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lundi 3 novembre 2025

Constellation Guy Debord/Jean Cazeneuve : sur le "spectacle"

Dans le volume 1 de la Correspondance de Debord, couvrant les années 1960-64, les références au "spectacle" et au "spectaculaire" s'affirment. 
 
Dans une lettre datée du 25 novembre 1964, il écrit: "Mon livre, La Société du Spectacleainsi que celui de Vaneigem, ne paraîtront pas avant l’année prochaine."
 
L'ouvrage de Debord et celui de Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, ne seront finalement publiés qu'en 1967.

 

A la même époque où Debord travaille sur son ouvrage, la notion de spectacle, sous son aspect particulier de manipulation des opinions publiques, est "rendue" dans un article du sociologue Jean Cazeneuve intitulé "La fabrication de l'opinion", paru dans le premier numéro de la revue professionnelle Les cahiers de la publicité.

Voir lien suivant: https://www.persee.fr/issue/colan_1268-7251_1962_num_1_1

Cette parfaite analyse du phénomène de manipulation de l'opinion par voie médiatique, est un texte court et synthétique. C'est celui d'un professionnel qui s'adresse au milieu publicitaire et donc sans volonté de le diffuser auprès du grand public. On y trouve nombre des saillies que Debord aurait sûrement aimé reprendre, ou du moins considérées comme analytiquement convergentes à partir de deux positions singulièrement divergentes.

le texte de Cazeneuve est écrit 26 ans avant la parution de La fabrication du consentement d'Edward Herman et Noam Chomsky, un ouvrage qui était lui -comme celui de Debord- destiné à ouvrir les yeux du grand public sur ces questions.

Jean Cazeneuve a été le président de la chaîne de télévision TF1 de 1975 à 1978, soit avant sa privatisation. On peut penser que son successeur  à la présidence de TF1 privatisée, Patrick Le Lay, a peut-être lu avec intérêt ce texte inspirant pour proférer sa fameuse saillie concernant le "temps de cerveau disponible" en 2004. 
 

Les élites mondiales préparent la Troisième Guerre mondiale


 

dimanche 2 novembre 2025

Ettore Sottsass Jr. – The Planet As A Festival, 1972

 SOURCE : https://socks-studio.com/2011/09/08/ettore-sottsass-jr-the-planet-as-a-festival/

 

A pop utopia on Casabella #365, 1972.


“Production problems no longer exist. A few movements alone are sufficient, and the machines make everything by themselves in eternally repeating cycles. (…)
The explosive decentralization of consumer goods distribution has pulverized the cities, has eliminated them from the face of the earth. (…)
There are no longer men going to work, because men are not needed in the factories (…)”

 

 
Cover by Ettore Sottsass Jr: “Rafts for listening to chamber music. They set off from the sources of the Tocantins River, in the mist of the jungle, and reach the sea. During the pause on the shore one can change rafts, or stay on the ground, collecting fruit, or mushrooms growing there, if so desiring. (Or look at the bird of paradise, the pale-blue polychrome phenomenon, cloud of feathers or flying cushion)”
 
 
 

 

 

 

Exposition à Beaubourg en 2010 : Dreamlands (Des parcs d'attractions aux cités du futur)

 SOURCE : https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/cj6yBn

"The Goncourt Brothers stand between Caesar and the Thief of Bagdad", 2003

De la toute fin du 19e siècle jusqu'à nos jours, à travers plus de 300 oeuvres, l'exposition « Dreamlands » traite de l'influence grandissante du modèle du parc d'attractions dans la conception de la ville et de son imaginaire. Photographies, installations, projections, peintures, dessins, plans et maquettes d'architecture, extraits de films : au sein d'un parcours spectaculaire et inédit, des premières Expositions universelles au Dubaï d'aujourd'hui, « Dreamlands » explore une quinzaine de thèmes et de lieux, de Paris à Coney Island, de Las Vegas à Shanghai. Elle souligne la « colonisation » toujours plus forte du réel par la fiction et le spectacle. De Salvador Dalí à Rem Koolhaas, de Martin Parr à Andreas Gursky, des utopies urbanistiques à l'architecture réelle, « Dreamlands » évoque ces phénomènes qui modifient notre rapport au monde et à la géographie, au temps et à l'histoire, aux notions d'original et de copie. 


dimanche 26 octobre 2025

1972, "Napalm Girl" : cuando la opinión pública occidental existía

FUENTE: https://www.diario-red.com/articulo/cultura/fascinante-historia-detras-foto-mas-famosa-guerra-vietnam/

La fotografía causó una tremenda conmoción en la opinión pública, que seguía percibiendo que aquella guerra, que causó la muerte de dos millones de personas inocentes, era tan absurda como criminal. Hoy, el impacto mundial de “Napalm Girl” resulta envidiable por una sencilla razón: en la actualidad llegan a nuestros teléfonos imágenes de víctimas infantiles más espantosas que la de Kim Phuc quemada, pero la reacción no es la misma.

ARTICULO COMPLETO 

vendredi 24 octobre 2025

Yves Boisset, le cinéaste le plus censuré de France : note sur L' Attentat (1972)

 



 Tiré de "l'affaire Ben Barka", quand un homme d'état et opposant marocain est embarqué par la police française, remis au général Oufkir, interrogé et liquidé sur le territoire français. La justice française condamnera ce dernier par contumace aux travaux forcés à perpétuité. 

Le piège pour l'attirer à Paris fut une fausse émission de télé consacrée au tiers-monde, dont il était l'une des figures principales.  

Disparu le 29 octobre 1965, il croyait profiter de l'émission en vue de la Conférence tricontinentale devant se tenir en janvier 1966 à La Havane à propos de laquelle il affirmait dans une conférence de presse, « les deux courants de la révolution mondiale y seront représentés : le courant surgi avec la révolution d'Octobre et celui de la révolution nationale libératrice ».  

LE SPECTACLE AU SERVICE DU SPECTACLE 

Yves Boisset est mort le 31 mars 2025

https://www.lutte-ouvriere.org/journal/article/mort-dyves-boisset-dira-ras-183169.html 

https://www.blast-info.fr/articles/2024/du-petainisme-transcendantal-au-cinema-eloge-dyves-boisset-auteur-majeur-et-mesestime-FsukONRCS12t3O55I2KS_A 

https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/yves-boisset-lhomme-au-bip-ravageur-deces-dun-cineaste-sympathique-et-combatif/ 

mercredi 22 octobre 2025

Corina Machado : la nouvelle héroïne de la "paix par la force"

 Corina Machado, encore un prix Nobel de la guerre. 

Obama avait ouvert le cycle des Nobel de guerre. Durant sa présidence US, il signait tous les mardis la liste de gens à faire tuer par des drones. Il ne pouvait pas perdre la main même pour une semaine. 

La paix c'est la guerre, le prix Nobel de la paix c'est la guerre au Venezuela.

 

 
 
 
Le prix Nobel de la paix sert aussi pour légitimer le génocide à Gaza :  


 

mardi 21 octobre 2025

Qué buscan los pibes y pibas online (édifiant sur le cycle "civilisationnel" planétaire)

 

 
Esto no lo buscan

N. entró por primera vez a un bingo a los 16. “Yo conocí ese mundo con mi mamá, en lugares físicos. A ella le gusta jugar. No es de las personas obsesionadas que van todos los días al casino, pero le gusta”. Imaginaba que las sillas tapizadas de rojo y negro eran una ruleta humana. La alfombra verde, vieja, y las luces de neón azul eléctrico, del futuro. 

