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lundi 20 octobre 2025

Un orgasmo della storia (G. Sanguinetti)

 

0 - IMMAGINE MOSTRA TANO

Dopo quarant'anni di censura sul Movimento del 1977, il Museo di Roma in Trastevere dedica a quegli avvenimenti una mostra che rimarrà aperta fino al 14 gennaio 2018. In occasione di questa mostra le edizioni Postcart pubblicano un libro sullo stesso argomento. Dal catalogo che accompagna la Mostra, presentiamo qui di seguito lo scritto di Gianfranco Sanguinetti - UN ORGASMO DELLA STORIA: IL 1977 IN ITALIA. Digressioni sul filo della memoria di un ex-situazionista. Un testo che - proprio adesso nel momento in cui la strada che dal '68 ha portato al '77 ed al presente può essere vista nella giusta prospettiva storica -  permette di poter finalmente coniugare teoria politica e ribellione.  Pubblico il testo su questo blog cercando di dare alla cosa la maggior diffusione possibile, ringraziando Gianfranco per quanto ha scritto e per la sua amicizia.

UN ORGASMO DELLA STORIA: IL 1977 IN ITALIA
- Digressioni sul filo della memoria di un ex-situazionista -
di Gianfranco Sanguinetti

“Mi trovan duro?
Anch’io lo so
Pensar li fo…”
( Vittorio Alfieri, Epigrammi, 1783.)

La catastrofe delle ideologie.
Ci sono stati due 1977 in Italia, uno dei quali non fu altro che l’estremo sussulto, il rantolo di morte delle illusioni, delle menzogne e dei crimini di cui erano portatrici e beneficiarie le burocrazie filosovietiche e filocinesi, e i loro seguaci locali, che costituivano ancora la zavorra ideologica e la falsa coscienza dei gruppuscoli a pretese estremiste nati dalle ceneri del 1968.
   Fin dal 1969 i situazionisti italiani affermavano, nell’editoriale della rivista «Internazionale Situazionista», che: “La critica dell’ideologia è la premessa di ogni critica... Bisogna tuttavia accelerare il processo di decomposizione del “marxismo” (operaismo--burocratismo, sottosviluppo teorico--ideologia del sottosviluppo)... Per prendere coscienza del proprio contenuto, il conflitto sociale contro le condizioni moderne della sopravvivenza fa venire a galla tutte le carogne del passato di cui provvede a liberare il campo… Il consumo dell’ideologia deve sostenere una volta di più l’ideologia del consumo… Dalle idee ai fatti non c’è che un passo. Le azioni le miglioreranno… Ma nel movimento presente l’I.S. prefigura in pari tempo l’avvenire del movimento stesso. Quando tutte le condizioni interne saranno adempiute… per sopprimere la divisione delle classi e le classi stesse, la divisione del lavoro e il lavoro stesso, e per abolire l’arte e la filosofia realizzandole nella creatività liberata della vita senza tempo morto, quando solo il meglio sarà sufficiente, il mondo sarà governato dalla più grande aristocrazia della storia, l’unica classe della società e la sola classe storica dei padroni senza schiavi. Questa possibilità ricorre forse oggi per la prima volta. Ma ricorre” [*1]

ARTICLE COMPLET 

Mort de Gianfranco Sanguinetti, dernier grand héritier de l’Internationale situationniste (nécrologie 3)

 SOURCE: https://actualitte.com/article/126640/auteurs/mort-de-gianfranco-sanguinetti-dernier-grand-heritier-de-l-internationale-situationniste

Les Éditions Allia, Gérard Berréby, Danielle Orhan et Dominique Thomas ont annoncé « avec une profonde tristesse » la disparition de Gianfranco Sanguinetti, survenue à Prague, en Tchéquie, le 3 octobre 2025, à l’âge de 77 ans. Écrivain, poète et penseur critique, l'Italien né à Pully, dans le canton de Vaud en Suisse, fut l’une des grandes figures de la pensée révolutionnaire européenne et un acteur marquant du mouvement situationniste.

Publié le 06/10/2025 Hocine Bouhadjera 

Issu d’une famille aisée propriétaire du groupe alimentaire Arrigoni, il grandit dans un milieu mêlant confort matériel et engagement politique. Sa mère, Teresa Mattei, fut une députée communiste et ancienne résistante italienne, figure de la lutte antifasciste. Son père, Bruno Sanguinetti, décéda en 1950, laissant plusieurs héritiers issus de différents mariages.
 
Le “Véridique rapport”, ouvrage culte

Dans les années soixante, Gianfranco Sanguinetti s’engage dans les mouvements intellectuels et politiques qui bouleversent l’Europe. En janvier 1969, il fonde à Milan, avec Claudio Pavan et Paolo Salvadori, la seconde section italienne de l’Internationale situationniste, bientôt rejointe par le Vénézuélien Eduardo Rothe.

Cette section se distingue dès décembre 1969 lors de l’attentat de la piazza Fontana à Milan, qui fit seize morts et plus de quatre-vingts blessés, en publiant un tract retentissant intitulé Il Reichstag brucia ? (« Le Reichstag brûle-t-il ? ») où elle accuse directement l’État italien d’être responsable du massacre.

Dans le climat de tension extrême qui s’installe alors en Italie, marqué par la stratégie de la tension, les violences politiques et les manipulations des services secrets, Gianfranco Sanguinetti devient une figure surveillée et controversée. Ses positions radicales, son ton pamphlétaire et ses liens avec les milieux intellectuels révolutionnaires européens, notamment en France, attirent rapidement l’attention des autorités.

Engagé dans un dialogue constant avec les penseurs de l’Internationale situationniste, il participe à plusieurs réunions entre militants italiens et français, s’imposant comme un relais entre les deux scènes. C’est dans ce contexte de surveillance et de méfiance croissante qu’il est expulsé de France en juillet 1971 par décision du ministère de l’Intérieur.

Il reste cependant proche de Guy Debord, figure centrale du mouvement. Ensemble, ils participent à l’acte de dissolution de l’Internationale situationniste, proclamé en avril 1972 dans La Véritable Scission dans l’Internationale, texte fondateur signé des deux hommes. Tout au long des années soixante-dix, Sanguinetti poursuit avec son camarade des actions intellectuelles et politiques subversives, cherchant à prolonger la critique du capitalisme et de la société du spectacle.

En août 1975, il envoie à plus de cinq cents personnalités italiennes une brochure signée sous le pseudonyme de « Censor », intitulée Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie. Sous les traits d’un notable conservateur, il y déploie un discours d’un cynisme implacable, révélant les stratégies des dominants et feignant de prôner, au nom du réalisme politique, l’entrée des communistes au gouvernement aux côtés des démocrates-chrétiens. Ce texte, à la fois pamphlet et piège intellectuel, provoque la stupeur en Italie. Traduit en français par Guy Debord, il est publié chez Champ Libre en 1976 et devient un ouvrage culte de la critique sociale.

Une œuvre dense et critique

En 1980 paraît Du terrorisme et de l’État, ouvrage dans lequel Gianfranco Sanguinetti expose le rôle joué par les services secrets italiens dans les activités des Brigades rouges. Ce livre, publié en français au Fin Mot de l’Histoire, confirme son audace intellectuelle. Cependant, l’interprétation qu’il propose de l’enlèvement d’Aldo Moro en 1978 provoque sa rupture définitive avec Guy Debord. Par la suite, Sanguinetti se détourne des cercles militants et se consacre à des activités immobilières, sans jamais renoncer à la critique du pouvoir et des institutions, malgré tout.

Au fil des décennies, il demeure un observateur acerbe de l’époque et un esprit libre. À partir de décembre 2015, il anime sur Mediapart un blog intitulé Le chat et la souris, où il publie articles, réflexions et pamphlets. Le 16 janvier 2016, il y exprime notamment son profond désaccord avec la biographie de Guy Debord écrite par Jean-Marie Apostolidès, parue quelques mois plus tôt, qu’il accuse de trahir la pensée et la personnalité de son ancien compagnon de route.

Outre La Véritable Scission dans l’Internationale, Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie, et Du terrorisme et de l’État de 1980, parmi ses principaux ouvrages et textes figurent Le Secret, c’est de tout dire ! paru en 1989 chez Allia sous le pseudonyme de Gianni Giovannelli, Le Doge, souvenir en 2012, De l’utilité du terrorisme en 2015, ou encore Le despotisme occidental (à propos du coronavirus).

Sanguinetti fut aussi un passeur de textes. Il a rédigé des préfaces pour Jason Rhoades, 1724, Birth of the Cunt en 2004, Isidoro La Lumia, Histoire de l’expulsion des juifs de Sicile 1492 publié chez Allia en 2015, et Giuseppe Rensi, Contre le travail paru en 2017. En 2022, il signe la postface du livre de sa mère, Il distillato della felicità. Un miracolo a Milano.

Installé à Prague au cours des dernières années de sa vie, il y poursuivait une existence discrète mais demeurait attentif à l’évolution du monde.   

