Article épinglé

Affichage des articles dont le libellé est Brics. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Brics. Afficher tous les articles

dimanche 2 novembre 2025

Triade de la nouvelle ère : matière, énergie, pensée

 






Ce que pense l’Occident à ce sujet
 
Nous (l’Occident) avons manqué le moment où le monde a cessé d’être tel que nous le connaissions. Convaincus que « la fin de l’histoire » était arrivée, que notre modèle avait triomphé, nous pensions que le reste du monde dériverait lentement mais sûrement vers la démocratie libérale et l’économie de marché. Nous imaginions que les grands combats de notre époque se joueraient sur le terrain des esprits, des « likes » et des parts de marché d’applications mobiles.
 
Pendant que nous dormions, un nouveau monde se construisait. Pas seulement en Chine ou en Russie. Tout un bloc de pays, aujourd’hui regroupé sous l’appellation BRICS+, qui représente désormais plus de la moitié de la population mondiale — près de 5 milliards d’habitants sur 8 —, a commencé à façonner sa propre réalité. Il ne s’agit pas simplement d’une alliance économique. C’est un projet civilisationnel en train de s’émanciper de l’Occident, en créant ses propres instruments financiers, ses propres corridors commerciaux et, surtout, sa propre vision de l’avenir — une vision qui ne repose pas sur nos règles.
 
Alors que nous nous mesurions à coups de diagonales d’iPhone et de valorisations de start-up, de l’autre côté de la planète, on bâtissait ce monde nouveau. Un monde fondé non pas sur des idées abstraites, mais sur la physique. Un monde qu’on peut toucher, peser, dont on peut mesurer la masse et le potentiel énergétique.
 
Pour comprendre ce qui s’est produit, il faut décomposer la réalité en trois niveaux fondamentaux, comme dans un jeu vidéo : Matière, Énergie et Pensée. Et sur chacun de ces plans, nous avons perdu l’initiative stratégique.

Le prix des biens bon marché : comment nous avons cédé le fondement du monde

Commençons par le fondement. Par ce dont est fait notre monde : acier, béton, plastique, cuivre, lithium, terres rares. Nous, en Occident, avons volontairement abandonné ce niveau. Nous l’avons appelé « optimisation des chaînes de production » et « délocalisation vers des pays à main-d’œuvre bon marché ». Nous nous réjouissions des produits à bas coût et de l’essor du secteur des services, tandis que la Chine devenait l’usine du monde. Mais ce n’était que la première phase.

Aujourd’hui, la Chine ne contrôle pas seulement la fabrication. Elle maîtrise toute la chaîne de la Matière.

1. Ressources : La Chine détient une position quasi monopolistique sur le marché des terres rares, indispensables à toute l’électronique moderne — des smartphones aux systèmes de guidage de missiles. Elle ne se contente pas de les extraire ; elle contrôle aussi les technologies de leur transformation.

2. Production : Des jouets et des vêtements aux drones de haute technologie et aux serveurs informatiques, tout est fabriqué en Chine. Ce ne sont pas seulement des usines que nous avons perdues, mais des compétences entières. Nous avons désappris à produire concrètement, à l’échelle industrielle.

Les nouvelles artères de la planète : de la Route de la soie au cosmódrome volant

3. Logistique : L’initiative « Une ceinture, une route » ne se limite pas à des routes et des ports. Elle consiste à créer un nouveau système circulatoire planétaire, dont toutes les artères convergent vers Pékin. La Chine construit un réseau physique qui la placera au cœur du commerce mondial, reléguant les anciennes voies maritimes, contrôlées par les États-Unis, à la périphérie.

Et le point culminant de cette domination matérielle réside dans ses projets d’ingénierie, dignes de la science-fiction. Pendant que nous débattons de toilettes neutres en genre, elle édifie les plus grands ponts du monde, met en service les trains les plus rapides et se prépare à l’exploitation industrielle de la Lune.

Elle ne raisonne pas en trimestres comptables, mais en termes de terraformation. Elle transforme littéralement le paysage terrestre.

