En 2017, Mirage gay à Tel Aviv démontait le pinkwashing,
une stratégie de la propagande israélienne pour camoufler la guerre,
l’occupation, le conservatisme religieux et l’homophobie derrière le
paravent sea, sex and fun de Tel-Aviv. Dans cette nouvelle édition reprise dans la collection Orient XXI
chez Libertalia, Jean Stern ajoute aux éclairages et reportages
précédents des mises à jour, notamment sur l’extrême droite et les gays
en 2025. « J’y raconte un succès planétaire et les racines d’une défaite », conclut-il dans sa préface que nous reproduisons ici. Même si la « parade gay » se déroule ce vendredi 13 juin 2025, alors que la guerre se poursuit à Gaza, le rouleau compresseur du « mirage rose »
a fait long feu, à l’heure où Israël tente de faire disparaître les
Palestiniens, hétéros comme homos, de Gaza et de la Cisjordanie.
La solidarité gay, renaissante dans le monde après des années de
douces illusions, s’est mobilisée de façon extraordinaire dans le
soutien aux Palestiniens depuis plus d’un an et demi. C’est réconfortant
pour Libertalia et moi-même, car cela mesure le chemin parcouru depuis la sortie de Mirage gay à Tel-Aviv en 2017. Vous étiez quelques-un·es au début, lecteur·trices chéri·es, pas très nombreux·ses,
nos rencontres avaient la chaleur de celles des grottes, on se serrait
les coudes, homos, hétéros, trans ou non binaires. Le pinkwashing israélien écrasait alors tout, la Mairie de Paris d’Anne Hidalgo (socialistes, communistes, verts) venait d’accueillir « Tel-Aviv sur Seine »
sur les quais, avec force drapeaux arc-en-ciel frappés de l’étoile de
David. Tout le monde ou presque se laissait berner, puisque c’était
(supposément) cool. Depuis, Hidalgo est constante dans son aveuglement
et soutient la guerre livrée par Israël à Gaza, sans les communistes et
les Verts (avec des nuances). Et surtout une partie de la communauté LGBT
se retrouve, de diverses façons, du côté des Palestiniens. Cette
solidarité d’évidence avec des opprimés, cette dénonciation de la
lessiveuse rose, je les ai d’abord croisées chez des gays, lesbiennes et
trans israéliens et palestiniens de l’intérieur, qui le disent avec
force : « Pas de fierté sous génocide ».
Il fallait remonter aux racines de ce slogan, né « pas de fierté sous occupation ». Les Palestinien·nes LGBT
ne sont pas une masse informe de victimes sans paroles, d’individus
sans ressorts, de fantoches apeurés. Ce sont des hommes, des femmes et
des trans, avec une âme, un corps, une identité sexuelle et des désirs.
Dans la lignée des radicaux LGBT israéliens et
palestiniens, de plus en plus de gays, lesbiennes et trans occidentaux
commencent à trouver écœurants ces pèlerinages sea, sex & fun,
en pause depuis le 7-Octobre, avec les horribles massacres autour de
Gaza et puis la guerre génocidaire qu’Israël livre depuis. Le recours
cynique au « Ce soir, j’oublie tout » ne fait plus recette. La gueule de bois et le retour au réel menacent le pinkwashing : de part et d’autre du mur, les mirages made by Israël ne doivent plus faire illusion. Ils se résument en quatre mots : « Pas en notre nom ».
Yoav
Atzmoni, réserviste de l’armée, est le premier soldat israélien à
brandir un drapeau arc-en-ciel sur les ruines de Gaza, le 17 novembre
2023,sur lequel est écrit : « Au nom de l’amour » en anglais, arabe et hébreu.
Yoav Atzmoni, aucun doute, se bat en son nom. Il manifeste ET
fait la guerre. Sur les photos qui précèdent, il a l’air un peu idiot,
ni plus ni moins que des tas d’autres garçons. Pas mon style, en tout
cas, et pourtant sa photo me fascine, tant elle paraît incroyable.
C’était la toute première d’une longue série, et j’ai d’abord cru à un
montage, mais non. Le soldat Atzmoni pose vraiment, devant son char
d’assaut, devant les ruines d’un quartier de Gaza, en brandissant son
drapeau arc-en-ciel sur lequel il a écrit au feutre « Au nom de l’amour »
en hébreu, en arabe et en anglais, pour l’universalité du message. Avec
son allure passe-partout, le bidasse Atzmoni incarne, tragiquement, la
banalité du mal, comme le disait Hannah Arendt. Atzmoni fait son boulot,
il y croit, ce qui est le cas de la plupart des gens, même s’il s’agit
de tuer. Arendt l’a bien compris avec Eichmann, l’homme clé de la
solution finale croyait à son boulot. J’aime de plus en plus Arendt par
parenthèse. Installée à Paris dans les années 1930, elle se battait
comme une diablesse contre les bureaucrates de la préfecture de police
de Paris qui traquait les réfugiés allemands juifs, dont elle-même, son
amour, ses amis qui surnageaient dans la misère et l’humiliation. Lâchés
par les bourgeois juifs de Paris, tiens donc1.
Elle le faisait avec une générosité, une force, un sens de
l’universalisme qui se fondaient sur ses combats contre les oppresseurs,
les flics obtus, les staliniens serviles et les agents nazis qui
pullulaient à Paris. Arendt voyait avec désespoir le monde rétrécir, ses
amis se battaient et perdaient en Espagne. Les hommes s’emparaient de
la guerre et s’en réjouissaient, tout comme le soldat Atzmoni.
Ce réserviste de Tel-Aviv a été mobilisé dans les jours qui ont suivi
l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023 et est aussitôt parti à
la guerre sans rechigner. Six mois plus tôt, il se préparait à défiler
pour la gay pride sur le front de mer de Tel-Aviv. Du sommet des
buildings dominant la Méditerranée, par temps clair, on voit Gaza.
Atzmoni et son petit ami seront ce soir de juin de toutes les fêtes, qui
débordent de techno et de produits pour chemsex. C’est une partie de
leur fierté, aux gays de Tel-Aviv, de se défoncer à fond deux jours par
semaine et de pratiquer sous drogue ce sexe unlimited qui marque
les esprits et les corps. Comme partout, les dégâts du chemsex sont
intenses, et les plaintes pour viols et violences sexuelles de plus en
plus nombreuses dans la communauté homosexuelle israélienne.
La
España franquista, el Portugal salazarista o la Grecia de los
coroneles, encontraron en Eurovisión un instrumento de soft power
doméstico.
Eurovisión
nunca fue un inocente concurso de canciones. Nació en 1956 como un
instrumento de Soft Power en plena Guerra Fría. Maurice Ollivier, primer
director del programa, lo expresó claramente en el memorando interno de
la UER de octubre de 1955: «Il faut créer un lien émotionnel entre les
peuples européens par-delà les rideaux de fer et les frontières
nationales». Es decir, un lazo emocional que soslaya el entonces llamado
Telón de Acero, y buscaba cerrar las heridas abiertas por la IIGM en
Europa. La que entonces se empezaba a llamar “música ligera”
-aparentemente apolítica- era el vehículo perfecto para ocultar esta
intención propagandística. Por su apariencia apolítica, su tono alegre y
accesible, la musica ligera funcionaba como una herramienta de
seducción ideológica, además, servía para extender a través de la
televisión -el medio más emblemático de progreso- la imagen de una
Europa occidental tecnológicamente avanzada.
Durante las primeras
décadas, la ficción de neutralidad apolítica se mantuvo con cierta
facilidad: la música de melodías simples y repetitivas, las coreografías
coloristas y los presentadores impecables, contribuían a proyectar una
imagen de convivencia y modernidad que esquivaba cualquier motivación
ideológica. La inclusión de países del Este, como Yugoslavia desde 1961
-una especie puente simbólico entre bloques- reforzaba la ilusión de
apertura pan-europea. Incluso Rumanía tanteó su entrada en 1967.
Simultáneamente,
la España franquista, el Portugal salazarista o la Grecia de los
coroneles, encontraron en Eurovisión un instrumento de soft power
doméstico: un recurso de legitimación internacional, una manera de
exhibir modernización, consumo juvenil y “normalidad europea”, que
hiciese olvidar la represión política interna. Pero ya en 1969, cuando
Franco manipuló descaradamente la votación para que Salomé ganara con
«Vivo cantando» (empatada con tres países más, pero aun así celebrada
como si fuese una victoria española), quedó claro que el festival era un
recurso propagandístico usado por el desarrollismo franquista para
lavar la cara de la dictadura en Europa. Eurovisión -alineada con el
discurso aperturista del ministro Fraga y la estética del mal llamado “
milagro económico español”- servía para proyectar una imagen de país
abierto, industrializado, en sintonía con la sociedad de consumo
europea. La victoria de Salomé con “Vivo cantando” formaba parte de esta
narrativa de éxito franquista, de la España moderna que el régimen
quería mostrar al mundo. Pero las denuncias de manipulación en la
votación llevadas a cabo por los países nórdicos, evidenciaron por
primera vez que Eurovision había dejado de ser un escaparate cultural
neutro para convertirse en una operación propagandística del franquismo
anticomunista.
En
adelante, la tensión entre la apariencia de neutralidad y el uso
político explícito se convirtió en el principal rasgo del Concurso. Cada
país aprendió que Eurovisión podía servir tanto para redefinir
identidades nacionales como para proyectar afinidades ideológicas. El
punto de inflexión definitivo llegó con la caída del Muro de Berlín.
Durante las décadas anteriores, el certamen había ofrecido una imagen
armoniosa de Europa, había sido un escaparate de «reconciliación»
occidental: un instrumento propagandístico de unidad cultural frente al
bloque comunista. Sin embargo, al desaparecer el enemigo externo -el
comunismo soviético- se disolvió también la necesidad de esa fachada
integradora. El escenario del festival se transformó, entonces, en una
pugna por convertir la representación musical en un campo donde los
Estados competían por visibilidad política, prestigio internacional y en
ocasiones hasta reivindicación geopolítica. La supuesta y antigua
hermandad europea dio paso a estrategias de propaganda nacionalista: uso
de símbolos patrios, narrativas históricas palingenesicas y votaciones
marcadas por afinidades geopolíticas ajenas a criterios musicales.
Durante los años noventa esta deriva se acentuó con la aparición de
nuevos Estados procedentes del desmembramiento de la URSS y Yugoslavia.
