Article épinglé

jeudi 31 juillet 2025

"Yambo Ouologuem, l'écrivain prodige oublié"

 


Análise das fortalezas medievais do Val de Salas (Juan Manuel Galiña, Eduardo Breogán Nieto)


 Algo hay na Aguioncha, algo gordo..

Le "marxisme occidental" financé par la CIA?


 

« Les Reporters sans frontières » : qui sont-ils réellement ?

 

Nombreux sont ceux qui ont entendu, un jour ou un autre, le nom tant imagé de l'organisation « Reporters sans frontières » qui inspire une confiance spontanée et qui ne pousse pas, d’une manière naturelle, à se poser la question : qui y a-t-il derrière une aussi belle étiquette, qui sont ces « reporters » ?

De ce fait, rares sont ceux qui ont pris la peine de s’arrêter et de se pencher en détail sur l’essence et les pratiques de cette organisation journalistique qui prétend être constituée des grands défenseurs de la démocratie et de la liberté de parole des journalistes du monde entier, des nobles travailleurs de la plume totalement apolitiques, désintéressés et impartiaux dans leurs jugements et actions au-delà de toutes les frontières.

Corrigeons cette erreur de l’injuste inattention de la part du grand public et de la plupart des médias : rendons hommage au travail des glorieux journalistes de RSF, en mettant en lumière un certain nombre d’éléments fort intéressants les concernant : ils le méritent grandement.

Des éléments qui démontreront plus que clairement que l’ONG « Reporters sans frontières » possède un deuxième visage, le vrai, qui est bien plus intéressant que le premier, visible et si fièrement affiché.

 ARTICLE EN INTÉGRALITÉ: https://www.legrandsoir.info/les-reporters-sans-frontieres-qui-sont-ils-reellement-le-dossier.html

Quand les 14 juillet étaient rouges: l'année 1953 (les guerres de l'histoire)

 

En 1953, le monde est entré dans l’ère de la confrontation Est-Ouest pour le partage du monde : d’un côté, les États-Unis et les grandes puissances occidentales (France et Royaume-Uni), de l’autre, l’URSS et les « démocraties populaires ». C’est aussi le temps des décolonisations, et l’empire colonial français craque de partout : Vietnam, Madagascar, Cameroun, Maroc, Tunisie, sans parler de l’Algérie et des massacres du 8 mai 1945 dans le Nord-Constantinois.

En France, la gauche politique et syndicale est surtout focalisée autour de la guerre d’Indochine et contre les États-Unis1 et plusieurs militants et dirigeants communistes ou cégétistes sont arrêtés et inculpés pour « atteinte à la sûreté de l’État », comme le soldat Henri Martin2.

La police protège l’extrême droite

Peu de gens le savent, mais pendant longtemps les organisations politiques et syndicales de la gauche française ont défilé le 14 juillet depuis 1935. Ces défilés faisaient partie des traditions ouvrières au même titre que le 1er mai. Ils étaient autorisés et à partir de 1950, les nationalistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), vitrine légale du Parti du peuple algérien (PPA) — interdit depuis 1939 —, avec à sa tête Messali Hadj, décident de se joindre aux défilés du mouvement ouvrier français. `

La manifestation démarre place de la Bastille à Paris, et on peut y voir d’anciens combattants, le Mouvement de la paix, le Secours populaire, l’Union de la jeunesse républicaine de France, l’Union des étudiants communistes et de l’Union des femmes françaises (UFF). La CGT suit avec ses différentes fédérations syndicales (cheminots, métallurgie…), puis viennent les organisations de la banlieue parisienne. On voit aussi des bonnets phrygiens, des Marianne qui font des rondes, des fanfares républicaines. Une tribune avec un grand nombre de personnalités politiques de gauche est placée à l’arrivée, place de la Nation. Dans la manifestation, on entend les slogans : « Libérez Henri Martin ! » ou « Paix en Indochine ! » Enfin, en queue du défilé viennent les Algériens du MTLD. Mais avant même que le cortège des Algériens ne se mette en marche, un petit groupe d’une vingtaine de militants d’extrême droite cherche à les provoquer et à les frapper. Très rapidement, ils se retrouvent encerclés par le service d’ordre de la CGT et des Algériens. La police va alors intervenir, mais pour les protéger et non les arrêter.

ARTICLE EN INTÉGRALITÉ: https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/les-balles-du-14-juillet-1953-un-massacre-oublie,6494 

Quand les 14 juillet étaient rouges: l'année 1951 (les guerres de l'histoire)

Des délégations régionales venues de toute la France défilent avec des banderoles « Pour la liberté de défendre la paix », « Pour un pacte de paix entre les 5 grands ». Un calicot réclame une banderole réclame "l'acquittement des seize Martiniquais de Basse-Pointe". Les manifestants, très nombreux, portent pour certains des drapeaux français, soviétique, chinois, américain et anglais. Un plan montre les cortèges qui avancent, avec à l'arrière-plan la fontaine de la place de la Nation et une banderole « Chantons pour la paix ».

A la veille d’un grand rassemblement du Mouvement de la paix prévu le 15 juillet 1951 à Paris, le PCF décide de transformer le défilé du 14 juillet en manifestation pour la paix, en particulier pour réclamer un pacte de paix entre les 5 grandes puissances.

Article en intégralité: https://www.cinearchives.org/catalogue-14-juillet-1951-une-manifestation-placee-sous-le-signe-de-la-paix-1104-545-1-0.html 

 


 

 

Propos marxistes d'Angela Davis à la sortie de son livre en 1975

 

"Le racisme c'est une idéologie qui a été utilisée d'abord pour justifier la surexploitation de noirs".

 

"Les blancs de la classe ouvrière n'ont pas d'intérêt objectif à être raciste. 

Ils ne profitent pas du tout du racisme."

 

 

L'analyse dialectique d'Angela Davis est l'antithèse de la pensée essentialiste wokiste et de son jumeau de droite (la fondation Mellon, par exemple, bien consciente de défendre les intérêts "unitaires" capitalistes, soutient à la fois Judith Butler et Donald Trump: voir à ce propos les recherches de Gabriel Rockhill, notamment ici).

dimanche 27 juillet 2025

The Lancet: 434.800 asesinados en Gaza

 "Los últimos datos, actualizados (21 de julio), según un modelo estadístico desarrollado por la prestigiosa revista médica The Lancet, indican que Israel ha matado a aproximadamente 434.800 personas en Gaza desde que el ejército israelí comenzó a atacar el territorio el 8 de octubre de 2023. Esto representa el 20,7 % de la población de Gaza antes del conflicto. Más de la mitad son mujeres y niños."

