El 25 de septiembre de 1985, tuvo lugar en Nueva York una reunión que la mayoría de los polacos desconocían. El general Wojciech Jaruzelski se reunió con David Rockefeller, uno de los hombres más ricos del mundo.
¿Jaruzelski vendió a Polonia durante esa conversación secreta? ¿Qué acuerdos se cerraron a puerta cerrada en el Rockefeller Center?
Hechos impactantes de 1985 arrojaron nueva luz sobre la transformación política que tuvo lugar cuatro años después. ¿Por qué no hubo acuerdo? ¿Por qué se desarrolló la privatización como lo hizo? ¿Quién decidió realmente el futuro de Polonia?
En este documento presentamos:
✓ Desconocido detrás de escena de la reunión
✓ Diversas versiones de los hechos, desde las oficiales hasta las conspirativas.
✓ Opiniones de historiadores e investigaciones archivísticas
✓ Consecuencias que aún sentimos hoy
¿Sabremos algún día toda la verdad?
Qui connaît Nadia Léger ? Ou plutôt qui connaît son œuvre ? Car si
elle est connue dans les milieux artistiques pour avoir été la femme de
Fernand Léger, pas un musée français ne présente l’une de ses toiles.
Celle qui était surnommée la milliardaire rouge dans les années 60 a
pourtant été une personnalité très importante de la scène artistique
parisienne, des années 1930 aux années 1970. Pourquoi ses tableaux
ont-ils été invisibilisés de la sorte, boudés des spécialistes,
critiques et conservateurs au point qu’ils ont été effacés de l’histoire
de l’art ?
Parcours d’une femme prodige restée dans l’ombre
C’est Aymar du Chatenet qui lève le voile qui recouvrait sa très
grande oeuvre. Oeuvre qu’il découvre par hasard en rendant visite aux
descendants du couple Léger. Une centaine de tableaux se trouvent là,
empilés dans une pièce, abandonnés à l’oubli. Editeur de jeunesse mais
grand amateur d’art, celui-ci est surpris de faire cette découverte et
s’adresse aux spécialistes. Il découvre alors le mépris du milieu pour
cette femme, d’origine paysanne, et décrite comme une « communiste
enragée »[1].
Elle a aussi pâti de l’ombre de son mari, comme beaucoup d’épouses de
maîtres – pensons à Camille Claudel ou Frida Khalo dont les œuvres n’ont
pas été initialement reconnues à leur juste valeur.
Frappé par la splendeur de ses toiles, par son talent propre et par
la richesse de son itinéraire artistique, il entreprend de réparer cette
injustice. Au terme de dix ans de travail, il sort fin 2019 une somme
de 4,7 kg, qu’il qualifie de « pavé dans la mare » pour faire exister
l’oeuvre de cette femme hors pair et la sortir de l’oubli. De novembre
2024 à mars 2025, il a également coordonné une magnifique rétrospective
au Musée Maillol qui retraçait la vie et l’oeuvre de cette peintre
franco-soviétique jusqu’ici condamnée aux oubliettes. L’histoire de
l’art est, elle aussi, victime de l’anticommunisme…
Fille de la révolution
Nadiejda Khodossievitch naît en 1904 dans une famille paysanne pauvre
de neuf enfants, dans la région de Vitebsk dans l’actuelle Biélorussie.
Son père vend de la vodka et sa mère tisse. Toute jeune, elle passe ses
journées à planter des patates et raconte qu’elle peignait la nuit.
Naturellement douée pour le dessin et déterminée à devenir artiste, elle
prend des cours à l’Ecole des Beaux arts de Beliov puis intègre à
seulement 16 ans l’Atelier national des beaux-arts de Smolensk[2],
formations rendues gratuites par le tout jeune État soviétique. Elle
est déjà à cette époque totalement portée par les idées de la Révolution
bolchévik et de la construction du socialisme, sans lesquelles elle
n’aurait tout simplement jamais pu étudier la peinture !
L’exposition donnait à voir quelques unes de ses œuvres de jeunesse
avec des toiles peintes à 17-18 ans. Nadia faisait déjà montre d’un
véritable talent. Elle est initialement influencée par le suprématisme
de Kasimir Malévitch qui enseigne à Smolensk (courant abstrait qui
supprime toute référence à la réalité dans une recherche d’esthétisme
pur, associant couleurs et formes géométriques). Mais elle découvre
bientôt, à travers la revue « L’Esprit nouveau » de Le Corbusier,
empruntée à la bibliothèque municipale, le style de Fernand Léger.
