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jeudi 3 avril 2025

Les Villes vollantes de Georgi Krutikov (projet de diplôme VKhUTEMAS, 1928)



Russia Beyond (Photo: S. Khan-Magomedov/Éditions de la fondation «Avant-garde russe», 2008)

 

En 1928, un diplômé de l'Institut supérieur d'art et de technologie (ou VKhUTEMAS – en russe, ВХУТЕМАС est l'acronyme de Высшие ХУдожественно-ТЕхнические МАСтерские, « Ateliers supérieurs d’art et de technique »)  de Saint-Pétersbourg s'apprêtait à défendre sa thèse de diplôme. Sa présentation est devenue la première étape théorique de la migration humaine vers l'orbite terrestre.

Gueorgui Kroutikov a commencé son travail scientifique avec une idée simple : chaque type de société devrait avoir une conception unique des villes. Par exemple, les sociétés féodales ont tendance à construire leurs cités autour de forteresses et à les disposer de manière circulaire, tandis que les sociétés capitalistes tendent à disposer les rues de manière rectangulaire.

Domaine public   

Kroutikov a donc fait valoir que la nouvelle société communiste méritait d'avoir son propre arrangement urbain. Dans sa thèse, il a proposé sa vision d’une ville volante destinée à devenir la norme dans l'URSS du futur. Son travail a fait grand bruit à l'époque.

L'architecte proposait de déserter la Terre, en ne laissant à la surface que des usines et autres installations de production, et de reloger définitivement les humains dans des villes communautaires flottant dans les airs: au sol, un centre de production avec des usines, et au sommet, des immeubles résidentiels de grande hauteur. Kroutikov a développé plusieurs variantes. Dans l’une d’entre elles, huit immeubles résidentiels étaient reliés par un anneau inférieur, dans lequel se trouvaient des espaces publics. Une autre était un bâtiment cylindrique avec des logements de type hôtelier et une cage d’ascenseur au centre.

L'image ci-dessous montre la vision générale que Gueorgui Kroutikov avait de la ville nouvelle. Les tours habitables sont disposées en cercle sur une plateforme en forme d'anneau où, selon le plan de l'architecte, se trouveraient les locaux et installations techniques.

 

S. Khan-Magomedov/Éditions de la fondation «Avant-garde russe», 2008

 

L'architecte a suggéré d'utiliser de petites cabines volantes autosuffisantes – quelque peu similaires aux véhicules volants présentés dans le blockbuster Oblivion (2013) d'Universal Pictures – pour transporter les humains de la surface de la Terre à la ville volante et inversement.

Contrairement au film populaire, cependant, les cabines volantes de Kroutikov ont été conçues pour être également utilisées comme des logements à court terme, une partie autonome de plus grands bâtiments stationnaires.

S. Khan-Magomedov/Éditions de la fondation «Avant-garde russe», 2008

Les cabines avaient une forme aérodynamique. Il était prévu qu'elles soient remplies de meubles modulables qui changeraient en fonction des circonstances et des besoins du pilote. Les cabines seraient également capables de s'amarrer à l'habitation principale, selon le plan de Kroutikov.

Outre l'architecture, il était fasciné par les zeppelins. Il pensait que, dans un avenir proche, les scientifiques allaient découvrir ou inventer de nouvelles formes d'énergie, faisant de sa cité volante une réalité. Il s’inspirait, entre autres, des idées de Constantin Tsiolkovski, le fondateur de la cosmonautique, et correspondait avec lui. Kroutikov pensait que ses immeubles pourraient flotter au-dessus du sol grâce à l’énergie atomique, et que les capsules individuelles seraient chargées à partir d’elles. En outre, ces dernières devaient être contrôlées par le champ magnétique – un simple geste de la main suffirait.

Par conséquent, Kroutikov pensait que la mise en œuvre de son plan futuriste était une question de futur proche.

S. Khan-Magomedov/Éditions de la fondation «Avant-garde russe», 2008

Les partisans de son projet le considéraient comme une étape importante de l'avant-garde architecturale. Au contraire, ses opposants le critiquaient comme étant excessivement fantastique et irréaliste.

Malgré les critiques, Kroutikov a défendu avec succès son travail devant un panel d'académiciens et a reçu un diplôme professionnel. Il a construit sa future carrière dans l'architecture, bien que ses nouveaux projets aient été plus réalistes que sa ville volante. Par exemple, Kroutikov a conçu des bâtiments administratifs et résidentiels à Moscou.

S. Khan-Magomedov/Éditions de la fondation «Avant-garde russe», 2008

L'architecte et visionnaire est décédé en mars 1958. 

 




lundi 17 mars 2025

Heavy Traffic (Ralph Bakshi, 1973)

Un film de l'année méridienne: 1973.
 
Heavy Traffic es un film d'animation de la contreculture étatsunienne. Les valeurs y sont amplement capitalistes mais sans petit noeud rose: les bas instincts sont la norme, struggle for life
 
Les personnages de ce collage urbain sont des marginaux (travelos, petites frappes) ou issus du lumpenprolétariat. Un film fait pour le spectateur "révolté" de la petite bourgeoisie intellectuelle qui adore ce genre de personnages encore plus"maudits" que lui –et pour cause, ils n'ont pas de deuxième chance et n'ont pas le temps de porter le Tragique comme une décoration. Le protagoniste est un dessinateur, Michael Corleone, qui tue le temps en jouant au flipper. Ses parents, le mafioso Angelo Corleone et Ida, la mère juive, se haïssent. Carole, la serveuse afroaméricaine semble la seule vraiment capable de se sortir de la mouise. C'est l'American way of life dans un New-York pourri.
Le père est raciste mais utilise des travailleurs noirs contre les blancs syndiqués: un vrai personnage "bolloréen" (je tape sur les bronzés pour mieux les exploiter). Ce genre de vérité est assez rare dans le cinéma occidental. Peut-être que l'animation, comme souvent les genres mineurs (série noire par exemple), permet d'aller plus loin dans la critique sociale. C'est un petit aspect dans ce film d'animation, mais si rare qu'on le remarque. Le film fut classé X à sa sortie et on se demande pourquoi? Parce que le dessinateur a une copine noire où/et à cause de ce qui se passe concrètement sur les docks? 

 

À voir avec ce film d'animation soviétique des années 1970: la décennie de la chute des utopies. L'American way of life y est rendue par un psychédélisme strident mettant en scène un safari humain dans une ambiance de fête foraine.


vendredi 14 mars 2025

El dilema del constructivismo ruso (Armando Arteaga Nuñez, 1988)

(Del libro: “La modernidad en la arquitectura”)
 
El constructivismo arquitectónico ruso tiene el equivalente del Bauhaus alemán.
 
EL DILEMA DEL CONSTRUCTIVISMO RUSO Por Armando Arteaga 
 
Esta época estuvo muy caracterizada: los pintores “proyectaban” y los los arquitectos “dibujaban”.

El constructivismo ruso es el movimiento arquitectónico que mejor se conoce en occidente. Para la cultura nacional rusa, en su totalidad, el período del vanguardismo ruso en el arte, y particularmente, en el campo de la arquitectura, es un periodo que comprende una parte muy importante de esta cultura. Los rusos han sido siempre una nación de intérpretes geniales de esta apertura hacia lo occidental, y han llevado sus aportes hasta la cumbre misma del proceso histórico-cultural y artístico de la humanidad. Tal fue la herencia de Bizancio en la Rusia Antigua, y también, con la cultura europea desde los tiempos de Pedro El Grande; y mejor, si hablamos, de una cultura rusa “moderna” cuando desarrollaron un ambiente cultural propio gracias al vanguardismo de la primera década del Siglo XX. 

El constructivismo ruso fue un buen momento para la historia de la arquitectura.

