Article épinglé

dimanche 31 août 2025

EXTRAITS À COMPLÉTER: Écologie, psychogéographie et transformation du milieu humain (Guy Debord, 1959)

 SOURCE: Guy Debord, Œuvres, Quarto Gallimard, 2006, pp. 457-462.
 
Écrit au bas du manuscrit, resté inédit: 
"Notes envoyées à Constant, sans doute vers le printemps 59".
 
 
 
1

LA PSYCHOGÉOGRAPHIE est la part du jeu dans l’urbanisme actuel. À travers cette appréhension ludique du milieu urbain, nous développerons les perspectives de la construction ininterrompue du futur. La psychogéographie est, si l’on veut, une sorte de « science-fiction », mais science-fiction d’un morceau de la vie immédiate, et dont toutes les propositions sont destinées à une application pratique, directement pour nous. Nous souhaitons donc que des entreprises de science-fiction de cette nature mettent en question tous les aspects de la vie, les placent dans un champ expérimental (au contraire de la science-fiction littéraire — ou du bavardage pseudo-philosophique qu’elle a inspiré — qui, elle, est un saut, simplement imaginaire, religieux, dans un avenir si inaccessible qu’il est détaché de notre propre monde réel autant qu’a pu l’être la notion de paradis. Je n’envisage pas ici les côtés positifs de la science-fiction, par exemple comme témoignage d’un monde en mouvement ultra-rapide.).

 

2

Comment peut-on distinguer la psychogéographie des notions voisines, inséparables, dans l’ensemble du jeu-sérieux situationniste ? C’est-à-dire les notions de psychogéographie, d’urbanisme unitaire et de dérive ?

Disons que l’urbanisme unitaire est une théorie — en formation — sur la construction d’un décor étendu. L’urbanisme unitaire a donc une existence précise, en tant qu’hypothèse théorique relativement vraie ou fausse (c’est-à-dire qui sera jugée par une praxis).

La dérive est une forme de comportement expérimental. Elle a aussi une existence précise comme telle, puisque des expériences de dérive ont été effectivement menées, et ont été le style de vie dominant de quelques individus pendant plusieurs semaines ou mois. En fait c’est l’expérience de la dérive qui a introduit, formé, le terme de psychogéographie. On peut dire que le minimum de réalité du mot psychogéographique serait un qualificatif — arbitraire, d’un vocabulaire technique, d’un argot de groupe — pour désigner les aspects de la vie qui appartiennent spécifiquement à un comportement de la dérive, daté et explicable historiquement.

La réalité de la psychogéographie elle-même, sa correspondance avec la vérité pratique, est plus incertaine. C’est un des points de vue de la réalité (précisément des réalités nouvelles de la vie dans la civilisation urbaine). Mais nous avons passé l’époque des points de vue interprétatifs. La psychogéographie peut-elle se constituer en discipline scientifique ? Ou plus vraissemblablement en méthode objective d’observation-transformation du milieu urbain ? Jusqu’à ce que la psychogéographie soit dépassée par une attitude expérimentale plus complexe — mieux adaptée —, nous devons compter avec la formulation de cette hypothèse qui tient une place nécessaire dans la dialectique décor-comportement (qui tend à être un point d’interférence méthodique entre l’urbanisme unitaire et son emploi).

 

3

Considérée comme une méthode provisoire dont nous nous servons, la psychogéographie sera donc tout d’abord la reconnaissance d’un domaine spécifique pour la réflexion et l’action, la reconnaissance d’un ensemble de problèmes ; puis l’étude des conditions, des lois de cet ensemble ; enfin des recettes opératoires pour son changement.

Ces généralités s’appliquent aussi, par exemple, à l’écologie humaine dont l’« ensemble de problèmes » — le comportement d’une collectivité dans son espace social — est en contact direct avec les problèmes de la psychogéographie. Nous envisageons donc les différences, les points de leur distinction.

 

4

L’écologie, qui se préoccupe de l’habitat, veut faire sa place dans un contexte urbain à un espace social pour les loisirs (ou parfois, plus restrictivement, à un espace urbaniste-symbolique […]

 

 

vendredi 29 août 2025

De Gaza au Donbass : comment Israël et l’Ukraine ont construit une machine de guerre fasciste et transnationale

Par Sarah B. – 20 août 2025

De Bandera à Ben Gourion, un nouvel axe de suprématie ethnique s'élève, alimenté par le soutien américain. Mêmes armes. Mêmes drapeaux. Même idéologie. Gaza et le Donbass ne sont pas des guerres distinctes. Elles forment une seule et même machine.

Français Le lien Ukraine-Israël : des alliances pragmatiques entre paradoxes et défis communs
De Bandera à Ben Gourion, les échos du renouveau ethno-nationaliste résonnent dans les trajectoires modernes de l'Ukraine et d'Israël, deux États forgés par la guerre, endurcis par des mentalités de siège et alimentés par des récits historiques de luttes existentielles. Mais ces similitudes ne sont pas le fruit d'un développement parallèle. Elles reflètent un alignement croissant façonné par des adversaires communs comme la Russie et l'Iran, soutenus et négociés par les mêmes mécènes occidentaux.

jeudi 28 août 2025

L’État profond des géants de la Tech

La technologie numérique a été présentée comme un outil libérateur capable de soustraire les individus au pouvoir de l’État. Pourtant, l’appareil sécuritaire de l’État a toujours eu un point de vue différent – et aujourd’hui, il reprend le contrôle de sa propre création.

Source : Jacobin, Paolo Gerbaudo
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 
Adam Goldstein, PDG d’Archer Aviation Inc. (à gauche), et Alexander Karp, PDG de Palantir Technologies Inc., lors de la conférence AIPCon à Palo Alto, en Californie, le 13 mars 2025. (David Paul Morris / Bloomberg via Getty Images)

Dans les années 1990, marquées par le néolibéralisme effréné, le techno-optimisme a atteint des sommets embarrassants. Imprégnés de l’imaginaire futile de ce que Richard Barbrook a qualifié « d’idéologie californienne », les travailleurs du secteur technologique, les entrepreneurs et les idéologues techno-visionnaires ont identifié la technologie numérique comme une arme de libération et d’autonomie personnelle. Cet outil, proclamaient-ils, permettrait aux individus de vaincre le Goliath honni de l’État, alors largement dépeint comme le géant défaillant du bloc soviétique en pleine implosion.

Pour quiconque ayant une connaissance superficielle des origines de la technologie numérique et de la Silicon Valley, cela aurait dû être, dès le départ, une croyance risible. Les ordinateurs étaient le produit des efforts de guerre du début des années 1940, développés comme moyen de décoder les messages militaires cryptés, avec la célèbre participation d’Alan Turing à Bletchley Park.

ENIAC, ou Electronic Numerical Integrator and Computer, considéré comme le premier ordinateur polyvalent utilisé aux États-Unis, a été développé pour effectuer des calculs d’artillerie et faciliter la mise au point de la bombe à hydrogène. Comme l’a tristement fait remarquer G. W. F. Hegel, la guerre est l’Etat dans sa forme la plus brutale : l’activité dans laquelle la puissance d’un État est mise à l’épreuve face à celle d’autres États. Les technologies de l’information sont devenues de plus en plus centrales dans cette activité typiquement étatique.