Celui-ci lui semble incarner le futur de la peinture. Un courant
novateur qualifié de cubiste qui n’abandonne pas la figuration au
contraire de ses maîtres soviétiques. Elle décide donc de se rendre à
Paris pour le rencontrer et se former auprès de lui.
Elle fait une étape en Pologne, qui durera finalement quatre ans.
Elle y côtoie les milieux d’avant-garde tout en se formant à l’Académie
des Beaux-Arts de Varsovie et se marie avec le peintre Stanislaw
Grabowski. Ensemble ils viennent s’intaller à Paris en 1925 et
s’inscrivent à l’Académie moderne, fondée par Fernand Léger et Amédée
Ozenfant, ainsi que Nadia l’avait décidé des années aupraravant. Mais le
couple se sépare deux ans plus tard, peu après la naissance de leur
fille. C’est alors que Nadia entame une relation intime et plus
seulement artistique avec Fernand Léger. Elle passe bientôt d’élève à
directrice adjointe de son atelier, l’un des plus en vue de la capitale,
d’où sortiront des artistes de renom comme Nicolas de Staël, Hans
Hartung ou Louise Bourgeois. L’exposition à Maillol donnait d’ailleurs à
voir des œuvres des élèves de l’atelier, illustrant la grande liberté
de style qui y régnait, mais aussi l’approche collective, avec la
réalisation de toiles monumentales à plusieurs mains. Mais le nom de
Nadia n’est guère mis en avant, que ce soit sur la fiche Wikipédia de
l’Académie où elle n’est signalée que comme élève ou sur les clichés de
Robert Doisneau, alors que c’est bien elle la professeure !
Après des années de partage amoureux et professionnel, Nadia épouse
Fernand en 1952. Plus âgé qu’elle, il décède en 1955. Elle hérite alors
de toute sa fortune et de son œuvre. Celle qui a dormi dans des wagons
stationnés en gare les premiers temps à Smolensk et fait des ménages
dans une pension de famille pendant ses dix premières années à Paris
devient tout à coup milliardaire. Mais plutôt que de profiter de ce
patrimoine immobilier et artistique, Nadia consacre le restant de sa vie
et cette fortune à valoriser l’oeuvre de son défunt mari. Avec l’aide
du peintre Georges Bauquier avec qui elle s’est remariée, elle édifie à
Biot le plus grand musée dédié à un artiste encore aujourd’hui en
France, et en fait don à l’État en 1967 avec les 385 œuvres de Fernand
en sa possession (peintures, dessins, céramiques, bronzes et
tapisseries).
Elle n’aura cessé de peindre jusqu’à sa mort. Elle s’eteint en 1982 à
Callian dans le Var où sa tombe est ornée d’une superbe mosaïque tirée
de l’un de ses autoprotraits. Elle sera restée fidèle toute sa vie à son
intense engagement communiste et à l’Union soviétique. Ce qui explique
sans doute le malaise des « communistes mutants » du PCF et consorts.
Ainsi la cheffe du service culture de l’Humanité titrait « Nadia Léger,
une artiste dans les tourments du XXème siècle. » Bof… Je lui sais
toutefois gré d’avoir attiré mon attention sur cette lumineuse
exposition. Nadia est morte « stalinienne » comme le dit son
résurrecteur, raison principale de son enterrement artistique, outre le
machisme persistant de nos sociétés inégalitaires.
Une œuvre indissociable de son engagement communiste et du PCF
Nadia adhère au PCF en 1933. Pour cette paysanne qui a connu la
misère et évolue désormais dans les milieux intellectuels et culturels
d’avant-garde, cet engagement ne tient en rien à l’air du temps. Elle va
dès lors lier une partie importante de son œuvre au Parti. Elle réalise
par exemple des affiches pour des appels à manifestation et dirige la
production collective de fresques et grands panneaux pour des événements
du front populaire et pour un rassemblement des femmes pour la paix.
Son autoportrait au drapeau rouge de 1936 est un manifeste politique.
