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Israel ou le spectaculaire durci
Pour le petit segment de citoyens américains qui regarde au-delà des médias grand public, Lawrence Davidson affirme que l’écart entre les perceptions populaires et la réalité factuelle est relativement facile à repérer.

By Laurent Davidson
TothePointAnalysis.com
Début octobre 2024, le professeur Joseph Massad de l'Université de Columbia a donné une interview au site d'actualités en ligne Intifada électronique.
Il y affirme qu’il existe un « fossé énorme » entre la compréhension académique (fondée sur des preuves) des aspects du conflit israélo-palestinien (comme la nature suprémaciste juive de la société israélienne et les politiques d’apartheid qui en résultent) et les hypothèses des médias grand public sur un Israël « démocratique » et « progressiste ».
Ces derniers définissent les reportages populaires et officiels sur ce pays et son idéologie sioniste. L’observation de Massad décrit un problème qui déforme bien plus que la simple vision d’Israël.
Les États-Unis ont une perception populaire et officielle, encore une fois promue par les médias grand public, d’eux-mêmes et du monde, résumée par des mots-clés tels que liberté, capitalisme, progrès, individualisme, moralité, etc.
D’autres pays développent leur propre image fantaisiste d’eux-mêmes. Cependant, dans le cas des États-Unis et d’Israël, les deux images se sont confondues dans le scénario proposé aux citoyens américains par les médias de masse depuis au moins un siècle. (Voir mon livre de 2001, La Palestine américaine : perceptions populaires et officielles, de Balfour à l’État israélien.)
Cette fusion est si forte que, dans le cas du président Joe Biden et de son gouvernement, cette identité partagée nécessite un soutien inconditionnel au « droit de légitime défense » d’Israël, même lorsque la « défense » dissimule une offense et que l’offense équivaut au nettoyage ethnique et au meurtre de masse des Palestiniens.
Le produit final de cet acte remarquable d’auto-illusion collective est la complicité du gouvernement américain dans le génocide israélien en cours dans l’enclave de Gaza, et l’approbation intérieure des États-Unis de la répression des manifestations pro-palestiniennes – en violation des propres normes américaines de liberté d’expression.
Le monde façonné par les médias en Israël
Il existe néanmoins un segment croissant, mais encore restreint, de citoyens américains disposés à regarder au-delà des médias grand public. Pour ceux qui le font, l’écart entre les perceptions populaires et la réalité factuelle est relativement facile à repérer. En effet, il existe d’autres sources d’information en périphérie (qui ne sont pas toutes fiables, bien sûr) et, combinées à un minimum de capacité de réflexion critique, on peut apprendre à juger les preuves.
C'est beaucoup plus difficile pour les juifs israéliens. Dans l'État sioniste, non seulement les médias nationaux, à quelques rares exceptions près, ont été cooptés pour promouvoir une mythologie populaire, mais aussi toutes les écoles, collèges et universités.
La plupart des informations liées au conflit avec les Palestiniens sont censurées et l’environnement informationnel fermé qui en résulte est devenu de plus en plus restrictif.

En effet, au cours des 20 dernières années (et avec une forte augmentation depuis octobre 2023), les opinions opposées aux opinions officielles sont considérées comme séditieuses. Et cela a à son tour ouvert la voie à l'approbation populaire sioniste actuelle de la barbarie. Voici comment le journaliste israélien Gideon Levy (l'une des dernières voix critiques des médias du pays) décrit L’état d’esprit actuel d’Israël :
« Au cours de l’année écoulée, Israël s’est uni autour de plusieurs hypothèses : premièrement, le massacre du 7 octobre n’avait aucun contexte, il s’est produit uniquement à cause de la soif de sang innée des Palestiniens de Gaza. Deuxièmement, tous les Palestiniens portent le fardeau de la culpabilité du massacre de civils israéliens par le Hamas. Troisièmement, après ce terrible massacre, Israël a le droit de faire ce qu’il veut.
Personne, où que ce soit, n’a le droit de tenter de l’arrêter. [Par exemple], de semer la destruction sans discrimination sur tout le territoire [de Gaza] et de tuer plus de 40,000 XNUMX personnes, dont de nombreuses femmes et enfants. La barbarie est devenue légitime à la fois dans le discours israélien et dans le comportement de l’armée. L’humanité a été écartée du débat public. »
Les faits à l'appui des jugements de Levy sont facilement disponibles en anglais sur des sites Web internationaux tels que Al Jazeera, Middle East Eye, Electronic Intifada, Palestine Chronicle, etc.
Mais il ne s’agit pas de chaînes de télévision grand public et donc la majorité des Américains, et presque aucun juif israélien, ne voient jamais de rapports complets et précis sur ce qui se passe réellement dans les territoires occupés, au sud du Liban et dans d’autres zones régionales soumises aux attaques israéliennes.
L’ignorance n’est pas une bénédiction à cet égard, elle équivaut à vivre dans le mensonge.
[En relation: Rapport de Chris Hedges : Catastrophe au Moyen-Orient]
D'un point de vue probatoire

Prenons un exemple de la manière dont cette propagande interne crée un état d’esprit délirant, d’abord en Israël, puis aux États-Unis.
À la mi-novembre 2023, le du Royaume-Uni Sky News posté Un pilote israélien de 29 ans, qui pilote des avions de chasse F-15 contre des cibles à Gaza, a interviewé le journaliste. Ce pilote, qui semble être un homme sympathique, a déclaré à l’intervieweur que « chaque victime civile est tragique, que ce soit à Gaza ou en Israël ».
Il a cependant ajouté que « l’aviation israélienne annule les attaques si des civils sont identifiés au sol ». Le pilote a insisté sur le fait que « toute opération entreprise, aussi bien dans les airs qu’au sol, est 1. liée au Hamas et 2. autorisée afin d’éviter des victimes civiles ».
Dans ces circonstances, ce pilote suit tous les ordres en toute bonne conscience. Et pourquoi ne le ferait-il pas ? Il vit dans un monde où il fait partie de « l’armée la plus morale du monde », où « toutes les opérations militaires sont légitimes et proportionnées et toutes les victimes civiles sont involontaires ».
Il ne fait aucun doute que le pilote croit ce qu’il dit. Il semble en effet beaucoup moins insensible que les Israéliens décrits par Gideon Levy. Bien sûr, les pilotes volent assez vite et assez haut pour ne jamais voir clairement le massacre qu’ils provoquent.
Pour l’infanterie israélienne, les choses sont différentes. Sur le terrain, la force démoralisante des combats incessants va probablement conduire à un problème de moral croissant. Jusqu’à présent, cette tendance a été largement contrée par le fait que ces soldats ont été élevés et éduqués dans un monde façonné par les médias (qui entre maintenant en conflit avec un monde fondé sur les preuves). Cependant, des fissures se forment et on rapporte des refus répétés de retourner sur les lignes de front israéliennes de plus en plus nombreuses.
Vus à travers la fenêtre du monde réel, le pilote et ses compatriotes soldats reproduisent désormais le comportement des oppresseurs des Juifs du passé. Ce faisant, ils contribuent à détruire le droit international et les normes des droits de l'homme. En fait, ils participent tous à une démonstration de barbarie à l'échelle nationale.
Jetons un autre coup d’œil à travers la fenêtre du monde des preuves. Cette fois, nous comparerons la réalité à la performance de Mathew Miller, qui occupe le poste de porte-parole du Département d’État américain depuis 2023.
Son travail consiste à expliquer les actions des États-Unis de manière rationnelle et sa spécialité est de dire des demi-vérités. Son travail est plus difficile que celui du pilote car beaucoup de ses interlocuteurs, principalement la presse de Washington, ont accès à des informations (parfois de première main) qui contredisent la vision du monde que Miller promeut.
Mais les journalistes ne peuvent pas faire grand-chose, à part se moquer et lever les yeux au ciel. La plupart de leurs rédacteurs en chef subissent une énorme pression culturelle et politique pour maintenir le cap et soutenir la ligne pro-israélienne – et peu importe les preuves contraires.
Voici un exemple du genre de demi-vérités trompeuses que Miller et ses patrons diffusent. Le 19 septembre, Miller a été invité à répondre Les critiques ont été accueillies avec enthousiasme, car « l’appel des États-Unis au calme [à Gaza] tout en continuant à armer Israël n’était pas une stratégie efficace pour réduire les tensions au Moyen-Orient ». La contradiction présentée était évidente, alors comment Miller a-t-il réussi à la contourner ? Il a répondu : « Nous sommes mandatés – nous sommes tenus par la loi de garantir qu’Israël dispose d’un avantage militaire qualitatif sur ses rivaux dans la région. Ce n’est pas une question discrétionnaire. »
Ce que Miller omet ici, c'est que, selon la loi, ce mandat est conditionnel. Il existe au moins trois lois américaines qui le prévoient :
—La loi Leahy, qui interdit au gouvernement américain d’utiliser des fonds pour aider les forces de sécurité étrangères lorsqu’il existe des informations crédibles les impliquant dans la commission de violations flagrantes des droits de l’homme.
—La loi de mise en œuvre de la Convention sur le génocide prévoit des sanctions pénales pour les personnes qui commettent ou incitent d’autres personnes à commettre un génocide.
—La loi sur l’aide étrangère, qui interdit de fournir une assistance à un gouvernement qui « commet de manière systématique des violations flagrantes des droits de l’homme internationalement reconnus ». Cette loi interdit également l’assistance militaire aux États qui entravent l’aide humanitaire américaine.
En septembre, selon des sources de l’ONU, 90 pour cent de toute l'aide humanitaire L'aide aux Palestiniens, y compris l'aide américaine, a été retardée ou refusée par les Israéliens. La violation par Israël de toutes ces lois américaines a été attestée par toutes les organisations crédibles de défense des droits de l'homme de la planète. L'administration Biden et le Congrès ont ignoré les preuves et les lois humanitaires.

Ironiquement, cette situation générale a généré un sentiment antisioniste dans le monde entier qu’Israël qualifie d’antisémitisme, et qu’il utilise ensuite pour obtenir du soutien à sa barbarie.
Un autre exemple de notre monde façonné par les médias
Bien que l’attitude des États-Unis à l’égard de la situation actuelle dans le conflit israélo-palestinien, et en particulier du génocide à Gaza, soit l’exemple le plus frappant de la façon dont les Américains vivent dans un monde essentiellement façonné par les médias, ce n’est pas le seul cas en cours. La guerre dévastatrice en Ukraine a également été déformée – encore une fois en ne présentant pas l’histoire dans son intégralité.
L'histoire complète L'invasion russe de l'Ukraine aurait informé le public que, contre l'avis des diplomates américains experts dans les relations avec la Russie, les hommes politiques américains ont poussé l'expansion vers l'Est de l'OTAN après l'effondrement de l'Union soviétique en décembre 1991.
A l'époque, cela était facile à faire, car la nouvelle République russe était en plein désarroi politique et économique. Aujourd'hui, le désarroi est passé et les Russes ont exprimé à plusieurs reprises le fait qu'ils se sentent menacés par « l'empiétement de l'OTAN ». D'ailleurs, ils ont essayé de négocier la question lorsque l'Ukraine s'est tournée vers l'Occident et a cherché à rejoindre à la fois l'Union européenne et l'OTAN. Le rejet occidental des efforts de négociation de la Russie a contribué à déclencher l'invasion russe.
Les médias grand public aux États-Unis ont été cooptés au point que, du moins sur les questions de politique étrangère, ils ne sont guère plus qu'un véhicule d'agitation politique gouvernementale. Jonathan Cook le dit« Ce ne sont pas des journalistes. Ce sont des propagandistes au service de leur gouvernement. »
La plupart d’entre nous savons faire la différence entre des reportages biaisés et la réalité ? Si ces reportages sont conformes à une vision culturelle du monde établie, la réponse est probablement non. Le problème s’aggrave lorsque la plupart de nos amis, voisins et membres de notre famille considèrent activement les reportages des médias comme véridiques.
