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vendredi 24 octobre 2025

Odessa, il y a 84 ans

 

Tout ce qu'il faut savoir sur Odessa - UAmedTOURS FR 
 
Ce matin, à l’aube…

A Odessa à l’aube du 23 octobre 1941, 5000 Juifs étaient pendus par groupe de 3 à 5 à chaque lampadaire des boulevards d’Odessa. La veille des agents du NKVD avaient fait sauté le QG de l’Armée Roumaine d’occupation situé devant le parc Alexandrosvsky, causant la mort d’un cinquantaine de militaires Roumains. Odessa avait été conquis 6 jours plus tôt, et le NKVD avait piégés les bâtiments susceptibles d’être utilisés par les occupants, comme à Kiev un mois auparavant  les destructions avaient été le prétexte du massacre de Babi Yar.

Les représailles ne s’arrêtèrent  pas là, car ce n’était pas des représailles, c’était la mise en oeuvre de la Shoah par la Roumanie. En 1926, il y avait 133.000 Juifs à Odessa, le 1 novembre 1941 ils étaient plus que 33.885. Le 10 avril 1942, 702. En Novembre 1944, la nouvelle administration Soviétique en dénombra 48.

Comme la France, la Roumanie développa une politique antisémite d’état et la population non Juive et l’armée Roumaine, ont été grandement autonomes en terme « opérationnel » dans la Shoah. Les Nazis d’ailleurs se félicitèrent d’avoir un « allié » aussi entreprenant dans l’assassinat des Juifs d’URSS : ils en assassinèrent  en tout 300.000 en Roumanie et dans les territoires conquis en URSS. Comme la France, la Roumanie eut (et a toujours) du mal à se regarder dans le miroir de l’Histoire.  
  
Comme toutes choses venant du Front de l’Est, l’Europe Occidentale connait peu ce passé Roumain, et se soucie guère d’ailleurs de parfaire sa connaissance. Ce matin, à l’aube, j’ai pleuré Odessa.

         
Cartea neagra - Le Livre noir sur la destruction des Juifs de Roumanie (1940-1944)  de Matatias Carp / Denoël


dimanche 12 octobre 2025

La Joven guardia (Sergueï Guerassimov, 1948)

 






El 11 de octubre de 1948 tenía lugar el estreno del drama bélico "Молодая гвардия" (La joven guardia), largometraje dirigido por Sergei Gerasimov para los Estudios de Cine Gorki.
Adaptación de la novela homónima de Alexander Fadeev, la película está protagonizada por Vladimir Ivanov, Inna Makarova, Sergei Gurzo, Boris Bityukov, Nonna Mordyukova, Sergei Bondarchuk, Lyudmila Shagalova y Vyacheslav Tijonov, entre otros, y atrajo a las salas de cine soviéticas a más de 34 millones de espectadores.
Sinopsis - Julio de 1942. Unidades del ejército soviético abandonan la ciudad minera de Krasnodon y los alemanes la ocupan. Los tanques enemigos cortan la carretera y un grupo de miembros del Komsomol se ve obligado a regresar a casa. En respuesta a las atrocidades nazis, los estudiantes recién llegados a la escuela formaron una organización clandestina, la "Joven Guardia", que librará una guerra encubierta contra los ocupantes: distribuyen panfletos, liberan a un grupo de soldados del Ejército Rojo capturados, incendian una bolsa de valores alemana, salvando a sus compatriotas de la esclavitud nazi, y ondean banderas rojas soviéticas en el aniversario de la Revolución de Octubre.


lundi 22 septembre 2025

Le Chant de Manchouk (Mazhit Begaline, 1969)

SOURCE DU TEXTE
 
You are currently viewing Le chant de Manchouk (1970)

En 1943, sur le front de l’Est, après la bataille de Smolensk. Manchouk Mametova est une jeune infirmière d’origine kazakhe, engagée volontaire dans l’Armée rouge et devenue experte en mitrailleuse. Sa bravoure au combat en fait une héroïne de sa brigade de tirailleurs. Le chant de Manchouk (Песнь о Маншук) raconte, en un peu moins de 80 minutes, les dernières heures de sa vie.

Critique & analyse

Chose rare, la véritable fin de la mitrailleuse Manchouk Mametova (1922-1943) fut probablement plus glorieuse que sa représentation succincte dans le film. Née dans une région rurale du Kazakhstan, la jeune femme suivit d’abord des cours de médecine à Alma-Ata avant de s’enrôler dans l’Armée rouge après l’invasion de l’URSS par l’armée allemande. Affectée dans une unité d’infanterie, elle développa de solides capacités dans le maniement des mitrailleuses et força le respect des autres fusiliers par son courage au combat. Si l’on en croit les quelques sources éparses trouvées sur internet, le 15 octobre 1943, la jeune femme de 20 ans soutint de violents tirs de mortiers ennemis, fut blessée à la tête par un éclat d’obus mais trouva la force de se relever, de continuer la défense de ses camarades, jusqu’à la mort, refusant de battre en retraite avec le reste de sa division.

La légende imprimée dans les mémoires en fait une héroïne de l’Union soviétique, un modèle de courage et une tueuse redoutable (elle aurait tué jusqu’à 70 ennemis le jour de sa mort), au même titre qu’Aliya Moldagulova, autre femme combattante d’origine kazakhe morte sur le front. Aujourd’hui, Manchouk Mametova reste une figure historique importante au Kazakhstan, des rues, des statues, des livres et un musée perpétuent son souvenir.