 

https://stevendonziger.substack.com/p/shock-israel-has-killed-207-of-gazas?utm_source=share&utm_medium=android&r=4aiktl&triedRedirect=true 

EL PENTÁGONO Y LA ESCUELA DE ASESINOS por Darrin Wood

 FUENTE: https://elsudamericano.wordpress.com/2025/07/21/el-pentagono-y-la-escuela-de-asesinos-por-darrin-wood/

Alumnos del Tío Sam. Tratado de Libre Contrainsurgencia “CAMPUS MÉXICO» DE LA ESCUELA DE ASESINOS por Darrin Wood

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Escuela de Asesinos 1946-1960

La Escuela de las Américas del Ejército de Estados Unidos fue creada en 1946, como el “US Army Latin American Training Center” (Centro de Adiestramiento Latino Americano del Ejercito de EE.UU.) en Fort Amador, en territorio panameño. Poco después cambio su nombre por el de “Latin American Ground Forces School” (Escuela de Fuerzas de Tierra de América Latina). En 1949 se mudó a las instalaciones de un hospital construido para atender los heridos de una hipotética y nunca materializada invasión japonesa durante la Segunda Guerra Mundial, en Fort Gulick, también en Panamá, con el nuevo nombre de “Escuela del Caribe del Ejercito de EE.UU.” En el año 1956, los cursos en ingles fueron eliminados y “Uno para todos, todos para uno” empezó a ser el lema oficial de la Escuela. Durante su primera época, las enseñanzas en la Escuela se dividían en tres departamentos: Comunicaciones, Armas y Tácticas e Ingenieros. No había cursos relacionados a la Contrainsurgencia porque esta doctrina todavía no existía en los manuales de guerra de Estados Unidos. La Guerra Fría acababa de empezar y los militares solo pensaban en Europa; entonces, se aprendía de las batallas de la Segunda Guerra Mundial: los movimientos de tanques y grandes ejércitos para defender o invadir a otros países.

En los años cincuenta, los encargados de la muerte y la destrucción en América Latina eran “los chicos” de la Agencia Central de Inteligencia (CIA). Un importante documento de la CIA de aquella época es el llamado “Estudio del Asesinato”, el cual fue desclasificado recientemente en las investigaciones alrededor del golpe de Estado contra el gobierno de Jacobo Árbenz, ocurrido en Guatemala en 1954. Según la revista de investigación estadounidense “Covert Action Quarterly1:

El manual es un catálogo útil de consejos y herramientas. Las sugerencias incluyen instrumentos contundentes, instrumentos filosos, caídas de 75 pies a una superficie firme, envenenamiento, accidentes de coche planificados, rifles, subametralladoras, pistolas, incendios provocados y explosivos”. El manual sugiere el estudio de intentos de asesinato exitosos y fracasados como los de Lincoln, del Archiduque Ferdinand, Marat, Trotsky y Hitler. Termina con un diagrama, “La Técnica del Aula de Reunión”, no acerca de cómo conducir una reunión sino como “entrar en un aula de reunión y matar a todo el mundo que se encuentra en ella, dejando atrás propaganda para implicar a tus opositores”.

Algunos consejos curiosos, incluidos en el manual ligado a la defensa estadounidense de la “Democracia”, en aquella época, son:

a.– “Puede ser necesario asesinar a un líder político cuya carrera empieza a florecer y el cual representa un peligro claro y presente a la causa de la libertad. Sin embargo, raramente se puede emplear el asesinato con una conciencia clara. No deben intentarlo las personas que son moralmente delicadas”.

b.– “El accidente más eficiente en un asesinato simple es una caída a una superficie solida desde 75 pies o más. Sirven ascensores, escaleras, ventanas sin red metálica y puentes. Caídas al agua desde puentes no son fiables”.

c.– “Figuras públicas u oficiales con guardaespaldas pueden ser asesinados con seguridad y gran fiabilidad si puede establecerse un punto de fuego antes de un evento oficial. El valor propagandístico de este sistema puede ser muy alto”.

d.– “La subametralladora es especialmente adecuada para trabajos interiores, cuando más de una persona debe ser asesinada. Se ha creado una técnica efectiva para ser aplicada por un par de pistoleros con subametralladoras; en esta técnica, una habitación con una docena de sujetos puede ser “purificada” en alrededor de 20 segundos, con poco o ningún riesgo para los pistoleros”. […]

La victoria de la Revolución Cubana en 1959 causó muchos cambios en la Escuela. Los miles de oficiales cubanos que recibieron adiestramiento en Fort Gulick acerca de las grandes batallas en Europa y el Pacifico durante la Segunda Guerra Mundial, no pudieron con la guerrilla de Fidel y el Che. Los maestros del Pentágono descubrieron que se podía encontrar el enemigo dentro y no fuera del país.

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1961-1980: La doctrina de “Seguridad Interna”

Una de las primeras preguntas que hizo el nuevo presidente de Estados Unidos, John F. Kennedy, cuando tomó posesión de su cargo en 1961 fue “¿Qué estamos haciendo en relación con la guerra de guerrillas?”. “Casi nada”, fue la respuesta. De inmediato, Kennedy y el Pentágono empezaron a crear programas para cubrir este vacío. Por ejemplo, la fundación de los “Boinas Verdes” y la Escuela de Guerra Especial y Operaciones Psicológicas en Fort Bragg, Carolina del Norte.

Según un estudio de Steven Metz, catedrático de Asuntos de Seguridad Nacional, en el Colegio de Guerra del Ejército estadounidense:

Inspirado por el discurso de Krushchev de enero de 1961 endosando “guerras de liberación nacional”, la mermada situación de seguridad en Laos y Vietnam del Sur, la consolidación del régimen de Fidel Castro en Cuba, la derrota francesa en Argelia y el estallido de insurgencias comunistas en Colombia y Venezuela, Kennedy estaba convencido que la agresión indirecta a través de insurgencias guerrilleras había llegado a ser una amenaza primordial. Entonces, el razonamiento por el compromiso estadounidense en la contrainsurgencia surgió de ideas como la “teoría del domino” y la noción de la “muerte por mil cortes” avanzadas por los teóricos franceses de la guerre revolutionnaire. Este grupo creía que la Guerra Revolucionaria era la forma dominante de conflicto a finales del siglo XX. Una derrota de las fuerzas pro- occidentales, incluso en lugares que parecen estratégicamente insignificantes, empezaban a ser importantes cuando fueron vistos como una pequeña contribución más a la victoria global [del Bloque] Soviético”.2

El programa de cursos en la Escuela de las Américas (SOA), que oficialmente tomo este nombre durante la Administración de Kennedy en 1963 se vio afectado también por las nuevas preocupaciones militares. Empezando en 1961, se reorganizo los departamentos de la SOA; desde entonces existían Tácticas, Logística y, la nueva, Seguridad Interna.

Seguridad Interna” [Internal Defense] era la respuesta a la pregunta de Kennedy: “¿Que estamos haciendo?”, sobre la guerra de guerrillas. Dentro de los nuevos cursos de Seguridad Interna, se encontraba “Contrainsurgencia”, “Contrainteligencia”, “Inteligencia Militar”, “Guerra Irregular” y “Operaciones de Selva”, entre otros.

La década de los sesenta también vio la publicación por parte de la CIA del manual “KUBARK Counterintelligence Interrogation-19633, para ser usado en el adiestramiento de agentes de inteligencia de otros países. Este manual sirvió de base para otros manuales en uso en la SOA hasta entrada la década de los noventa. KUBARK es también la base para el manual “Human Resource Exploitation Training Manual1983”4 que fue utilizado por la CIA hasta 1994-1995. Los manuales KUBARK y HRET-83 salieron a la luz pública gracias a las investigaciones alrededor del Escuadrón de la Muerte, formado por el Ejército de Honduras en los años ochenta, el tristemente famoso Batallón 3-16. Cuatro de los cinco militares hondureños citados como responsables del Batallón 3-16 son graduados de la Escuela de las Américas.