Il est évident à présent à quel point cette situation peut être dangereuse. Les guerres américaines au Vietnam, en Irak, en Afghanistan et en Ukraine (et ce n’est là qu’une courte liste) ont recueilli le soutien populaire grâce à des reportages sélectivement biaisés et à la tromperie gouvernementale. La volonté des Juifs israéliens de se transformer en une approximation des oppresseurs du passé de leurs ancêtres européens, avec le soutien total de nombreuses administrations américaines, repose également sur une histoire incomplète et biaisée, rapportée à maintes reprises, au point qu’elle apparaissait jusqu’à récemment comme vraie à première vue.
On aurait pu espérer qu’une bonne éducation libérale aurait inculqué à la plupart des citoyens la capacité de reconnaître et de résister à cette faille dans les médias et le bavardage politique, mais ce ne fut pas le cas. Le rôle de l’éducation a toujours consisté à former des citoyens loyaux et non des penseurs indépendants. Et aujourd’hui, même l’éducation libérale qui existe est en voie de disparition.
Il n’y a pas de réponse simple. Nous sommes victimes de nos cultures, du pouvoir manipulateur de nos dirigeants alliés aux médias, ainsi que de nos racines génétiques qui nous poussent vers le tribalisme. Ceux qui résistent à tout cela sont peut-être plus sains d’esprit, mais ils sont également considérés comme des « erreurs sociales ».
Lawrence Davidson est professeur émérite d'histoire à la West Chester University en Pennsylvanie. Depuis 2010, il publie ses analyses sur des sujets liés à la politique intérieure et étrangère des États-Unis, au droit international et humanitaire et aux pratiques et politiques israélo-sionistes.
Cet article provient du site de l'auteur TothePointAnalysis.com.
Les opinions exprimées sont uniquement celles de l'auteur et peuvent ou non refléter celles de Nouvelles du consortium.
lundi 11 novembre 2024
Comment Israël justifie-t-il le génocide ? Cela commence à l’école
SOURCE: https://www.les-crises.fr/comment-israel-justifie-t-il-le-genocide-cela-commence-a-l-ecole/
L’histoire et la géographie de la Palestine ont été supprimées des manuels scolaires israéliens il y a une dizaine d’années, affirme l’universitaire Nurit Peled-Elhanan.
Source : Truthout, George Yancy
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Dans The Black Image in the White Mind (L’image Noire dans l’Esprit Blanc), l’historien George M. Frederickson écrit : « Dans les années qui ont immédiatement précédé et suivi 1800, les Américains blancs ont souvent montré, par leurs paroles et leurs actes, qu’ils considéraient [les Noirs] comme un élément définitivement étranger et inassimilable de la population. » Dans le contexte de la domination blanche américaine, les stéréotypes racistes anti-Noirs décrivent ces derniers comme intrinsèquement inaptes, posant des problèmes innés et dissociés de la catégorie de l’humain, une catégorie synonyme de la race blanche.
Le chercheur franco-tunisien Albert Memmi, dans Le colonisateur et le colonisé, a compris ces rationalisations racistes comme une série de négations, en observant : « Le colonisé n’est pas ceci, n’est pas cela. [Il ne sont] jamais considérés sous un jour positif ou si [ils le sont], la qualité qui leur est concédée est le résultat d’une défaillance psychologique ou éthique. » Dans ces régimes binaires racistes, il est nécessaire qu’un groupe spécifique fonctionne comme « autre ».
Partout dans le monde, des groupes sont considérés comme « autres », et leur « altérité » est imposée par ceux qui contrôlent les formes dominantes de discours : ceux qui ont le pouvoir de représentation pour rabaisser, marginaliser et diaboliser. Historiquement, les écoles et les institutions religieuses ont contribué à soutenir ce discours déshumanisant.
Nurit Peled-Elhanan est maître de conférences en enseignement des langues à l’Université hébraïque et au David Yellin Academic College de Jérusalem, et auteur de plusieurs ouvrages. Dans cet entretien exclusif, elle explique comment les manuels scolaires israéliens (et, par extension, les écoles israéliennes) encadrent puissamment le discours anti-palestinien et inculquent aux enfants israéliens la suspicion, la peur et la haine des Palestiniens. Le travail de Peled-Elhanan fournit une analyse puissante de la relation entre le pouvoir pédagogique de l’État israélien et l’idéologie raciste et anti-palestinienne.
George Yancy : Donnez quelques exemples de la façon dont les Palestiniens sont dépeints de manière raciste dans les manuels scolaires israéliens.
Nurit Peled-Elhanan : Les manuels scolaires sont toujours, et pas seulement en Israël, destinés à légitimer l’État et ses actions. Sinon, nous n’aurions pas de manuels scolaires, ce ne seraient que des livres. La raison d’être des manuels scolaires est donc de légitimer l’État, et en particulier les actions controversées de l’État, comme ce que l’on appelle les crimes fondateurs, etc. En Israël, ce qui doit être légitimé, c’est la colonisation de la Palestine et l’occupation en cours. Israël doit justifier ses politiques. Ainsi, comme tous les colonisateurs, Israël dépeint les colonisés comme des êtres primitifs, maléfiques ou superflus. Israël les dépeint comme un groupe racialisé qui ne peut pas changer et qui ne changera jamais.
Par exemple, dans un manuel scolaire de géographie, il y a un passage sur les facteurs qui « inhibent » le développement du village arabe. Ainsi, on dit que les villages arabes sont éloignés du centre, que les routes qui y mènent sont difficiles et qu’ils sont restés à l’écart du processus de changement et de développement. Ils disent qu’ils sont peu exposés à la vie moderne et qu’il est difficile de les raccorder aux réseaux d’électricité et d’eau. On pourrait penser qu’il s’agit d’un pays de la taille de l’Australie. Mais Israël est plus petit que le New Jersey. Où sont donc ces villages isolés qui sont restés à l’écart du développement ? Ou alors, on dit que la société arabe est traditionnelle et qu’elle s’oppose aux changements par nature, qu’elle est réticente à adopter des nouveautés. La modernisation leur semble dangereuse et ils ne sont pas disposés à faire des concessions pour l’intérêt général. Ils sont également décrits comme un problème et une menace démographique, comme une menace pour la sécurité. Et c’est parce qu’ils sont considérés comme une menace démographique que les massacres et leur élimination sont légitimés. Un manuel scolaire indique que l’un des massacres, celui de Deir Yassin, qui a provoqué la fuite panique des Palestiniens, résultait d’un problème démographique effrayant. Même Chaim Weizmann, le premier président d’Israël, a qualifié la fuite des Palestiniens de miracle. L’idée est que les Israéliens doivent être plus nombreux que les Palestiniens. Si nous sommes plus nombreux qu’eux, nous serons en sécurité.
Ils comparent sans cesse le nombre d’Arabes et de Juifs dans les manuels scolaires, dans toutes les matières, en particulier la multiplication. Les manuels scolaires désignent les Palestiniens comme les Arabes d’Israël ou le secteur non juif. On ne trouve jamais l’étiquette « Palestinien », sauf lorsqu’elle est associée à la terreur. La communauté bédouine, par exemple, les tribus bédouines qui vivent sur le territoire depuis des milliers d’années, sont appelées la diaspora bédouine, pour donner l’impression qu’elles ne sont pas à leur place. Les cartes des manuels scolaires ignorent complètement l’existence de la Palestine et des Palestiniens. Même sur une carte qui montre la population arabe, on ne trouve pas une seule ville arabe, pas même Nazareth.
Ils justifient les lois racistes, telles que la loi sur la citoyenneté, qui ne permet pas à un couple (dont l’un est citoyen israélien et l’autre originaire des territoires occupés) de vivre ensemble. Ils justifient ce type de loi raciste, illégale et anticonstitutionnelle en citant l’ancien président de la Cour suprême d’Israël, qui a déclaré à propos des Palestiniens : « Les droits de l’homme ne doivent pas être une recette pour le suicide national. »
Ainsi, l’image globale est que vous savez qu’ils représentent une menace et qu’ils ne doivent donc pas être traités comme des personnes. Ainsi, toute la discrimination, l’élimination et le confinement des citoyens arabes sont légitimés par cette excuse : la nécessité d’être une majorité, de maintenir le caractère juif de l’État. Il fut un temps où une politique encourageait la naissance de quatre enfants par famille dans le secteur juif afin de dépasser le nombre d’Arabes. Les familles étaient récompensées. On les appelait les « familles bénies ». Aujourd’hui, cette politique n’existe plus. Lorsque Benjamin Netanyahou est devenu ministre des finances, il a mis fin aux allocations que recevaient les familles nombreuses. Mais il s’agissait d’une politique visant à les rendre moins nombreuses.
À quel âge ces livres sont-ils présentés aux enfants israéliens ?
Cela commence à l’école maternelle. Les manuels scolaires reflètent le discours. C’est ce que dit le linguiste Gunther Kress : Les textes sont une ponctuation de la sémiose ou de la création de sens, à un moment précis. C’est pourquoi les manuels scolaires changent d’un gouvernement à l’autre. Il s’agit donc du discours, du discours social. Il se reflète dans les manuels scolaires ; les manuels scolaires n’inventent pas ce type de discours.
Ce que votre travail montre, c’est que les images des manuels scolaires ne sont pas anodines, sans conséquence ou simplement destinées à divertir. Ce que vous montrez, c’est que les images racistes ont de profondes implications existentielles. La déshumanisation des Palestiniens par les manuels scolaires israéliens permet leur décimation. Après tout, si les enfants israéliens sont élevés en acceptant la « vérité inconditionnelle » de ce qui est écrit ou représenté par des images dans leurs livres et leurs espaces pédagogiques, alors tuer des Palestiniens par le biais d’une punition collective n’a pas le même poids éthique que la perte de vies israéliennes.
Dans Palestine in Israeli School Books : Ideology and Propaganda in Education (La Palestine dans les manuels scolaires israéliens : Idéologie et propagande dans l’éducation), vous écrivez : « Les non-citoyens palestiniens des territoires occupés sont souvent dépeints comme des terroristes, et cette représentation renforce la politique, présentée dans les livres scolaires comme une nécessité convenue, de contrôle constant, de restriction de mouvement et même d’assassinats extrajudiciaires. » Il y a là une profonde ironie. Nous savons que les Juifs ont fait l’objet d’une propagande déshumanisante de la part de l’Allemagne nazie. Les Juifs étaient décrits comme des « parasites » qui devaient être éliminés, exterminés de la pureté de la « race aryenne ». Les Palestiniens sont clairement le groupe d’exclus. Comment voyez-vous spécifiquement le sionisme comme une force idéologique qui crée un groupe interne qui ne doit pas être « souillé » par le groupe externe ? Après tout, le sionisme en tant que forme de construction d’une nation ne signifie pas seulement l’utilisation de stéréotypes racistes, mais aussi le contrôle de l’espace géographique. Pourriez-vous nous expliquer comment, selon vous, ces deux formes de violence fonctionnent en tandem dans le cadre du projet même du sionisme ?
L’identité israélienne est une identité territoriale. L’identité nationale et l’identité territoriale ne font qu’un. Le territoire est donc un facteur très important de notre identité. Nous sommes de la terre et nous devons l’occuper. Mais je pense que la façon dont ils ont traité, depuis le début du sionisme […] est la façon dont tous les colonialistes ont traité les populations indigènes : on dit qu’ils sont primitifs, et nous apportons le progrès. On dit qu’elles n’existent pas. Elles sont considérées comme faisant partie du paysage. Je pense que toutes les puissances coloniales ont traité la population locale de la même manière. Le sionisme était donc un mouvement national européen. Comme tous les mouvements nationaux européens, le sionisme a défini qui est humain et qui est « autre ». Et l’autre, c’est l’« l’homme de l’est, l’oriental ». Tout ce qu’ils voulaient, c’était se débarrasser de l’Orient, parce que les Juifs étaient appelés les Orientaux en Europe, comme s’ils étaient une race « orientale », et ils voulaient s’en débarrasser. Ils voulaient s’occidentaliser.
