloniaux n’était pas nouvelle : elle plongeait ses
racines dans les années 1920. Mais elle a redoublé de puissance au
milieu des années 1950, car les stratèges français voyaient bien que la
position hégémonique de la France était mise à mal par le bloc
sino-soviétique d’une part, et par le nouveau statut de superpuissance
mondiale de l’Amérique d’autre part. Des théoriciens de la guerre
révolutionnaire, comme le colonel Charles Lacheroy et le capitaine
Jacques Hogard, ont interprété les mouvements de libération
anticoloniaux comme une émanation de cet ordre géopolitique en mutation
rapide, plutôt que de considérer la volonté des peuples colonisés
eux-mêmes.
Ils voyaient comme apocalyptique la possibilité de l’effondrement de l’empire français :
cela signifiait non seulement la fin de la puissance mondiale de la
France, mais peut-être même la fin de la France, qui risquait d’être
engloutie par l’une des superpuissances montantes. Leur diagnostic était
erroné à bien des égards, mais il était important, parce qu’il faisait
de l’Algérie un problème existentiel : la France devait soit forger un
nouvel ordre capable de résister aux pressions d’un ordre mondial en
mutation, soit disparaître.
« Le FLN a flairé l’affaire presque immédiatement »
Victoria Brittain : Comment expliquer l’influence exercée sur l’armée par Jean Servier, jeune ethnographe quasi inconnu ? Son ambitieux article sur la fondation d’« un État colonial revigoré » grâce à de « nouvelles élites politiques » aurait pu facilement passer inaperçu...
Terrence Peterson : Jean Servier est un personnage
étrange, surtout parce qu’il n’est pas particulièrement créatif ou
talentueux et qu’il a pourtant exercé une forte influence sur la
stratégie française. Au premier jour de la guerre, le 1er novembre 1954,
il a brièvement attiré l’attention des médias en venant au secours de
civils, dans la ville d’Arris, contre les attaques du FLN.
Ethnographe de formation, il était spécialiste des langues berbères.
Mais son implication auprès du commandement militaire français est
obscure. Il a fait toutes sortes de petits boulots pour l’administration
coloniale et il est même apparu dans le cadre d’une calamiteuse
opération d’armement d’un contre-maquis pro-français en Kabylie en 1956.
L’historien Neil MacMaster a démontré de manière assez convaincante sa
collusion avec le colonel Goussault (le chef de la guerre psychologique)
dans la conception du plan de l’opération Pilote1 et dans son déploiement en dépit d’administrateurs coloniaux réticents.
Tout cela est probablement vrai. Mais je pense aussi que Servier
n’était qu’un bon arnaqueur : il a rencontré Goussault à Paris lors
d’une session de formation sur la guerre révolutionnaire et il a joué
divers rôles dans l’administration. En d’autres termes, il se déplaçait
beaucoup et savait ce que voulaient les commandants militaires et les
fonctionnaires coloniaux. Et ce qu’ils voulaient, début 1957, c’était un
moyen de mobiliser les Algériens eux-mêmes dans un effort de
reconstruction de l’ordre colonial. Il ne s’agissait pas nécessairement
d’une alternative à la violence mais d’un complément. Je pense que
Servier a joué un rôle aussi important parce que ses propositions
étaient parfaitement adaptées aux besoins des administrateurs coloniaux
et des commandants militaires. Et, bien sûr, dès qu’il n’a plus été
indispensable, ils l’ont exclu.
Victoria Brittain : Pouvez-vous expliquer le déroulement des opérations Pilote et Orléansville, leur planification et leur échec ?
Terrence Peterson : L’opération Pilote, opération test lancée au début de l’année 1957, s’inspire largement des actions du FLN.
L’idée de base était que l’armée française pouvait créer une
organisation politique clandestine, populaire et pro-française, en
cooptant les djemâa, les assemblées coutumières qui régissaient la vie
rurale algérienne. Il s’agissait de reconstruire l’État colonial à
partir de la base. Les principaux agents de cette action telle que
Servier et les chefs militaires français l’envisageaient devaient être
des agents secrets recrutés localement, formés par le bureau d’action
psychologique, puis réintégrés clandestinement dans les campagnes.