Dada la importancia de dichos manuales en relación con la práctica de Tortura, tanto en México como en otros países de América Latina, queremos ofrecer a continuación algunos extractos:

a.– Acerca de la tortura física o “técnicas de coacción”: “Aunque no queremos enfatizar sobre el uso de técnicas de coacción, si queremos darlas a conocer y explicar las maneras propias de usarlas”.

b. – Las “técnicas de coacción” incluyen: “amenazas, miedo y dolor”; sin embargo, “es necesario tener el permiso del cuartel general si en los interrogatorios se van a usar métodos o materiales médicos, químicos o eléctricos”. La CIA ha confirmado que “los métodos o materiales eléctricos” significan la aplicación de descargas eléctricas a los torturados.

c.– “Siempre es más útil usar técnicas psicológicas”, porque “la amenaza de infligir dolor puede causar efectos más dañinos que la sensación inmediata del dolor. De hecho, la mayoría de las personas subestima su capacidad de aguantar dolor”.

d.– Ejemplos de técnicas de “autotortura” son: “forzar al detenido a mantener una posición rígida, como estar firme de pie o sentarse en un taburete durante largos periodos de tiempo”. Este método es efectivo porque “el dolor que está siendo infligido desde fuera puede intensificar la determinación del sujeto a resistir”, mientras que “el dolor que uno siente que está siendo infligido por uno mismo, tiene más probabilidades de debilitar su resistencia”.

e.– Se pueden usar torturas más intensas, si el detenido ha sido entrenado para resistir interrogatorios.

f.– Suero de la Verdad: es mejor usar un placebo, dado que puede hacer que el detenido sienta que “ha sido drogado” y que “ya nadie podría culparle por contar todo lo que sabe”.

g.– Detenciones: es un “modo eficiente de empezar el desequilibrio de los detenidos”. “Las detenciones siempre deben incluir el elemento de sorpresa para poder causar el máximo malestar”. “La hora ideal para hacer una detención es a las primeras horas de la mañana. Al ser detenidos en ese momento del día, la mayoría de los sujetos sufren sensaciones intensas de conmoción, inseguridad y estrés psicológico”. Los detenidos deben ser llevados a celdas aisladas con puertas de acero para “prevenir que el sujeto se pueda relajar”.

Pero los alumnos no solo hicieron lecturas de tortura en la Escuela de las Américas. Un militar hondureño graduado de la SOA afirmo en el documental de Robert Richter “Dentro de la Escuela de Asesinos”, que:

La Escuela siempre fue un frente para otras operaciones especiales, operaciones clandestinas. Ellos, [los norteamericanos], traían gente de la calle (gente pobre, sin hogar) a la base y los expertos nos entrenaban en cómo obtener información usando tortura. Fuimos entrenados para torturar a seres humanos. Ellos tenían un médico, un médico de EE.UU., a quien recuerdo muy bien, quien adiestraba a los estudiantes sobre la parte del cuerpo en el que torturar a fin de conseguir declaraciones sin llegar a causar la muerte del detenido. Él les decía cuanto puede tolerar el corazón, cuanto aguanta”.

Otra historia negra de los sesenta tiene que ver con el Programa de Ayuda de Inteligencia Extranjera del Ejército estadounidense (US Army Foreign Intelligence Assistance Program), que se llevó a cabo durante los años 1965 y 1966, bajo el nombre del “Project X” (Proyecto X). El ultrasecreto Proyecto X sirvió para preparar material de adiestramiento para ejércitos extranjeros en sus tareas de inteligencia militar. Mas de 1.000 documentos del proyecto fueron distribuidos en países amigos de EE.UU., incluyendo México, y también sirvieron como base para cursos de inteligencia en la SOA hasta el año 1992. Durante una “autoinvestigación” de la SOA en 1992, el Pentágono descubrió que todavía se guardaban documentos y manuales del Proyecto X en la base de la 470a Brigada de Inteligencia Militar, en Fort Huachuca, Arizona. Es probable que nunca sabremos más detalles sobre este programa infernal. El Pentágono dio órdenes para la destrucción de toda la documentación relacionada con el Proyecto X en el año 92. “No vimos ninguna necesidad de tener estas cosas circulando”, afirmó el portavoz del Pentágono, el teniente coronel Arne Owens.

Otro punto importante de la historia de la SOA en los años setenta tiene que ver con el periodo de la presidencia de Jimmy Carter en Estados Unidos. Carter intento dar más énfasis en el tema de los derechos humanos en el continente. Una de sus iniciativas fue cortar el suministro de recursos financieros destinados a la SOA y el número de estudiantes que participaban allí. Carter también pensó que una parte de las violaciones de los derechos humanos estaban siendo cometidos por graduados de los cursos de Inteligencia Militar de la SOA. De esta forma, se fueron eliminado algunos de estos cursos, mientras Carter fue presidente. Con la firma del Tratado Torrijos-Carter sobre el Canal de Panamá, una de las condiciones del Tratado especifico que la SOA tendría que salir de territorio panameño.

Sin embargo, Carter perdió las elecciones presidenciales en el año 1980. Antes, los sandinistas tuvieron éxito al derrocar la dictadura de Somoza en Nicaragua y parecía que en El Salvador y Guatemala podrían estar próximos a caer. Pero en ese momento, un vaquero de California llego “justo a tiempo para salvar al ‘Mundo Libre’” y, con ello, claro, la Escuela de Asesinos.

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1981-1990: ¡Bienvenido Mr. Reagan!

En 1981 llego el nuevo “sheriff”, Ronald Reagan. La idea central entonces era “¡Basta de ideas subversivas como ‘derechos humanos’, ¡hay que ganar la Guerra Fría como sea!”. Así se duplico el número de estudiantes en la Escuela. Se creo una nueva industria en Washington alrededor de la Guerra de Baja Intensidad (GBI). Se volvió a enseñar “Inteligencia Militar”, echando mano a los archivos del oscuro “Proyecto X”, de los años sesenta.

Cumpliendo con los Tratados Torrijos-Carter, la Escuela se mudó a territorio estadounidense en 1984, a Fort Benning, Georgia, el hogar de los “Rangers”. Al cerrar la SOA, en Fort Gulick, el periódico panameño La Prensa le dio el nombre de “Escuela de Asesinos”. El entonces presidente Jorge Illueca se refirió a la SOA como “la base más grande de desestabilización en América Latina”.

