Contribución, dentro del marco oficialista-institucional, para desenmascarar la cultura pro-Otan
La palabra “radiaciones” anuncia, en tono cómplice, el interesante pero
también en cierto modo peligroso tema que presenta este seminario: la
reverberación de los discursos artísticos en toda Europa durante el
período de división que fue la Guerra Fría. Después de una omisión
prolongada en el tiempo, hoy finalmente, impulsado por el reciente
interés por lo global, es posible volver a plantear la importancia del
arte producido fuera de los principales núcleos de poder en esta época,
por lo general ignorados por las instituciones más poderosas. Ahora
podemos, y este es el objetivo de este programa, proponer una relectura
(sin canonizar a los artistas olvidados) de un momento de la historia
reciente que se ha estudiado con demasiada frecuencia desde un enfoque
plano en blanco y negro, de algún modo siguiendo la estela de la
división en dos bloques que rigió la Guerra Fría. Esta fractura,
subyacente a la amenaza real de una aniquilación nuclear, motivó que los
discursos culturales se convirtiesen en una de las formas privilegiadas
de hacer la guerra: una guerra de imágenes y palabras.
Aujourd'hui, on sait que les Américains ont eux-mêmes fabriqué les
moudjahidin (combattants pour la foi, opposés aux forces
gouvernementales afghanes) et qu'ils ont cyniquement décidé de les
utiliser pour affaiblir l'Union soviétique et "infliger aux Soviets leur
propre Vietnam"
Le
président américain Carter a signé dès juillet 1979 une directive sur
l'aide aux ennemis du régime soviétique, manœuvre qui visait à piéger
l'URSS en Afghanistan. Officiellement, l'aide de la CIA aux moudjahidin a
commencé en 1980.
Le
gouvernement soviétique répugnait à envoyer l'armée en Afghanistan,
mais en 1979, il n'a pas eu le choix - suite aux supplications du
gouvernement afghan lui-même. Un djihad – guerre sainte – a été décrété
par les moudjahidin contre l'Union soviétique avec l'argent de
l'Occident. Leur but était simple : repousser "l’ennemi-occupant" (comme
ils le prétendaient).
En
réalité, l'Union soviétique a été froidement instrumentalisée : le
gouvernement afghan réglait ses problèmes sur le dos de l'URSS. Après le
retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan, l'opposition téléguidée
par l'Occident s'est désintégrée en une myriade de groupes terroristes,
qui sont devenus les infâmes Talibans, Al-Qaïda et Daech.
Pendant une grande partie de son histoire, l’AFL-CIO
[centrale syndicale nationale qui est la plus grande fédération de
syndicats aux États-Unis. Elle est composée de 60 syndicats nationaux et
internationaux, représentant ensemble plus de 12,5 millions de
travailleurs actifs et retraités, NdT] a soutenu avec enthousiasme la
politique étrangère des États-Unis. Pendant la Guerre froide, elle a
notamment participé activement aux efforts visant à supprimer les
mouvements syndicaux de gauche à l’étranger.
Le président Richard Nixon fait un geste en direction du dirigeant
syndical George Meany lors d’un discours prononcé à la convention de
l’AFL-CIO en 1971. (Wally McNamee / Corbis via Getty Images)
En février, l’American Federation of Labor-Congress of Industrial
Organizations (AFL-CIO) a appelé à un cessez-le-feu négocié pour mettre
fin au génocide en cours à Gaza. Bien que cette déclaration n’ait pas
exigé un cessez-le-feu immédiat, comme l’ont fait d’autres organisations
ouvrières et syndicats, cela représente une rupture avec bon nombre des
principes de l’AFL-CIO en matière de politique étrangère.
Pendant la majeure partie de ses soixante-huit années d’existence,
l’AFL-CIO – la plus grande fédération de syndicats des États-Unis,
représentant 12,5 millions de travailleurs – s’est alignée sur la
politique étrangère des États-Unis. Elle a même, dans de nombreux cas au
cours du siècle dernier, participé activement à des interventions
américaines anti-gauche à l’étranger.
Dans son livre à paraître, Blue-Collar Empire : The Untold Story of
US Labor’s Global Anticommunist Crusade (L’empire des cols bleus :
l’histoire inédite de la croisade anticommuniste mondiale des
travailleurs américains), l’historien Jeff Schuhrke retrace les rapports
entre l’AFL-CIO et la politique étrangère des États-Unis depuis les
débuts de la Guerre froide jusqu’aux années 1990. Il révèle comment, en
partenariat avec la CIA et d’autres organes du gouvernement américain,
l’AFL-CIO a étouffé les mouvements syndicaux de gauche en Europe, en
Amérique latine et en Asie. Sara Van Horn et Cal Turner se sont
entretenus avec lui pour Jacobin et ils ont abordé la question des
dégâts causés par les interventions de l’AFL-CIO dans des pays comme le
Guyana, le Chili et le Brésil, la façon dont la répression de
l’organisation des travailleurs à l’étranger a nui aux travailleurs
américains et les leçons que le mouvement syndical peut tirer de son
histoire compliquée.
Cal Turner : Dans quelle mesure l’AFL-CIO a-t-elle été associée à l’interventionnisme américain au cours du vingtième siècle ?
Jeff Schuhrke : L’American Federation of Labor (AFL)
a commencé à mener la Guerre froide avant même que la Guerre froide ne
commence, alors que le gouvernement américain considérait encore l’Union
soviétique comme un allié du temps de la Seconde Guerre mondiale. C’est
en 1944 qu’elle a créé le Free Trade Union Committee (FTUC), qui a
tenté de créer des divisions entre les non-communistes et les
communistes au sein des mouvements syndicaux d’Europe occidentale.
Lorsque la Guerre froide est passée au premier plan et que la CIA a
été créée, certains responsables, au sein du gouvernement, ont pris
conscience du travail que l’AFL avait déjà accompli en Europe. Ils ont
compris que si la CIA voulait influencer les mouvements syndicaux
étrangers, il lui serait difficile de le faire par elle-même. Mais si
elle pouvait passer par l’AFL – si des dirigeants syndicaux américains
participaient aux interventions – le succès serait au rendez-vous, dans
la mesure où les travailleurs d’autres pays seraient plus enclins à
faire confiance à leurs collègues syndiqués.
À compter de 1949, la CIA et le Free Trade Union Committee avaient
formé un partenariat secret : la CIA finançait le FTUC pour qu’il mène
des interventions destinées à diviser les mouvements syndicaux et à les
scinder en camps rivaux selon les axes stratégiques de la Guerre froide.
Le Free Trade Union Committee devait également tenir la CIA et le
département d’État informés de la composition des différents syndicats
et de l’identité de leurs dirigeants dans les pays étrangers : à savoir,
lesquels étaient susceptibles d’être plus fiables en tant qu’alliés
pro-américains et pro-capitalistes, et lesquels étaient plus à gauche ou
pro-soviétiques. Grâce au financement de la CIA, cette organisation a
pu s’étendre de l’Europe à l’Asie.
Dans le même temps, il existait déjà avant la Guerre froide, un
historique d’interventions de l’AFL auprès des mouvements syndicaux
d’Amérique latine, en particulier pendant la révolution mexicaine. Cette
évolution s’est poursuivie également lors des débuts de la Guerre
froide, sur un mode différent de ce que le Free Trade Union Committee
pratiquait en Europe et en Asie, mais avec la même idée de départ :
diviser la Confédération des travailleurs d’Amérique latine,
organisation syndicale de gauche couvrant l’ensemble de cette région.
Le Free Trade Union Committee a cessé ses activités en 1958 après la
fusion entre l’AFL et le CIO. Au cours des années 1960 et 1970, les
États-Unis ont fait du développement du tiers-monde l’un des principaux
axes de leur politique étrangère. L’AFL-CIO s’est adaptée et s’est
associée à l’USAID (l’Agence américaine pour le développement
international), acceptant l’idée d’utiliser les syndicats pour «
moderniser » les pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. Ils ont
mis en place des programmes de formation destinés à faire en sorte que
les dirigeants syndicaux des pays étrangers passent du statut de
fauteurs de troubles grévistes à celui de bureaucrates capables de
tempérer les revendications des classes laborieuses de leur pays, afin
que les gouvernements de ces pays puissent développer leur économie sans
céder aux exigences des travailleurs.
On était alors à l’époque du solide mouvement tiers-mondiste des
années 1960 et début des années 1970, alors que de nombreux dirigeants
politiques anticoloniaux et anti-impérialistes du Sud mondial tentaient
de faire valoir leur indépendance économique et politique. C’est au
cours de cette période que l’AFL-CIO a régulièrement tenté de saper les
mouvements politiques de gauche en Amérique latine.
Si la CIA voulait influencer les mouvements syndicaux étrangers, il
lui serait difficile de le faire par elle-même. Mais si elle pouvait
passer par l’AFL, le succès serait au rendez-vous.