N. empezó a ver cada vez más publicidades de apuestas online durante los partidos  de su club, Independiente, y también en Tik Tok, donde muchos promocionan casinos. Pero la primera vez que apostó fue bastante antes, en el colegio. En sexto año las mesas eran de ocho personas. El único varón del grupo llegó con la propuesta, porque sus padres eran cajeros de un casino online. “Nosotras le pasábamos toda la plata,  él la mandaba y nos cargaban, sin DNI. Era plata que nos daban nuestros viejos. Me enganché. Aunque también perdía, yo miraba sólo cuando ganaba. Y así gastábamos las horas de colegio”. El tiempo se gastaba, como el dinero. 

Una vez ganaron 100 mil pesos. Los repartieron. Ella se anotó en el gimnasio: “Es plata fácil, entonces como que la querés disfrutar, no sé, celebrar que te vino de arriba. Imaginate en el colegio y todos en esa, era divertido. Casi siempre jugábamos Blackjack o ruleta, que te dan más adrenalina, son las que te aceleran el corazón”. 

Cuando terminó el colegio, N. empezó a trabajar para un banco como promotora en la calle: “Llegaba a casa quemada y me tiraba en la cama a jugar, y ahí ponía 5 mil, 10 mil. Y ganaba. Me llevaba 60 mil, 80 mil. Mi sueldo más los 80 mil en el mes era un montón de plata”. 

El 82,3 por ciento de lxs jóvenes de entre 12 y 19 años que en 2024 apostaba frecuentemente, según la Encuesta de Bienestar Digital de la Provincia de Buenos Aires, buscaba ganar dinero para uso personal. El  51,1 por ciento lo hacía para divertirse y el 20 por ciento por la adrenalina/emoción. “Así como te digo que yo juego, te digo que no banco que exista el casino online —dice N. — En los casinos berretas, no te piden identificación, y por eso mismo yo podía jugar”.  

En el sitio BET365, líder del rubro de apuestas online, el 70 por ciento de los usuarios son hombres y el 30 por ciento mujeres. A pesar de la notable diferencia  en la participación, para Ezequiel Passeron, director de Educomunicación de la Ong Faro Digital, que realizó un relevamiento sobre ludopatía juvenil en 2024: “Esto viene a desmitificar que la práctica de las apuestas sea algo exclusivo de los varones”.

En el mundo digital parece haber lugar para todxs. Pero los riesgos y costos de entrada y permanencia ¿son los mismos para varones y mujeres? .  

Trini tiene 26 años y desde los 21 trabaja como “modelo vivo” digital: en las fotos que sube a Patreon, una plataforma que funciona a base de suscripciones escalonadas, posa con flores en la boca; a veces desnuda, de espaldas sobre una chimenea, o bajo una escalera en una contorsión imposible. Alimentar las suscripciones mensuales de fotos requiere tiempo y marketing autogestivo. Tuvo que aprender sobre herramientas de promoción, manejo de redes, y gestión frente al baneo de cuentas: “Perdí muchos seguidores. Instagram, por ejemplo, es muy puritano. Da mucha bronca porque es material artístico y la vara es distinta para medir el material que suben diferentes tipos de perfiles”. Valora la autonomía, pero se le dificulta poner un límite al tiempo de trabajo: “De repente son las doce de la noche y estoy contestando un mensaje. Si hago un cálculo, yo creo que estoy mínimo tres horas trabajando con el celular, seis días de la semana”. Eso sin contar el sacarse las fotos, hablar con los fotógrafos y las horas de posar. “Quizás tengo sesiones online también, son dos horas la sesión, más una hora de armar y desarmar vestuario y decorado”, agrega. 

COMPLETO 

lundi 20 octobre 2025

Archives vendues, archives volées, et la société du spectacle (par Marc Lenot)

SOURCE: https://www.lemonde.fr/blog/lunettesrouges/tag/sanguinetti/

Document des archives Sanguinetti (avec Guy Debord).

Gianfranco Sanguinetti fut un compagnon de Guy Debord et un des leaders des situationnistes en Italie. Essayiste, il publia sous le pseudonyme Censor un livre titré Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie dans lequel, prétendant être un haut commis de la bourgeoisie conservatrice cultivée, il prônait l’alliance entre le patronat et le Parti Communiste, seul capable de mater les révoltes ouvrières. C’était un pamphlet sous « faux drapeau », qui trompa tous les commentateurs. Il est aussi connu pour avoir dévoilé l’implication des services secrets italiens dans l’attentat de la Piazza Fontana en 1969 dans son texte Le Reichstag brûle-t-il ?. Dans un autre registre, il a bien connu Miroslav Tichý et a écrit un des plus beaux textes sur lui, Miroslav Tichý, Les Formes du vrai (2011). Ayant accumulé d’importantes archives sur ces différentes facettes de sa vie et de ses engagements politiques (au-delà de l’Internationale Situationniste dissoute en 1972), il les stockait dans sa cave à Prague, ville où il vit depuis trente ans, et elles étaient inaccessibles aux chercheurs historiens.

 
Document des archives Sanguinetti (avec Miroslav Tichý).

En 2013, la maison de vente aux enchères Christie’s vendit pour $650 000 ses archives à la Bibliothèque Beinecke de l’Université de Yale, laquelle avait déjà tenté vainement d’acheter les archives de Guy Debord à sa seconde épouse Alice Becker-Ho (mais la BnF organisa un dîner de donateurs à 10 000€ le couvert pour contribuer à lever la somme demandée par Alice Becker-Ho, et les archives Debord restèrent en France). Beinecke a acquis d’autres archives de situationnistes, dont celles de Jacqueline de Jong (ce qui permit l’édition de ce livre) et les met en libre accès gratuitement aux chercheurs. Un traducteur et éditeur américain de l’univers post-situationniste, Bill Brown, se sentant floué par cette vente, s’insurgea contre Sanguinetti dans une lettre insultante qu’il rendit publique sur Internet (j’avais moi aussi essuyé son agressivité quand il traduisit mon billet sur l’exposition Debord à la BnF).

Vue d’exposition, Lisbonne.