No es que el tema de los derechos humanos fuera olvidado por completo, pero había que entender que “el tema de derechos humanos, aunque se considere como concepto abstracto, puede ser difícil para muchos oficiales latinoamericanos, pues muchos consideran que tal termino se ha empleado en forma propagandística y perjudicial para algunos esfuerzos militares legítimos”.5 Y, por supuesto, nadie quiere que se den cursos “difíciles” en la SOA. Además, a veces la propia naturaleza de la GBI requiere otra manera de juzgar los derechos humanos, porque, según el teórico del tema Sam C. Sarkesian:

Si la participación estadounidense es necesaria y justificada, el pueblo y los dirigentes de nuestro país deben comprender que la guerra de baja intensidad no se ajusta a la noción democrática de táctica y estrategia. La revolución y la contrarrevolución desarrollan su propia concepción ética y moral, las cuales justifican el uso de cualquier medio para acceder a la victoria. La supervivencia se convierte en el criterio definitivo de moralidad”.6

Otro teórico de la GBI, Neil Livingston, afirmo que “las pequeñas guerras sucias de nuestro tiempo no son hermosas, pero, si no utilizamos medidas severas y brutales, anulamos nuestras probabilidades de lograr el éxito en la GBI”.7

Durante el régimen de Reagan los países más importantes para la Guerra de Baja Intensidad en el continente eran El Salvador, Honduras, Guatemala y Nicaragua. De ellos, el más importante era El Salvador. En su estudio sobre la Contrainsurgencia, Metz cita un informe hecho por cuatro tenientes coroneles del Ejercito de los EE.UU., en el cual se afirma que:

para Estados Unidos, El Salvador representa un experimento, un intento de revocar el historial de fracasos estadounidenses en la conducta de guerras pequeñas, un esfuerzo para derrotar una insurgencia a través de la suministración de adiestramiento y apoyos materiales sin el envió de tropas estadounidenses al combate”.8 Para el ex jefe de los asesores estadounidenses en El Salvador, el coronel John Waghelstein, “lo que suceda en el laboratorio salvadoreño será una experiencia muy útil para la próxima generación de asesores por desplegar en el Tercer Mundo”.

El gobierno estadounidense llevo a cabo este experimento de adiestramiento en El Salvador, con el uso de la Escuela de las Américas y los “Boinas Verdes” del Séptimo Grupo de Fuerzas Especiales de Fort Bragg, Carolina del Norte. […]

El teniente coronel Frank Pedrozo, asesor militar estadounidense durante la guerra en El Salvador, del Séptimo Grupo de Fuerzas Especiales, señaló en una entrevista acerca de sus actividades en aquel país centroamericano que:

Creo que la calidad de adiestramiento era una de las contribuciones más importantes que hicimos. Hemos tomado una fuerza policial de unos 12.000 tipos y en un periodo de 12 años los hemos transformado en un ejército de 60.000 hombres con un límite de 55 asesores. Si lo piensas, esto es una autentica hazaña, y es algo de lo cual yo creo que las Fuerzas Especiales pueden estar realmente orgullosas”.9

Los cursos relacionados con el adiestramiento siguen el concepto de “entrenar al entrenador”. así, estos graduados pueden volver a México para adiestrar aún a más gente. Los beneficios pueden multiplicarse. Eran programas similares en El Salvador, junto con asesores y otros cursos directos, los que llevaron al coronel estadounidense Aron Royer a declarar que “de una u otra forma, hemos entrenado a cada soldado del ejército salvadoreño y adiestrado a todos los batallones de infantería. Entrenamos a cada piloto de helicóptero de la fuerza aérea de ese país”. […]

Los años noventa han sido la primera vez que la SOA ha estado bajo el escrutinio público. Horrorizados por la investigación hecha por la Comisión de la Verdad de Naciones Unidas sobre violaciones de los derechos humanos durante la guerra en El Salvador, investigación que demostró que de los 69 oficiales del Ejército salvadoreño señalados como responsables de asesinatos, violaciones, torturas, etcétera, 47 de ellos eran graduados de la Escuela, miles de mujeres y hombres en todo el mundo se han estado organizado en los últimos años para cerrar la SOA. En noviembre del año pasado, en el aniversario del asesinato de los jesuitas españoles por parte de graduados de la Escuela, más de 600 personas fueron detenidas en una manifestación delante de Fort Benning. Mas de 20 de ellos están ahora mismo cumpliendo condenas de cárcel por su participación en la protesta. Paradójicamente, estos pacifistas han sido condenados por el mismo juez que revocó la condena del único militar estadounidense condenado por la masacre de cientos de mujeres y niños en My Lai durante la guerra de Vietnam.

La creciente campana para cerrar la Escuela ha llevado el teniente coronel Demarest a afirmar en su artículo (citado con anterioridad) que “La Escuela de las Américas no es una escuela para dictadores, pero si es vulnerable a tal critica porque han desaparecido los principios básicos de Guerra Fría a partir de los cuales fue fundada”. Es decir: sin los rusos jugando a la Guerra Fría con sus compinches gringos, se está haciendo cada vez más difícil defender las masacres de campesinos en el Tercer Mundo.

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De la doctrina paramilitar

Las fuerzas paramilitares están organizadas para proporcionar autodefensa popular. Operan en sus lugares de origen. Pueden ser de tiempo completo o de tiempo parcial, dependiendo de la situación. Combinan capacidades de infantería básica con técnicas policiales. Ayudan a las fuerzas del orden, incluyendo la búsqueda de la infraestructura de los insurgentes. También proporcionan defensa local contra las fuerzas de combate de los insurgentes. Junto con la policía, separan a los insurgentes del pueblo, evitando que aquellos puedan movilizar fuerzas y recursos. Las fuerzas armadas regulares son el escudo detrás de lo cual discurre el desarrollo político, social y económico. Su misión primaria es proteger a las fuerzas gubernamentales, policíacas y paramilitares ante las fuerzas de combate de los insurgentes”10.

El Quinto Grupo de Fuerzas Especiales del ejército de Estados Unidos, fue creado en septiembre de 1961 por el presidente Kennedy, en Fort Bragg, Carolina del Norte. Hasta ese momento, el gobierno de Vietnam del Sur y la embajada estadounidense habían puesto énfasis en desarrollar fuerzas militares regulares, excluyendo a las minorías étnicas y religiosas. Sin embargo, a finales de ese año, fueron iniciados varios programas con la intención de ampliar los esfuerzos contrainsurgentes, desarrollando el potencial paramilitar de ciertos grupos de minorías. Destacamentos de Fuerzas Especiales fueron asignados a la embajada estadounidense en Saigón para dar adiestramiento y asesoría en estos programas, los cuales eran conocidos genéricamente como Grupo Irregular de Defensa Civil. El desarrollo de fuerzas paramilitares entre los grupos de minorías sería la misión primordial de las Fuerzas Especiales en Vietnam11.

Según el estudio de las Fuerzas Especiales estadounidenses en Vietnam, la idea de formar paramilitares era limpiar un territorio del “terror e influencia” de los revolucionarios vietnamitas, conseguir apoyo para el gobierno de Vietnam del Sur y formar un programa de autodefensa. Después de cumplir todos estos puntos, lanzarse a la ofensiva atacando posiciones del FLN de Vietnam.