En 1968, lorsqu’il est chargé d’écrire le scénario de ce film, Andreï Kontchalovski est un jeune cinéaste qui n’a réalisé que deux longs métrages, relativement mal reçus par la Censure soviétique (Le premier maître en 1965 et Le bonheur d’Assia, en 1966). De son propre aveu, écrire des scénarii pour les Républiques soviétiques d’Asie centrale représentait un moyen d’apprendre son métier et de gagner de l’argent très facilement, loin de Moscou ; il en écrivit beaucoup, dont trois au Kazakhstan. Pour mieux connaître la personnalité de Manchouk Mametova, il rencontra sa tante à plusieurs reprises : elle lui confia les lettres de sa nièce pendant la guerre (celles dont on entend des extraits romancés dans le film), des anecdotes sur son enfance, ses jeunes années, sa détermination précoce et sur l’exécution de son oncle, considéré comme un ennemi du peuple. Kontchalovski apprit aussi que la jeune mitrailleuse avait écrit plusieurs fois à Staline depuis le front, sans succès, pour clamer l’innocence de cet oncle si important dans sa vie.

C’est probablement cet ensemble de souvenirs précieux, alliés aux obsessions thématiques de Kontchalovski, qui expliquent le parti pris si singulier de ce film de guerre aux accents nostalgiques : la séquence où Manchouk reçoit des pommes et les offre à ses camarades est véridique, tout comme les nombreuses dérives oniriques, inspirées de ses écrits, qui placent la jeune femme au milieu des steppes ou de sa famille défunte. À la différence de nombreux films de l’époque consacrés au destin d’un héros ou d’une héroïne de la Grande Guerre patriotique, Le chant de Manchouk constitue davantage une introspection qu’une hagiographie. Le portrait de cette femme au milieu des combats appelle à la glorification symbolique du collectif, jamais à la légende individuelle ; du reste, le personnage de Manchouk semble toujours en retrait, comme le miroir sur lequel se reflètent les tempéraments, bien plus intéressants, de ses camarades.

Le film est surtout l’évocation en clair-obscur d’un mystère, irrésolu : comment et pourquoi la fille adoptive d’un ennemi du peuple s’engage ainsi, jusqu’au sacrifice, pour sauver sa patrie ? Que recherche-t-elle ? Pragmatique quand elle évoque les combats, Manchouk devient mystique au milieu de la nature, des grands arbres : elle revoit les cavaliers kazakhs de son enfance, s’imagine retrouver un amour perdu, ses parents. Elle ne succombe jamais aux envoûtements balourds d’un bel officier mais pourrait entrer en transe aux premiers rayons du soleil, nichés aux confins de la canopée.

Devant de tels attraits scénaristiques, on comprend le plaisir d’Andreï Kontchalovski à composer un hymne à l’innocence sacrifiée – chant d’autant plus attrayant qu’il est incarné par la belle Natalia Arinbassarova, sa compagne d’alors, rencontrée sur son premier film au Kirghizistan. Toutefois, il serait très injuste pour l’actrice d’imaginer, avec le recul, une forme de favoritisme dans ce choix. Le réalisateur du film, Majyt Begaline, avait fait la guerre dans la même division que Manchouk et l’avait même rencontrée sur le front, lorsqu’elle travaillait au quartier général. Il fut le premier à reconnaître une forte ressemblance physique entre l’actrice et son personnage.

Natalia Arinbassarova impose, dès les premières minutes du film, une large palette de nuances dans son interprétation : tour à tour souriante et mutine, petite fille fragile derrière cette lourde mitrailleuse porteuse de mort, elle se révèle immédiatement hardie, prête à tout pour anéantir l’adversaire, avant que ses yeux ne s’égarent doucement dans une longue fuite mélancolique, spirituelle et onirique ; ange de pureté dans un champ de sépulcres, soldat de plomb sous les frondaisons ensanglantées. À l’exception des scènes de combats, Majyt Begaline filme son actrice presque toujours de près, en gros plan, comme s’il cherchait à pénétrer l’intériorité de ses pensées cadenassées.

Face à elle, un jeune loup sorti de sa cage dorée : Nikita Mikhalkov, frère cadet du scénariste et acteur remarqué dans Je m’balade dans Moscou (Danielia, 1964), étudiant en cinéma au VGIK prêt à conquérir les écrans du monde entier. Avec un peu de morgue (bienveillante), on peut affirmer que le jeune homme est dans un rôle taillé sur mesure. Dragueur rustaud, toujours un sourire en coin et l’œil plein de malice, Mikhalkov semble s’amuser à composer ce personnage tragi-comique, vantard comme pas deux, beau gosse moscovite un peu outrecuidant avec les kazakhs mais pudique quand il s’agit de dévoiler ses sentiments réels. Comme toujours, on aime ou l’on s’agace de cette nonchalance, parfaitement improbable dans ce contexte. Pourtant, l’acteur aussi, à sa façon, participe à rendre le film un peu plus éloigné des canons traditionnels du cinéma soviétique – et cette fin, si touchante, où le grand gaillard pleure comme un enfant devant le corps sans vie de la belle Manchouk, au milieu des ruines ! N’est-ce pas pour toutes ces émotions contradictoires que nous aimons le cinéma, après tout ?