Puis les nazis soumettent la France. Fernand Léger, très menacé,
parvient à s’exfiltrer aux États-Unis où il reste pendant toute
l’occupation. Nadia, elle aussi recherchée mais détentrice d’un seul
passeport russe, n’a d’autre choix que de rester en France avec sa fille
dans la clandestinité. Et d’entrer en résistance. Sous le nom de
Georgette Paineau elle produit et diffuse de nombreux tracts clandestins
et sert d’agent de liaison pour les FTP-MOI, tout comme sa fille Wanda,
tout juste âgée de seize ans. Quelques peintures très marquantes
illustrent cette période : Autoportrait – Le serment d’une résistante (1941) (autoportrait), Wanda (1942) (glissant un message sous une porte), La mort de Tania
(1942) figurant une femme pendue ou bien le portrait poignant de
Fernand Léger au coq rouge, dont les traits tirés expriment la douleur
de l’exil.
Autoportrait – Serment d’une résistante (1941)
A la libération, elle rejoint l’Union des patriotes soviétiques. Elle
lance au profit des anciens prisonniers de guerre soviétiques une vente
aux enchères de 140 tableaux qu’elle a elle-même récoltés de la part
d’artistes comptant des grands noms tels que Picasso, Braque, Matisse et
Fernand Léger. Nadia, elle, met véritablement son art au service du
parti. Ce sont ses portraits des grandes figures communistes soviétiques
et françaises qui ornent le 10e Congrès du PCF de juin 1945. Réalisés à
partir de photos dont elle ne garde que les contours et restitue les
contrastes par applats de couleur primaires, ces tableaux façon affiche
de propagande, d’une modernité époustouflante, font de Nadia Léger une
véritable précurseure du pop-art. Marx, Lénine, Staline, Maïakovski,
Thorez, Duclos, Cachin, Sampaix… ; sans oublier les femmes que Nadia met
beaucoup à l’honneur de manière générale dans sa peinture – Danielle
Casanova, Elsa Triolet Nadejda Kroupskaia (femme de Lenine) ou encore Ekaterina Fourtseva (Ministre de la culture soviétique).
Très proche d’Aragon, beaucoup de critiques lui reprochent le
même « art de parti ». Nadia a peint de nombreuses représentations de
Staline, notamment une belle toile où il est à son bureau avec une
petite fille, en petit père des peuples. Aymar du Chatenet précise
qu’elle n’était pas payée par le KGB. C’est au contraire elle qui les a
« financés », ce qui, selon ses dires, lui a permis de conserver une
grande liberté artistique et culturelle. Á la mort de Fernand Léger,
Nadia met la propriété dont elle hérite à Gif-sur-Yvette à la
dispositions des cadres du PCF qui vont y organiser réunions et
colloques. C’est même là que se tinrent, le 22 novembre 1972, les
négociations entre Henry Kissinger et Le Duc Tho qui mettront fin à la
guerre du Vietnam !
Nadia était aussi une infatigable travailleuse, pouvant dormir
une heure par nuit à certaines périodes de sa vie paraît-il. Vie qu’elle
a dédiée à son combat pour l’art populaire et la construction d’un
monde meilleur. Dans les années 70, elle a envoyé en URSS quelque 2 000
œuvres classiques de maîtres de la peinture qu’elle a reproduits à
l’identique pour servir à l’enseignement plastique. Un labeur
titanesque ! Elle a par ailleurs fait don à la Biélorussie et à la
Russie soviétique de nombre de ses œuvres dans les années 1960 et 1970.
Notamment une collection de ses bijoux en or, platine et diamant,
visible à Moscou, et cent immenses portraits en mosaïque de
personnalités russes de la culture et de la science qui ornent encore
aujourd’hui des lieux publics de diverses villes de Russie. Ce sont des
peintures que l’on peut voir au Musée national des beaux-arts à Minsk.
On percevait très bien cette immense générosité mais aussi cette
humilité des quelques photographies de la « cosaque » présentées à
l’exposition. De ses traits rieurs se dégagent une bonhomie extrêmement
sympathique et une simplicité sincère. On la voit bras dessus bras
dessous avec Aragon, Elsa Triolet et Danielle Casanova dont elle était
une amie proche.
Une grande artiste et remarquable portraitiste
Je ne saurais m’improviser critique d’art. Beaucoup des
commentaires de l’exposition soulignent la grande évolutivité de
l’oeuvre de Nadia Léger qui a adopté au cours de sa longue vie de
peintre une multiplicité de styles, tout en conservant chaque fois sa
marque propre. Une « capacité à se réinventer » plutôt rare, paraît-il,
pour les grands artistes : suprématisme, purisme, cubisme,
constructivisme, biomorphisme, surréalisme, réalisme socialiste, et
enfin précurseure du pop art… Une diversité qui est, à tout le moins,
signe d’une très grande maîtrise technique.