Nada ha cambiado desde Vietnam en el uso de grupos paramilitares en labores de contrainsurgencia. En el “Manual de Campo 100-20”, encontramos en el anexo titulado “Implementando la Estrategia IDAD (Defensa Interna y Desarrollo)”:

Las fuerzas paramilitares, sobre todo las reclutadas para servicios locales, están limitadas a una defensa estática en la vecindad de sus propias casas. En comparación con el Ejército, son poco entrenadas y carecen de buenas armas. Reciben bajos salarios, pero substituyen de manera económica a las tropas del Ejército en áreas relativamente seguras. En cambio, tienen capacidad para dar la alarma ante un ataque de los insurgentes y pueden defender sus comunidades hasta la llegada de refuerzos de combate más capacitados. Después de una campaña de consolidación de un territorio bajo el control del gobierno, las fuerzas paramilitares locales pueden asumir la seguridad y evitar el regreso de los insurgentes. Empero, los comandantes militares y sus asesores jamás deben olvidar las limitadas capacidades de combate de estas fuerzas. No pueden sobrevivir si las fuerzas regulares de combate no están disponibles para reforzarlas a tiempo en caso de un ataque masivo. Además, existe un aspecto político y psicológico muy importante en la movilización de fuerzas paramilitares. La militancia da al pueblo un interés en el éxito del gobierno. Los paramilitares desarrollan un compromiso psicológico que tiende a vacunarlos contra la propaganda de los insurgentes (…) y sus trabajos contribuyen al desarrollo económico del país”.

Pero dentro del programa de adiestramiento hay muy poco que no se puede usar en la lucha contrainsurgente. Un informe de Amnistía Internacional sobre el uso de armas destinadas al ejército de Colombia para la lucha antidroga12, cita una carta escrita a McCaffrey por el coronel Warren D. Hall III, un experto en leyes que afirma:

las habilidades de infantería básica que las fuerzas estadounidenses de operaciones especiales enseñan en sus despliegues antidrogas pueden ser utilizadas también por las fuerzas armadas de Colombia en su esfuerzo contrainsurgente”.

Hay más razones para preocuparnos. El pasado 26 de junio, H. Allen Holmes –vicesecretario de Defensa para Operaciones Especiales y Conflictos de Baja Intensidad de Estados Unidos– señaló en una conferencia sobre Inteligencia Militar:

Las Fuerzas de Operaciones Especiales han sido fundamentales en nuestro trabajo con los militares mexicanos. Con el 70% de la cocaína que entra en Estados Unidos por la frontera con México, hemos conseguido un progreso significativo desarrollando programas de cooperación en materia antidroga con los militares mexicanos. Hace año y medio, no teníamos casi ningún contacto con los militares mexicanos. Hoy, estamos ayudando al Ejército Mexicano a crear un gran número de grupos de reacción rápida con capacidad aeromóvil para la lucha antidrogas. La fuerza principal de este programa ha sido el adiestramiento dirigido por el Séptimo Grupo de Fuerzas Especiales que adiestrará a casi 200 miembros de los grupos de reacción rápida sólo en este año fiscal.”

El Séptimo Grupo de Fuerzas Especiales ha participado en acciones desde la guerra de Vietnam, asesorando el ejército de Vietnam del Sur, hasta la invasión de Panamá en diciembre de 1989. Hoy en día es el grupo de fuerzas especiales encargado del trabajo en América Latina.

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Epílogo

El estratega exitoso de IDAD [Defensa Interna y Desarrollo, otro aspecto de la contrainsurgencia] debe entender que la verdadera naturaleza de la amenaza al gobierno se encuentra en la fuerza política –no militar– del enemigo. Cualquier estrategia que no preste atención seria y continua a los reclamos políticos y demandas de la oposición, saldrá severamente perjudicada. Los programas militares y paramilitares son necesarios para el éxito, pero no son suficientes en sí mismos.”13

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Notas:

1. “Campus México” de la escuela de asesinos. Publicado en La Jornada, 29 y 30 de marzo, “Bajo la doctrina de Fort Bragg”, Nuevo Amanecer Press-Europa, Especial para Masiosare. 11 de enero 1998.
1. Lisa Haugard, “Textbook Repression: US Training Manuals Declassified”, Covert Action Quarterly #61, Summer 1997
2. Steven Metz, “Counterinsurgency: Strategy and the Phoenix of American Capability”, Strategic Studies Institute, US Army War College. Carlisle Barracks, Pennsylvania. 28 febrero 1995
3. Kubark Interrogación de Contrainteligencia-1963
4. HRET-83. Manual de Adiestramiento en la Explotación de Fuentes Humanas-1983
5. Teniente Coronel Geoffrey N. Demarest, Ejército de EE.UU. “Una redefinición de la Escuela de las Américas”, Military Review edición en español) Nov-Dec 1995
6. Michael T. Klare y Peter Kornbluh “El Nuevo Intervencionismo: La Guerra de Baja Intensidad” en Klare y Kornbluh, coordinadores, “Contrainsurgencia, proinsurgencia y antiterrorismo en los 80: El arte de la Guerra de Baja Intensidad”, Grijalbo, México D.F., 1990, p. 25
7. Ibíd.
8. Metz, op. cit.
9. “Interview: Special Forces in El Salvador” Special Warfare: The Professional Bulletin of the J. F. Kennedy Special Warfare Center and School. Fort Bragg, Carolina del Norte. Octubre de 1993, Vol. 6, N.°. 4. Página 37.
10. Field Manual 100-20 “Stability and Support Operations”, Capítulo 6. Foreign Internal Conflicts, United States Army Command and General Staff College, Fort Leavenworth, Kansas: 1997
11. Coronel Francis John Kelly. “Vietnam Studies: U.S. Army Special Forces 1961-1971”, Center for Military History Publication 90-23. Department of the Army, Washington D.C. 1989
12. “Leaked Documents Point to U.S. Weapons Meant for Drug War Used to Kill Innocent People in Colombia, Washington, 29/X/96
13. Tactics, Techniques, and Proceedings for Foreign Internal Defense, Chairman of the Joint Chiefs of Staff. The Pentagon, 26/6/97.) 6 de mayo de 1998

 

"Position du Continent Contrescarpe": version Les Lèvres nues (publiée en 1956)

 Monographie établie par le Groupe de Recherche psychogéographique de l’Internationale lettriste

