Ce matin, à l’aube…
A
 Odessa à l’aube du 23 octobre 1941, 5000 Juifs étaient pendus par 
groupe de 3 à 5 à chaque lampadaire des boulevards d’Odessa. La veille 
des agents du NKVD avaient fait sauté le QG de l’Armée Roumaine 
d’occupation situé devant le parc Alexandrosvsky, causant la mort d’un 
cinquantaine de militaires Roumains. Odessa avait été conquis 6 jours 
plus tôt, et le NKVD avait piégés les bâtiments susceptibles d’être 
utilisés par les occupants, comme à Kiev un mois auparavant  les 
destructions avaient été le prétexte du massacre de Babi Yar.
Les
 représailles ne s’arrêtèrent  pas là, car ce n’était pas des 
représailles, c’était la mise en oeuvre de la Shoah par la Roumanie. En 
1926, il y avait 133.000 Juifs à Odessa, le 1 novembre 1941 ils étaient 
plus que 33.885. Le 10 avril 1942, 702. En Novembre 1944, la nouvelle 
administration Soviétique en dénombra 48.
Comme
 la France, la Roumanie développa une politique antisémite d’état et la 
population non Juive et l’armée Roumaine, ont été grandement autonomes 
en terme « opérationnel » dans la Shoah. Les Nazis d’ailleurs se 
félicitèrent d’avoir un « allié » aussi entreprenant dans l’assassinat 
des Juifs d’URSS : ils en assassinèrent  en tout 300.000 en Roumanie et 
dans les territoires conquis en URSS. Comme la France, la Roumanie eut 
(et a toujours) du mal à se regarder dans le miroir de l’Histoire.  
Comme
 toutes choses venant du Front de l’Est, l’Europe Occidentale connait 
peu ce passé Roumain, et se soucie guère d’ailleurs de parfaire sa 
connaissance. Ce matin, à l’aube, j’ai pleuré Odessa.
Cartea neagra - Le Livre noir sur la destruction des Juifs de Roumanie (1940-1944)  de Matatias Carp / Denoël