L’exposition avait le grand mérite de donner à voir aussi des
œuvres de Fernand Léger. Ce qui permettait d’apprécier l’influence
relative que celui-ci a eue sur sa peinture durant leur collaboration.
Et d’attester sans équivoque que Nadia n’a pas fait du Fernand. Si on
trouve une parenté manifeste dans leurs décors industriels par exemple,
la façon de peindre les sujets, elle, n’a rien à voir. Chez Fernand,
les personnages sont extrêmement froids et mécaniques, comme des pantins
articulés, tandis que chez Nadia ils sont toujours restés très charnels
et expressifs. Même chose dans les natures mortes. Celles du maître
cubiste sont planes aux formes assez géométriques, tandis que les
courbes et couleurs flamboyantes de Nadia donnent aux choses un air
animé et une quasi sensation de 3D. Quelque chose de très chaleureux et
sensuel qui déborde de vie.
Après-guerre, elle embrasse le réalisme socialiste ce qui a donné
chez elle des œuvres lumineuses telles que Les mineurs, Les
constructeurs, Les baigneuses ou Les musiciens Tadjiks (qu’Aragon avait
accroché dans son bureau). En effet, portraitiste hors pair, elle sait
dégager des visages beaucoup d’émotions – et en l’occurence sur cette
période une magnifique joie de vivre. Les regards interpellent le
spectateur et expriment avec force notre commune humanité. Les
personnages semblent là devant nous, comme de chair et d’os. Ils nous
parlent. L’un de ses portraits de Fernand Léger, peint en hommage après
sa mort, m’a d’ailleurs fait monter les larmes aux yeux tellement son
regard semblait restituer tout l’amour, la tendresse et l’admiration
qu’elle avait pu avoir pour lui, et lui pour elle.
Les constructeurs
Foi en l’humanité et combat pour la paix
C’est ça qui m’a le plus marquée dans cette exposition. Depuis
ses débuts ou presque sa peinture est très incarnée, sensuelle et
joviale. On découvre une oeuvre puissante et lumineuse, qui ne peut
émaner que d’une femme chaleureuse et humaniste. Mais de sa peinture
d’après-guerre transperce la foi et la confiance en un monde nouveau, un
futur heureux, harmonieux, plein d’une promesse d’égalité et
d’épanouissement de l’humanité. Que j’aurais aimé vivre cette époque !
Que de lueurs que nous ne voyons plus, ni dans l’art, ni dans la rue…
Fascinée par le développement spatial, Nadia revient sur le tard à
ses premiers amours suprématistes qui lui semblent incarner cet élan
vers le ciel comme avenir de l’homme et de l’art. Elle réalise de
nombreux portraits de Gagarine, de Lenine et d’elle-même dans cette
veine, que des céramistes de renom reproduiront en mosaïques. Des
planches très graphiques qui s’apparentent à des collages dans lesquels
la composition prend le pas sur le fond. L’agencement des symboles a
plus d’importance que ces symboles eux-mêmes. Une esthétique qui
plairait à beaucoup aujourd’hui – malgré la faucille et le marteau – car
les couleurs et le design peuvent les muer en 2025 en un
folklore amusant aux accents pop. J’ai pour ma part préféré la période
« réalisme socialiste » car elle donne une forme sensible à la part la
plus belle et la plus noble de notre humanité, celle qui aspire
profondément à un monde de paix, de justice et de rire.
Monika KARBOWSKA est diplômée en Histoire des relations internationales
à l’Université de Paris-1 Panthéon Sorbonne. Française et polonaise, elle est militante marxiste, communiste, féministe et internationaliste.
Elle est venue nous parler de "Contre histoire du « Printemps de Prague »", ouvrage de Vasil Bilak dont elle a assuré la traduction avec Diane Gilliard, et qui vient de sortir aux éditions Delga :
https://editionsdelga.fr/produit/cont...
Depuis la guerre froide, afin de détruire le socialisme, l’Occident capitaliste aura su déverser ses mythes à la peau dure, flanqués de leurs slogans démagogiques et de leurs saints factices. Incontestablement, le Printemps de Prague avec son « socialisme à visage humain » et la figure embaumée de Dubcek en fut le paradigme achevé.
Vasil Bilak, Premier secrétaire du comité central du PC de Slovaquie en 1968 et l’un des principaux protagonistes des événements d’alors, et resté, lui, indéfectiblement socialiste, convoque ici les faits demeurés inconnus de l’extérieur et jamais publiés auparavant, réduisant à néant la légende rose du Printemps de Prague...