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lundi 17 mars 2025

Heavy Traffic (Ralph Bakshi, 1973)

Un film de l'année méridienne: 1973.
 
Heavy Traffic es un film d'animation de la contreculture étatsunienne. Les valeurs y sont amplement capitalistes mais sans petit noeud rose: les bas instincts sont la norme, struggle for life
 
Les personnages de ce collage urbain sont des marginaux (travelos, petites frappes) ou issus du lumpenprolétariat. Un film fait pour le spectateur "révolté" de la petite bourgeoisie intellectuelle qui adore ce genre de personnages encore plus"maudits" que lui –et pour cause, ils n'ont pas de deuxième chance et n'ont pas le temps de porter le Tragique comme une décoration. Le protagoniste est un dessinateur, Michael Corleone, qui tue le temps en jouant au flipper. Ses parents, le mafioso Angelo Corleone et Ida, la mère juive, se haïssent. Carole, la serveuse afroaméricaine semble la seule vraiment capable de se sortir de la mouise. C'est l'American way of life dans un New-York pourri.
Le père est raciste mais utilise des travailleurs noirs contre les blancs syndiqués: un vrai personnage "bolloréen" (je tape sur les bronzés pour mieux les exploiter). Ce genre de vérité est assez rare dans le cinéma occidental. Peut-être que l'animation, comme souvent les genres mineurs (série noire par exemple), permet d'aller plus loin dans la critique sociale. C'est un petit aspect dans ce film d'animation, mais si rare qu'on le remarque. Le film fut classé X à sa sortie et on se demande pourquoi? Parce que le dessinateur a une copine noire où/et à cause de ce qui se passe concrètement sur les docks? 

 

À voir avec ce film d'animation soviétique des années 1970: la décennie de la chute des utopies. L'American way of life y est rendue par un psychédélisme strident mettant en scène un safari humain dans une ambiance de fête foraine.


mardi 8 octobre 2024

Elio Petri et le "Spectacle"

 La Propriété c'est plus le vol, film sorti en 1973, reçoit un accueil houleux auprès du public inquisitorial, gauchiste, de Venise. Elio Petri y répond dans le nº 74 de Jeune Cinéma en novembre 1973: 

"Peut-être, le moment est-il venu de renoncer à faire du cinéma tout court. Mais pour quelqu'un comme moi, qui fait des films pour un grand public, la structure traditionnelle dramatique traditionnelle est la formule la plus simple et peut-être aussi la plus facile. Des concessions au public? Franchement je ne crois pas, je me sens moi-même un élément de ce public. [...] J'aime le spectacle. J'ai lu Guy Debord et sa Société du spectacle. Mais si on s'engage dans cette voie, il faut détruire tout ce qui nous entoure. Tout est spectacle: une vitrine, une démarche, une manière de regarder, de s'habiller. L'homme, c'est l'homme qui aime le spectacle. Accepter le spectacle, c'est accepter sa propre condition."

Petri entend le Spectacle à sa façon. Mais la version cinématographique qu'il en donne est utile, vous accroche à une "Société du spectacle" concrète, de 1973 (l'année méridienne, de bascule dans le siècle et de la sortie en film de La Société du spectacle), justement par le "spectacle" qu'il en donne.

 

Tandis que Debord crée le grand Satan du spectacle pour devenir lui-même son propre spectacle. Il n'échappe pas à son temps, qu'il a bien vu, celui du nouvel art spectacularisé (celui des Yves Klein et du Pop art de l'Otan culturelle), mais devenant lui aussi sa propre oeuvre et finalement un mythe construit tout au long de sa vie comme une très longue et spectaculaire "situation construite".