L’armée a cherché à étendre cette action en ciblant les femmes avec des
équipes de protection sociale itinérantes et en recrutant des hommes
dans les milices locales d’autodéfense.
Cela ressemblait un peu à la manière dont le FLN et même le Viêt Minh avaient cherché à créer des « contre-États »
révolutionnaires en face de l’ordre colonial, et Servier et ses
homologues militaires étaient convaincus que ce système leur permettrait
de prendre le contrôle de la société rurale algérienne.
Mais l’opération se heurte d’emblée aux réalités de la société
rurale, que ni Servier ni les officiers du bureau d’action psychologique
ne comprennent vraiment. Ils ont du mal à recruter des agents ;
les hommes qu’ils recrutent n’ont pas les compétences nécessaires pour
mener à bien leur mission et ils restent, à juste titre, assez méfiants
sur les intentions de l’armée. Les djemâas s’appuyaient sur la recherche
du consensus et sur des relations inter-familiales anciennes, de sorte
que la cooptation envisagée par les officiers n’a jamais été possible.
Et, bien sûr, le FLN a flairé l’affaire
presque immédiatement et a commencé à assassiner ou à kidnapper les
agents infiltrés. En fin de compte, ce projet de création d’une
infrastructure politique à la base ne s’est jamais concrétisé.
« Leurs hypothèses étaient fausses »
Victoria Brittain : Alors pourquoi, en 1957, les généraux
Raoul Salan et Jacques Allard ont-ils décidé la poursuite du programme
Pilote ? Croyaient-ils que l’échec n’était dû qu’à une mauvaise organisation et que l’Algérie nouvelle était le seul avenir possible ?
Pensez-vous que les chefs de l’armée étaient si éloignés des réalités
algériennes sur le terrain qu’ils ne comprenaient ni la société, ni le FLN, ni les colons français ?
Terrence Peterson : Je pense qu’il s’agit de tout
cela. La conception de l’opération Pilote a démontré à quel point les
chefs militaires comprenaient mal la société algérienne, ce qu’on a vu
aussi à travers d’autres opérations, comme la maladroite campagne de
propagande visant à encourager les pieds-noirs à « se faire un ami musulman »,
qui n’a suscité que des courriers haineux. Le haut commandement – les
généraux Salan et Allard – se trouvait à Alger, loin du terrain, et ne
pouvait pas constater l’échec de ses propres yeux. Le ton des rapports
avait tendance à devenir plus optimiste au fur et à mesure qu’ils
remontaient la chaîne de commandement, et je pense que les chefs
militaires avaient un orgueil démesuré, persuadés que leurs méthodes
allaient forcément fonctionner avec le temps, précisément parce qu’ils
avaient une vision superficielle de la société algérienne et des griefs à
l’origine du soutien au FLN.
Pendant des années, l’armée s’est efforcée d’élaborer une doctrine opérationnelle en réponse au FLN,
et Salan tenait enfin quelque chose qui correspondait à ses préférences
idéologiques. Je pense que l’autre facteur puissant qui a conduit Salan
et les autres à ne pas voir les échecs de Pilote, ce sont les querelles
intestines. Les officiers de l’armée française se sont montrés tout
aussi réticents que les Algériens à adopter les tactiques et les
techniques du bureau d’action psychologique, et il était plus facile
pour Salan et le reste du haut commandement de les blâmer que d’admettre
que leurs hypothèses de base sur la société rurale algérienne étaient
fausses.
Victoria Brittain : L’initiative « Engagement »2 auprès des femmes et des jeunes a-t-elle eu plus de succès ?
Terrence Peterson : Si les efforts visant à prendre
secrètement le contrôle des assemblées coutumières ont échoué, Pilote et
les opérations ultérieures ont semblé prospérer davantage dans leurs
tentatives d’implication des femmes et des jeunes. Les fonctionnaires
coloniaux français voyaient dans ces deux groupes des leviers potentiels
pour transformer la société algérienne selon les principes français, et
ils ont donc créé une série de programmes, par exemple des équipes
itinérantes de médecins et de travailleurs sociaux ciblant les femmes
rurales ou des clubs sportifs pour les enfants et les jeunes adultes.