Son nouveau projet, qui passe encore inaperçu, est l’avion de transport « Atlant » : ce n’est pas simplement un gros porteur. C’est une plateforme aérienne mobile, une sorte de cosmódrome volant capable d’acheminer entre 300 et 400 tonnes de fret sur des distances intercontinentales et de se poser sur n’importe quelle surface plane — que ce soit la banquise arctique ou un désert. C’est la fin de l’ère des porte-avions. À quoi bon une base flottante quand on peut déployer, en huit heures, un groupe tactique de bataillon complet — chars et artillerie compris — n’importe où sur la planète ?

La Chine s’approprie le monde physique. La matière. C’est sur ce socle qu’elle érige l’étage suivant.
 
Niveau 2 : ÉNERGIE ET PUISSANCE
 
️La station-service qui s’est souvenue de tout : le paradoxe des sanctions

Le deuxième niveau est ce qui met la matière en mouvement : l’énergie. Ici, l’acteur principal est la Russie. On a pris l’habitude de la considérer comme une simple « station-service » — un pays qui vend du pétrole brut et du gaz en vivant sur l’héritage soviétique. C’est là notre deuxième erreur catastrophique. Nous n’avons pas vu que nos propres sanctions, censées l’affaiblir, ont produit l’effet inverse : elles ont déclenché un processus de souveraineté forcée. 

Au lieu de s’effondrer, la Russie a entrepris, à un rythme accéléré, de reconstruire tout ce qui avait été démantelé ou laissé à l’abandon depuis les années 1990 : la construction de machines-outils, l’industrie lourde et l’aéronautique civile. Les sanctions sont devenues non pas un poison, mais un remède, l’obligeant à relancer son secteur productif et à réactiver ses compétences scientifiques.

Ce renouveau est visible à l’œil nu dans la renaissance de l’aviation russe. Toute la gamme est en cours de restauration et de modernisation : des bombardiers stratégiques à long rayon d’action comme le Tu-160M « Cygne blanc » et l’intemporel Tu-95MS, jusqu’aux avions de ligne moyen-courriers de nouvelle génération MC-21, destinés à remplacer Boeing et Airbus sur le marché intérieur, ainsi qu’aux biréacteurs régionaux Superjet 100, désormais disponibles en version entièrement dépourvue de composants importés. C’est là l’incarnation matérielle d’une souveraineté retrouvée.

Prométhée russe : l’énergie infinie du cycle fermé

Alors que l’on investissait dans les énergies « vertes », encore aujourd’hui fortement tributaires des conditions météorologiques et des batteries chinoises, la Russie a opéré en silence une révolution dans le seul domaine énergétique véritablement souverain et inépuisable : le nucléaire.

Elle ne se contente pas de construire des centrales nucléaires partout dans le monde. Elle a mis au point ce que nul autre pays ne possède à ce jour — et qu’aucun n’aura probablement avant les vingt ou trente prochaines années : la technologie du cycle nucléaire fermé à neutrons rapides.

1. Énergie infinie : cette technologie permet d’utiliser comme combustible les matières issues du combustible nucléaire usé ainsi que l’uranium appauvri, dont des centaines de milliers de tonnes sont déjà stockées. En pratique, elle offre une source d’énergie pour des milliers d’années.

2. Sécurité : les réacteurs à neutrons rapides sont fondamentalement plus sûrs que les anciens modèles. Ils peuvent « brûler » les déchets radioactifs les plus dangereux en les transformant en éléments moins nocifs, résolvant ainsi le problème des dépôts géologiques de déchets nucléaires.

3. Indépendance : il n’est plus nécessaire d’importer de grandes quantités d’uranium naturel. Le pays ne dépend plus des livraisons en provenance du Kazakhstan ou du Nigeria. Sa base combustible est déjà sur son propre territoire.

Il ne s’agit pas seulement d’une avancée technologique. C’est un changement de paradigme. La Russie cesse d’être une simple « station-service » pour devenir la seule puissance mondiale dotée d’une source d’énergie stable, propre et pratiquement inépuisable.