L’artiste du Malawi Samson Kambalu (né en 1975), alors relativement inconnu, travaillait sur une thèse sur William Blake à la bibliothèque Beinecke, fut conduit (ou incité) à s’intéresser aux 62 boîtes des archives Sanguinetti à Yale (sous le prétexte assez obscur de la psycho-géographie chez Blake) et entreprit de photographier clandestinement environ 3000 de ces documents, pendant quatre mois, en contradiction avec les règles de la bibliothèque. Ses motivations exprimées de manière assez confuse dans son discours étaient de protester contre cette vente, de s’affirmer lui-même comme situationniste (ou post-situationniste) et, dans une logique de potlatch, de « rendre les archives à l’Italie », ce qu’il fit en les exposant à la Biennale de Venise en 2015 dans un stand au titre de Sanguinetti Breakout Area (les archives concernaient certes beaucoup l’Italie, mais l’avaient quitté des décennies plus tôt quand Sanguinetti s’était installé à Prague); il incitait les visiteurs à photographier les documents présentés et à les partager en ligne. Outre l’ex-galerie de Kambalu, cette exposition eut le soutien du British Council  et de la Ford Foundation, dont on ignorait jusque-là l’intérêt pour les situationnistes. On notera au passage la similitude (sûrement involontaire) de l’expression hyper-nationaliste « rendre à l’Italie » avec celle de Vincenzo Peruggia, le voleur de la Joconde. On ne manquera pas de se demander comment, alors que la quasi totalité de l’archive est en français et en italien, Kambalu, ne parlant aucune de ces deux langues, a pu faire sa recherche dans ces documents. On remarquera aussi que l’entrée à la bibliothèque de Yale est gratuite (mais certes réservée aux étudiants et chercheurs, comme dans toutes les bibliothèques universitaires) alors que l’entrée à la Biennale de Venise coûte, je crois, 25€ pour une seule entrée : le passage du monde de la sélection sur la base des compétences scientifiques à celui de la sélection par l’argent n’était pas exactement un « retour au domaine public », au contraire. Et on notera enfin que Kambalu fut payé pour sa participation à la Biennale, et que de plus il y avait mis en vente trois exemplaires d’un gros « livre d’artiste », Theses, qui était une simple reproduction d’une partie des archives de Sanguinetti, au prix de 8.500 £ l’exemplaire.

                                    Gianfranco Sanguinetti, Theses, livre compilé 
                            par Samson Kambalu à partir des archives et vendu £8500.

À la suite de cette exposition à Venise, Sanguinetti intenta un procès à la Biennale de Venise, qui demanda la mise en cause de Kambalu, et il perdit. La sentence du juge vénitien Luca Boccuni en date du 7 novembre 2015 semble davantage être une opinion esthético-morale plutôt qu’une décision juridique; on peut y lire « l’oeuvre de Kambalu a mis en évidence la contradiction entre la lutte théorisée contre la marchandisation de l’œuvre de l’intellect de Sanguinetti et la mise en vente des œuvres de la part de Sanguinetti » et « l’installation de Kambalu est dédiée à la « fuite » de Sanguinetti de son idéal situationniste. »

Lettre de Bill Brown à l’exposition de Venise, partiellement occultée.

L’exposition Sanguinetti Breakout Area qui consiste quasi exclusivement en photographies des documents des archives que Kambalu tient dans sa main (ce qu’il définit comme son « intervention artistique ») et d’un livre les regroupant, a ensuite été montrée en divers lieux ; elle comprend aussi la lettre de Bill Brown, sans l’autorisation de l’auteur, qui protesta, et à demi dissimulée (car, dit Kambalu, il craignait d’enfreindre le droit d’auteur de Bill Brown !). Ce fut, à 40 ans, le début de la reconnaissance par un certain monde de l’art contemporain de Kambalu en tant qu’artiste, alors qu’il avait peu exposé auparavant. A l’occasion d’une exposition à Ostende au Mu Zee, Kambalu tourna un film de fiction de plus de deux heures représentant un faux procès (ce dont beaucoup ne furent pas conscients, ce journaliste trouvant même Kambalu « nerveux » dans l’attente du jugement) avec des acteurs jouant le juge, son greffier, un expert en « situationnisme » et les avocats, lequel reprend plus ou moins les thèmes du procès vénitien, mais dans un style moins « stalinien » et plus légaliste. On notera pour mémoire que tant l’ « expert », Sven Lütticken (dont, sauf erreur, le site personnel ne mentionne aucun texte dont le titre comprendrait les mots Debord, société du spectacle ou situationnistes ; en cherchant un peu, on trouve un article dans Grey Room ; sans doute aurait-on pu trouver des « experts » plus experts …) que Kambalu utilisent à profusion le mot « situationnisme », mot que les situationnistes ont toujours récusé, refusant d’en faire une idéologie en « isme ».

Samson Kambalu, projet pour la 4ème plinthe de Trafalgar Square, maquette dans l’exposition Culturgest.

Culturgest, à Lisbonne, consacre jusqu’au 6 février une exposition à Kambalu. Deux des salles sont allouées au Sanguinetti Breakout Area, y compris ce film, les six autres salles montrent divers travaux de l’artiste, des étoffes, des cartes postales, des petits films absurdes (qu’il définit comme l’esthétique nyau), et son projet pour la 4ème plinthe de Trafalgar Square (aux lauréats de qualité très inégale), un homme noir qui refusa en 1914 d’ôter son chapeau devant des Blancs : peu de choses à en dire. La légitimité fondatrice de Kambalu semble se réduire à ce Sanguinetti Breakout Area, datant de 2015, le reste n’ayant guère de densité. C’est l’occasion de rappeler, puisque cette exposition est à Lisbonne, que, en portugais, situacionista signifie « celui qui soutient la situation politique dominante », une définition qui ne s’applique ni à Debord, ni à Sanguinetti, mais qui pourrait bien convenir à Kambalu.

Capture d’écran du film.

Les arguments juridiques présentés par Kambalu dans le film et dans ses écrits sont de trois ordres. Premièrement, Sanguinetti ne serait pas l’auteur de l’archive, puisqu’elle comprend des lettres signées par d’autres et des documents dont il n’est pas l’auteur. Tant juridiquement que moralement, cet argument est rapidement démonté, le créateur d’une archive étant reconnu comme faisant œuvre d’auteur.

Capture d’écran du film.

 Deuxièmement, les situationnistes étaient opposés à la notion même de droit d’auteur, de copyright et la revue Internationale Situationniste portait la mention « Tous les textes publiés dans I.S. peuvent être librement reproduits, traduits ou adaptés, même sans indication d’origine ». Cette position de principe des situationnistes est présentée comme moralement en contradiction avec la volonté de Sanguinetti de faire respecter ses droits, mais Il y avait dès le début une ambiguïté évidente : l’anti-copyright avait une valeur purement discrétionnaire et non juridique, ainsi que le montra l’action contre l’éditeur italien De Donato, qui avait publié une fausse traduction de Debord. De plus, il avait été spécifié pour la revue et non pour les livres : aucun livre de Debord ne porte cette mention. Et Debord fut publié d’abord par Champ Libre, puis, après l’assassinat de Lebovici, par Gallimard, Arthème Fayard et Flammarion qui, tous, n’hésitaient pas à faire respecter ses droits le cas échéant. Cette position de principe concernant les articles de la revue Internationale Situationniste (1958-1969) autorisait-elle Kambalu à reproduire ces documents en licence ouverte ? Alors que le curieux jugement de Venise faisait grand cas de cet argument, le faux juge d’Ostende dans le film ne le retient pas : juridiquement, dit-il, Sanguinetti a le droit de changer et d’avoir sur ce sujet une opinion différente en 2015 de celle de 1969. Certains pourront sans doute critiquer moralement Sanguinetti sur ce point, comme le fait Kambalu, et s’étonner qu’il ait porté plainte, mais tant historiquement que juridiquement, cet argument ne tient pas.

Troisièmement, y a-t-il eu intervention artistique de Kambalu du fait que ses doigts sont visibles dans la plupart des photographies des documents ? Le juge du film (là encore plus prudent que celui de Venise) a soigneusement évité de définir si c’était là de l’art ou pas, considérant que ce ne pouvait être là qu’une opinion subjective (et donc à chacun de nous de juger si l’inclusion de deux doigts, qu’ils soient noirs ou blancs, dans une photographie constitue un acte artistique). Mais il a considéré qu’il s’agissait là d’une parodie, n’empêchant pas l’accès à l’original et basée sur le détournement humoristique, et donc permise par la loi. Sur ce motif il a débouté Sanguinetti (dont, en tout cas dans ce film, l’avocate n’était pas de première qualité).