Hurlements en faveur de Sanguinetti, nécrologie 2

 

Erick Corrêa

paru dans lundimatin#492, le 17 octobre 2025

La pensée radicale a perdu l’une de ses voix les plus corrosives. Gianfranco Sanguinetti, membre légendaire de l’Internationale situationniste (IS) et critique implacable de la société du spectacle, est décédé à Prague le 3 octobre, à l’âge de 77 ans. Figure fondamentale des débats politiques et esthétiques qui ont marqué la génération de 1968, Sanguinetti était non seulement un théoricien gênant pour le pouvoir, mais aussi un écrivain d’une rare précision et ironie, dont l’œuvre a simultanément défié l’État italien et certains mouvements révolutionnaires de son époque. Sa trajectoire, marquée par un engagement intransigeant dans le travail du négatif, laisse un héritage qui continue d’interpeller, éthiquement et politiquement, toutes les formes d’indulgence envers le « mensonge généralisé » qui structure le monde du spectacle décrypté par les situationnistes.

Né en 1948 en Suisse, Gianfranco était le fils de Teresa Mattei et Bruno Sanguinetti, tous deux partisans actifs de la Résistance antifasciste en Italie. Teresa, pédagogue de formation, a été élue à l’Assemblée constituante par le Parti communiste italien (PCI) en 1946. Son père, Bruno, était d’origine juive et fils d’un grand propriétaire dans l’industrie alimentaire. Intellectuel spécialiste de la littérature française, diplômé en ingénierie et en physique, il a contribué à la fondation du Gruppo Antifascista Romano et est devenu l’un des principaux bailleurs de fonds du PCI pendant la Résistance. [1] 

Dès son plus jeune âge, la vie de Gianfranco semble avoir suivi la circonférence du temps vers le centre de l’opportunité dont parlait Baltasar Gracián. Sa formation politique et culturelle s’est déroulée entre la fin de la Résistance antifasciste — dans laquelle ses parents ont joué un rôle de premier plan — et le retour des luttes ouvrières et étudiantes de l’« automne chaud » de 1969. Ce nouveau cycle remettait en jeu les aspirations révolutionnaires endormies depuis le biennio rosso (biénio rouge) de 1919-1920 et qui, par ironie des nouvelles circonstances, conduiraient le jeune Sanguinetti — alors âgé de vingt ans — à une rupture radicale avec l’antifascisme communiste de la génération de ses parents.

Les années pré-situationnistes

Avant même d’avoir atteint l’âge de quinze ans, Gianfranco comprenait déjà les nouvelles formes prises par la lutte des classes à son époque. Ces transformations étaient façonnées non seulement par la crise de la société bourgeoise et du capitalisme italien de l’après-guerre, mais surtout par l’émergence d’un nouveau prolétariat. Précaire et déconnecté des intérêts directs de la production, ce groupe commençait à menacer la position dominante de l’ouvrier industriel en tant que sujet révolutionnaire par excellence. De cette manière, l’hégémonie des communistes à la tête des organisations partisanes et syndicales ouvrières était remise en question, ainsi que l’orthodoxie marxiste dominante elle-même, qui privilégiait les luttes économiques et politiques au détriment des aspects socioculturels des conflits et des luttes sociales.

Conscient de l’effondrement des valeurs traditionnelles, tant bourgeoises qu’ouvrières, Gianfranco commença à fréquenter, vers 1966, les réunions du Gruppo 63, un mouvement de jeunes écrivains qui rompait avec les cadres académiques du néoréalisme italien par une appropriation expérimentale du langage. Inspiré par le mouvement pacifiste Green Wave de Joan Baez aux États-Unis, par la contre-culture beatnik et par les provos néerlandais, il forma, avec un groupe de jeunes hippies, le mouvement italien du même nom, Onda Verde. Les beatniks milanais défendaient des causes liées aux intérêts de la jeunesse, telles que l’abolition du service militaire obligatoire, le droit à l’avortement, au divorce et au mariage homosexuel. Ils agissaient dans les lycées et utilisaient des méthodes telles que les occupations et les happenings politico-esthétiques. À la fin de l’année 1966, l’alliance entre Onda Verde et un groupe similaire, appelé Mondo Beat, allait représenter un pas qualitatif vers des formulations théoriques situationnistes. Lorsque le dernier numéro du magazine éponyme édité par ce groupe fut publié par Feltrinelli — la plus grande maison d’édition de gauche en Italie —, les sirènes de la « récupération » retentirent. Ce concept, approprié dans les lectures collectives de la revue Internationale Situationniste, s’imposait alors comme l’antidote à l’appropriation des luttes étudiantes par des sujets extérieurs à celles-ci.

En 1967, Gianfranco et d’autres camarades lycéens – parmi lesquels Claudio Pavan et Paolo Salvadori, futurs membres de l’IS – se joignirent au projet de la revue S. Cette publication, initiative du professeur milanais Carlo Oliva, proposait de renouveler le marxisme économiciste prédominant dans les partis de gauche. C’est par le biais de S que la théorie situationniste est arrivée dans les universités italiennes, se diffusant dans le contexte du vaste mouvement d’occupations universitaires qui a éclaté à Turin à la fin de cette année-là et s’est étendu à d’autres villes. Sous l’impulsion de Mai 68, la contestation sociale en Italie s’est prolongée pendant une décennie, devenant connue en France sous le nom de Mai rampant. Bien que la revue de l’IS ne comptait pas encore plus de vingt abonnés dans tout le pays, sa théorie a néanmoins eu un impact intense sur les milieux étudiants italiens du secondaire et de l’université. [2] 

Les années situationnistes

À la fin de l’automne 1968, le groupe de Gianfranco rédigea Dialletica della putrefazione e del superamento, une analyse du mouvement étudiant fortement influencée par la théorie situationniste, ainsi que par les thèses conseillistes de la gauche germano-néerlandaise de la première moitié du XXe siècle (Pannekoek, Gorter et autres). Alors qu’en France, le mouvement révolutionnaire était vaincu par l’impact des « accords de Grenelle », l’Italie avançait vers une situation de crise révolutionnaire. Au moment où les situationnistes français dressaient le bilan de la crise de mai-juin 1968 et s’engageaient dans un débat sur l’organisation et le rôle de l’IS dans les luttes futures, Sanguinetti, Pavan et Salvadori prirent contact avec la section française de l’organisation, alors dirigée par Guy Debord. C’est ainsi que fut constituée la section italienne, même si elle n’était composée que des trois membres milanais. [3] 

Le premier – et unique – numéro de la revue Internazionale Situazionista fut publié en juillet 1969. Le contenu impressionna les membres de la section française, en particulier Debord, qui écrivit à l’époque : « Je ne crois pas que quelque chose d’aussi puissant ait été écrit en Italie depuis Machiavel ». [4] 

Gianfranco avait la vision la plus lucide et le répertoire théorique le plus solide parmi les jeunes membres de la section italienne, qui, dans sa petite tendance, accueillerait également le Vénézuélien Eduardo Rothe, le seul Sud-Américain à intégrer l’IS. L’intensification des luttes ouvrières entre 1968 et 1969 — marquée par des grèves antisyndicales chez FIAT, Pirelli, Oficina 32 de Mirafiori et à la RAI ; par la construction de barricades à Milan, Caserte, Turin et Naples ; par des révoltes dans les prisons, l’insurrection de Battipaglia, des émeutes de rue en Sardaigne et la création de comités de base dans les usines — a conduit à la convocation d’une grève générale pour le 19 novembre 1969. À cette occasion, les situationnistes italiens affichent sur les murs de Milan un manifeste intitulé Avviso al proletariato italiano sulle possibilità presenti della rivoluzione sociale, qui résumait les principaux aspects de la crise révolutionnaire en cours, expliquait les intérêts en jeu et appelait à la formation de conseils ouvriers.

Lorsque, le 12 décembre 1969, une bombe explosa à la Banque de l’Agriculture, également à Milan, les situationnistes dénoncèrent, dans le feu de l’action, la provocation de l’État italien — ce qui ne fut toutefois prouvé qu’en 1990 par le Premier ministre de l’époque, Giulio Andreotti. À partir de ce moment, comme l’a observé McKenzie Wark, l’expérience de Sanguinetti avec la politique révolutionnaire et l’État « était, plus encore que celle de Debord, principalement liée à sa fonction policière ». [5] En effet, dès son adolescence, Gianfranco avait été arrêté (sur ordre du délégué milanais Luigi Calabresi, assassiné en 1972) pour avoir hissé le drapeau de la République espagnole de 1936 devant le ministre franquiste Manuel Fraga Iribarne, au Palais royal de Milan. En 1971, il fut expulsé de France, période durant laquelle il fut également confronté à une série de provocations policières et néofascistes en Italie. C’est pourquoi Sanguinetti figure comme coauteur du document de dissolution de l’IS, rédigé par Debord et publié en 1972, en signe de solidarité et de soutien à son ami milanais. Entre 1975 et 1976, Gianfranco est à nouveau emprisonné en Italie et expulsé de France, mais cette fois pour une autre affaire.