La physique de la nouvelle guerre : l’arme hypersonique et le « Poséidon » comme remise à zéro des règles

Mais leur révolution énergétique ne se limite pas au nucléaire. Elle se diversifie dans les domaines les plus avancés. Dès 2025, la Russie teste sur ses voies fluviales un bateau de promenade, l’« Écobalt », propulsé par des piles à combustible à hydrogène. Ce projet, qui peut sembler modeste, constitue en réalité un marqueur clair : ils mettent au point les technologies de demain non pas en laboratoire, mais sur des objets réels. Et de ces petits bateaux fluviaux, ils passent à l’échelle supérieure, en concevant de véritables géants arctiques conçus dès l’origine pour fonctionner à l’hydrogène. C’est ainsi qu’ils bâtissent une flotte entière de haute technologie destinée à assurer leur contrôle sur le passage du Nord-Est.

Leurs nouveaux systèmes d’armes — les complexes hypersoniques « Avangard » et « Tsirkon », le tout nouveau système « Oreshnik », ainsi que le drone sous-marin nucléaire « Poséidon » — ne sont pas de simples missiles supplémentaires. Ce sont des armes fondées sur de nouveaux principes physiques. L’arme hypersonique rend obsolète l’ensemble de nos systèmes de défense antimissile. Quant au « Poséidon » — un drone sous-marin équipé d’une propulsion nucléaire et d’une ogive mégatonique, capable de générer un tsunami radioactif —, il change les règles mêmes du jeu. La question n’est plus de savoir si ces torpilles sont déjà au large des côtes américaines. La question est qu’elles pourraient s’y trouver à tout moment, invisibles, créant ainsi une menace constante et inéluctable.

C’est là le « voyage dans le passé » en action : pendant que vous perfectionnez arcs et flèches, nous introduisons la poudre à canon dans votre monde. La Russie s’approprie l’Énergie.

Niveau 3 : LA PENSÉE  
 
Un camp de concentration numérique avec du Wi-Fi gratuit : nous avons créé une arme contre nous-mêmes

Voici maintenant l’essentiel. Ce domaine où nous nous croyions leaders absolus et éternels : l’information, la pensée, la conscience. Nous avons inventé Internet, les réseaux sociaux, la toile informationnelle mondiale. Nous étions convaincus que c’était là l’instrument ultime de notre victoire — que grâce aux jeans, au Coca-Cola et à Facebook, nous convertirions le monde entier à notre cause. Nous nous sommes trompés. Nous avons forgé une arme parfaite… qui s’est retournée contre nous.

Nous avons bâti un camp de concentration numérique doté d’un Wi-Fi gratuit. Un camp dont les murs sont invisibles, car tissés de confort, de divertissements et d’un flux incessant de contenus personnalisés. Nous avons remis les clés de notre propre conscience à des algorithmes dont l’unique objectif est de retenir notre attention une seconde de plus. Et pendant que nous faisons défiler nos fils d’actualité, absorbant ce « fast-food mental », nos adversaires, eux, ont tiré les leçons nécessaires.

Le Grand Mur et le brouillard cognitif : deux réponses au chaos numérique
 
La Chine a observé notre modèle et l’a poussé jusqu’à son absolu logique. Elle a repris notre idée de collecte totale de données, mais en en changeant l’objectif. Là où nous visons à « vous vendre une nouvelle paire de baskets », elle vise à « construire une société harmonieuse et maîtrisable ». Le Grand Pare-feu chinois, le système de crédit social, la surveillance vidéo omniprésente — ce ne sont pas, à leurs yeux, des répressions au sens où nous l’entendons. Il s’agit plutôt de la création d’un espace numérique souverain. La Chine s’est isolée du chaos informationnel occidental et façonne, à l’intérieur de son périmètre, un citoyen numérique prévisible, loyal et efficace.
 