C’est l’une des choses sur lesquelles on insiste beaucoup dans les manuels scolaires : Nous sommes l’Occident. L’histoire des Juifs en Orient ou dans les pays musulmans n’est même pas mentionnée, bien qu’ils aient eu une vie très harmonieuse et enrichissante dans les pays musulmans pendant des milliers d’années. Mais elle n’est même pas mentionnée. Ils ont donc voulu s’occidentaliser et effacer l’histoire du pays pour reproduire le mythe de la continuité, comme si les Juifs qui venaient d’Europe rentraient chez eux, sur leur terre. Ainsi, l’histoire, la culture et tout ce qui existait auparavant sur la terre de Palestine ou d’Israël arabe ont été effacés. Ils l’ont également fait dans le domaine de l’archéologie. Il n’y a pratiquement aucune découverte archéologique de Palestine ou de l’époque ottomane. Les Ottomans ont régné ici pendant 600 ans, mais il n’y a pratiquement rien. Si vous vous rendez dans un parc en Israël, on vous dira qu’il s’agissait de tel ou tel endroit pour les Romains, les Byzantins, les Croisés, les Britanniques et les Sionistes. Deux mille ans d’histoire sont effacés. Tous ces éléments réunis peuvent donc expliquer l’attitude israélienne. Et bien sûr, comme tous les colonialistes, les dirigeants sionistes utilisent un discours raciste pour vilipender les populations indigènes, et pour légitimer leur discrimination et leur élimination.
On pourrait dire que les Juifs éthiopiens sont un groupe qui vit une sorte d’« altérité » au sein d’Israël. Dans votre livre, Holocaust Education and the Semiotics of Othering in Israeli Schoolbooks (L’enseignement de l’Holocauste et la Sémiotique de l’Altérité dans les manuels scolaires israéliens), vous expliquez comment les Juifs arabes et les autres Juifs non européens sont eux aussi des victimes du sionisme. Dans votre livre, vous qualifiez les Juifs non européens qui se sont installés en Israël de « victimes des victimes ». Comment les récits sionistes contribuent-ils à l’« éviction » des Juifs non européens ?
Comme je l’ai dit, le mouvement sioniste était un mouvement européen. Depuis qu’ils sont arrivés en Palestine, ils ont voulu s’occidentaliser et s’indigéniser en même temps : comme s’ils revenaient. L’idée était de créer une patrie pour les Juifs européens. Ils ne s’intéressaient pas aux autres Juifs, surtout pas à ceux des pays arabes ou africains. Mais après l’Holocauste et l’extermination des Juifs européens, ils avaient besoin de personnes pour peupler le futur État d’Israël. Ils les ont donc cherchés dans d’autres pays, et ils les ont trouvés dans des pays musulmans. Mais l’idée était qu’ils étaient barbares et primitifs, pleins de germes et de maladies, et ainsi de suite, et qu’ils devaient être enfermés dans des camps jusqu’à ce qu’ils puissent s’intégrer. Ils devaient abandonner leur culture, leur arabité ou leur africanité, leur langue, leur musique, leurs coutumes, leur religion, et adopter cette autre religion, cet autre judaïsme qui s’est développé en Europe de l’Est. De nombreuses personnes écrivent à ce sujet; Ela Shohat, et d’autres. Ils les ont donc transformés en victimes des victimes, parce que ceux qui les ont traités de cette manière étaient en réalité les victimes, les survivants.
Ils ont été maintenus dans ce que l’on appelle le colonialisme intérieur ou le colonialisme interne. Aujourd’hui encore, quatre générations après leur arrivée en Israël, leurs petits-enfants sont toujours appelés Marocains, ou même « sales Marocains ». Ils sont appelés par leur ethnie : les Juifs ashkénazes, cependant, sont la norme, les non marqués. On ne leur donne pas le nom d’une ethnie. Mais les non-Ashkénazes, bien qu’ils soient sur le territoire depuis quatre générations, sont toujours appelés par leur appartenance ethnique. Les écarts en matière d’éducation, d’emploi et de richesse se creusent, au lieu de se réduire.
C’était une chose horrible, et la façon dont ils ont été traités les a ruinés. Elle a ruiné la famille, elle a ruiné la communauté. C’était un désastre. En fait, Israël n’a pas voulu que les Éthiopiens viennent pendant de nombreuses années. Les Juifs éthiopiens, ou Beta Israël (la maison d’Israël), comme ils s’appellent eux-mêmes, voulaient venir à Sion pour des raisons religieuses. Les Juifs arabes n’étaient pas non plus sionistes, bien que certains d’entre eux aient participé à des mouvements sionistes, mais leurs motivations étaient essentiellement religieuses et non politiques. Ils voulaient venir à Jérusalem, c’est tout. Les Juifs éthiopiens, qui pensaient être les seuls Juifs au monde, voulaient venir à Sion. Lorsqu’ils ont appris qu’il y avait une possibilité, ils ont commencé à demander à venir. Mais Israël ne voulait pas d’eux. Ce n’est qu’après que l’Assemblée générale des Nations unies, en 1975, a déclaré que le sionisme était un mouvement raciste qu’ils ont décidé de les faire venir pour prouver qu’ils autorisaient l’entrée des Noirs. Mais il a fallu attendre plusieurs années avant qu’ils ne commencent à venir.
La façon dont ils les ont amenés a été désastreuse. Ils les ont fait marcher jusqu’au Soudan, puis les ont fait attendre au Soudan dans des conditions de vie déplorables pendant des mois et des mois. Les morts se comptaient par milliers. Et puis ils ont défini cela, ou l’ont couronné, comme une merveilleuse opération clandestine de « nos braves soldats ». Ils les ont fait venir et les ont placés dans ces camps, qu’ils appelaient camps d’absorption, centres d’absorption. Ils étaient complètement dépendants de la bureaucratie israélienne. Ils ne pouvaient pas prendre de décisions concernant leur propre bien-être. Ils ont dû abandonner toutes leurs coutumes, leurs chefs religieux, leur religion, car ils s’appuyaient sur la Bible et non sur la Halachah, qui avait été élaborée en Europe de l’Est – ils ne la connaissaient même pas. Ils ne pouvaient pas non plus choisir les écoles pour leurs enfants.
Les manuels scolaires le reproduisent encore aujourd’hui en traitant les Juifs éthiopiens comme un « problème » auquel l’État doit faire face. Et aujourd’hui, plus de 40 ans après leur arrivée, ils sont toujours traités comme un problème. Ils doivent étudier toutes sortes de textes écrits par des Européens au siècle dernier, dans les années 60, sur la vie en Éthiopie et entendre qu’ils sont patriarcaux, primitifs, qu’ils marient leurs filles à l’âge de 9 ans, etc. Rien n’est dit sur leur contribution au pays. Il y a des artistes, des chanteurs, des danseurs, des scientifiques, tout. Ils ne sont mentionnés que lorsqu’ils sont de « bons soldats ». Tous les livres le mentionnent. Ils sont séparés dans des programmes spéciaux pour les Éthiopiens, même s’ils sont nés en Israël, même à l’université, à l’école d’infirmières, à l’armée. Ces programmes spéciaux sont destinés à les occidentaliser comme Israël est occidental, ce qui est absurde. Et pourtant, ils doivent lire ces textes. Tous les textes les concernant sont écrits par des Juifs ashkénazes. Il n’y a pas un seul texte éthiopien dans tous les programmes, bien qu’il y ait des écrivains (et des sociologues et des psychologues) qui ont reçu des prix. Aujourd’hui, les intellectuels israéliens d’origine éthiopienne ont commencé à s’opposer et à réfuter le récit du sauvetage. Il existe aujourd’hui un mouvement de résistance à tout cela. Mais c’est très difficile.
La police les traite comme elle traite les Noirs en Amérique et en Angleterre. Ils les abattent dans les rues. Récemment, un procès a été mené à son terme. Un policier a tiré sur un Israélien éthiopien de 18 ans et le policier a été acquitté. Pendant tout le procès, les juges ont traité le policier comme s’il était la victime et les parents de ce jeune comme s’ils faisaient obstruction. Le chef de la police a dit : Oui, que pouvons-nous faire ? Ils sont noirs. Et cela se retrouve dans les manuels scolaires. Les manuels scolaires vous disent qu’ils ne peuvent pas s’intégrer, ou qu’ils ont du mal à s’intégrer, parce qu’ils ont toutes sortes de coutumes auxquelles nous ne sommes pas habitués, comme le respect des aînés, l’autorité parentale ! Des choses horribles comme ça. Et la couleur de la peau. Les manuels scolaires reproduisent donc le racisme de l’État. Ils les montrent toujours, sur les photos, affalés sur le sol dans un désert et on ne voit même pas leur visage.
Je demande toujours à mes étudiants où vivaient les Juifs éthiopiens en Éthiopie. Ils répondent : dans le désert, ce qui est faux. Ils vivaient au sommet des collines parce qu’ils avaient besoin d’eau pour les troupeaux. Pendant le COVID, une conférencière éthiopienne du David Yellin Academic College a donné une conférence au personnel et a posé la même question : « Où pensez-vous qu’ils vivaient ? » Les conférenciers ont tous répondu « dans le désert », car c’est la seule image des Juifs éthiopiens que nous ayons vue. C’est horrible.
J’ai fait du bénévolat auprès d’enfants dans un centre d’intégration près de chez moi. Les conditions de vie y étaient épouvantables, tout comme le traitement qui leur était réservé à l’école. Le racisme qui règne dans les écoles les empêche de participer à toutes les activités auxquelles les enfants blancs ont accès. Bien sûr, c’étaient des enfants merveilleux et brillants, et je suis toujours en contact avec certains d’entre eux. L’une d’entre elle était techniciene dans l’armée de l’air israélienne. Mon mari et moi sommes allés à son mariage et il n’y avait pas une seule personne blanche à ce mariage, ni aucun de ses anciens camarades de l’armée, ni aucun de ses camarades actuels, pas même un seul. Mais comment est-ce possible ? Je suis sûr qu’elle a invité tout le monde. C’est une anecdote, mais je la mentionne pour vous montrer l’attitude à l’égard des Juifs éthiopiens. J’ai entendu des enseignants dire qu’ils puaient. J’ai entendu des professeurs dire qu’ils n’étaient pas sacrés parce qu’ils abattaient eux-mêmes les vaches..
Cela me rappelle l’horrible réalité de la génération volée, où les Australiens blancs ont forcé les enfants aborigènes et insulaires du détroit de Torres à quitter leurs parents. L’objectif est d’effacer toute trace de leur identité culturelle.
Oui. Dans ce cas, toute l’éducation des enfants éthiopiens israéliens vise à les changer, et non à apprendre à les connaître, à apprendre d’eux ou à reconnaître leurs contributions à une société multiculturelle. J’ai demandé à une enseignante si elle pensait que ces changements les déconnecteraient de leur culture, de leur communauté et de leur famille. Elle m’a répondu : « Oui, j’espère qu’ils enseigneront aussi à leurs parents. » Donc, oui, ce sont les mêmes processus coloniaux qui ont eu lieu en Australie et au Canada. Il s’agit de la même « mission civilisatrice ». C’est la mission civilisatrice de l’homme blanc. Les Éthiopiens ont été choqués à leur arrivée, car ils pensaient venir dans la « Jérusalem d’or » et, soudain, ils ont été traités comme des non-Juifs, ce qui a provoqué de nombreux suicides. Ils étaient traités comme des bêtes, ce qui n’a pas changé jusqu’à aujourd’hui.