Au sortir de la guerre du Vietnam, le caractère interventionniste de
la Guerre froide s’est quelque peu atténué. Mais dans les années 1980 et
au début des années 1990, vers la fin de la Guerre froide, une nouvelle
génération de responsables anticommunistes enragés a pris la tête de
l’AFL-CIO.
À l’heure où l’économie politique mondiale commence à changer, et
alors qu’on assiste à une restructuration économique et à des
délocalisations, le nombre de syndiqués américains est en baisse.
Pourtant, le président de l’AFL-CIO, Lane Kirkland, et d’autres
responsables ont voulu raviver la Guerre froide. Ironie du sort, alors
même qu’ils combattaient l’administration de Ronald Reagan sur les
questions intérieures, ils se sont associés à cette dernière pour mener
des guerres contre-insurrectionnelles musclées en Amérique centrale au
nom de l’anticommunisme.
Ils ont coopéré avec l’administration Reagan et des politiciens de
droite pour créer la National Endowment for Democracy (NED), qui a
renoué avec ce que la CIA avait fait avant la guerre du Viêtnam, à
savoir financer de nombreux syndicats et autres organisations de la
société civile à l’étranger. Mais au lieu de le faire secrètement, la
NED l’a fait ouvertement, en disant : « C’est au nom de la promotion de
la démocratie et de la liberté. » L’AFL-CIO a joué un rôle important
dans la création de la NED et a été l’un des principaux bénéficiaires
des fonds alloués par le Congrès à ces programmes. Elle a été très
active en Pologne avec Solidarność, le syndicat anticommuniste qui a
fini par être à l’origine, à bien des égards, de la fin du régime
communiste en Europe de l’Est.
Sara Van Horn : Vous écrivez que les syndicats américains, en
particulier l’AFL-CIO, ont activement encouragé la Guerre froide.
Pourquoi les dirigeants syndicaux étaient-ils prêts à collaborer si
étroitement avec le gouvernement ?
Jeff Schuhrke : Cela remonte aux Première et Seconde
guerres mondiales et au New Deal. Pendant les deux guerres mondiales,
les dirigeants de l’AFL ont conclu un accord avec le gouvernement
américain, garantissant que la production industrielle ne serait pas
perturbée par des grèves pendant la guerre. En échange, l’AFL a acquis
une certaine légitimité aux yeux du gouvernement et a obtenu des
avantages réels, tels que des journées de travail moins longues, une
meilleure couverture sociale et une hausse du nombre de syndiqués. Les
responsables syndicaux de l’AFL ont été très fortement marqués par cette
évolution. Ils ont compris qu’en s’alignant sur la politique étrangère
du gouvernement américain, ils pouvaient gagner en avantages, en
légitimité et en protection.
Par ailleurs, l’AFL était traditionnellement une fédération syndicale
plus conservatrice, opposée à toute radicalité et aux militants de
gauche. Lorsque la Guerre froide a commencé, de nombreux dirigeants de
l’AFL avaient déjà une longue expérience de la lutte contre les
communistes dans les rangs de leur propre syndicat et du maintien à
l’écart des postes de direction de ceux-ci. Ils en étaient venus à se
considérer comme les vrais spécialistes de la lutte contre les
communistes, bien davantage encore que nombre de responsables de
l’appareil de politique étrangère des États-Unis.
Le CIO a également largement bénéficié de son partenariat avec le
gouvernement pendant le New Deal et la Seconde Guerre mondiale. Les
dirigeants du CIO, comme Walter Reuther, rêvaient de devenir des
partenaires à part entière de la planification économique dans un État
corporatiste. À l’instar de l’AFL, ils considéraient qu’en prouvant leur
patriotisme et leur loyauté envers le gouvernement, ils obtiendraient
un siège à la table des négociations. À la fin des années 1940, dans le
contexte du maccarthysme et des mutations politiques du début de la
Guerre froide, le CIO est également devenu anticommuniste.
C’est l’AFL qui a initialement encouragé la Guerre froide, parce
qu’elle n’a jamais toléré les communistes ou voulu former de coalition
avec des syndicalistes de gauche, contrairement au CIO qui, pendant de
nombreuses années, a accueilli – ou du moins toléré – des communistes
dans ses propres rangs. Le CIO était prêt à rejoindre la Fédération
syndicale mondiale aux côtés des syndicats soviétiques. C’est une chose
que l’AFL n’a jamais acceptée. Ses dirigeants, tel George Meany, se sont
toujours montrés prompts à promouvoir une confrontation avec les
Soviétiques, en raison de leur propre passé idéologique anti-communiste
et de la lutte menée contre les communistes dans les rangs de leurs
propres syndicats.
Cal Turner : Vous écrivez que la Guerre froide a
directement contribué au déclin des syndicats américains, dont le taux
d’adhésion a chuté de 35 % en 1947 à 11 % en 1991. Comment les activités
internationales de l’AFL-CIO ont-elles affecté le mouvement syndical ?
Jeff Schuhrke : Un premier facteur a été la part
d’attention, de ressources et d’énergie que l’AFL-CIO a consacrée à
cette croisade anticommuniste dans le monde, plutôt que d’organiser les
travailleurs non syndiqués aux États-Unis ou de réclamer davantage de
politiques de protection sociale, moins de dépenses militaires et plus
d’investissements dans l’éducation, les soins de santé et les
infrastructures, c’est-à-dire le genre de choses qui créent des emplois.
En 1966, plus d’un cinquième du budget de l’AFL-CIO était consacré à
ces programmes à l’étranger. Sans même compter les millions de dollars
que l’AFL-CIO recevait du gouvernement américain.
À partir des années 1970, l’économie politique mondiale était en
pleine transformation : l’industrie manufacturière s’est d’abord
déplacée vers des régions des États-Unis ne comptant pas de syndicats,
le Sud et le Sud-Ouest, puis vers l’Amérique latine et les Caraïbes, et
finalement vers l’Asie. L’AFL-CIO ne faisait pas grand-chose pour y
remédier, si ce n’est promouvoir les campagnes de marketing « Achetez
américain » ou « Vérifiez le logo syndical ». Au contraire, elle se
focalisait sur la manière de combattre les communistes et de saper les
mouvements de gauche en Amérique latine, en Afrique, en Asie et en
Europe de l’Est. L’anticommunisme ici ne se limite pas à une opposition
aux véritables communistes ou aux véritables partis communistes : il
s’agit d’une opposition à tout mouvement de gauche, ou de classe, visant
à l’indépendance économique des pays du Sud global.
Cette croisade anticommuniste mondiale a affaibli et divisé un grand
nombre de mouvements syndicaux du Sud, plus combatifs et plus engagés
dans les luttes de classe, alors même que ceux-ci auraient pu s’opposer
au pouvoir du capital international. Des syndicats dissidents plus
conservateurs et plus favorables au capitalisme se sont créés et ont
bénéficié d’un financement important de la part du gouvernement
américain, par l’intermédiaire de l’AFL-CIO.
Même si tout cela était censé se faire au nom de la libre
syndicalisation, un grand nombre de syndicats et de fédérations
syndicales soutenus par l’AFL-CIO dans le monde entier faisaient souvent
l’objet d’un étroit contrôle de la part des gouvernements de ces pays,
en particulier dans le cas de gouvernements anticommunistes et
autoritaires. Les seuls syndicats que ces gouvernements toléraient
étaient ceux soutenus par l’AFL-CIO.
Alors que la libéralisation du commerce et la délocalisation des
emplois manufacturiers américains allaient bon train, les mouvements
syndicaux de ces pays auraient pu être des alliés de choix pour le
mouvement syndical américain dans sa lutte contre le nivellement par le
bas et la promotion de normes plus exigeantes partout afin que le
capital n’ait nulle part où aller. Ce n’est pas ce qu’il s’est passé,
dans la mesure où ces mouvements syndicaux déjà affaiblis étaient
désormais étroitement contrôlés par leurs propres gouvernements,
conséquence des agissements de l’AFL-CIO. En ce sens, les dirigeants de
l’AFL-CIO se sont tirés une balle dans le pied.
Tout cela s’est fait en partenariat avec le gouvernement américain.
Or, celui-ci, surtout à la fin de la Guerre froide, dans les années 1980
et 1990, a favorisé toutes ces délocalisations et la libéralisation du
commerce, en adoptant l’ALENA – des mesures qui ont entraîné la
désindustrialisation et fait perdre aux syndicats américains un grand
nombre de leurs membres. La même entité avec laquelle l’AFL-CIO s’est
associée pendant toutes ces décennies et qui a contribué à la victoire
de la Guerre froide a, dans le même temps, bousillé les travailleurs
américains. Non seulement elle nuisait aux travailleurs du monde entier,
mais au final elle nuisait également aux travailleurs des États-Unis.