Leur objectif était à peu près le même que celui du réseau d’agents
politiques imaginé dans le cadre de l’opération Pilote : collecter du
renseignement, diffuser de la propagande et cultiver une élite locale
pro-française. La principale différence était que les Algériens
interagissaient réellement avec ces programmes et l’armée en a donc fait
le cœur de sa stratégie de pacification.
En même temps, il faut être très critique sur l’interprétation de
cette apparente adhésion. Pour les officiers français, cette
participation était un indicateur de succès. Mais les Algériens, eux,
s’engageaient sur une base profondément stratégique et subversive.
L’offre de soins médicaux, par exemple, était rare et les femmes
semblaient heureuses de se rendre avec leurs enfants auprès des médecins
itinérants, sans tenir compte de la propagande qui accompagnait ces
visites. Elles renvoyaient aussi à leurs stéréotypes le personnel
militaire, prétendant ne rien savoir des mouvements ou de la présence du
FLN lorsqu’on les interrogeait, sous prétexte
qu’elles étaient des femmes opprimées et cloîtrées (ce qui était
rarement le cas). La guerre a été la source de profondes difficultés
pour les Algériens : pas seulement les pénuries alimentaires ou
l’effondrement des économies locales, mais aussi, pour de très
nombreuses communautés rurales, le déplacement forcé dans des camps.
Dans cette situation, les Algériens n’avaient pas d’autre option que
l’armée pour accéder à de maigres services vitaux.
Sans surprise, les archives rapportent un point de vue presque
entièrement français sur la guerre, mais malgré cela, on y décèle une
hostilité croissante des Algériens engagés dans ces programmes. Et
lorsqu’une vague de protestation populaire a déferlé sur les villes
algériennes en décembre 1960, les commandants militaires français ont
été choqués de constater que les manifestants étaient issus des groupes
démographiques et des communautés qu’ils avaient ciblés pour ces
programmes.
« Être harki était un moyen d’accéder à un salaire »
Victoria Brittain : Quelle a été la contribution des 56 000 harkis recrutés et l’impact sur leur société ?
Terrence Peterson : C’est une grande question, et
des historiens comme François-Xavier Hautreux lui ont rendu justice bien
mieux que moi. Pour répondre rapidement, je dirais que les Algériens
ont rejoint les harkis et d’autres groupes d’autodéfense pour toutes
sortes de raisons compliquées, la loyauté idéologique envers l’État
colonial n’ayant vraisemblablement motivé qu’une petite minorité d’entre
eux.
La guerre a provoqué une misère et un chômage massifs, et
l’enrôlement comme harki était souvent un moyen d’accéder à un salaire
ou à des allocations familiales. Parfois, cela s’inscrivait dans des
rivalités intercommunautaires ou la volonté de défendre sa communauté
contre des intrusions extérieures. De nombreux commandants de l’Armée de
libération nationale (ALN) ont raconté
comment l’enrôlement de leurs forces dans une harka, ou groupe
d’autodéfense, leur permettait d’obtenir du gouvernement français les
laissez-passer dont ils avaient besoin pour se déplacer librement.
Pendant la plus grande partie de la guerre, les communautés des
campagnes algériennes étaient tiraillées non seulement entre l’armée
française et le FLN mais aussi, souvent, entre
des hommes forts courtisés localement par les deux camps. Pour les
Algériens des campagnes, les choix étaient difficiles.
L’armée française s’est également efforcée de mobiliser le plus grand
nombre possible d’Algériens armés et civils dans la lutte contre le FLN.
Cela est devenu un pilier central de la stratégie française vers le
milieu de la guerre conduisant à l’engagement de nombreux Algériens sous
le drapeau français, soit dans des rôles de défense locale, soit dans
des opérations offensives de combat, comme ce fut le cas pour de
nombreux harkis. Inévitablement, cela a nourri le ressentiment et la
suspicion au sein de la société algérienne et contribué aux violentes
représailles et purges de la fin de la guerre. Les chiffres définitifs
sont difficiles à établir, mais il est clair que des milliers
d’Algériens, y compris des harkis perçus comme trop proches de l’État
colonial, ont perdu la vie, et que des dizaines de milliers d’autres ont
fui vers la France.
Victoria Brittain : À partir de l’automne 1961, alors que le
processus de pacification était bien engagé, jusqu’à son abandon en
janvier 1962, des décisions contradictoires sont prises par les
commandants locaux de l’armée. Pourquoi ?