Après quelques visites préliminaires, dans le courant du printemps de 1953, à certains points du Ve arrondissement auxquels ils reconnaissent une assez forte attirance, les lettristes en viennent à se rencontrer en permanence, au début de l’été, dans la rue de la Montagne-Geneviève (anciennement nommée rue de la Montagne, par la Convention). La tendance générale, encore irraisonnée, est de s’avancer vers le sud, d’abord jusqu’à la place de la Contrescarpe, puis plus loin.
     Au moment où certains commencent à prendre conscience de ce qu’une expérience en profondeur du terrain actuel d’une ville pourrait apporter à la théorie, assez aventurée, de la construction des situations, Gilles Ivain découvre l’unité d’ambiance qu’il nomme «Continent Contrescarpe», à cause d’une étendue et d’une intensité qui semblent très supérieures à celles d’autres îlots épars.
    Malgré le grand nombre des dérives qui traversent en tous sens le Continent, la première approximation de ses limites, et sa distinction précise des points d’attraction circonvoisins se révèlent fort difficiles. Dans son mémoire Introduction au Continent Contrescarpe, daté du 24 janvier 1954, Gilles Ivain écrit : «L’exploration d’un continent s’imposait. Nous en avions justement un sous la main, et à peu près vierge. Il s’agissait d’un continent qui me sembla presque ovale, et dont la forme ressemble aujourd’hui sur les cartes à celle du Chili : la Contrescarpe  et ses dépendances départementales» (manuscrit TN 12, Archives de l’Internationale lettriste). Mais les dépendances supposées du Continent : Butte-aux-Cailles, et principalement la fuyante rue Gérard ; rue Sauvage ; ou même de plus proches telle la Montagne-Geneviève, apparaissent finalement comme des unités séparées, et de la forme ovale du Continent à son origine, il ne reste pas grand’chose.
    Sommairement, le Continent Contrescarpe se superpose au centre du Ve arrondissement, isolé par la structure de ses rues des activités de divers points de Paris dont il est géographiquement assez voisin. Cette zone est délimitée au nord par la rue des Écoles ; au nord-ouest par la rue Jussieu ; à l’est par les rues Linné et Geoffroy-Hilaire ; au sud-est par la rue Censier ; au sud-ouest par la rue Claude Bernard ; à l’ouest par la rue d’Ulm, le Panthéon, la rue Valette. Une seule grande voie nord-sud — la rue Monge — la traverse en sa partie orientale. L’absence de toute communication directe ouest-est constitue la principale détermination écologique de ce complexe urbain (une telle voie est projetée depuis un grand nombre d’années. Elle correspond à l’axe des rues Érasme-Seneuil. Depuis la découverte du Continent, cet axe, qui part de la rue d’Ulm, s’est étendu, par le percement de la rue Calvin dans son prolongement, jusqu’à la rue Mouffetard. Il s’en faut de la démolition d’un pâté de maisons à chacune de ses extrémités pour qu’il atteigne, par la rue de l’Abbé-de-l’Épée à l’ouest et la rue de Mirbel à l’est, le boulevard Michel et la rue Censier).
    Mais pour délimiter précisément le Continent, il faut en soustraire des zones frontières, qu’il influence plus ou moins fortement mais qui sont cependant distinctes : la Montagne-Geneviève au nord ; toute la partie qui s’étend à l’est de la rue Monge ; et même une étroite zone qui borde la rue Monge à l’ouest. Le Continent proprement dit, à l’intérieur des limites fixées plus haut, s’arrête probablement aux rues des Patriarches, Pestalozzi, Gracieuse, Lacépède (ces rues en étant exclues) ; à la place de la Contrescarpe qui est son extrême avancée vers le nord ; aux rues Blainville, Laromiguière, Lhomond et de l’Arbalète (ces rues y étant incluses). Il apparaît donc que sa surface est réduite. Elle-même se subdivise nettement en une partie est (Mouffetard) très animée, et une partie ouest (Lhomond) désertique. Il faut cependant ajouter, en dehors de ces limites, une avancée de la zone déserte : la rue Pierre Curie qui va, à l’ouest de la rue d’Ulm, jusqu’à la rue Jacques. On peut également considérer comme des avancées — moins marquées — de la zone déserte du Continent les rues Érasme-Seneuil (surtout cette dernière) et au sud la rue Lagarde. On peut de même rattacher à la zone-Mouffetard les alentours immédiats de l’église Médard et, au sud-est, les rues orientées autour du square Scipion (rue de la Clef, rue du Fer à Moulin, etc.).

Les principales défenses que le Continent présente à la dérive, ou même à une volonté de pénétration, s’étendent à l’ouest, précisément du côté où il est en contact avec une zone très active de mouvements, à partir d’une ligne Panthéon - Luxembourg - boulevard Michel - boulevard de Port-Royal. Au sud, son seul accès du côté des Gobelins — l’ouverture de la rue Mouffetard — se dissimule derrière l’église Médard, avant laquelle les principaux courants sont drainés par les rues Claude Bernard et Monge. Du côté de l’est, le Continent est couvert par la rue Monge qui entraîne vers les places Jussieu ou Maubert. C’est seulement du côté du nord que l’on peut trouver un accès relativement facile, mais limité à la succession, en ligne sinueuse, des rues Montagne-Geneviève, Descartes et Mouffetard. Le moindre écart hors de cette ligne, avant d’avoir passé la place de la Contrescarpe, rejette à coup sûr loin du Continent.
    La pénétration la plus courante se faisant suivant un axe nord-sud, les principales sorties du Continent sont au sud : attraction puissante de la rue du Fer à Moulin-Poliveau vers l’est et la rue Sauvage ; attraction relative de la Butte-aux-Cailles et du sud du XIIIe arrondissement, au-delà de l’avenue des Gobelins et assez couramment par la rue Croulebarbe (c’est-à-dire en longeant la Bièvre, rivière presque entièrement souterraine). Une sortie moins évidente, du côté du nord, conduit à la place Maubert et à la Seine ; plus difficilement, par le Panthéon, au boulevard et à la place Michel.
    Il faut enfin signaler les difficultés de sortie du côté de l’ouest, et le rôle de piège de la rue Pierre Curie qui, de jour comme de nuit, tend à relancer vers le sud (rue Claude Bernard) un passant qui l’emprunte après avoir suivi la rue Lhomond en direction de la rue Soufflot ou de la gare du Luxembourg.
    L’intérêt du Continent semble résider dans une aptitude particulière au jeu et à l’oubli. La seule construction en des points choisis de trois ou quatre complexes architecturaux adéquats, combinés avec la fermeture de deux ou trois rues par d’autres édifices, suffirait sans doute à faire de ce quartier un irréfutable exemple des possibilités d’un urbanisme nouveau. Il semble malheureusement qu’avant que l’on puisse en venir là, le processus constant de destruction qui se manifeste dans le tracé des rues (ouverture de la rue Calvin) comme dans le peuplement (annexion de la rue Descartes à la zone des cabarets de style Rive Gauche) aura trop profondément érodé ce sommet psychogéographique.


Les Lèvres nues no 9, novembre 1956

Les surhommes libéraux arrivent

 SOURCE: https://www.librairie-tropiques.fr/2025/07/les-surhommes-liberaux-arrivent.html

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Face à la baisse tendancielle du taux de profit idéologique
Les surhumains
sont à nouveau en marche

Adaptation révisée et complétée d'un article de Artyom Lukin ,
professeur associé de relations internationales
à l'Université fédérale d'Extrême-Orient à Vladivostok, en Russie

Pendant un demi-millénaire, l'Occident a été la civilisation dominante du monde. Ces derniers temps, cette domination s'est affaiblie, sans toutefois disparaître complètement. L'Occident – et surtout les États-Unis d'Amérique en son cœur – demeure le sujet le plus puissant de la politique et de l'économie mondiales. Son immense puissance peut à la fois être une force créatrice et une source de menaces existentielles pour le reste du monde.