La Russie, quant à elle, a choisi une voie différente, asymétrique. Elle a compris qu’elle ne pourrait pas — et ne voudrait pas — construire son propre « Facebook ». À quoi bon, puisqu’il est plus simple de pirater le système d’exploitation même sur lequel repose la conscience occidentale ? Sa stratégie consiste à déployer un brouillard cognitif de guerre. Elle ne cherche pas à nous convaincre de sa « vérité ». Elle démontre, au contraire, qu’aucune vérité n’existe. Elle ne s’attaque pas à nos arguments, mais à notre capacité même à faire confiance — que ce soit à nos gouvernements, aux médias, à la science, ou même à nos propres yeux. Elle transforme notre liberté d’expression en notre principale vulnérabilité.
 
C’est là la suite directe de sa philosophie « popadanets » (« transpercé dans le temps »). Le héros « popadanets » ne discute pas avec les prêtres locaux sur la nature des dieux. Il arrive et, en appliquant les lois de la physique, produit un éclair avec une bobine de Tesla, sapant ainsi les fondements mêmes de leur « néo-croyance antichrétienne ». De la même manière, la Russie d’aujourd’hui ne débat pas avec nous des « fausses valeurs » de la « néo-démocratie ». Elle n’entre pas dans des discussions sur le fait de savoir si l’homosexualité est une norme ou combien de genres on peut inventer en une semaine. À quoi bon ? Elle se contente de démontrer que tout notre système de valeurs n’est qu’une construction fragile, qu’un ou deux coups d’information bien placés suffisent à faire s’effondrer.

Synthèse finale : la naissance de la Matière pensante

Leur objectif ultime n’est pas la victoire sur le champ informationnel. Il est bien plus profond : créer une Matière pensante. C’est la fusion des trois niveaux. Lorsque l’intelligence artificielle ne gère plus seulement des flux publicitaires, mais les flux d’énergie dans un cycle nucléaire fermé. Lorsqu’un réseau neuronal trace en temps réel l’itinéraire d’un camion « Atlant », transportant 300 tonnes de marchandises, en contournant un cyclone au-dessus de la Sibérie. Lorsque les technologies atomiques et de déformation ne sont plus pilotées par l’homme, mais par un système auto-apprenant capable de concevoir de nouveaux matériaux aux propriétés définies.

Ils construisent une civilisation où la Pensée (l’IA) commande directement l’Énergie (atome, hydrogène) afin de transformer la Matière (ressources, routes arctiques) — sans intermédiaires superflus tels que politiciens, courtiers en bourse ou influenceurs Instagram.

Conclusion : le plafond

La question « qui dominera le ciel ? » ne se pose plus. Elle est tranchée. Mais ce maître des cieux n’est pas simplement le fruit de la synthèse entre le « Corps » chinois et l’Énergie russe. Ce n’est là qu’une avant-garde.

Les fondations et les murs porteurs de ce nouveau monde sont érigés par cinq milliards d’êtres humains. L’Inde, avec son potentiel intellectuel et démographique. Le Brésil, grâce à sa base de ressources naturelles. L’Afrique du Sud, l’Iran, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite — chacun apporte ses propres briques à ce chantier du siècle. Ensemble, ils bâtissent une civilisation où la Pensée (l’IA) dirige l’Énergie (l’atome) pour transformer la Matière (les ressources), au service des intérêts de leurs peuples — et non plus de ces « valeurs universelles » abstraites que nous avons tenté de leur imposer.

Et pour nous, l’Occident, la conséquence est aussi simple qu’effroyable :  
le ciel n’est plus cet espace infini de liberté et de possibilités. Il est devenu un territoire où les postes sont déjà établis et les frontières tracées.  

Sans nous.


jeudi 31 octobre 2024

KAZAN et la dialectique des BRICS

  SOURCE: TROPIQUES

Au moment où le spectacle insipide que nous donnent conjointement l'appareil d’État, la classe dirigeante, et la représentation nationale (et "européenne") tourne à ce que l'on qualifiait jadis de "four", l'impression d’ensemble que nous donnons collectivement au "reste du monde", ou du moins à celles et ceux qui s'y intéressent encore à nous, est aggravée par une comparaison qui n'est guère à notre avantage.

      Car les désormais deux tiers de l'humanité qui se sont assez largement désintéressés de nos minables palinodies électorales et politiques, quelque "parenthèse enchantée" dont on ait pu prétendre les camoufler,  semblent se presser à la grande conférence mondiale organisée par notre plus terrible ennemi.