Por los caminos de la arquitectura, y el vanguardismo de los años veinte de este Siglo XX, podemos acercarnos a la espiritualidad, a la cosmovisión, y a las tradiciones, de varios pueblos islámicos, eslavos y occidentales, que desde la revolución bolchevique han venido buscando desarrollar sus propias individualidades a través de un estado multinacional. Los rusos han ocupado un ambiente cultural -muy sugestivo- gracias al vanguardismo desde la primera década del siglo veinte. El constructivismo ruso fue un buen momento para la historia de la arquitectura. Pero, sobre todo, es una parte importante de esa historia del vanguardismo -como escuela y como tendencia arquitectónica-. Así, como también, es la parte más importante de este original movimiento artístico de ruptura con la tradición rusa. El constructivismo ruso -como concepción vanguardista- fue capaz de dar muchas ideas nuevas para la arquitectura: esa corriente de la arquitectura universal que se llama “desconstructivismo” por ejemplo, y que está enraizada dentro del constructivismo ruso. El constructivismo ruso tuvo el acierto de no conformarse con el “prolekultur”, sino que solo formó parte de ese “prolekultur”. El “prolekultur” fue una corriente de extrema izquierda en todo el arte, en toda la cultura rusa, que buscaba una nueva unidad entre la ciencia, la industria y el arte. Y, con mucha lucidez política, el constructivismo formó parte orgánica de este movimiento cultural.
 
Vladimir Tatlin fue un excelente pintor ruso, el más ilustre representante del constructivismo pictórico desde la época en que se formó el movimiento donde estaban otros como Malevich, Rodckenko, Kandinsky y Gan Lissitzky, entre otros, que crearon grandes “obras” para el conjunto de las artes plásticas y el diseño gráfico dentro del vanguardismo.


El constructivismo arquitectónico ruso tiene el equivalente del Bauhaus alemán, y fue parte importante del vanguardismo de los años veinte. Dentro de esta vanguardia, el constructivismo ruso fue una rama de las tantas de ese árbol frondoso. Metido en esa vanguardia, el constructivismo ruso no fue un movimiento más de los tantos que existieron. Sucedió que el constructivismo ruso dentro de todas estas tendencias nuevas impulsó mejor su concepción, y fue el único movimiento arquitectónico y pictórico que logró realizarse totalmente en la práctica. Los otros movimientos -cognoscibles y coexistentes- de ese momento solo quedaron como decoraciones fantásticas, como ideas novedosas y expresiones sinceras, de creadores alborotados. Los vanguardistas rusos lograron una producción espiritual, y los constructivistas rusos consolidaron “obras” materiales (aunque hoy “piezas” de museos) que son testimonios –si se hiciera una verdadero rescate valorativo- para una interesante “revelación cultural” que albergó una autentica “revolución cultural”; reseñaron para la posteridad una revista de “agitación” y comenzaron a construir sus “nuevos” proyectos. Estos proyectos “altisonantes” de los constructivistas llamaron mucho la atención occidental, y está acción “proyectual” levantó la propaganda hacia el constructivismo como movimiento artístico. No por eso dejaron de existir otras tendencias que no eran menos interesantes que el discutido constructivismo. El constructivismo fue el único movimiento ruso que logró captar la atención a nivel mundial en el exterior. Solo comparable a este éxito cultural -con etiqueta de revuelta- son las obras cinematográficas de Eisenstein y de Pudovkin. *(1). 
 
Vladimir Tatlin fue un excelente pintor ruso, el más ilustre representante del constructivismo pictórico.

Vladimir Tatlin fue un excelente pintor ruso, el más ilustre representante del constructivismo pictórico desde la época en que se formó el movimiento donde estaban otros como Malevich, Rodckenko, Kandinsky y Gan Lissitzky, entre otros, que crearon grandes “obras” para el conjunto de las artes plásticas y el diseño gráfico dentro del vanguardismo **(2). Esta época estuvo muy caracterizada: los pintores “proyectaban” y los arquitectos “dibujaban”. De la pintura se llegó a la arquitectura. Se puede decir que el símbolo del vanguardismo arquitectónico de los años veinte fue el proyecto de Vladimir Tatlin para el edificio en la III Internacional Comunista. Aprovechando los nuevos materiales de los últimos tiempos, y de las nuevas “estructuras” con el uso del hierro, el cemento, y el nuevo estilo espectacular del concreto “armado”. 

El “proyecto” de Tatlin es un proyecto fantástico.


El “proyecto” de Tatlin es un proyecto fantástico: el arquitecto ha creado una nueva imagen, un nuevo lenguaje para la arquitectura y para el arte. Era un “proyecto” extraordinario, una visión filosófica nueva. Era un edificio que miraba hacia el futuro: la forma del edificio era una “espiral”. Una “espiral” que se desarrollaba de abajo hacia arriba, un edificio inclinado y con un ángulo de inclinación que coincidía con el ángulo de inclinación de la tierra. El edificio de Tatlin era una “estructura” que se desarrollaba y se lanzaba hacia el futuro. La “espiral” nos hace recordar el desarrollo de la humanidad de abajo hacia arriba, era un icono simbólico del progreso. Era una visión del “futurismo”. Sin embargo, este edificio era una reminiscencia fiel a la imagen “historicista” de la Torre de Babel, algo que nos remitía al Génesis –según el designio divino de poblar la tierra de habitantes reunidos en la llanura del Senaar-, después del Diluvio, cuando decidieron construir aquella célebre torre bíblica: donde Dios confundió milagrosamente el lenguaje de los constructores de ese vasto monumento llamado Birs-Nimrud; o un enorme parecido al “babélico” cuadro del holandés Brueghel llamado también “Torre de Babel”. La misma congruencia edificable -era esa imagen de Tatlin-, que alternaba y friccionaba muy bien -en altivez- con la Torre de Eiffel (a cuya fastuosidad “futurista” le expresó más tarde su admiración Vladimir Maiacovski en su poema Conversando con la Torre de Eiffel). 
 
Era un edificio que miraba hacia el futuro: la forma del edificio era una “espiral”.


El trabajo de Tatlin no fue solamente construir un icono, una obra monumental, sino este edificio era para albergar el trabajo de la III Internacional Comunista. Y, aquí, se puede volver al contenido del termino constructivismo. Hay una opinión –tergiversada- que los constructivistas son aquellos arquitectos que experimentaban con las “estructuras”. La semántica de la palabra “construcción” en ruso no significa “estructura”, sino “edificación”. El constructivismo esperaba -entonces- con esta palabra no referida a las “estructuras” sino a las “edificaciones” del mundo, hacer “un cambio” en el mundo, y generar ciertos procesos sociales de “cambios” a través de la arquitectura. 

El edificio de Tatlin era una “estructura” que se desarrollaba y se lanzaba hacia el futuro.

El materialismo y el pragmatismo en la obra arquitectónica de Ginzburg es también “el último suspiro” del constructivismo. Se puede afirmar que Ginzburg fue una de las figuras más representativas del constructivismo arquitectónico, y se puede decir también que era el ideólogo. Filosóficamente, el constructivismo era un movimiento cultural que estaba relacionado con los grupos de arquitectos constructivistas. En la cultura rusa, espontánea y rigurosamente, o quizá, insólitamente, es “la regla de oro” de la cultura rusa donde se mezclan las cosas que parecen ser muy distintas. Por eso -en el constructivismo- se mezclan el positivismo con el pragmatismo, el realismo con lo fantástico, un idealismo insólito con un racionalismo permanente. El constructivismo, como teoría y agitación cultural, tenía entre sus “manifiestos” una concepción filosófica, una ideología idealista para transformar el mundo. Los arquitectos constructivistas se contradecían, pretendían hacerlo con “métodos” muy concretos, con “postulados” y “teoremas”, con propuestas matemáticas e ingeneriles, y con teorías muy pragmáticas.
Era una visión del “futurismo”.


