D'après le roman La Belle qui vous fait signe de George Oliver Onions.
Avec Franco Nero, Vanessa Redgrave, Georges Géret.
Parti se ressourcer dans
une demeure hantée par une comtesse nymphomane, un peintre milanais à la
mode sombre peu à peu dans la folie. Petri utilise les thèmes familiers
du giallo pour sonder le versant décadent du monde de l'art et de sa
marchandisation. Sa mise en scène à la limite de l'expérimental et son
couple d'interprètes enfiévrés lui valent un Ours d'argent au Festival
de Berlin.
Mise en scène: Gianni Amico, Libero Bizzarri, Francesco Maselli, Lino Miccichè, Glauco Pellegrini, Elio Petri, Sergio Tau, Paolo Taviani, Vittorio Taviani, Marco Zavattini, Valerio Zurlini, Giorgio Arlorio....c'est sûr c'est pas le pedigree social de La Nouvelle vague.
En 1969, le metteur en scène Elio Pétri (mon film préféré: I Giorni Contati, la meilleure
incarnation du Ne Travaillez Jamais debordien) rencontre
Daniel Cohn-Bendit (le libéral libertaire otanesque et ancienne figure de
Mai 68) venu passer quelques jours à Rome. On dispose grâce à
l’Archivio Audioviso del Movimento Operaio d’un entretien filmé en
français enregistré via della Conciliazione, non loin de la basilique
Saint-Pierre. Le scénariste Ugo Pirro est également présent: il apparaît
parfois dans le cadre mais n’intervient pas dans l’entretien. À
l’évidence, Pétri n’est guère convaincu par les propos du leader de la
contestation étudiante. On a même l’impression qu’il réagit à son
discours avec une certaine ironie et qu’il ne le prend pas très au
sérieux.
La Propriété c'est plus le vol, film sorti en 1973, reçoit un accueil houleux auprès du public inquisitorial, gauchiste, de Venise. Elio Petri y répond dans le nº 74 de Jeune Cinéma en novembre 1973:
"Peut-être, le moment est-il venu de renoncer à faire du cinéma tout court. Mais pour quelqu'un comme moi, qui fait des films pour un grand public, la structure traditionnelle dramatique traditionnelle est la formule la plus simple et peut-être aussi la plus facile. Des concessions au public? Franchement je ne crois pas, je me sens moi-même un élément de ce public. [...] J'aime le spectacle. J'ai lu Guy Debord et sa Société du spectacle. Mais si on s'engage dans cette voie, il faut détruire tout ce qui nous entoure. Tout est spectacle: une vitrine, une démarche, une manière de regarder, de s'habiller. L'homme, c'est l'homme qui aime le spectacle. Accepter le spectacle, c'est accepter sa propre condition."
Petri entend le Spectacle à sa façon. Mais la version cinématographique qu'il en donne est utile, vous accroche à une "Société du spectacle" concrète, de 1973 (l'année méridienne, de bascule dans le siècle et de la sortie en film de La Société du spectacle), justement par le "spectacle" qu'il en donne.
Tandis que Debord crée le grand Satan du spectacle pour devenir lui-même son propre spectacle. Il n'échappe pas à son temps, qu'il a bien vu, celui du nouvel art spectacularisé (celui des Yves Klein et du Pop art de l'Otan culturelle), mais devenant lui aussi sa propre oeuvre et finalement un mythe construit tout au long de sa vie comme une très longue et spectaculaire "situation construite".