Majyt Begaline filme admirablement ses acteurs, avec la bienveillance d’un père qui retrouve des émotions vécues (le réalisateur fut blessé pendant la guerre) et les territoires de sa jeunesse au service de la patrie. La caméra ne virevolte pas dans tous les sens, au contraire, elle se faufile entre les hommes, comme un camarade silencieux qui cherche à transmettre la vérité. Seule, la dernière partie du film ressemble davantage à un documentaire, ce qui contraste étonnamment avec la première heure, comme si cet épisode guerrier (l’assaut final) était un exercice formel obligatoire, pour satisfaire les aristarques. Par bonheur, sitôt la mort survenue, un dernier rêve nous rappelle à l’enfance de Manchouk, petite fille du Kazakhstan entourée de ses parents, intacts moments de bonheur qui ne devraient pas conduire au sacrifice.

Le film, à plusieurs niveaux de lecture, peut être vu comme un plaidoyer antimilitariste, une ode au dévouement absolu ou l’allégorie mystique d’une jeunesse en quête d’absolution. La finesse du scénario, la mise en scène empathique, le montage, les décors austères, les sourires tristes des personnages principaux, rien ne permet de trancher véritablement. Toujours est-il que le film fut très bien accueilli par les autorités, au moment de sa sortie.

 

VOIR LE FILM
 

mardi 13 mai 2025

Industria de guerra y socialismo

Si la industria dependiese de intereses privados, si no fuese socializada, hubiese sido imposible realizar lo que consiguieron los soviéticos durante su Gran Guerra patriótica: desplazar toda la industria a cientos de kilómetros de los invasores.

 

Solo unos días después del comienzo de la invasión nazi, en la URSS se desarrolló un procedimiento para la evacuación de empresas industriales y sus trabajadores. 



No se podían dejar instalaciones industriales en el territorio ocupado, no se podía permitir que el enemigo utilizara las capacidades de producción existentes.

De las zonas bajo amenaza de ocupación se retiraron principalmente herramientas y maquinaria, metales no ferrosos, combustibles y lubricantes y otros equipos industriales. La tarea no era sólo evacuar el equipo, sino también colocarlo en un nuevo lugar lo más rápidamente posible y comenzar a producir las armas, municiones y dispositivos que el país necesitaba tan desesperadamente.

Las empresas fueron transportadas desde Ucrania, Bielorrusia, Moscú y Leningrado a los Urales, Siberia y Asia Central a una base industrial ya existente, que tuvo que ser ampliada apresuradamente, y algunas empresas evacuadas comenzaron a trabajar en una nueva ubicación, en el pleno sentido de la palabra, al aire libre.

En total, durante un año (de 1941 a 1942), 2743 empresas de la URSS, incluidas 1523 grandes, fueron transportadas desde las regiones occidental y meridional del país hacia el este. Al principio, tanto las empresas como las personas se vieron obligadas a existir en condiciones inadecuadas para la vida: las fábricas a menudo se erigían al aire libre y la gente solía instalarse en refugios improvisados o incluso dormir junto a sus máquinas. Todos estos esfuerzos se convirtieron en una contribución integral para lograr la Victoria común.


jeudi 12 septembre 2024

Le récit du « jour de la Victoire » des Russes (ou l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale rarement évoquée en Occident)

 SOURCE SECONDAIRE: https://brigittebouzonnie.substack.com/p/le-recit-du-jour-de-la-victoire

Article rédigé 11 mai 2018 par Michael Jabara Carley pour le site Réseau Voltaire

Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Montréal, Michael, Jabara Carley raconte ici le rôle de l'Union soviétique contre le nazisme. Puis il analyse la manière dont cette histoire a été volontairement déformée par les Anglo-Saxons et est malhonnêtement enseignée dans le monde occidental (l'Hégémon).

 Chaque année, le 9 mai, la Fédération de Russie commémore un événement historique majeur : le jour de la Victoire. Ce même jour de l’année 1945, le maréchal Georgy Konstantinovich Youkov, commandant du 1er front biélorusse, qui avait pris d’assaut Berlin, recevait l’acte de reddition inconditionnelle des Allemands. Au final, la Grande Guerre patriotique aura duré 1418 jours, d’un niveau inimaginable de violence, de destruction et de brutalité. De Stalingrad et du Caucase septentrional en passant par le Nord-Ouest de la périphérie de Moscou aux frontières occidentales de l’Union Soviétique, à Sébastopol au sud et jusqu’à Léningrad et la frontière finnoise au nord : le pays a été ravagé. On estime à 17 millions les pertes civiles — hommes, femmes et enfants — bien qu’il soit impossible de déterminer le chiffre exact. De nombreuses villes et villages ont été détruits ; des familles entières ont disparues sans personne pour se souvenir de leurs membres ou les regretter.



La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné.

Plus de dix millions de soldats russes ont péri dans les combats visant à repousser le terrible envahisseur nazi et dans l’offensive finale conduisant à l’occupation de Berlin à la fin d’avril 1945. Les soldats de l’Armée Rouge morts au combat, ont été abandonnés sans sépulture — ou dans des fosses anonymes — lors de la marche vers l’Ouest, faute de temps. La plupart des citoyens russes ont perdu de la famille durant la guerre. Personne n’a été épargné.