Les années post-situationnistes

En mars 1975, Gianfranco est interpellé alors qu’il se rend à Florence avec sa compagne Katharine Scott et arrêté pour port d’armes illégal — naturellement déposé dans le véhicule par les policiers. Au cours des quatre jours de détention et d’interrogatoires, plusieurs perquisitions sont menées au domicile d’anciens membres de la section italienne de l’IS. Mario Masanzanica, propriétaire de la voiture que Gianfranco conduisait au moment de son arrestation, fut également visé par la législation « antiterroriste » et arrêté sous l’accusation inhabituelle d’être le « tueur » de l’IS, bien qu’il ait été libéré deux mois plus tard faute de preuves. À cette époque, l’État italien orchestrait une campagne de calomnie, relayée par la presse, qui cherchait à associer les situationnistes tant au « terrorisme noir » anarchiste qu’au « terrorisme rouge » des Brigate Rosse. Mais Gianfranco et Katharine transportaient avec eux quelque chose de plus important que des bombes ou des armes de guerre : le manuscrit du pamphlet Rapporto veridico sulle ultime possibilità di salvare il capitalismo in Italia. [6] En 2017, Gianfranco a révélé comment Katharine avait caché le manuscrit dans l’étui de son violon, qui était passé inaperçu lors du contrôle policier à la prison pour femmes de Florence. Dans ce contexte, le potentiel subversif du pamphlet pouvait coûter à Gianfranco et à sa compagne plus de douze ans de prison, peine prévue pour le port illégal d’armes. Mis à l’abri des mains de l’État, le manuscrit a été soigneusement préparé par Gianfranco à la bibliothèque de Bergame.

Une fois terminé, le Rapporto de Sanguinetti fut d’abord publié en Italie sous le pseudonyme de Censor, un bourgeois cynique et ultraconservateur fictif. Son objectif était de démontrer à quel point il était utile pour l’État italien de recourir au terrorisme pour sauver le capitalisme de la faillite et de la subversion prolétarienne qui entraînait le pays vers la guerre civile. Dans le même temps, le texte critiquait les erreurs policières et juridiques successives commises lors des enquêtes sur le massacre de la Piazza Fontana, tout en conseillant aux dirigeants de la Démocratie chrétienne d’utiliser à leur avantage la vaste expérience acquise par les communistes dans le contrôle de la classe ouvrière.

Conçu en collaboration avec Debord — qui traduisit le pamphlet en français —, Gianfranco reprit une méthode utilisée en 1841 par Bruno Bauer et Karl Marx contre la droite hégélienne, se proposant de « provoquer un État de provocateurs ». [7] Les deux textes recourent à l’ironie et à la dénonciation pour dévoiler les contradictions des formes idéologiques dominantes qui masquent la réalité sociale. Bauer et Marx critiquaient la philosophie de la droite hégélienne pour sa fonction idéologique, tandis que Sanguinetti et Debord utilisaient stratégiquement l’ironie pour exposer l’hypocrisie des élites italiennes. Ces dernières, représentées par la figure du « banquier humaniste » Raffaele Mattioli (à qui Censor dédie le Rapporto), symbolisaient parfaitement la contradiction entre l’apparence bienveillante et la réalité oppressive du capitalisme.

En décembre 1975, après avoir trompé toute la presse italienne – qui a repris sans le savoir le pamphlet dans tous ses médias –, Sanguinetti annonce publiquement l’inexistence de Censor, révélant les véritables motivations de sa provocation. L’opération visait à démontrer, de manière expérimentale et rigoureusement logique, à quel point il est facile de tromper la population en utilisant les mêmes méthodes de mise en scène que celles employées par le terrorisme d’État. Pour ce faire, Gianfranco a appliqué la méthode de l’ennemi contre lui-même, en créant un pamphlet sous fausse bannière comme prétexte pour « dire l’indicible ». En dévoilant la supercherie, il a trompé les professionnels de la tromperie de l’État, approfondissant encore davantage le discrédit des institutions auprès des classes populaires.

Gianfranco allait encore faire l’objet d’une deuxième expulsion du territoire français, après avoir été reconnu par les autorités frontalières à bord d’un train de nuit à destination de l’Italie. Cet épisode mit Debord en colère, qui persuada son ami italien d’acheter, par l’intermédiaire de Gérard Lebovici — propriétaire des éditions Champ Libre —, une demi-page dans le journal Le Monde. Une déclaration de soutien à Sanguinetti y fut publiée le 24 février 1976. Empreinte d’un humour qu’André Breton qualifierait de « swiftien » – celui qui provoque le rire sans toutefois y participer –, l’intervention médiatique de Debord s’inscrivait dans la recherche d’un nouveau théâtre d’opérations pour la théorie situationniste après la fin de l’organisation. Cette forme précurseur de l’anti-publicité moderne exprimait, par le biais d’un détour, une stratégie d’action post-situationniste : retourner les armes du spectacle contre le spectacle lui-même.

C’est au cours de ces années que la force qualitative de la théorie formulée par l’IS a eu son plus grand impact sur le territoire italien, grâce au partenariat stratégique entre les deux hommes. Cette amitié, que Debord avait coutume d’associer à celle de Marx et Engels (Gianfranco étant le riche ami de la relation), a perduré dans les années qui ont suivi la fin de l’IS, jusqu’à ce qu’elle commence à se détériorer en raison d’une campagne de diffamation menée par Debord contre Sanguinetti.

En 1979, tous deux ont publié leurs analyses sur la situation italienne, dans lesquelles ils abordaient directement la question du terrorisme dans le pays, en mettant l’accent sur les actions des Brigades rouges et sur l’enlèvement et l’exécution du Premier ministre Aldo Moro, du parti démocrate-chrétien. Debord souhaitait que son ancien compagnon de l’IS publie ses thèses en Italie pendant l’enlèvement, afin d’exposer à l’opinion publique la manipulation des Brigades par les services secrets de l’État. Cependant, Sanguinetti ne l’a fait qu’après la fin de l’épisode, cinq mois après que Debord ait publié en France ses propres thèses — dans lesquelles tant le mouvement de 1977 que le livre de Sanguinetti de 1975 sont omis [8]

À partir de ce moment, Debord non seulement rompit toute relation avec Sanguinetti, mais commença également à nourrir et à répandre des soupçons à son sujet. Convaincu que son ami n’avait pas suivi ses conseils sous l’influence de son avocat — une personne considérée avec méfiance par l’ancien situationniste français —, Debord, sans jamais présenter la moindre preuve à l’appui de ses soupçons, répandit parmi les traducteurs et les éditeurs d’Europe occidentale la fausse information selon laquelle cette personne pourrait être un agent de l’État. Ce n’est qu’en novembre 2012 que, dans une lettre adressée à l’ex-situationniste tunisien Mustapha Khayati, [9] Gianfranco s’est exprimé sur la controverse, révélant l’identité de son ami et les raisons de son silence face aux affirmations calomnieuses diffusées par Debord.

Ariberto Mignoli (le « Doge ») était un juriste italien et professeur d’université, spécialisé dans le droit des sociétés et les opérations financières importantes. Il possédait une culture humaniste très riche : il connaissait les langues classiques (« mortes ») et modernes européennes, lisait de la littérature dans plusieurs langues, avait une mémoire très développée et une rectitude morale très marquée. Bien qu’il ne fût pas un révolutionnaire au sens classique du terme, il n’était pas conformiste et conservait une attitude critique à l’égard du pouvoir politique et des classes dirigeantes. Sanguinetti fit appel à lui en 1971 en tant qu’avocat « incorruptible » pour résoudre des questions familiales. Cependant, Mignoli finit par participer de manière décisive à l’opération Censor, en suggérant de réaliser une édition limitée et de luxe, sur papier spécial et avec une couverture rigide, fournissant même la liste des destinataires auxquels le pamphlet serait envoyé (parmi lesquels le pape Paul VI). Mignoli l’a également défendu juridiquement à plusieurs reprises lors de persécutions, aidant Sanguinetti à échapper aux pièges policiers et judiciaires. Censor est, en fin de compte, un personnage inspiré à la fois de Debord et de Mignoli, reflétant la figure idiosyncrasique d’un Kropotkine à l’envers : non pas comme un aristocrate subversif, mais comme un subversif aristocrate.

Sanguinetti répond aux soupçons de Debord avec ironie et mépris, les traitant d’absurdes, d’infondés et révélateurs de la dégénérescence paranoïaque de Debord dans les années qui ont suivi la dissolution de l’IS. Il nie catégoriquement que Mignoli ait pu être un agent de l’État et le décrit au contraire comme un homme intègre, cultivé, généreux et d’une intelligence supérieure, dont la vie et le caractère seraient incompatibles avec tout service d’espionnage : « Cet homme que Debord, dans son ivresse et son délire, a osé qualifier d’« agent secret » était en réalité le plus transparent et le plus noble des êtres humains. Un avocat incorruptible, un esprit libre, incapable de se vendre à quelque pouvoir que ce soit. Que Debord, avec sa manie croissante de persécution, en soit venu à voir en lui un espion ne fait que confirmer l’état de confusion et de ruine dans lequel il était tombé ». Dans un autre passage, Sanguinetti observe encore — avec ironie — que si Mignoli était vraiment un agent, « nous devrions alors revoir toute l’histoire des services secrets italiens, car il n’y a jamais eu d’espion aussi sage, aussi généreux et aussi peu intéressé par l’argent ».