Aujourd'hui, en Occident, et notamment aux États-Unis, une nouvelle idéologie se construit, qui, dans certaines circonstances, n'est pas moins dangereuse que le fascisme et le nazisme il y a un siècle. Le second mandat de Donald Trump pourrait marquer un tournant : l'Amérique sera alors sous le contrôle de personnes et d'idées controversées. 

Mais avant de faire un état des lieux, une petite "revue de presse parallèle" s'impose pour illustrer le désarroi qui règne actuellement dans l'imaginaire des sujets de la "Nation d'exception" impériale, confrontés aux conséquences troublantes de sa Stratégie du chaos :

Trump, Zelensky, Netanyahou :
MÊME COMBAT !

De la problématique résolution des contradictions
de la classe managériale étasunienne,
en temps de baisse tendancielle du taux de profit idéologique

 

L'idéologie émergente de la « nouvelle Amérique » est encore hétérogène et représentée par au moins quatre groupes clés. Le premier est Trump lui-même et ses proches, qui professent des opinions empruntées à l'époque de l'impérialisme classique des grandes puissances et du nationalisme économique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Le deuxième est composé de politiciens et de personnalités médiatiques que l'on peut qualifier de populistes de droite. Le troisième est composé de personnes de la Silicon Valley , attachées à l'hypercapitalisme libertaire et au culte de la technologie. Le quatrième est composé d'intellectuels "et de droite et de gauche" qui génèrent et propagent les idées des « Lumières obscures » sur un mode parfois écolo-millénariste, souvent mystico-théocratique ou "éveillé", toujours fascistoïde.

Si les opinions des deux premiers groupes ne sont pas nouvelles dans le paysage politique américain, les deux derniers courants sont un phénomène du XXIe siècle.

Les restaurateurs impériaux

Au centre se trouvent Trump lui-même et ses alliés, témoins de l'époque de l'impérialisme des grandes puissances. Le discours inaugural de Trump pour son second mandat ne laissait planer aucun doute : il appelait à l'expansion territoriale, à la croissance industrielle et à la renaissance de l'armée. L'Amérique, a-t-il déclaré, est « la plus grande civilisation de l'histoire de l'humanité »[1]. Il a salué le président William McKinley et Theodore Roosevelt, tous deux architectes de l'impérialisme américain. 

La vision est sans équivoque : l’exceptionnalisme américain, imposé par la puissance militaire et guidé par la logique de la conquête. C’est le langage de l’empire.

 

Les conservateurs nationalistes

Il y a ensuite les populistes catalogués ou autoproclamés "de droite" aux USA – des personnalités comme le vice-président J.D. Vance, le stratège Steve Bannon et le journaliste Tucker Carlson. Leur slogan est « L'Amérique d'abord ». Ils défendent les valeurs traditionnelles, prétendent parler au nom de la classe laborieuse (notamment celles associées aux "MAGA") et méprisent l'élite libérale ( libéral = "de gauche" aux USA) concentrée dans les villes côtières (les couches sociales associées aux "ZFE" en France) .

Ils s'opposent au mondialisme, soutiennent le protectionnisme commercial et prônent l'isolationnisme en politique étrangère. Cette faction n'est pas particulièrement nouvelle dans la politique américaine, mais son influence s'est renforcée, notamment sous le patronage de Trump.

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Les milliardaires techno-libertaires

Ce courant de la nouvelle idéologie américaine est représenté par des milliardaires du secteur technologique, principalement issus de la Silicon Valley. Le plus célèbre est bien sûr Elon Musk, qui a dirigé le Bureau de l'efficacité gouvernementale sous l'administration Trump de janvier à mai 2025. Cependant, son influence politique n'est pas toujours à la hauteur de sa notoriété. Moins connu du grand public, le capital-risqueur Marc Andreessen (créateur du premier navigateur internet grand public Netscape qui donna ensuite Mozilla et Firefox ) a peut-être initialement exercé une influence encore plus grande à la Maison Blanche qu'Elon Musk, agissant comme conseiller informel et aidant Trump à recruter des personnes pour des postes clés [2] . Jusqu'à récemment, Andreessen soutenait le Parti démocrate, mais en 2024, il a soutenu Trump, en partie parce qu'il n'était pas satisfait de la politique de l'administration Biden visant à réglementer plus strictement le secteur des cryptomonnaies et l'intelligence artificielle. Andreessen, comme Musk, prône une liberté maximale des activités commerciales et une ingérence minimale de l'État dans les entreprises privées.

En 2023, Andreessen a publié le « Manifeste TechnoOptimiste ». L'idée centrale est simple : le progrès scientifique et technologique est le bien suprême et la clé pour résoudre les problèmes de l'humanité, mais seuls les marchés libres, associés à la suppression des restrictions et barrières pesantes, assureront le développement d'une économie de haute technologie. Andreessen prône l'« accélérationnisme » – l'impulsion du développement technologique, qui devrait accélérer le progrès à des vitesses sans précédent. Cette accélération, littéralement « débridée », sera obtenue grâce à la synthèse de l'innovation technologique et de l'économie capitaliste ( techno - capital machine ), terme qu'Andreessen a emprunté au philosophe britannique Nick Land. Andreessen est particulièrement enthousiaste à propos de l'intelligence artificielle : « Nous pensons que l'intelligence artificielle est notre alchimie, notre pierre philosophale… Nous pensons que l'intelligence artificielle doit être abordée comme un outil universel de résolution de problèmes » [3] .

Mais le portrait optimiste d'Andreessen comporte des nuances sémantiques. Faisant clairement référence à Friedrich Nietzsche, dont le nom figure dans le manifeste parmi les penseurs les plus respectés d'Andreessen, le milliardaire de la technologie exalte les « supermen technologiques » à venir : « Nous ne sommes pas des victimes, nous sommes des conquérants… Nous sommes le prédateur suprême . »

Lorsqu'Andreessen, parlant des « surhommes technologiques », utilise la métaphore du prédateur, n'est-ce pas un lapsus freudien typique ? Au sommet de la chaîne alimentaire, par définition, seuls quelques prédateurs, les plus puissants, peuvent se trouver, tandis que les autres sont destinés à un rôle différent. Le manifeste d'Andreessen apporte la réponse à la question de savoir qui est censé jouer le rôle du prédateur principal : « Nous pensons que l'Amérique et ses alliés doivent être forts, et non faibles. Nous pensons que la force nationale des démocraties libérales provient de leur puissance économique (puissance financière), culturelle (soft power) et militaire (hard power). La puissance économique, culturelle et militaire découle de la puissance technologique. Une Amérique technologiquement forte est une force du bien dans un monde dangereux. Les démocraties libérales technologiquement fortes garantissent la liberté et la paix. Les démocraties libérales technologiquement faibles perdent face à leurs rivaux autoritaires… »

La longue liste des « saints patrons du techno-optimisme » d'Andriessen comprend Filippo Marinetti, fondateur du futurisme et l'un des idéologues du fascisme italien. Le dernier acte de Marinetti fut un voyage avec le corps expéditionnaire italien sur le front de l'Est, où il fut blessé à Stalingrad.