Veremos este nuevo marco situándolo en tres momentos históricos y tres casos distintos:
El
primero en 2008-2009: cuando los efectos de guerra ruso-georgiana se
trasladan al festival. Rusia envía a Dima Bilán (2008) y luego, tras la
invasión de Osetia del Sur, Georgia responde en 2009 con «We Don’t Wanna
Put In», un tema cuyo estribillo era un juego de palabras velado contra
Putin. La UER obligó a retirarlo por «contenido político». Fue la
primera vez que se admitió oficialmente que existía «contenido político»
en Eurovisión.
El
segundo momento se produce en 2014-2016, durante la anexión de Crimea y
la guerra del Donbás. Ucrania envía en 2016 a la cantante Jamala con
«1944», una canción sobre la deportación de los tártaros crimeos por
Stalin. El contenido emocional del mensaje y la identidad de Jamala
-elegida por ser descendiente de tártaros crimeos- se empleaban para
intentar ocultar el mensaje anti ruso. Rusia lógicamente protesta, la
UER declara que la canción no violaba las normas del concurso: “no es
política», se afirmaba, porque habla de 1944, no de 2014. Las votaciones
se prepararon para que ganase Ucrania como finalmente sucedió. Y La
reacción rusa fue inmediata. Consideró la votación una maniobra política
disfrazada de resultado artístico. Los medios rusos calificaron la
victoria ucraniana de “acto de rusofobia cultural” y de manipulación del
voto. Consecuentemente Rusia, para evidenciar su protesta, dejó de
participar durante años.
El
último momento se sitúa entre 2019 y 2024. Es el punto de inflexión
definitiva en la historia política del Festival de Eurovisión. En 2019,
durante la edición celebrada en Tel Aviv coincidente con la campaña
electoral de Netanyahu, que buscaba su reelección en un contexto de
desgaste político y acusaciones de corrupción, Netta canta «Toy».
Madonna -invitada externa para reactivar el prestigio perdido del
certamen- decide actuar con bailarines que llevan banderas palestinas e
israelíes en la espalda. El gesto, abiertamente político fue un instante
fugaz, inmediatamente censurado por la realización televisiva oficial,
que intentó cortar la imagen antes de que cobrara visibilidad. Cinco
años después, en 2024, con la genocidio de Gaza en su momento más
intenso y ante la avalancha de peticiones para excluir a Israel del
certamen —idénticas a las que en 2022 llevaron a la expulsión de Rusia
tras la invasión de Ucrania- la UER decidió mantener la participación
israelí. La decisión reveló una grave contradicción que ya está
definitivamente instalada en la opinion pública europea : cuando se
trataba de un país con respaldo occidental, la institución apelaba al
“carácter no político” del concurso; cuando el agresor- pese a ser
europeo- era percibido como enemigo geopolítico de Europa, se aplicaba
la exclusión inmediata.
La Casa Real española pactó en secreto con Kissinger la entrega del Sáhara a Marruecos a cambio de la Corona.
El Sáhara Occidental es un tema de descolonización que no sólo
afecta a la región del Maghreb. Hay muchos países pendientes de cuanto
sucede en este conflicto por los daños colaterales que puede suponer.
La Agencia Central de Inteligencia americana compartió varias fotos de
soldados saharauis lanzando misiles y otros marroquíes capturados por
las fuerzas saharauis.
La decisión de la Agencia Central de Inteligencia estadounidense, CIA,
de abrir el acceso a más de 10 millones de páginas de más de 900.000
documentos desclasificados permite conocer lo que sucedió exactamente a
partir de marzo de 1979.
La agencia de inteligencia americana revela que Marruecos estaba
perdiendo la guerra contra el Frente Polisario. Según el documento,
Marruecos estaba perdiendo la batalla hasta que países europeos y Árabes
intervinieron para ayudar a la dictadura de Hassan II.
''La anexión del Sáhara Occidental por Marruecos en 1975 fue por la
fuerza y desembocó en una guerra'', según los documentos
desclasificados, la guerra del Sáhara que estuvo muy disputada entre el
Frente Polisario y Marruecos, fue determinante la ayuda que recibieron
los marroquíes por parte de Estados Unidos, Francia, España y Arabía
Saudí gracias a las relaciones de Hassan II con Henry Kissinger,
entonces consejero de Seguridad Nacional de EEUU y con los Saud de
Arabía Saudí.
PERO QUE HA HECHO JUAN CARLOS CON EL PUEBLO DEL SÁHARA OCCIDENTAL?
El 21 de agosto de 1975, el Departamento de Estado norteamericano da luz
verde a un proyecto estratégico secreto de la CIA, financiado por
Arabia Saudí, para arrebatar la antigua provincia del Sahara (270.000
Kms cuadrados) a España. Un territorio vital desde el punto
geoestratégico, rico en fosfatos, hierro, petróleo y gas, que EE.UU no
está dispuesto a dejar en manos de España dada la situación en que se
encuentra el régimen de Franco.
El 6 de octubre de 1975, los servicios de Inteligencia del Ejército
español informan a Franco, ya muy enfermo, de los planes de EE.UU en
relación con el Sáhara Occidental y le piden que actúe en consecuencia.
El 16 de octubre de 1975, la Marcha Verde es anunciada por Hasan II, al
mismo tiempo que el Tribunal Internacional de Justicia de la ONU rechaza
las pretensiones de Maruecos sobre ese territorio. Hassan II declara
sin vergüenza ninguna: ''Tenemos que iniciar una marcha verde desde el
Norte de Marruecos hacia el Sur y del Este al Oeste. Tenemos, querido
pueblo, que levantarnos como un solo hombre, con orden y organización
para dirigirnos al Sahara y encontrarnos con nuestros hermanos allí.'
El 21 de octubre de 1975, el príncipe Juan Carlos de Borbón, heredero
del dictador, se niega a aceptar la jefatura del Estado con carácter
interino. Quiere plenos poderes para poder actuar en el Sáhara
Occidental.
El 22 de octubre de 1975, el presidente del Gobierno español, Arias
Navarro, con conocimiento de Franco, manda al ministro José Solís a
Rabat para tratar de parar el órdago marroquí prometiendo negociaciones
sobre el tema en cuanto la situación del dictador mejore.
El 26 de octubre de 1975, da comienzo la Marcha Verde en
territoriomarroquí. Toda la planificación operativa y la organización
logística del plan ha corrido a cargo de técnicos norteamericanos.
El 31 de octubre de 1975, Juan Carlos de Borbón se hace cargo de la
jefatura del Estado español. Mostrándose muy preocupado por la situación
en el Sahara, pues tiene muy presente el caso portugués. No quiere que
la situación le desborde.
Finalmente el monarca español asumió oficialmente la jefatura de Estado
el 31 de Octubre después de negarse a hacerlo una semana antes. Ese
mismo día convocó un Consejo de Ministros y se puso manos a la obra. Sus
contactos con su homólogo marroquí fueron constantes. Hasta entonces,
según transmitió Stabler, "el Gobierno seguía vacilante" ante la falta
de liderazgo y, sobre todo, el aumento de las presiones marroquíes.
Rabat envió el primer grupo de "marchadores verdes" al Sáhara el 30 de
octubre, y no el 6 de noviembre, fecha oficial del inicio de la Marcha
Verde, para bloquear una posible intervención de Argelia contra la
invasión.
El 31 de octubre de 1975, el príncipe preside un Consejo de Ministros en
La Zarzuela. Cuestión prioritaria: el Sahara. Juan Carlos manifiesta su
férrea determinación de ponerse al frente de la situación. Sin embargo,
no les dice a los reunidos que él ya ha enviado a su hombre de
confianza, Manuel Prado y Colón de Carvajal, a Washington, para
solicitar la ayuda de Henry Kissinger. Es consciente de que una guerra
colonial con Marruecos en aquellos momentos podría precipitar los
acontecimientos al estilo de lo acaecido en Portugal y que podría perder
su corona antes de ceñirla.
El Secretario de Estado norteamericano acepta la mediación solicitada
por el nuevo jefe del Estado español, intercede ante Hassan II y en las
siguientes horas se firma un pacto secreto por el que Juan Carlos se
compromete a entregar el Sahara español a Marruecos a cambio del total
apoyo político americano en su próxima andadura como rey de España.
El 2 de noviembre de 1975, Juan Carlos de Borbón visita las tropas
españolas en El Aaiún en un viaje sorpresa. Está en tratos secretos con
los americanos para la entrega del territorio, pero no tiene ningún
reparo en aparentar con los militares (a los que traicionará en las
siguientes horas igual que al pueblo español, a los saharauis y a la
propia ONU) En este centro, en el curso de una bien regada amistad con
los militares, hasta se permite decirlesa los oficiales de las tropas
allí destacadas: “España no dará un paso atrás, cumplirá todos sus
compromisos, respetará elderecho de los saharauis a ser libres” y
también, dice “No dudéis que vuestro comandante en jefe estará aquí, con
todos vosotros, en cuanto suene el primer disparo”.
El 6 de noviembre de 1975, la Marcha Verde invade la antigua provincia
africana española. En virtud del pacto secreto (alta traición) entre
Kissinger, Hassan II y el traidor nuevo jefe del Estado español. Los
campos de minas de la frontera han sido levantados y los legionarios
españoles prudentemente retirados. España hasta se permite la
desvergüenza de enviar al ministro de la Presidencia para que gire una
visita de cortesía a los campamentos marroquíes de la Marcha Verde. La
ONU, incómoda y sin saber qué sucede, urge a Hassan II a retirarse y a
respetar la legalidad internacional. Mientras España mira hacia otro
lado porque bastante tiene el principe con asegurar su corona y el
monarca alauí no hace el menor caso.
El 9 de noviembre de 1975, Hassan II da por alcanzados todos sus
objetivos en el Sahara y en espera de las conversaciones de Madrid,
retira los campamentos de la Marcha Verde a Tarfaya. Argelia protesta y
retira su embajador en Rabat. Los saharauis, traicionados por España, se
aferran a la lucha armada.
El 12 de noviembre de 1975, comienza la Conferencia de Madrid entre
España, Marruecos y Mauritania, dirigida y controlada por EE.UU en la
sombra.