À 28 ans, Sanguinetti a participé activement au mouvement de 1977 à Rome et à Bologne, témoin de la répression sans précédent qui a mis fin à cette expérience. Poursuivant son travail de démystification, commencé avec le Rapporto de 1975, Gianfranco a publié en 1979 Del terrorismo e dello Stato. Dans cet ouvrage, il dénonce pour la première fois le recours au terrorisme sous fausse bannière par les appareils d’État, en particulier en Italie, dans le but de réprimer et écraser les mouvements de contestation radicale de 1969 et 1977. Le livre a été réédité aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001, étant considéré comme une théorie prémonitoire sur le modus operandi de la « guerre contre le terrorisme » qui a inauguré le XXIe siècle.

Les dernières années

Conspirationnisme mis à part, dans les dernières années de la guerre froide, entre 1989 et 1991, Gianfranco a mené des recherches indépendantes en Russie, en Lituanie et en République tcheque. Il s’installe ensuite définitivement à Prague où il a résidé jusqu’à sa mort, se déplaçant fréquemment entre Paris (où il a collaboré avec son ami Gérard Bérreby aux éditions Allia) et la région de Toscane, pour gérer les propriétés rurales de la famille. Après une pause de dix ans dans ses interventions publiques, Sanguinetti recommence à publier des essais politiques dans la presse alternative européenne, dénonçant l’émergence d’une nouvelle forme de domination : le « despotisme occidental ». [10] 

Ce despotisme serait le rival de l’ancien « despotisme oriental », analysé par le théoricien et critique allemand Karl August Wittfogel à la fin des années 1950. Selon Sanguinetti, le nouveau despotisme est né de la dissolution de l’URSS et, simultanément, de la mort de l’État de droit dans les pays occidentaux. Cela a donné lieu à un état d’urgence perpétuel et généralisé, marqué par la prolifération orchestrée de coups d’État silencieux impliquant la cooptation et l’infiltration des luttes sociales, ainsi que des techniques de stabilisation et de déstabilisation juridiques et politiques des gouvernements minimalement démocratiques en vue de leur remplacement par des régimes autocratiques.

En 2017, Sanguinetti a participé à une grande exposition organisée au Musée de Rome, à Trastevere, intitulée « 77 ». À cette occasion, il a signé l’essai Un Orgasmo della Storia : il 1977 in Italia, publié en tant que texte d’ouverture du volume Il Piombo e le Rose, organisé par Tano D’Amico, Pablo Echaurren, Claudia Salaris, entre autres, la même année. Ce texte contenant d’importantes informations autobiographiques, je le recommande à ceux qui s’intéressent à son « œuvre-vie » — terme qui définit le prolongement de l’expérience vécue dans le domaine de la création, qui, en apparaissant comme une œuvre, engendre à son tour de nouvelles formes d’existences.

En ce sens, Sanguinetti peut également être considéré comme un précurseur des cultures contemporaines prankster ou jamming. [11] Peu après l’opération Censor, Pier Franco Ghisleni a publié en Italie une fausse édition de la maison d’édition Einaudi, « signée » par Enrico Berlinguer, alors secrétaire général du PCI. Dans la même veine, le groupe qui éditait le magazine Il Male a publié et diffusé dans le pays une série de faux journaux, comme le populaire Corriere della Sera.

Dans une interview encore inédite — la deuxième et dernière qu’il ait accordée de sa vie —, Gianfranco raconte avoir rencontré à plusieurs reprises à Paris Jacques Servin (pseudonyme d’Andy Bichlbaum), membre du groupe américain Yes Men. Servin lui a confirmé l’influence de l’opération Censor sur ses films et sa création de situations, qu’ils appellent « correction d’identité », et que Gianfranco, quant à lui, qualifiait d’« imposture subversive ». Voyant dans cette forme d’activisme un élargissement des « luttes hybrides » et des « guerres asymétriques » contemporaines, Sanguinetti soutient que : « En usurpant une identité « respectable », car respectée par le courant dominant, puis en lui faisant dire des choses aussi indicibles que vraies, nous les obligeons à admettre des évidences scandaleuses : un peu comme l’a fait Jonathan Swift lorsqu’il a proposé de cuisiner l’excédent d’enfants pauvres irlandais, afin de résoudre définitivement le problème de la pauvreté en Irlande ». [12] 

On sait que la gloire posthume est le sort réservé à ceux qui sont inclassables, comme l’a observé Hannah Arendt en rendant hommage à la mémoire de Walter Benjamin. Rien ne garantit cependant qu’il en ira de même pour la figure iconoclaste de Sanguinetti. Ses archives personnelles sont aujourd’hui conservées à la Beinecke Rare Book and Manuscript Library de la traditionnelle université de Yale, aux États-Unis, pays modèle du nouveau despotisme qu’il dénonçait dans ses dernières années. Ce contexte a rendu difficile l’accès des chercheurs et chercheuses à la périphérie du spectacle à ce véritable trésor de la subversion internationale. Une bonne façon de rendre hommage à la mémoire de Gianfranco Sanguinetti serait donc de trouver des moyens d’élargir l’accès à ses archives. Or, c’est exactement le contraire qui se produit aujourd’hui : on assiste à une réduction des bourses accordées aux chercheurs indépendants et à une restriction des visas d’immigration pour les étrangers. Reste à savoir : par quels moyens serait-il alors possible d’y accéder ?

La biographie intellectuelle et politique de Sanguinetti n’offre ni réponses ni modèles, seulement des pistes et des énigmes qui dispensent de la nécessité d’avoir des héritiers ou des continuateurs. Il suffit de suivre la devise : DISSIMILIVM INFIDA SOCIETAS. [13] 

Erick Corrêa

[1Cf. Patrizia Pacini. Teresa Mattei : una donna nella storia : dall’antifascismo militante all’impegno in difesa dell’infanzia. Firenze : Consiglio Regionale della Toscana, 2009.

[2Cf. Miguel Amorós. Brève histoire de la section italienne de l’Internationale Situationniste. Paris : Paroles des jours, 2009.

[3Rappelons que l’IS a été fondée le 27 juillet 1957 en Italie (Conférence de Cosio d’Arroscia), et qu’elle a compté dès ses débuts sur la figure avant-gardiste de l’artiste italien Pinot-Gallizio (inventeur de la « peinture industrielle »), qui sera plus tard exclu de l’organisation (en juin 1960) à la suite de luttes internes contre ses tendances artistiques. Cf. Jean-François Martos. Histoire de L’Internationale Situationniste. Paris : Ivrea, 1995.

[4Correspondance vol. 4 (1969-1972). Paris : Fayard, 2004, p. 107.

[5The spectacle of disintegration. Londres : Verso, 2013, p. 109.

[6Désormais Rapporto.

[7Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie. Paris : Champ Libre, 1976, p. 183.

[8NDLR : S’il est désormais avéré que certains attentats commis en Italie, notamment celui de Piazza Fontana, étaient des actions sous faux drapeau visant à faire condamner anarchistes et révolutionnaires, les rumeurs visant les Brigades Rouges et très largement relayées par Debord et Sanguinetti quant leur manipulation par les services secrets de tel ou tel pays ont toujours été vivement contestées par celles et ceux ayant participé à cette histoire. Par-delà leur détestation de l’hypothèse politique soutenue par les BR, aucun élément de preuve ou argument crédible n’est jamais venu étayer des accusations et des soupçons si goulument propagés.

[9Voir The Doge : A Recollection. Disponible sur : http:// www.notbored.org/The-Doge.pdf.

[11Cf. Marco Deseriis. “The Faker as Producer : The Politics of Fabrication and the Three Orders of the Fake”. In : DE LAURE, M. ; FINK, M. (orgs). Culture Jamming : Activism and the Art of Popular Resistance. Nova York : New York University Press, 2017.

[12Entretien inédit, en cours d’édition, dont la publication est prévue pour 2026, d’abord aux États-Unis.

[13Dans la traduction littérale, plus courante, « La société des dissemblables est infidèle ».

dimanche 19 octobre 2025

Gianfranco Sanguinetti, nécrologie 1

 Traduit de l'italien du site : https://www.gianfrancosanguinetti.com/

GIANFRANCO SANGUINETTI

BIOGRAFIA

 

    Gianfranco Sanguinetti, italien, est né à Lausanne, en Suisse, en 1948. Il a grandi entre Florence, Milan et Gênes dans une famille d'industriels instruits qui fréquentent Umberto Saba, Eugenio Montale, Italo Calvino, Luigi Nono, Carlo Levi, Elio Vittorini, Ernesto Treccani, Paul Eluard, Louis Aragon, Vercors, Camillo Sbarbaro, entre autres. Ses parents, Bruno Sanguinetti et Teresa Mattei, juifs non pratiquants et communistes, avaient combattu dans la Résistance contre les fascistes et les nazis.