Certaines personnes croient peut-être encore au mythe selon lequel la Silicon Valley serait née naturellement de hackers soudant des circuits dans leurs garages. Mais la réalité est qu’elle n’aurait jamais vu le jour sans le soutien infrastructurel de l’appareil de défense américain et ses marchés publics garantissant la viabilité commerciale de nombreux produits et services que nous considérons aujourd’hui comme acquis. Cela inclut Internet lui-même, avec la Defense’s Advanced Research Projects Agency ou DARPA (Agence pour les projets de recherche avancée de défense) chargée de développer la technologie de commutation par paquets qui sous-tend encore aujourd’hui l’architecture de communication du web.

C’est vrai : à partir de cette incubation dans le secteur militaire, la Silicon Valley a progressivement évolué pour se concentrer principalement sur des applications civiles, des réseaux sociaux et le commerce électronique aux jeux vidéo, à la cryptographie et à la pornographie. Mais elle n’a jamais rompu ses liens avec les appareils de sécurité. Les révélations d’Edward Snowden en 2013 sur le programme Prism ont mis au jour une coopération profonde et presque inconditionnelle entre les entreprises de la Silicon Valley et les appareils de sécurité de l’État, tels que l’Agence nationale de sécurité (NSA). Les gens ont pris conscience que pratiquement tous les messages échangés via les grandes entreprises technologiques telles que Google, Facebook, Microsoft, Apple, etc. pouvaient être facilement espionnés grâce à un accès direct par une porte dérobée : une forme de surveillance de masse sans précédent par son ampleur et son omniprésence, en particulier dans les États démocratiques. Ces révélations ont suscité l’indignation, mais la plupart des gens ont finalement préféré détourner le regard de cette vérité dérangeante qui avait été mise à nu.

Les technologies vendues comme des outils de libération et d’autonomie se révèlent être des moyens de manipulation, de surveillance et de contrôle hiérarchique.

 

Question juive, problème arabe (1798-2001) : une synthèse de la question de Palestine, par Henry Laurens


 

mardi 26 août 2025

Guy Debord: "Deux notes inédites sur l'architecture" (1959)

 SOURCE: Guy Debord, Œuvres, Quarto Gallimard, 2006, p. 497.

Réflexions sur l'architecture

Amsterdam 29 mai-2 juin 59 

1

Le problème de l'architecture n'est pas d'être vu du dehors, ni de vivre dedans. Il est dans le rapport dialectique intérieur-extérieur, à l'échelle de l'urbanisme (maison-rues) et à l'échelle de la maison (intérieur-extérieur).

2

Toutes les façades de la maison déterminent un "espace clair" dont la fonction est de jouer sur la contradiction ouverture-fermeture.

3

Construire toute une ville pour y faire l'amour à une seule fille, quelques jours.

4

La notion de "chambre de rue" (H.O.) renverse la fausse distinction des ambiances ouvertes et fermées. L'ambiance fermée elle-même s'ouvre sur l'ambiance ouverte (que des ambiances fermées délimitent).

Har Oudejans, un des deux architectes hollandais – l'autre étant Anton Alberts – qui avaient rejoint l'I.S. en mars 1959 (un an plus tard, ils furent exclus pour avoir accepté de construire une église à Volendam). 

 

Sur le complexe architectural

Cf. Ors. L'attitude baroque (= contradiction) par excellence c'est vouloir à la fois suivre la procession et la regarder passer (être dans la maison et la voir – depuis une maison annexe).

Eugeno d'Ors, Du Baroque. 

 

 

dimanche 10 août 2025

Quelques cocktails situationnistes

Extrait d'une lettre de Guy Debord à Ivan Chtcheglov du 9 août 1963:

 

Voici, retrouvés dans une note d’époque – dont l’écriture était fortement tremblée – quelques cocktails que nous avons nommés et bus vers le début de 1954 :
 
le Déséquilibré : 2 rhums, 1 Ricard.
Il existe aussi (plutôt même) sous la forme du Double-déséquilibré.
 
La Première communion : 1 Raphaël, 1 kirsch (pour petites filles). Pour exclus ou crypto-troubles comme Conord – un ou deux inventés justement à l’usage de celui-là :
la Douce exclusion : 1 café + 1 Raphaël,
et le Dernier espoir : 1 munich, 1 Suze.
 
D’autre part, nous appréciions nous-mêmes :
le Trafic d’influence : 1 Phœnix, 1 mascara, 1 Raphaël, et la Parfaite délinquance : 3 rhums, 1 Raphaël, 1 Pernod, 1 chartreuse, 1 kirsch, 1 vin blanc.
 
Et oui, l’humour n’a pas manqué. L'aventure... Voilà pourquoi aujourd’hui nous sommes si intelligents.
 
 
(“Mort de J.H. ou Fragiles tissus”. Credit: Guy Debord)
 
 
 

De l'écriture métagraphique à la supertemporalité situationniste


La supertemporalité situationniste, qu'elle que soit l'amorce, littéraire ou filmique, est, par nature, expansive.

Exemple, ici, avec Histoire des gestes de Guy Debord (qui signe Guy-Ernest). 

Ce roman "tridimensionnel" pourrait tout autant s'appeler supertemporel, l'aventure à suivre est la même, au gré du lecteur (et du spectateur) créateur: l'amorce part de l'écriture métagraphique – les collages sur des bouteille de rhum –, après à chacun son labyrinthe.

 

Extrait d'Internationale lettriste, nº 3, août 1953 

La Petite marchande d'allumettes (Jean Renoir, Jean Tedesco, 1928)

 

 « Ça serait bon de se réchauffer à la flamme d'une allumette »

Lien pour le film 

La Petite Marchande d'allumettes


« Parler de civilisation judéo-chrétienne est une supercherie »

 

Sophie Bessis
Historienne spécialiste des relations Nord-Sud. Autrice de « La civilisation judéo-chrétienne. Anatomie d’une imposture » (Les Liens qui libèrent, 2025)

La référence régulière en Europe à une « civilisation judéo-chrétienne » est-elle fondée historiquement ? Pour l’historienne Sophie Bessis, l’insistance sur cette notion sert souvent à occulter près de deux millénaires d’antisémitisme, mais aussi à occulter l’apport de l’islam, aussi structurant pour l’Europe.

Toute civilisation, et l’Europe ne fait pas exception à cette règle, est le fruit de subtils mélanges entre cultures, de rencontres pacifiques ou conflictuelles qui se sont effectuées au cours de la longue histoire, de strates qui se superposent dans la durée pour arriver au présent qui nous constitue. C’est donc la multiplicité des racines qu’il convient d’inventorier pour tenter de définir ce que serait une civilisation européenne.