La Grande Guerre patriotique a débuté le 22 juin 1940 à 3h30 du matin, quand la Wehrmacht a envahi l’Union Soviétique sur le front qui s’étend de la mer Baltique à la mer Noire avec 3,2 millions de soldats, répartis en 150 divisions, accompagnés par 3 350 tanks, 7 184 pièces d’artillerie, 600 000 camions et 2 000 avions de guerre. Les armées finnoises, italiennes, roumaines, hongroises, espagnoles, et slovaques, entre autres, ont rejoint l’armée allemande. Le Haut Commandement allemand a estimé que l’opération « Barberousse » aboutirait à la capitulation de l’Union Soviétique dans un délai de 4 à 6 semaines. À l’ouest, les états majors états-uniens et britanniques validaient ces prédictions. De surcroit, quelle armée pouvait se targuer d’avoir défait la Wehrmacht ? L’Allemagne nazie était un colosse invincible. La Pologne avait été balayée en quelques jours. La tentative franco-anglaise visant à défendre la Norvège avait été un fiasco. Quand la Wehrmacht a attaqué à l’ouest, la Belgique se hâta de quitter la zone de combat. La France a rendu les armes en quelques semaines. L’armée britannique a été éconduite de Dunkerque, nue, sans armes ni véhicules. Au printemps 1941, La Yougoslavie et la Grèce ont été éliminé à moindre coût pour les Allemands.



Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat.

L’armée allemande a balayé toute résistance en Europe jusqu’à ce qu’elle atteigne la frontière soviétique. L’Armée Rouge a été prise par surprise, partiellement mobilisée, car le dictateur soviétique Joseph Staline n’a pas pris au sérieux les avertissements de ses propres services de Renseignement, ou ne voulait pas provoquer l’Allemagne hitlérienne. Au final, ce fut une catastrophe. Mais contrairement à la Pologne ou à la France, l’Union Soviétique ne s’est pas rendue au bout de 4 à 6 semaines. Les pertes au sein de l’Armée Rouge ont été colossales, deux millions de soldats morts au bout de 3 mois et demi de combat. Les États baltes étaient perdus. Smolensk est tombée, puis Kiev : défaite la plus cuisante de toute la guerre. Léningrad était encerclée. Un vieil homme a demandé aux soldats « D’où vous retranchez-vous ? » Le chaos régnait partout. Mais, dans des lieux comme la forteresse de Brest-Litovsk, ainsi que dans des centaines de bois, de champs, de jonctions routières, de villes et de villages anonymes, l’Armée Rouge s’est battue jusqu’au bout. Elle a réussi à éviter l’encerclement et a pu rejoindre ses propres lignes ou bien disparaître dans les forêts ou les marais de Biélorussie et du nord de l’Ukraine, s’organisant en unités de résistance pouvant mener des raids contre l’arrière-garde allemande. À la fin de 1941, les pertes militaires soviétiques s’élevaient à 3 millions (la majorité étant des prisonniers de guerre, tués par des mains allemandes) ; 177 divisions ont été anéanties. Pourtant, L’Armée Rouge continuait de se battre, faisant même reculer les Allemands à Ielnia, au sud-est de Smolensk, à la fin du mois d’août. La Wehrmacht a pu ressentir la morsure d’une Armée Rouge ébranlée mais pas abattue. Les forces allemandes recensaient, en moyenne, dans leurs rangs, 7 000 victimes par jour : une nouveauté pour eux.



A certains endrois comme la forteresse de Litovsk, les soldats de l’Armée Rouge se sont battus jusqu’au dernier.

Sur les traces de la Wehrmacht, les escadrons de la mort SS (Einsatzgruppen) éliminaient les Juifs, les Tziganes, les communistes, les prisonniers de guerre soviétiques ou n’importe quel individu se trouvant sur leur chemin. Ils ont bénéficié de l’assistance de collaborateurs nazis, baltes et ukrainiens, pour ces crimes de masse. Les femmes et enfants soviétiques étaient dépouillés de leurs vêtements et alignés sur le peloton d’exécution. En plein hiver, les soldats allemands abattaient les villageois ou les forçaient à sortir de leur maison, tout de haillons vêtus, leur confisquant leur foyer, vêtements d’hiver et nourriture.

À l’ouest, ceux qui avaient prédit une débâcle russe, les sempiternels soviétophobes, n’eurent pas l’air malin et durent revoir leurs prévisions. L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France. Bien que la résistance soviétique bénéficiait du soutien du citoyen anglais, le gouvernement britannique, lui, ne fut pratiquement d’aucune aide. Certains membres de l’exécutif étaient même réticents à considérer l’Union Soviétique comme un allié. Churchill a interdit à la BBC de diffuser le dimanche soir, l’hymne national soviétique, l’Internationale, en compagnie des autres hymnes alliées.



L’opinion publique comprit qu’Hitler avait mis là le pied dans un bourbier ; aucune commune mesure avec la campagne de France.

L’Armée Rouge tout en battant en retraite continuait désespérément de se battre. Ce n’était pas une guerre ordinaire, mais un combat d’une violence exceptionnelle contre un envahisseur cruel, pour la défense de sa maison, de sa famille, de son pays, et de sa vie elle-même. En novembre, l’Armée Rouge, largua un pamphlet au dessus des lignes allemandes citant Carl von Clausewitz, le stratège militaire prussien : « Il est impossible d’occuper la Russie ou de la conquérir ». Bien que tentative d’intimiditation, vu les circonstances ; cette assertion n’était pas moins vraie. Finalement, aux portes de Moscou, en décembre 1941, l’Armée Rouge, sous le commandement de Gueorgui Joukov repoussa une Wehrmacht épuisée, environ trois cents kilomètres plus au sud. Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat. « Barberousse » était trop ambitieux, l’offensive éclair (blitzkrieg) avait échoué, et la Wehrmacht subissait son premier échec sur le plan stratégique. À Londres, Churchill accepta, à contrecœur, de laisser jouer l’hymne soviétique par la BBC.