Sara Van Horn : Avez-vous des exemples précis qui
vous paraissent flagrants et montrent que les syndicats américains ont
réprimé l’action politique ou l’organisation de la gauche dans les pays
du Sud ?
Jeff Schuhrke : Au début des années 1960, la Guyane
est dirigée par Cheddi Jagan, un socialiste qui souhaite nationaliser
l’industrie sucrière et, via une transition structurée, mener le pays
vers une pleine indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Certains
syndicats étaient de son côté, d’autres de celui de ses rivaux
politiques. Avec l’aide de la CIA, l’AFL-CIO a contribué à financer les
syndicats de l’opposition et à mener une longue grève générale qui a
duré environ deux mois, affaiblissant le gouvernement Jagan et
finalement poussant ce dernier à quitter le pouvoir avant le début de
toute transition vers l’indépendance.
Le fait que Jargan était marxiste n’était pas du goût du gouvernement
américain – il pensait que ce serait un autre Fidel Castro, et
souhaitait l’arrêter à n’importe quel prix. Habituellement, les membres
du mouvement ouvrier de gauche considèrent que les grèves générales sont
quelque chose de positif, mais dans ce cas précis, cette grève générale
secrètement financée par la CIA, et dont les fonds étaient versés par
les syndicats américains, a ébranlé un gouvernement de gauche.
Dans la même veine, au début des années 70, Salvador Allende était au
pouvoir au Chili. Il était marxiste, avait été élu démocratiquement et
était persuadé que la démocratie permettrait d’instaurer le socialisme.
Les anticommunistes des États-Unis et d’Amérique latine le considéraient
donc comme particulièrement dangereux, dans la mesure où ils
s’appuyaient sur le mythe selon lequel tous les communistes étaient des
dictateurs totalitaires. L’administration [Richard] Nixon entendait
créer le chaos économique au Chili, et y est parvenue en partie grâce à
une série de grandes grèves dans des secteurs tels que l’extraction du
cuivre et le transport routier. Ces grèves ont également reçu un
accompagnement, un financement et tout un entraînement de la part de
l’AFL-CIO, une grande partie des ressources venant de la CIA. Elles ont
servi de prétexte aux militaires chiliens d’Augusto Pinochet pour
organiser un coup d’État en 1973 et renverser Allende.
L’American Institute for Free Labor Development (AIFLD), principal
instrument de l’AFL-CIO en Amérique latine des années 1960 aux années
1990, a organisé de nombreuses formations qui, à première vue, pouvaient
sembler très inoffensives, mais dont le but était souvent de lutter
contre l’influence exercée par la gauche au sein des syndicats. L’AIFLD a
ainsi assuré la formation de plus de trente syndicats brésiliens au
cours de l’année qui a précédé le coup d’État militaire de 1964 dans ce
pays. Lorsque ce dernier a eu lieu, certains des Brésiliens lauréats du
programme de formation de l’AIFLD ont été chargés par la dictature en
place de purger les syndicats brésiliens de leurs gauchistes.
Autre exemple : non seulement l’AFL-CIO a soutenu la guerre du
Vietnam de manière rhétorique, mais elle était également active sur le
terrain, fournissant des fonds et des ressources à la Confédération
vietnamienne du travail anticommuniste au Vietnam du Sud, alors que
celle-ci cherchait à réduire l’influence du Front national de libération
qui était communiste.
Cal Turner : Comment les adhérents de base de
l’AFL-CIO ont-ils réagi lorsqu’ils ont appris que la direction de leur
syndicat menait des actions anticommunistes ?
Jeff Schuhrke : Avant
la guerre du Vietnam, les adhérents de base ignoraient beaucoup de
choses. On ne les consultait pas. Aucune de ces politiques
internationales n’était démocratique, elles étaient décidées à huis
clos, souvent par des responsables ou des collaborateurs non élus.
Ce n’est qu’à la fin des années 60 que les dirigeants syndicaux
locaux et les cadres moyens ont commencé à s’exprimer, dans le cadre du
mouvement anti-guerre. Des réunions publiques et des distributions de
lettres et de journaux émanant de syndicalistes de base ont commencé à
être organisées. Ceux-ci s’élevaient contre la guerre du Vietnam et sont
entrés en conflit direct avec George Meany, le président de l’AFL-CIO,
qui était totalement acquis à la cause de la guerre.
À la fin des années 60, une série d’articles de presse a également
révélé certains des liens qui, depuis les années 1940 existaient entre
la CIA et les syndicats américains. Ces informations ayant été révélées
au grand jour, le nombre de protestations de la base contre les
agissements des dirigeants syndicaux a commencé à se faire plus
important. Après le coup d’État au Chili, Fred Hirsch, un plombier
californien, syndicaliste de base, a rédigé une brochure exposant les
liens entre l’AFL-CIO et la CIA dans le cadre du soutien au coup d’État
chilien, celle-ci a été distribuée à des milliers de membres du
syndicat.
Dans les années 80, il y a eu un mouvement sans précédent de
syndicalistes de base et même de présidents de syndicats au sein de
l’AFL-CIO, ils essayaient de venir en aide aux syndicats et mouvements
de travailleurs les plus à gauche et les plus militants d’Amérique
centrale. Le National Labor Committee a également été fondé dans les
années 1980 par un groupe de présidents de syndicats qui s’opposaient à
cette intervention en Amérique centrale. Ce groupe est à l’origine des
premiers débats ouverts consacrés à la politique étrangère dans le cadre
de la convention de l’AFL-CIO, ce qui montre à quel point ces décisions
politiques avaient été antidémocratiques.
Sara Van Horn : Quelles leçons le mouvement ouvrier d’aujourd’hui doit-il tirer de cette longue histoire ?
Jeff Schuhrke : En quelques mots : ne soutenez pas
systématiquement tout ce que fait Washington en matière de politique
étrangère. Et pourtant, c’est encore aujourd’hui la position de la
direction de l’AFL-CIO.
Au cours des derniers mois, de nombreux syndicats se sont prononcés
en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, ce qui est particulièrement
important dans la mesure où cela va à l’encontre de la politique de
l’administration Biden. Qui plus est, sept syndicats majeurs ont
récemment demandé à Joe Biden de cesser d’envoyer de l’aide militaire à
Israël afin de contraindre à un cessez-le-feu. Le fait que les syndicats
fassent toutes ces déclarations est une évolution qui va dans le bon
sens, mais les actions concrètes se font encore rares au niveau
national.
S’il est essentiel d’organiser et de renforcer le taux de
syndicalisation, nous devons également nous interroger sur le type de
mouvement syndical que nous souhaitons, et ne pas nous contenter d’un
mouvement de grande ampleur.
Aujourd’hui, la gauche syndicale doit porter un regard international
sur les luttes que nous menons sur nos lieux de travail aux États-Unis.
Le message de Donald Trump consiste souvent à dire que les travailleurs
étrangers sont nos ennemis. Mais l’histoire de la Guerre froide nous a
déjà montré que le nationalisme économique n’est en fin de compte
d’aucune utilité pour les travailleurs américains. Il est indispensable
de se montrer beaucoup plus critique à l’égard de la politique étrangère
des États-Unis.
Cal Turner : Quel impact souhaitez-vous avoir avec ce livre ?
Jeff Schuhrke : Aux
États-Unis, depuis quelques années, les gens sont de plus en plus actifs
dans le mouvement ouvrier, mais ce domaine de l’histoire du travail a
souvent été ignoré, parce qu’une grande partie du mouvement ne se
sentait pas à l’aise lorsqu’il s’agissait d’en parler. Dans l’idée, ce
livre devait être une introduction et rassembler un grand nombre
d’études déjà publiées sur le sujet. J’espère qu’il aidera les personnes
qui ne connaissent pas encore le mouvement syndical à comprendre que
s’il est essentiel de s’organiser et de développer la syndicalisation,
nous devons également nous interroger sur le type de mouvement syndical
que nous souhaitons – et ne pas nous contenter d’un mouvement de grande
ampleur.
Quels sont les principes de notre mouvement ? Que défend-il ? Quel
type de politique a-t-il en matière de politique étrangère ? Nous
espérons que comprendre ce passé permettra aux gens de réaliser pourquoi
il est important d’avoir une perspective internationaliste et
anti-impérialiste lorsqu’il s’agit de reconstruire le mouvement ouvrier.
*
Jeff Schuhrke est historien du travail et professeur adjoint à la
Harry Van Arsdale Jr School of Labor Studies, SUNY Empire State
University. Il est l’auteur de Blue-Collar Empire : The Untold Story of
US Labor’s Global Anticommunist Crusade.
Sara Van Horn est écrivaine et vit à Serra Grande, au Brésil.