Il est en effet difficile d’employer le singulier à ce sujet dans la mesure où, de son Occident à son Orient, « ce petit appendice de l’Asie » a subi des influences diverses. Dans les Balkans, l’empreinte de Byzance puis de la longue occupation ottomane ont modelé entre autres l’architecture et les traditions culinaires, sans parler de l’orthodoxie qui différencie cette région des parties catholiques ou protestantes du continent. Il y a l’Europe de la latinité et celle de l’hellénisme, celle de la germanité et celle de la Méditerranée.

Supposons cependant qu’il existe une Europe se définissant par un fonds culturel commun. Dans cette diversité de trajectoires historiques et d’influences culturelles, peut-on donner une place spécifique à ce que la doxa contemporaine appelle « les racines judéo-chrétiennes » ? Encore faudrait-il que ce binôme ait quelque pertinence. Or, il n’en a guère. Et il n’est pas innocent qu’après une longue période durant laquelle tous les enseignements affirmaient que l’Europe était gréco-latine, le tournant des années 1980 ait remplacé cette appartenance par un improbable mariage entre judaïsme et christianisme.

Quelles qu’en aient été les versions, les racines chrétiennes de l’Europe sont incontestables et l’on employa à son sujet pendant des siècles le terme de chrétienté. Les églises rythment les paysages et l’entrée de bien des villages est annoncée par une croix qui le protégerait. La profonde sécularisation de ce continent, malgré les coups de boutoir d’un retour au religieux sous sa forme la plus réactionnaire, ne saurait masquer la centralité du marqueur chrétien sur sa civilisation.

Occulter l’antisémitisme

Le judaïsme est une tout autre affaire. Certes, l’Europe est aussi fille de la Bible dans la mesure où le christianisme est issu de la première version du monothéisme abrahamique et où il a repris bien des mythes et des référents du récit biblique. Mais cela ne suffit pas pour parler de « judéo-chrétien ». Cet accouplement a ceci de gênant qu’il sert à occulter près de deux millénaires d’antijudaïsme chrétien puis d’antisémitisme moderne, lesquels ont également modelé – et avec quelle force – l’habitus culturel européen.

ARTICLE EN INTÉGRALITÉ 

Note sur Jean Eustache

 Jean Eustache quelques mois avant son suicide et son "sens du réel" cinématographique (Beaubourg, Cinéma du Réel 1981):

 

Quelques films de Jean Eustache:

 Numéro zéro (1971) : le documentaire avec sa grand-mère Odette

Une sale histoire (1977) 

Le jardin des Délices de Jérôme Bosch (1980) 

 

Film sur Jean Eustache:

La peine perdue de Jean Eustache (Angel Diez) 

 

 

Robespierre détourné par Debord


 «  Alors que jusqu'à présent tout truquage de l'histoire, au cinéma, s'aligne plus ou moins sur le type  de bouffonnerie des reconstitutions de Guitry, on peut faire dire à Robespierre, avant son exécution : "malgré tant d'épreuves, mon expérience et la grandeur de ma tâche me font juger que tout est bien". Si la tragédie grecque, opportunément rajeunie, nous sert en cette occasion à exalter Robespierre, que l'on imagine en retour une séquence du genre néo-réaliste, devant le zinc, par exemple, d'un bar de routiers - un des camionneurs disant sérieusement à un autre : 

On voit ce que cette rencontre ajoute en rayonnement à la pensée de Maximilien, à celle d'une dictature du prolétariat. »

 

 * Extrait de "Mode d'emploi du détournement" de Guy Debord et Gil J Wolman, texte paru initialement dans Les Lèvres nues, nº 8, mai 1956.

* Jean Gabin dans La Belle équipe de Julien Duvivier, 1936.


 

jeudi 7 août 2025

Boris Taslitzky, la guerre d'Indochine et celles d'aujourd'hui

En 1946, la guerre en Indochine française éclate. Les artistes et les intellectuels, qui sortent à peine de la seconde guerre mondiale, s'insurgent.

Entre 1950 et 1956, ils produisent des oeuvres dénonçant la guerre et prônant la Paix et la défense de la dignité humaine.

Parmi la richesse des productions de l'époque:

Boris Vian écrira la chanson " le déserteur "

Paul Carpita tournera « Le rendez-vous des quais » à Marseille

et Boris Taslitzky peindra le tableau « Riposte » en 1951. Il expose cette année-là au Salon d'Automne sous le pseudonyme de Julien Sorel « Le Prisonnier » qui représente Henri Martin dans sa cellule et sous son nom « Riposte » qui représente la répression d'une manifestation de dockers à Port-de-Bouc. Ces dockers refusaient de charger des armes destinées à la guerre d'Indochine.

Ces tableaux sont décrochés du Salon sur ordre du préfet Baylot, car jugés « politiquement incorrects »

Dessinateur, peintre et ancien résistant communiste, ce " messager de la Paix " a cotoyé l'enfer concentrationnaire de Buchenwald.

Le peintre a voulu apporter un symbole à cette lutte en ajoutant une Marianne brandissant le drapeau républicain

Taslitzky s'est éteint à l'âge de 94 ans. Il était le dernier peintre à faire parti du courant artistique du réalisme socialiste de l'après guerre.

 Riposte (1951) de Boris Taslitzky (©Guy Boyer). 

Le tableau est exposé à la Tate Gallery de Londres. 

Pourquoi ce genre de tableau n'est pas exposé dans un grand musée français? 

Pourquoi les artistes français ne produisent plus ce genre d'oeuvres aujourd'hui (les raisons ne manquent pas)?

Pourquoi les ouvriers, les syndicats, ne réagissent plus de la sorte (les raisons ne manquent pas: ce sont les mêmes)? 

 

Le mieux, c'est d'y répondre par un exemple pris dans l'actualité espagnole: 

Donald Trump vient de déclarer : « Les dirigeants de l’OTAN font ce que je leur dis de faire. »

Inutile de le jurer. Au-delà du spectacle que Pedro Sánchez a monté au sommet de l'OTAN – pour finalement signer le même accord que tout le monde –, l'entreprise espagnole Indra (avec participation de l'État) va verser 13 millions d'euros à General Dynamics . Cet argent servira à « former » les ouvriers de « El Tallerón » de Gijón, en les « recyclant » dans la construction de véhicules blindés.

General Dynamics est le principal fournisseur de chars d'Israël et a été l'un des bailleurs de fonds de la campagne présidentielle de Donald Trump.


Au début du génocide à Gaza, des syndicats palestiniens ont lancé un appel pour le 1er mai, adressé à tous les syndicats de ce côté-ci du mur de l'OTAN et appelant à une solidarité de classe internationaliste. Parmi leurs revendications figurait une revendication cruciale : dénoncer les entreprises d'armement complices du génocide. Quels syndicats des Asturies ont obtempéré ? Aucun.

Indra va maintenant donner 13 millions à General Dynamics, qui possède une usine dans les Asturies depuis des années.

Non seulement l’engagement internationaliste envers le peuple palestinien a été rompu, mais plus encore : au lieu d’une usine d’armement, désormais il y en aura deux.