Comment envisagez-vous un moyen efficace de démanteler les stéréotypes anti-palestiniens en Israël qui sont à l’origine de tant de violence ? En quoi le fait de repenser l’éducation et de repenser radicalement les programmes scolaires en Israël pourrait-il faire la différence ?
On pourrait avoir un programme scolaire entièrement nouveau si on le voulait. J’ai parlé des livres jusqu’en 2014 environ, parce qu’après cette date, on ne trouve plus du tout de Palestiniens dans les manuels scolaires, ni d’Éthiopiens. Vous avez des problèmes abstraits de terreur, mais personne ne parle d’eux en tant que personnes. Il y a eu un changement à la fin des années 90, lorsque de nouveaux historiens ont parlé de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), mais aujourd’hui, il n’y a rien ; c’est comme s’ils n’existaient pas. Ces livres sont comme des pamphlets évangélistes. Même les photos que vous voyez, toutes les photos des gens dans les livres scolaires sont blonds avec des yeux bleus. En réalité, la plupart des Israéliens ne sont pas blonds. J’ai demandé à un graphiste qui avait conçu un manuel scolaire pourquoi il avait fait cela. Il m’a répondu : « Eh bien, ça fait bien. » Ces livres sont vraiment des livres de propagande.
Chaque année, je vérifie s’il y a des nouveautés dans ces livres, mais il n’y a pas du tout d’ « autres » dans ces livres, pas la moindre diversité. La situation ne fait donc qu’empirer. Mais bien sûr, si vous voulez donner un sens, vous devez construire un nouveau programme, qui ne sera pas seulement ce que l’on appelle le récit pédagogique, mais aussi le récit performatif, le récit des personnes qui ne sont jamais incluses dans le récit pédagogique ou le récit officiel, les personnes dont les voix ne sont pas entendues (les récits écrits par les Bédouins, les Circassiens, les Druzes, les Palestiniens, les Juifs éthiopiens, les Juifs arabes, les Juifs russes) parce qu’Israël est un endroit avec tant de langues, tant de groupes de personnes qui n’ont rien en commun, soit dit en passant. Ce n’est pas un pays multiculturel, mais il y a beaucoup de cultures en son sein. La seule façon d’avancer est d’avoir un récit du peuple compréhensible, ce que l’universitaire indien et théoricien critique Homi Bhabha appelle le récit performatif, celui qui compte, celui qui affecte vraiment la vie des gens. En Israël, personne n’a d’histoire, sauf l’histoire sioniste. Nous ne savons rien, même à propos des Juifs européens. Nous ne savons rien, sauf qu’ils ont été exterminés.
L’écrivain palestinien libanais Elias Khoury a écrit un livre intitulé Children of the Ghetto : My Name Is Adam (Les enfants du ghetto : mon nom est Adam) dans lequel il raconte l’histoire d’un Palestinien en proie à la douleur et au chagrin. Le livre raconte l’histoire d’un homme qui a été amené à enterrer et à brûler les cadavres après les massacres. Khoury appelle ces personnes des Sonderkommandos. Il raconte l’histoire de l’un d’entre eux, en fait un être humain individuel qui a une histoire. Et lorsque vous lisez cette histoire en contraste avec l’histoire israélienne racontée dans les livres d’histoire, c’est la différence avec un récit pédagogique ou officiel, c’est le récit des marginaux, le récit des personnes qui sont devenues des objets collectifs. Et c’est ainsi qu’il faut procéder, pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Mais l’histoire des Juifs éthiopiens n’est pas écrite par des Juifs éthiopiens. Tout est anthropologique, et tout est fait d’un point de vue eurocentrique, d’un point de vue raciste. Je pense que la seule façon de procéder n’est pas de confronter les deux récits officiels, palestinien contre israélien. Cela a été fait. Ni Israël ni la Palestine n’autorisent son utilisation à l’école. Mais nous devons prendre en compte les récits de tous les habitants, et c’est là que vous trouverez des choses fascinantes sur la vie commune qui régnait dans cet endroit pendant la période ottomane et avant, qui était riche et harmonieuse sur le plan culturel, économique et agricole. Les gens étaient très cosmopolites. Tout était réuni sans que personne ne perde son identité ou son appartenance religieuse. J’aimerais voir cela.
Nous avons essayé de le faire avant l’assaut de 2009 sur Gaza. Nous avons essayé de former un groupe d’experts qui commencerait à rédiger ce programme. Un groupe formidable est venu, tous bénévoles. Mais Israël a attaqué Gaza et les Palestiniens n’ont pas voulu et n’ont plus pu venir. Mais je pense qu’il y a beaucoup de gens qui aimeraient le faire, parce que c’est toujours beaucoup plus intéressant que toute cette propagande politique que l’on trouve dans les livres scolaires, qui ne parle que de pogroms, de guerres et de massacres de juifs.
Aujourd’hui, l’idée qui unit les gens ici est que nous sommes tous des victimes de l’Holocauste et que nous pouvons être à nouveau victimes de l’Holocauste si nous ne faisons pas attention. Telle est l’idée. Il faut traumatiser les enfants pour les rendre loyaux, afin qu’ils ne quittent pas le pays. Et c’est écrit dans tous les livres. Ce qui est arrivé aux Juifs en Europe est arrivé parce qu’ils n’avaient pas d’État ni d’armée. Vous obligez les gens à rester, les jeunes, vous les effrayez à mort. Vous savez, les gens disent : « N’allez pas en Turquie, ils nous détestent. » Qu’est-ce que vous voulez dire ? Ils nous détestent. Ils m’aiment quand je viens au marché acheter des tapis. Je me souviens que lorsque j’ai emmené mon fils en Grèce à l’âge de 8 ans, son cousin m’a dit : « N’y va pas ! Ils nous ont exterminés. » Il y a cinq mille ans, ils ont détruit le temple. Et cette attitude est très forte en Israël. N’allez pas à Athènes. Ils sont antisémites. N’allez pas là-bas, il y a des Arabes. L’Holocauste est donc ce qui unit tout le monde et plane au-dessus de nous en permanence, avec un mépris pour les vraies victimes de l’Holocauste parce que, vous savez, elles n’ont pas riposté.
Cela ressemble à un processus de nazification des Arabes…
Oui ! Depuis qu’Israël s’est lié d’amitié avec l’Allemagne en 1953 et a accepté l’argent des réparations, le rôle d’exterminateur potentiel est passé aux Arabes, sans quoi nous n’avons aucune raison d’être ici et d’être armés jusqu’aux dents. Les Arabes ont reçu le rôle d’exterminateurs potentiels sans raison, sans cause. Je veux dire que les Arabes n’ont jamais exterminé les Juifs. Les musulmans ont rarement perpétré des pogroms contre les Juifs. Il y a eu quelques incidents, certes, mais ils n’ont jamais pensé à une solution finale. En 1953, David Ben-Gourion a déclaré : « Je prends l’argent des réparations allemandes pour que nous puissions nous défendre contre les Arabes nazis », et c’est ainsi qu’il a inventé le terme « Arabes nazis ». Puis ils ont dit : « Nous vivons dans les frontières d’Auschwitz ». Et Menachem Begin a déclaré que l’attaque des camps de réfugiés au Liban nous avait sauvés d’un « autre Treblinka ». Tel est le discours. Et aujourd’hui encore, ils traitent les Palestiniens de Gaza de nazis. Ce qui s’est passé le 7 octobre a été immédiatement comparé à la Shoah, à l’Holocauste. Immédiatement. Et cela fonctionne. Nous sommes une puissance nucléaire et ils n’ont rien, mais ils sont décrits d’une part comme des êtres humains primitifs et superflus, et d’autre part comme des nazis tout-puissants. Et ça marche.
*
George Yancy est professeur de philosophie Samuel Candler Dobbs à l’Université Emory et boursier Montgomery au Dartmouth College. Il est également le premier boursier de l’Université de Pennsylvanie dans le cadre du Provost’s Distinguished Faculty Fellowship Program (année universitaire 2019-2020). Il est l’auteur, l’éditeur et le coéditeur de plus de 25 ouvrages, dont Black Bodies, White Gazes ; Look, A White ; Backlash : What Happens When We Talk Honestly about Racism in America ; et Across Black Spaces : Essays and Interviews from an American Philosopher publié par Rowman & Littlefield en 2020. Ses ouvrages les plus récents comprennent une collection d’entretiens critiques intitulée Until Our Lungs Give Out : Conversations on Race, Justice, and the Future (Rowman & Littlefield, 2023), et un livre coédité (avec le philosophe Bill Bywater) intitulé In Sheep’s Clothing : The Idolatry of White Christian Nationalism (Roman & Littlefield, 2024).
Source : Truthout, George Yancy, 15-09-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
samedi 9 novembre 2024
La CIA y la prensa: «Un esfuerzo de propaganda sin fin»
Transcripción y video de una entrevista con el «oficial de caso» John Stockwell
John Stockwell fue «oficial de caso» de la CIA a cargo de operaciones de propaganda en lugares como Angola y Vietnam. En esta entrevista que tradujimos y subtitulamos para nuestro programa de televisión La pupila asombrada Stockwell relata cómo la Agencia Central de Inteligencia utiliza periodistas y académicos, agencias de prensa como Reuters y AFP y grandes medios como The Washington Post y la revista Time para construir noticias falsas y estereotipos sobre países y procesos que Estados Unidos considera enemigos.
P: John, Ud. estuvo en Vietnam trabajando para la CIA, tengo entendido que estuvo en ese país ¿En qué años estuvo allá?
R: Del 73 al 75 justo después de la evacuación de tropas y salí en la evacuación de abril del 75
P ¿Cuánto tiempo estuviste en la CIA?
Trece años, yo fui un oficial de caso en el terreno, serví en África y en Vietnam y eventualmente en un subcomité del Consejo de Seguridad Nacional en Washington
P: Se sabe que Ud. estuvo en Angola…
R: También dirigí la acción encubierta angoleña, pero yo la dirigí desde Washington. Estas cosas eran globales y como jefe de la Fuerza de Tarea de Angola mi oficina estaba en Washington.
P: ¿Cuando Ud abandonó la CIA?
R: En marzo de 1977 me fui a testificar ante el Senado y hacerlo público y tratar de escribir un libro, lo cual hice.
P: Entraré en eso un poco más tarde. Me gustaría hablar sobre qué tipo de experiencias uno tiene cuando se deja la CIA y se comienza a hablar. Nosotros tenemos la impresión de que todo lo que hace la CIA es recopilar inteligencia,la inteligencia es información, por supuesto, ahora, uno pensaría que si obtuviste información que se basaba en hechos y si eso es así, ¿qué hiciste con ella?
R: Bueno, una de las cuatro funciones principales de la CIA es recopilar inteligencia e idealmente enviarla al Presidente, a los usuarios de la información, a los hacedores de políticas. Yo diría que hay otras funciones, sin embargo algunas de ellas más legítimas que otras, una es ejecutar guerras secretas, la acción encubierta de la que se ha escrito y que se habla tanto como lo que está pasando hoy en Nicaragua desde Honduras.
Otra cosa es difundir propaganda para influir en la mente de las personas, y esta es una función importante de la CIA, y desafortunadamente, por supuesto, se superpone con la recopilación de información,usted tiene contacto con un periodista le dará historias verdaderas, obtendrá información de él, y también le dará historias falsas.
P: ¿Compras su confianza con historias verdaderas?
R: Compras su confianza y lo engañas.Hemos visto que esto sucedió recientemente con
Jack Anderson, por ejemplo, quien tiene sus
fuentes de inteligencia, y también ha admitido que ha sido engañado por
ellos, una de cada cinco historias simplemente es falsa.