Plus intéressant serait de rappeler les
opérations « d’influence » des services américains en France pour
contrer le syndicalisme des marxistes , de la CGT qui risquait
d’entraver le plan Marshall. La création de Force Ouvrière par exemple
par le célèbre trotskiste Kristol (un des inspirateurs du neo
conservatisme/libéralisme) d’abord opposé au communisme quoi qu’il en
coûte ( Militant trotskiste aux usa il convertit son action en Europe au
service des libéraux us) L’ « écueil » ( comme Brezinski nommait la
France ) serait peuplé de « gallo communistes » s’inquiètent les
américains (et Cohn Bendit ) dont des syndicalistes. L’histoire
française de cette ingérence par les services us mériterait un billet
svp
« Alors que la libéralisation du commerce et la
délocalisation des emplois manufacturiers américains allaient bon train,
les mouvements syndicaux de ces pays auraient pu être des alliés de
choix pour le mouvement syndical américain dans sa lutte contre le
nivellement par le bas et la promotion de normes plus exigeantes partout
afin que le capital n’ait nulle part où aller. Ce n’est pas ce qu’il
s’est passé »
C’est un point essentiel. Le démantèlement des droits des
travailleurs à l’étranger, appuyé par l’AFL et le CIO, a eu un effet
boomerang pour les travailleurs américains lors de l’avènement de la
mondialisation. Les grandes entreprises ont ensuite eu beau jeu de
traiter les travailleurs américains de nantis assis sur des privilèges,
soudain devenus trop chers par rapport aux chinois, indiens ou
vietnamiens. Un syndicat ne peut pas être à la fois socialiste et
impérialiste. Sur le long terme, c’est impossible. L’AFL-CIO a contribué
à affaiblir les syndicats étrangers trop à gauche ou favorables à
l’autonomisation de leurs pays, au grand bonheur de la CIA, mais le prix
à payer a été une détérioration des conditions de travail des salariés
américains. Dire que les femmes là-bas n’ont même pas droit à un congé
maternité, sauf quelques « privilégiées » qui travaillent pour des
entreprises de plus de 50 salariés, qui elles peuvent prendre jusqu’à 12
semaines… non indemnisées. La baisse du taux de syndicalisation des
salariés aux Etats-Unis est tout sauf une surprise.
No se puede negar que el proyecto editorial de Ruedo Ibérico
tuvo una importancia crucial en el apoyo y desarrollo del
antifranquismo en los últimos lustros de la dictadura. Desde su
fundación en 1961 en Paris, José Martínez Guerricabeitia y los otros
socios fundadores: Elena Romo, Nicolás Sánchez Albornoz, Ramón Viladás y
Vicente Girbau crearon un magnífico dispositivo de lucha contra el
franquismo. Sus libros prohibidos por la censura y su revista Cuadernos de Ruedo Ibérico
alimentaron la resistencia en el interior y las esperanzas del exilio
en México, si bien con muchas interferencias y dificultades. Sin
embargo, sobre ese ambicioso proyecto se ciernen en la actualidad
algunas sombras. Ruedo Ibérico, como muchas otras editoriales y
revistas que funcionaban en los años sesenta, no fue ajena a la acción
del Congreso para la Libertad de la Cultura, el principal organismo
pantalla a través del que la CIA creó una red de influencia cultural en
Europa y en la mayor parte del mundo en esos años de la Guerra Fría.
José Martínez Guerricabeitia (1921-1986)
Los actores, Pepe Martínez y Julián Gorkin
La correspondencia entre José Martínez Guerricabeitia, director de Ruedo Ibérico,
y Julián Gorkin, que se conserva en el Instituto Social de Amsterdam,
pone en evidencia la existencia de una corriente activa de simpatía e
influencia mutua a lo largo de más de una década, entre 1964 y 1977. Los
dos compartían afinidades ideológicas de origen que los unían en el
anticomunismo que siempre cultivaron. Pepe Martínez había sido
anarquista, aguilucho de la FAI, en su juventud en Valencia durante la
guerra civil y ese pedigrí siempre le acompañó. Sus recuerdos de la
contienda eran “metafóricamente triunfales”, según su biógrafo Albert Forment. En los años sesenta le confesaba a una amiga italiana, Magali Sarfati: “Tener
quince años y estar en Valencia con granadas en el cinto y saber que
uno es el dueño de la ciudad son cosas de las que uno no se cura”.[1]
Con el tiempo se convirtió en “un personaje molesto, histórica y
personalmente hablando” —en palabras de su amigo Gérard Imbert Martí—
“la mala conciencia encarnada, la mala leche personificada y, al mismo
tiempo, una persona intelectualmente fascinante; muy ecléctica, en el
mejor sentido de la palabra, por vocación, curiosidad, siempre atento a
lo último aquí, ahí y de donde viniera, curioso como el buen humanista
que era en el fondo, enciclopédico en su saber”.[2]
Él y Julián Gorkin eran refugiados políticos de procedencia valenciana
que vivían en París desde 1948. El segundo había sido dirigente del POUM
durante la guerra y había estado antes exiliado en México. Mientras que
Pepe Martínez, que era muy joven en 1939, no fue encarcelado al
terminar la contienda —al contrario que su hermano y su padre, también
anarquistas— pero sí estuvo interno en un centro reformatorio en
Burjassot (Valencia) por sus antecedentes políticos.[3]
En realidad, Julián Gorkin era un
pseudónimo de Julián Gómez García, un español que estaba al frente desde
1960 del Centro de Documentación y de Estudios en París, un organismo
controlado por la CIA y dirigido por este histórico dirigente del POUM y
del PCE, que había pasado ocho años exiliado en México. Gorkin era un
activo antifranquista y al mismo tiempo un furibundo anticomunista a las
órdenes de Washington, si bien nunca fue un agente en nómina de la CIA,
en opinión de Andrés Ortí Buig, autor de una interesante tesis doctoral
sobre el personaje. “El anticomunismo de Gorkín primaba por encima de su antifranquismo y el propio régimen supo aprovecharse de ello”.[4]
Durante su estancia en México, Gorkin
estableció contacto con el Consulado de EEUU en fechas muy tempranas y
desde 1940 hasta su salida del país azteca en 1948 estuvo colaborando en
la denuncia de comunistas españoles (algunos de ellos, como el escritor
Max Aub, no lo eran, pero fueron objeto de sus acusaciones; otros sí
que lo eran, como Joan Comorera, del PSUC). A cambio, reiteradamente,
solicitó un visado para viajar a EEUU que le fue denegado por sus
antecedentes comunistas. En cualquier caso, no fue el único que colaboró
con la Inteligencia americana en busca de un pasaje. Fueron muchos y
entre ellos el pintor Diego Rivera, militante del PCM, que sí consiguió
su objetivo de viajar a EEUU.[5] Gorkin no lo logró, pero se ganó la fama de trabajar para los intereses del imperialismo estadounidense y de ser trotskista.[6] En París, algunos años después, se convirtió en “el organizador de la obra propagandística de la CIA para el mundo hispánico a través de la revista Cuadernos del Congreso por la Libertad de la Cultura», según Paul Preston.[7]
Gorkin también era en ese momento un referente entre los exiliados
españoles que vivían en París. Una especie de “conseguidor”, conocido
por sus medios y contactos, al que recurrían muchos para pedirle trabajo
y favores.[8]
Entre Julián Gorkin y José Martínez
Guerricabeitia había una sinergia de intereses. Ambos valoraban el hecho
de que la editorial Ruedo Ibérico pudiera funcionar como un
buen ariete en la lucha antifranquista. Pepe Martínez aspiraba a
controlar un mercado potencial de libros en España, al que tenía que
acceder sorteando las trabas impuestas por la censura. Buscaba un perfil
de lector crítico, ávido de conocimiento y sensible a la evolución
política del país. Ese público lector se complementaba con el nicho de
mercado que representaba el lector francés interesado por temáticas
relacionadas con España.[9] Se lo explicaba muy claro a su amigo Francisco Carrasquer en una carta: “el
objetivo es publicar para el público hispánico libros españoles o
extranjeros que nuestros editores no publican, y para el público
extranjero, libros sobre España que sus editores no publican”.[10] También a su amigo Gorkin le informaba en los mismos términos: “la
finalidad perseguida por nuestra empresa es publicar en lengua
española libros que la censura franquista prohíbe en España y hacerlos
llegar a nuestros compatriotas”.[11] Gorkin veía en Ruedo Ibérico
la oportunidad de publicar determinados libros y de difundir a través
de ellos su mensaje anticomunista y filoestadounidense entre la
resistencia antifranquista del interior de España y sobre todo entre la
juventud universitaria, que empezaba a protagonizar sonoras protestas.