Et rien de ce qui est fabriqué dans les Asturies ne servira à défendre le peuple palestinien contre un génocide télévisé. L'Espagne est membre de l'OTAN, et les armes seront envoyées là où l'OTAN  leur ordonnera d'aller.

   

 Les syndicats européens sont couchés,  parce que payés par l'UE (l'OTAN civile) --> Les artistes? Eux aussi font la planche --> OCCIDENT TERMINAL --> RESTER DANS LE CAMP DU BIEN, CELUI DES HERBIVORES DU JARDIN FACE À LA JUNGLE DES BARBARES ---> NE SURTOUT PAS REMETTRE EN QUESTION L'IMPÉRIALISME.

Il faut lire et voir Taslitzky, cela remet les idées en place et on se redresse. 

Mythes et réalités de le l'histoire moderne (Jacques Pauwels)


 

Guerre hybride en Indochine

 


jeudi 31 juillet 2025

"Yambo Ouologuem, l'écrivain prodige oublié"

 


Análise das fortalezas medievais do Val de Salas (Juan Manuel Galiña, Eduardo Breogán Nieto)


 Algo hay na Aguioncha, algo gordo..

Le "marxisme occidental" financé par la CIA?


 

« Les Reporters sans frontières » : qui sont-ils réellement ?

 

Nombreux sont ceux qui ont entendu, un jour ou un autre, le nom tant imagé de l'organisation « Reporters sans frontières » qui inspire une confiance spontanée et qui ne pousse pas, d’une manière naturelle, à se poser la question : qui y a-t-il derrière une aussi belle étiquette, qui sont ces « reporters » ?

De ce fait, rares sont ceux qui ont pris la peine de s’arrêter et de se pencher en détail sur l’essence et les pratiques de cette organisation journalistique qui prétend être constituée des grands défenseurs de la démocratie et de la liberté de parole des journalistes du monde entier, des nobles travailleurs de la plume totalement apolitiques, désintéressés et impartiaux dans leurs jugements et actions au-delà de toutes les frontières.

Corrigeons cette erreur de l’injuste inattention de la part du grand public et de la plupart des médias : rendons hommage au travail des glorieux journalistes de RSF, en mettant en lumière un certain nombre d’éléments fort intéressants les concernant : ils le méritent grandement.

Des éléments qui démontreront plus que clairement que l’ONG « Reporters sans frontières » possède un deuxième visage, le vrai, qui est bien plus intéressant que le premier, visible et si fièrement affiché.

 ARTICLE EN INTÉGRALITÉ: https://www.legrandsoir.info/les-reporters-sans-frontieres-qui-sont-ils-reellement-le-dossier.html

Quand les 14 juillet étaient rouges: l'année 1953 (les guerres de l'histoire)

 

En 1953, le monde est entré dans l’ère de la confrontation Est-Ouest pour le partage du monde : d’un côté, les États-Unis et les grandes puissances occidentales (France et Royaume-Uni), de l’autre, l’URSS et les « démocraties populaires ». C’est aussi le temps des décolonisations, et l’empire colonial français craque de partout : Vietnam, Madagascar, Cameroun, Maroc, Tunisie, sans parler de l’Algérie et des massacres du 8 mai 1945 dans le Nord-Constantinois.

En France, la gauche politique et syndicale est surtout focalisée autour de la guerre d’Indochine et contre les États-Unis1 et plusieurs militants et dirigeants communistes ou cégétistes sont arrêtés et inculpés pour « atteinte à la sûreté de l’État », comme le soldat Henri Martin2.

La police protège l’extrême droite

Peu de gens le savent, mais pendant longtemps les organisations politiques et syndicales de la gauche française ont défilé le 14 juillet depuis 1935. Ces défilés faisaient partie des traditions ouvrières au même titre que le 1er mai. Ils étaient autorisés et à partir de 1950, les nationalistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), vitrine légale du Parti du peuple algérien (PPA) — interdit depuis 1939 —, avec à sa tête Messali Hadj, décident de se joindre aux défilés du mouvement ouvrier français. `

La manifestation démarre place de la Bastille à Paris, et on peut y voir d’anciens combattants, le Mouvement de la paix, le Secours populaire, l’Union de la jeunesse républicaine de France, l’Union des étudiants communistes et de l’Union des femmes françaises (UFF). La CGT suit avec ses différentes fédérations syndicales (cheminots, métallurgie…), puis viennent les organisations de la banlieue parisienne. On voit aussi des bonnets phrygiens, des Marianne qui font des rondes, des fanfares républicaines. Une tribune avec un grand nombre de personnalités politiques de gauche est placée à l’arrivée, place de la Nation. Dans la manifestation, on entend les slogans : « Libérez Henri Martin ! » ou « Paix en Indochine ! » Enfin, en queue du défilé viennent les Algériens du MTLD. Mais avant même que le cortège des Algériens ne se mette en marche, un petit groupe d’une vingtaine de militants d’extrême droite cherche à les provoquer et à les frapper. Très rapidement, ils se retrouvent encerclés par le service d’ordre de la CGT et des Algériens. La police va alors intervenir, mais pour les protéger et non les arrêter.

ARTICLE EN INTÉGRALITÉ: https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/les-balles-du-14-juillet-1953-un-massacre-oublie,6494 

Quand les 14 juillet étaient rouges: l'année 1951 (les guerres de l'histoire)

Des délégations régionales venues de toute la France défilent avec des banderoles « Pour la liberté de défendre la paix », « Pour un pacte de paix entre les 5 grands ». Un calicot réclame une banderole réclame "l'acquittement des seize Martiniquais de Basse-Pointe". Les manifestants, très nombreux, portent pour certains des drapeaux français, soviétique, chinois, américain et anglais. Un plan montre les cortèges qui avancent, avec à l'arrière-plan la fontaine de la place de la Nation et une banderole « Chantons pour la paix ».

A la veille d’un grand rassemblement du Mouvement de la paix prévu le 15 juillet 1951 à Paris, le PCF décide de transformer le défilé du 14 juillet en manifestation pour la paix, en particulier pour réclamer un pacte de paix entre les 5 grandes puissances.

Article en intégralité: https://www.cinearchives.org/catalogue-14-juillet-1951-une-manifestation-placee-sous-le-signe-de-la-paix-1104-545-1-0.html 

 


 

 

Propos marxistes d'Angela Davis à la sortie de son livre en 1975

 

"Le racisme c'est une idéologie qui a été utilisée d'abord pour justifier la surexploitation de noirs".

 

"Les blancs de la classe ouvrière n'ont pas d'intérêt objectif à être raciste. 

Ils ne profitent pas du tout du racisme."

 

 

L'analyse dialectique d'Angela Davis est l'antithèse de la pensée essentialiste wokiste et de son jumeau de droite (la fondation Mellon, par exemple, bien consciente de défendre les intérêts "unitaires" capitalistes, soutient à la fois Judith Butler et Donald Trump: voir à ce propos les recherches de Gabriel Rockhill, notamment ici).

dimanche 27 juillet 2025

The Lancet: 434.800 asesinados en Gaza

 "Los últimos datos, actualizados (21 de julio), según un modelo estadístico desarrollado por la prestigiosa revista médica The Lancet, indican que Israel ha matado a aproximadamente 434.800 personas en Gaza desde que el ejército israelí comenzó a atacar el territorio el 8 de octubre de 2023. Esto representa el 20,7 % de la población de Gaza antes del conflicto. Más de la mitad son mujeres y niños."