El 14 de noviembre de 1975 se produce la famosa Declaración de Madrid
sobre el Sahara (acuerdos tripartito de Madrid). Por ella se entrega a
Marruecos toda la parte norte de la antigua provincia española:
200.000 Kms cuadrados de gran importancia geoestratégica, muy ricos en
toda clase de minerales, gas y petróleo (descubierto por petrolíferas
norteamericanas y en reserva estratégica). A Mauritania (que los
abandonará enseguida en beneficio de su poderoso vecino del norte) se le
transfieren 70.000 Kms cuadrados del sur, los más pobres e
improductivos.
Las Cortes y el pueblo español no saben nada del asunto. Todo se ha
tejido entre bastidores, con la CIA, el departamento de Estado
norteamericano y los servicios secretos marroquíes como maestros de una
ceremonia bochornosa en la que el príncipe Juan Carlos ha movido sus
hilos a través de sus hombres de confianza: Armada, Mondéjar y Torcuato
Fernández Miranda.
Mientras el Gobierno del anonadado Arias Navarro, con Franco moribundo y
su porvenir político acechando, se limitó a ejercer de convidado en la
mayor vergüenza política y militar de España en toda su historia.
Porque, efectivamente, este país nunca jamás había traicionado de una
forma tan perversa a sus propios ciudadanos (los saharauis lo eran en
1975), se había humillado de tal manera ante un pueblo más débil que él
pactando en secreto su rendición, y abandonado cobardemente el campo de
batalla sin pegar un solo tiro y después entregando a su enemigo
acuartelamientos y armas.
des États-Unis respecte ceux qui ont résisté à Washington,
mais attend de ses vassaux qu'ils continuent d'obéir.
Les instances dirigeantes de l'Europe occidentale ont bradé
les intérêts des citoyens européens aux États-Unis et en subissent aujourd'hui les conséquences.
Par Tarik Cyril Amar,
historien allemand travaillant à l'université Koç d'Istanbul,
spécialiste de la Russie, de l'Ukraine et de l'Europe de l'Est,
de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre froide culturelle
et des politiques de la mémoire.
@tarikcyrilamar
tarikcyrilamar.substack.com
tarikcyrilamar.com
Les États-Unis, qui demeurent la première puissance militaire mondiale, ont publié une nouvelle stratégie de sécurité nationale
. Or, comme il s'agit des États-Unis, ce qui rassure Washington
contribue à l'insécurité de nombreux gouvernements à travers le monde.
Jusqu'ici,
rien de bien surprenant : si vous êtes en Amérique latine, la
codification de ce qu'on appelle officieusement à Washington une «
doctrine Donroe », promettant encore plus d'agression et de domination
de la part de la grande puissance du Nord, ne vous étonnera pas, mais
elle ne vous réjouira certainement pas non plus. Si vous êtes à Taïwan,
vous devriez même être soulagé, car un recul face à la politique du bord
du gouffre menée par Biden contre la Chine pourrait vous épargner le
sort de l'Ukraine.
Mais
comme il s'agit de l'Amérique de Trump 2.0, ironiquement, nombre de ces
gouvernements très inquiets appartiennent à des alliés ou des proches
des États-Unis, autrement dit, à leurs clients et vassaux de facto. Et
cela – pour rendre les choses encore plus curieuses – est une bonne
chose. Car nombre de gouvernements et d'élites alarmés par cette
nouvelle vision trumpiste de la sécurité nationale américaine ont besoin
d'un retour à la réalité, et plus il sera brutal, mieux ce sera. Pour
ceux qui s'agitent sous l'effet d'une russophobie auto-infligée et d'une
hystérie guerrière, le moindre électrochoc ne peut être que bénéfique.
Parallèlement,
certains gouvernements de premier plan, notamment la Russie et la
Chine, habitués à l'hostilité irrationnelle et à l'agression constante
de Washington – que ce soit par le biais de guerres par procuration,
d'opérations secrètes, de tentatives de subversion idéologique ou de
guerre économique – pourraient entrevoir des raisons d'un optimisme
prudent. Habitués à être traités non seulement comme des rivaux
géopolitiques et économiques, mais aussi comme des ennemis et des
criminels à réduire à l'insignifiance par un changement de régime, Pékin
et Moscou ne manqueront pas de percevoir un ton nouveau et radicalement
différent.
L'authenticité
et la pérennité de ce nouveau ton américain restent à prouver,
notamment au vu de l'instabilité passée de Trump et de la longue
tradition américaine de manœuvres douteuses et de tromperies flagrantes.
Seul l'avenir dira si cette stratégie de sécurité nationale pour 2025
marque une véritable remise en question des pires traditions et des
impasses actuelles de la politique étrangère américaine. Miser dessus
serait naïf, mais négliger la possibilité d'une détente et d'une
coopération mutuellement avantageuse, tant sur le plan politique
qu'économique, serait une erreur.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réagi à la nouvelle Stratégie de sécurité nationale en reconnaissant que
l'administration Trump est « fondamentalement » en matière de politique
étrangère différente de ses prédécesseurs, que ses « réorientations »
correspondent « à bien des égards à nos vues [russes] », et que ce fait
offre la possibilité de « poursuivre un travail constructif en vue d'un
règlement pacifique du conflit ukrainien, à minima ». M. Peskov s'est
également félicité de l'aversion de la Stratégie de sécurité nationale
pour l'élargissement de l'OTAN et les conflits en général, ainsi que de
l'accent mis sur la recherche du dialogue et de bonnes relations.
Parallèlement, a ajouté le porte-parole de Moscou, ce qui paraît positif
sur le papier ne saurait empêcher l' « État profond » américain d'agir
tout autrement, c'est-à-dire, de toute évidence, bien pire.
En
termes diplomatiques, cela est bien moindre que l'enthousiasme démesuré
et tragiquement déplacé avec lequel les dirigeants et diplomates de la
fin de l'Union soviétique, tels que Mikhaïl Gorbatchev et Edouard
Chevardnadze, se laissaient séduire par les belles paroles de
Washington. Moscou a depuis longtemps tiré les leçons amères de la mauvaise foi américaine
: la confiance naïve n'est plus de mise et ne reviendra pas. Pourtant,
la Russie est également en mesure – grâce à sa renaissance et à sa
résilience, et notamment à sa victoire de facto sur la guerre par
procuration menée par l'Occident en Ukraine – d'explorer avec vigilance
les opportunités qui s'offrent à elle.
Prenons
un peu de recul pour bien comprendre le contexte historique. Washington
– ou plus précisément le pouvoir exécutif du gouvernement américain,
dirigé par la présidence – produit ce type de stratégie nationale
officielle depuis près de quarante ans.
Elles
ont deux objectifs principaux : communiquer les priorités du président
américain aux publics nationaux et internationaux, y compris aux autres
composantes et agences du gouvernement américain. Dans les faits,
l’impact des Stratégies de sécurité nationale a été variable. Mais,
utilisées à bon escient, elles peuvent constituer ce qu’un commentateur
de Fox News vient de qualifier de « document de référence » pour définir la politique de défense et, par conséquent, la politique étrangère.
Initialement
prévues pour une publication annuelle, les Stratégies de sécurité
nationale ont en réalité paru avec des retards et des lacunes. À ce
jour, nous en examinons vingt. La première, publiée à la toute fin de la
première Guerre froide en 1986, reflète des contextes internationaux et
des priorités américaines très différents.
Nombre
de stratégies de sécurité nationale antérieures sont tombées dans
l'oubli, à juste titre : elles n'étaient ni particulièrement novatrices
ni – selon les critères américains – véritablement effrayantes pour le
reste du monde. Certaines, cependant, ont marqué les esprits, comme
celle de 2002, qui a codifié la doctrine Bush, un mélange
néoconservateur toxique d'unilatéralisme, de changement de régime, de
guerre préventive et d'obsession américano-israélienne, qui a coûté des
millions de vies.
En
2010, l'administration Obama a prétendu, à tort, innover en mettant
l'accent sur la « promotion de la démocratie » (autrement dit, un
changement de régime, une fois de plus) et la contre-insurrection, en
appliquant une nouvelle stratégie de conquête des cœurs et des esprits
visant à moderniser les populations occupées et à les soumettre. La
Stratégie de sécurité nationale de 2017, déjà mise en œuvre sous la
présidence de Trump, alors nouveau président des États-Unis, proposait
un mélange d'éléments véritablement novateurs (dans le bon sens du
terme), en reconnaissant la réalité des rivalités géopolitiques
omniprésentes, et d'éléments d'un conservatisme convenu (dans le mauvais
sens du terme), en désignant la Russie et la Chine comme les
principales menaces.
Ce
qui s'est passé à présent est toutefois différent. Les réactions
choquées des faucons occidentaux, notamment au sein de l'OTAN et de l'UE
en Europe, attestent que la seconde stratégie de sécurité nationale de
Trump n'est pas – du moins sur le papier – un compromis incohérent, mais
bien une affirmation claire de nouvelles priorités et d'une approche
fondamentalement différente.
Face
aux gémissements de malaise, voire aux cris de douleur, des faucons et
bellicistes occidentaux, quelques exemples suffisent à saisir le ton
général : « La
stratégie de politique étrangère sombre et incohérente de Donald Trump.
Les alliés risquent de paniquer ; les despotes, de se réjouir » (The Economist) ; une stratégie américaine « qui se retourne contre les démocraties européennes
» et constitue une situation d’urgence ( « Ernstfall » ) pour l’Europe
(malheureusement, Norbert Rottgen, figure de proue de la droite
conservatrice allemande) ; et Agnieszka Brugger, politicienne écologiste
tout aussi belliqueuse, ne voit qu’une seule solution à la crise :
s’emparer au plus vite des avoirs russes gelés. En quoi cela est censé
aider reste un mystère, mais Brugger « sait » tout simplement que c’est
soit le pillage massif maintenant, soit une « chute impitoyable »
pour l’OTAN et l’Europe. On pourrait multiplier les exemples, mais vous
comprenez l’idée : l’hystérie habituelle et absurde d’une guerre
imminente, sans la moindre rationalité, toujours la même rengaine.
Autrement dit, les élites de l'OTAN et de l'UE dans ce qu'elles ont de
pire.
De
leur point de vue égocentrique et obsessionnel, leur panique est, il
faut bien le dire, presque compréhensible. L'Europe officielle, membre
de l'OTAN et de l'UE, s'emploie depuis au moins une décennie – depuis
qu'elle a instrumentalisé les accords de Minsk II – à se priver des
derniers vestiges d'options, de levier et de crédibilité dans sa
non-relation actuelle avec Moscou. À présent, après de nombreux signes
manifestes de désapprobation de Washington sous l'administration Trump,
le couperet semble tomber d'outre-Atlantique.