La Asociación de Arquitectos Contemporáneos (OSA) que de manera formal estaba bajo la dirección de Lissitzky era una organización que presionaba hacia la modernidad, pero este impulso efectista liquidó un proyecto “futurista” y dió pasó al rígido Plan de Vivienda. Los constructivistas no estaban solos en el escenario de los años 30, había otras tendencias. Ginzburg era el iceberg de cierta tendencia “futurista”, con sus ideas, y teniendo como representantes artísticos a los hermanos Vesnian, ellos se aproximaron a cierto surrealismo. Se acercaron a las formas occidentales de la arquitectura contemporánea, en este vaivén cultural, expusieron sus concepciones teóricas, y Lizzitsky fue el predicador de cierto activismo modernizante en el año 32, donde también destacaron otros arquitectos como Leonidov, Golosov, Melnikov y Ladovsky, entre otros, de gran aporte conceptual y de “proyectos” que han quedado para la posteridad en la historia de la arquitectura, y en “El Constructivismo”. 

El constructivismo ruso fue un buen momento para la historia de la arquitectura.

Estos “sindicatos” de artistas y arquitectos que agitaban , empezaron a ser vistos como emporios de disconformidad, estas uniones independientes y contestatarias fueron declarados fuera de la ley, y se creó otro orden administrativo burocrático, una sola y vertical organización para todos los arquitectos de la Unión Soviética que se llamaba Unión de Arquitectos de la URSS. Esta fue una de las fórmulas represivas que se estilaron durante el régimen duro de Stalin, no solamente para controlar e intervenir en asuntos del oficio de la arquitectura, sino en todas las demás artes, incluidas otras esferas de la vida espiritual y cultural. Fueron prohibidos los ejercicios de diversas profesiones, se formaron organizaciones totalitarias que fiscalizaban las actividades creativas de los arquitectos, pintores, cineastas, músicos y escritores. 


Estos proyectos “altisonantes” de los constructivistas llamaron mucho la atención occidental, y está acción “proyectual” .

La idea de unir a todos los arquitectos en una sola asociación nació el año 28, en la misma Sociedad de Arquitectos, porque existían tantas tendencias y tantas fracciones que se peleaban entre ellos, y eso distraía la atención de los arquitectos de los problemas fundamentales e importantes. Los iniciadores de esta nefasta iniciativa, los promotores de estas ideas unionistas eran –precisamente- los mismos constructivistas y en particular Guinzburg. No se puede precisar si la OSA., fue un pretexto de los unionistas para liquidarla y suspenderla, de todas formas, habían condiciones para que hubiera terminado así clausurada e inutilizada, desde su interior brotaba un sector estalinista, pro-burócrata, y otro sector: más libre –por lo menos- de las hegemonías políticas. El burocratismo que propició Stalin, contribuyó a que en la arquitectura se diese la proliferación de las construcciones prefabricadas, algo que transformó la arquitectura rusa en monocorde, en una arquitectura de diseño elemental y soso. Los estanilistas decían que no había recursos para construir, y otros decían que no había arquitectos para el diseño de la nueva arquitectura, y se justificaba el pre-fabricado. Ahora, mirando hacia atrás, no es valida ninguna de las dos apreciaciones.

“Proyectos” que han quedado para la posteridad en la historia de la arquitectura.

Yo afirmaría, una apreciación de carácter muy personal, que durante el régimen estalinista, la arquitectura precisamente ha tenido un desarrollo de austeridad que Stalin como dictador entendía de cierta importancia, era una arquitectura pragmática para con el pueblo ruso, y por eso se postergaba lo que este llamó “pomposidad” en la arquitectura rusa. En la época de Stalin, hubo además un desarrollo peculiar -por supuesto- para la arquitectura. Aún durante el estalinismo, el ser arquitecto era una de las cosas más prestigiosas de entonces, era algo muy importante, se respetaba mucho el aporte “libre” de los arquitectos, y creo que la monotonía empezó con más fuerza –justamente- con la muerte de Stalin. Una tendencia hacia el clasicismo se dio en la arquitectura rusa durante Stalin y solo ahora hay un nuevo estado de ánimo, y esto es parte fundamental de esta crisis actual de unidad y de identidad nacional, desde cuando se da el clasicismo como sistema formal y que llegó a Rusia, desde los tiempos de Pedro El Grande, y sin embargo, a pesar de que llegó algo tarde: el clasicismo encontró un terreno fértil para sus hazañas y primores. La idea de la reglamentación era muy típica para la mentalidad del clasicismo, tanto para la mentalidad imperial como para la burocrática socialista, que desde entonces, hubo la tendencia de que la arquitectura tenía que ser muy reglamentada. Por otro lado, las ideas imperiales, no eran propias solamente al círculo que las rodeaba y las fomentaba, sino que la intelectualidad izquierdista –también- los apoyaba en una Rusia caótica y muy desordenada. Las ideas de una organización estricta, las ideas de un ordenamiento total, tenían bastante atractivo. Y, por eso, se puede decir que el clasicismo en Rusia es algo orgánico para el espíritu ruso a pesar de que el arte se desarrollaba en ascenso muy libre. Los artistas y arquitectos en algún momento levantaron ese clasicismo y después lo derrumbaron, sin embargo, en otras épocas, la apertura fue más romántica, con más intensidad. Inclusive, en la época de la vanguardia se mantuvo esa intensidad romántica que ha rechazado completamente toda la influencia histórica occidental, toda herencia. Se puede, hasta hoy, descubrir la utilización de esa intensidad romántica. Yo creo que el clasicismo es un sistema filosófico libre que pretende armonizar y ordenar el mundo a su manera perfeccionista. Tiene un futuro kantiano, y va a darse a través de nuevas ideas tanto para la arquitectura como para otras artes, todavía en el clasicismo anidan principios democráticos y básicos de la extensa humanidad. 


Lizzitsky fue el predicador de cierto activismo modernizante en el año 32.

Ahora, con la oportunidad y la presencia de la “perestroika”, con el regreso de la economía de mercado a Rusia, los arquitectos van a tener que volver y buscar al cliente, aunque se supone también que desde ciertos sectores de la iniciativa privada se han organizado e impulsado también algunas cuestiones fundamentales de las nuevas tendencias en la arquitectura. Por supuesto, que en el futuro, esta nueva forma va a ser igual que en cualquier otra parte, hay una tendencia a “internacionalizar” los estilos. La relación entre comprador y vendedor en la arquitectura rusa aún no se define, tan mercantilmente. Pero la labor del arquitecto es hacer un mundo mejor y nuevo, cada vez más hermoso, nosotros estamos porque se tenga una visión critica del proceso histórico del vanguardismo y la arquitectura, se ponga mayor énfasis en lo educativo por parte del usuario en cualquier clase social, y en donde “espacio” necesite, se edifique con libertad creativa los nuevos “diseños” de esta arquitectura rusa actual. Teniendo en cuenta, muy claramente, que el asunto historicista del constructivismo levantó trementadas expectativas en el lado occidental. 


Por los caminos de la arquitectura, y el vanguardismo de los años veinte de este Siglo XX. 

Vislumbro en estos momentos de “la transparencia” soviética, de estas reformas de la “perestroika”, una situación favorable para superar aspectos dogmáticos, para superar estancamientos políticos, con las nuevas reformas por parte de todos estos pueblos que forman parte del estado soviético, y que están en contra del burocratismo, claro está, mirando las cosas desde afuera. Vislumbro cambios, rechazando revisionismos trasnochados, si es que estamos preparados para el cambio permanente de las cosas como querían los constructivistas. Estamos por el lado de revisar desapasionadamente los diseños y las obras de los arquitectos del constructivismo ruso, y seguro vamos a encontrar que su aporte sincero está en tener una actitud por el cambio, ellos estaban por la renovación de los estilos, por democratizar el lenguaje y el mensaje de la gran edificación que se proyectaba hacia el futuro, y también creo que no fueron muy comprendidos en su momento de moda que agitaron, sino algo muy tarde todavía, a partir de la década del setenta, en que empieza esta enorme valoración por sus aportes desde occidente. Pero el futuro ya pasó, y la “modernidad” de las cosas planteadas desde ese enorme potencial fantástico de sus proyectos es algo que importa mucho para el diseño; quedan sus obras edificadas, y por último: un lugar muy especial de prestigio aun no comprendido en la historia de la arquitectura para el constructivismo ruso.
Marzo 1988.