                                                                 Document des archives Sanguinetti.

Au final, lequel est le moins situationniste des deux ? Celui qui vend son archive et défend son droit d’auteur, ou celui qui construit sa notoriété en s’appropriant l’œuvre de l’autre sous prétexte de critique et de détournement ?

Documents des archives Sanguinetti.

Face aux incongruités de cette histoire, il faut tenter de poser des questions plus larges : vu l’incohérence de son discours, Kambalu a -t-il été instrumentalisé, et par qui ? Fut-ce une opération qui le dépassait et dont il ne fut qu’un simple outil, bien récompensé ? Y a-t-il un lien avec l’ouvrage de Jean-Marie Apostolidès dénigrant Debord, Debord le Naufrageur, paru chez Flammarion la même année que la Biennale, et fort controversé (et basé lui aussi en bonne partie sur les archives Sanguinetti, lequel l’a dénoncé comme une imposture) ? Toute cette affaire semble être une magnifique illustration de la Société du Spectacle, qui reste un livre incontournable pour comprendre notre monde.

Note déontologique : l’auteur a contribué un texte à l’exposition d’une partie des œuvres de Tichý de la collection Sanguinetti en 2017 à Marseille.

Dans un esprit kambalusituationniste, les photographies provenant du site de Kambalu ne sont pas créditées et vous êtes encouragés à les reproduire et les diffuser.


jeudi 28 août 2025

L’État profond des géants de la Tech

La technologie numérique a été présentée comme un outil libérateur capable de soustraire les individus au pouvoir de l’État. Pourtant, l’appareil sécuritaire de l’État a toujours eu un point de vue différent – et aujourd’hui, il reprend le contrôle de sa propre création.

Source : Jacobin, Paolo Gerbaudo
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 
Adam Goldstein, PDG d’Archer Aviation Inc. (à gauche), et Alexander Karp, PDG de Palantir Technologies Inc., lors de la conférence AIPCon à Palo Alto, en Californie, le 13 mars 2025. (David Paul Morris / Bloomberg via Getty Images)

Dans les années 1990, marquées par le néolibéralisme effréné, le techno-optimisme a atteint des sommets embarrassants. Imprégnés de l’imaginaire futile de ce que Richard Barbrook a qualifié « d’idéologie californienne », les travailleurs du secteur technologique, les entrepreneurs et les idéologues techno-visionnaires ont identifié la technologie numérique comme une arme de libération et d’autonomie personnelle. Cet outil, proclamaient-ils, permettrait aux individus de vaincre le Goliath honni de l’État, alors largement dépeint comme le géant défaillant du bloc soviétique en pleine implosion.

Pour quiconque ayant une connaissance superficielle des origines de la technologie numérique et de la Silicon Valley, cela aurait dû être, dès le départ, une croyance risible. Les ordinateurs étaient le produit des efforts de guerre du début des années 1940, développés comme moyen de décoder les messages militaires cryptés, avec la célèbre participation d’Alan Turing à Bletchley Park.

ENIAC, ou Electronic Numerical Integrator and Computer, considéré comme le premier ordinateur polyvalent utilisé aux États-Unis, a été développé pour effectuer des calculs d’artillerie et faciliter la mise au point de la bombe à hydrogène. Comme l’a tristement fait remarquer G. W. F. Hegel, la guerre est l’Etat dans sa forme la plus brutale : l’activité dans laquelle la puissance d’un État est mise à l’épreuve face à celle d’autres États. Les technologies de l’information sont devenues de plus en plus centrales dans cette activité typiquement étatique.

Certaines personnes croient peut-être encore au mythe selon lequel la Silicon Valley serait née naturellement de hackers soudant des circuits dans leurs garages. Mais la réalité est qu’elle n’aurait jamais vu le jour sans le soutien infrastructurel de l’appareil de défense américain et ses marchés publics garantissant la viabilité commerciale de nombreux produits et services que nous considérons aujourd’hui comme acquis. Cela inclut Internet lui-même, avec la Defense’s Advanced Research Projects Agency ou DARPA (Agence pour les projets de recherche avancée de défense) chargée de développer la technologie de commutation par paquets qui sous-tend encore aujourd’hui l’architecture de communication du web.

C’est vrai : à partir de cette incubation dans le secteur militaire, la Silicon Valley a progressivement évolué pour se concentrer principalement sur des applications civiles, des réseaux sociaux et le commerce électronique aux jeux vidéo, à la cryptographie et à la pornographie. Mais elle n’a jamais rompu ses liens avec les appareils de sécurité. Les révélations d’Edward Snowden en 2013 sur le programme Prism ont mis au jour une coopération profonde et presque inconditionnelle entre les entreprises de la Silicon Valley et les appareils de sécurité de l’État, tels que l’Agence nationale de sécurité (NSA). Les gens ont pris conscience que pratiquement tous les messages échangés via les grandes entreprises technologiques telles que Google, Facebook, Microsoft, Apple, etc. pouvaient être facilement espionnés grâce à un accès direct par une porte dérobée : une forme de surveillance de masse sans précédent par son ampleur et son omniprésence, en particulier dans les États démocratiques. Ces révélations ont suscité l’indignation, mais la plupart des gens ont finalement préféré détourner le regard de cette vérité dérangeante qui avait été mise à nu.

Les technologies vendues comme des outils de libération et d’autonomie se révèlent être des moyens de manipulation, de surveillance et de contrôle hiérarchique.

 

jeudi 31 juillet 2025

« Les Reporters sans frontières » : qui sont-ils réellement ?

 

Nombreux sont ceux qui ont entendu, un jour ou un autre, le nom tant imagé de l'organisation « Reporters sans frontières » qui inspire une confiance spontanée et qui ne pousse pas, d’une manière naturelle, à se poser la question : qui y a-t-il derrière une aussi belle étiquette, qui sont ces « reporters » ?

De ce fait, rares sont ceux qui ont pris la peine de s’arrêter et de se pencher en détail sur l’essence et les pratiques de cette organisation journalistique qui prétend être constituée des grands défenseurs de la démocratie et de la liberté de parole des journalistes du monde entier, des nobles travailleurs de la plume totalement apolitiques, désintéressés et impartiaux dans leurs jugements et actions au-delà de toutes les frontières.

Corrigeons cette erreur de l’injuste inattention de la part du grand public et de la plupart des médias : rendons hommage au travail des glorieux journalistes de RSF, en mettant en lumière un certain nombre d’éléments fort intéressants les concernant : ils le méritent grandement.

Des éléments qui démontreront plus que clairement que l’ONG « Reporters sans frontières » possède un deuxième visage, le vrai, qui est bien plus intéressant que le premier, visible et si fièrement affiché.

 ARTICLE EN INTÉGRALITÉ: https://www.legrandsoir.info/les-reporters-sans-frontieres-qui-sont-ils-reellement-le-dossier.html

lundi 21 juillet 2025

Le zombisionisme, stade ultime de l'impérialisme?

SOURCE: https://www.librairie-tropiques.fr/2025/07/bienveillance-occidentale-le-zombisionisme


La forme zombie du sionisme
augure-t-elle de celle que va prendre le libéralisme capitaliste
au sein de l'occident collectif ?