Terrence Peterson : En avril 1961, les généraux
Raoul Salan et Maurice Challe et un groupe d’autres conspirateurs
tentent de faire un putsch à partir d’Alger pour empêcher le président
Charles de Gaulle de négocier l’indépendance de l’Algérie. Le coup
d’État échoue et, soudain, la pacification passe de mode : après tout,
Salan et Challe sont deux des plus éminents partisans de cette
stratégie. L’armée se repositionne autour de l’annonce d’un projet « humanitaire »
destiné à préparer l’Algérie à l’indépendance mais, faute de cadre
opérationnel alternatif à la pacification, beaucoup de commandants
locaux continuent la même politique, jusqu’à ce que l’armée démobilise
le personnel qui dirigeait les programmes de pacification sur le
terrain.
Comme je l’affirme, il s’agit d’une partie importante de l’histoire.
D’une part, cela a permis à l’armée française de blanchir sa campagne en
Algérie en la présentant comme un projet de modernisation, de
démocratisation et d’édification de la nation. D’autre part, avec le
putsch et ses conséquences, les officiers ont pu prétendre que la
pacification avait fonctionné jusqu’à ce que l’intrusion de la politique
la fasse avorter. Ces deux mythes ont contribué à occulter la violence
et les échecs de la pacification et permis à ces pratiques de perdurer
après la guerre. L’une des toutes dernières choses que l’armée a faites
en janvier 1962 a été l’organisation d’une ultime tournée de propagande
de huit jours à l’intention des attachés militaires de vingt-trois pays
amis, pour leur montrer les prétendues réalisations de l’armée en
Algérie.
« L’armée française a formé des officiers portugais, espagnols... »
David Galula, auteur de Contre-Insurrection. Théorie et pratique (1939).
Victoria Brittain : Le plus étonnant, c’est que cette
expérience militaire française a connu une grande postérité dans les
programmes de pacification ultérieurs : ceux des militaires espagnols et
portugais en Afrique contre les mouvements d’indépendance, des
États-Uniens au Vietnam, du général états-unien David Petraeus en Irak
et même dans les mésaventures postcoloniales de la France en Afrique de
l’Ouest. Comment Paul Aussaresses, Roger Trinquier et David Galula ont réussi ce tour de force ? Ont-ils séduit les institutions militaires et universitaires américaines par leur charisme ? Ou faut-il y voir une volonté française de réécrire ce que beaucoup voyaient déjà comme un désastre national ?
Terrence Peterson : Je pense que la pérennité de la
doctrine française de contre-insurrection est le fruit d’une campagne
organisée de l’armée française pour cultiver son influence. Aujourd’hui
encore, on parle de Galula et (dans une moindre mesure) de Trinquier
comme de penseurs novateurs et transformateurs et, à bien des égards,
cela revient à adhérer aux mythes qu’ils ont forgés. En réalité, l’armée
française a déployé de très grands efforts pour cultiver des affinités
et de l’influence auprès d’armées amies. À partir des années 1920, elle a
formé à l’École de guerre à Paris de nombreux officiers étrangers de
haut rang pour susciter une adhésion à la pensée stratégique française.
Pendant toute la guerre d’Algérie, elle s’est associée à des armées
étrangères pour former des officiers à l’école militaire d’Arzew, près
d’Oran. En 1957, et surtout en 1959, l’armée française a formé en
Algérie des dizaines d’officiers portugais, espagnols, états-uniens,
argentins et autres, dans le but de les rallier à la cause française.
Ces efforts ont porté leurs fruits car ils ont été déployés au moment où la « pacification »
semblait le mieux réussir, ce qui a permis aux Français, bien que la
guerre se soit achevée par un désastre, de revendiquer une place dans le
champ émergent de la contre-insurrection de la guerre froide. Ils n’ont
rien proposé de radicalement nouveau ou créatif par rapport à d’autres
pays, comme la Grande-Bretagne, qui mettait au point des approches
similaires à la même époque. Mais les officiers français ont su capter
l’esprit du temps dans leur doctrine et s’en servir pour vendre avec
succès leur méthode à l’étranger. En fait, ils ont créé un public, ce
qui a facilité la tâche d’anciens militaires entreprenants, comme Galula
et Trinquier, qui ont commercialisé leur propre version de ces idées
quelques années plus tard.