Los vanguardistas rusos lograron una producción espiritual, y los constructivistas rusos consolidaron “obras” materiales (aunque hoy “piezas” de museos) que son testimonios –si se hiciera una verdadero rescate valorativo- para una interesante “revelación cultural” que albergó una autentica “revolución cultural”; reseñaron para la posteridad una revista de “agitación” y comenzaron a construir sus “nuevos” proyectos. ----------

*(1) Para una mejor comprensión de estas etapas de ciertos idealismos esteticistas de la cultura rusa recomendamos investigar en algunos libros y textos siguientes en castellano: -“Constructivismo”. Varios autores. 376 páginas. Madrid, Comunicación (Alberto Corazón Editor.), 1973. -“El Nuevo Realismo Plástico” K. Malevitch. 181 páginas. Madrid, Comunicación (Alberto Corazón Editor), 1975. -“La Bauhaus”. Varios autores. 230 páginas. Madrid, Comunicación (Alberto Corazón Editor). -“El sistema de los signos: teoría y práctica del estructuralismo soviético”. Varios autores. 190 páginas. Madrid, Comunicación (Alberto Corazón Editor). -“Formalismo y Vanguardia”, Sklovski, Eijenbaum, Tinianov. 172 páginas. Segunda Edición. Madrid, Comunicación (Alberto Corazón Editor). -“Cine soviético de vanguardia. Teoría y lenguaje”, Tinianov, Eisenstein, Dziga Vertov, Nebrodovo. 208 páginas. Madrid, Comunicación (Alberto Corazón Editor). -“La arquitectura del siglo XX: textos”. Varios autores. 540 páginas. Madrid, Comunicación (Alberto Corazón Editor). -“Teoría de la historiografía arquitectónica”, R. De Fusco. 220 páginas. Madrid, Comunicación (Alberto Corazón Editor). 

Malevitch fue productivamente hablando un gran teórico.


** (2) El inicio de Malevitch es cubista y llega al futurismo, teoriza y transforma su accionar tras los acontecimiento de 1915. Deja la pintura para ocuparse en la arquitectura. Empieza su camino en cierto idealismo que más tarde le abre las puertas hacia el “suprematismo”. Es una figura decisiva en la lucha contra la arquitectura neo-regionalista rusa, su texto “La arquitectura como afrenta al cemento armado” es parte de este accionar. Publica otros textos en el Bauhaus en 1927, son ideas nuevas que han ajustado cuentas con sus otras ideas iniciales, antípodas de aquel entusiasmo por la revolución, el hombre nuevo, la economía socialista, etc. De ese malestar que acusan las ideas de Malevitch se configurar el “suprematismo” tal como la historiografía consagra a este interesante momento: “Elemento fundamental al suprematismo –dice Malevitch-, tanto en pintura como en arquitectura, es la liberación de toda tendencia social o materialista. Toda idea social, por grande y significativa que pueda ser, proviene de la sensibilidad pictórica o plástica. Ya sería el momento de reconocer de una vez por todas que los problemas artísticos, de una parte, y los del estomago y la razón, de otra, se hallan considerablemente separados entre sí”. Más tarde vendrán las arremetidas vanguardistas que subyacen finalmente al mismo Malevitch, a Kandinski, a Mondrian, sus atributos son muy parecidos. 

 

jeudi 13 mars 2025

Les Disparus de Saint-Agil (1938), L'Enfer des Anges (Christian-Jaque, 1940): Christian-Jacque, Mouloudji et Debord

L'Enfer des Anges

 La Zone, Saint-Ouen, Marcel Mouloudji...

Ce film fut sélectionné pour la première édition du festival de Cannes en septembre 1939, annulée pour cause d'entrée en guerre.

Le festival a été voulu par le ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts Jean Zay (contre la Mostra de Venise des fascistes). Le gouvernement de Vichy le jettera en prison en août 1940 et il sera assassiné par la Milice en 1944.

Le film a vraiment été réalisé dans la Zone de Saint-Ouen où n'entrait pas qui voulait, il aura fallu que le réalisateur et son équipe soient chaperonné par un infirmier bénévole dont les habitants avaient la confiance. On y perçoit ainsi l'ambiance que pouvait avoir Aubervilliers –aussi dans la Plaine Saint-Denis– que Debord découvre au début des années 1950 et notamment le quartier espagnol. 

La "Zone", dont Saint-Ouen n'est qu'une fraction: cet espace géographique et historique est aujourd'hui recouvert par le Périphérique, et retourner à ce qu'il était c'est capter la dérive et la psychogéographie dans ce qui fut son jus initial.

 
Que l'intro... 

Les Disparus de Saint-Agil

L'Enfer est un film à voir avec un film précédent de Christan-Jaque, Les Disparus de Saint-Agil, prix Jean Vigo. Même scénariste: Pierre Véry. Avec Mouloudji aussi. On y sent la guerre qui arrive. Complotisme, les enfants forment une "société secrète", ils sont un peu plus âgés que Guy Debord mais c'est une même génération d'esprit (celle de l'entre-deux-guerres...et des sociétés secrètes). Debord connaîtra et admirera Mouloudji. Dans ce film les gosses rêvent de voyage, d'évasion, délirent sur les cartes du monde, montent des plans de fugue, et Mouloudji la fait vraiment, il "embarque"... 

Mais avant, il y à l'espace du pensionnat. Seule salle en gradin de l'établissement, la classe de sciences naturelles, avec Martin le squelette, fait communiquer le rêve et la réalité. C'est au près du squelette que se tiennent les réunions de la société secrète, mais aussi que se trouve le tableau noir coulissant...


Pour comprendre le climat mental de l'entre-deux-guerres, et en particulier celui du très jeune Debord, ces deux films sont un bon plongeon.
Leur "relief dramatique" est à saisir ensemble: dans Les Disparus, les jeunes protagonistes sont pensionnaires d'un collège privé, ils rêvent d'ailleurs, c'est une jeunesse privilégiée par rapport à celle de L'Enfer, des misérables ayant comme seule perspective le vol pour s'en sortir un peu. Debord aura fait le voyage mental de la première à la seconde de ces jeunesses comme s'il empruntait la médiation "mouloudjienne": de la villa de Cannes au bar en tôle d'Aubervilliers.

vendredi 17 janvier 2025

critique et histoire de la pensée urbaine post-68, par Jean-Pierre Garnier (2011)

 

Le 8 mars dernier, Jean-Pierre Garnier était à Madrid, où il prenait la parole dans le cadre des Journées de la Fondation de recherches madrilènes [1] (thème de ces journées : « Ville et reproduction sociale : comment en sortir ? »). Voici le texte de son intervention.

