Vivre
et laisser mourir ou la Fin tragique de Marcel Duchamp est un ensemble
de huit tableaux signés collectivement par les peintres Gilles Aillaud,
Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati, réalisé en 1965, dans le cadre de
l'exposition « Figuration narrative dans l'art contemporain » à la
galerie Creuze à Paris et aujourd'hui conservé au Musée Reina Sofia à
Madrid.
La
série de huit tableaux s'attaque à l'art conceptuel et à cette figure
emblématique de l'avant-garde, symbole des falsifications
intellectuelles de la culture bourgeoise promue par l'Otan culturelle, qui « anesthésie les énergies
vitales et fait vivre dans l'illusion de l'autonomie de l'art et de la
liberté de création », ainsi qu'aux formes d'art subventionnées qui
s'en réclamaient alors, le Pop art et le Nouveau réalisme. Ainsi, dans
la 8e et dernière toile, on voit leurs défenseurs américain comme
européen, Andy Warhol et Pierre Restany, soutenir de part et d'autre
l'arrière du cercueil de Duchamp, recouvert du drapeau américain et
conduit par Robert Rauschenberg, suivi d'Arman, Claes Oldenburg et
Martial Raysse.
L'acte de naissance retenu pour la Figuration narrative est l'exposition "Mythologies quotidiennes" organisée de juillet à octobre 1964 au Musée d'art moderne de la ville de Paris (MNAM), avec les peintres Rancillac, Télémaque, Klasen, Arroyo, Recalcati, Jacques Monory, Leonardo Cremoni, Jan Voss et Öyyind Fahlström.
Cependant, au mois de juin de cette même année, la nouvelle école américaine venait d'être consacrée à la Biennale de Venise par l'octroi du grand prix à Robert Rauschenberg, soit quelques jours seulement avant l'ouverture de cette exposition, ce qui en amoindrit l'impact médiatique. Il est vrai que les états-uniens avaient mis les petits plats dans les grands et pas n'importe lesquelles puisque les tableaux de l'invasion yankee, de très grandes tailles, étaient arrivés dans les soutes de l'US Navy avec le reste de l''équipement militaire pour les bases US installées en Italie.
Mise en scène: Gianni Amico, Libero Bizzarri, Francesco Maselli, Lino Miccichè, Glauco Pellegrini, Elio Petri, Sergio Tau, Paolo Taviani, Vittorio Taviani, Marco Zavattini, Valerio Zurlini, Giorgio Arlorio....c'est sûr c'est pas le pedigree social de La Nouvelle vague.
Scénario : Jean Prat, Roger Vailland / Téléfilm ORTF
Roger Vailland se met en scène comme témoin, et parfois acteur, de l’histoire qu’il raconte. Après son installation à Meillonnas, il se rend fréquemment à Oyonnax, selon lui pour voir des parents. La ville, autrefois spécialisée dans la fabrication de peignes de buis, géant dans le Jura, s’est reconvertie dans l’industrie de la matière plastique. On y fabrique tout en « plastique », des peignes aux chaises en passant par les fleurs et les poubelles.
La famille Busard se partage entre les edelweiss que le père
continue à tailler dans le buis et le polissage des montures de lunettes
que sa femme et sa fille traitent à domicile pour une usine voisine ;
Bernard, quant à lui, a « dit non une fois pour toutes » : il ne
s’épuiserait ni sur du buis comme son père, ni sur une presse à injecter
comme les autres jeunes de la ville. Sa passion, c’est le vélo, comme
Vailland, dont cela le rapproche. Il fait les courses locales et en
gagne parfois, mais il est desservi par son impétuosité. Ainsi, dans le
« Grand prix de la Droguerie centrale », attaque-t-il trop tôt, chutant
de plus à cause d’un gamin qui lui coupe la route, et doit laisser la
victoire au ventre jaune (Bressan) Bonnefond.
Or Bernard est très amoureux de Marie-Jeanne, qui le fait languir
depuis un an. Elle veut en fait surtout quitter Oyonnax. Une occasion
se présente : on propose à Bernard de prendre la gérance d’un
Relaisroute. Mais il faut pour cela une mise de fonds, et si son père et
Marie-Jeanne mettent la main au pot, il lui manque 325.000 francs.
Il décide alors de rompre son serment de ne jamais travailler sur
une presse, et de s'y mettre avec un collègue, par tranche de quatre
heures en continu, durant six mois, soit douze heures par jour sans
repos hebdomadaire, et sans la majoration des heures supplémentaires, ce
qui fait hurler le syndicat. Le collègue, ce sera le ventre jaune
Bonnefond, dont il connaît l’endurance.
Bernard s’épuise d’autant plus que les roulements de quatre
heures ne ménagent guère la possibilité de dormir, et qu’il continue de
voir Marie-Jeanne quatre soirs par semaine. Il ne tient qu’à coups de
Maxiton, et l’arrivée d’un nouveau système de refroidissement augmente
les cadences.
Ce qui devait arriver bien sûr arrive…
La voix de Roger Vailland prête « aux marxistes »
la moralité de sa fable : « On n’échappe pas à sa condition sans
transformer la société qui vous a enfermé dans cette condition ».
Le téléfilm est tourné à Oyonnax, sur les routes de l’Ain et à Meillonnas.
La présence de Roger Vailland, que les premières images montrent à
sa table de travail, est émouvante : malade au point d'avoir planifié
son suicide, il mourra en mai suivant à Meillonnas.