Regardez
la situation avec le regard somnolent, prétentieux et idéologiquement
illuminé de Bruxelles, Paris, Londres et Berlin. Voilà les « amis » et
protecteurs américains qui, non seulement envoient une nouvelle salve de
signaux de détente à la Russie et à la Chine, mais déclarent aussi leur
ferme intention de restaurer « la confiance civilisationnelle de l'Europe et son identité occidentale ».
Cela peut paraître inoffensif, voire protecteur. Du moins, tant qu'on
ne le traduit pas clairement : les États-Unis soutiendront la nouvelle
droite européenne en pleine ascension, et non ses fragiles institutions
centristes.
Car
c'est dans la Nouvelle Droite que le Washington de Trump perçoit cette «
confiance en soi » et cette « identité ». Comme le craint le faucon
allemand Rottgen, les États-Unis pourraient commencer à s'ingérer
sérieusement dans la politique intérieure européenne. Réveille-toi,
Norbert : ils l'ont toujours fait. Ce qui est nouveau pour toi, c'est
que tu n'es plus parmi leurs complices et leurs favoris, mais parmi
leurs cibles. Dis-toi : « Ah, c'est donc ça ! » et profite du spectacle.
L'enthousiasme
démesuré de la nouvelle Stratégie de sécurité nationale, qui situe tout
ce qu'il y a de plus beau et de meilleur aux États-Unis, et uniquement
là-bas, est on ne peut plus américain. Trump l'affiche avec une
franchise déconcertante. Le fait de placer explicitement « l'Amérique
d'abord » n'a rien de surprenant non plus. C'est simplement plus
honnête, une fois de plus, que les pieuses déclarations centristes
d'antan.
Pourtant,
lorsqu'on fait partie de l'élite européenne qui vient d'être soumise et
piétinée par une guerre commerciale, contrainte de débourser des sommes
considérables pour une OTAN où la fiabilité américaine est bien
moindre, et qui voit sa base industrielle détruite, entre autres, par
une dépendance excessive à l'égard d'une Amérique brutalement égoïste,
même ces arguments prennent une signification nouvelle et sinistre : il
ne s'agit pas seulement de « l'Amérique d'abord », mais aussi de «
l'Europe en dernier ». Et, en tant que collaboratrices zélées de tout ce
que les États-Unis ont imposé, ces mêmes élites européennes n'ont
qu'elles-mêmes à blâmer.
«
Que ressentirait-on , se demandent peut-être aujourd’hui ces dirigeants
européens de l’OTAN et de l’UE, si l’on pouvait s’appuyer sur le soutien
russe pour contrebalancer la pression américaine ? » Mais la question
est devenue purement hypothétique, car, par une politique – si l’on peut
dire – de soumission autodestructrice aux États-Unis et de
confrontation tout aussi autodestructrice avec la Russie, ils ont rendu
cette option impossible.
Autrement
dit : l’Amérique ne fera même plus semblant de faire la guerre –
directement ou par procuration – au nom de « valeurs » . Mais – et c’est
là une autre ironie amère pour ses clients et vassaux occidentaux –
Washington « incitera ses alliés partageant les mêmes idées à défendre
nos normes communes, servant ainsi nos intérêts ».
En
d'autres termes : si vous nous avez résisté et avez conservé votre
souveraineté, tant mieux pour vous. Nous sommes enfin prêts à vous
respecter. En revanche, si vous vous êtes soumis et avez renoncé à votre
souveraineté, tant pis pour vous : nous exigeons de vous une obéissance
continue. Et voilà ! Seuls les trumpistes qui traitent avec les
Européens sont capables d'un tel double coup de maître, alliant
rétrogradation et humiliation.
Si
les instances européennes de l'OTAN et de l'UE étaient un tant soit peu
rationnelles, elles opéreraient sans tarder un revirement complet de
leur politique étrangère et tenteraient de se réconcilier avec Moscou.
(La question de savoir si la Russie pourrait être intéressée, et à
quelles conditions, reste évidemment ouverte.) Mais, d'un autre côté, si
elles étaient rationnelles, elles ne se trouveraient pas dans cette
situation catastrophique : en pleine confrontation avec la Russie, qui
vient de révéler son potentiel, et abandonnées par l'Amérique, qui n'a
probablement pas fini de montrer ce qu'elle peut faire à ses plus
fidèles alliés.
L'establishment
de l'Europe occidentale a bradé les intérêts des citoyens européens
ordinaires aux États-Unis. À présent, les États-Unis semblent prêts à
livrer l'Europe à un nouvel alignement sur les grandes puissances que
Washington a enfin appris à respecter : la Russie et la Chine. Le prix
de cette folie et de cette lâcheté sera lourd.
El 8 de diciembre de 1958 se estrenaba en Moscú el drama
"Красные листья" (Hojas rojas), largometraje dirigido por Vladimir
Korsh-Sablin para los estudios Belarusfilm.
Protagonizada
por Eduards Pavuls, Iya Arepina, Mijail Zharov y Klara Luchko, en los
papeles principales, la película registró la asistencia de más de 33
millones de espectadores.
Sinopsis - 1936. Las
regiones occidentales de Bielorrusia se ven envueltas en una intensa
actividad revolucionaria. Un joven rebelde, Andrei Metelski, es enviado
por la resistencia comunista a una región vecina para advertir a los
campesinos sobre la concentración de fuerzas policiales y la cancelación
de una manifestación planeada.
Judío y árabe no son dos categorías antagónicas porque
el primero es una fe, una religión, y el segundo una lengua y una cultura.
Existen árabes judíos, cristianos, sabeos mandeos, yazidíes y musulmanes. Las
tres religiones monoteístas proceden de Oriente Medio: judaísmo y cristianismo
de Palestina, e islam de la Península Arábiga. Cuando surge el islam en el
siglo VII d.C. la población árabe profesaba distintas religiones,
particularmente zoroastrismo, judaísmo y cristianismo. Los seguidores de Moisés se encontraban
principalmente en Medina y en Yemen. Algunos ciudadanos que practicaban estas religiones
abrazaron el islam y otros mantuvieron su fe y siguieron practicándola hasta
nuestros días. La convivencia entre los diferentes grupos religiosos en esta
zona no ha sido modélica pero sí bastante aceptable. Un ejemplo de ello es lo
que sucedió con los judíos expulsados de España por los Reyes Católicos en el
siglo XV, que acabaron encontrando refugio en países árabes y musulmanes como
Marruecos, Argelia, Túnez o Turquía porque allí se sentían más protegidos.
Antes de la creación del Estado de Israel, vivían en
los países árabes y musulmanes importantes comunidades judías en calidad de
ciudadanos de pleno derecho participando sin distinción en las actividades
comerciales, políticas, sociales y culturales. Destacan entre ellas por su gran
número la comunidad judía iraquí y la marroquí.
La emigración de los judíos árabes a Israel no fue
para salvarlos de la persecución o de un exterminio como pretendió Ben Gurión,
porque ellos no corrían el mismo peligro que sufrieron los judíos europeos
durante la Segunda Guerra Mundial a manos de los nazis. Los fundadores del
Estado de Israel exageraron los posibles peligros que podían enfrentar los
judíos orientales para empujarlos a emigrar al recién creado Estado conun objetivo nacional y militar.
En las primeras oleadas de emigrantes llegados a
Israel apenas había judíos árabes porque éstos emigraron durante los cuatro
años siguientes a la creación de la nueva nación. El grupo yemení fue el más
numeroso en comparación con otras comunidades judías en Iraq o en el Norte de
África. Pero pese al interés de los fundadores de Israel en recibir a personas de
fe judía, su preferencia eran los judíos askenazíes occidentales en detrimento
de los sefardíes orientales poco fiables para los judíos europeos. Decía Ben
Gurión: "No queremos que la población
israelí se convierta en árabeporque nuestra
obligación es luchar contra el espíritu oriental que corrompe a las personas y
las sociedades y debemos conservar los verdaderos valores judíos tal y como se
forjaron en la diáspora". Además, comparó a los judíos árabes con la
población africana llevada a Estados Unidos como esclava.
Los judíos árabes iraquíes, sirios, libaneses y
egipcios que emigraron a Israel gozaban en sus países de origen de buen nivel
económico y cultural, lo que les facilitó adaptarse a la vida del nuevo
destino, a diferencia de los procedentes de Yemen o del Norte de África, que no
disfrutaban de las mismas condiciones materiales de vida. Unos y otros
suscitaban desprecio en las estancias oficiales a pesar de ser necesarios para
aumentar la población judía en el país. Por esto surgieron en Israel voces que
llamaban a la prohibición de la llegada de determinados judíos árabes para
mantener un nivel social y cultural representados por los judíos askenazíes.
Los judíos árabes y orientales en general se consideraban personas atrasadas,
vagas, irracionales y primitivas. Los líderes e instituciones políticos tenían
desde el principio una idea clara: borrar la cultura y la memoria de los judíos
árabes para facilitar su adaptación en la nueva sociedad. De esta realidad nace
un problema étnico entre dos clases sociales: judíos occidentales askenazíes
que poseen el poder, la fuerza y la riqueza, y judíos orientales pobres y
desposeídos del poder político. Dominados por esta visión supremacista los
dirigentes israelíes colocaron a los judíos orientales en las afueras de las
grandes ciudades como Galilea, en asentamientos a lo largo de las fronteras
orientales, utilizándolos como mano de obra barata. En 1981 Shlomo Swiski
publicó un estudio sobre el mercado de trabajo calificando a los askenazíes de
clase burguesa y a los judíos orientales como el proletariado. En los años setenta
nació en Israel un movimiento con el nombre de Las Panteras Negras en protesta contra el histórico racismo interno dela sociedad
israelí, donde la población judía askenazi coloniza los espacios del poder en
detrimento de los judíos orientales.