También trabajas en sus vulnerabilidades humanas para reclutarlos en un sentido clásico para convertirlos en tu agente, de modo que puedas controlar lo que hacen, para que no tengas que comprometerlo, Ud. sabe, con algo sobre ellos, de manera que puedas pedirle: inserta esto el próximo martes.
P: ¿Puedes hacer esto con reporteros responsables?
R: Sí, el Comité Church mencionó esto en
1975, y entonces Woodward y Bernstein publicaron un artículo en la
revista Rolling Stones un par de años más tarde: 400 periodistas
cooperando con la CIA,incluyendo algunos de los más renombrados
del gremio, de manera consciente introduciendo historias en los medios de prensa
P: Bueno, dame un ejemplo concreto de cómo usaste la prensa de esta manera, cómo se planta la historia falsa y cómo logras que se publique.
R: Bien, por ejemplo, en mi guerra, la guerra que ayudé a manejar en Angola, un tercio de mi personal era propaganda, irónicamente a esto se le llama dentro de la CIA «acción encubierta», afuera este término significa la parte violenta, tuve propagandistas en todo el mundo, principalmente en Londres, Kinshasa y Zambia, recopilábamos historias que escribíamos y las poníamos en el Zambia Times, y luego las sacábamos y las enviábamos a los periodistas en nuestra nómina en Europa, y su tapadera sería que las habían obtenido de su colaborador en Lusaka, quien las había obtenido en el Zambia Times,tuvimos la complicidad del gobierno de Zambia, de Kenneth Kaunda, para poner estas historias falsas en sus periódicos, pero después de ese punto las recogían los periodistas de Reuters y AFP, cuya dirección no conocía su origen, pero nuestro contacto en Europa sí e inyectamos docenas de historias sobre “atrocidades cubanas”, “violadores cubanos”, en un caso hicimos que los “violadores cubanos” fueran capturados y juzgados por las doncellas ovahimba, que habían sido sus víctimas, y luego publicamos fotografías que aparecieron en casi todos los periódicos del país de los cubanos ejecutados por las mujeres ovahimba que supuestamente habían sido sus víctimas.
P: ¿Estas eran fotos falsas?
R: Oh, absolutamente, no conocíamos ni una sola atrocidad cometida por los cubanos,
era pura propaganda cruda y falsa para
crear una ilusión de comunistas, ya sabes, comiendo bebés para el
desayuno, y esa era nuestra propaganda, totalmente falsa.
P: John, ¿se practicaba este tipo de cosas en Vietnam?
R: Oh, un esfuerzo sin fin de propaganda masivo en Vietnam en los años 50 y 60,
incluyendo los miles de libros que se publicaron, varios cientos en inglés,
que también eran libros de propaganda
patrocinados por la CIA, se da algo de dinero a un escritor, se le dice
escribe este libro para nosotros, escriba lo que quiera, pero en estos
asuntos asegúrese de que tenga esta línea.
P: ¿Escritores en este país? ¿Distribuidos y vendidos en este país?
R: Sí, libros en idioma inglés, que significa que tienen al público estadounidense como objetivo, sobre Vietnam y la historia de Vietnam y una historia del marxismo, y apoyando la teoría del dominó, etc.
P Sin abrirnos a una demanda, ¿podría nombrar uno de ellos?
R: No, no podría. El Comité Church, al
enterarse de esto, exigió que se les entregaran los títulos para que las
bibliotecas universitarias pudieran al menos estampar
en su interior: ‘la versión de la historia de la Agencia Central de
Inteligencia’, y la CIA se negó aduciendo proteger su fuentes y métodos,
y las fuentes serían los autores que escribieron estos libros de
propaganda falsa,
algunos de los cuales son ahora distinguidos académicos y periodistas.
P: Bueno, la CIA no lo niega rotundamente. Al principio han admitido que hay algo de propaganda, pero su posición es que todos están fuera de Estados Unidos, no en Estados Unidos, ¿no es cierto?
R: Absolutamente, mientras estábamos
llevando a cabo la operación en Angola y difundiendo estas historias en
el mundo y la prensa estadounidense, exactamente en ese momento Bill
Colby, el director de la CIA, estaba testificando ante el Congreso,
asegurándoles que éramos extremadamente cuidadosos para asegurarnos de
que nada de nuestra propaganda se derramara hacia los Estados Unidos, y
en los mismos días en que estuvo dando este falso testimonio, estábamos
plantando historias en The Washington Post, con eso quiero decir, no a
través de Lusaka, pero en realidad volamos a un periodista de París a
Washington para plantar una historia falsa, lo mencioné y doy el texto
de la historia en mi libro.
P: ¿Así que plantaste la historia en The Washington Post trayendo a un hombre del extranjero, y no tuvo dificultades para pasar por encima del editor con ella?
R: Sí.
P: ¿Esto es común? ¿Es fácil?
R: Más fácil de lo que Ud. pudiera suponer. Sí, sí. Está en la línea de, por ejemplo, que Granada sea radical. Hemos tenido artículos en The Washington Post, en The Star antes de que cerrara y en la revista Time que solo la CIA pudo haber escrito originalmente: ‘Base de submarinos soviéticos’; ‘entrenamiento terrorista’. Esta es una pequeña isla donde la principal fuente de ingresos es la venta de especias para el turismo occidental y una gran escuela de medicina de los Estados Unidos.
Una pequeña isla de 15 millas por 10 millas de ancho con 70.000 personas, con estudiantes de medicina estadounidenses en sus batas y sandalias con las narices en libros, vagando por toda la isla, y sin embargo, órganos de prensa importantes, la revista Time, publicando historias sobre que son tan radicales…
P: En Vietnam, John, ¿cuál era su relación…? ¿qué debemos regular en relación, con la prensa?
R: Siendo el papel de la CIA multifacético, había oficiales en la embajada, oficiales de la CIA, oficiales de alto rango, Frank Snip era uno, no de alto rango, pero él estaba en la oficina del jefe de estación, que se reunía con la prensa regularmente, compartía información con ellos, les daba información y recibía información de ellos, y luego periódicamente les contaba alguna historia, que sería falsa, pero también en otros casos muy valiosa para el periodista, por lo que incluso los periodistas duros que nunca cooperarían voluntariamente con la CIA la considerarían una fuente útil.
Al mismo tiempo, hay todo tipo de personas, ya sabes, como periodistas y oficiales de casos, muchos otros oficiales de casos realmente le tienen mucho miedo a la prensa, teníamos países en los que los periodistas llegaban a husmear nos escondíamos y dejábamos que el oficial de identificación hablara con ellos. Simplemente temíamos que nos fotografiaran y escribieran algún artículo y tuvieran alguna alusión a lo que estábamos haciendo que sería desafortunado para nuestra carrera
P: ¿Sabían quién eras? ¿Sabían que eras de la CIA?
Todo el mundo sabe quiénes son las personas de la CIA. Que no quepa ninguna duda, esta es una de las mayores farsas que la CIA y el Congreso le han puesto al pueblo estadounidense.
Como dijo Patrick Moynihan al testificar recientemente en contra de esta Ley de Secretos Oficiales, dijo en la ONU, dijo que se pavoneaban por todos lados como los vaqueros de Texas con sombreros de 10 galones y botas de tacón alto.
En Vietnam teníamos Datsun amarillos y matrículas secuenciales, así que si tenías un Datsun amarillo y 144 en tu matrícula, tenías que ser de la CIA y todo el mundo lo sabía.
En otro país teníamos Jeeps verde esmeralda y el ejército tenía un color verde olivo y AIG tenía jeeps grises, así que si tenías un jeep verde verde tenías que ser de la CIA, y cualquier negación de eso era solo irónica y superficial, ciertamente los periodistas sabían la diferencia.
P: ¡Que desilusión! Nos estás diciendo que un espía no es un espía.
R: Allen Dulles escribió en su libro ‘El arte de la inteligencia’, ya sabes, el famoso director de la CIA, en el prólogo de su libro dice que un agente de inteligencia, contrariamente a la opinión popular, tiene que ser conocido como tal, de lo contrario la gente con secretos no sabrá a dónde llevarlos.
Él estableció la política, el precedente de viajar por el mundo cada año y
reunir a sus oficiales de casos en hoteles y
tener lo que solo podría describir como una conferencia de ventas,
reuniones en las habitaciones del hotel, desayuno, almuerzo y cena y bebidas juntos en las habitaciones del hotel.
Así que no estás hablando de un inframundo, estás hablando de miembros privilegiados de la hermandad policial del mundo…
Los oficiales de la CIA no son turistas en peligro, no los golpean. En todos los países donde pueden establecen un enlace con la policía local y dentro de los velos de, ya sabes, su secreto y protección, no tienen miedo y no están jugando juegos de tapadera, están almorzando con el jefe de policía.
P: John, me gustaría saber qué es lo que mueve a un hombre como John Stockwell, primero, por qué estabas en la CIA, segundo, por qué renunciaste a la CIA, y me gustaría saber qué ha sucedido desde que renunciaste a la CIA y comenzaste a hablar tan abiertamente como nos has hablado.
R: Bueno, ciertamente esa es una cuestión tan complicada como el dilema que enfrenta la sociedad sobre la CIA hoy.
Entré como infante de marina, capitán del ejército de infantería de marina, antecedentes conservadores, mi padre era un ingeniero en África contratado para construir para una misión presbiteriana y crecí en el Congo Belga casi tan conservador como se es capaz.
P: ¿En una atmósfera de misionero?
R: En una estación misionera, con un padre ingeniero, pero con principios humanistas, altos ideales, falsos ideales poco realistas para el mundo.
Educación en la Universidad de Texas, mi servicio activo en la Infantería de Marina, todo muy emocionante entre guerras.
Estaba en una compañía de reconocimiento, lanzándome en paracaídas y bloqueando submarinos, muy glamoroso, pero entre guerras nadie recibió un disparo, no hay problemas morales, si se quiere.
Y luego la CIA me reclutó justo al final de la era Kennedy, acababa de recibir un disparo.
«No preguntes qué puede hacer tu país por ti, sino qué puedes hacer tú por tu país» y toda la propaganda que se había lanzado al pueblo estadounidense contra el comunismo, el apogeo de la teoría del dominó y mi propia ingenuidad, pensando que fui educado cuando en realidad no lo estaba.
Y pensé al ingresar a la CIA que estaba haciendo lo mejor que podía con mi vida y los ideales más nobles de nuestra sociedad, pensando que estaba mejorando a la humanidad al hacer el mundo libre para la democracia, y solo me tomó 13 años y tres guerras secretas para darme cuenta de lo absolutamente falso que era, y las revelaciones del Comité Church, simultáneamente a lo de Vietnam y luego a lo de Angola. Me tomó tanto tiempo ver el asunto desde una luz totalmente diferente, y mis ideales básicos ciertamente nunca han cambiado en términos simpatía básica por la gente del mundo.
Un servicio a este país que se remonta tan lejos que ni siquiera tengo que lidiar con detractores que creo dicen que soy un traidor o todo eso que es una tontería, ya sabes, con las cosas que he hecho con mi vida, pero creo que nos estamos alejando de los valores que nos enseñamos en la escuela, de la democracia, de las libertades.
Creo que nos estamos vendiendo a una organización policial muy pequeña que está absorbiendo los principios estadounidenses tan rápido como los procesos judiciales y legislativos pueden absorberlos, las libertades de expresión y prensa y, al mismo tiempo continúan las políticas de asesinato en cada rincón de el mundo, ahora mismo en Nicaragua y El Salvador.
Creo que deploro eso moralmente, pero también creo que es extremadamente peligroso porque podría desencadenar tan fácilmente en una confrontación mundial y con los soviéticos al Holocausto a la guerra nuclear
P: Bueno, ¿qué está pasando? ¿Qué te ha pasado desde que dejaste la CIA y empezaste a hablar?