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Je prendrai comme point de départ le motif central de ces journées : la perte dont la gauche a souffert dans sa capacité à réfléchir sur la dimension de classe de l’urbanisation contemporaine, et ce que cela implique sur les terrains théoriques et politiques. Mon propos traitera des voies et des moyens d’une renaissance de la pensée critique « radicale » à propos de la ville. Et ceci parce que, pour nous, c’est-à-dire pour les gens qui n’ont pas renoncé aux idéaux d’une transformation sociale autre que celle imposée par l’évolution du capitalisme [2], la recherche urbaine se trouve à la croisée des chemins. L’alternative est claire : nouveau cours ou alignement ?
Pour commencer, il faut revenir aux causes de ce que nous pouvons appeler une « dépolitisation » des problématiques au cours des années 80-90 du siècle dernier. Je proposerai quelques hypothèses et analyses sur cette évolution — ou plutôt sur cette involution — idéologique dans le champ de la recherche urbaine, un phénomène qui n’est pas exclusif de l’Espagne, et qui a caractérisé l’ensemble des pays du sud de l’Europe, la France en premier lieu. J’ai traité spécifiquement de cette affaire dans le chapitre d’un livre publié en espagnol en 2006 aux éditions Virus [3]. Mais ce que je pensais et écrivais à ce moment-là ne me paraît plus tout aussi valable aujourd’hui. Non pour ce qui est des causes du succès puis de l’éclipse de la pensée critique sur l’urbain, mais en ce qui concerne la perspective assez pessimiste où s’inscrivait mon interprétation. En effet, depuis quelques années, au moins en France, on observe un début de réveil de cette pensée, en particulier dans le domaine de la géographie urbaine et, dans une moindre mesure, dans celui de la sociologie urbaine. Il s’agit d’un réveil encore timide, sans échos dans les institutions qui forment les architectes et les urbanistes. Il n’a pas non plus encore donné naissance à un courant critique nouveau au sein des disciplines mentionnées, même si la thématique ambiguë de la « justice spatiale » gagne en influence dans la géographie urbaine. À cela, il faut ajouter qu’aucun penseur anticonformiste de haut niveau n’a émergé en France au point de s’imposer dans le champs scientifique, même local.
Cependant, ce réveil embryonnaire est évident. Il se manifeste principalement au travers de la découverte ou de la redécouverte de deux auteurs marxistes, l’un importé, le géographe anglais David Harvey, et l’autre exhumé, le sociologue français Henri Lefebvre. Du premier, des livres et des articles ont commencé à être traduits en français ; du second, on réédite peu à peu des morceaux de son œuvre. Et, bien qu’ils soient encore minoritaires parmi les nouvelles générations, des professeurs et des chercheurs sont de plus en plus nombreux à trouver dans ces écrits une source d’inspiration, à tel point que des collègues plus âgés qui avaient abandonné depuis longtemps leurs positions « contestataires  » de jeunesse, et même des réformistes ou des réformateurs de toujours qui n’avaient jamais partagé ces idéaux, se mettent maintenant à « prendre le train en marche  » pour ne pas paraître « dépassés », qualificatif disqualifiant qu’eux-mêmes avaient précisément l’habitude d’accoler jusqu’à ’il y a peu aux approches matérialistes et progressistes du phénomène urbain.

Cartel Festa do Avante, 1979 (Arlindo Fagundes, 1945-2025)

 


dimanche 1 décembre 2024

Villes d'Olga Rozanova (1914)

                                                                       City on fire


                                                                            The City

 

vendredi 15 novembre 2024

A propos d’Ado Kyrou, écrivain, critique cinématographique et cinéaste (Athènes, 1923 – Paris, 1985)

SOURCE: https://dicodoc.blog/2018/03/04/3664/#_ftnref4

E COMME ENTRETIEN – Litsa Boudalika

Comment avez-vous découvert Ado Kyrou ? L’avez-vous connu personnellement ?

            La lecture de son ouvrage « Le surréalisme au cinéma » A, je l’ai faite vers l’âge de seize ans, peu avant mon cursus d’études en réalisation Cinéma/TV. A Bruxelles, comme ailleurs, vers la fin des années ’70, une bonne initiation au cinéma passait souvent par la fréquentation de la Cinémathèque, aujourd’hui appelée « Cinematek » – oui, avec un -k à la fin, comme Kyrou. Sa monographie sur Luis Bunuel B a aussi été un fidèle compagnon de route pendant mes études artistiques. Normal, les apprentissages n’ont pas attendu les autoroutes de l’information pour instaurer un accompagnateur discret, voire un professeur, en chaque auteur que l’on choisit de lire.

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Signature d’Ado Kyrou, depuis L’AGE D’OR DE LA CARTE POSTALE, Paris, édtions BALLAND, 1966

            Bien que ses idées avant-gardistes sur le cinéma aient été, depuis plus d’un demi-siècle, bien partagées, l’œuvre d’Ado Kyrou, écrite et filmique, reste assez méconnue. Ses écrits – à la fois révélateurs d’une érudition cinématographique rare et parés d’une posture assez subversive – lui valent-ils comme une sorte de …non-droit de cité dans la nébuleuse culturelle française? Encourager le spectateur à s’exprimer à haute voix dans les salles obscures, à aller voir les « mauvais » films qui, de son point de vue, sont parfois « sublimes », s’en prendre à Camus et à Truffaut pour dénoncer certaines assertions qu’il trouve conservatrices, rejeter quasi en bloc Bresson, Cocteau et Hitchcock, cela crée des inimitiés, peut-être même posthumes…

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Page de couverture « Le Manuel du parfait petit spectateur », écrit par Ado Kyrou, 
illustré par Siné, Paris, éditions LE TERRAIN VAGUE, 1958.

Page source : http://seriouspublishing.blogspot.gr/2008/12/manuel-du-parfait-petit-spectateur-ado.html

            Aux polémiques autrefois ouvertes autour du cinéma  – souvenons-nous  du  clivage à la fois esthétique et politique entre les revues « Positif » et « Cahiers du Cinéma » C –  a, peu à peu, succédé le conformisme, qui, déjà en 1980, le faisait affirmer que «les choses sont aujourd’hui données comme des cachets blancs qu’on avale» ; lui qui, par-delà la critique « de la réalité manifeste » revendiquait celle de la « réalité latente », invitant ainsi le critique de cinéma à entrer dans la poésie en dépassant le stade du journalisme, puisque « grands mythes et élans libérateurs se cristallisent sur l’écran, lieu prédestiné du hasard objectif ».

            Bien plus tard – dans les années 2000, une époque où j’enseigne le documentaire de manière intensive – je remets la main, quasi incidemment, sur un enregistrement intégral, effectué en 1980 par un camarade de classe, dans le cadre d’un exercice pratique de  « portrait radiophonique » en école de cinéma. Là, je découvre son récit de vie, depuis ses origines familiales et ses années athéniennes sous l’occupation, jusqu’à son exil en France en 1945 ; ses engagements politiques et syndicaux, son entrée dans le groupe surréaliste de l’après-guerre et, bien sûr, son approche de critique et de praticien du cinéma. Autant parler d’un trésor de témoignage par cet « éternel révolté »D disparu à l’âge de 63 ans d’une rupture d’anévrisme en automne 1985, à Paris.

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Portrait d’Ado Kyrou, image extraite d’un entretien vidéo (en grec) 
avec Nikos Giannopoulos (1985)

Page source : http://www.dailymotion.com/video/xvdvx5

Je ne l’ai donc pas connu personnellement, si ce n’est par ce témoignage unique ou encore les archives de l’INA E qui, par bribes, retracent son parcours d’auteur, de critique cinéma et de cinéaste d’inspiration surréaliste. Dans un monde culturel tout aussi sectorisé que celui de l’industrie, sa notoriété le cantonne exclusivement dans la critique cinématographique d’avant-garde, au point que l’on méconnaît aujourd’hui le Kyrou amateur de cartes postales et d’imagerie populaire F, le court-métragiste de talent et le téléaste de service public audiovisuel en fiction, en reportage, en variétés… Et aussi en film documentaire qui, en télévision, était produit sur support pellicule 16mm jusqu’au début des années ’80, comme son « Zen sans gêne », d’une durée de 8 minutes et disponible en clair sur la toile : http://www.ina.fr/video/CPB8005286407/le-zen-sans-gene-video.html 