Las redes del Congreso por la Libertad de la Cultura (CLC) alcanzan a Ruedo Ibérico
Al igual que Max Aub, que no puede ser
considerado sospechoso de simpatías anticomunistas, muchos intelectuales
pensaron que los libros y la revista Cuadernos de Ruedo Ibérico cumplían “una función de lucha activa contra el régimen de Franco”
y, ciertamente así era, pero cuando se analiza con detalle la
correspondencia de José Martínez Guerricabeitia con Julian Gorkin en
esos años, se aprecia que no existía una línea cien por cien
independiente en la editorial y el historiador Manuel Tuñón de Lara no
iba tan desencaminado cuando aconsejaba a su amigo Max Aub que no
escribiera en los Cuadernos:
[…] Comprendo que estás en relaciones de autor-editor con [José]
Martínez, pero si quieres un consejo de amigo que te quiere, es que
evites publicar en esos «Cuadernos», por lo menos por ahora. Tú no
tienes necesidad de ello y ellos la tienen de ti.[12]
Las redes de la actividad del Congreso
por la Libertad de la Cultura (CLC), organismo pantalla de la CIA,
tenemos indicios de que alcanzaban de forma subrepticia a la editorial Ruedo Ibérico,
al igual que a otros cientos de revistas culturales y políticas en todo
el mundo. Esa tela de araña se extendía desde Washington y configuraba
un gigantesco mapa en la guerra fría cultural.[13]
En los años sesenta el apoyo económico proveniente del CLC —que se
nutría de fondos de los sindicatos y fundaciones privadas de EEUU—
oxigenó muchas actividades del antifranquismo: congresos (incluido el
Contubernio de Múnich de 1962), publicaciones y todo tipo de actos. El
investigador que más ha profundizado en la conexión entre Gorkin, el CLC
y el Congreso de Múnich es Jordi Amat en su tesis doctoral que después
plasmó en su libro La primavera de Múnich.[14]
Se ha conocido, asimismo, que después de que el equipo de la editorial Ruedo Ibérico
se decantara por los expulsados del PCE, Fernando Claudín y Jorge
Semprún, el CLC le ayudó a asegurar una mayor difusión de sus libros a
través del Comité d’Écriteurs et Écrivains.[15]
Las guerras intestinas dentro del PCE a principios de los sesenta
tuvieron un eco muy importante en las batallas internas que libraron los
socios de Ruedo Ibérico, especialmente en los enfrentamientos
entre Vicente Girbau y Pepe Martínez, y condujeron finalmente al segundo
a la gerencia de Ruedo Ibérico. Algunos de los colaboradores
más importantes de la editorial, como Ignacio Fernández de Castro y
Francisco Farreras trabajaban para la oficina del Congreso para la
Libertad y la Cultura, que dirigía el antiguo miembro del POUM Gorkin,
y, al igual que uno de los fundadores de Ruedo Ibérico, el
abogado Ramón Viladás, percibieron fondos del CLC para su mantenimiento
en París en esos años. En una carta que envía Victoria Kent a Gorkin en
1958 le anunciaba que había podido enviar a Viladàs y Farreras la
cantidad de 12.600 francos a través de la Spanish Refugee Aid de McDonald,
una institución fundada por Nancy McDonald en 1953, que desde entonces
fue la entidad que posibilitó el envío de los fondos que Gorkín solicitó
para ayudar a los nuevos exiliados.[16]
Muchos de ellos eran miembros de la Asociación Socialista Universitaria
(ASU) y del Frente de Liberación Popular (FLP) y huían de la represión
de las revueltas universitarias en España. La pluralidad ideológica de
la que hacía gala la revista Cuadernos de Ruedo Ibérico se nutría especialmente de ex miembros del PCE, militantes del FLP, trotskistas y libertarios, pero no incluía a comunistas.[17]
Ejemplares
de la revista Cuadernos de Ruedo Ibérico en la exposición ‘Ruedo
ibérico. Un exilio intelectual en tiempos del franquismo’, en la Sala
Alfons Roig del MuVIM.
En una carta de 8 de enero de 1966,
Julián Gorkin le escribió a José Martínez Guerricabeitia para decirle
que había leído con mucho interés los tres primeros números de Cuadernos de Ruedo Ibérico y, aunque no estaba de acuerdo con todos los textos publicados, creía que Cuadernos de Ruedo Ibérico y Mañana,[18]
la revista mensual editada en español por el Centro de Documentación y
de Estudios de París, impulsada y financiada por el CLC, podían ser dos
tribunas complementarias con la misma finalidad de oposición
antifranquista.[19] José Martínez le contestó dando muestras de manifiesta identificación con el ideario del CLC:
Querido amigo:
he leído con evidente satisfacción tu carta del 8 de enero. El programa
que expones al final de la misma es el nuestro y en el campo que nos
asignas tú con tu buen sentido. No sé si seremos capaces de
desarrollarlo, pero personalmente me esfuerzo y me esforzaré en que así
sea. Nos hacen falta nuevas informaciones, nuevas ideas, pero también
nuevos hábitos. Y esto último no es lo de menor importancia. En este
contexto créeme que tu carta me sirve de aliento.[20]
Las relaciones entre Julian Gorkin y
José Martínez Guerricabeitia están plasmadas en la correspondencia que
se conserva en el archivo del editor en el Instituto Social de
Amsterdam, como ya hemos dicho, pero también en el interesante libro de
Gloria Glondys sobre la guerra fría cultural se da cuenta de la
actividad de Ruedo Ibérico en ese contexto. En una carta de Julián Gorkin a Joaquín Maurín, datada el 6 de julio de 1965, Gorkin afirmaba:
Te diré que después de haberme mantenido alejado de Ruedo Ibérico, porque lo mediatizaban comunistas y comunizantes, al entrar en crisis sería el PCE y decantarse los que rodean a Ruedo Ibérico por los escisionistas, entablé relación con ellos e incluso les presté el ejemplar español de tu libro […].[21]
Las afinidades anarquistas y del POUM
que unían a José Martínez y Julián Gorkin afloran con frecuencia en las
cartas. Hablaban de la publicación de determinados libros, como Revolución y Contrarrevolución en España (1966) de Joaquín Maurín o Los problemas de la revolución española de Andrés Nin (1971) y Gorkin le insistía sobre la traducción y publicación de otros, como Spanien de Hans Joaquim Sell, un antiguo soldado de la Wehrmacht
alemana, que entre 1960 a 1968 fue corresponsal extranjero en España
hasta que el gobierno de Franco le revocó el permiso de trabajo y que en
1965 era miembro del PEN Club Internacional que dirigía Julián Gorkin.La mano del excomunista también podría estar detrás de la edición de los libros del miembro del Opus Dei Rafael Calvo Serer en Ruedo Ibérico por las múltiples alusiones que encontramos.[22]
Catálogo de la colección España Contemporánea e índice del número 1 de Cuadernos de Ruedo Ibérico
En el caso de las editoriales ese era el
mecanismo que utilizaba el CLC para influir en la línea editorial.
Primero recomendaba los libros que podían ser publicados y a
continuación compraba centenares de copias y apoyaba sus lanzamientos en
periódicos y revistas, mediante escritores y periodistas que
colaboraban con el CLC.[23]
Según se dice en la correspondencia, el Centro de Documentación y de
Estudio de París había comprado 60 ejemplares del libro de Herbert R.
Southworth, El mito de la cruzada de Franco.[24]
Un libro muy alabado por Tuñón de Lara y cuyo autor norteamericano
curiosamente nada tenía que ver con el CLC. Para Paul Preston “la
importancia de Southworth radica en que fue un luchador cultural que se
esforzó por combatir no sólo las políticas culturales represivas del
régimen franquista, sino también las actividades, a menudo paralelas,
del CLC”.[25]
No utiliza Preston términos tan elogiosos cuando se refiere al escritor
Burnett Bolloten, íntimo amigo de Julián Gorkin y muy influido por él.
