
La Fin de l'Exception : Pour une lecture universaliste et décoloniale de la mémoire de la Shoah
Le génocide perpétré à Gaza révèle, avec une brutalité tragique, que la commémoration de l’Holocauste ne sert plus nécessairement à prévenir de telles horreurs, mais parfois à les justifier. Loin d’éclairer le passé, sa mémoire serait détournée pour manipuler le présent.
Presque tous les spécialistes de l’Holocauste, qui considèrent toute critique à l’encontre d’Israël comme une trahison absolue, se sont abstenus de condamner les atrocités commises à Gaza. Aucune des institutions consacrées à la recherche et au souvenir de la Shoah n’a établi les parallèles historiques pourtant évidents, ni dénoncé le massacre des Palestiniens.
Ce silence révèle, à quelques exceptions près, leur véritable
objectif : non pas étudier la nature humaine et sa terrible propension
au mal, mais sanctifier les Juifs en tant que victimes éternelles, et
ainsi absoudre l’État ethno-nationaliste d’Israël de ses
crimes – colonialisme, apartheid et génocide.
En instrumentalisant ainsi l’Holocauste et en refusant de défendre les
victimes palestiniennes au seul motif de leur identité, ces institutions
et mémoriaux ont perdu toute autorité morale. Désormais, ils sont
publiquement dénoncés comme des instruments non pas de prévention, mais
de perpétuation du génocide ; non pas d’exploration du passé, mais de
manipulation du présent.