 

https://stevendonziger.substack.com/p/shock-israel-has-killed-207-of-gazas?utm_source=share&utm_medium=android&r=4aiktl&triedRedirect=true 

EL PENTÁGONO Y LA ESCUELA DE ASESINOS por Darrin Wood

 FUENTE: https://elsudamericano.wordpress.com/2025/07/21/el-pentagono-y-la-escuela-de-asesinos-por-darrin-wood/

Alumnos del Tío Sam. Tratado de Libre Contrainsurgencia “CAMPUS MÉXICO» DE LA ESCUELA DE ASESINOS por Darrin Wood

*1

Escuela de Asesinos 1946-1960

La Escuela de las Américas del Ejército de Estados Unidos fue creada en 1946, como el “US Army Latin American Training Center” (Centro de Adiestramiento Latino Americano del Ejercito de EE.UU.) en Fort Amador, en territorio panameño. Poco después cambio su nombre por el de “Latin American Ground Forces School” (Escuela de Fuerzas de Tierra de América Latina). En 1949 se mudó a las instalaciones de un hospital construido para atender los heridos de una hipotética y nunca materializada invasión japonesa durante la Segunda Guerra Mundial, en Fort Gulick, también en Panamá, con el nuevo nombre de “Escuela del Caribe del Ejercito de EE.UU.” En el año 1956, los cursos en ingles fueron eliminados y “Uno para todos, todos para uno” empezó a ser el lema oficial de la Escuela. Durante su primera época, las enseñanzas en la Escuela se dividían en tres departamentos: Comunicaciones, Armas y Tácticas e Ingenieros. No había cursos relacionados a la Contrainsurgencia porque esta doctrina todavía no existía en los manuales de guerra de Estados Unidos. La Guerra Fría acababa de empezar y los militares solo pensaban en Europa; entonces, se aprendía de las batallas de la Segunda Guerra Mundial: los movimientos de tanques y grandes ejércitos para defender o invadir a otros países.

En los años cincuenta, los encargados de la muerte y la destrucción en América Latina eran “los chicos” de la Agencia Central de Inteligencia (CIA). Un importante documento de la CIA de aquella época es el llamado “Estudio del Asesinato”, el cual fue desclasificado recientemente en las investigaciones alrededor del golpe de Estado contra el gobierno de Jacobo Árbenz, ocurrido en Guatemala en 1954. Según la revista de investigación estadounidense “Covert Action Quarterly1:

El manual es un catálogo útil de consejos y herramientas. Las sugerencias incluyen instrumentos contundentes, instrumentos filosos, caídas de 75 pies a una superficie firme, envenenamiento, accidentes de coche planificados, rifles, subametralladoras, pistolas, incendios provocados y explosivos”. El manual sugiere el estudio de intentos de asesinato exitosos y fracasados como los de Lincoln, del Archiduque Ferdinand, Marat, Trotsky y Hitler. Termina con un diagrama, “La Técnica del Aula de Reunión”, no acerca de cómo conducir una reunión sino como “entrar en un aula de reunión y matar a todo el mundo que se encuentra en ella, dejando atrás propaganda para implicar a tus opositores”.

Algunos consejos curiosos, incluidos en el manual ligado a la defensa estadounidense de la “Democracia”, en aquella época, son:

a.– “Puede ser necesario asesinar a un líder político cuya carrera empieza a florecer y el cual representa un peligro claro y presente a la causa de la libertad. Sin embargo, raramente se puede emplear el asesinato con una conciencia clara. No deben intentarlo las personas que son moralmente delicadas”.

b.– “El accidente más eficiente en un asesinato simple es una caída a una superficie solida desde 75 pies o más. Sirven ascensores, escaleras, ventanas sin red metálica y puentes. Caídas al agua desde puentes no son fiables”.

c.– “Figuras públicas u oficiales con guardaespaldas pueden ser asesinados con seguridad y gran fiabilidad si puede establecerse un punto de fuego antes de un evento oficial. El valor propagandístico de este sistema puede ser muy alto”.

d.– “La subametralladora es especialmente adecuada para trabajos interiores, cuando más de una persona debe ser asesinada. Se ha creado una técnica efectiva para ser aplicada por un par de pistoleros con subametralladoras; en esta técnica, una habitación con una docena de sujetos puede ser “purificada” en alrededor de 20 segundos, con poco o ningún riesgo para los pistoleros”. […]

La victoria de la Revolución Cubana en 1959 causó muchos cambios en la Escuela. Los miles de oficiales cubanos que recibieron adiestramiento en Fort Gulick acerca de las grandes batallas en Europa y el Pacifico durante la Segunda Guerra Mundial, no pudieron con la guerrilla de Fidel y el Che. Los maestros del Pentágono descubrieron que se podía encontrar el enemigo dentro y no fuera del país.

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1961-1980: La doctrina de “Seguridad Interna”

Una de las primeras preguntas que hizo el nuevo presidente de Estados Unidos, John F. Kennedy, cuando tomó posesión de su cargo en 1961 fue “¿Qué estamos haciendo en relación con la guerra de guerrillas?”. “Casi nada”, fue la respuesta. De inmediato, Kennedy y el Pentágono empezaron a crear programas para cubrir este vacío. Por ejemplo, la fundación de los “Boinas Verdes” y la Escuela de Guerra Especial y Operaciones Psicológicas en Fort Bragg, Carolina del Norte.

Según un estudio de Steven Metz, catedrático de Asuntos de Seguridad Nacional, en el Colegio de Guerra del Ejército estadounidense:

Inspirado por el discurso de Krushchev de enero de 1961 endosando “guerras de liberación nacional”, la mermada situación de seguridad en Laos y Vietnam del Sur, la consolidación del régimen de Fidel Castro en Cuba, la derrota francesa en Argelia y el estallido de insurgencias comunistas en Colombia y Venezuela, Kennedy estaba convencido que la agresión indirecta a través de insurgencias guerrilleras había llegado a ser una amenaza primordial. Entonces, el razonamiento por el compromiso estadounidense en la contrainsurgencia surgió de ideas como la “teoría del domino” y la noción de la “muerte por mil cortes” avanzadas por los teóricos franceses de la guerre revolutionnaire. Este grupo creía que la Guerra Revolucionaria era la forma dominante de conflicto a finales del siglo XX. Una derrota de las fuerzas pro- occidentales, incluso en lugares que parecen estratégicamente insignificantes, empezaban a ser importantes cuando fueron vistos como una pequeña contribución más a la victoria global [del Bloque] Soviético”.2

El programa de cursos en la Escuela de las Américas (SOA), que oficialmente tomo este nombre durante la Administración de Kennedy en 1963 se vio afectado también por las nuevas preocupaciones militares. Empezando en 1961, se reorganizo los departamentos de la SOA; desde entonces existían Tácticas, Logística y, la nueva, Seguridad Interna.