     Il fait des études classiques. En 1965, GFS fait partie d'un petit groupe de jeunes qui s'en prenait de manière provocante à le néo-avant-garde italien (Nanni Balestrini, Groupe 63, Umberto Eco, etc.) et également d'un groupe libertaire espagnol. Il a formé le groupe Provos-Onda Verde à Milan. Il est arrêté pour la première fois par le tristement célèbre commissaire Calabresi de la police politique milanaise, lorsqu'il agite le drapeau de la République espagnole de 1936, devant le ministre franquiste Manuel Fraga Iribarne au Palais royal de Milan. En 1966, il est frappé par la nouveauté perturbatrice du scandale situationniste de Strasbourg, qui l'inspire, en 1967, dans la lutte des lycées milanais. À la fin de 1968, il se rend à Paris pour rencontrer Guy Debord, Mustapha Khayati et d’autres membres de l’Internationale situationniste, dans le but de fonder la section italienne de l’I.S., qui participera par la suite activement au mouvement pré-insurrectionnel de 1969 (connu sous le nom de « l’automne chaud »). Cette année-là, Sanguinetti a publié le n° 1 de la revue de la section italienne de l'Internationale situationniste, et a organisé à Venise ce qui serait la dernière conférence de l'I.S. Le 19 novembre 1969, il publie un célèbre manifeste, Avviso al Proletariato sulle possibilità presenti della Rivoluzione sociale, distribué lors d'une manifestation dramatique à Milan, où un policier trouve la mort. Après le massacre de la Piazza Fontana à Milan le 12 décembre 1969, les situationnistes ont diffusé le pamphlet Le Reichstag Brûle-t-il? Ce pamphlet, distribué à Milan dans les jours qui ont suivi le massacre provoqué par une bombe et taxé par les médias d'"anarchiste", indiquait déjà l'appareil d'Etat comme étant l'architecte et le bénéficiaire de l'acte terroriste. Avec d’autres situationnistes italiens, GFS s’est réfugié en Suisse. En fait, deux jours après l'attaque, arrive à son domicile de Milan une convocation de la justice. Il s'installe à Paris. En 1970, il fut l'un des rares, avec un petit nombre d'anarchistes, à soutenir publiquement et à se ranger du côté de la longue révolte populaire de Reggio Calabria, calomniée par les communistes et par toute la presse comme "fasciste": ce fut l'occasion de voir la "première expérience de désinformation organisée en Italie", précédée seulement du faux récit concernant la bombe de Piazza Fontana. Après la fin de l'expérience de la section italienne de l'I.S. en 1970, GFS s'installe à Paris. Le 27 juillet 1971, avec le retour de Caetano au Portugal - où il avait introduit clandestinement la traduction portugaise de La Société du Spectacle de Debord, publié après à Lisbonne - GFS est expulsé de France par arrêté du ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin, sans aucun acte d'accusation. Il s'installe à Florence, où Debord le rejoint. Il participe ensuite aux dernières activités de l’I.S. jusqu’à sa dissolution en 1972, qu’il contresigne avec Guy Debord dans La Véritable Scission de l’Internationale. Ils ont continué à collaborer étroitement pendant la longue période du terrorisme d’État (« la stratégie de la tension », également appelée « les années de plomb »), dénonçant l’utilisation cynique et criminelle que les services secrets, la Loge P2 et la structure militaire secrète de Gladio en ont faite.

 

    En 1975, GFS est emprisonné à Florence pour des motifs arbitraires. Rapidement sorti de prison, il publie bientôt, sous le pseudonyme de Censor, 520 exemplaires numérotés de l'imposture subversive Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie, dans une édition numérotée et de luxe, en monotype, sur papier spécial, envoyé directement aux plus hauts représentants du gouvernement, banquiers et financiers, industriels, diplomates et journalistes. C'était le premier exemple d'un faux littéraire en Italie: le premier livre sous faux-drapeau, parce que l'auteur, se faisant passer pour un réactionnaire, a cyniquement dit l'indicible sur le terrorisme et la politique italienne. Le livre devint rapidement célèbre, et la chasse à l'auteur frénétique. Certaines des plus hautes autorités de l'État, y compris un ancien président de la République (Scalfaro), étaient soupçonnées d'être l'auteur. Un scandale considérable s'ensuivit et le livre fut réimprimé à plusieurs reprises par un grand éditeur. Le scandale s'est encore accru en 1976 lorsque Sanguinetti a jeté le masque, publiant Preuves de l'inexistence de Censor, par son auteur, dans lequel il revendiquait ses buts subversifs et se moquait des louanges que le livre, malgré son cynisme, avait reçues de toute la presse complaisante du pouvoir, craignant d'apparaître critique du pouvoir. Guy Debord a immédiatement traduit et publié les deux brochures en France en janvier 1976. En février 1976, lorsqu'il tente de rentrer en France, Sanguinetti est reconnu dans le train et expulsé une deuxième fois à la frontière franco-suisse. Dans les soi-disant « années de plomb », à partir de 1974, GFS déménage dans la campagne toscane, dans le Chianti, où il commence à produire de l'huile d'olive et du vin. En 1977, GFS a activement participé aux vastes soulèvements qui se sont développés à Rome et Bologne, mouvements qui seront ensuite écrasés par une nouvelle vague de terrorisme d’État spécifiquement déclenchée, accompagnée d’une répression sévère, sans précédent en Italie. Dans le texte Un orgasme de l’histoire (2017), GFS rappellera ces événements.

    Après l'enlèvement et le meurtre du Président Aldo Moro, il a publié, en 1979, Du terrorisme et de l'État, une dénonciation vigoureuse et immédiate de l'utilisation du terrorisme par l'État, traduit et publié dans plusieurs langues. Après les attentats du 11 septembre en Amérique, ce texte, diffusé dans diverses langues également via Internet, a été considéré comme une prémonition sur le type d'actions terroristes préfabriquées par l'État, et les livres de Sanguinetti ont également été republiés en Amérique.

    Au milieu des années 1980, il s’est lié d’amitié avec Gérard Berréby, qui venait de fonder la maison d’édition ALLIA à Paris, avec qui il a établi une relation de travail étroite et une collaboration sur plus de vingt ans. Dans la période cruciale de l'effondrement soviétique entre 1987 et la fin de 1991, GFS a développé une activité indépendante en URSS et en Lettonie. Ses nombreuses visites en URSS, en Lettonie et en Tchécoslovaquie, dans cette période historique décisive, précèdent le cadre théorique développé par GFS sur le caractère du nouveau despotisme occidental. Le nouveau modèle de despotisme, cette fois-ci lancé et perfectionné par les puissances occidentales, découle de l'effondrement et la ruine de l'Union soviétique et des pays satellites, et, simultanément, de la fin des systèmes démocratiques occidentaux. Après la chute du mur de Berlin et des régimes du bloc soviétique d'Europe de l'Est, GFS a établi sa résidence entre Prague et Paris, sans abandonner ses activités en Toscane.

    À Prague, il a continué à approfondir l'étude de la croissance du nouveau despotisme en Occident grâce à l'utilisation du terrorisme par les appareils d'État. En Europe centrale, GFS a également développé, pour son plus grand plaisir, l’intérêt pour l’art érotique entre Prague, Berlin, Vienne et Budapest, réunissant l’une des plus grandes collections sur ce sujet, composée de peintures, dessins, graphismes, sculptures, livres, samizdat, etc.

    Il a également collaboré avec plusieurs artistes, dont les Américains Jason Rhoades et Raymond Pettibon, qui ont illustré son texte The Pussy - Past and Present, russe et français comme Juli Susin et Véronique Bourgoin, pour la création d'œuvres d'art, d'installations et de livres d'artistes. L'un d'eux est devenu une publication emblématique, 1724 The Birth of the Cunt, dont GFS a édité les éditions en plusieurs langues. Ce livre d’artiste a ensuite été largement exposé en Europe et aux Etats-Unis.

    En 2010, GFS a organisé la première grande exposition à Prague de l'artiste tchèque sulfureux Miroslav Tichy, et a publié en français, tchèque et anglais la première monographie sur son œuvre, qui contient le texte fondamental MIROSLAV TICHY - Les Formes du Vrai - Formes of Truth - Podoby Pravdy. Cette exposition, ou des parties de celles-ci, a ensuite été exposée à Rome, Marseille et Mannheim en Allemagne.

    En 2017, il participe à la première grande exposition au Musée de Rome à Trastevere, « 77 », consacrée au mouvement insurrectionnel qui a frappé l'Italie en 1977, en écrivant l'essai Un Orgasmo della Storia: il 1977 in Italie, (publié en ouverture du livre Il Piombo e le Rose con Tano D'Amico et Pablo Echaurren, Claudia Salaris, et al.. publié lors de l'exposition de Postcart, Rome 2017).

    Gianfranco Sanguinetti est décédé à Prague, où il avait vécu ces dernières années, le 3 octobre 2025, à l'âge de 77 ans.

 


vendredi 10 octobre 2025

Le Soldatesse/Des filles pour l'armée (Valerio Zurlini, 1965)

 

 

Avec Mario Adorf, Marie Laforêt, Anna Karina, Léa Massari 

1942, en Grèce, le lieutenant d’infanterie Gaetano Martino reçoit à contre-cœur l’ordre d’escorter jusqu’à leurs « postes de travail » respectifs un groupe de prostituées destinées aux soldats. Pour l’accompagner, le jeune officier désigne le sergent Castagnoli, un Toscan d’âge mûr, plutôt sympathique. Au cours du voyage, Gaetano se découvre peu à peu solidaire de ces jeunes filles dont la plupart ont accepté ce travail pour survivre. 