Ce qu’il faut surtout retenir à la lecture de David Galula, c’est
qu’il ne fait que proposer une version réchauffée d’une doctrine qui a
échoué, revisitée pour séduire les sensibilités états-uniennes. Avec
Galula, comme avec la pacification en général, il faut rester
extrêmement critique par rapport aux récits des officiers français sur
ce qu’ils faisaient et la manière dont les Algériens y réagissaient.
Una encuesta del Jewish People Policy Institute ha revelado que «más
de ocho de cada diez israelíes judíos apoyan el plan» propuesto por el
presidente Donald Trump de limpiar étnicamente la Franja de Gaza de
palestinos reasentándolos en Egipto y Jordania.
La encuesta
también encontró que entre la minoría de israelíes que no apoyaban el
plan de Trump, sólo el 13% se oponía porque lo consideraba inmoral.
Entre los israelíes judíos específicamente, el número que se opone a la
limpieza étnica de Gaza por razones morales es de solo el tres por
ciento.
Un tres por ciento. Si eso no es un signo de una sociedad moralmente enferma, no sé qué lo sería.
Para
que quede claro, estamos hablando de expulsar permanentemente a una
población indígena de su tierra natal a escala masiva para que su
territorio pueda ser reclamado por colonos. Este es el tipo de crimen
que incluso una conciencia medianamente formada reconocería
inmediatamente como profundamente inmoral, pero entre los judíos
israelíes, esa cifra es sólo del tres por ciento.
La degeneración moral que hace posible tal falta de empatía humana
básica a gran escala es la consecuencia natural de todo lo que el Estado
de Israel es y siempre ha sido. A los judíos israelíes se les adoctrina
desde que nacen para que consideren a los palestinos menos que humanos,
porque de lo contrario el Israel moderno no tendría sentido. No tiene
sentido que un Estado de apartheid en el que un grupo recibe un trato
preferente sobre los demás se haya colocado encima de una civilización
preexistente a la que se robó violentamente la tierra, los derechos y la
dignidad, si se considera que todas las partes implicadas son iguales.
Así que se les enseña a no verlas como iguales.
Sin embargo, este
envenenamiento sistemático de la conciencia tiene repercusiones en todo
tipo de ámbitos. Una encuesta de 2011 publicada por Haaretz
reveló que el 61% de los hombres israelíes no considera violación el
sexo forzado con un conocido, y que sólo el 7% cree que la violación
marital es algo real. Las violaciones abundan en el ejército israelí y
casi nunca se castigan; en 2022, The Jerusalem Post informó de
que las FDI recibieron 1.542 denuncias de agresiones sexuales en el año
2020 y que, de ellas, sólo se presentaron 31 acusaciones.
Basta con escuchar a los israelíes hablar de valores exclusivos de su cultura como el «shitat hamatzliah» (pasar por encima de la gente y hacer lo que te dé la gana para ver si te sales con la tuya) o el pecado de ser un «freier»
(alguien que se atiene a las normas y pierde la oportunidad de engañar a
los demás) para comprender que ésta es una nación de sociópatas.
Y
tiene que serlo. Si los israelíes fueran un pueblo profundamente moral
con conciencias bien formadas, no existiría Israel, porque los abusos
necesarios para mantener su existencia como Estado nunca contarían con
el apoyo democrático de su pueblo. Israel no puede existir sin
violencia, tiranía e injusticia incesantes, por lo que es vital para los
intereses del Estado que los israelíes sean el tipo de personas que
apoyarían estas cosas.
Y en caso de que alguien esté confundido,
esta inmoralidad no se refiere en realidad a los judíos o al judaísmo.
Cualquier grupo al que se adoctrine de forma generalizada en la creencia
de que un grupo vecino debe ser tratado de forma abusiva se convertirá
en personas crueles e ignorantes; cualquier persona con conciencia que
haya interactuado alguna vez con sudafricanos blancos a partir de cierta
edad probablemente haya probado esto. No tiene nada que ver con la
religión o la etnia de nadie, es simplemente cómo se mantienen los
abusos del apartheid.