      Nos éminents commentateurs de The Duran nous en font une très instructive recension ( et ça casse quelques briques ) :


 

 

dimanche 22 septembre 2024

Retour sur le Venezuela: le pourquoi et le comment, par Vladimir Caller

 

Les données de la Banque mondiale et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) concernant l’évolution de la situation économico-sociale du Venezuela sont assez édifiantes et de nature à nous permettre d’esquisser des explications ignorées, ou plus souvent évitées par le système médiatique, à propos de la crise politique que connaît ce pays.
Suivant la Banque mondiale, la population du pays qui diminuait régulièrement depuis des années (moins 2,9 % annuel en 2019) a augmenté de 1,9 % en 2023 et ce, notamment, grâce aux nombreux retours de ceux qui avaient quitté le pays depuis 2017. Le taux annuel négatif des migrations – un peu plus de 1,3 millions de personnes en 2018 – est devenu positif en 2023 – environ 320.000. Le taux de chômage n’était que de 5,5 % en 2023 (il est de 5,8 % en Belgique). Le nombre d’homicides qui était de 48 sur 100.000 personnes en 2018 est descendu à 19 sur 100.000 en 2023 ; et surtout l’inflation, la mère de toutes les misères, l’icône dont tous les médias se gaussaient pour dire du mal du pays et qui avait atteint le chiffre surréaliste de 833.997 % en 2018 est tombée à 69,5 % en 2023 [].
Le PNUD va dans le même sens. Dans son rapport « Performances macroéconomiques du Venezuela au premier trimestre 2024 et perspectives pour l'année 2025 », le PNUD pronostiquait pour le pays, exactement un mois avant les élections, une croissance de 4,2 % pour l’année 2024 (celle de la France est estimée à 0,9 %). Le rapport indique que la production du pétrole a augmenté de 18,4 % en 2023, que le dollar USA s’est stabilisé dans le marché de changes (il était à 637 bolîvares, la monnaie nationale, par USD en 2018 il est à 36, aujourd’hui-NdlR) et, surtout, que la collecte fiscale du 1er trimestre 2024 avait connu une augmentation de 161 % en comparaison avec celle de 2023 []. La CEPAL, commission régionale de l’ONU pour l’Amérique latine, annonçait une croissance de 4 % du PIB du Venezuela pour l’année 2024 (la moyenne pour l’Amérique latine étant de 2,1 %), c’est-à-dire la plus élevée de la région et ce pour la troisième année consécutive. [Face à ces chiffres, certains économistes ont commencé à parler de « miracle vénézuélien »].
Eh bien les amis, c’est là que gît le lièvre.
C’est là, et non pas dans la présentation ou non de tels ou tels actes électoraux et autres broutilles que se trouve la raison de la féroce campagne déclenchée par la puissance américaine et ses affidés contre le Venezuela d’aujourd’hui.
Que le Venezuela de 2024 soit toujours le même que celui de 2018 !
Ce dernier, avec un PIB qui avait diminué de 30 % entre 2014 et 2017 (plus ou moins dans les mêmes proportions que celles du krach des USA en 1929) aurait pu perdurer des siècles sans être vilipendé par ceux qui aujourd’hui l’agressent. Au contraire, elle eût été la vitrine idéale pour donner crédit aux discours de Biden, Corina Machado et von der Leyen pour qui « there is no alternative » au catéchisme néolibéral du grand capital financier.
Il était donc insupportable de laisser prospérer le tournant entrepris par le pays d’Hugo Chavez en 2018, l’année de la « NEP » vénézuélienne quand il fut décidé de répondre, comme dans les arts martiaux, à la violence des sanctions US et de l’UE avec des mesures libéralisant les potentialités de l’économie. Il était donc impensable de permettre que le monde voie que le pays qui en 2018 importait plus de la moitié des biens alimentaires en produit aujourd’hui 85 % ; il commence même à en exporter ! Cerise (amère) sur le gâteau : il se prépare à adhérer aux BRICS lors de son prochain sommet en Russie. « Mais, tonnerre de Dieu, ça ne va pas, non ! », semblent s’être dit nos grands procureurs…
Punir une expérience « fautive »
Pourtant, dès qu’Hugo Chavez est arrivé au pouvoir en 1999 avec sa révolution bolivarienne, l’oncle Sam se mit en furie et ne cessa de chercher à saboter son gouvernement, cherchant même à le faire tomber comme lors du putsch de 2002 avec, déjà !, la collaboration de l’UE alors présidée par l’Espagnol Aznar. Et plus le caractère antiimpérialiste de l’expérience chaviste s’affirmait, plus la réaction de l’Empire devenait violente. Ainsi, en 2015, le « progressiste » Obama signait un décret présidentiel contenant une liste de sanctions, déclarant le Venezuela « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des États-Unis ».