Volviendo a las circunstancias de la emigración de los
judíos árabes a Israel entre 1948 y 1956, encontramos que la narrativa sionista
insiste en la controvertida idea del "antisemitismo" y el supuesto maltrato y
la represión que estaban sufriendo aquellos judíos en sus países de origen, y
que su emigración masiva a Israel era un acto de salvación por razones
humanitarias. Sabemos que la realidad es contraria a este argumento porque los
judíos árabes se encontraban alejados de la ideologíasionista
procedente de Europa que pretendía reunira
todos los judíos del mundo en la tierra de Israel. Los judíos árabes,
especialmente los de Oriente Medio, tenían una buena posición económica y
social a comienzos del siglo XX, gozabande
estabilidad y no tenían la más mínima intención de abandonar sus países.
Si nos centramos en los judíos iraquíes descubrimos
que esta era una de las comunidades más importantes dentro de los países
árabes, y podemos afirmar que suscircunstancias
de vida eran excelentes. No faltan ejemplos: Sassoon Eskell (1860-1932) fue el
primer ministro de finanzas del gobierno iraquí entre 1921 y 1925 y diputado
del Parlamento de 1925 a 1932. Violet Chammas, una judía iraquí nacida en 1912
en Bagdad escribió en inglés un libro titulado Mis recuerdos del paraíso: un
recorrido por la vida de los judíos de Bagdad, que fue publicado primero en
Inglaterra en 2010, luego en EEUU en 2012 y por último en Beirut en lengua
árabe en 2020. Dice Chammas en su libro que "de
todas las comunidades judías del Oriente Medio, la de Iraq era la más cohesionada,
asimilada y próspera". Al ver por televisión la caída de la estatua de
Sadam en 2003 escribió: "ocurrió todo
esto en Bagdad, mi ciudad en la que viví feliz y afortunada en medio de mi
sociedad judía que vivía en armonía con sus vecinos musulmanes. Bagdad era
hermosa, exhalaba el aroma de los queridos recuerdos. Hoy la veo totalmente
cambiada, sus rasgos han desaparecido como si una goma borrara los trazos de
tiza en la pizarra para escribir una nueva historia". Otros testimonios de
judíos iraquíes como los de algunos escritores y poetas como Issac Bar-Moshe
(1927- 2003), Salman Darwish (1910-1982) o Anwar Shaul (1904- 1984) expresaban sentimientos
de pertenencia y lealtad a Iraq, supaís de
origen, y a la cultura árabe. Todos ellos afirmaban ser primero árabes, y en
segundo lugar judíos.
Reuven Snir, en un estudio publicado por la
Universidad de Haifa con el título de Si
te olvido, oh Bagdad: la desaparición de la identidad y la cultura árabe-judía,
cita las palabras de Mar-Morestein,
que era director de la escuela judía Chammas en Bagdad: "Estamos unidos a nuestra patria, nuestras tradiciones, nuestros
mausoleos y profetas. No los dejaremos para comenzar una nueva vida como
emigrantes viviendo en campamentos en Israel donde nadie aprecia a los judíos
orientales". Cuenta también cómo el administrador británico en el Mandato
de Mesopotamia después de la Primera Guerra Mundial entrevistó a los líderes
judíos iraquíes y a continuación envió un informe a Londres diciendo que "Abandonar Iraq para incorporarse a los
kibutz israelíes es lo último que se le pasa por la cabeza a los judíos. Dicen
que Palestina es un país pobre en comparación con Iraq, que es el Edén. De los
británicos solo queremos que nos instalen un buen gobierno aquí".
Por otro lado, el líder espiritual de los judíos
iraquíes, el rabino Sasson Khadouri (1880-1971) luchó duramente contra el
sionismo durante años y se puso en contra de sus actividades y sus intenciones
en Iraq. Pretendía tener alejada a su comunidad de este movimiento racista y
colonialista y del daño que estaba causando en Palestina. Khadouri pudo
resistir durante largo tiempo los intentos del sionismo de someter a los judíos
iraquíes gracias en parte a la tendencia comunista dentro de la comunidad judía
de Iraq. Muchos de sus miembros eran jóvenes y con buena formación cultural. No
eran los únicos que rechazaban el sionismo, lo mismo hacían los hombres de
religión. El citado rabino llegó incluso a solicitar a los pocos judíos
iraquíes próximos a la ideología sionista y miembros de organizaciones
sionistas secretas que cesaran sus actividades, entregaran sus armas a las
autoridades y abandonaran Iraq. Incluso cuando la ONU dividió el territorio
palestino en 1947, publicó un manifiesto en el que rechazabala idea de la partición de Palestina apoyandola postura árabe respecto a este tema. Animaba
también a los judíos a participar con el resto de los iraquíes en las
manifestaciones en contra dicha división. En 1949, en medio del caos de las
revueltas y la búsqueda de elementos sionistas por la policía iraquí, Khadouri
fue agredido físicamente y acusado de ser traidor de su comunidad. Se vio
obligado a dimitir y le sucedió un nuevo rabino quefue
manipulado por los sionistas.
Pero no todo fue de color rosa. En febrero del
año 1941 varios oficiales del ejército iraquí ideológicamente próximos a
la Alemania nazi y liderados por Rashid Ali al-Gilani dieron un golpe
de Estado,
lo cual hizo que tanto Abdelilah, Regente y tío del rey Faysal II, como
el
primer ministro, Nuri Said, máximas autoridades del gobierno de Iraq
protegido
por Gran Bretaña, escaparan a Transjordania. Churchill, primer ministro
británico, decidió en el mes de mayo del mismo año invadir Iraq para
restablecer al gobierno amigo. Muchos judíos iraquíes, preocupados por
lo que
estaba sucediendo en Alemania a manos de Hitler con sus feligreses,
salieron
manifestándose a favor de la vuelta de los amigos del gobierno
británico.
Sectores de la sociedad iraquí consideraron a aquellos judíos como
cómplices y
agentes de Gran Bretaña y así algunos grupos espontáneoscomenzaron a atacar y saquear las viviendas y los bienes de
familias judías de Bagdad. Este hecho, que duró dos días, fue bautizado con el
nombre de Farhud (saqueo) dejando también un centenar de víctimas entre
la comunidad judía de laciudad. Fueron hechos
lamentables fruto del vacío de poder que el sionismo aún utiliza y califica
como campaña sistemática y antisemita contra los judíos de Iraq. Es cierto
también que aquellos acontecimientos provocaron la desconfianza y el miedo de
la comunidad judía y el temor por su futuro en este país. A raíz de estos actos
se fundó la Organización Sionista Secreta para trabajar en Iraq. Era una
organización armada y muchos de sus miembros se camuflaban vistiéndose como
soldados británicos cuyo cometido era convencer u obligar a los judíos iraquíes
a abandonar el país y emigrar a Palestina.
La Nakba palestina, los crímenes del sionismo y la
ocupación sistemática de los territorios con el apoyo de Gran Bretaña
provocaron el rechazo y los sentimientos contrarios al sionismo y a la postura
británica entre los iraquíes. Todo esto tuvo su repercusión sobre la comunidad
judía iraquí, que se convirtióen sospechosa a
pesar de no comulgar con el sionismo. Entre marzo de 1950 y enero de 1951
tuvieron lugar en Bagdad unos ataques anónimos y sospechosos contra objetivos
judíos. Según muchos testimonios, fueron obras del Mosad. Bombas en los cafés
que frecuentaban los judíos y octavillas amenazantes contra ellos. A finales de
1951 dos judíos -Yusuf Basri y Shlomo Saleh-, pertenecientes a la Organización
Sionista Secreta, fueron detenidos y acusados de cometer actos violentos contra
la comunidad judía. Fueron juzgados y ejecutados. Ante esta difícil situación,
el Parlamento iraquí promulgó la ley de la "renuncia a la nacionalidad", que
permitía a los judíos iraquíes abandonar definitivamente Iraq y de forma legal
a cambio de firmar un documento de renuncia a su nacionalidad iraquí. Aquella
ley concedía el plazo de un año a los interesados para pensarlo y decidir. La
ley no tenía razón de ser si no fuera porque Gran Bretaña, que dominaba y
manejaba al gobierno iraquí, pretendía que los judíos fueran a Israel para
satisfacer los deseos del sionismo.
Los judíos de origen iraquí y los judíos árabes en
general, como el conjunto de los ciudadanos de Israel, fueron sometidos a lo
largo de la historia de este país a un lavado de cerebro. En cuanto a su
postura de la ocupación de Palestina, muchos están a favor de la mano dura y la
expulsión de los palestinos de sus casas rechazando cualquier acuerdo de paz
con ellos. Uno de sus representantes podría ser el actual ministro de seguridad
Itamar Ben-Gvir, judío de origen iraquí y uno de los halcones del gobierno de
Netanyahu. ¿Podemos entender acaso esta actitud, la de los judíos orientales
hacia Palestina, como una reacción al rechazo que sufren en la sociedad israelí
y para sentirse realizados social y políticamente? No es descartable.
No
quiero repetir lo obvio. Ya entienden por qué ardió Gaza, y por qué
nadie intervino. Ese fue el preludio de lo que está por venir. Ese fue
el despeje necesario del terreno previo a la entrada de la
infraestructura. Lo que importa ahora es el próximo cuarto de siglo.
Porque la Pax Judaica no es el clímax de la destrucción, es la
administración que le sigue.
Permítanme
exponerlo más despacio. El imperio en el siglo XXI no es territorial;
es rendimiento. Es la soberanía sobre los corredores. La ruta de Ben-Gurion no es una victoria simbólica, es singularidad logística.
Aquél que administre la nueva conexión Océano Índico-Mediterráneo se
convertirá, por definición, en el árbitro de la circulación global.
Entonces, ¿cómo serán los próximos 25 años una vez consolidada esa autoridad de ruta? Ni mesianismo, ni ideología, ni celebración, solo puertos.
Puertos que nunca duermen. Puertos que nunca piden permiso. Puertos que
no negocian seguridad, pertenencia ni agravios. Puertos que solo
verifican, registran y despachan.
Cuando
un corredor reemplaza a Suez, el mundo no celebra. El mundo calibra.
Los mercados de seguros reevaluan el riesgo del transporte marítimo.
Consorcios del Golfo reconectan terminales de combustible. India acelera
las cuotas de exportación de mano de obra. China extiende las licencias
de vigilancia con IA. Estados Unidos finge pérdida de memoria moral.
Todos participan porque todos quieren un pasaje. Eso es lo que PAX
significa aquí. No paz, sino flujo. Entonces, ¿quién vive dentro de este
fluir?