Dice de él que —al igual que Georges Orwell— adoptó en sus obras “una
línea de guerra fría, es decir, que presentaba como cuestión central de
la guerra española el papel de los comunistas españoles y de sus
patrocinadores rusos en la represión de los anarquistas y del POUM,
semitrotskista. Solo Southworth combatió activamente esa idea”.[26]
Esa era la línea de pensamiento que apoyaba el CLC y que Gorkin
defendía. En la correspondencia, José Martínez le comentaba al respecto
del libro LaRévolution espagnole de Burnett Bolloten, publicado por Ruedo Ibérico en 1977, que le había dado mucho trabajo, pero era un buen libro:
Le puedes decir a Bolloten que mande lo que quiera introducir en su libro, tras la lectura del tuyo
[El proceso de Moscú en Barcelona]. El libro de Bolloten está ya
compuesto. Ya él ha corregido las primeras pruebas. Me ha dado mucha
guerra el tal libro. La traducción y su corrección por el autor ha
llevado más de dos años. En realidad, hubo que traducirlo dos veces. Con
otro autor así, cerramos la tienda. Claro, el libro es bueno. Pero no
me ha cedido, por motivos que no comparto, la edición española, la única
rentable.[27]
José Martínez, acuciado por las deudas,
se mostraba siempre muy dado a quejarse de sus problemas económicos y a
solicitar ayudas. En una carta del 5 de mayo de 1964 le pedía a Gorkin
que le facilitara la difusión de las obras publicadas por Ruedo Ibérico
—que muchas veces tenían que lidiar con la censura franquista, el veto
en Francia y la falta de resonancia en determinados foros
antifranquistas— y “un fichero con direcciones de personas y centros susceptibles de interesarse por nuestros libros”.[28]
Gorkin le facilitó las direcciones de algunos de los colaboradores del
CLC, como Victoria Kent, Eugenio F. Granell y Joaquín Maurín. Los tres
vivían en Nueva York y tenían medios para hacer publicidad de Ruedo Ibérico y de sus premios. Victoria Kent a través de su revista Ibérica, Granell en España Libre
y Maurín era el que mejor podía hacer difusión porque tenía una agencia
de prensa con 32 periódicos de lengua española en los EE.UU. y en
Latinoamérica.[29]
Julián Gorkin era en ese momento, como
ya hemos dicho, una especie de “conseguidor” al que recurrían muchos
españoles refugiados para pedirle trabajo y favores.[30]
A José Martínez le prestaba una ayuda interesada y estaba muy al tanto
de las batallas que se libraban en el seno de la editorial. En una
carta dirigida a Maurín le decía «Parece que han salido de los líos que tenían, que disponen ya de medios […]». [31] Buena parte de las crisis periódicas por las que atravesaba Ruedo Ibérico estaban causadas por la propia ambigüedad ideológica del proyecto. En opinión de la historiadora Aranzazu Sarriá Buil: “Era
difícil diferenciar si se trataba de un grupo político constituido bajo
forma de empresa comercial o era una empresa comercial que asumía las
tareas de un grupo político”.[32]
A mediados de los años sesenta los
rumores sobre la financiación del CLC por el Gobierno norteamericano que
circulaban en los ambientes intelectuales y políticos de Europa y
América eran un clamor. Desde 1955 Indalecio Prieto venía denunciando
las conexiones entre la revista Cuadernosdel Congreso por la Libertad de la Cultura y la CIA y manteniendo agrias polémicas con Julian Gorkin sobre el tema.[33] En 1966 aparecieron cinco artículos en el New York Times
que denunciaban la vinculación entre el CLC y la CIA y estalló el
escándalo de la financiación, que no dejó indemne a Gorkin. Significó el
final de su etapa más gloriosa. Sin los fondos y el respaldo de la CIA
el viejo excomunista tuvo que reinventarse para ganarse la vida. Y no
tardó en hacerlo. En 1969 fue nombrado presidente del Pen Club
Internacional de escritores. Era el último favor que le hicieron sus
amigos estadounidenses. Una forma de pagar su lealtad al CLC y
agradecerle los servicios prestados.[34] El PEN Club Internacional, como constató Stonor Saunders en su libro La CIA y la guerra fría cultural, fue otra de las instituciones intervenidas por la Inteligencia estadounidense.
Viñeta
del cómic ‘La saga del Príncipe Bormanus y de la princesa creuteuboba o
el carismático Francoráculo’, de GES, publicado por Cuadernos de Ruedo
Ibérico en 1972.
Coda final
Los avatares en la vida de Gorkin no
interrumpieron la relación de amistad y colaboración profesional, que
continuó siendo buena hasta el final entre los dos. En la última carta
de marzo de 1977, Pepe Martínez le escribe a Gorkin diciéndole que ya ha
pedido el pasaporte y piensa volver a España para abrir Ruedo Ibérico en Barcelona, aunque, a decir verdad, según le cuenta: “no
tengo ningún deseo de ir a nuestra tierra, ni la grande, ni la pequeña,
pero sí la voluntad de hacerlo en cuanto tenga el pasaporte”.[35] En palabras de su amigo Luciano Rincón: “En
realidad, nunca volvió del exilio, aunque viviera en Madrid. Cuando
murió [accidental y prematuramente por una explosión de gas en su
domicilio] algunos quizá respiraron aliviados: era un testigo incómodo. A
otros, su muerte nos hizo daño”.[36]
Durante su estancia en España se mostró exageradamente crítico con la
forma en que se llevó a cabo la Transición democrática, que para él
estuvo amañada. “No es cierto que encajara mal su inserción en esta
democracia. Lo que encajaba mal era su construcción sietemesina, los
desgarros y desesperanzas que padecía la sociedad civil estupefacta por
el espectáculo de avidez, cinismo y depredación de su clase política”,
según Alberto Hernando.[37]
Julián Gorkin, por su parte, en la
última etapa de su vida continuó con su evolución ideológica y se afilió
al PSOE. Además, según el historiador Andrés Ortí Buig, “explotó
a fondo su pasado y ofreció su testimonio sobre algunos de los pasajes
más importantes de su vida. Participó en documentales, programas de
televisión y actos de homenaje en memoria de sus antiguos compañeros del
POUM. Fantaseó e inventó a conveniencia para reforzar su papel en la
historia en lo que quedó como una prueba más de la vanidad que le
acompañó hasta su fallecimiento a los 86 años en París”.[38]
Analizar el pasado desde el presente
nunca es fácil. “El pasado es un país extranjero y juzgar el pasado con
los criterios del presente es un anacronismo y es el triunfo del
provincianismo”, nos dice Carlo Ginzburg.[39]
En este artículo no hemos pretendido restar importancia histórica a la
empresa de José Martínez Guerricabeitia, solo hemos querido situarla en
el contexto de guerra fría cultural en el que nació y tuvo su
desarrollo. Ruedo Ibérico fue una más de la pléyade de
editoriales y revistas que en los años sesenta cayeron en las redes del
Congreso para la Libertad de la Cultura, el principal organismo pantalla
creado por la Inteligencia norteamericana para extender su influencia
cultural en Europa y en la mayor parte del mundo en esos años de la
Guerra Fría, pero eso no quita para que cumpliera un papel determinante
en apoyo del antifranquismo.
Stand de la editorial Ruedo Ibérico en la feria de Frankfurt del año 1973 (foto: Blogs Canal Sur)
Notas
[1] FORMENT, Albert, José Martínez: la epopeya de Ruedo Ibérico, Barcelona, Anagrama, 2000, p. 74.
[2] IMBERT MARTÍ, Gérard, “José Martínez. El deber de la memoria”, en HERNANDO, Alberto, Ruedo Ibérico y José Martínez: la imposibilidad feroz de lo posible, Logroño, Editorial Pepitas de Calabaza, 2017, pp. 15-16.
[3] FORMENT, Albert, José Martínez: la epopeya de Ruedo Ibérico, Barcelona, Anagrama, 2.000, p. 86.
[4] ORTÍ BUIG, Andrés, Julián Gorkin (1901-1987). Un viaje a lo opuesto, Tesis doctoral, Universidad Rey D. ORTÍ Jaime (UJI), Castellón de la Plana, 2020, p. 305 y 314.
[5] ORTÍ BUIG, Andrés, Julián Gorkin (1901-1987). Un viaje a lo opuesto…, pp. 151-157.
[7] PRESTON, Paul, “Guerra Fría e historiadores anglosajones”, Revista de Estudios Globales. Análisis Histórico y Cambio Social, 2/2023, N.º 4, p. 199.
[8] BUIG, Andrés, Julián Gorkin (1901-1987). Un viaje a lo opuesto…, p. 320.
[9] SARRÍA BUIL, Aránzazu, “Oponerse al franquismo editando en París: Ruedo Ibérico y les Éditions Maspero”, Laberintos. Revista de estudios sobre los exilios españoles, València, 2020, p. 318.
[10]
IIHS, Amsterdam, Carta de José Martínez a Francisco Carrasquer, París,
15 de enero de 1961, en SARRÍA BUIL, Aránzazu, “Oponerse al franquismo
editando en París: Ruedo Ibérico y les Éditions Maspero”, Laberintos. Revista de estudios sobre los exilios españoles, València, 2020, p. 318.
[11] IISH Amsterdam, José Martínez Guerricabeitia Papers – ARCH00859, Correspondencia Julián Gorkin-José Martínez, 5 de mayo de 1964.
[12]
Archivo Max Aub (en adelante AMA), Correspondencia Max Aub y Manuel
Tuñón de Lara, caja 14, N.º 47, carta de 10 de agosto de 1965.
[13] JANNELLO, Karina, “La guerra fría cultural en sus revistas. Programa para una cartografía”, Universum, vol. 36, n.º 1, 2021, pp. 131-151.
[14] AMAT, Jordi, La primavera de Múnich, Tusquets,
Barcelona, 2016. Véase también AMAT, Jordi, “Europeísmo, Congreso por
la Libertad de la Cultura y Oposición antifranquista (1953-1966), Historia y Política, n.º 21, Madrid, 2009, pp. 55-72.