A son tour Donald Trump signe en 2017 le décret présidentiel 13808 d’une violence inouïe. En parfaite coordination avec Corine Machado et, entre autres, le géant pétrolier Exxon, ce décret interdit à la planète entière toute transaction avec l’État vénézuélien, et tout particulièrement avec PDVSA (Petroleos de Venezuela S.A.), jusque-là cœur de l’économie nationale. Un détail, parmi les plus de 900 sanctions contenues dans ce décret, illustre l’extrême sévérité de la mesure : la société CITGO, une filiale de PDVSA, dispose de trois raffineries et 6.000 stations d’essence sur le territoire des États-Unis dont la totalité des actifs, recettes de vente, dépôts et valeurs en banque, créances (par contre pas les dettes qui restent « propriété » de PDVSA) furent confisquées. L’État vénézuélien est aussi lourdement attaqué, il ne peut plus émettre de titres sur sa dette, et ce y compris concernant des titres émis avant le décret et il est, bien entendu, également interdit de les acheter. Pour Jeffrey Sachs, l’économiste bien connu et consultant spécial auprès du secrétaire général de l’ONU, ces sanctions ont comme résultat de provoquer la famine dans la population et sont même plus violentes que celles que Cuba a endurées (ces dernières furent plus progressives ; ici il s’agit d’un étranglement immédiat).
La surprise de 2018
L’administration US et sa porte étendard Corina Machado ne s’attendaient pas au « tournant Maduro » qui, cette fois, pour faire face aux sanctions, s’est décidé à traiter le fait économique non pas comme une idéologie volontariste mais comme une praxis ayant ses impératifs. En conséquence, il fallait rompre avec le dogme d’une économie de la rente fondée sur la richesse pétrolière du pays qui avait perduré pendant un siècle et qui, vu ses énormes gains monétaires, finançait tous les besoins existants et paralysait ainsi le développement d’autres sources de productivité, stimulant une inflation structurelle, puisque la surabondance monétaire favorisait les hausses de prix. Le tout étant soumis aux aléas des fluctuations du prix de ce pétrole.
C’est ainsi qu’en 2018, en réponse aux sanctions de Trump de 2017, l’équipe de Maduro entreprend de réactiver l’économie nationale en orientant ses efforts en particulier avec le secteur privé, les petites, moyennes et grandes entreprises, les coopératives, le secteur banquier et des assurances. Les procédures de création d’entreprises et celles des banques dans l’octroi de crédits ont été allégées. Retournant à la ruralité, le pouvoir a commencé à refaire du pays ce qu’il fut avant la découverte du pétrole, un pays éminemment agricole. Et la fièvre de l’entrepreneuriat devint intense et resta soutenue depuis 2018. C’est ainsi que, dix jours avant les élections, le 18 juillet, Maduro se vantait du fait que « […] À ce jour, 1.387.261 entrepreneurs sont certifiés dans tout le pays, dont 64 % sont des femmes », tout en annonçant l'octroi immédiat de 10.000 prêts à 10.000 nouveaux entrepreneurs par l'intermédiaire de la Banque du Venezuela.
Voilà le Venezuela que le FMI, l’UE et bien entendu l’OTAN ne voulaient, surtout pas, voir refleurir. Bien au contraire, ils voulaient que le pays s’enfonce dans des crises telles qu’on puisse le ‘cueillir’ doucement (avec sa pléthore de richesses, son pétrole, son gaz, son or, argent, diamants, etc…, etc.)
Les élections comme tremplin pour le chaos
Constatant que la longue série de sanctions ne réussissait pas à faire plier le chavisme, notre troïka magnifique (Machado-UE-Blinken) s’est dit que les élections présidentielles pourraient être l’ultime option ; le moment d’une gigantesque mise en scène pour préfabriquer une « fraude » comme instrument de chaos et d’insurrection. Et ils se mirent au travail en commençant par faire des « sondages » (outil de pointe pour les révolutions de couleur) bien avant la date des élections et toujours, bien sûr, en donnant l’opposition gagnante, avec de très larges écarts ; une manière de préparer l’opinion nationale et internationale à « l’évidence » de la victoire des « machadistes ». Pour s’en occuper, rien de mieux que l’institut d’opinion étatsunien Edison Research lié, selon Wikileaks, à la CIA et qui fut déjà actif en Irak, en Géorgie et en Ukraine []. Puis la chaîne se mit en marche via CNBC, Reuters, le New York Times, le Washington Post etc. etc. Et c’est la même agence qui a été chargée « d’informer » le monde entier, le jour des élections à 18 heures, à la sortie des urnes, que les « sondages » indiquaient la victoire de l’opposant Gonzales avec 60 % des voix contre 30 % pour Maduro. Elon Musk, les GAFAM et les réseaux sociaux feront le reste pour confirmer la « victoire » de l’opposition.
C’est alors qu’arrive la formidable attaque informatique de la centrale de traitement des résultats électoraux, avec un ensemble hyper sophistiqué d’algorithmes et ce, au moment même où 80 % des voix comptabilisés, indiquaient une confortable avance pour Maduro ; une occasion fabriquée pour que l’on puisse crier à la fraude. Cette attaque ciblait non seulement le centre électoral mais une série d’importantes institutions du pays et n’est toujours pas complétement terminée [].
Le scénario pour générer la violence et le chaos était alors prêt. Corina Machado l’amie politique de Milei et de Netanyahou, qui avait demandé l’aide, y compris matérielle, à ce dernier en 2018, pour faire tomber Maduro et avait réclamé en 2019 dans des déclarations à la BBC, une intervention étrangère pour en finir avec le chavisme, pouvait se mettre à l’œuvre []. Mais il y a un hic. La présence d’un peuple dont des cruelles sanctions et pénuries n’ont pas réussi à affaiblir la volonté de résister.