 

Pour voir des femmes soldats ou partisanes, c'est de l'autre côté du "Rideau de fer". Mais très peu de films sont disponibles, cela donnerait une caution morale et féministe à l'affreux monde totalitaire. 

Les Français ont fait peu de films sur la Résistance, contrairement aux Italiens, sans doute à cause du comportement collaborationniste (des millions de lettres de dénonciation) et la concomitance de la Guerre en Algérie (qui était les résistants dans ce contexte-là?).

samedi 5 juillet 2025

Réflexion sur Cretto di Burri: l'effacement des ruines

 

Cette macro-oeuvre de land art n'a certainement rien à voir avec la psychogéographie mais tout avec le bétonnage fasciste, mettant dans un sarcophage la mémoire des habitants et empêchant toute poésie des ruines. Je crains que les Guerres de l'histoire en cours n'arrivent à la même prouesse au niveau planétaire.

dimanche 20 avril 2025

Operación Gladio: cómo la CIA y la OTAN llevaron a cabo ataques terroristas en Italia

 FUENTE: https://nuevarevolucion.es/operacion-gladio-como-la-cia-y-la-otan-llevaron-a-cabo-ataques-terroristas-en-italia/

A pesar de que estos hechos impactantes fueron expuestos hace 30 años y afectaron a todos los gobiernos europeos de la OTAN, siguen siendo en gran medida desconocidos fuera de Italia.

Por Massimo Innamorati | 21/01/2025

En 1990, el primer ministro italiano Giulio Andreotti se vio obligado a revelar la existencia de una vasta red paramilitar clandestina que operaba en Italia desde hacía décadas bajo el mando de la OTAN . Esta red, llamada Gladio, había sido responsable de varios atentados terroristas que habían causado cientos de víctimas civiles, así como de dos intentos de golpe de Estado (1964 y 1970).

Estas revelaciones, que implicaban a muchos países europeos, entre ellos Gran Bretaña y Estados Unidos, dieron lugar a una serie de investigaciones nacionales y durante meses provocaron una tormenta política internacional que compitió con la Guerra del Golfo por conseguir atención en la prensa. Sin embargo, hoy esas revelaciones parecen haber sido borradas de la memoria histórica.

Sin duda, las lecciones políticas que se deben extraer de estos acontecimientos son la razón de su eliminación. Los acontecimientos de la Operación Gladio demostraron cómo responde la burguesía imperialista cuando siente que su dominio está amenazado, incluso si la oposición juega según las reglas de las propias instituciones de la burguesía.

Raíces de la operación

Durante la mayor parte del siglo XX, los comunistas en Italia gozaron de un apoyo masivo, siendo reconocidos como la primera línea de la resistencia partidista contra el fascismo , y el Partido Comunista Italiano (PCI) creció hasta tener más de dos millones de miembros (más que cualquier otro partido en Europa durante la mayor parte del período de posguerra), obteniendo más del 34 por ciento del voto electoral en su apogeo y desempeñando un papel clave en la vida social y cultural de la clase trabajadora.

Tras la caída del fascismo, el PCI contó también con el apoyo de miles de hombres y mujeres armados, antiguos miembros de la resistencia partisana y también de las fuerzas policiales de la nueva república. Si bien esa base podría haberse movilizado para hacer avanzar la posición de la clase obrera, el líder del PCI, Palmiro Togliatti, optó por mantener la línea de guerra de un frente único con las fuerzas democrático-burguesas, que se había establecido como parte de la lucha contra el fascismo.

Según su línea, que convertía de manera oportunista el frente único de una táctica antifascista en un principio general, el partido debía obtener el poder por medios parlamentarios burgueses y sólo entonces sus fuerzas armadas serían movilizadas defensivamente. Pero para la burguesía incluso estas condiciones eran inaceptables.

Esta fue la situación en la que el imperialismo intentó montar una ofensiva aprovechando las fuerzas más reaccionarias de la sociedad italiana: el fascismo, la mafia y la Iglesia.

Tras el desembarco aliado en Sicilia en 1943 durante la Segunda Guerra Mundial, Estados Unidos había reclutado los servicios de la mafia a través de la Operación Underworld. En 1945, el comandante fascista Príncipe Junio ​​Valerio Borghese, que había sido capturado por los partisanos y estaba a la espera de ser ejecutado, fue rescatado por la predecesora de la CIA (la OSS) y absuelto de sus crímenes de guerra.

Muchos de estos casos de colaboración permitieron a Estados Unidos establecer una red de agentes fascistas en el país que podrían emplear como fuerzas anticomunistas. Licio Gelli fue otro de los camisas negras fascistas que escapó de la justicia partidaria gracias a la protección de Estados Unidos. Más tarde, la CIA le encargó que dirigiera el ala política secreta de Gladio, una sociedad secreta conocida como Propaganda Due o P2, que fue descubierta en 1981 y que contaba con más de 900 miembros, entre los que se encontraban altos oficiales del ejército, la policía y los servicios secretos, así como industriales, políticos y jueces (uno de los miembros más conocidos fue el ex primer ministro Silvio Berlusconi).

En las elecciones de 1948, las primeras desde la caída del fascismo, compitió el Frente Democrático Popular (FDP) del PCI contra los Demócratas Cristianos (DCI), respaldados por Estados Unidos. Aunque aparentemente se le dio al pueblo la opción de elegir entre dos coaliciones, en la práctica quedó claro que la elección era entre la continuación del gobierno burgués bajo el DCI o la guerra civil, ya que la dirección del DCI dejó en claro que no concedería la victoria al PCI ni siquiera si obtenía la proporción necesaria de votos.

Tras las revelaciones de los años 90, el presidente Francesco Cossiga admitió que la DCI había creado su propia organización paramilitar, lista para entrar en acción en caso de una victoria comunista, y que él mismo estaba “armado hasta los dientes”.

La victoria del DCI en estas elecciones dudosas, caracterizadas por una tremenda injerencia norteamericana , fue seguida por una larga serie de protestas, durante las cuales más de 60 trabajadores, la mayoría de ellos comunistas, fueron asesinados por el Estado. El líder del PCI, Togliatti, sobrevivió a un intento de asesinato durante este período, pero mientras los militantes comunistas se rebelaban, Togliatti llamó a la calma.

Ya en los años 50, los “Gladiadores” (como se denominaba internamente a los agentes de Gladio) empezaron a recibir entrenamiento en Gran Bretaña y armas de los Estados Unidos. Se hicieron planes para iniciar un conflicto e incluso invadir el país si los comunistas ganaban las elecciones o se les permitía participar en algún gobierno. Se instaló una base de Gladio en Cerdeña donde los gladiadores podían recibir entrenamiento británico y estadounidense.

A medida que la organización de la clase trabajadora aumentaba y el PCI continuaba ganando mayor apoyo en las elecciones siguientes, amenazando finalmente el monopolio del DCI en los puestos del gabinete en 1963, la clase dominante dependió de sus activos de Gladio para responder con una violencia cada vez mayor, tanto de manera dirigida como indiscriminada.

Golpes de Estado, atentados y asesinato de Aldo Moro

En 1963, por primera vez en la historia de la República, la DCI tuvo que ceder puestos en el gabinete al Partido Socialista Reformista (PSI) y al PCI. Preocupada por que el líder de la DCI, Aldo Moro, estuviera haciendo demasiadas concesiones al PSI reformista, un sector de la burguesía organizó un golpe de Estado conocido como «Piano Solo», con la colaboración de la CIA, el jefe de la policía paramilitar De Lorenzo y los servicios secretos italianos, encargados de dirigir las operaciones de Gladio bajo el mando del coronel Renzo Rocca.

La primera fase del golpe consistió en atentados con bandera falsa contra las oficinas de la DCI, de los que se atribuyó la culpa a grupos comunistas. La segunda fase, en junio de 1964, comenzó bajo la apariencia de un desfile militar. Después del desfile, las tropas permanecieron en Roma con el falso pretexto de «cuestiones logísticas», preparándose para llevar a cabo el golpe. Tras una reunión entre Aldo Moro y el general De Lorenzo, el golpista, el gobierno anunció la intención del PSI de renegar de muchas de sus demandas reformistas. Esta genuflexión ante la clase dominante por parte del PSI socialdemócrata fue suficiente para calmar la situación y abortar el golpe.

A finales de los años 60, cuando la lucha de clases se intensificó, las huelgas masivas exitosas permitieron a la clase obrera italiana obligar al Estado a hacer varias concesiones, entre ellas, protección legal contra el despido por razones políticas (como la actividad sindical) y protección contra la vigilancia en el lugar de trabajo. Al mismo tiempo, los operadores de Gladio llevaron a cabo varias acciones terroristas.