Le mythe de l’invincibilité nazie volait en éclat.

En 1942, l’Armée Rouge continuait de subir des défaites et d’énormes pertes, dans la mesure où elle était livrée à elle-même. Cependant, en novembre de cette année, à Stalingrad, sur la Volga, l’Armée Rouge lança une contre offensive qui se conclut par une victoire historique et par la retraite de la Wehrmacht, en ce printemps 1942, à sa position d’origine ; exception faite pour le 6e corps d’armée allemande, pris au piège dans le chaudron de Stalingrad. Là, 22 divisions allemandes, parmi les meilleures, furent détruites. Stalingrad fut le Verdun de la Seconde Guerre mondiale. « Mais c’est un véritable enfer ! » ; « Non… C’est dix fois pire ! ». À la fin de la campagne hivernale de 1943, du côté de l’Axe, les pertes se démultipliaient : une centaine de divisions allemandes, italiennes, roumaines, hongroises étaient anéanties ou ravagées. Le président des États-Unis, Franklin Roosevelt, reconnut que le conflit venait de basculer : la dernière heure de la grande Allemagne avait sonné.



Des femmes au front lors de la bataille de Stalingrad.

Février 1943. Pas une seule division britannique, états-unienne ou canadienne ne se bat en Europe contre la Wehrmacht, seize mois avant le débarquement en Normandie. Les Britanniques et les États-uniens combattaient alors 2 ou 3 divisions allemandes en Afrique du Nord : un divertissement comparé au front russe. L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht. En 1942, 80 % des divisions de l’Axe étaient engagées dans le combat contre l’Armée Rouge. Au début de 1943, il y avait 207 divisions allemandes postées sur le front est. Les Allemands jouant leur va tout, lancèrent une dernière offensive contre la « citadelle » de Koursk en juillet 1943. L’opération sera un échec. L’Armée Rouge lancera une contre offensive à travers l’Ukraine conduisant à la libération de Kiev en novembre. Plus au nord, Smolensk avait été libérée un mois auparavant.

L’état d’esprit des Soviétiques était admirable, ainsi que leur Armée Rouge. Le correspondant de guerre Vasilii Semenovich Grossman en a capturé l’essence dans son journal intime, Nuit, tempête de neige. Il écrit en 1942, « Les véhicules, l’artillerie, avancent en silence. Soudain, une voix rauque se fait entendre. "Hé, quel est le chemin pour se rendre à Berlin ?". Éclat de rire. »



L’opinion publique occidentale savait qui portait à lui seul tout le fardeau de la guerre contre la Wehrmacht.

Les soldats n’étaient pas toujours braves. Parfois, ils désertaient. « Un chef de bataillon armés de deux revolvers se mit à hurler, "Où courez-vous comme ça, sales fils de ***. En avant marche, pour la Mère patrie, pour Jésus-Christ, bande d’enc*** ! Pour Staline, merdeux !..." » Ils retournèrent à leur poste. Ces types furent chanceux ; l’officier aurait pu les abattre. Ça arrivait parfois. Un soldat s’est porté volontaire pour exécuter un déserteur. « Avez-vous ressenti de la pitié pour lui ? » demanda Grossman. « Comment peut-on parler de pitié ?! » répondit le soldat. À Stalingrad, sept Ouzbeks ont été accusés d’auto-mutilation. Ils ont tous été exécutés. Grossman lit une lettre retrouvée dans la poche d’un soldat soviétique mort. « Tu me manques beaucoup. Viens me rendre visite, s’il te plait… À l’instant où j’écris ces mots, mes larmes coulent sur le papier. Papa, s’il te plait, viens me voir... »

Les femmes ont combattu aux côtés des hommes en tant que snipers, armurières, conductrice de tanks, pilotes, infirmières, dans les mouvements de résistance. Elles ont aussi apporté de l’aide aux armées postées en Russie. « Les villages sont devenus le royaume des femmes » écrit Grossman « Elles conduisaient des tracteurs, gardaient les entrepôts, les écuries… Les femmes assumaient une énorme charge de travail. Elles prenaient toutes sortes de responsabilités, expédiaient du pain, des avions, des armes et des munitions au front. » Quand les combats ont fait rage sur la Volga, elles n’ont pas reproché à leurs hommes d’avoir céder tant de terrain. « Un regard mais pas un mot » écrit Grossman, « … pas une pointe d’amertume. » Bien que parfois, dans les villages près du front, ce soit arrivé.



La fin de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps.