Dans sa période de collaborations régulières à l’ORTF et France 2, entre 1968 et 1984, les documentaires de 52’ qu’il réalise s’intitulent: « Le vieux Trocadéro », « Les francs-maçons à visage découvert », « Vivre le chômage », « Le musée Grévin », « L’habitat social: un constat », « Les artisans de l’éphémère », « Les gardiens du temps », « Ces enfants-là »…  Flux télévisuel oblige, l’enquête et le témoignage y sont nettement privilégiés, ce qui n’empêche pas une construction cinématographique rigoureuse et des envolées poétiques lors de nombreux passages dans la continuité audio-logo-visuelle. Accompagnement musical éclectique, reconstitution, farce et clin d’œil font partie des procédés fréquemment adoptés à la mise en scène ou au montage, qu’il évoque dans ces termes : « Il y a quinze jours, j’ai fini un film de commande – on est obligé de faire des films de commande de temps en temps – sur le Salon des arts ménagers. Et il y avait une section rétrospective avec de vieux appareils et de vieilles machines-à-coudre etc… J’ai fait un plan d’une vieille machine-à-coudre – très belle – et je l’ai couplée avec un parapluie… Bon, c’est la rencontre de la machine-à-coudre et du parapluie de Lautréamont G, personne ne comprendra ou alors une personne sur mille, mais, moi, ça me fait plaisir. Donc, si tu veux, cet état d’esprit de la blague, même personnelle, reste aussi vivace que toujours. (…) J’ai toujours dit – et Breton était d’ailleurs d’accord avec moi – que le surréalisme est avant tout un état d’esprit. Il n’existait pas de groupe surréaliste quand Rimbaud ou quand Lautréamont écrivaient ou quand Bosch peignait. Le groupe a simplement rassemblé, codifié et mis au clair. Et permis à tout le monde d’entrer, disons, dans la poésie.» Kyrou admet avoir appris énormément à travers le traitement du réel à la télévision. « J ‘en ai fait une soixantaine, des films d’une heure à peu près. Je sais que si un jour je refais du cinéma, j’introduirai de façon encore plus présente la réalité, c’est-à-dire que j’y introduirai même du documentaire à l’intérieur. »

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Photographie du groupe surréaliste au café de la place Blanche en 1953.
© Man Ray Trust / ADAGP, Paris, 2005.
Ado Kyrou est le cinquième en commençant par la gauche à partir du  rang du haut.
 
page source: andrebreton.fr
 
 Ses lettres de noblesse en court-métrage cinéma se situent dans la période 1957-1963, en plein essor du genre en France. Sur dix courts-métrages répertoriés à son nom, six sont des documentaires – films d’art inclus. L’archive, écrite ou audio-visuelle, y occupe une place prépondérante, à commencer par « Le temps des assassins » (15’, 1962), véritable plaidoyer antifasciste retraçant l’histoire de la 2ème guerre mondiale, co-signé avec Jean Vigne et entièrement réalisé à partir d’images d’actualités. Lors d’une présentation publique de son œuvre à la cinémathèque d’Athènes en 2012, en toute fin de projection, un spectateur s’est levé pour demander comment se procurer une copie du film, précisant qu’on devrait l’inclure dans le catalogue de toutes les vidéothèques scolaires. Pour « La déroute » (16’, 1957) – son tout premier court-métrage produit par le talentueux Anatole Dauman et encadré par Georges Franju au poste de conseiller technique – Kyrou aborde l’exploitation mercantile de la défaite des troupes napoléoniennes à Waterloo. Signé par Henri Colpi au montage, narré par Jean Servais à partir de textes de Victor Hugo, le film possède toutes les qualités d’un classique de ces années-là, dans le sens où sa partition cinématographique déploie un découpage et une continuité très soignée et ponctuée par les textes de Victor Hugo : « Ce fut là un lieu funèbre, le commencement de l’obstacle, la première résistance que rencontre à Waterloo ce grand bûcheron de l’Europe qu’on appelait Napoléon; le premier nœud sous le coup de hache. »
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Photogramme extrait du court-métrage LE PALAIS IDEAL réalisé par Ado Kyrou (1958)

Page source : http://animulavagula.hautetfort.com/tag/michel+guillemot

Lors de l’entretien sonore, le cinéaste se remémore son expérience en court-métrage cinéma : « J’en ai fait une vingtaine, je crois, vingt-deux. J’avais des producteurs, toujours ; une seule fois, j’ai produit un film sur le château du Facteur Cheval H – ça s’appelait « Le Palais idéal » – sans être payé et sans payer l’équipe, avec un prêt que m’avait fait mon ex-belle-mère »I. Ainsi, grâce au geste de sa mécène, Ado Kyrou peut enfin traiter un sujet cher aux surréalistes – auquel Jacques Brunius avait consacré un film dans les années ’30. Il s’agit du phénomène de l’artiste singulier Ferdinand Cheval connu aussi comme Facteur Cheval (1836-1924), originaire de Hauterives (Drôme). Nous sommes en 1956, une époque où la notoriété artistique du bâtisseur solitaire reste encore à faire. Ici, le cinéaste Kyrou opte pour le récit du facteur à la première personne, depuis ses premières intuitions jusqu’à l’achèvement du palais entièrement construit de ses mains, et selon les mots de l’artiste, grâce à « un génie bienfaisant (qui l’a) tiré du néant ». L’histoire de Ferdinand Cheval est narrée par Gaston Modot tandis qu’à l’image, le personnage est incarné par Monsieur Chautand, facteur à Hauterives en 1957 que la caméra de Kyrou suit jusqu’aux derniers gestes du personnage en train de bâtir, à l’âge de 86 ans, sa propre demeure éternelle qu’il nommera « le tombeau du silence et du repos sans fin ». La collaboration de Kyrou avec un maître du jazz comme André Hodeir et le Jazz Groupe de Paris, ainsi qu’un travail méticuleux de couplage son/image, créent la rencontre poétique entre l’étrangeté de l’œuvre monumentale de Ferdinand Cheval et son récit : « Fils de paysan et fils de mes oeuvres, facteur rural comme mes 25000 camarades, je déambulais chaque jour de Hautes Rives à Tersanne, courant tantôt dans la neige et la glace, tantôt dans la campagne fleurie. J’avais bâti dans un rêve, un château, un palais ou des grottes, je ne sais trop bien vous l’exprimer, le tout si joli, si pittoresque que l’image en demeura vivante pendant au moins dix ans dans mon cerveau. Je m’ traitais moi-même de fou, d’insensé. J’étais pas maçon, sculpteur, je ne connaissais pas l’ ciseau. Pour l’architecture, n’en parlons pas, je ne l’ai jamais étudiée. Or, au moment où mon rêve sombrait peu à peu dans les brouillards de l’oubli, mon pied heurtait une pierre si bizarre que je l’ai ramassée. Le lendemain, au même endroit, j’en trouvai une plus belle. Puisque la nature peut faire la sculpture, moi je ferai la maçonnerie et l’architecture. » Ainsi parlait Cheval dans ce petit bijou cinématographique, austère et lyrique à la fois, où le cinéaste, entre reconstitution, respect du document et merveille du monument, revisite l’univers poétique du personnage.

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Le Palais idéal, œuvre monumentale de Ferdinand Cheval, carte postale d’époque

page source : www. facteur-cheval.fr

Pouvez-vous nous donner les éléments les plus importants de sa biographie.

Citoyen Kyrou naît dans l’Athènes de l’entre-deux guerres en 1923, au sein d’une famille aisée, et selon ses propres mots, « bourgeoise et, même, tout-à-fait réactionnaire ». Les Kyrou sont d’origine chypriote et propriétaires-éditeurs du quotidien conservateur « Estia », dont la direction lui est à priori destinée. Il en sera tout autrement pour le jeune Adonis qui, collégien dans les années ’30, commence par refuser de porter l’uniforme des jeunesses fascistes. Il ne tardera pas à rejoindre la résistance communiste pendant l’occupation où il n’a pas été accepté « les bras ouverts, c’est-à-dire qu’il y avait une méfiance, toujours – normale, normale. Et ils m’ont mis à l’épreuve. Alors, mettre à l’épreuve, ça donnait des résultats quelques fois tragiques pour un gosse de cet âge-là. J’ai eu des fois à trimballer, dans des sacs, des morceaux de mitraillette d’un bout d’Athènes à l’autre à pied, Alors, je me souviens de ma trouille, comme un gosse qui a peur, peur, comme les gosses dans « Les misérables », comme Cosette dans la forêt, quoi. J’allais d’Omonia à Pangràti, à pied, avec deux grands sacs. Les Allemands, je le voyais, ils étaient autour de moi, oui. Mais tu vois, ça, ça forme aussi.»