Una de ellas fue la masacre de la Piazza Fontana (1969), un atentado indiscriminado contra los trabajadores agrícolas del Banco Nacional de Agricultura. En un principio se atribuyó la acción a grupos anarquistas, pero, aunque más tarde se descubrió a los autores fascistas, ninguno fue castigado. Como testificó más tarde Vincenzo Vinciguerra, miembro de la organización fascista responsable, Ordine Nuovo (Orden Nuevo):

“Había que atacar a los civiles, a la población, a las mujeres, a los niños, a gente inocente, a gente desconocida, alejada de cualquier juego político. El motivo era muy sencillo: se pretendía obligar a esa gente, a la opinión pública italiana, a dirigirse al Estado para pedir más seguridad.

“Éste fue precisamente el papel de la derecha en Italia: ponerse al servicio del Estado, que creó una estrategia llamada acertadamente “Estrategia de la tensión”, en la medida en que tuvo que hacer aceptar a la gente común que en cualquier momento durante un período de 30 años, desde 1960 hasta mediados de los años ochenta, podía declararse el estado de excepción.

“Así, la gente estaría dispuesta a cambiar parte de su libertad por la seguridad de poder caminar por la calle, viajar en tren o entrar en un banco. Ésta es la lógica política que se esconde detrás de todos los atentados. Quedan impunes porque el Estado no puede condenarse a sí mismo.” [1]

En documentos desclasificados de la P2, Renzo Rocca también afirmó: “Una acción anticomunista eficaz y global… requiere la creación de grupos activistas, grupos de jóvenes, pandillas que puedan utilizar todos los métodos, incluidos los no ortodoxos como la intimidación, las amenazas, el chantaje, las peleas callejeras, los asaltos, el sabotaje y el terrorismo”. [2]

En el frente político, la clase dominante también encargó al ex fascista y agente de la CIA Junio ​​Valerio Borghese que liderara otra operación golpista en diciembre de 1970. Bajo el nombre clave Tora Tora, varios grupos armados se reunieron en Roma y Milán con el plan de ocupar edificios gubernamentales, arrestar a figuras políticas y reprimir la resistencia en zonas obreras.

Pero el golpe fue abortado en el último momento en circunstancias misteriosas. El agente de la CIA y mafioso Tommaso Buscetta especuló más tarde que el golpe había sido detenido debido a la presencia de barcos soviéticos en el Mediterráneo. De hecho, durante las investigaciones sobre la masacre de Gladio en Piazza Fontana, se supo que el golpe había sido abortado por órdenes de los EE.UU.

Durante las investigaciones también se descubrió la complicidad de la sociedad secreta P2 y de los grandes grupos mafiosos. De los más de 100 conspiradores, todos fueron finalmente absueltos, mientras que el líder del golpe Borghese pudo huir a España, demostrando una vez más la complicidad de todas las instituciones del Estado burgués.

Tras las elecciones de 1976, el PCI y el DCI estaban empatados, obteniendo alrededor del 34% y el 38% de los votos respectivamente. Incapaz de marginar legítimamente al PCI en ese momento, el líder del DCI, Aldo Moro, se abrió a la teoría revisionista del PCI de lo que llamó el «Compromiso Histórico» (Compromesso Storico).

Esta teoría, creada por el líder del PCI Enrico Berlinguer, sostenía que la experiencia chilena del líder marxista Salvador Allende, que había sido asesinado en un golpe de estado tras su victoria electoral, demostraba la necesidad de que los comunistas impidieran una alianza entre el “centro” y la “derecha” burguesa “colaborando con fuerzas de orientación católica u otra orientación democrática”. [3]

En otras palabras, el PCI pretendía cortejar al ala “moderada” de la burguesía para impedir que se aliara con los golpistas fascistas (lo que no sabía era que todos los jefes de gobierno habían sido informados secretamente de Gladio, y más tarde incluso Bettino Craxi del supuestamente “izquierdista” PSI).

Para este propósito, el partido rompió oficialmente sus vínculos con el Partido Comunista de la Unión Soviética (PCUS), dando paso a la tendencia corrupta y traidora del eurocomunismo.

A pesar de la debilidad de esa posición antimarxista, el gobierno estadounidense seguía insistiendo ante Moro en que no se toleraría ninguna apertura hacia el PCI. No obstante, Moro decidió desafiar las directivas estadounidenses e incluir al PCI en su gobierno. Sin embargo, el 16 de marzo de 1978, Moro fue secuestrado y asesinado después de 55 días de cautiverio por el grupo guerrillero urbano comunista conocido como las Brigadas Rojas (BR).

Los BR pensaron que acorralando a la DCI podrían hacer estallar las contradicciones entre la base proletaria del PCI y su dirección oportunista. Sin embargo, el PCI se mantuvo firme junto a la DCI y al Estado al negarse a cualquier compromiso para rescatar a Moro. Cerca del momento de su ejecución, Moro, que comprendió que las instituciones del Estado no tenían intención de organizar su liberación, exigió que nadie de su propio partido, la DCI, pudiera asistir a su funeral.

Un informe oficial de 1995 afirmaba que las Brigadas Rojas habían sido convertidas en instrumentos de un complot político más amplio. En 1979, Carmine Pecorelli, periodista de investigación y miembro de la P2, fue asesinado por la mafia por su trabajo, lo que indicaba la complicidad del Estado en el caso Moro (el líder de la DCI, Andreotti, fue posteriormente juzgado y condenado por ordenar el asesinato, pero fue absuelto en 2003).

Hasta el día de hoy, el panorama completo del caso de Moro sigue siendo oscuro. No obstante, es revelador comparar el caso de Moro con el secuestro del oficial de la OTAN estadounidense James L. Dozier por parte de los BR en 1981. En el caso de Dozier, el Estado movilizó todas las fuerzas e incluso llevó a cabo una campaña de tortura salvaje contra los brigadistas encarcelados, con el fin de lograr la liberación del cautivo.

El terrorismo de Estado continuó, a menudo con motivos poco claros, y alcanzó su punto álgido en la masacre de la estación de trenes de Bolonia en los años 80. Un grupo de fascistas atacó a la gente que esperaba en la sala de espera de la clase económica y colocó una bomba que mató a más de 80 personas. El jefe de la P2, Licio Gelli, fue acusado de intentar desbaratar las investigaciones, mientras que los dos fascistas encarcelados por el crimen, Francesca Mambro y Valerio Fioravanti, fueron liberados en 2004 y 2008. Aunque admitieron otros asesinatos, siguen negando cualquier implicación en la masacre de Bolonia.

El revisionismo del PCI acabó dando sus frutos amargos. El número de miembros del partido había ido disminuyendo de forma lenta y constante desde el XX Congreso del PCUS de 1956, en el que Nikita Khrushchev denunció el legado de Stalin . Creció en la década posterior a las exitosas luchas de finales de los años 1960, pero volvió a declinar a partir de finales de los años 1970.

En aquella época, el ritmo acelerado de las exportaciones de capital, que trasladaban al exterior una proporción cada vez mayor de la producción, estaba llevando a un desempoderamiento constante del proletariado en todos los países imperialistas occidentales. Durante los años eurocomunistas de 1980, el PCI perdió apoyo y finalmente se liquidó con la caída de la URSS en 1991.

Tras estos acontecimientos, la estrategia de tensión y terrorismo de Estado también llegó a su fin.

Cómo se deshizo el nudo

A partir de los años 60, los funcionarios de la OTAN comenzaron a cultivar relaciones con organizaciones terroristas fascistas como Ordine Nuovo (ON), entre otras. En esa época, ya se había formado una división dentro del campo fascista entre los llamados «fascistas» y los «neofascistas». Los primeros acusaban a los segundos de traicionar al fascismo al convertirse en agentes de la OTAN y del régimen liberal burgués.

Estos fascistas, a diferencia de los «neofascistas», expresaban una posición estrictamente nacionalista burguesa y consideraban al régimen liberal de posguerra como un enemigo (a pesar de que tanto los estados fascistas como los liberales eran formas de gobierno burgués). Como resultado, también entraron ocasionalmente en conflicto armado con las fuerzas estatales. A este grupo pertenecían Valerio Fioravanti, su esposa Francesca Mambro y Vincenzo Vinciguerra.

En 1972, Vinciguerra colocó una bomba en la ciudad nororiental de Peteano (muy cerca de la frontera con Eslovenia) que mató a tres policías, una acción que él consideraba parte de una lucha contra el Estado y una ruptura con el movimiento neofascista que estaba “dirigido por el Estado y los poderes internacionales”. Esta acción fue encubierta por un agente de la ON que operaba dentro de las fuerzas policiales y reutilizada como una operación de bandera falsa.

Durante diez años estuvo atribuido oficialmente a un grupo militante comunista, hasta que el juez de instrucción Felice Casson, al revisar el caso, descubrió sus irregularidades y ordenó la detención de Vinciguerra.

La desilusión de Vinciguerra con el «neofascismo» de ON lo motivó a revelar lo que sabía sobre la operación Gladio, la naturaleza organizada de la violencia política y el terrorismo y los vínculos profundos e insolubles entre las organizaciones fascistas y el aparato estatal italiano. Sus declaraciones se destacan porque no fueron realizadas a cambio de una reducción de la pena, sino por convicción política.