R: Bueno, he sido demandado por la CIA, he sido amenazado por el FBI, no me han golpeado ni mutilado, he ejercido mi derecho, como lo veo, a hablar y dar conferencias, y han dejado muy claro que no lo aprecian, y como digo, me han advertido que me pueden pasar cosas horribles, no sé si fueron «bluffs» o no, todavía no ha pasado nada.
La CIA me ha demandado por daños y perjuicios, lo cual es una cierta ironía, cuando lo piensas.
jeudi 1 août 2024
La grève au cinéma par l'Otan culturelle: The Angry Silence (Guy Green, 1960)
Quand il ne s'agit pas de cinéma rouge (La Grève, S. Eisenstein, 1925), représenter la grève au cinéma c'est rare et interdit. L'exemple le plus connu en France étant le film Rendez-vous des quais de Paul Carpita, de 1955, que l'on a pu vraiment voir seulemement dans les années 1990. La raison étant que la grève des dockers y est filmée comme une lutte et victoire de la common decency ouvrière.
Pour l'Otan culturelle, on peut traiter la grève au cinéma mais alors contre les grévistes: pour les "valeurs individuelles" d'un seul qui ne veut pas la faire et contre la masse d'enragés manipulés qui s'y prête. C'est ce storytelling que met en scène The Angry Silence, film britannique antirouge et anarcocapitaliste avec Sir Richard Attenborough dans le rôle du prolo à "valeurs" (et pour la défense de sa caste).
samedi 27 juillet 2024
L'ovation de Netanyahou
Il nous a semblé utile et opportun de traduire et diffuser cet extrait de la très récente et très instructive interview que John Mearsheimer vient de donner à propos de l'étonnant spectacle donné à Washington par le Congrès US . Mearsheimer y donne avec sa perspicacité et sa compétence coutumière, un éclairage assez cru sur les circonstances "paradoxales" qui ont suscité l'ovation "debout" par 58 congressmen enthousiastes, gratifiant un bref mais hallucinant discours de leur invité d'honneur, le premier ministre israélien.
Le même Netanyahou étant conspué par les manifestants aux portes du Capitole, dans un contexte politicien local qui n'est pas sans rappeler celui de l'ovation reçue par survivant criminel de guerre nazi lors de la prestation de Zelensky devant les députés canadiens :
jeudi 25 juillet 2024
Le puissant Wurlitzer : comment la CIA joue l’Amérique (le visage humain de l'anticommunisme)
Autrice: Nancy Hanover14 septembre 2015
L’histoire de la CIA (Central Intelligence Agency) – ses coups montés, ses assassinats, ses enlèvements, sa pratique de la torture, ses « sites noirs », ses meurtres par drone, ses sales guerres et le parrainage de régimes dictatoriaux [1] – souligne non seulement le rôle sanguinaire et réactionnaire joué par l’impérialisme américain mais surtout la peur mortelle de l’élite dirigeante face à la classe ouvrière internationale.
Dès sa fondation en 1947, le CIA a reconnu que Washington ne pourrait réaliser et maintenir son hégémonie mondiale par la seule répression. Les luttes anticoloniales, les luttes révolutionnaires en Grèce et à travers l'Europe, les grèves de masse autour du monde (dont la grande vague de grèves de 1945-46 aux Etats-Unis [2]) étaient profond&eac
Un livre détaillé sorti en 2008, The Mighty Wurlitzer: How the CIA Played America, (Le puissant Wurlitzer : comment la CIA joue l’Amérique) de Hugh Wilford, examine la lutte idéologique menée par la CIA entre 1947 et 1967 afin de rallier « les cœurs et les esprits » au capitalisme américain et poursuivre la guerre froide.
C’est une sale besogne. La CIA a créé ou manipulé des associations, des universités, des médias, des groupes d’artistes, des fondations et des associations caritatives pour les mettre au service de sa propagande – cherchant à appliquer un vernis « progressiste » et même « humanitaire » au contrôle grandissant exercé par Washington.
Malgré le temps écoulé depuis sa publication, ce livre est toujours pertinent, car il révèle le fonctionnement des campagnes idéologiques de la CIA et en particulier le rôle joué par une section de l’intelligence libérale. Il ouvre les yeux à une nouvelle génération soumise aux des tentatives incessantes de blanchiment de la CIA et du militarisme américain. L’on se fait une idée des opérations antidémocratiques et réactionnaires menées par l’impérialisme américain et son appareil de renseignement, et de la nature foncièrement criminelle et mensongère du capitalisme américain.
Surtout, le livre démontre au lecteur l'importance que l’élite dirigeante américaine accorde à la lutte idéologique contre le socialisme.
L’auteur écrit à juste titre : « Ces pratiques se sont en fait intensifiées ces dernières années ; la ‘guerre contre le terrorisme’ recrée la mobilisation totale qui a marqué les premières années de la Guerre froide. » Il ajoute que la CIA est « une force croissante sur les universités. » [3]
La terme « puissant Wurlitzer » (Mighty Wurlitzer) avait été inventé par Frank Wisner, le chef du Bureau de coordination politique (OPC), un groupe chargé d’opérations paramilitaires et psychologiques, créé en 1948 et intégré à la CIA en 1951. Il se targuait de coordonner un réseau capable de jouer sur demande n’importe quel air de propagande, le comparant ainsi au célèbre orgue de théâtre Wurlitzer.
Le CIA sélectionnait ceux qui pourraient s’orienter dans une direction socialiste, en ciblant des groupes ayant des griefs contre le statu quo. Elle a choisi des représentants de groupes ethniques, de femmes, d’Afro-américains, ouvriers, d’intellectuels et d’universitaires, d’étudiants, de catholiques et d’artistes pour en faire des groupes écrans anticommunistes. Ces liens fournissaient à leur tour à l’agence la couverture requise pour influencer d’importants secteurs de la population mondiale.
Fait plutôt ironique, alors que l'Etat menait ses chasses-aux-sorcières maccarthystes et dressait une Liste d'Organisations Subversives, prétendument pour démasquer les « groupes de façade » du Parti communiste, la CIA s'occupait précisément à créer des groupes de façade afin d'intégrer des milliers d’Américains à leur insu dans des opérations psychologiques clandestines.
Le livre dévoile comment des syndicalistes, artistes, et membres des professions libérales « radicaux » ou « ex-radicaux » se sont retrouvés à l'intérieur de ce « Wurlitzer ». [4] Ceci incluait une couche d’anciens membres ou compagnons de route du Parti communiste, dont le romancier Richard Wright, qui, déçus par l’expérience faite avec ce parti réactionnaire stalinisé, n’ont pas trouvé le chemin vers le trotskysme, mais ont trouvé une place au sein de l’appareil de renseignement américain.
L’agence a influencé ces groupes très hétéroclites et parfois divisés grâce essentiellement à deux méthodes. La première était l’octroi de vastes sommes d’argent, soit par l’intermédiaire d’entreprises telles ITT, soit par des particuliers fortunés ou par des fondations. La seconde consistait à formater les directions de ces groupes écrans, et en faisant ensuite prêter aux dirigeants le serment du secret.
Wilford explique comment ces serments étaient prêtés à l'Association nationale des étudiants (NSA), contrôlée par la CIA. « Lorsque la CIA jugeait nécessaire d'informer un responsable de bonne foi [ignorant le contrôle de la CIA] de l'origine du financement de l’organisation, elle organisait une réunion entre l’individu en question, un collègue qui était au courant, et un ancien responsable de la NSA devenu agent de la CIA. Sur un signal convenu à l’avance, le responsable au courant quittait la pièce. L’agent de la CIA (encore identifié comme étant un ex-NSA) expliquait que le responsable de bonne foi devait prêter serment de discrétion avant d’être mis au courant de secrets vitaux. Après que le responsable ait signé un engagement formel, l’agent révèlait alors que la CIA jouait un rôle dans les affaires de l'association. »
Les serments étaient pour de vrai. Une violation était passible d’une peine de prison de 20 ans. Plus tard, certains des collaborateurs dénoncèrent l’opération comme étant un piège et qu'ils avaient « été induits en erreur lors de l’entrée en relation avec la CIA. » D’autres ont exprimé un accord politique et/ou l’ont considéré comme une bonne opportunité de carrière.
Les origines des groupes écrans de la CIA
Wilford retrace les origines des groupes secrets financés par la CIA à la réorganisation de l’Etat effectuée sous le président Harry S. Truman. Après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis étaient la force économique, politique et militaire dominante, la classe dirigeante américaine a vite cherché à profiter de cette position pour asseoir son hégémonie mondiale.
Truman a restructuré les forces armées et le renseignement américains pour mener la Guerre froide, selon sa stratégie géopolitique surnommée « Doctrine Truman ». Le Congrès, grâce au National Security Act de 1947, avait établi la CIA, le premier appareil de renseignement permanent aux Etats-Unis, et le Conseil de sécurité nationale (NSC). Dès ses débuts, une controverse opposa ceux qui disaient que la CIA devait se limiter à la collecte d'informations, et ceux qui disaient qu'elle devait aussi mener des actions secrètes.
Les « interventionnistes » (pro-action secrète) l’emportèrent, explique Wilford. George Kennan, le diplomate auteur de la doctrine de l’« endiguement » (« containment ») face à l’URSS, affirmait que les politiciens devaient surmonter l’« attachement populaire au concept d’une différence fondamentale entre la paix et la guerre » et adopter les actions secrètes comme partie intégrante de leur stratégie mondiale.
Kennan préconisait des activités paramilitaires secrètes et la création de « comités de libération » afin d’encourager des activités antisoviétiques par des « éléments autochtones anticommunistes » dans des « pays menacés du monde libre ». Selon Wilford, ces idées « ont guidé toutes les opérations de première ligne des Etats-Unis durant premières cinq années de la Guerre froide ».
La première cible du recrutement secret furent les émigrés d’Allemagne, d’Europe de l’Est et d’URSS. Wilford cite l'Opération « PAPERCLIP », l’acheminement vers les USA d’ancies Nazis disposant d’un savoir-faire militaire ou technique. Il relève le recours aux services du général nazi Reinhard Gehlen, le chef du renseignement militaire d’Hitler sur le front Est, dont le réseau fut « incorporé » au renseignement américain, puis au renseignement allemand.
La fâcheuse tendance de Wilford de laver l’impérialisme américain réduit la force de ses divulgations, notamment de celle du lien avec Gehlen. Wilford en fait une narration plutôt sèche, mais Joseph Trento, auteur de The Secret History of the CIA, décrit les faits ainsi :
« … Gehlen convainquit [Alan] Dulles [le premier directeur civil de la CIA, anciennement du Bureau des services stratégiques (OSS) et du Bureau de coordination politique (OPC)] que les Etats-Unis devaient garantir la protection de milliers de nazis de haut rang… ‘Rien n’est plus important que de recruter ces nazis enfuis dans le monde entier… Vous devez vous rappeler qu’on les considérait comme les anticommunistes les plus déterminés… les autorités américaines étaient prêtes à recruter n’importe quel nazi jugé utile… »
Trento cite Robert T. Crowley, qui a joué un rôle significatif dans la gestion des nazis pour Washington. Trento conclut par l’appréciation suivante : « Ce partenariat entre les ex-nazis et l’OSS/CIA a dominé les activités antisoviétiques américaines pendant trois décennies. » [5]
Wilford n’est pas prêt à avancer de telles évaluations générales, mais il peut dévoiler et d’exposer les détails des réseaux complexes montés par la CIA. Ceci est particulièrement convaincant lorsqu’il remonte la piste de l’argent, un aspect solide de The Mighty Wurlitzer et qui est de toute évidence le résultat de recherches assidues.
Wilford montre comment la formule de financement du Comité national pour une Europe libre (NCFE, créé par la CIA en 1949) est devenue un prototype. On présentait le NCFE comme une organisation humanitaire et indépendante, montée par des citoyens américains afin de secourir des réfugiés d’Europe de l’Est. En fait, elle était dirigée par la CIA.