Peu après la libération d’automne 1944 – Churchill et Staline négocient le sort des Balkans et placent la Grèce sous influence britannique J – le pays ne tardera pas à sombrer, cinq ans durant,  dans une sanglante guerre civile ayant marqué la mémoire de plusieurs générations dans le pays. Gravement blessé à la colonne vertébrale, Kyrou survit aux balles des milices d’extrême droite et après quelques mois d’hôpital, il rejoint, en toute clandestinité, la France. « Un ami qui était le directeur du journal communiste « Rizospastis » m’a dit : « Comme je considère que tu es un bon communiste, ne va pas dans les pays dits ‘socialistes’.». C’est comme ça que je suis arrivé en France, avec des faux papiers, que je suis allée clandestinement sur un bateau anglais. J’ai mis presque trois mois pour arriver d’Athènes à Paris, c’était juste la fin de la guerre. Puis, je me suis trouvé tout seul, sans connaître personne. »

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Extrait de l’ouvrage d’Ado Kyrou L’AGE D’OR DE LA CARTE POSTALE, Paris, édtions BALLAND, 1966

page source: http://www.wanted-rare-books.com/carte-postale-kyrou.htm

Il est peut-être parmi les premiers en ce début de l’année 1945 mais près de 150 de ses congénères suivront à bord du bateau « Mataroa », certains d’entre eux comme étudiants boursiers de la France, fuyant clairement les représailles du fait de leur participation à la résistance. Ils s’appellent Kostas Axelos, Cornelius Castoriadis, Kostas Papaïoannou et seront philosophes. Nikos Svoronos deviendra historien, Mimika Kranaki, tête chercheuse en philosophie, poétesse et romancière. Georges Candylis, urbaniste auprès du Corbusier ainsi que l’architecte Yannis Xenakis, arrivé en 1947, qui sera compositeur.

« J’ai vécu très longtemps, plusieurs années », raconte Ado Kyrou,  « sept huit ans, oui, sans papiers, c’est-à-dire uniquement avec une carte de réfugié. J’ai fait même des travaux pour vivre; des travaux du genre débardeur aux Halles. J’ai fini ici ma licence ès Lettres, puis tout en écrivant, j’ai commence, petit a petit, à entrer dans le cinéma.  Je me suis d’abord spécialisé dans la critique cinématographique. »

Pendant plus de trente ans, les revues qu’il a fondées ou au sein desquelles il a fait équipe sont : « L’âge du cinéma », « Bizarre », « Positif », « Cinéma », « L’écran », « L’avant-scène du cinéma », « Midi-Minuit Fantastique »… K

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Portrait d’Ado Kyrou, image extraite d’un entretien avec Jacques Nahum 
pour le documentaire « Le cinéma surréaliste existe-t-il ? » réalisé dans 
le cadre de l’émission « Démons et merveilles du cinéma », ORTF,  1966

Page source : www.inamediapro.com

Sa rencontre, d’une part avec Eric Losfeld L, son éditeur, ainsi que le groupe surréaliste déterminent son orientation intellectuelle : « J’ai trouvé là des gens qui disaient ce qu’ils pensaient, pour qui, les choses n’étaient pas une fois pour toutes définies. Qui n’obéissaient pas à la règle de l’histoire, même littéraire. Des gens auprès de qui je pouvais dire que La Fontaine est un sale con, sans qu’on me dise que je fais de la provocation ou que j’essaie de faire le malin. Donc, le surréalisme m’a beaucoup aidé pour avoir cette indépendance totale envers l’événement. Cela m’a porté beaucoup d’autres choses, c’est-à-dire que j’ai connu des personnages extraordinaires. Quelqu’un comme Prévert, par exemple, était un être extraordinaire, d’une valeur morale incroyable. Bunuel, aussi. Tout ça c’était des personnages qui existaient par eux-mêmes, sans faire de numéro à l’extérieur. (…) Resnais, c’est quelqu’un que j’aime bien humainement, on habitait rue des Plantes tous les deux, lui un peu plus loin que moi. Pendant Mai ’68, on avait rendez-vous au coin de la rue et on allait à pied à Vaugirard, à l’école de Vaugirard, où il y avait toutes les réunions. C’est quelqu’un qui a beaucoup pensé au surréalisme, qui a été très proche, très propre aussi. »

Quelle importance avait le documentaire pour lui ?

 Revendiquant l’essence surréaliste du cinéma – de par le simple fait que la caméra impose toujours un point de vue – c’est la poésie et l’absurdité du réel qui l’intéressent, y compris en fiction. Parmi ses œuvres les plus réussies, on peut citer deux «hybrides », à mi-chemin du documentaire et de la fiction, l’un placé sous le signe du désir de témoigner, l’autre sous celui de la créativité exponentielle à partir de documents visuels.

Il s’agit, d’une part, de « Bloko », long-métrage (74’, 1965) se référant à la période de l’occupation allemande en Grèce. La trame fictionnelle n’est qu’un prétexte à la reconstitution de faits historiques qui se sont déroulés en été 1944 dans le faubourg athénien de Kokkinia. La cartographie « occupants – résistants – collabos – population » y est minutieusement décrite à travers le bouclage barbare de la ville, suivi d’exécutions capitales collectives. Avec le temps – et surtout, la nécessaire distance des historiens et de l’opinion publique par rapport aux faits de guerre – le film est devenu une référence dans le cinéma grec. Pourtant, le cinéaste s’en souvient tout autrement lors de sa sortie : « Le film a été très mal accueilli en Grèce parce que pour la première fois, il y avait un film sur la résistance, sur l’occupation, sans héroïsme. Il n’y avait pas de personne qui n’avait pas peur. Il n’y avait pas de ces êtres immatériels qui parsèment tout le cinéma de guerre américain ou même tout ce qui a été fait sur la résistance en Grèce. J’avais essayé, d’une part, d’être complètement réel, c’est-à-dire d’écrire les choses telles que je les ai vues. Je n’ai pas vu l’événement même mais j’ai vu des événements équivalents. »

D’autre part, « Un honnête homme », (11’, 1963, Prix Louis Lumière 1964), renvoie clairement au documentaire de création construit à partir d’un matériau assez insolite: une collection de cartes postales en noir et blanc, filmées au banc-titre. Approche surréaliste oblige, la continuité visuelle de cette imagerie « belle époque «  est ponctuée par le récit biographique, en rimes, d’un présupposé fils de sabotier du Val-de-Loire M qui arrive à Paris pour étudier mais finit par y connaître la débauche, l’amour, puis la guerre avant le retrait et la paix… A l’image, donc, le document. Au son, la fiction aux vagues similitudes autobiographiques sur fond d’exode rural.

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Image d’une carte postale depuis « Un honnête homme », court métrage d’Ado Kyrou et Prix Louis Lumière 1964 – Page source : https://ombresblanches.wordpress.com/page/5/

 Quelle place peut avoir aujourd’hui la connaissance de l’œuvre d’Ado Kyrou ?

Autant son œuvre que les points de vue qu’il a défendus rappellent l’effet d’un antidote à la culture sclérosée, si vous permettez l’expression. L’empreinte surréaliste sur son expression l’amène à affirmer « des choses qui ont paru à un certain public et surtout à une certaine élite comme des absurdités immenses. J’avais osé dire que « King Kong » était un grand film lorsque « King Kong » était considéré comme un petit film pour les petits enfants. Ou « L’île du Dr Moreau » ou n’importe quoi. Aujourd’hui, il y a des jeunes qui me demandent « Dis donc, comment avais-tu deviné que c’était un grand film ? » J’avais deviné rien du tout, ça m’avait plus, c’est tout. Et j’avais osé le dire ».

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Extrait de presse en langue avec photographie de plateau depuis le tournage « Paix et vie », Athènes, 1962. Ado Kyrou, debout derrière la caméra, porte des lunettes foncées.