Ni israelíes, ni palestinos, ni
estadounidenses, ni egipcios, ni jordanos, sino trabajadores migrantes
que no son ciudadanos del pasaje que mantienen. Millones en las próximas
dos décadas:
-India para el trabajo pesado en los puertos.
-Filipinas para el mantenimiento médico de atención y custodia.
-China para la construcción.
-Vietnam para las tripulaciones rotativas de los muelles.
-Eratri y Pakistán para las brigadas de mantenimiento secundario.
No
protestarán porque no pueden. No están allí para pertenecer. Están allí
para que el flujo continue. Permítanme reformularlo. Pax Judeaica no
necesita lealtad. No necesita devoción patriótica. Necesita cuerpos
predecibles. Sin bagajes, sin votos, tranquilos.
Si
Suez era un cuello de botella del imperio, Ben-Gurion es el torrente
sanguíneo. La hemodinámica de la materia, no mapas [es lo que importa]. Y
eso es más difícil de derrocar porque no se puede bombardear la
circulación sin destruir el propio programa de importación. Así que el
gran genio geopolítico del corredor no es la coerción, sino la
necesidad. Se usará porque se debe hacer. Ahora bien, ¿qué impone esta
necesidad? Ni soldados, ni banderas, ni heroicos mitos bélicos, sino la
adjudicación por IA. Así es como se ven los años si los dividimos
claramente.
De 2030 a 2035:
aseguramiento
del armazón, finalización del hormigón, de la terminal oriental,
calibración de la toma de aguas profundas, Mar Rojo Mediterráneo,
Comienza el arbitraje de seguros. Suez se deprecia, pero
no colapsará. Se abrirán los primeros acuerdos de rotación laboral. Ninguna indignación, solo grúas.
De 2035 a 2040:
Integración
de la vigilancia. Etiquetado biométrico en todos los nodos de entrada.
Seguimiento de salarios mediante microchip para trabajadores no
ciudadanos. Barcos contenedores del océano Índico redirigidos por
mandato actuarial. Salas de logística con IA china integradas en todo el
software de la estación de descarga. En este punto, la Pax Judaica
dejará de ser nacional. Se convertirá en pura infraestructura.
De 2040 a 2045.
Disolución
de la soberanía. Egipto se convierte en un protectorado [ya
prácticamente lo es]. Jordania, una zona de amortiguación y de
recopilación de datos. Chipre se reconvertirá en muelle de contingencia
naval. Arabia Saudita da luz verde a los corredores de transferencia de
trabajadores bajo inmunidad tecnológica. Y todos contentos porque todos
se benefician. No de forma limpia, ni ética, sino fiable.
De 2045 a 2050.
Silencio
sepulcral. No hay guerra que protestar, solo retrasos en las rutas. La
gente solo protestará por el daño moral. Nadie protestará por el envío
incorrecto de cobalto. Así que para 2050, Gaza no estará reconstruida.
Gaza será reemplazada por una ciudadela comercial transnacional,
soberana; solo para circular, no vivir. Buscarán Palestina en los
mapas... y solo encontrarán puertos.
Permítanme
suavizar eso: Gaza no será borrada, no será olvidada, sino reemplazada
por la utilidad. La infraestructura hace que la memoria sea inviable. El
mundo no olvidará Palestina por malicia, sino por el cumplimiento de
horarios. Esa es la crueldad de la logística. Desplaza la historia no
prohibiéndola, sino funcionando más allá de ella.
Ahora
agreguemos la capa de servicios de inteligencia, porque importa. La Pax
Judaica no se basa en un mero corredor. Es un corredor más las redes de
custodia de élites. El Mossad no sería una agencia de espionaje en este
contexto. Es un sistema de garantía global de la integridad del
corredor. Multimillonarios de Silicon Valley, dinastías del Golfo,
financieros chinos... todos confían su continuidad a un trasiego
ininterrumpido. Por eso las denuncias terminan en los micrófonos. El
capital no trafica con el dolor. El capital trafica con la velocidad.
El
modelo de Epstein no fue una vergüenza, sino que era la arquitectura
misma. Mostró cómo las élites funcionan, no moral, ni culturalmente,
sino logísticamente. Todos deben pasar por los mismos puertos de
prestigio. Así que todos están vinculados.
Siguiente
capa: cumplimiento multipolar. La gente piensa que los ladrillos se
resistirán a la Pax Judaica. No, los BRICS se integrarán, porque las
rutas alternativas son demasiado caras. Rusia obtiene corredores
energéticos a través de la zona. China obtiene contratos de construcción
y participaciones accionariales silenciosas en el control del puerto
con IA. Las monarquías del Golfo obtienen personal aduanero.
Laurent Lévy publie aux éditions Arcane 17 un livre passionnant
sur l’élaboration, la mise en œuvre et l’échec, dans les années 1970,
d’une stratégie de « voie démocratique au socialisme » par le PCF : Histoire d’un échec : la stratégie « eurocommuniste » du PCF (1968-1978).
Nous donnons ici à lire de larges extraits de la partie de l’ouvrage
consacrée à l’abandon en 1976, lors du XXIIe Congrès de ce parti, de
l’expression « dictature du prolétariat ».
Laurent Lévy, Histoire d’un échec : la stratégie « eurocommuniste » du PCF (1968-1978), Arcane 17, 2025, 280 p.
Le cœur du XXIIe Congrès est […] de tracer les grandes
lignes de ce que serait le socialisme pour la France et les moyens d’y
parvenir. Mais ce qui en sera retenu comme étant le plus spectaculaire –
tant pour les observateurs extérieurs que dans la mémoire du parti
communiste lui-même – sera un point à bien des égards anecdotique, mais
qui réfracte plusieurs questions fondamentales. Ce sera […] ce qui
donnera au congrès son plus grand retentissement : « l’abandon de la
dictature du prolétariat ».
Bien que cette question presque symbolique ait ainsi été au cœur de la réception du XXIIe
Congrès, elle n’en constituait pas l’essentiel : ces mots étaient
absents de ses textes préparatoires, cela n’était donc, par hypothèse,
pas l’objet de la discussion prévue. Elle ne surgira que lorsque la
plupart des assemblées de cellules et bon nombre des conférences de
sections, et donc la discussion par la base communiste du projet de
résolution, auront eu lieu. Lors de la discussion par le Comité central
de l’avant-projet du texte à soumettre au congrès, aucune intervention
n’y avait souligné – pour l’approuver ou pour la désapprouver –
l’absence de l’expression « dictature du prolétariat ».
Il y avait d’ailleurs bien longtemps que le PCF ne l’utilisait plus
dans sa littérature, et sa disparition aurait parfaitement pu passer
aussi inaperçue que celle de « démocratie avancée ». On en trouvait
certes […] une occurrence dans le Manifeste de Champigny, au
terme d’un bref développement insistant sur le caractère démocratique et
temporaire de ce qui était ainsi désigné, mais elle n’était jamais
mobilisée dans les textes du Parti. En 1973, Le Défi démocratique
ne l’employait pas, et personne ne s’était ému de cette absence. […]
L’idée d’un abandon exprès avait déjà été formulée à deux reprises au
sein du Comité central, sans susciter de réaction : en 1974 par Henri
Fiszbin et en 1975 par Pierre Juquin.
Plus de trente ans plus tard, Charles Fiterman dira de cette notion :
« Elle constituait une sorte d’icône sur la cheminée dont il fallait se
débarrasser pour donner tout son sens à la démarche engagée »[1]. Et de fait, avant même d’être explicitement abandonnée, l’expression « dictature du prolétariat » avait de facto disparu. François Hincker, revenant un an plus tard sur cet « abandon », remarquera non sans pertinence :
« Il s’est creusé ainsi un écart béant entre ce qui était appris dans
les écoles du Parti – où la dictature du prolétariat tenait toujours
une certaine place – et la pratique politique où elle était
rigoureusement hors du champ non seulement des préoccupations
immédiates, mais aussi de l’horizon à atteindre. Le XXIIe Congrès a fait coïncider la théorie et la pratique[2]. »
L’absence de l’expression « dictature du prolétariat » dans le projet
de résolution n’était, cela dit, pas pour autant le simple résultat de
sa tombée en désuétude. Elle avait même, comme le racontera Pierre
Juquin, été soulignée par Jean Kanapa lorsqu’il avait présenté à la
commission chargée de le mettre au point la trame qu’il en avait
rédigée : « On pourrait même se poser – je ne propose pas d’en parler
maintenant – la question de la « dictature du prolétariat ». » Sa
remarque avait suscité le désaccord de plusieurs membres de la
commission, dont René Andrieu. Le silence du projet de résolution est
ainsi le fruit d’un compromis : pas d’emploi des mots « dictature du
prolétariat », mais pas d’abandon explicite. C’est au cours des débats
ultérieurs, dans les mois qui suivent, que le silence sera levé.
L’un des aspects remarquables de cet « abandon » est la manière dont
il a été proposé : au cours d’une émission de télévision, en réponse à
la question d’un journaliste. Cette question ne tombait pas du ciel :
elle faisait référence à une contribution en ce sens, parue le jour même
dans la tribune de discussion ouverte pour le congrès dans L’Humanité. Et cette contribution avait été suscitée par Pierre Juquin, qui regrettait le compromis du silence.
Il avait saisi l’occasion d’un débat organisé dans le cadre de la
préparation du congrès dans une ville de province, au cours duquel un
militant avait émis l’idée qu’il serait « illogique » de prétendre
accorder l’orientation de la résolution avec la « dictature du
prolétariat », pour lui suggérer de reprendre son raisonnement dans une
contribution écrite – qu’il se chargea de faire publier dans L’Humanité
le 7 janvier, jour où Georges Marchais était invité sur Antenne 2. Rien
n’était laissé au hasard : l’attention des journalistes avait été
attirée sur cette contribution particulière, et loin d’être pris au
dépourvu, le secrétaire général avait bien préparé sa réponse : « Eh
bien, oui, prolétariat, c’est trop étroit ; dictature, ça fait peur. Ce camarade a raison ! »
C’est ainsi cette réponse qui, d’une certaine façon, ouvrait le débat
et y mettait fin d’un même mouvement, compte tenu du poids que les
traditions du parti communiste donnent à la parole du secrétaire
général : les contributions sur cet abandon vont, après cette
déclaration publique, se multiplier dans la tribune de discussion et
dans la presse du Parti, et le 16 janvier 1976, le Comité central y
reviendra longuement dans une discussion à laquelle participent
plusieurs de ses membres, de toutes les générations. D’entrée de jeu,
toutefois, la ligne y est donnée, et c’est dans le rapport qu’il
présente lors de cette réunion que Georges Marchais l’affirme dans des
termes qui ne souffrent guère la discussion : « Le principe de la
dictature du prolétariat sera abandonné par décision du congrès. Le
projet de résolution sera amendé dans ce sens ».