Seguridad Interna” [Internal Defense] era la respuesta a la pregunta de Kennedy: “¿Que estamos haciendo?”, sobre la guerra de guerrillas. Dentro de los nuevos cursos de Seguridad Interna, se encontraba “Contrainsurgencia”, “Contrainteligencia”, “Inteligencia Militar”, “Guerra Irregular” y “Operaciones de Selva”, entre otros.

La década de los sesenta también vio la publicación por parte de la CIA del manual “KUBARK Counterintelligence Interrogation-19633, para ser usado en el adiestramiento de agentes de inteligencia de otros países. Este manual sirvió de base para otros manuales en uso en la SOA hasta entrada la década de los noventa. KUBARK es también la base para el manual “Human Resource Exploitation Training Manual1983”4 que fue utilizado por la CIA hasta 1994-1995. Los manuales KUBARK y HRET-83 salieron a la luz pública gracias a las investigaciones alrededor del Escuadrón de la Muerte, formado por el Ejército de Honduras en los años ochenta, el tristemente famoso Batallón 3-16. Cuatro de los cinco militares hondureños citados como responsables del Batallón 3-16 son graduados de la Escuela de las Américas.

Dada la importancia de dichos manuales en relación con la práctica de Tortura, tanto en México como en otros países de América Latina, queremos ofrecer a continuación algunos extractos:

a.– Acerca de la tortura física o “técnicas de coacción”: “Aunque no queremos enfatizar sobre el uso de técnicas de coacción, si queremos darlas a conocer y explicar las maneras propias de usarlas”.

b. – Las “técnicas de coacción” incluyen: “amenazas, miedo y dolor”; sin embargo, “es necesario tener el permiso del cuartel general si en los interrogatorios se van a usar métodos o materiales médicos, químicos o eléctricos”. La CIA ha confirmado que “los métodos o materiales eléctricos” significan la aplicación de descargas eléctricas a los torturados.

c.– “Siempre es más útil usar técnicas psicológicas”, porque “la amenaza de infligir dolor puede causar efectos más dañinos que la sensación inmediata del dolor. De hecho, la mayoría de las personas subestima su capacidad de aguantar dolor”.

d.– Ejemplos de técnicas de “autotortura” son: “forzar al detenido a mantener una posición rígida, como estar firme de pie o sentarse en un taburete durante largos periodos de tiempo”. Este método es efectivo porque “el dolor que está siendo infligido desde fuera puede intensificar la determinación del sujeto a resistir”, mientras que “el dolor que uno siente que está siendo infligido por uno mismo, tiene más probabilidades de debilitar su resistencia”.

e.– Se pueden usar torturas más intensas, si el detenido ha sido entrenado para resistir interrogatorios.

f.– Suero de la Verdad: es mejor usar un placebo, dado que puede hacer que el detenido sienta que “ha sido drogado” y que “ya nadie podría culparle por contar todo lo que sabe”.

g.– Detenciones: es un “modo eficiente de empezar el desequilibrio de los detenidos”. “Las detenciones siempre deben incluir el elemento de sorpresa para poder causar el máximo malestar”. “La hora ideal para hacer una detención es a las primeras horas de la mañana. Al ser detenidos en ese momento del día, la mayoría de los sujetos sufren sensaciones intensas de conmoción, inseguridad y estrés psicológico”. Los detenidos deben ser llevados a celdas aisladas con puertas de acero para “prevenir que el sujeto se pueda relajar”.

Pero los alumnos no solo hicieron lecturas de tortura en la Escuela de las Américas. Un militar hondureño graduado de la SOA afirmo en el documental de Robert Richter “Dentro de la Escuela de Asesinos”, que:

La Escuela siempre fue un frente para otras operaciones especiales, operaciones clandestinas. Ellos, [los norteamericanos], traían gente de la calle (gente pobre, sin hogar) a la base y los expertos nos entrenaban en cómo obtener información usando tortura. Fuimos entrenados para torturar a seres humanos. Ellos tenían un médico, un médico de EE.UU., a quien recuerdo muy bien, quien adiestraba a los estudiantes sobre la parte del cuerpo en el que torturar a fin de conseguir declaraciones sin llegar a causar la muerte del detenido. Él les decía cuanto puede tolerar el corazón, cuanto aguanta”.

Otra historia negra de los sesenta tiene que ver con el Programa de Ayuda de Inteligencia Extranjera del Ejército estadounidense (US Army Foreign Intelligence Assistance Program), que se llevó a cabo durante los años 1965 y 1966, bajo el nombre del “Project X” (Proyecto X). El ultrasecreto Proyecto X sirvió para preparar material de adiestramiento para ejércitos extranjeros en sus tareas de inteligencia militar. Mas de 1.000 documentos del proyecto fueron distribuidos en países amigos de EE.UU., incluyendo México, y también sirvieron como base para cursos de inteligencia en la SOA hasta el año 1992. Durante una “autoinvestigación” de la SOA en 1992, el Pentágono descubrió que todavía se guardaban documentos y manuales del Proyecto X en la base de la 470a Brigada de Inteligencia Militar, en Fort Huachuca, Arizona. Es probable que nunca sabremos más detalles sobre este programa infernal. El Pentágono dio órdenes para la destrucción de toda la documentación relacionada con el Proyecto X en el año 92. “No vimos ninguna necesidad de tener estas cosas circulando”, afirmó el portavoz del Pentágono, el teniente coronel Arne Owens.

Otro punto importante de la historia de la SOA en los años setenta tiene que ver con el periodo de la presidencia de Jimmy Carter en Estados Unidos. Carter intento dar más énfasis en el tema de los derechos humanos en el continente. Una de sus iniciativas fue cortar el suministro de recursos financieros destinados a la SOA y el número de estudiantes que participaban allí. Carter también pensó que una parte de las violaciones de los derechos humanos estaban siendo cometidos por graduados de los cursos de Inteligencia Militar de la SOA. De esta forma, se fueron eliminado algunos de estos cursos, mientras Carter fue presidente. Con la firma del Tratado Torrijos-Carter sobre el Canal de Panamá, una de las condiciones del Tratado especifico que la SOA tendría que salir de territorio panameño.

Sin embargo, Carter perdió las elecciones presidenciales en el año 1980. Antes, los sandinistas tuvieron éxito al derrocar la dictadura de Somoza en Nicaragua y parecía que en El Salvador y Guatemala podrían estar próximos a caer. Pero en ese momento, un vaquero de California llego “justo a tiempo para salvar al ‘Mundo Libre’” y, con ello, claro, la Escuela de Asesinos.

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1981-1990: ¡Bienvenido Mr. Reagan!

En 1981 llego el nuevo “sheriff”, Ronald Reagan. La idea central entonces era “¡Basta de ideas subversivas como ‘derechos humanos’, ¡hay que ganar la Guerra Fría como sea!”. Así se duplico el número de estudiantes en la Escuela. Se creo una nueva industria en Washington alrededor de la Guerra de Baja Intensidad (GBI). Se volvió a enseñar “Inteligencia Militar”, echando mano a los archivos del oscuro “Proyecto X”, de los años sesenta.