Pendant ce temps, les alliés occidentaux attaquèrent l’Italie. Staline a longtemps exigé un second front en France, mais Churchill s’y opposa. Il voulait attaquer l’Axe en son point faible, non pas pour aider l’Armée Rouge, mais pour contrecarrer son avancée dans les Balkans. L’idée était de traverser rapidement le nord de la péninsule italienne, puis les Balkans, afin de de stopper la progression de l’Armée Rouge. Cependant, Berlin se trouvait au nord-nord est. Le plan de Churchill était un fiasco ; les Alliés occidentaux ne sont pas entrés dans Rome avant juin 1944. Il y avait approximativement 20 divisions allemandes en Italie se battant contre des forces alliées plus conséquentes. À l’est, il restait encore plus deux cents divisions de l’Axe, soit dix fois plus qu’en Italie. Le 6 juin 1944, quand l’opération Overlord débuta en Normandie, l’Armée Rouge stationna sur les frontières polonaises et roumaines. Une quinzaine de jours après le débarquement en Normandie, l’Armée Rouge lança l’opération Bagration, une offensive massive qui aboutit à une percée en plein milieu de la ligne de front allemande à l’est et à une avancée de plus de 500 kilomètres vers l’ouest, pendant que les alliés occidentaux restaient bloqués dans la péninsule du Cotentin, en Normandie. L’Armée Rouge était irrésistible. La chute de l’Allemagne nazie n’était plus qu’une question de temps. Quand le conflit prit fin en mai 1945, il s’avéra que l’Armée Rouge avait été responsable de 80 % des pertes de la Wehrmacht et plus si on considère la période qui précède le débarquement en Normandie. « Ceux qui n’ont pu vivre la rudesse de l’été 1941 » écrit Vasily Grossman, « ne pourront apprécier complétement la joie procurée par cette victoire ». Les troupes comme le peuple chantaient de nombreux hymnes pour garder le morale. Sviashchennaia voina, « sacrée guerre » était une des plus populaires. Les Russes se lèvent toujours lorsqu’ils l’entendent.

Une polémique persiste chez les historiens. Quel est le moment clé de la guerre en Europe ? Certains proposent le 22 juin 1941, le jour où la Wehrmacht a franchi la frontière soviétique. D’autres mettent le doigt sur les batailles de Moscou, Stalingrad ou Koursk. Durant la guerre, l’opinion publique occidentale semblait plus acquise à la cause de l’Armée Rouge que certains dirigeants occidentaux, comme Winston Churchill. Roosevelt, lui, qui était un dirigeant politique bien plus pragmatique, a volontiers reconnu le rôle prépondérant joué par les Soviétiques dans la guerre contre l’Allemagne nazie. L’Armée rouge, déclarait-il à un général dubitatif en 1942, a tué plus de soldats allemands et détruit plus de chars allemands que tout le reste de la coalition alliée réunie. Roosevelt savait que l’Union Soviétique était la clé de voûte de la grande coalition contre l’Allemagne nazie. J’appelle FDR (Franklin Delano Roosevelt) : le parrain de la « grande alliance ». Néanmoins, les principaux détracteurs de l’Union soviétique restaient tapis dans l’ombre attendant le bon moment pour refaire surface. Plus la victoire sur l’Allemagne nazie semblait assurée, plus les opposants à la grande alliance se faisaient entendre.

Les États-uniens peuvent être un peu « soupe au lait » lorsque l’on évoque le rôle essentiel joué par l’Armée rouge dans la destruction de la Wehrmacht. « Que faites-vous du prêt-bail ? » répondent-ils, « sans notre soutien logistique, l’Union soviétique n’aurait pas battu les Allemands. » En réalité, la plupart du matériel fourni dans le cadre du prêt-bail n’arriva en URSS qu’après Stalingrad. Les soldats de l’Armée Rouge, facétieux, aimaient appelés les boites de conserve, reçues par le biais du prêt-bail, « le deuxième front » dans la mesure où le vrai se faisait un peu tardif. En 1942, l’industrie soviétique produisait déjà bien plus d’armes que l’Allemagne nazie. Le T-34 était-il un char états-unien ou russe ? Staline a toujours su être reconnaissant envers le gouvernement US pour les Jeeps et les camions Studebaker. Ils ont accru la mobilité de l’Armée rouge. Vous avez fourni l’aluminium, aiment à répondre les Russes, nous avons fourni… le sang. Des rivières de sang...



Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht.

À peine la guerre fut-elle terminée que le Royaume-Uni et les États-Unis commencèrent à envisager une autre guerre, cette fois contre l’Union Soviétique. En mai 1945, le haut commandement britannique élabore le plan « unthinkable » (impensable), une offensive top-secrète, avec le renfort des prisonniers de guerre allemands, contre l’Armée Rouge. Les salauds ! Les ingrats ! En septembre 1945, les États-uniens envisagèrent l’utilisation de 204 bombes atomiques afin de rayer l’Union Soviétique de la carte. Le président Roosevelt venait de décéder en avril et en quelques semaines les États-uniens soviétophobes appliquaient déjà une politique diamétralement opposée. La Grande Alliance n’était qu’une trêve au milieu de la guerre Froide, qui avait pour origine la prise du pouvoir par les Bolcheviks en novembre 1917 ; cette dernière redevenait d’actualité en 1945 maintenant le conflit terminé.