[15] GLONDYS, Olga, La guerra fría cultural y el exilio republicano español: Cuadernos del congreso por la libertad de la cultura (1953-1965), Madrid, Editorial CSIC Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 2012, p. 299.
[16] ORTÍ BUIG, Andrés, Julián Gorkin (1901-1987). Un viaje a lo opuesto…, p. 280.
[17] HERNANDO, Alberto, Ruedo Ibérico y José Martínez: La imposibilidad de lo imposible, Logroño, Editorial Pepitas de calabaza, 2017, p. 33.
[18] La revista Mañana,
dirigida por Dionisio Ridruejo desde España, pero publicada en París,
tuvo una vida efímera de enero de 1965 hasta octubre de 1966.
Desapareció de manera abrupta con el escándalo internacional que probó
que el CLC estaba financiado por la CIA. ORTÍ BUIG, Andrés, Julián Gorkin (1901-1987). Un viaje a lo opuesto…, pp. 314-315.
[19] IISH Amsterdam, José Martínez Guerricabeitia Papers – ARCH00859, Carta de Julián Gorkin a José Martínez, 8 de enero de 1966.
[20] IISH Amsterdam, José Martínez Guerricabeitia Papers – ARCH00859, Correspondencia Julián Gorkin-José Martínez, 18 de enero de 1966.
Atentado a la librería en octubre de 1975 Foto: A. FORMENT, José Martínez: la epopeya de Ruedo ibérico.)
[21] GLONDYS, Olga, La guerra fría cultural y el exilio republicano español…, p. 299.
[22] IISH Amsterdam, José Martínez Guerricabeitia Papers – ARCH00859, Correspondencia Julián Gorkin-José Martínez, 5 de abril y 28 de abril de 1972.
[23] GLONDYS, Olga, La guerra fría cultural y el exilio republicano español…, p. 299.
[25] PRESTON, Paul, “Guerra Fría e historiadores anglosajones”, Revista de Estudios Globales. Análisis Histórico y Cambio Social, 2/2023, N.º 4, p. 199.
[27] IISH Amsterdam, José Martínez Guerricabeitia Papers – ARCH00859, Correspondencia Julián Gorkin-José Martínez, 2 de marzo de 1977. El subrayado está en la carta original.
[28] IISH Amsterdam, José Martínez Guerricabeitia Papers – ARCH00859, Correspondencia Julián Gorkin-José Martínez, 5 de mayo de 1964.
[29] IISH Amsterdam, José Martínez Guerricabeitia Papers – ARCH00859, Correspondencia Julián Gorkin-José Martínez, 8 de mayo 1973.
[30] ORTÍ BUIG, Andrés, Julián Gorkin (1901-1987). Un viaje a lo opuesto, Tesis doctoral, Universidad Rey D. ORTÍ Jaime (UJI), Castellón de la Plana, 2020, p. 320.
[31] GLONDYS, Gloria, La Guerra Fría cultural y el exilio republicano español...p. 299.
[32] HERNANDO, Alberto, Ruedo Ibérico y José Martínez…, p. 33.
[33] GLONDYS, Gloria, La Guerra Fría cultural y el exilio republicano español...pp. 281-282.
[34] BUIG, Andrés, Julián Gorkin (1901-1987). Un viaje a lo opuesto…, p. 322.
[35] IISH Amsterdam, José Martínez Guerricabeitia Papers – ARCH00859, Correspondencia Julián Gorkin-José Martínez, 2 de marzo de 1977.
[36] RINCÓN, Luciano, “Ruedo Ibérico”, El País, 11 de marzo de 1989.
[37] HERNANDO, Alberto, Ruedo Ibérico y José Martínez…, p. 123.
[38] ORTÍ BUIG, Andrés, Julián Gorkin (1901-1987). Un viaje a lo opuesto…, p. 347.
[39]
TAPIA, Francisco, Entrevista a Carlo Ginzburg, “Juzgar el pasado con
los criterios del presente es el triunfo del provincianismo”, Revista Santiago. Ideas, Crítica y Debate, 24 de septiembre de 2021.
Fuente: Conversación sobre la historia
Portada: Ilustración de Antonio Saura para la cubierta de España hoy (presentación y montaje de I. Fernández de Castro y J. Martínez), París: Ruedo Ibérico, 1963. Fondos del Centro de Documentación del Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía
Né le 30 mai 1908 à Calais (Pas-de-Calais), mort
le 2 octobre 1980 ; cinéaste, acteur, dramaturge, écrivain ;
syndicaliste et militant communiste.
Né à Calais, Louis Daquin
connut, à l’aube des années 1930, sa première expérience professionnelle
aux usines Renault en qualité de rédacteur publicitaire, après avoir
obtenu une licence de droit et un diplôme de HEC. Après de premiers
essais dramaturgiques (Pat, 1932, Les Crapauds, 1934), Louis Daquin débuta au cinéma en 1933 en tant que script-boy de La Rue sans nom de Pierre Chenal. Il enchaîna ensuite une série de films du même réalisateur en tant qu’assistant (Crime et châtiment, 1933, Les Mutinés de l’Elseneur, 1936, L’Homme de nulle part, 1937), avant de rencontrer Fedor Ozep (La Dame de pique,
1937) et Abel Gance. Très tôt, Louis Daquin multiplia ses activités
puisqu’il interpréta également de petits rôles dans certains des films
cités, ou s’initia à la direction de production (La Tradition de minuit, Roger Richebé, 1939).
Sa première rencontre avec le cinéma engagé se produisit à l’occasion du montage de La Vie est à nous,
commande du Parti communiste français à Jean Renoir pour la campagne
des élections législatives de 1936. Son passage à la réalisation se fit
en deux temps : en 1938 lui fut confiée la version française de Der Spieler de Gerhard Lamprecht, dans les studios de la Tobis à Berlin ; mais ce fut avec Nous les gosses
(1941) qu’il acquit pleinement ses galons de cinéaste. Louis Daquin se
rangea ainsi au nombre des réalisateurs dont la carrière fut lancée lors
des années de guerre, à l’instar de Jacques Becker et de Robert
Bresson. Il publia la même année L’Énigme du Pelham, un roman policier sous le pseudonyme de Lewis Mac Dackin. Il mit en scène quatre autres films pendant l’Occupation : Le policier, Madame et le mort en 1942 suivi du Voyageur de la Toussaint et, l’année suivante, Premier de cordée, tiré du roman de Frison-Roche, qui lui permit de tourner in situ
et d’expérimenter la prise de vue en filmant caméra à l’épaule. La
question de la perméabilité à l’idéologie pétainiste de ce dernier s’est
souvent posée depuis. Fut-il le vecteur inconscient du retour à la
terre prôné par le régime de Vichy ou implicitement l’auteur d’une une
ode à la ténacité et l’endurance physique dont devaient faire preuve les
résistants des maquis ou des geôles collaboratrices et hitlériennes ?
Daquin lui-même admit que l’air du temps avait pu s’y infiltrer à son
insu.
En 1940, Raoul Ploquin, qui dirigeait le Comité d’organisation de
l’industrie cinématographique mis sur pied par le gouvernement de Vichy
et le représentant de l’État, Guy de Carmoy, qui allait être déporté
moins de deux ans plus tard, firent appel en 1940 à Daquin pour diriger
les Actualités cinématographiques, afin de les « arracher aux
Allemands ». Daquin accepta dans un premier temps mais, réalisant dans
quelle impasse il s’était engagé, démissionna rapidement. Le cinéaste
reconnut dans ses mémoires l’état de confusion qui était alors le sien
et qu’il avait fait preuve de « naïveté et d’un manque de réalisme ».
Après ce faux pas, Daquin adhéra au Parti communiste en janvier 1941 et
s’engagea aussitôt dans la Résistance. Tandis que Jean-Paul Le Chanois
fondait fin 1940 le « Réseau de défense du cinéma » ou « Réseau des
syndicats », Daquin rejoignait la section cinéma du Front national
fondée par l’écrivain communiste René Blech en 1942, organisation
clandestine créée à l’instigation du PCF suite à une directive de
l’Internationale communiste en 1941, où il avait entre autres pour
compagnons Pierre Blanchar, Jean Grémillon, Jean Delannoy ou Jacques
Becker. Les deux organisations fusionnèrent sous la bannière du Comité
de Libération du cinéma français (CLCF), éditant en décembre 1943 le
premier numéro de L’Écran français. À la demande du Conseil
national de la Résistance, le CLCF se vit confier la tâche d’organiser
l’insurrection du cinéma français ainsi que la reprise en main des
actualités filmées. Le 19 août 1944 au soir, les anciens locaux du COIC
furent investis et Louis Daquin y installa le quartier général du CLCF,
dont il fut élu général le 19 septembre. Parallèlement, il devint
président de la Coopérative générale du cinéma français (CGCF) qui
produisit entre autres La Bataille du rail, Le 6 juin à l’aube et Au cœur de l’orage.