Cumpliendo con los Tratados Torrijos-Carter, la Escuela se mudó a territorio estadounidense en 1984, a Fort Benning, Georgia, el hogar de los “Rangers”. Al cerrar la SOA, en Fort Gulick, el periódico panameño La Prensa le dio el nombre de “Escuela de Asesinos”. El entonces presidente Jorge Illueca se refirió a la SOA como “la base más grande de desestabilización en América Latina”.

No es que el tema de los derechos humanos fuera olvidado por completo, pero había que entender que “el tema de derechos humanos, aunque se considere como concepto abstracto, puede ser difícil para muchos oficiales latinoamericanos, pues muchos consideran que tal termino se ha empleado en forma propagandística y perjudicial para algunos esfuerzos militares legítimos”.5 Y, por supuesto, nadie quiere que se den cursos “difíciles” en la SOA. Además, a veces la propia naturaleza de la GBI requiere otra manera de juzgar los derechos humanos, porque, según el teórico del tema Sam C. Sarkesian:

Si la participación estadounidense es necesaria y justificada, el pueblo y los dirigentes de nuestro país deben comprender que la guerra de baja intensidad no se ajusta a la noción democrática de táctica y estrategia. La revolución y la contrarrevolución desarrollan su propia concepción ética y moral, las cuales justifican el uso de cualquier medio para acceder a la victoria. La supervivencia se convierte en el criterio definitivo de moralidad”.6

Otro teórico de la GBI, Neil Livingston, afirmo que “las pequeñas guerras sucias de nuestro tiempo no son hermosas, pero, si no utilizamos medidas severas y brutales, anulamos nuestras probabilidades de lograr el éxito en la GBI”.7

Durante el régimen de Reagan los países más importantes para la Guerra de Baja Intensidad en el continente eran El Salvador, Honduras, Guatemala y Nicaragua. De ellos, el más importante era El Salvador. En su estudio sobre la Contrainsurgencia, Metz cita un informe hecho por cuatro tenientes coroneles del Ejercito de los EE.UU., en el cual se afirma que:

para Estados Unidos, El Salvador representa un experimento, un intento de revocar el historial de fracasos estadounidenses en la conducta de guerras pequeñas, un esfuerzo para derrotar una insurgencia a través de la suministración de adiestramiento y apoyos materiales sin el envió de tropas estadounidenses al combate”.8 Para el ex jefe de los asesores estadounidenses en El Salvador, el coronel John Waghelstein, “lo que suceda en el laboratorio salvadoreño será una experiencia muy útil para la próxima generación de asesores por desplegar en el Tercer Mundo”.

El gobierno estadounidense llevo a cabo este experimento de adiestramiento en El Salvador, con el uso de la Escuela de las Américas y los “Boinas Verdes” del Séptimo Grupo de Fuerzas Especiales de Fort Bragg, Carolina del Norte. […]

El teniente coronel Frank Pedrozo, asesor militar estadounidense durante la guerra en El Salvador, del Séptimo Grupo de Fuerzas Especiales, señaló en una entrevista acerca de sus actividades en aquel país centroamericano que:

Creo que la calidad de adiestramiento era una de las contribuciones más importantes que hicimos. Hemos tomado una fuerza policial de unos 12.000 tipos y en un periodo de 12 años los hemos transformado en un ejército de 60.000 hombres con un límite de 55 asesores. Si lo piensas, esto es una autentica hazaña, y es algo de lo cual yo creo que las Fuerzas Especiales pueden estar realmente orgullosas”.9

Los cursos relacionados con el adiestramiento siguen el concepto de “entrenar al entrenador”. así, estos graduados pueden volver a México para adiestrar aún a más gente. Los beneficios pueden multiplicarse. Eran programas similares en El Salvador, junto con asesores y otros cursos directos, los que llevaron al coronel estadounidense Aron Royer a declarar que “de una u otra forma, hemos entrenado a cada soldado del ejército salvadoreño y adiestrado a todos los batallones de infantería. Entrenamos a cada piloto de helicóptero de la fuerza aérea de ese país”. […]

Los años noventa han sido la primera vez que la SOA ha estado bajo el escrutinio público. Horrorizados por la investigación hecha por la Comisión de la Verdad de Naciones Unidas sobre violaciones de los derechos humanos durante la guerra en El Salvador, investigación que demostró que de los 69 oficiales del Ejército salvadoreño señalados como responsables de asesinatos, violaciones, torturas, etcétera, 47 de ellos eran graduados de la Escuela, miles de mujeres y hombres en todo el mundo se han estado organizado en los últimos años para cerrar la SOA. En noviembre del año pasado, en el aniversario del asesinato de los jesuitas españoles por parte de graduados de la Escuela, más de 600 personas fueron detenidas en una manifestación delante de Fort Benning. Mas de 20 de ellos están ahora mismo cumpliendo condenas de cárcel por su participación en la protesta. Paradójicamente, estos pacifistas han sido condenados por el mismo juez que revocó la condena del único militar estadounidense condenado por la masacre de cientos de mujeres y niños en My Lai durante la guerra de Vietnam.

La creciente campana para cerrar la Escuela ha llevado el teniente coronel Demarest a afirmar en su artículo (citado con anterioridad) que “La Escuela de las Américas no es una escuela para dictadores, pero si es vulnerable a tal critica porque han desaparecido los principios básicos de Guerra Fría a partir de los cuales fue fundada”. Es decir: sin los rusos jugando a la Guerra Fría con sus compinches gringos, se está haciendo cada vez más difícil defender las masacres de campesinos en el Tercer Mundo.

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De la doctrina paramilitar

Las fuerzas paramilitares están organizadas para proporcionar autodefensa popular. Operan en sus lugares de origen. Pueden ser de tiempo completo o de tiempo parcial, dependiendo de la situación. Combinan capacidades de infantería básica con técnicas policiales. Ayudan a las fuerzas del orden, incluyendo la búsqueda de la infraestructura de los insurgentes. También proporcionan defensa local contra las fuerzas de combate de los insurgentes. Junto con la policía, separan a los insurgentes del pueblo, evitando que aquellos puedan movilizar fuerzas y recursos. Las fuerzas armadas regulares son el escudo detrás de lo cual discurre el desarrollo político, social y económico. Su misión primaria es proteger a las fuerzas gubernamentales, policíacas y paramilitares ante las fuerzas de combate de los insurgentes”10.