À ce moment là, les gouvernements états-uniens et britanniques avaient toujours l’opinion publique contre eux. Tout un chacun, en Europe et aux États-Unis, savaient très bien à qui attribuer le succès contre la Wehrmacht. Il n’était pas possible d’adopter à nouveau, comme si de rien n’était, la stratégie éculée de la haine envers l’Union Soviétique sans faire oublier le rôle prépondérant de l’Armée Rouge dans la victoire commune contre l’Allemagne hitlérienne. Les Occidentaux ont donc ressorti le dossier sur le pacte de non-agression d’août 1939 entre Hitler et Staline en omettant volontairement de mentionner certains faits antécédents, comme l’opposition franco-anglaise à la proposition soviétique d’un traité de sécurité collective contre l’Allemagne nazie et, surtout, la trahison envers la Tchécoslovaquie, livrée aux Allemands (Accords de Munich, 1938). Comme des cambrioleurs en pleine nuit, Londres et Washington s’attribuèrent le crédit de la victoire contre l’Allemagne nazie.

Déjà en décembre 1939, les Britanniques prévoyaient de publier un livre blanc attribuant la responsabilité de l’échec des négociations (printemps-été 1939) à Moscou en vue d’une alliance entre Anglais, Français et Soviétiques. Les Français se sont opposés à ce projet car le livre blanc risquait de permettre à l’opinion publique de prendre conscience du caractère effectif de la résistance soviétique contre le nazisme, ce qui n’a pas été le cas côté anglais ou français. Ainsi, le livre blanc a terminé sur une étagère. En 1948, Le département d’État états-unien a diffusé une série de documents attribuant la responsabilité de la Seconde Guerre mondiale à Hitler et Staline. Moscou a riposté en publiant à son tour des documents mettant en évidence les liens étroits entre le monde occidental et le régime nazi. Beaucoup d’énergie fut déployée pour que l’on se souvienne de l’Union Soviétique comme signataire du pacte de non-agression et non comme le principal responsable de la destruction de la Wehrmacht.



Les Occidentaux ont ressorti le dossier sur le pacte de non-aggression d’août 1939 entre Hitler et Staline.

Qui n’a pas vu un de ces films hollywoodiens dans lesquels le débarquement en Normandie est présenté comme un tournant de la guerre ? « Que serait-il advenu si le débarquement avait échoué ? » entend-on souvent « Oh…, pas grand-chose... » est la réponse qui convient. La guerre aurait duré plus longtemps, et l’Armée Rouge, venant de l’Est, aurait planté ses étendards sur les plages de Normandie. Puis, il y a les films qui présentent la campagne de bombardement de l’Allemagne par les alliés comme le facteur décisif dans la victoire de ces derniers. Dans les films hollywoodiens sur la Seconde Guerre mondiale, l’Armée Rouge est invisible. C’est comme si les États-uniens (et les Britanniques) se couronnaient de lauriers qu’ils ne méritaient pas.

J’aime posé cette question à mes étudiants lorsque l’on aborde la Seconde Guerre mondiale : qui a entendu parler de l’opération Overlord ? Tout le monde lève le main. Puis je demande : qui a entendu parler de l’opération Bagration ? Quasiment personne ne se manifeste. Je demande, facétieux, qui a gagné la guerre contre l’Allemagne nazie et la réponse est évidemment : « les Américains ». Seuls quelques étudiants, en général ceux qui ont eu d’autres cours avec moi, répondent : l’Union Soviétique.

Difficile pour la vérité de se frayer un chemin vers la lumière dans un monde occidental où les « fakes news » (mensonges) sont la norme. L’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et le Parlement européen attribuent la responsabilité de la guerre à l’Union Soviétique, sous-entendant la Russie et le président Vladimir Poutine. Hitler est quasiment omis dans ce tohu-bohu d’accusations sans fondements. Soutiennent cette version malhonnête des faits historiques : les États baltes, la Pologne et l’Ukraine, vociférant leur haine de la Russie. Les Baltes et les Ukrainiens célèbrent aujourd’hui, comme gloire nationale, les collaborateurs nazis et leurs agissements. En Pologne, la pilule est dure à avaler pour certains ; ils se souviennent trop bien des collaborateurs nazis ukrainiens qui ont assassiné des dizaines de milliers de Polonais en Volhynie. Malheureusement, de tels souvenirs n’ont pas empêché les hooligans polonais de vandaliser les monuments aux morts de l’Armée Rouge, ainsi que de profaner les cimetières de guerre soviétiques. Les nationalistes polonais ne veulent pas se souvenir de l’Armée Rouge libérant la Pologne de l’Allemagne nazie.



Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses diverses.

En Russie, cependant, la propagande mensongère des Occidentaux n’a aucun effet. L’Union Soviétique, ainsi que la Fédération de Russie, a produit ses propres films sur la Seconde Guerre mondiale, les plus récents sur la défense de la forteresse de Brest-Litovsk et de Sébastopol, et sur la bataille de Stalingrad. Le 9 mai, chaque Russe a une pensée pour les les millions de soldats qui se sont battus et ont perdu la vie ainsi que pour les millions de civils qui ont souffert et sont morts entre les mains de l’envahisseur nazi. Les vétérans, de moins en moins nombreux chaque année, continuent de porter des uniformes qui ne leur vont plus guère ou des treillis usés, parsemés de médailles et de récompenses diverses. « Traitez-les avec tact et respect » écrit Youkov dans ses mémoires : « C’est le moins que vous puissiez faire après ce qu’ils ont fait pour vous entre 1941 et 1945. » Lorsque je les observais en ce jour de commémoration, il y a quelques années, je me demandais comment ils ont pu composer avec la menace de mort permanente, la désolation et toutes ces épreuves.



Une marche des « immortels » à Moscou.