jeudi 29 août 2024

El nuevo SWIFT del BRICS hace temblar a Occidente

FUENTE: https://rebelion.org/el-nuevo-swift-del-brics-hace-temblar-a-occidente/

El Grupo BRICS anunció oficialmente que está a las puertas de poner en funcionamiento un nuevo sistema de mensajería financiera que usará monedas locales para las liquidaciones comerciales y así poner fin a la dependencia del dólar que tienen numerosos países.

El sistema de pagos del BRICS, similar al sistema SWIFT occidental, puede acabar con el dominio global del billete verde y reconfigurar el panorama de comercio mundial.

El SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications) es una red de mensajería que las instituciones bancarias financieras usan para transmitir información e instrucciones seguras a través de un procedimiento estandarizado de códigos.

Este Sistema Interbancario Internacional tiene alrededor de 11.000 entidades financieras en más de 200 países. Su sede está en Bélgica, pero en su junta directiva hay ejecutivos de bancos estadounidenses. Además, una legislación federal estadounidense permite a Washington sancionar a bancos y reguladores de otras partes del mundo.

Asimismo, Estados Unidos cuenta con una participación especial en el Fondo Monetario Internacional (FMI), cuyos estados miembros poseen una cantidad “equilibrada” de votos en función de su posición relativa en la economía mundial. Washington disfruta del 17,69 % (grandes economías como China y Japón tienen menos del 5 %) y, como todas las decisiones claves deben contar con un apoyo del 85 % en la Junta de Gobernadores, técnicamente el país del Norte es el único con derecho a veto.