El Quinto Grupo de Fuerzas Especiales del ejército de Estados Unidos, fue creado en septiembre de 1961 por el presidente Kennedy, en Fort Bragg, Carolina del Norte. Hasta ese momento, el gobierno de Vietnam del Sur y la embajada estadounidense habían puesto énfasis en desarrollar fuerzas militares regulares, excluyendo a las minorías étnicas y religiosas. Sin embargo, a finales de ese año, fueron iniciados varios programas con la intención de ampliar los esfuerzos contrainsurgentes, desarrollando el potencial paramilitar de ciertos grupos de minorías. Destacamentos de Fuerzas Especiales fueron asignados a la embajada estadounidense en Saigón para dar adiestramiento y asesoría en estos programas, los cuales eran conocidos genéricamente como Grupo Irregular de Defensa Civil. El desarrollo de fuerzas paramilitares entre los grupos de minorías sería la misión primordial de las Fuerzas Especiales en Vietnam11.

Según el estudio de las Fuerzas Especiales estadounidenses en Vietnam, la idea de formar paramilitares era limpiar un territorio del “terror e influencia” de los revolucionarios vietnamitas, conseguir apoyo para el gobierno de Vietnam del Sur y formar un programa de autodefensa. Después de cumplir todos estos puntos, lanzarse a la ofensiva atacando posiciones del FLN de Vietnam.

Nada ha cambiado desde Vietnam en el uso de grupos paramilitares en labores de contrainsurgencia. En el “Manual de Campo 100-20”, encontramos en el anexo titulado “Implementando la Estrategia IDAD (Defensa Interna y Desarrollo)”:

Las fuerzas paramilitares, sobre todo las reclutadas para servicios locales, están limitadas a una defensa estática en la vecindad de sus propias casas. En comparación con el Ejército, son poco entrenadas y carecen de buenas armas. Reciben bajos salarios, pero substituyen de manera económica a las tropas del Ejército en áreas relativamente seguras. En cambio, tienen capacidad para dar la alarma ante un ataque de los insurgentes y pueden defender sus comunidades hasta la llegada de refuerzos de combate más capacitados. Después de una campaña de consolidación de un territorio bajo el control del gobierno, las fuerzas paramilitares locales pueden asumir la seguridad y evitar el regreso de los insurgentes. Empero, los comandantes militares y sus asesores jamás deben olvidar las limitadas capacidades de combate de estas fuerzas. No pueden sobrevivir si las fuerzas regulares de combate no están disponibles para reforzarlas a tiempo en caso de un ataque masivo. Además, existe un aspecto político y psicológico muy importante en la movilización de fuerzas paramilitares. La militancia da al pueblo un interés en el éxito del gobierno. Los paramilitares desarrollan un compromiso psicológico que tiende a vacunarlos contra la propaganda de los insurgentes (…) y sus trabajos contribuyen al desarrollo económico del país”.

Pero dentro del programa de adiestramiento hay muy poco que no se puede usar en la lucha contrainsurgente. Un informe de Amnistía Internacional sobre el uso de armas destinadas al ejército de Colombia para la lucha antidroga12, cita una carta escrita a McCaffrey por el coronel Warren D. Hall III, un experto en leyes que afirma:

las habilidades de infantería básica que las fuerzas estadounidenses de operaciones especiales enseñan en sus despliegues antidrogas pueden ser utilizadas también por las fuerzas armadas de Colombia en su esfuerzo contrainsurgente”.

Hay más razones para preocuparnos. El pasado 26 de junio, H. Allen Holmes –vicesecretario de Defensa para Operaciones Especiales y Conflictos de Baja Intensidad de Estados Unidos– señaló en una conferencia sobre Inteligencia Militar:

Las Fuerzas de Operaciones Especiales han sido fundamentales en nuestro trabajo con los militares mexicanos. Con el 70% de la cocaína que entra en Estados Unidos por la frontera con México, hemos conseguido un progreso significativo desarrollando programas de cooperación en materia antidroga con los militares mexicanos. Hace año y medio, no teníamos casi ningún contacto con los militares mexicanos. Hoy, estamos ayudando al Ejército Mexicano a crear un gran número de grupos de reacción rápida con capacidad aeromóvil para la lucha antidrogas. La fuerza principal de este programa ha sido el adiestramiento dirigido por el Séptimo Grupo de Fuerzas Especiales que adiestrará a casi 200 miembros de los grupos de reacción rápida sólo en este año fiscal.”

El Séptimo Grupo de Fuerzas Especiales ha participado en acciones desde la guerra de Vietnam, asesorando el ejército de Vietnam del Sur, hasta la invasión de Panamá en diciembre de 1989. Hoy en día es el grupo de fuerzas especiales encargado del trabajo en América Latina.

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Epílogo

El estratega exitoso de IDAD [Defensa Interna y Desarrollo, otro aspecto de la contrainsurgencia] debe entender que la verdadera naturaleza de la amenaza al gobierno se encuentra en la fuerza política –no militar– del enemigo. Cualquier estrategia que no preste atención seria y continua a los reclamos políticos y demandas de la oposición, saldrá severamente perjudicada. Los programas militares y paramilitares son necesarios para el éxito, pero no son suficientes en sí mismos.”13

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Notas:

1. “Campus México” de la escuela de asesinos. Publicado en La Jornada, 29 y 30 de marzo, “Bajo la doctrina de Fort Bragg”, Nuevo Amanecer Press-Europa, Especial para Masiosare. 11 de enero 1998.
1. Lisa Haugard, “Textbook Repression: US Training Manuals Declassified”, Covert Action Quarterly #61, Summer 1997
2. Steven Metz, “Counterinsurgency: Strategy and the Phoenix of American Capability”, Strategic Studies Institute, US Army War College. Carlisle Barracks, Pennsylvania. 28 febrero 1995
3. Kubark Interrogación de Contrainteligencia-1963
4. HRET-83. Manual de Adiestramiento en la Explotación de Fuentes Humanas-1983
5. Teniente Coronel Geoffrey N. Demarest, Ejército de EE.UU. “Una redefinición de la Escuela de las Américas”, Military Review edición en español) Nov-Dec 1995
6. Michael T. Klare y Peter Kornbluh “El Nuevo Intervencionismo: La Guerra de Baja Intensidad” en Klare y Kornbluh, coordinadores, “Contrainsurgencia, proinsurgencia y antiterrorismo en los 80: El arte de la Guerra de Baja Intensidad”, Grijalbo, México D.F., 1990, p. 25
7. Ibíd.
8. Metz, op. cit.
9. “Interview: Special Forces in El Salvador” Special Warfare: The Professional Bulletin of the J. F. Kennedy Special Warfare Center and School. Fort Bragg, Carolina del Norte. Octubre de 1993, Vol. 6, N.°. 4. Página 37.
10. Field Manual 100-20 “Stability and Support Operations”, Capítulo 6. Foreign Internal Conflicts, United States Army Command and General Staff College, Fort Leavenworth, Kansas: 1997
11. Coronel Francis John Kelly. “Vietnam Studies: U.S. Army Special Forces 1961-1971”, Center for Military History Publication 90-23. Department of the Army, Washington D.C. 1989
12. “Leaked Documents Point to U.S. Weapons Meant for Drug War Used to Kill Innocent People in Colombia, Washington, 29/X/96
13. Tactics, Techniques, and Proceedings for Foreign Internal Defense, Chairman of the Joint Chiefs of Staff. The Pentagon, 26/6/97.) 6 de mayo de 1998