Afin de justifier les bureaux cossus et les comptes en banque bien garnis du NCFE, on monta une campagne de collecte de fonds, la Croisade pour la liberté (« Crusade for Freedom »). Les fonds recueillis ne servaient pas à couvrir les dépenses, payées par la CIA, mais à éviter que sa richesse ne soulève des questions. L’expérience des campagnes du Conseil de la publicité de guerre, qui avait « renforcé le moral des civils » lors de la Seconde Guerre mondiale, servit ensuite à « vendre » la Guerre froide. C’est de là que Radio Free Europe (Radio Europe libre) est finalement issue.
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Le NCFE fut la première d’une centaine d’organisations de ce genre à apparaître en Europe de l’Est. Elles ont soutenu des projets « scientifiques », leur propre maison d’édition, et une multitude de conseils nationaux de minorités ethniques aux Etats-Unis. Elles ont aussi acheminé de l’argent à des organisations pro-fascistes « telles l’Assemblée des nations européennes captives » de Brutus Coste.
En 1977, Carl Bernstein a calculé que depuis 1952, quelques 400 journalistes avaient travaillé pour la CIA. Mais Wilford écrit correctement que le nombre de journalistes qui écrivaient de la propagande gouvernementale était bien moins important que la collaboration institutionnelle entre la CIA et les grands médias.
L’auteur indique qu’Arthur Hays Sulzberger, l'éditeur du New York Times, était un ami proche du directeur de la CIA Allen Dulles et avait signé un accord secret avec l’agence. En vertu de cet arrangement, le Times a fourni des couvertures de journaliste ou de correspondants à au moins dix agents de la CIA ; le Times encourageait aussi ses employés à faire de l'espionnage. Dulles entretenait des relations avec les médias, qu'il considérait être d’excellentes sources d’informations à l’étranger.
Selon Wilford, le chef des informations de la chaîne Columbia Broadcasting System appelait si souvent le quartier général de la CIA que, lassé d'avoir à quitter son bureau pour passer l'appel, il a fait installer une ligne privée pour contourner le standard téléphonique.
Une troisième voie de diffusion des « informations » de la CIA étaient les agences de presse, dont l’Associated Press et l’United Press International, ainsi que l’opération interne de la CIA, la « Forum World Features. »
Il y avait aussi les magazines. Tout comme le New York Times, le Time de Henry Luce fournissait aux agents de la CIA des cartes de presse. Selon, Wilford « en général… la collaboration était si réussie qu’il était difficile de dire exactement où se terminait le réseau de renseignement outre-mer de Luce et où celui de la CIA commençait. »
Il y avait aussi les services indispensables à l’Association des journalistes américains (ANG), le syndicat des journalistes. L’ANG fut un membre fondateur de la Fédération internationale des journalistes, une fédération de syndicats anticommunistes établie en 1952 à Bruxelles pour s’opposer à la Fédération internationale des journalistes, marquée à gauche.
Financée par les syndicats américains mais lancée par la CIA, l’ANG a monté une campagne destinée aux journalistes africains et asiatiques. Un de ses représentants dirigeait l’Inter-American Federation of Working Newspapermen’s étroitement liée au front syndical de la CIA en Amérique latine, l’Institut américain pour le développement libre du travail (AIFLD). Ces groupes prodiguaient un grand nombre de services gratuits, techniqus ou éducationnels, financés par des fondations intermédiaires liées à la CIA.
Les étudiants
Redoutant l’attraction qu’exerçait le socialisme sur les jeunes, la CIA a établi dès le début une présence sur les campus universitaires. En 1947, elle a formé l'association nationale des étudiants (NSA) des Etats-Unis, et ensuite un service international estudiantin d’information, afin de doter le NSA d'attaches à l’étranger. Wilford décrit comment la CIA a formé et passé au crible tous les agents du NSA. Beaucoup d'entre eux ont ensuite poursuivi des carrières à la CIA.
La NSA animait des séminaires annuels sur les relations internationales et octroyait des bourses à des étudiants venus de « pays en voie de développement », ainsi que pour de longs voyages à l’étranger. En 1967, elle comptait 400 organisations sur les campus américains.
La CIA et le NSA ont aussi parrainé des festivals internationaux de jeunesse pour « sauver la jeunesse du tiers monde des griffes des propagandistes communistes. » Gloria Steinem fut l’icône féministe à la tête de cette opération. Elle avait accepté un poste rémunéré comme directrice de l’Independent Service for Information, « une opération de la CIA du début à la fin, » selon Wilford, et mise en œuvre « sciemment. » Parmi ses compatriotes y figurait Zbigniew Brzezinski, un diplômé de Harvard qu’elle décrivait comme « un membre vedette de l’Independent Service », et qui allait deveinr un des principaux stratèges de l'impérialisme américain.
Dans une partie très pertinente de The Mighty Wurlitzer, Wilford explique comment les professeurs, notamment des universités d’élite « Ivy League », ont servi de recruteurs pour l’agence. L’auteur s concentre sur les activités de William Y. Elliott de Harvard, un professeur du département du gouvernement qui était aussi le doyen de la célèbre Ecole d’été de Harvard.
Elliott a activement « branché » des étudiants choisis dans les opérations de la CIA. Il a utilisé la prestigieuse Ecole d’été pour élargir le recrutement international de la CIA. Parmi les diplômés de Harvard « encadrés » par Elliott se trouvait Henry Kissinger, qui a joué un rôle éminent dans les cours d’été et qui s’en est servi pour entamer sa carrière gouvernementale.
Dans sa conclusion, l’auteur écrit que ces opérations universitaires ne sont de toute évidence pas terminées, mais sont en hausse. Il donne l’exemple des résultats de la commission Church (Church Committee) [6] de l’« utilisation opérationnelle » par la CIA d’universitaires individuels, dont « des rôles de premier plan et des mises en contact à des fins de renseignement, de collaboration dans le domaine de la recherche et de l’analyse, de collecte de renseignements à l’étranger et de la préparation de livres et autre matériel de propagande. »
Les syndicats: l'AFL-CIO et l’« AFL-CIA »
Les opérations anticommunistes menées en Europe par le syndicat American Federation of Labor ont débuté en 1944 avec le Comité des Syndicats Libres (FTUC). Le FTUC était financé par le syndicat américain de la confection féminine (International Ladies’ Garment Workers’ Union) dirigé par David Dubinska, et géré par Jay Lovestone, l’ancien secrétaire national du Parti communiste américain devenu anticommuniste, et par son protégé Irving Brown. Brown avait travaillé pour l’OSS durant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque l’OSS fut dissout, Brown et Lovestone ont dirigé ses opérations, en se vantant que « nos relations et nos programmes syndicaux ont pénétré tous les pays d’Europe. »
D’ici janvier 1949, le budget du FTUC venait de fonds de la CIA déguisés en dons privés. A la fin de l’année, la part de ses revenus provenant des cotisations ouvrières avait été éclipsée par l’argent de la CIA, blanchi par Lovestone à New York et transféré via divers comptes en banque. L’argent fut versé à des syndicats anticommunistes à travers l'Europe, dont Force ouvrière (né d’une scission d’avec le syndicat CGT dominé par le Parti communiste français, PCF) et le Comité de Vigilance méditerranéen en France, les syndicalistes sociaux-démocrates en Italie, y compris la Confederazione Italiana Sindacati Lavoratori, et l’Organisation centrale des syndicats finlandais. Il y eut d’autres opérations organisées en dehors de l’Europe, telles l’Alliance centrale syndicale pan-indonésienne.
Il y eut cependant une autre demande de licence. Victor Reuther, le frère du président de l’UAW, Walter, a ouvert un bureau à Paris. Le syndicat de l’automobile UAW, adhérent du CIO et réputé combatif, passait mieux à l’étranger que le « syndicalisme corporatiste » discrédité de l’AFL ; ainsi l’UAW était plus à même de fournir à la CIA des contacts au sein du mouvement ouvrier.
Le début de la fin du parrainage par la CIA de l’AFL eut lieu le 20 novembre1950. Le directeur de l’agence de renseignement, Walter Bedell Smith, et Frank Wisner rencontrèrent Lovestone, le secrétaire-trésorier de l’AFL, George Meany, David Dubinsky, et le vice-président de l’AFL, Matthew Woll, pour décider quelle syndicat mènerait les opérations secrètes de la CIA.
Meany a vigoureusement dénoncé le CIO, en « citant des dates, des noms et des lieux » de l’infiltration de son rival par les communistes, mais en vain. Le directeur adjoint de la CIA, Alan Dulles, a déclaré qu'il « s’intéressait fortement au mouvement syndical » et croyait que le CIO devrait être impliqué dans les opérations secrètes de la CIA.
Les recherches de Wilford montrent le directeur des affaires internationales du CIO, Mike Ross, a acheminé des milliers de dollars de la CIA vers les opérations parisiennes de Victor Reuther.
Les Afro-Américains
La répression et les meurtres de militants des droits civiques américains au début des années 1950, avec la diffusion d’images où la police utilisait les chiens et les canons à eau contre des manifestants, ont miné les tentatives de Washington d’étendre son influence en Afrique.
C’était là une préoccupation majeure, alors que l'impérialisme européen se faisait expulser de ses colonies et que le mouvement anticolonial se propageait comme une trainée de poudre. « Dans ce contexte, les agences du gouvernement américain, y compris la CIA, ont commencé à auditionner un peu partout pour le rôle de dirigeants noirs américains qui pourraient brosser un tableau positif des relations raciales de leur pays, et aider les pays africains nouvellement indépendants à se détourner du camp communiste, » écrit Wilford dans le chapitre sur le recrutement d’Afro-Américains par la CIA.
La principale opération fut l’American Society of African Culture (AMSAC). Après une réunion en 1954 au domicile de l’ancien secrétaire exécutif du NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), Walter White, à laquelle participèrent Eleanor Roosevelt et Victor Reuther, on fonda une organisation permanente afin de « minimiser parmi les Africains l’anticolonialisme socialiste en faveur de l’anticommunisme libéral. »
De nombreux Américains qui admirent Richard Wright pour son honnêteté littéraire et sa volonté de mettre à nu la brutalité du racisme furent surpris d’apprendre qu’il avait rejoint le groupe écran de la CIA. Wright s'est présenté à l'ambassade américaine à Paris et offrert ses services pour « combattre les tendances gauchistes » lors d’un congrès international des écrivains et artistes noirs (Congress of Negro Writers and Artists) en 1956. Selon Wilford, il s’était rendu à plusieurs reprises à l’ambassade pour discuter comment « contrecarrer l’influence communiste. »
Wright trouva l’argent et organisa depuis les Etats-Unis une équipe de 5 personnes pour participer au congrès de Paris. Quant à W.E.B. Du Bois, il se vit refuser l’octroi d’un passeport et publia une déclaration cinglante : « Tout Negro-Américain se rendant de nos jours à l’étranger doit… dire ce que le Département d’Etat veut qu’il dise. »
Le groupe de Paris créa la Société africaine de Culture (SAC). La création de l’American Society of African Culture (AMSAC) suivit en juin 1957. Le financement était typique : les fonds de la start-up provenaient de Matthew McCloskey, un magnat du bâtiment de Philadelphie et un avocat de Wall Street, et Bethuel Webster (qui aux années 1950 avait contribué à mettre en place l’American Fund for Free Jurist pour véhiculer les fonds vers l’International Commission of Jurists.)
L’AMSAC avait plusieurs objectifs. Il faisait de la propagande, dont une série de publications très ambitieuses ; il organisa des conférences annuelles auxquelles participait une série de brillants intellectuels, artistes et interprètes noirs (Nina Simone, Lionel Hampton, etc.) ainsi que des festivals parrainés à la fois par les Etats-Unis et l’Afrique.