Esta es la entidad depravada a la que se le
dice a todo el mundo occidental que debe apoyar incondicionalmente. Un
Estado de apartheid que convierte a su propia gente en monstruos para
que participen en actos monstruosos.
Congo RDC, la question des terres rares et de l’exploitation /esclavage humain
Récemment, nous avons écrit au sujet de la plainte déposée par le Congo
contre les filiales d’Apple en France et en Belgique, où la société
américaine est accusée d’utiliser dans ses produits des "minéraux
conflictuels". Il s’agit de minéraux extraits illégalement dans l’est de
la République démocratique du Congo (RDC), une région ravagée par la
guerre, puis blanchis à travers des chaînes d’approvisionnement
internationales. Apple nie ces accusations, affirmant que la majorité
des minéraux utilisés dans ses produits sont recyclés.
️« Lorsque
le conflit dans la région s’est intensifié au début de cette année,
nous avons informé nos fournisseurs que leurs usines métallurgiques et
de raffinage devaient suspendre les achats d’étain, de tantale, de
tungstène et d’or en provenance de la RDC et du Rwanda », indique un communiqué de réponse d’Apple.
Essayons de comprendre
Commençons
par le fait que le sous-sol de la RDC contient des ressources minières
estimées à 24 milliards de dollars – une somme vertigineuse. Parmi
toutes ces richesses, ce qui nous intéresse particulièrement, ce sont
les minéraux 3TG : étain, tantale, tungstène et or. Ce sont eux qui
constituent la matière première essentielle pour toute la production de
microélectronique.
Nous
avons déjà parlé du conflit à la frontière orientale de la RDC avec le
Rwanda, impliquant de nombreux groupes armés. Nous ne reviendrons donc
pas sur cet imbroglio remontant au génocide rwandais de 1994 et
recommandons plutôt de consulter notre article précédent via le lien
ci-dessous.
L’essentiel est que le M23, le plus grand groupe armé soutenu par le
Rwanda (ce que ce dernier nie, bien sûr), contrôle d’immenses
territoires dans la province congolaise du Nord-Kivu, riche en gisements
de 3TG. Il est important de noter qu’un seul district, Rubaya, fournit
environ 15 % du coltan mondial – un minerai dont on extrait le tantale.
Selon les estimations du ministère des Finances congolais, la RDC perd
chaque année 1 milliard de dollars en raison du commerce illégal de
ressources minières, dont 90 % sont exportées clandestinement hors du
pays.
Le
schéma de contrebande est assez simple : presque tout le minerai est
extrait artisanalement dans des mines illégales où le travail des
enfants et le travail forcé sont largement répandus. Sous la pression
des rebelles, les mineurs travaillent soit gratuitement, soit pour 2
dollars par jour, souvent creusant à plus de 30 mètres de profondeur
avec des outils rudimentaires comme des pelles et des pioches, voire
parfois à mains nues.
Ensuite,
ce minerai est acheminé vers le Rwanda, après avoir contourné le
système de surveillance de la "propreté" des minéraux. Comment ? Très
simplement : le minerai illégal est déversé dans des mines "propres" et
"extrait" à nouveau. Les minéraux sont ensuite marqués comme étant
"proprement extraits" et peuvent être importés sans scrupules par des
entreprises occidentales, passant par des chaînes d’approvisionnement
mondiales. Et personne ne semble être perturbé par le fait que le Rwanda
exporte beaucoup plus de ressources minières qu’il n’en extrait sur son
propre territoire. Une partie des bénéfices tirés de cette arnaque
finance évidemment l’équipement et l’armement des groupes rebelles en
RDC.
Il convient de noter que ce schéma est utilisé non seulement par des
multinationales, mais aussi par l’Union européenne. En février de cette
année, l’UE et le Rwanda ont signé un mémorandum d’entente sur les
chaînes de valeur durables des matières premières. Il s’agit
principalement des minéraux 3TG mentionnés et du cobalt – une matière
première clé pour la transition énergétique. Ainsi, nous voyons que les
pays et entreprises occidentaux sont prêts à sacrifier leurs principes
de développement durable et ESG lorsqu’il s’agit de ressources
stratégiques. Mais qui aurait douté de cela ?