De nos jours, chaque année en ce 9 mai, le régiment des « immortels » défile. Les Russes, aux quatre coins du pays et à l’étranger, marchent ensemble en portant des photographies grand format de membres de leur famille, hommes ou femmes, qui se sont battus pendant la guerre. « Nous ne vous oublions pas » , ils semblent dire « et ne vous oublierons jamais. »

Michael Jabara Carley

Traduction Jean-Marc Chicot      Source Strategic Culture Foundation (Russie)

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AJOUTS PERSONNELS

 

Deux jour après le lancement de l'opération Barbarossa par les nazis allemands et leurs alliés européens, le 24 juin 1941, Harry s. Truman (futur président des USA), déclarait:

"Si nous voyons l'Allemagne gagner, nous devrions aider la Russie et, si la Russie est en train de gagner, nous devrions aider l'Allemagne, pour que le plus grand nombre périsse des deux côtés."



Si l'on veut comprendre, a minima, la guerre à l'Est, voir le film d'Elem KLIMOV, Requiem pour un massacre, de 1985. L'action se déroule sur le territoire de la Biélorussie soviétique en 1943. En France, on connait le massacre d'Oradour-sur-Glane, commis par la division SS Das Reich. Elle a opéré avec d'autres en Biélorussie, où il eut 600 villages massacrés de la sorte...600 Oradour-sur-Glane.

mercredi 26 juin 2024

« Nous les avons libérés du nazisme, ils ne nous le pardonneront jamais » (maréchal Joukov, opération Bagration)

 

22 juin 1944, il y a trois ans jour pour jour qu’Hitler et l’Allemagne nazie ont lancé leur guerre d’extermination contre l’Union soviétique. Les forces alliées qui avaient débarqué le 6 juin piétinent en Normandie, les Allemands maîtrisent encore l’essentiel des territoires conquis dans les trois premières années du conflit mondial.

Aux premières heures de ce jour, les positions de l’armée allemande Biélorussie subissent la première préparation d’artillerie de l’opération Bagration, la plus grande opération militaire combinée de l’Histoire

Pour la première fois, Joukov et les Soviétiques vont pouvoir mettre en œuvre le fameux « art opératif » qu’ils ont été les premiers à théoriser au début des années 30.

Stalingrad fut une bataille d’anéantissement classique, Koursk une bataille défensive, Bagration qui va comporter 10 offensives coordonnées (« Joukov joue du piano » écrira Lidell Hart) va concerner un front de 1000 km et permettre, à la stupéfaction du monde entier, une avancée de 600 km. Elle sera précédée d’une préparation logistique assez incroyable pour un pays martyrisé et pour ses parties récemment libérées, détruit de fond en comble par les envahisseurs nazis avant leur fuite. L’Armée rouge déploie à cette occasion une puissance qui stupéfie les autres belligérants des deux camps. À l’issue de ce mouvement, la défaite du groupe d’armées Centre est consommée. Techniquement, les trois armées qui le composent (4e, 3e panzer et 9e armée) sont détruites, et seuls des éléments épars refluent en Prusse-Orientale et dans les Pays baltes. L’Union soviétique détruit près de 30 des divisions du groupe et brise complètement la ligne de front allemande.

Autre point commun avec le débarquement en Normandie, l’usage forcené de la ruse : Bagration fut précédé de la plus inimaginable « déception » de l’histoire militaire depuis le Cheval de Troie. Cette gigantesque opération d’intoxication, «la maskirovka » fût en vérité d’une autre ampleur que Fortitude. Comme la contribution de la Résistance. Le matin du 20 juin, 15 000 explosions paralysèrent toutes les communications ferroviaires et détruisirent tous les ponts importants sur les arrières allemands en Biélorussie. Les soviétiques ont aussi expérimenté la sauvagerie allemande. Des Oradour-sur-Glane, la Biélorussie en a connu 628.

En heureuse contrepartie, 800 000 Allemands furent mis hors de combat en trois semaines, soit cinq fois plus qu’en Normandie. On met souvent en avant, et à juste titre, le chiffre effarant des morts soviétiques de la deuxième guerre mondiale. Il y a un autre chiffre significatif qui dit bien la conséquence de cette contribution. Les alliés anglo-saxons mettront hors de combat chaque année en moyenne 200 000 Allemands. Les Soviétiques, 1 200 000… Trois ans jour pour jour après le déclenchement de Barbarossa, le fameux « Groupe d’armées centre », celui qui avait aperçu en décembre 1941 les bulbes de Moscou, est complètement détruit. La Bête est entrée en agonie.

Le coup de grâce lui sera porté en avril 1945 à Berlin. Les héritiers de ceux qui, aux côtés nazis, combattaient les soldats soviétiques sont aujourd’hui, au pouvoir en Ukraine et soutenus par l’Occident . Ukraine où on détruit les monuments aux morts de l’Armée rouge pour les remplacer par les statues des nazis ukrainiens auxiliaires de la Shoah. Et pendant qu’on acclame les génocidaires survivants dans les parlements occidentaux.

Pour donner raison à Gueorgui Joukov commentant le 9 mai 1945 la capitulation allemande et disant à propos de ces occidentaux : « nous les avons libérés du nazisme, ils ne nous le pardonneront jamais ».

Source: https://www.vududroit.com/2024/06/nous-les-avons-liberes-du-nazisme-ils-ne-nous-le-pardonneront-jamais/#comments