L'AMSAC a aussi aidé la CIA dans ses tentatives plus impitoyables d'écraser la combativité africaine. Suite au meurtre aux mains de la CIA du président congolais Patrice Lumumba, l’agent de l’AMSAC, Ted Harris, fut muté de son bureau de New York à Léopoldville dans le but « d’entraîner les politiciens locaux dans les techniques administratives occidentales. »
Wright fut finalement déçu. En novembre 1960, il prononça un discours surprenant à l’Eglise américaine de Paris qui dénonçait Washington pour avoir espionné les expatriés et tenté de les museler. « Je dirais que la plupart des mouvements révolutionnaires à l'Occident sont parrainés par des gouvernements, » a dit Wright au public. « Ils sont lancés par des agents provocateurs dans le but d’organiser les mécontents pour que le gouvernement puisse garder un œil sur eux. » Il laissa entendre qu'il ferait de nouvelles révélations à venir, puis mourut dans une clinique parisienne quelques semaines plus tard à l’âge de 52 ans. Selon l’auteur, des rumeurs circulèrent qu’il avait été assassiné.
La dernière opération menée avec succès par l’AMSAC fut une vaste tournée du défenseur des droits civiques James Farmer en Afrique, destinée à contrer l’impact des visites précédentes de Malcom X. Ave l’aide de Carl T. Rowan, le premier Afro-Américain à siéger au Conseil de sécurité nationale, Farmer arriva en janvier 1965 en Afrique. Il se rendit dans neuf pays, eut des entretiens avec presque tous les chefs d’Etat, donna des cours aux étudiants, rencontra des membres du parlement et intervint devant les syndicats.
Les femmes
Entre 1952 et 1966, la CIA finança et coordonna un groupe secret de femmes, le Committee of Correspondence (Comité de correspondance), avec une devise bien ironique : « La vérité vous rendra libre. » (« The Truth Shall Make You Free. »)
Au départ, le groupe débitait de l’anticommunisme primaire, avec des communiqués et des bulletins qui accusaient l’URSS de contraindre les femmes à travailler pour que l’Etat puisse exercer « un contrôle absolu sur l’enfant », etc. Les inquiétudes de l'Etat quant au mouvement anticolonial montait, toutefois, et le comité organisa des activités en Iran, en Afrique et en Amérique du Sud.
Cette initiative concordait avec le projet du gouvernement Eisenhower d’humaniser l’image américaine (développé ensuite par le Corps de la Paix -Peace Corps- créé par John F. Kennedy en 1961) tout en renforçant le consensus de la Guerre froide à l’intérieur des USA. Ceci n’empêcha pas le comité d’exécuter une série de « missions spéciales » pour surveiller et établir des rapports sur les conférences de paix appuyées par le Parti communiste.
Wilford cite l’évaluation de la CIA de l’importance stratégique croissante des femmes aux années 1950, notamment dans l’éducation. « Il est évident que les femmes sont maintenant un facteur très important dans l’édification de la nation qui se passe dans une grande partie du monde, » aurait déclaré un agent du renseignement. Les réseaux créés par les comités de correspondance étaient considérés comme relevant d’une astucieuse tactique de la Guerre froide et la base des futures opérations de renseignement.
Tout comme de nombreux autres fronts de travail de la CIA, le comité fut généreusement financé par une série de fondations et de groupes patronaux, dont : le Dearborn Foundation, l’Asia Foundation, le J. Frederick Brown Foundation, le Florence Foundation, le Hobby Foundation et le Pappas Charitable Fund.
Les artistes
La CIA était très préoccupée par un grand nombre d’artistes. La Grande dépression avait discrédité le capitalisme et l’épanouissement de la culture après la Révolution russe avait influencé le monde entier. La CIA voulait contrecarrer l’excellence du cinéma, de la dance, de l’art, de la musique, du théâtre et de l’architecture soviétiques ainsi que la revendication de l’URSS d’être l'héritierdes Lumières en Europe. La CIA s’est efforcée de dépeindre l’art américain comme le terreau des impulsions les plus créatrices de la culture moderne.
Cette initiative fut en effet un grand défi, particulièrement vu le conformisme philistin et petit bourgeois de l’élite américaine (moqué par le terme « Babbitry »). The Mighty Wurlitzer signale la célèbre expression de Harry Truman concernant l’oeuvre de Yasuo Kuniyoshi: « Si ça c’est de l’art, moi je suis un hottentot. »
L’agence avait fondé en 1950 le Congrès pour la liberté de la culture (CCF), qui a financé un nombre sans précédent de prix littéraires, d’expositions d’art et de festivals de musique. A son apogée, il avait des bureaux dans 35 pays et publiait plus d’une vingtaine de magazines, dont le magazine littéraire Encounter, édité par le néoconservateur Irving Kristol (qui a également bénéficié du soutien de MI6). La Fondation Ford a aussi financé le CCF.
La CIA oeuvra pour obtenir des contrats d’édition pour ses écrivains encartés aux maisons d’édition auxquelles participait l’agence, dont la maison d’édition Frederick A. Praeger. Wilford a particulièrement tenu à documenter le soutien financier de l’agence pour Partisan Review qui fut initialement l’organe culturel du Parti communiste pour devenir antistalinien plus tard, flirtant avec le trotskysme avant de s’aligner sur la « gauche non conformiste » et les néoconservateurs James Burnham et Sidney Hook.
Le livre de Frances Stonor Saunders de 1999 Who Paid the Piper, partiellement racontédans The Mighty Wurlitzer, met en évidence la protection par la CIA de l’expressionnisme abstrait aux Etats-Unis. Wilford décrit le genre d’entreprise publique-privée qui faisait ce travail, qui impliquait généralement le Musée d’Art moderne (MoMa) Rokefeller et le CCF. Entre autres, les peintures de Jackson Pollock, Mark Rothko et de Franz Kline furent promues comme étant l’antithèse du réalisme soviétique et la soi-disant preuve que le capitalisme était mieux à même de promouvoir la culture.
Evoquant le « ‘cordon ombilical en or’ qui unit l’espion et l’artiste, » Wilford explique en détail toute une série d’activités. L’un des grands projets était le « Hollywood consortium », un groupe informel mais influent d’acteurs et de magnats du cinéma qui travaillaient avec la CIA, dont John Ford, John Wayne, Darryl Zanuck et Cecil B. DeMille. Les Studios Paramount disposaient de leur propre agent interne de la CIA qui se consacrait à censurer certains films et à en saboter d’autres. (En même temps, la liste noire anticommuniste à Hollywood détruisait des carrières et des vies.)
The Mighty Wurlitzer démontre comment le gouvernement américain a dépensé des millions de dollars, sur des décennies, pour miner la pensée socialiste et donner àl’anticommunisme un nouveau visage culturel, social et humanitaire.
Dans le dernier chapitre, l’auteur écrit que les groupes écrans de la CIA sont toujours vivants et se portent bien. Il cite des rapports qui relient le best-seller Reading Lolita in Tehran: A Memoir in Books aux efforts visant à recourir à l’artifice des « droits de la femme » pour préparer l’opinion publique à une éventuelle invasion américaine de l’Iran.
Le principal inconvénient du livre est le décalage entre les opérations secrètes et leur objectif politique. L’on pourrait lire la plus grande partie du livre et conclure que le gouvernement américain était simplement hypocrite, antidémocratique et manipulateur.
Le lecteur doit garder à l’esprit les conséquences épouvantables des activités de la CIA partout dans le monde – les millions de morts, les attaques contre la démocratie, la mise en place de despotes et d’oligarques par des coups. On ne voit jamais d'allusion à ces sales opérations dans The Mighty Wurlitzer.
L’auteur, tout en dévoilant les activités de l’impérialisme américain, ne cesse de les édulcorer. C’est un partisan journalistique du gouvernement américain. Sa conclusion, intimement liée au libéralisme américain, est que les groupes écrans secrets, qui sont en désaccord avec une démocratie américaine par ailleurs est en bonne santé, ont « entaché » la réputation des Etats-Unis et occasionné divers retours de manivelle.
Quoiqu’il en soit, malgré ces insuffisances graves, l’auteur doit être reconnu pour être un journaliste d’investigation opiniâtre au vu de « la chape du secret officiel qui entoure encore actuellement » les opérations secrètes. En fait, après que plus de 50 ans se soient écoulés, le gouvernement refuse de divulguer les dossiers concernant ces opérations.
Les lecteurs d’aujourd’hui du The Mighty Wurlitzer traversent une période durant laquelle les Etats-Unis sont allés bien au-delàde ces efforts pour censurer et manipuler l'opinion. Sous nos yeux, les tribunaux et l'Etat –y compris l’appareil militaire et du renseignement qui ne cesse de croître –réduisent ànéant l’ensemble du cadre des droits légaux et démocratiques gagnés après des siècles de lutte.
La capacité du livre d’apporter un témoignage des activités farouchement antidémocratiques et réactionnaires de la CIA à une période antérieure souligne les craintes grandissantes et légitimes ressentie de nos jours par la bourgeoisie face au pouvoir révolutionnaire de la véritable pensée socialiste.
Les notes
1. Les brutales opérations secrètes de la CIA couvrent la période qui démarre peu après sa création en 1947 – du coup d’Etat syrien de 1949 (dans l’intérêt de la construction du Trans-Arabian Pipeline) au renversement en 1953 du premier ministre iranien Mohammed Mossadegh (qui avait menacé de nationaliser l’industrie pétrolière iranienne, alors sous le contrôle de l’Aglo-Iranian Oil Company, maintenant BP), à l’éviction en 1954 du président Jacobo Arbenz au Guatemala (qui avait menacé les exploitations de l’United Fruit Company), à la chute et au meurtre subséquent du premier ministre congolais et dirigeant anticolonialiste Patrice Lumumba, jusqu’au coup militaire du général Suharto et le massacre de près d’un million d’Indonésiens entre 1965 et 1966, au « coup d’Etat de Canberra » en 1975 avec l’éviction du gouvernement travailliste en Australie, en passant par le coup d’Etat fasciste de 1973 au Chili, et la déstabilisation des décennies durant de l’Irak, au déploiement d’armées privées en Afghanistan et au Pakistan jusqu’au parrainage par la CIA des fascistes qui sont actuellement à l’œuvre en Ukraine.
2. Plus de sept millions de travailleurs américains ont participé à la grande vague de grèves de 1945-46. Ces grèves se déroulèrent dans des milliers de lieux de travail, avec des grèves générales dans des villes entières. Quatre-vingt usines de General Motors furent touchées dans 50 villes. En à peine plus de 18 mois, 144 millions de journées de travail furent perdues.
3. Cité par Wilford dans, « In From the Cold: After Sept 11, the CIA Becomes a Growing Force on Campus, » Wall Street Journal, 4 octobre 2002
4. Cf. l’explication approfondie de l’effondrement du libéralisme américain au chapitre 3 de La Révolution russe et le XXe siècle inachevé (The Russian Revolution and the Unfinished Twentieth Century) par David North, Mehring Books 2014.
5. Trento, Joseph J., L’histoire secrète de la CIA (The Secret History of the CIA), Carroll & Graf Publishers, New York, 2001, p 23.
6. Entre 1975 et 1976, la commission sénatoriale présidée par le sénateur américain Frank Church avait enquêté sur les activités illégales de la CIA, du NSA et du FBI après le scandale du Watergate. Un grand nombre de rapports de la commission sont encore classés secrets. Parmi les affaires examinées, figurent les tentatives du gouvernement américain d’assassiner Patrice Lumumba, Rafael Trujillo et les frères Diem au Vietnam. La commission Church a aussi divulgué l’opération du FBI surnommée COINTELPRO, qui servit à infiltrer et à espionner le Socialist Workers Party, le Parti communiste, le Black Panther Party et de nombreux groupes de gauche.
(Article original paru le 17 août 2015)
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