Page source : http://www.askiweb.eu/

            A la revendication de la liberté de penser, s’ajoute l’intérêt historique des sujets qu’il a traités, qu’ils soient en lien avec la littérature, l’art en général et le surréalisme en particulier. Quant à son style cinématographique, nourri d’une grande exigence artistique, il semble toujours à l’affût de la singularité « pour effacer toutes les différences, pour entrer dans toutes les différences pour les comprendre. Artaud était fou, et parce qu’il était fou il était Artaud.». Certaines séquences dans ses films pourraient être revisités comme des documents à part entière. Prenons l’exemple de « La chevelure » (19’, 1961), adapté à partir de la nouvelle homonyme de Guy de Maupassant. Aux côtés d’un Jean-Louis Trintignant dans l’un de ses tout premiers rôles, Kyrou s’amuse à insérer dans le film le passage de l’homme-orchestre, personnage ambulant de l’époque qui arpentait les quartiers de Paris sous le poids d’objets-instruments reproduisant sa « musique ». Idem pour l’apparition inattendue d’Henri Langlois dans « Le vieux Trocadéro » (archives INA 1974), évoquant ses souvenirs du lieu avant la démolition, comme une caverne d’Ali Baba… Dans l’anticonformisme qui caractérise son parcours, l’histoire de la censure à la télévision française citera à nouveau son nom pour avoir « ridiculisé le personnage d’un officier de police » dans la série « Face aux Lancaster » (20X13’, 1971) N.

Dans son récit de vie, Ado Kyrou s’attarde sur une autre expérience heureuse de production collective, cette fois: «  C’était un film qui s’appelait « Parfois le Dimanche » (1960), un film-romance avec acteurs, avec, comme fond, la guerre d’Algérie. Celui-là, je l’ai fait en coopérative avec tous les techniciens sans qu’on n’ait payé un sou. On était deux réalisateurs, Raoul Sangla et moi. On avait des acteurs, des techniciens, c’était une production assez complète pour un film de 25 minutes, où tout le monde a été payé à part égale, c’est-à-dire que le machiniste a été payé autant que nous. Une fois le film vendu – le film a fait pas mal d’argent d’ailleurs – on était tous très heureux. C’était une entreprise rare dans le cinéma, où toute coopérative, comme ça, est considérée comme dangereuse parce que les gens ne voient jamais leur argent. Mais là, c’était peut-être le système qui n’était pas un système de hiérarchie mais un système d’égalité totale… Comme on avait signé tous nos contrats après avoir demandé l’aide du syndicat, il n’y a pas eu la moindre histoire. »

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Plan du parapluie et de la machine à coudre composé lors du tournage du « Salon des arts ménagers » (Paris, 1981), en référence aux « Chants de Maldoror de Lautréamont. Cliché pris depuis l’interface des archives audiovisuelles de l’INA.

Après l’écoute du témoignage d’Ado Kyrou, j’ai éprouvé la curiosité d’aller retrouver ce plan de la rencontre de la machine à coudre et du parapluie qu’il a composé à l’occasion du programme télévisé pour le Salon des arts ménagers de 1981. Entre rasoirs à main dentelés, ventilateurs « quatre saisons » et spatules de cuisine en nylon, la nature morte …gisait à la 37ème minute de l’émission, en noir et blanc, au beau milieu d’une séquence de poêles à bois en porcelaine peinte, le tout baignant dans une sorte dans l’anachronisme que procure le visionnage des programmes de ces années-là. Il faut dire qu’Ado était le téléaste habitué pour « Aujourd’hui Madame », devenu « Aujourd’hui la vie », programme prioritairement destiné à la bonne ménagère de l’époque (années ‘60 et ’70), pour lequel il a, hormis les reportages sur le terrain, assuré les défilés annuels des grands couturiers entre la fin des années ’70 et le début des années ’80. Il a également réalisé quelques programmes musicaux pour « Dim, Dam, Dom », dont certains documents comme l’improvisation flamenco du grand guitariste gitan Manitas De Plata (1967)  https://www.youtube.com/watch?v=o92nOLWiduM ainsi que « Hey Joe » de Jimi Hendrix (1967).

Alors, on l’imagine volontiers, entre deux tournages en studio multi-caméra, bavarder à la cantine en compagnie de Carlos Vilardebo O ou de Jean-Christophe Averty P, évoquant tantôt l’essence surréaliste du cinéma tantôt les tracts du mouvement qu’il signait autrefois et qui, eux, n’ont rien perdu de leur modernité: « Ni école, ni chapelle, beaucoup plus qu’une attitude, le surréalisme est, dans le sens le plus agressif et le plus total du terme, une aventure. Aventure de l’homme et du réel lancés l’un par l’autre dans le même mouvement. N’en déplaise aux spirites de la critique attablés, toutes lumières éteintes, pour évoquer son ombre, le surréalisme continue de se définir par rapport à la vie dont il n’a cessé d’exalter les forces en s’attaquant à leur aliénation séculaire. »

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HAUTE FREQUENCE, tract surréaliste du 24 mai 1951

Notes

A Ado KYROU, Le surréalisme au cinéma, Paris, 1ère édition par LE TERRAIN VAGUE (1963) –   rééditions par  RAMSAY CINEMA (depuis 1985)

B Ado Kyrou, Luis Bunuel, Paris, édité par SEGHERS , coll. “Cinéma d’Aujourd’hui” (1962)

C Frémaux Thierry. L’aventure cinéphilique de positif (1952-1989). In: Vingtième Siècle, revue d’histoire, n°23, juillet-septembre 1989. Dossier : Mai 68. pp. 21-34

http://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1989_num_23_1_2831

D Ioanna PAPASPYRIDOU, Ado Kyrou, l’éternel révolté, Mélusine XXIV – Le cinéma des surréalistes. Article accessible en ligne : https://books.google.gr/books?id=yicoXwu_FbUC&pg=PA77&lpg=PA77&dq=film+documentaire+Ado+Kyrou&source=bl&ots=aYB1mKJsYN&sig=2fMjtX4GMw26CfnUQuN1JgrNuto&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjZp7mglMfZAhUEsaQKHe_vBb4Q6AEINjAE#v=onepage&q=film%20documentaire%20Ado%20Kyrou&f=false

E INA, Institut National de l’Audiovisuel chargé de la conservation des archives radiophoniques et télévisuelles des médias de service public depuis leur existence.

F  Ado KYROU, L’âge d’or de la carte postale, Paris, éditions BALLAND, 1966

G « (…) beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! » , citation d’Isidore Ducasse dit le comte de Lautréamont, Les chants de Maldoror (1869)

Texte en ligne page 124 sur 142 : http://www.poetes.com/textes/lau_mal.pdf

H site web du Palais idéal de Ferdinand Cheval : www.facteurcheval.com

I Article du quotidien le Dauphiné “Un film inédit sur le Facteur Cheval” relatant comment la copie du film d’Ado Kyrou a rejoint le site du älais idéal  en 2010: http://www.ledauphine.com/drome/2010/09/25/un-film-inedit-sur-le-facteur-cheval-et-son-palais-ideal

J À propos de “ l’accord des pourcentages” du 10 octobre 1944: https://www.herodote.net/10_octobre_1944-evenement-19441010.php

K Liste des articles de critique cinéma signés par Ado Kyrou https://calindex.eu/auteur.php?op=listart&num=14

L À propos d’Eric Losfeld: https://www.babelio.com/auteur/ric-Losfeld/170033  http://www.telerama.fr/livre/les-memoires-frondeuses-d-eric-losfeld-editeur-des-surrealistes,155586.php

M  Y aurait-il ici un clin-d’oeil au court-métrage de Jacques Demy “Le sabotier du Val-de-Loire” (26’, 1955)°?

N À propos de cet épisode de censure : http://www.tele70.com/article-30963759.html

O Carlos Vilardebo , cinéaste et téléaste d’origine portugaise, né en 1921: http://www.imdb.com/name/nm0897404/

P  Jean-Christophe Averty http://theconversation.com/jean-christophe-averty-melies-du-petit-ecran-74034