Un reciente artículo del portal financiero Bloomberg señala que algunos de los pilares de la hegemonía económica de Estados Unidos son el sistema SWIFT, el dólar y el sistema de casa de limpieza de los pagos interbancarios (Chips).

Tras la operación militar especial lanzada por Rusia para desmilitarizar y desnazificar a Ucrania, Washington y sus aliados Occidentales desconectaron a Moscú del SWIFT (ya lo habían hecho con Irán) y también amenazaron a China con hacerlo. Ante esa situación, esos países y otros bloqueados por Estados Unidos, iniciaron una carrera para crear sistemas alternativos con el propósito de liberarse de ese chantaje en medio de una fuerte guerra financiera.  

Funcionarios del Banco Central de Rusia informaron que desde hace unos años crearon una plataforma alternativa al SWIFT, conocido como Sistema para la Transferencia de Mensajes Financieros (SPFS). Incluso, ampliaron la posibilidad de unirse al Sistema Internacional de Pagos de China (CIPS), análogo al SWIFT para facilitar las operaciones entre las dos naciones.

El vicepresidente de la Duma (Parlamento) estatal, Alexander Babakov dijo que la agenda financiera de los BRICS, similar al SWIFT, tiene como principal iniciativa la construcción de una nueva realidad económica que resuelva un sistema de mensajería financiera propios para el Grupo que compensen las transacciones de las contrapartes de sus miembros y el papel relacionado con los bancos.

De esa forma, el BRICS puede crear un nuevo sistema de pagos sin incorporar el dólar y utilizar sus monedas locales para las liquidaciones comerciales, lo que brindará un apalancamiento a esa alianza integrada actualmente por nueve naciones,(Brasil, Rusia, India, China, Sudáfrica, Arabia Saudita, Egipto, Emiratos Árabes Unidos y Etiopía).

Los encargados con esa tarea en el Grupo han trabajado para que el sistema garantice un alto nivel de seguridad y protección de datos para evitar ataques cibernéticos y acceso no autorizado a la información financiera.

En el caso de Rusia, a quien Estados Unidos y los países occidentales le han impuesto miles de “sanciones”, sus intercambios con monedas nacionales con el BRICS pasaron del 26 % en 2021 al 85 % en 2023, mientras que con China ya alcanza el 92 % de los 240.000 millones en transacciones.

Lo cierto es que Washington con su prepotente política económico-financiera contra otras naciones, esta provocando que cada día el dólar como moneda de intercambio internacional continúe perdiendo espacio. Por eso le tiene tanto pavor al fortalecimiento del BRICS que puede marcar un antes y un después en su ya decadente hegemonía.

Hedelberto López Blanch, periodista, escritor e investigador cubano, especialista en política internacional.

dimanche 16 juin 2024

Ben Salmane, the game changer

 L’Arabie saoudite annonce la fin du pétrodollar et met à mort le dollar.
Instrument majeur de la stratégie d'asservissement de l’Empire, l'accord conclu il y a 50 ans entre Washington et Riyad a expiré le 9 juin 2024.
Et comme le laissait présager le glissement stratégique opéré par Mohammed ben Salmane depuis quelques mois, il ne sera pas renouvelé.
Formalisé après la crise pétrolière de 1973 - et après la fin de l’étalon-or - cet accord stipulait que l'Arabie saoudite fixe le prix de ses exportations pétrolières exclusivement en dollars américains et investisse ses recettes pétrolières excédentaires dans des bons du Trésor américain.
Ce qui a eu pour effet d'imposer le dollar comme monnaie de référence au reste du monde et permis à Washington de mener ses guerres d’agressions aux quatre coins de la planète tout en vivant au dessus de ses moyens.
En retour, les Etats-Unis se devaient de fournir un soutien militaire et une protection au royaume.
Ce dont Riyad peut se passer depuis son rapprochement avec la Russie et avec la Chine et son intégration aux BRICS.

Le moment de bascule n’est plus proche, il est désormais là. 

                         "Les Etats-Unis doivent 54 300 milliards de dollars au monde" (Poutine)