C'est en tout cas la leçon que tire Shir Ever, activiste de BDS, des récents évènements auxquels il a assisté en Palestine et qu'il a analysé et commenté avec beaucoup de perspicacité pour l'Intifada numérique :


 

et pour contextualiser tout ça :

L'enfer humanitaire 
l'extermination des Palestiniens se fait passer pour de l'aide

Israël et l'Amérique veulent placer « par bienveillance » la population de Gaza dans ce qui équivaut à un camp de concentration.
Aide humanitaire de l'enfer : l'extermination des Palestiniens se fait passer pour de l'aide

Pour consulter :

Le rapport de Francesca Albanese   

   

Le génocide en cours à Gaza et en Palestine est particulier, non pas à un, mais à deux égards. Comme on l'a souvent observé, il s'agit du premier génocide de l'histoire retransmis en direct. Aucun génocide n'avait jamais été commis sous les yeux du monde comme celui-ci. Deuxièmement, le génocide de Gaza sape et, de fait, dévaste des ordres moraux et juridiques entiers – ou du moins des revendications de longue date sur ceux-ci – d'une manière tout aussi inédite.

Ces deux particularités sont liées : la seule façon pour le monde entier de tolérer le génocide à Gaza, compulsif depuis 8 décennies et explicite depuis près de trois ans, est de faire fi obstinément des normes fondamentales, écrites et tacites. Par exemple, presque aucun État – à l’exception du Yémen (sous le contrôle de facto du mouvement Ansar Allah ou des Houthis) – n’a même tenté de se conformer à ses obligations contraignantes et claires au titre de la Convention des Nations Unies sur le génocide de 1948, à savoir « prévenir et punir » le crime de génocide. Personne parmi celles et ceux qui ont le pouvoir – seul ou avec d’autres – de le faire, ni au Moyen-Orient, ni au-delà, n’est venu sauver les victimes palestiniennes du génocide de Gaza de la seule manière efficace : en arrêtant leurs meurtriers israéliens par la force massive.

Pourtant, la petite partie du monde, pourtant disproportionnellement influente, qui se définit comme l'Occident, est allée au-delà de la simple inaction. Car, que l'Occident soit une civilisation autrefois façonnée par le christianisme ou non, son véritable fondement est depuis longtemps l'hypocrisie. Et pendant le génocide de Gaza, le besoin compulsif de l'Occident de rationaliser même ses actes les plus vicieux en actes de vertu propagateurs de « valeurs » prétendument civilisationnelles, a conduit à un nouveau sommet de perversion morale et intellectuelle : précisément parce que l'Occident a non seulement abandonné les victimes palestiniennes, mais qu'il co-perpétue activement ce génocide avec Israël, ses élites – politiques, culturelles, médiatiques, policières et judiciaires – ont déployé un effort soutenu et obstiné pour modifier radicalement notre conception du bien et du mal, des normes juridiques spécifiques à notre compréhension intuitive et largement partagée des limites à ne jamais franchir.

Mener, par exemple, une prétendue « guerre » en tuant ou en blessant –  souvent en les mutilant à vie  –  plus de 50 000 enfants  (en mai 2025). Une « guerre » dont nous recevons des témoignages fiables multiples et répétés les uns après les autres  selon lesquels nombre de ces enfants sont délibérément ciblés, notamment par des opérateurs de drones et des tireurs d'élite. Une « guerre » où la famine, la privation médicale et la propagation d'épidémies ont toutes été déployées de manière tout aussi délibérée.

En effet, on nous demande – avec une grande insistance, c’est le moins qu’on puisse dire – de croire que cette forme d’« autodéfense » meurtrière et infanticide de masse est quelque chose dont on peut être fier, même par procuration : le maire de Berlin, Kai Wegner, par exemple – connu pour sa répression de tout signe de résistance au génocide israélien – vient de déclarer que la mairie continuerait à arborer le drapeau israélien .

Dans le même esprit dépravé, les institutions occidentales infligent des châtiments – des brutalités policières aux guerres juridiques paralysantes , en passant par les sanctions internationales – non pas aux auteurs et complices du génocide de Gaza, en Israël et ailleurs, mais à ceux qui y résistent en solidarité avec ses victimes palestiniennes. Des manifestants , des journalistes de valeur et même un rapporteur spécial de l'ONU sont traités comme des criminels, voire des terroristes, pour avoir dénoncé le crime de génocide, comme – hier encore, semble-t-il – nous étions tous officiellement censés le faire. Mais le « plus jamais ça » s'est transformé en « définitivement, et aussi longtemps que les meurtriers le voudront, puisqu'ils sont Israéliens et nos amis ».

C'est dans ce contexte de renversement de la morale, du droit et du sens, si complet que le terme galvaudé « orwellien » s'applique pour une fois réellement, que nous pouvons comprendre ce qui arrive aujourd'hui au concept d'action « humanitaire ».

Selon la définition fondamentale de l'Encyclopédie Britannica, un humanitaire est une « personne qui œuvre pour améliorer la vie d'autrui », par exemple en s'efforçant de mettre fin à la faim dans le monde. L'humanitarisme moderne ayant déjà deux siècles d'histoire, des historiens, comme Michael Barnett dans son « Empire de l'humanité », ont livré des récits plus complexes. Les critiques dénoncent depuis longtemps les limites, voire les failles, de l'humanitarisme. Pour le sociologue français Jean Baudrillard, c'est ce qui reste lorsqu'un humanisme plus optimiste s'effondre : une sorte de réponse d'urgence morose, signe que la situation mondiale a encore empiré.

En particulier, durant les décennies d'orgueil américain de l'après-Guerre froide – appelées à tort « moment unipolaire » –, l'humanitarisme s'est souvent allié à l'impérialisme occidental. Lors de la guerre d'agression contre l'Irak qui a débuté en 2003, par exemple, les organisations humanitaires sont devenues les serviteurs des agresseurs, des envahisseurs et des occupants.

Pourtant, quelle que soit votre vision de l'humanitarisme, il y a des choses que ce concept ne peut accepter que pour des actes complètement dérangés et infiniment pervers, comme le massacre de civils affamés et les camps de concentration. Et pourtant, à Gaza, ces deux pratiques ont été qualifiées d'humanitaires. La prétendue Fondation humanitaire pour Gaza, une organisation américano-israélienne douteuse, a promu un système où des miettes de nourriture servent d'appât pour des pièges mortels : des Palestiniens délibérément bloqués par Israël ont été attirés vers quatre zones de mort, déguisées en points de distribution d'aide.

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Au cours du dernier mois et demi, les forces israéliennes et les mercenaires occidentaux ont tué au moins 789 victimes et en ont blessé des milliers – dans ou à proximité de ces pièges sataniques. De toute évidence, tuer des personnes non armées à une telle échelle n'est pas un dommage collatéral, mais un acte délibéré. L'intention meurtrière derrière ce projet a désormais été confirmée par diverses sources , y compris israéliennes . Il n'est donc pas étonnant que 170 véritables organisations humanitaires et de défense des droits humains aient signé une protestation contre cette fausse aide et ce véritable projet de massacre.

Et puis il y a le plan du camp de concentration : les dirigeants israéliens ont déjà chassé les habitants survivants de Gaza – l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète avant même le génocide – dans une zone ne représentant que 20 % de la surface dévastée de Gaza.

Mais cela ne leur suffit pas : en route vers ce qui semble être leur idée d’une solution finale à la question de Gaza, ils ont maintenant présenté un nouveau plan à leurs alliés américains, à savoir regrouper les survivants dans une zone encore plus restreinte. Ce camp de concentration de facto, ils le présentent comme une « ville humanitaire ». De là, les Palestiniens n’auraient que deux issues : la mort ou le départ de Gaza. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, veut nous vendre cela comme un « volontariat ». Ironie de l’histoire, les génocidaires israéliens rivalisent désormais non seulement avec les crimes des nazis, mais aussi avec les horribles abus de langage des Allemands.

Où se trouve cette station de transit meurtrière, témoin d'un nettoyage ethnique ? Les ruines de Rafah. Vous vous souvenez peut-être de Rafah, autrefois une ville animée du sud de Gaza, comme du lieu que les alliés occidentaux d'Israël ont prétendu protéger , en quelque sorte, pendant un temps. Ces avertissements n'ont servi à rien, bien sûr. Rafah a été rasée, et la zone est désormais vouée à accueillir le camp de concentration qui mettra fin à tout cela.

Ce projet est tellement scandaleux – mais c'est le mode opératoire habituel d'Israël – que même ses détracteurs peinent à en mesurer la perversité. Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA – l'organisation de distribution d'aide humanitaire efficace qu'Israël a fermée pour poursuivre sa stratégie de famine, tuant près de 400 de ses employés locaux – a déclaré sur X que la « ville humanitaire » équivaudrait à une seconde Nakba et « créerait d'immenses camps de concentration pour les Palestiniens à la frontière avec l'Égypte ».

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La Nakba fut le nettoyage ethnique sioniste, entrecoupé de massacres, d'environ 750 000 Palestiniens en 1948. Mais Lazzarini se trompe s'il croit que la première Nakba a pris fin : pour les victimes palestiniennes de la violence israélienne, elle n'a fait qu'amorcer un processus continu de vol, d'apartheid et, souvent, de meurtres. Un processus qui a aujourd'hui abouti à un génocide, comme le reconnaissent de nombreux experts internationaux, dont l'éminent historien d'Oxford Avi Shlaim . Il ne s'agit pas d'une seconde Nakba, mais de la tentative israélienne d'achever la première.

L'observation de Lazzarini selon laquelle le projet de ville humanitaire créerait des camps de concentration à la frontière avec l'Égypte est, bien sûr, tout aussi vraie dans une certaine mesure. Pourtant, Gaza tout entière est depuis longtemps ce que le sociologue israélien Baruch Kimmerling appelait (dès 2003) « le plus grand camp de concentration du monde ». Il ne s'agit pas d'être pédant. Ce que la protestation de Lazzarini – aussi bienvenue soit-elle – oublie, c'est que ce qu'Israël inflige actuellement aux Palestiniens crée un nouvel enfer au sein d'un enfer bien plus ancien.

Mais Israël n'est pas le seul. L'Occident est, comme toujours, profondément impliqué. Laissons de côté le fait que les sionistes de l'entre-deux-guerres ont appris auprès des autorités du mandat britannique comment utiliser les camps de concentration contre les Palestiniens , ainsi que d'autres méthodes de répression brutale. Aujourd'hui aussi, diverses personnalités et agences occidentales se sont impliquées dans les projets israéliens de réinstallation qui sous-tendent le plan de ville humanitaire. La fondation de Tony Blair – en réalité une société de conseil et de trafic d'influence travaillant systématiquement pour le côté obscur partout où cela rapporte – et le prestigieux et puissant Boston Consulting Group ont tous deux été surpris en train de contribuer à la planification du nettoyage ethnique israélien. Et derrière cela se cache la volonté déclarée de nul autre que Donald Trump, le président des États-Unis , qui a depuis longtemps exprimé explicitement son souhait de voir Gaza reconstruite comme un vaste Trumpistan fastueux, sans Palestiniens.

Depuis le début du génocide de Gaza, celui-ci a été à la fois un crime brutal et une tentative constante de redéfinir le bien et le mal, afin de le rendre nécessaire, justifiable, voire même une occasion légitime de tirer profit. Et les élites occidentales – à de trop rares exceptions près – ont rejoint Israël dans cette perversion absolue de l'éthique et de la raison fondamentales, tout comme dans les massacres. Si Israël et l'Occident ne sont pas enfin arrêtés, ils utiliseront le génocide de Gaza pour transformer une grande partie du monde en un enfer où tout ce que nous avons appris à mépriser chez les nazis deviendra la nouvelle norme.

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La Tercera Guerra Mundial ya ha comenzado, pero no todos lo entienden

FUENTE: https://observatoriocrisis.com/2025/07/20/la-tercera-guerra-mundial-ya-ha-comenzado-pero-no-todos-lo-entienden/

DMITRI TRENIN, Miembro del Consejo Ruso de Asuntos Internacionales

La guerra «caliente» en Ucrania se está convirtiendo en una guerra directa de Europa contra Rusia . De hecho, los europeos llevan mucho tiempo involucrados en el conflicto.

Mucha gente habla ahora de la deriva de la humanidad hacia una «tercera guerra mundial», insinuando que nos espera algo similar a los acontecimientos del siglo XX. Sin embargo, la guerra cambia constantemente de aspecto. No nos llegará como en junio de 1941 (una invasión militar a gran escala), ni como se temía en octubre de 1962, durante la Crisis de los Misiles de Cuba (en forma de un ataque nuclear masivo). De hecho, la guerra mundial ya está aquí, aunque no todos lo hayan notado ni comprendido. 

El período de preguerra terminó para Rusia en 2014, para China en 2017 y para Irán en 2023. Desde entonces, la escala de la guerra en su forma moderna y su intensidad han aumentado constantemente. No se trata de una «segunda guerra fría». Desde 2022, la guerra de Occidente contra Rusia ha adquirido un carácter decisivo, y la transición de un conflicto candente pero indirecto en Ucrania a un choque nuclear frontal con los países de la OTAN es cada vez más probable. 

El regreso de Donald Trump a la Casa Blanca abrió la posibilidad de evitar tal enfrentamiento, pero a mediados de año, gracias a los esfuerzos de los países europeos y los «halcones» estadounidenses, la perspectiva de una gran guerra se había vuelto peligrosamente cercana. La actual guerra mundial es una combinación de varios conflictos que involucran a las principales potencias: Estados Unidos y sus aliados, China y Rusia.

A pesar de las formas cambiantes, la causa de esta guerra mundial es tradicional: un cambio en el equilibrio de poder mundial. Sintiendo que el auge de nuevos centros de poder (principalmente China) y la restauración de Rusia como gran potencia amenazan su dominio, Occidente ha lanzado una contraofensiva. Para Estados Unidos y Europa, esta no es la última batalla, pero sin duda será decisiva.

Occidente es incapaz de aceptar la pérdida de la hegemonía mundial. No se trata solo de geopolítica. La ideología occidental (globalismo político y económico, y posthumanismo sociocultural) rechaza orgánicamente la diversidad, la identidad nacional o civilizacional y la tradición. Para el Occidente moderno, el rechazo del universalismo significa una catástrofe: no está preparado para un estatus regional. Por lo tanto, Occidente, habiendo reunido sus considerables recursos y contando con su superioridad tecnológica, frágil pero aún vigente, busca destruir a quienes ha registrado como rivales.

Destruir no es una exageración. Cuando el anterior presidente estadounidense, Joe Biden, usó la palabra en una conversación con el presidente brasileño Lula da Silva, fue más franco que cuando su secretario de Defensa, Lloyd Austin, habló de “infligir una derrota estratégica a Rusia”. 

Lo que es una guerra de aniquilación ha sido demostrado por Israel, respaldado por Occidente, primero en Gaza, luego en Líbano y finalmente en Irán. No es coincidencia que se usara el mismo esquema para destruir objetivos en la República Islámica que en el ataque a los aeródromos militares rusos el 1 de junio. También es natural que, aparentemente, Estados Unidos y Gran Bretaña estén involucrados en ambas operaciones de sabotaje: Rusia, como Irán, China y Corea del Norte, son considerados en Washington y Londres enemigos irreconciliables de Occidente. Esto significa que los compromisos en la guerra en curso son imposibles; solo puede haber calmas temporales .

Dos focos de guerra mundial ya están en auge : Europa del Este y Oriente Medio. Un tercero se vislumbra desde hace tiempo: Asia Oriental (Taiwán, la península de Corea, los mares de China Meridional y Oriental). Rusia participa directamente en la guerra en Europa; sus intereses se ven afectados en Irán; y podría estar involucrada de una u otra forma en el Lejano Oriente. 

Tres focos no son todos. Podrían surgir nuevos, desde el Ártico hasta Afganistán, y no solo a lo largo del perímetro de las fronteras del país, sino también dentro de él. En lugar de las estrategias de guerra anteriores, que contemplaban, además de quebrantar la voluntad del enemigo y privarlo de su capacidad de resistencia, el control de su territorio, las estrategias modernas no se orientan a ocupar un estado enemigo, sino a provocar la desestabilización y el caos internos.

La estrategia de Occidente hacia Rusia , tras el fallido intento de «infligir una derrota estratégica», consiste en debilitarla económica y psicológicamente mediante la guerra, desestabilizar nuestra sociedad, socavar la confianza en el liderazgo del país y sus políticas, y provocar nuevos disturbios. El enemigo asume que sus esfuerzos deben culminar en el período de transferencia del poder supremo.

En cuanto a los métodos para lograr este objetivo , Occidente no se limita (ni a sus aliados) a prácticamente nada. Absolutamente todo es permisible. La guerra se ha vuelto voluminosa. Gracias al uso generalizado de drones cada vez más sofisticados, todo el territorio de cualquier país, cualquiera de sus instalaciones y todos sus ciudadanos se han vuelto vulnerables a ataques precisos. 

Estos ataques se llevan a cabo contra infraestructuras y fuerzas nucleares estratégicas; instalaciones de complejos nucleares y centrales nucleares; políticos, científicos, figuras públicas, diplomáticos (incluidos negociadores oficiales), periodistas y, cabe añadir, sus familiares son asesinados. Se organizan ataques terroristas masivos; zonas residenciales, escuelas y hospitales son objeto de bombardeos selectivos, ¡no aleatorios! Esto es una guerra total en el pleno sentido de la palabra.

La guerra total se basa en deshumanizar al enemigo . No se tienen en cuenta las víctimas extranjeras (ni siquiera entre los propios aliados, ni hablar de los representantes). La mano de obra y la población del enemigo son biomasa. Solo importan las propias pérdidas, ya que pueden afectar el nivel de apoyo electoral al gobierno. 

El enemigo es el mal absoluto que debe ser aplastado y destruido. La actitud hacia el mal no es una cuestión de política, sino de moralidad. Por lo tanto, no hay respeto externo por el enemigo, como fue el caso durante la Guerra Fría. En cambio, se aviva el odio. El liderazgo enemigo es criminal por definición, y la población de los países enemigos tiene responsabilidad colectiva por los líderes que tolera. Las estructuras internacionales (organizaciones, agencias, tribunales) capturadas por Occidente se han transformado en parte de un aparato represivo destinado a perseguir y castigar a los oponentes.

La deshumanización se basa en el control total de la información y en un lavado de cerebro metódico y de alta tecnología. Reescribir la historia, incluyendo la Segunda Guerra Mundial y la Guerra Fría. Se miente descaradamente sobre la situación actual, se prohíbe cualquier información proveniente del enemigo, se persigue a los ciudadanos que dudan de la veracidad de la narrativa única y los califican de agentes enemigos, convirtiendo a las sociedades occidentales en objetos para la manipulación de las élites gobernantes.

 Al mismo tiempo, Occidente y sus aliados, a menudo utilizando un régimen más blando, en el bando enemigo reclutan allí agentes para provocar conflictos internos —sociales, políticos, ideológicos, étnicos, religiosos, etc.—.

La fuerza del enemigo reside en la cohesión de la élite globalista (ya posnacional) mundial y en el exitoso procesamiento ideológico de la población . No debe exagerarse la división entre Estados Unidos y el resto de Occidente bajo el gobierno de Trump. Ha habido una división dentro del propio «grupo Trump», mientras que Trump se acerca a sus críticos recientes. 

La experiencia de los últimos años demuestra que muchas de las medidas más importantes las está tomando el «estado profundo» eludiendo al actual presidente. Este es un grave factor de riesgo. Occidente aún posee un impresionante poder militar y los medios para proyectarlo globalmente. Mantiene un liderazgo tecnológico, una hegemonía financiera y domina el campo de la información. 

Su escenario de guerra abarca desde las sanciones hasta el ciberespacio, desde la biotecnología hasta el ámbito del pensamiento humano. Su estrategia consiste en atacar a los enemigos uno por uno. Occidente practicó con Yugoslavia, Irak y Libia, ante quienes nadie se opuso. Ahora se encuentra en una guerra indirecta con Rusia. Mientras Israel, con el apoyo de Occidente, ataca a Irán. La RPDC y China están en la lista de espera.

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La guerra «caliente» en Ucrania se está convirtiendo en una guerra directa de Europa contra Rusia . De hecho, los europeos llevan mucho tiempo involucrados en el conflicto. Misiles británicos y franceses alcanzan objetivos rusos, la inteligencia de los países de la OTAN se transfiere a Kiev, los europeos participan en el entrenamiento de combate de las Fuerzas Armadas ucranianas y en la planificación conjunta de operaciones militares, de sabotaje y terroristas. 

Muchos países de la UE suministran armas y municiones a Kiev. Ucrania es una herramienta, un consumible para Europa; la guerra no se limita a Ucrania ni terminará allí. A medida que disminuyen los recursos humanos ucranianos, la OTAN y la UE involucrarán los recursos de otros países de Europa del Este, en particular los Balcanes. Esto debería dar tiempo a Europa para prepararse para una guerra con Rusia a medio plazo.

Una pregunta razonable: ¿se trata de una preparación para la defensa o el ataque? Quizás una parte de las élites europeas haya sido víctima de su propia propaganda sobre la «amenaza rusa», pero para la mayoría se trata del deseo de conservar el poder en las condiciones de histeria prebélica. Sin embargo, los peligros provenientes de Occidente deben tomarse en serio. 

Por supuesto, no debemos esperar una repetición literal del 24 de junio de 1812 o el 22 de junio de 1941. Puede haber (y sin duda habrá) provocaciones desde el Báltico hasta el Mar Negro; es probable que se intente abrir un «segundo frente» en Transnistria, Transcaucasia u otros lugares. Particularmente peligrosos pueden ser: la transferencia de armas poderosas por parte de europeos a Kiev, que se afirmará que fueron fabricadas por la propia Ucrania; los intentos de bloquear la salida del Golfo de Finlandia o Kaliningrado; nuevos sabotajes contra las instalaciones estratégicas de Rusia. Lo principal es que las élites europeas han recuperado un objetivo: resolver de alguna manera la «cuestión rusa » .

En ningún caso debemos tratar a los europeos a la ligera o con condescendencia . Debido a que Europa ha fracasado en muchas áreas, su élite está nerviosa y se moviliza. La pérdida de Europa de la capacidad de pensar estratégicamente, y la pérdida de prudencia e incluso de sentido común de sus gobernantes, la hace más peligrosa. 

La hostilidad de los círculos gobernantes de Europa hacia Rusia no es una cuestión de oportunismo que pronto será reemplazado por un «espíritu empresarial». No se trata solo de que Rusia, en la imagen de un enemigo, ayude a las élites a unir la Unión Europea y luchar contra los competidores internos. Y no se trata solo de fobias y agravios de larga data. 

Más importante aún, Rusia no es solo un «otro significativo»; obstaculiza la restauración de la hegemonía occidental (incluida la europea), representa una alternativa de civilización que confunde a los europeos comunes y limita la capacidad de las élites europeas para explotar al resto del mundo. Por lo tanto, una Europa unida apunta seriamente a aplastar a Rusia.

Por lo tanto, nos espera una larga guerra . No habrá una victoria en Ucrania como la de 1945. La confrontación continuará de otras formas, posiblemente también en el ámbito militar. No habrá una confrontación estable (es decir, una coexistencia pacífica), como durante la Guerra Fría. Al contrario, las próximas décadas prometen ser muy dinámicas. Tendremos que continuar la lucha por el lugar que merece Rusia en el nuevo orden emergente.

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¿Qué hacer? No hay vuelta atrás y no se vislumbra paz. Ha llegado el momento de tomar decisiones, de actuar. No es momento de medias tintas; las medias tintas conducen al desastre.

Para nosotros, lo principal es fortalecer la retaguardia sin debilitar el frente. Necesitamos movilizar fuerzas, pero no según las instrucciones de hace 50 años, sino con inteligencia. Si luchamos a medias, perderemos sin duda. 

Nuestra ventaja estratégica —un liderazgo político seguro— debe mantenerse y, sobre todo, reproducirse sin fisuras. Debemos tener claro hacia dónde y qué camino tomamos. Nuestras políticas económicas, financieras y tecnológicas deben corresponder plenamente a las duras realidades de una confrontación a largo plazo, y la política demográfica (desde la natalidad hasta la migración) debe frenar y revertir las tendencias que nos resultan peligrosas. La unidad patriótica de la población, la solidaridad práctica de todos sus grupos sociales y el fortalecimiento del sentido de justicia deben convertirse en la principal preocupación de las autoridades y la sociedad.

Necesitamos fortalecer las alianzas y asociaciones externas. Las alianzas militares en Occidente (Bielorrusia) y Oriente (Corea del Norte) han demostrado su eficacia. Sin embargo, carecemos de un aliado similar en el sur. Necesitamos trabajar para fortalecer la dimensión sur de nuestra geopolítica. Debemos analizar con seriedad y cuidado los resultados y las consecuencias de la guerra entre Israel, por un lado, e Irán y sus aliados regionales, por el otro. 

El enemigo, actuando como un solo bloque, apuesta por destruir a sus enemigos uno a uno. De esto, nosotros y nuestros socios debemos extraer una conclusión obvia: no copiar los formatos occidentales, sino lograr una coordinación más estrecha y una interacción eficaz.

Es posible y necesario jugar tácticamente con la administración Trump; afortunadamente, ya ha obtenido algunos resultados tácticos (por ejemplo, ayudó a reducir la participación estadounidense en el conflicto ucraniano). Al mismo tiempo, es importante recordar: la táctica no es estrategia. La disposición a dialogar es complaciente para muchos, inspirando sueños de un rápido retorno al pasado brillante. La élite política estadounidense, por el contrario, sigue siendo, en general, hostil hacia Rusia. 

No habrá una nueva distensión con Estados Unidos, y la anterior terminó mal. Sí, el proceso de reformular la estrategia de política exterior estadounidense, de «imperial» a «gran potencia», probablemente continuará después que Trump deje el cargo. Debemos tener esto presente y aplicarlo en la práctica política.

Es necesario hacer comprender (no solo con palabras) a los cabecillas europeos de la lucha contra Rusia —Inglaterra, Francia, Alemania— que son vulnerables y que no podrán salir indemnes ante una nueva escalada del conflicto ucraniano. El mismo mensaje debe dirigirse a los «activistas de primera hora» de la guerra antirrusa: finlandeses, polacos y bálticos. Sus provocaciones deben ser contrarrestadas de inmediato y con contundencia. Nuestro objetivo es infundir miedo en el enemigo, acallarlo, hacerle reflexionar y detenerse.

En general, se debe actuar según la propia decisión y lógica. Actuar con audacia, no necesariamente como un espejo. Y no necesariamente como respuesta. Si un enfrentamiento es inevitable, habrá que atacar preventivamente. Al principio, con medios convencionales. Si es necesario, tras una cuidadosa consideración, con medios especiales, es decir, nucleares. 

La disuasión nuclear puede ser no solo pasiva, sino también activa, incluyendo el uso limitado de armas nucleares. La experiencia de la guerra en Ucrania demuestra que los centros de decisión no deben gozar de inmunidad. Allí, estábamos muy retrasados en los ataques, lo que produjo en el enemigo una falsa impresión sobre nuestra determinación. En la lucha que se nos impuso, debemos centrarnos en la victoria, es decir, en la completa destrucción de los planes del enemigo.

No solo necesitamos penetrar la defensa aérea enemiga en Ucrania (y, de ser necesario, en otros lugares), sino también romper la cúpula de información tras la que se ha refugiado Occidente. La Rusia postsoviética se ha negado a interferir en los asuntos internos de otros países. En tiempos de guerra, esto es un lujo inasequible. No debemos contar con que la derecha tradicional o la izquierda «normal» lleguen al poder en algún lugar y todo se resolverá solo. 

Necesitamos socavar el frente unido de nuestros oponentes desde dentro, explotar las contradicciones de intereses y ambiciones de diferentes estados, fuerzas e individuos. Europa no es homogénea. Junto a la célula dirigente (Inglaterra, Francia, Alemania) y un grupo de activistas provocadores (Finlandia, Polonia, los países bálticos), hay disidentes (Hungría, Eslovaquia, mientras los gobiernos actuales estén en el poder allí), cuyo número puede aumentar (por ejemplo, hasta el tamaño de la antigua Austria-Hungría), así como un grupo «pasivo» bastante numeroso de países del sur de Europa (Italia, España, Grecia, Chipre). 

En general, el campo de trabajo informativo y político es amplio. La OTAN y la UE son organizaciones hostiles para nosotros, la OSCE es prácticamente inútil, pero necesitamos ofrecer un diálogo activo a todas las fuerzas sensatas de Europa y crear coaliciones por la vida, por la paz y por la humanidad. Rusia no va a «secuestrar» a Europa, pero tendremos que pacificarla.