Entre l’automne 1944 et le printemps 1945, communistes et gaullistes se
disputèrent la prise en charge du cinéma français. En position de force
et en parfaite application de la politique préconisée par le PCF, le
CLCF organisa des comités d’épuration au sein desquels officia Louis
Daquin, et ne cessa de prôner une réforme en profondeur de l’industrie
cinématographique française. Au printemps de 1945, alors que le CLCF
avait perdu tout espoir de diriger le cinéma français, Daquin se tourna
vers l’action syndicale, en devenant le secrétaire général du Syndicat
des techniciens du film (CGT), et ce jusqu’en 1962. À ce titre, il
travailla aux côtés de Jean Grémillon, Gérard Philippe et Charles
Chezeau*, grande figure de la Fédération du Spectacle et participa
activement aux différentes campagnes de défense du cinéma français,
telles que la bataille contre les accords Blum-Byrnes en 1946 ou la
dénonciation du Pool européen du cinéma en 1953.
Durant la première époque de la Libération, Daquin réalisa deux films. Le premier, Patrie,
film historique au titre emblématique dont l’action rend hommage aux
combattants de l’occupation espagnole au XVIe siècle, fut considéré en
1945 comme une allégorie de la Résistance à l’envahisseur. Ce film
illustrait cependant l’écart esthétique qui séparait le cinéma français
et le cinéma italien, qui s’engageait alors dans la voie du néoréalisme.
Dans le second, Les Frères Bouquinquant (1947), adapté du
roman de Jean Prévost, il sut évoquer avec empathie la vie quotidienne
du petit peuple. Durant les dix années suivantes, Daquin devint le
cinéaste quasi officiel du Parti communiste, l’un des très rares
réalisateurs à recevoir les éloges publics de la direction du PCF. Son
film le plus souvent cité, Le Point du jour (1949), prix de la
mise en scène au festival de Marianske-Lazne, met en scène le monde de
la mine dans l’esprit du réalisme socialiste, selon lequel ouvriers et
ingénieurs devaient travailler de concert à l’amélioration des
conditions de vie des mineurs et à l’avènement d’un monde meilleur. À de
rares exceptions près, le film fut bien reçu par la critique de droite
comme de gauche, démontrant en cela le peu de portée révolutionnaire
d’une esthétique prétendument en rupture avec les modes bourgeois et
capitaliste, mais ne rencontra pas le public qu’il méritait. Alors que
la critique communiste s’en prenait violemment au genre policier, il
adapta la même année le roman de Gaston Leroux, Le Parfum de la dame en noir, avant de réaliser l’année suivante Maître après Dieu.
En ces temps d’affrontement idéologique, les difficultés de mener de
front une carrière professionnelle et un engagement militant
s’accrurent, et il ne fait guère de doute que ce dernier entrava la
première. Aussi les productions militantes et les adaptations d’œuvres
de l’Europe de l’Est se multiplièrent-elles durant les années 1950.
D’une part, Daquin participa aux versions françaises de films polonais (La Paix vaincra, Nous construisons, Le Hibou et le pivert, etc.) ; d’autre part, il participa en France aux documentaires communistes (Nous continuons la France, 1946), cégétistes (La Grande lutte des mineurs, 1949) ou du Mouvement de la paix (La Bataille de la vie,
1949). Outre ses activités syndicales et politiques, Daquin s’immisça
également dans le débat critique qui fit rage à la fin des années 1950.
Strict représentant de l’école jdanovienne, Daquin, avec Georges Sadoul,
définit les caractéristiques de l’art cinématographique national,
rejetant tout formalisme au profit de la primauté absolue du sujet. Dans
« Quelques remarques déplacées » (L’Écran français, 8 mars
1949), il s’en prit à une partie de la critique et à leur « langage
technico-esthético-philosophique ». Suite à la censure que subit Bel Ami,
réalisé en 1954 mais distribué en 1957, Daquin fut contraint de
poursuivre sa carrière de cinéaste hors les murs. Il partit tourner Ciulinii Baraganului (Les Chardons du Baragan) en Roumanie et, en 1959, Trube Wasser (Les Arrivistes), adaptation de La Rabouilleuse de Balzac, tournée dans les studios de la DFA en République démocratique allemande.
La Foire aux cancres (1963), mise en images datée de
l’ouvrage populaire de Jean Charles alors que la Nouvelle vague venait
de déferler sur les écrans, fut son dernier long métrage, un projet en
1975, Qui a tué Grimard ?,ne voyant jamais le jour.
Il poursuivit néanmoins la production de courts métrages documentaires
liés à son appartenance politique (Naissance d’une cité, 1964).
Tout en tenant de petits rôles dans plusieurs films, l’expérience
professionnelle de Daquin fut mise à profit aussi bien par René Clément (Paris brûle-t-il, 1964) que José Giovanni (Dernier domicile connu,
1969). Comme nombre de cinéastes français et étrangers, il rejoignit le
comité de soutien à Henri Langlois lorsque celui-ci fut révoqué par
André Malraux en février 1968. Daquin fut d’ailleurs élu coprésident de
la SR en 1978. Bien qu’ayant reconnu les apports de la Nouvelle vague,
après en avoir fermement condamné les débuts, entre autres pour atteinte
aux acquis sociaux, Daquin demeura un témoin actif des débats critiques
des années 1960, accusant par exemple les collaborateurs de La Nouvelle critique,
qui s’orientaient alors vers un type d’analyse formelle, de
« narcissisme », au lieu de se concentrer sur la « signification
sociologique » des films. Entre 1970 et 1977, Daquin fut directeur des
études à l’IDHEC, où, malgré des rapports tendus avec les représentants
de l’extrême gauche, il fit preuve d’ouverture d’esprit et laissa auprès
de ses étudiants le souvenir d’un professeur chaleureux et compétent.
En 1979, il fit sa dernière apparition à l’écran, Louis et Réjane, téléfilm de Philippe Laïk.
Sa carrière au sein de l’industrie cinématographique et les aléas auxquels il dut faire face lui inspirèrent deux ouvrages, Le Cinéma, notre métier (1961), où il évoque les aspects plus techniques de sa profession, et On ne tait pas ses silences
(1980), sorte d’autobiographie d’un cinéaste imaginaire dans laquelle
Daquin évoquait ses activités, ses rencontres professionnelles, ses
engagements personnels sur un ton où percent amertume et interrogations
personnelles. Louis Daquin s’éteignit le 2 octobre 1980.
Plus intéressant serait de rappeler les opérations « d’influence » des services américains en France pour contrer le syndicalisme des marxistes , de la CGT qui risquait d’entraver le plan Marshall. La création de Force Ouvrière par exemple par le célèbre trotskiste Kristol (un des inspirateurs du neo conservatisme/libéralisme) d’abord opposé au communisme quoi qu’il en coûte ( Militant trotskiste aux usa il convertit son action en Europe au service des libéraux us) L’ « écueil » ( comme Brezinski nommait la France ) serait peuplé de « gallo communistes » s’inquiètent les américains (et Cohn Bendit ) dont des syndicalistes. L’histoire française de cette ingérence par les services us mériterait un billet svp
Mme Annie Lacroix-Riz
https://www.wikiwand.com/fr/articles/Annie_Lacroix-Riz ,
a abondament ecrit sur le sujet et bien plus…
Bonne lecture.
« Alors que la libéralisation du commerce et la délocalisation des emplois manufacturiers américains allaient bon train, les mouvements syndicaux de ces pays auraient pu être des alliés de choix pour le mouvement syndical américain dans sa lutte contre le nivellement par le bas et la promotion de normes plus exigeantes partout afin que le capital n’ait nulle part où aller. Ce n’est pas ce qu’il s’est passé »
C’est un point essentiel. Le démantèlement des droits des travailleurs à l’étranger, appuyé par l’AFL et le CIO, a eu un effet boomerang pour les travailleurs américains lors de l’avènement de la mondialisation. Les grandes entreprises ont ensuite eu beau jeu de traiter les travailleurs américains de nantis assis sur des privilèges, soudain devenus trop chers par rapport aux chinois, indiens ou vietnamiens. Un syndicat ne peut pas être à la fois socialiste et impérialiste. Sur le long terme, c’est impossible. L’AFL-CIO a contribué à affaiblir les syndicats étrangers trop à gauche ou favorables à l’autonomisation de leurs pays, au grand bonheur de la CIA, mais le prix à payer a été une détérioration des conditions de travail des salariés américains. Dire que les femmes là-bas n’ont même pas droit à un congé maternité, sauf quelques « privilégiées » qui travaillent pour des entreprises de plus de 50 salariés, qui elles peuvent prendre jusqu’à 12 semaines… non indemnisées. La baisse du taux de syndicalisation des salariés aux Etats-Unis est tout sauf une surprise.