Dans la discussion qui s’ensuit, François Billoux, ancien dirigeant
du Parti, proche de Thorez depuis la fin des années 1920, ministre à la
Libération, affirme que « la dictature du prolétariat ne correspond plus
à une réalité moderne », Henri Fiszbin voit un avantage politique à
l’abandon (sans rappeler qu’il avait déjà en vain exprimé cette idée),
en estimant qu’il permettra « de rallier un maximum de gens à l’union et
au PCF », Paul Boccara soutient l’abandon « du point de vue de la
théorie marxiste », Henri Krasucki considère la notion de dictature du
prolétariat « dépassée, parce que trop étroite » et « ne correspondant
plus à une réalité actuelle. » Outre le mot « dictature », celui de
« prolétariat » fait l’objet de remarques de la part de plusieurs
intervenants.
Réticences internes
Dans un rapport présenté le 22 janvier devant le Bureau politique,
Jean Kanapa avait fait le point de la discussion sur cette question dans
le Parti :
« Au niveau de la tribune, et compte tenu de ce que ce sont surtout
les « pas d’accord » qui écrivent le plus spontanément, nous comptions
hier matin 43 lettres pour le maintien de la dictature, 22 pour
l’abandon, 10 hésitants. Compte tenu de ce que j’ai dit, la proportion
est excellente. Naturellement, elle va se modifier au profit de ceux qui
veulent le maintien – puisque, déjà depuis une semaine, ce sont surtout
ceux qui ont été battus dans leur conférence de section ou fédérale qui
écrivent là-dessus comme un recours, d’ailleurs normal.
Au niveau des conférences fédérales, par contre, l’accord est unanime
au moment du vote. Plusieurs conférences jugent nécessaire de le
signaler dans leur résolution. […] Au cours des conférences de sections
et fédérales, quelques camarades […] souhaitent qu’on leur explique
clairement que le Parti ne renonce pas à son caractère révolutionnaire,
qu’il est bien résolu à lutter pour le socialisme, que la classe
ouvrière a bien le rôle dirigeant, qu’elle défendra son nouveau pouvoir.
Si ceci est bien expliqué, ils font confiance au Parti. Ceux qui
restent irréductiblement attachés à la dictature du prolétariat sont en
définitive très peu nombreux, et ils n’en font pas une question pour
leur appartenance au Parti, pour leur confiance dans le Parti. On peut
donc parler d’un accord quasi unanime. […] La discussion aura permis un
progrès important de l’assimilation de la politique du Parti pour la
masse du Parti (membres et cadres). C’est ce que nous voulions. »
Plusieurs passages de ce rapport méritent attention, car entre les
lignes, ils disent beaucoup sur le fonctionnement du Parti et la manière
dont la direction l’envisage. Le fait que deux fois plus de
contributions adressées à la direction pour la tribune de discussion
sont hostiles plutôt que favorables à l’abandon apparaît à Kanapa comme
de peu de signification, au motif que c’est généralement pour exprimer
un désaccord que l’on prend sa plume, et la proportion lui semble ainsi
encourageante.
Lorsqu’il évoque l’accord unanime, ou quasi unanime dans les
conférences fédérales, la manière presque paternaliste dont il parle des
militants est frappante : « ils souhaitent qu’on leur explique… », et
une fois qu’on l’a fait, « ils font confiance au Parti ». On ne peut
mieux exprimer le caractère descendant de la réflexion sur
cette question. Pire en un sens, pour une discussion de congrès, son
objectif déclaré semble être « l’assimilation de la politique du Parti
pour la masse du Parti (membres et cadres) », bien plus que son
élaboration.
L’abandon
Devant le congrès lui-même, le secrétaire général présente ainsi cet « abandon » :
« Si la « dictature du prolétariat » ne figure pas dans le projet de
document pour désigner le pouvoir politique dans la France socialiste
pour laquelle nous luttons, c’est parce qu’elle ne recouvre pas la
réalité de notre politique, la réalité de ce que nous proposons au pays.
[…] :
– Le pouvoir qui conduira la transformation socialiste de la société
sera le pouvoir de la classe ouvrière et des autres catégories de
travailleurs, manuels et intellectuels, de la ville et de la campagne,
c’est-à-dire de la grande majorité du peuple.
– Ce pouvoir se constituera et agira sur la base des choix librement
exprimés par le suffrage universel ; et aura pour tâche de réaliser la
démocratisation la plus poussée de toute la vie économique, sociale et
politique du pays.
– Il aura pour devoir de respecter et de faire respecter les choix démocratiques du peuple.
Contrairement à tout ceci, la « dictature » évoque automatiquement
les régimes fascistes de Hitler, Mussolini, Salazar et Franco,
c’est-à-dire la négation même de la démocratie. […] Quant au
prolétariat, il évoque aujourd’hui le noyau, le cœur de la classe
ouvrière. Si son rôle est essentiel, il ne représente pas la totalité de
celle-ci, et à plus forte raison l’ensemble des travailleurs dont le
pouvoir socialiste que nous envisageons sera l’émanation. Il est donc
évident que l’on ne peut qualifier de « dictature du prolétariat » ce
que nous proposons aux travailleurs, à notre peuple. »
Si l’explication proposée est limpide, on voit qu’elle est purement
rhétorique ; elle tient au sens pris dans l’histoire par chacun des deux
mots qui composent la formule, le mot « dictature » et le mot
« prolétariat », à ce qu’ils évoquent dans le langage commun et non à la
signification que donnait la théorie marxiste classique à l’expression
dans son ensemble. Lénine disait que le plus démocratique des États
bourgeois n’est que la dictature de la bourgeoisie, et que la
dictature du prolétariat serait plus démocratique que la plus
démocratique des démocraties bourgeoises. La théorie marxiste insistait
sur l’articulation dans ce concept d’une théorie de l’État et d’une
théorie des classes sociales.
Tout cela semble oublié, comme semble oubliée la notion de suspension
de la légalité bourgeoise : cela n’est pas l’objet du débat. Quels que
soient ses usages passés, le mot « dictature » est en somme devenu
synonyme de « tyrannie » ou de « despotisme », et le mot « prolétariat »
évoque désormais bien moins que le « peuple », et même que la classe
ouvrière ou les « travailleurs » autour desquels le rassemblement de
l’ensemble des couches sociales dominées par les monopoles capitalistes
doit se faire.
Un point frappant dans cette explication est dans le choix des
régimes politiques évoqués par le mot « dictature ». Georges Marchais
parle des dictatures des régimes fascistes du passé et du présent, mais
pas de celui auquel l’expression « dictature du prolétariat » ferait
spontanément penser les observateurs et les critiques du communisme : la
dictature imposée aux peuples d’Union soviétique après la révolution –
et singulièrement la dictature stalinienne. Alors que le Parti avait
quelques semaines plus tôt reconnu et dénoncé publiquement l’existence
de camps de travail en URSS et la répression des opposants, la chose est
pourtant claire.
Un précédent : 1964
Dans la mesure où le texte soumis à la discussion du congrès ne
comportait pas cette expression, il aurait pu suffire de l’adopter tel
quel, sans l’y insérer. Mais une décision explicite apparaissait
néanmoins nécessaire parce qu’elle figurait dans le préambule des
statuts du Parti adoptés en 1964 au XVIIe Congrès. L’ironie
de cette histoire – qui aurait dû relativiser les enjeux du débat – est
que la discussion avait déjà eu lieu au Comité central qui préparait ce
congrès. Et dès cette époque, même s’il y avait été répondu de façon
différente, la question de cette formule avait été posée dans des termes
assez voisins.
Ainsi, Pierre Villon – ancien dirigeant de la Résistance armée –
avait, à cette époque, proposé d’ajouter, comme le ferait quatre ans
plus tard le Manifeste de Champigny, le mot « provisoire », pour parler d’une « dictature provisoire du prolétariat ». Le XVIIe
Congrès le suivra sur ce point. Bien sûr, cela ne revenait pas à
supprimer l’expression, d’autant que la tradition communiste avait
toujours considéré la dictature du prolétariat comme quelque chose de
provisoire, mais l’insistance sur ce mot signalait le risque qu’elle
soit considérée comme définitive, qu’elle s’identifie avec le socialisme
lui-même ; il y avait donc là, fût-ce involontairement, une critique
implicite du « socialisme existant ».
D’autres allaient plus loin. Marie-Claude Vaillant-Couturier[3],
par exemple, proposait que le mot « dictature » soit simplement
remplacé par le mot « pouvoir ». Il s’agissait alors bien d’un
« abandon » voisin de celui décidé au XXIIe Congrès. Quant à Jeannette
Vermeersch[4],
elle donnait un argument qui anticipait celui donné douze ans plus tard
par Georges Marchais : « Hitler, disait-elle, a déshonoré le terme
dictature ». Elle ajoutait que « cette phase n’est pas obligatoire pour
passer au socialisme », citant en exemple le cas des démocraties
populaires.
On pourrait certes discuter ce dernier point, dans la mesure où si
les « démocraties populaires » dans la forme qu’avait voulu leur donner
Dimitrov[5]
dans l’immédiat après-guerre sous le nom de « démocratie nouvelle »,
étaient en effet censées avancer vers la construction du socialisme sans
« cette phase », cette proposition avait très vite été inversée, et
l’affirmation d’une nécessaire dictature du prolétariat avait été posée
par le Kominform. Mais cette argumentation, qui peut sembler surprenante
dans sa bouche, n’en anticipait pas moins la réflexion du XXIIe Congrès.
L’ironie est portée au carré si l’on songe que ses propos sont en
1964 dirigés contre le rapporteur de la commission des statuts qui n’est
autre que le nouveau secrétaire à l’organisation de l’époque, Georges
Marchais : en présentant son rapport devant le XVIIe Congrès,
celui-ci objectera fermement à une proposition d’amendement dont il
reprendra presque mot pour mot les termes dans sa propre argumentation
devant le XXIIe.