Fue el trabajo del juez Casson el que acabó implicando al propio primer ministro Andreotti. Las revelaciones de Andreotti también introdujeron una narrativa oficial, según la cual esta red secreta existía para “ser activada en caso de agresión soviética”. De hecho, la clase obrera italiana organizada era el objetivo de la operación, que no estaba latente sino extremadamente activa, y la clase dominante italiana y sus amos imperialistas estadounidenses estaban dispuestos a calificar cualquier avance de los trabajadores de “intervención soviética”.

A principios de los años 90, cuando la batalla legal se intensificó, Andreotti se dio cuenta de que sus superiores podrían estar preparándose para sacrificarlo como chivo expiatorio para poner fin al creciente escándalo. Para protegerse, comenzó a quitarle la alfombra a otros funcionarios estatales involucrados, así como a los gobiernos de Estados Unidos y otros países europeos. Se reveló que la CIA había distribuido alijos de armas por todo el país para que las usaran gladiadores seleccionados ideológicamente. Además, los líderes de todos los países de la OTAN estaban al tanto de las reuniones de Gladio y habían participado en ellas .

Al final, incluso el Parlamento Europeo se vio obligado a reconocer la existencia de Gladio, sus vínculos con los servicios secretos europeos, la OTAN y los Estados Unidos, así como sus arsenales de armas. En 1990, una resolución exigía que se realizaran investigaciones parlamentarias en todos los Estados miembros, así como procesos judiciales y el desmantelamiento de todas las redes de Gladio. Como era de esperar, ninguna de esas demandas se llevó a cabo.

Una profunda lección política

La Operación Gladio demuestra claramente el vínculo inquebrantable que existe entre el poder burgués y las instituciones burguesas, que la clase dominante está dispuesta a proteger mediante los crímenes más atroces. También pone al descubierto los cuentos de hadas revisionistas sobre «vías parlamentarias al socialismo» como ingenuos e idealistas temerarios.

Mientras el Partido Comunista italiano se ocupaba de la reconciliación de clases, el Estado burgués llevaba a cabo acciones terroristas para evitar incluso reformas socialdemócratas moderadas. Mientras el revisionismo quería dejar de lado el antagonismo de clases, la clase dominante nunca cuestionó ni por un momento su necesidad de aplastar a la clase obrera organizada por cualquier medio necesario.

Al promover la idea de que el parlamento burgués podía ofrecer a los trabajadores un camino hacia el socialismo, el PCI no sólo desvió las energías de sus miembros y del movimiento en general, sino que también concedió un argumento ideológico central de la burguesía: que la democracia formal que se había restaurado después de la guerra era lo suficientemente buena para todas las clases. En el contexto de una militancia generalizada de la clase obrera, no es difícil entender que la renegación de la dirección del PCI contribuyó a la formación espontánea de grupos guerrilleros urbanos comunistas como las Brigadas Rojas, que al final estaban desesperadamente mal equipados para participar en una confrontación prolongada con el Estado.

Los acontecimientos de Gladio también pusieron de manifiesto la íntima relación entre el Estado, las organizaciones fascistas y la mafia. Estas últimas eran instrumentos utilizados en la lucha de clases, a veces sin saberlo, pero a menudo con complicidad explícita. Se podía confiar en ellas para llevar a cabo operaciones que las fuerzas estatales oficiales no podían permitirse asumir sin dañar su legitimidad, como ataques violentos contra trabajadores y manifestantes e incluso actos de terrorismo.

Esta actividad requería un apego ideológico inquebrantable a la clase dominante y un desprecio absoluto por el proletariado (es decir, anticomunismo). Por esta razón, surgió un sistema de dos capas dentro de las instituciones estatales italianas, una de las cuales era encubierta y operaba sobre una base anticomunista y otra que abierta pero ciegamente buscaba defender nociones burguesas de legalidad y democracia que, de hecho, ya no eran sostenibles ni siquiera para la propia burguesía.

Fueron las contradicciones dentro del propio sistema burgués las que finalmente llevaron a los activos fascistas como Vinciguerra a volverse contra el Estado. La clase dominante pretendía representar los intereses de «la nación», pero en realidad actuó como un voluntario asistente de una burguesía extranjera más fuerte con el fin de mantener su lugar en la mesa del capital financiero global y su papel en la cadena imperialista. Esto alienó a los elementos pequeñoburgueses del movimiento fascista que adherían a un nacionalismo puramente idealista muy similar a los «pequeños ingleses» que imaginan que hay algún camino de regreso a los «días de gloria» del imperio británico.

Para las masas italianas, estos acontecimientos expusieron la perversidad de las instituciones estatales y la vacuidad de su democracia. Nociones como el «estragismo di stato» (doctrina de las masacres estatales) ganaron popularidad y quedaron grabadas en la comprensión popular de la historia italiana. El papel de liderazgo de la CIA en la supervisión de la Operación Gladio expuso la naturaleza limitada de la soberanía italiana desde la Segunda Guerra Mundial, y de los países de Europa occidental en general.

Si queremos honrar a los trabajadores que perdieron la vida durante esas décadas, y si queremos evitar una repetición de las terribles calamidades causadas a nuestro movimiento por la traición revisionista, debemos recordar y difundir la conciencia de la memoria de esta historia y sus profundas lecciones.


Notas:

[1] Allan Francovich, entrevista con Vinciguerra para BBC2 Timewatch, 1992.

[2] Informe sobre la masacre de Piazza della Loggia expediente n. 1962-2-21-32: “Aspetti dell’azione anticomunista in Italia e suggerimenti per attuare una politica anticomunista”.

[3] Enrico Berlinguer, Riflessioni sull’Italia dopo i fatti del Cile , publicado en Rinascita, 12 de octubre de 1973.

 

Mussolini Ultimo Atto (Carlo Lizzani, 1974). Recensiones sobre Mussolini en films y el libro "Mussolini il figlio del secolo"


 https://conversacionsobrehistoria.info/2025/03/17/el-origen-del-mito-de-mussolini-al-duce-algunas-consideraciones-a-partir-de-la-serie-de-television-y-el-libro-m-el-hijo-del-siglo-m-il-figlio-del-secolo/

Il processo di Verona (Carlo Lizzani, 1963)

 


 

FUENTE: https://www.rebeldemule.org/foro/filmoteca-ficcion/tema13784.html
 

Sinopsis:

    [propia]Roma (Italia), 25 de julio de 1943. El gobierno fascista es incapaz de repeler el empuje antifascista, que se está desplegando rápidamente por el sur. Se reúne el Gran Consejo del Fascismo para evaluar la situación. Para sorpresa de Mussolini, el grueso vota en favor de su destitución y la entrega del poder ejecutivo a la monarquía, que está en mejores condiciones de pactar una rendición honrosa ante lo inevitable.

    Los alemanes, conscientes de que así pierden un aliado clave, reaccionan en septiembre con un contragolpe: ponen a salvo a Mussolini, que proclama una república independiente en el norte de Italia (vulgarizada como "de Saló"), con sede oficiosa en Verona, y toman el control político-militar de todas las regiones que aún no han caído en manos de la coalición angloestadounidense. Sin embargo, se encuentran con un problema adicional. Entre los golpistas del 25 de julio destaca Galeazzo Ciano, que ha sido uno de los validos del Duce, su cuñado carnal y primer embajador. Este posee un diario donde ha anotado, en primera persona, sucesos y órdenes controvertidas que, de caer en manos antifascistas, podría ser usado contra los vencidos al final de la Guerra. Gane quien gane, Ciano no podría estar en peor lugar.

Comentario personal:

    Su moraleja es que toda esa palabrería que sobre el honor gastan los fascistas, viejos o nuevos, son pamplinas. Como ley primera, la gente de poder quiere mantener una situación social que, a su vez, la mantiene como sujeto, por lo que buscará su reproducción: el ejercicio de virtudes republicanas o aristocráticas (típicas del fascismo las segundas) es una evocación que es relegada cuando ese objetivo está en riesgo. En su última hora, todos estos camaradas de armas, honorables samuráis del fascio, hermanados por la sangre y una firme voluntad de trascendencia histórica, se acuchillan entre ellos y les importa una mierda todo lo que no sea sobrevivir, como comprobamos en la actual fantasía escapista de los ricos o en el cobardica jefe del rojipardo Frente Obrero.

En la introducción, en el guion, se escribió:

Galeazzo Ciano, interpretado por Frank Wolff, escribió:

Augusto Martínez Torres, en "El proceso de Verona", en El País, el 28 de enero de 1999, escribió:Escrita por Ugo Pirro, su máximo interés radica, más que en la reconstrucción de unos hechos históricos, en los esfuerzos de Edda Mussolini para que su padre, el Duce, salve la vida a su marido, el conde Ciano.

Jorge García, en "Los olvidados: desde Italia: Carlo Lizzani", en Con los Ojos Abiertos, el 1 de abril de 2021, escribió:[...] recrea con intensidad un hecho histórico en los días de la caída de Mussolini, cuando un grupo de fascistas de su gabinete, encabezados por el Conde Ciano, esposo de la hija del dictador (una excelente Silvana Mangano) son acusados de haberlo traicionado y serán juzgados y condenados por sus propios compañeros, con el diario del Conde como macguffin del relato.


Ficha técnica


Reparto: