En 1953, le monde est entré dans l’ère de la confrontation Est-Ouest
pour le partage du monde : d’un côté, les États-Unis et les grandes
puissances occidentales (France et Royaume-Uni), de l’autre, l’URSS et les « démocraties populaires ».
C’est aussi le temps des décolonisations, et l’empire colonial français
craque de partout : Vietnam, Madagascar, Cameroun, Maroc, Tunisie, sans
parler de l’Algérie et des massacres du 8 mai 1945 dans le
Nord-Constantinois.
En France, la gauche politique et syndicale est surtout focalisée autour de la guerre d’Indochine et contre les États-Unis1 et plusieurs militants et dirigeants communistes ou cégétistes sont arrêtés et inculpés pour « atteinte à la sûreté de l’État », comme le soldat Henri Martin2.
La police protège l’extrême droite
Peu de gens le savent, mais pendant longtemps les organisations
politiques et syndicales de la gauche française ont défilé le 14 juillet
depuis 1935. Ces défilés faisaient partie des traditions ouvrières au
même titre que le 1er mai. Ils étaient autorisés et à partir de 1950, les nationalistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), vitrine légale du Parti du peuple algérien (PPA) — interdit depuis 1939 —, avec à sa tête Messali Hadj, décident de se joindre aux défilés du mouvement ouvrier français. `
La manifestation démarre place de la Bastille à Paris, et on peut y
voir d’anciens combattants, le Mouvement de la paix, le Secours
populaire, l’Union de la jeunesse républicaine de France, l’Union des
étudiants communistes et de l’Union des femmes françaises (UFF). La CGT
suit avec ses différentes fédérations syndicales (cheminots,
métallurgie…), puis viennent les organisations de la banlieue
parisienne. On voit aussi des bonnets phrygiens, des Marianne qui font
des rondes, des fanfares républicaines. Une tribune avec un grand nombre
de personnalités politiques de gauche est placée à l’arrivée, place de
la Nation. Dans la manifestation, on entend les slogans : « Libérez Henri Martin ! » ou « Paix en Indochine ! » Enfin, en queue du défilé viennent les Algériens du MTLD.
Mais avant même que le cortège des Algériens ne se mette en marche, un
petit groupe d’une vingtaine de militants d’extrême droite cherche à les
provoquer et à les frapper. Très rapidement, ils se retrouvent
encerclés par le service d’ordre de la CGT et des Algériens. La police va alors intervenir, mais pour les protéger et non les arrêter.
ARTICLE EN INTÉGRALITÉ: https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/les-balles-du-14-juillet-1953-un-massacre-oublie,6494