La question n’est finalement tranchée que par l’intervention à
l’appui de ce dernier de Maurice Thorez en personne, le mari de
Jeannette Vermeersch, qui explique alors que « ce serait une faute
politique que de renoncer à la dictature du prolétariat ». Ironie au
cube, Jeannette Vermeersch dénoncera cet abandon trois ans après le XXIIe Congrès, dans un livre consacré à la critique de l’eurocommunisme[6]…
Cette dénonciation exprimera au demeurant une bonne compréhension de ce
que l’abandon signifiait réellement : une démarcation à l’égard du
système soviétique, une volonté de rupture réaffirmée avec le stalinisme
dont elle était notoirement nostalgique.
Longtemps plus tard, pour expliquer « l’abandon » en 2003 par la LCR
de cette même expression, le philosophe Daniel Bensaïd, dirigeant et
principal théoricien de cette organisation, donnera des explications
plus rigoureuses, mais voisines de celles de Jeannette Vermeersch en
1964 et de Georges Marchais en 1976 – mais sans limiter ainsi les
exemples de dictatures :
« Le mot dictature n’avait pas aux XVIIIe et XIXe
siècles le sens absolument péjoratif qu’il a acquis depuis. Chez
Rousseau, par exemple, c’est le mot tyrannie qui joue ce rôle […] Après,
vu ce que sont devenues les dictatures staliniennes et autres, et plus
généralement l’usage du mot dictature au XXe siècle, après Pinochet et Franco, le mot est devenu inutilisable. »
Explications
Lorsqu’il expose brièvement le ressort théorique de son choix, Georges Marchais se réfère aux classiques du marxisme :
« Sur quoi nous fondons-nous pour définir notre position dans cette
question ? Nous nous fondons sur les principes du socialisme
scientifique élaborés par Marx, Engels, Lénine. Il s’agit en premier
lieu de la nécessité pour la classe ouvrière d’exercer un rôle politique
dirigeant dans la lutte pour la transformation socialiste de la
société. […] En second lieu, il s’agit de la nécessité de la lutte
révolutionnaire des masses pour faire échec aux manœuvres de la grande
bourgeoisie. »
En somme, Georges Marchais donne à sa position les raisons qui
expliquent précisément pour les auteurs dont il se prévaut – et
expliquaient pour le Manifeste de Champigny – la nécessité de
la dictature du prolétariat. Quant à l’Union soviétique et son
expérience propre, elle est évoquée par une distance qui n’est pas
théorisée, pour justifier l’abandon par le simple effet du temps
parcouru :
« Dans les conditions de la Russie de 1917, puis de la jeune Union
soviétique, la dictature du prolétariat a été nécessaire pour assurer
avec succès l’édification du socialisme. Il est juste de dire que, sans
elle, la classe ouvrière, les peuples soviétiques n’auraient pu
entreprendre ni défendre l’œuvre libératrice sans précédent qu’ils ont
réalisée. C’est pourquoi les partis communistes, lorsqu’ils se sont
fondés en tirant les leçons de la faillite de la social-démocratie
internationale et de la victoire de la révolution d’Octobre, ont, à
juste titre, dans les conditions de l’époque, adopté ce mot d’ordre. Le
monde a changé. »
On note une confusion dans l’emploi du vocabulaire, où la dictature
du prolétariat est dite « nécessaire » dans un premier temps, ce qui
suppose qu’elle est à tout le moins un ensemble de pratiques, pour être,
quelques lignes plus bas, ramenée à un simple « mot d’ordre ». Cela est
assez significatif du flou théorique dans lequel s’effectue cet
« abandon ». Il y a là une nouvelle illustration du peu de cas parfois
fait de la théorie dans la réflexion politique des dirigeants du parti
communiste, où le choix des mots d’ordre et des slogans compte plus que
le travail des concepts.
Il y a autrement dit dans ces formules un équilibre extrêmement
précaire entre rhétorique et théorie : la question n’est pas posée de ce
qu’avait ou non été la dictature du prolétariat dans la jeune Union
soviétique, ni de ce qu’avait été son devenir. L’idée d’une suspension
de la légalité au profit de la classe ouvrière, de la possibilité de
s’affranchir des normes juridiques dans le combat contre les anciennes
classes dominantes – qui est le cœur de la théorisation léninienne –
n’est pas évoquée. […] Mais cette signification de « l’abandon » n’est
même pas esquissée à l’occasion du XXIIe Congrès. De fait,
cet « abandon » ne porte que sur une seule chose : l’emploi – devenu
quasi inexistant depuis bien longtemps – de cette expression par le PCF.
[…]
Louis Althusser, qui regrettait que l’on prétende « abandonner un
concept comme on abandonne un chien », était au demeurant bien conscient
du caractère rhétorique, plutôt que théorique, de cet « abandon », et
remarquera qu’il est affirmé de façon paradoxale. Selon lui :
« Le parti communiste français vient d’abandonner officiellement, dans son XXIIe Congrès,
la dictature du prolétariat, mais le même congrès a voté à l’unanimité
une résolution qui repose toute entière […] sur la dictature du
prolétariat, il est vrai sans jamais la nommer. »
L’affirmation est un peu péremptoire, et l’on pourrait penser au
contraire que même si la théorisation de l’abandon n’est pas faite, la
stratégie du PCF est désormais – comme le répètent à l’envi les délégués
au congrès abordant cette question – incompatible avec la dictature du
prolétariat y compris dans le sens théorique précis auquel Althusser se
réfère.
Cela dit, lorsqu’il prononce ces mots lors d’une conférence sur la dictature du prolétariat donnée à Barcelone le 6 juillet 1976[7],
Althusser tient à montrer quel était l’enjeu réel de cet abandon, non
pas celui (selon lui impossible) d’un concept, mais celui d’une
référence historique qui a peu à voir avec ce concept : la référence aux
destinées de la pratique du pouvoir par les communistes russes ; la
référence, autrement dit au stalinisme, même s’il n’est pas plus
« nommé » que le concept « abandonné » : c’est-à-dire précisément ce sur
quoi Georges Marchais ne s’exprime pas ici – alors même que son rapport
comporte également une critique de la conception soviétique de la
démocratie.
Enfin et surtout, il soulignera l’impasse théorique qu’il voit dans
cet « abandon », en tentant de restituer le concept dans son cadre pour
montrer que son abandon laisse une place vide qu’il faudra bien remplir
d’une manière ou d’une autre. Il est à noter que parallèlement à cette
conférence, Althusser écrira un long texte, inédit de son vivant, qui
constitue une défense sans ambiguïté du XXIIe Congrès[8]. […]
« À la sauvette »
Il est ainsi permis de douter de ce que, comme l’affirme au congrès
la commission des amendements par la voix de Jean Kanapa, l’absence de
mention de la dictature du prolétariat relevait d’une réflexion faite de
propos délibéré par le Comité central lui-même – dont on ne trouve
d’ailleurs pas trace dans ses travaux avant la déclaration télévisée du
secrétaire général. Cette commission évoque pourtant « la décision
soigneusement pesée du Comité central de ne pas avoir recours à cette
notion », ajoutant :
« Cette façon de faire a favorisé la réflexion individuelle et la
recherche collective, la liberté de la discussion et le rassemblement
des opinions. Et à partir d’un moment, l’intervention du secrétaire
général du Parti a encore – comme l’ont dit les camarades – stimulé,
impulsé, enrichi les discussions. Bien plus : elle a puissamment
contribué à intéresser les masses, l’opinion publique la plus large, à
notre congrès, à notre politique. Non, jamais débat ne fut moins
organisé à la sauvette que celui-là ! Le résultat de ce débat est là,
clair, éloquent, impressionnant : sur 22 705 délégués à nos 98
conférences fédérales, 113 seulement ont voté contre l’abandon de la
dictature du prolétariat et 216 se sont abstenus. »
La présentation du déroulement du débat est ici outrageusement
faussée : comme on l’a vu, aucune discussion sur cette question n’avait
eu lieu avant l’intervention de Georges Marchais à la suite de la
contribution parue à dessein le jour même dans L’Humanité.
Cette intervention n’avait donc pas « enrichi » la discussion, mais
l’avait à la fois, comme on l’a dit, ouverte et refermée – à un moment
où la préparation du congrès tirait à sa fin, si bien que presque aucune
cellule, presque aucune section n’avait été en mesure de discuter cette
question.
En réalité, il est clair que d’un point de vue théorique, cet
« abandon » s’est bien fait « à la sauvette » ; il ne repose sur aucune
réflexion précise sur le sens qu’avait, dans la théorie ou dans la
pratique des révolutions du passé, la dictature du prolétariat. Rien
pour dire si c’est sur le fond ou seulement dans le vocabulaire qu’a
lieu cet « abandon ». Rien sur la théorie de l’État, de sa destruction
puis de son dépérissement, que soutient ce concept et dans laquelle il
prend place.
Il est par contre exact – et tel était sans doute le véritable
objectif de cette opération – que cette question a « puissamment
contribué à intéresser » l’opinion publique aux travaux du XXIIe
Congrès. Georges Labica pourra ainsi écrire : « L’expulsion de la
dictature du prolétariat réussit ce miracle : nous faire entrer dans
l’avenir en nous dispensant de faire le bilan du passé[9]. »
Notes
[1] Cité par Frédéric Heurtebize, in Le péril rouge, PUF, 2014. Entretien avec Charles Fiterman du 6 février 2009.
[2]La Nouvelle Critique, avril 1977, Une conception résolument anti-étatiste : « Les communistes et l’État ». Entretien de Béatrice Henry et Olivier Schwartz avec François Hincker et Lucien Sève, page 10.
[3]
Militante très populaire dans le Parti, veuve de Paul
Vaillant-Couturier, résistante, déportée à Auschwitz en même temps que
Danielle Casanova et témoin au procès de Nuremberg. Elle était l’épouse
de Pierre Villon.
[4]
Épouse de Maurice Thorez, alors membre du Bureau politique, connue pour
son soutien intransigeant à l’Union soviétique et son attachement aux
traditions ouvriéristes. Elle démissionnera de la direction en 1968,
pour manifester son désaccord avec la condamnation par le PCF de
l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie.
[5] Prestigieux dirigeant communiste bulgare, ancien secrétaire général du Komintern.
[6] Jeannette Thorez-Vermeersch, Vers quels lendemains ? : De l’internationalisme à l’eurocommunisme, Hachette, 1979.