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Le philosophe-faiseur de rois

Le penseur le plus développé intellectuellement du camp techno-libertaire est Peter Thiel, cofondateur de PayPal et de la société de surveillance des données Palantir Technologies. Thiel n'est plus une figure marginale : il est désormais sans doute le deuxième idéologue le plus important de la Nouvelle Amérique, après Trump lui-même.

Thiel fut la première personnalité respectée de la Silicon Valley à soutenir ouvertement Trump et à faire un don à sa campagne présidentielle en 2016. Cependant, l'investissement politique le plus fructueux de Thiel ne fut pas Trump, mais l'actuel viceprésident (et probablement futur président) J.D. Vance, pour qui Thiel devint un mentor et un employeur (Vance fut un temps employé du fonds d'investissement de Thiel, Mithril Capital ). Thiel fit ensuite don de 15 millions de dollars à la campagne de Vance pour le Sénat américain depuis l'Ohio et présenta le jeune homme politique prometteur à Trump. Comme il sied à un homme d'affaires, Thiel diversifie ses investissements politiques. Parallèlement à Vance, il a parrainé un autre jeune homme politique prometteur (également son étudiant et ancien employé) : Blake Masters, à qui il a donné 20 millions de dollars pour les élections sénatoriales de l'Arizona (contrairement à Vance, Masters a perdu les élections).

Thiel se dit chrétien et cite souvent la Bible, bien qu'il soit ouvertement homosexuel (en 2017, il a épousé son partenaire Matt Danzeisen, banquier d'affaires, à Vienne). Ce milliardaire de la tech est connu comme philosophe et penseur, très lu et auteur prolifique de livres et d'essais. Contrairement à Musk et Andreessen, qui publient des maximes et des mèmes destinés au grand public, Thiel cible l'élite cultivée. Il cite généreusement des philosophes politiques aussi complexes que Carl Schmitt et Leo Strauss, et est un fervent partisan des idées de l'anthropologue René Girard. Thiel se positionne comme un libertarien , mais ne cache pas qu'il a depuis longtemps cessé de croire à la démocratie libérale, ainsi qu'à la démocratie en général : « Je ne pense plus que la liberté soit compatible avec la démocratie » [4] . Il est significatif que Thiel compare l'Amérique d'aujourd'hui à l'Allemagne à la veille de l'ascension d'Hitler : « Il existe des parallèles indéniables entre les ÉtatsUnis des années 2020 et l'Allemagne des années 1920 dans le sens où le libéralisme s'est épuisé. On peut soutenir que la démocratie... s'est épuisée et nous devrons nous poser une série de questions qui vont bien au-delà de la fenêtre d'Overton » [5] .

Le libertarisme de Thiel ne l'a pas empêché de fonder Palantir Technologies, qui développe des systèmes d'intelligence artificielle pour le Pentagone et les agences de renseignement. Il est également un investisseur majeur d'Anduril Industries , une entreprise de drones et d'armes autonomes appartenant au jeune milliardaire Palmer Luckey.

Thiel s'apparente au courant des déclinologues new age U.S. qui estiment qu'au cours des dernières décennies, l'Amérique a sombré dans un abîme de dégradation et de stagnation. Un bond vers de nouveaux sommets et de grands objectifs est nécessaire. À l'instar de ses collègues milliardaires de la Silicon Valley, Thiel est convaincu que la définition et la réalisation d'objectifs scientifiques et technologiques ambitieux doivent devenir la priorité absolue de la société et de l'État. Puisant son inspiration hétéroclite autant chez Oswald Spengler, que Lothrop Stoddard et que chez Butler ou Foucault, ses préférences vont vers les technologies transhumanistes associées à l'amélioration du corps humain, à la prolongation de la vie et, potentiellement, à l'immortalité. L'un de ses projets actuels est l'organisation de « Jeux améliorés » alternatifs où les contrôles antidopage seraient assouplis et où les athlètes seraient autorisés à utiliser des méthodes de « biohacking ». L'un des coorganisateurs de ces Jeux améliorés est le fils du président, Donald Trump Jr. [6].

De tous les milliardaires libertariens proches du gouvernement actuel, c'est Thiel qui a les opinions les plus tranchées en matière de politique étrangère. Sa conception géopolitique est assez simple et se résume au fait que la principale menace extérieure pour les États-Unis est la Chine.

Contrairement à son ami et ancien partenaire commercial Elon Musk, considéré comme une figure pro-chinoise, Thiel est partisan d'une politique ferme de confinement de Pékin, notamment en formant une large coalition anti-chinoise dirigée par Washington. Les États-Unis devraient opter pour un divorce économique avec la Chine et faire pression sur les autres pays pour qu'ils minimisent également leurs liens avec Pékin. Thiel estime que les super-tarifs imposés par Trump sur les produits chinois sont un pas dans la bonne direction [7] . Dès novembre 2022, il déclarait : « Je crois au libre-échange, je ne suis pas partisan des tarifs douaniers, mais je ferais une exception pour notre principal rival géopolitique et idéologique » [8] . Thiel est l'une des figures les plus sinophobes de l'élite dirigeante actuelle. Il qualifie la Chine de « gérontocratie mi-fasciste, micommuniste », accusant Pékin de « nationalisme », de « racisme » et de « xénophobie » [9] .

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Les Lumières obscures

Enfin, le quatrième groupe de représentants de la nouvelle idéologie américaine est celui des intellectuels provocateurs qui créent des récits des « Lumières obscures ». Également appelé « mouvement néo-réactionnaire » (NRx ), ce mouvement intellectuel et philosophique, qui rejette de nombreux idéaux des Lumières classiques, a pris forme à la fin des années 2000 et au début des années 2010, principalement dans l'Anglosphère.

L'un des pères des « Lumières obscures » et l'auteur du terme lui-même, mentionné en lien avec Andreessen, est le philosophe et écrivain britannique Nick Land, aujourd'hui basé à Shanghai. Au début de sa carrière universitaire dans les années 1990, Land, qui enseignait alors à l'Université de Warwick , défendait des opinions de gauche , mais a depuis fortement viré à droite [10] . Land croit en l'avènement de la singularité – le moment où l'intelligence artificielle et les autres technologies surpasseront les humains et échapperont à leur contrôle, ce qui marquera le début de l'ère « post - humaine » . Land s'inspire de l'esthétique du cyberpunk, prédisant l'avènement de systèmes techno-autoritaires hypercapitalistes, gouvernés par la technologie et les marchés plutôt que par la politique traditionnelle. De tels systèmes, selon lui, sont bien plus efficaces que le libéralisme et la démocratie classiques. Dans l'esprit du darwinisme techno-social, Land prédit l'émergence d'êtres post-humains qui, par la fusion avec les supertechnologies, domineront le nouveau monde.

Land rejette l'anthropocentrisme, affirmant que les valeurs humaines et la morale sont dénuées de pertinence face à des forces bien plus vastes et impersonnelles telles que le capital et la technologie. Dans sa philosophie, l'humanité n'est qu'une étape temporaire dans un processus évolutif plus vaste, impulsé par les machines et les systèmes économiques.Un autre père intellectuel des « Lumières obscures » est le programmeur et blogueur américain Curtis Yarvin, également connu sous le pseudonyme de Mencius Moldbug .

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NB : Pour le public français on pourrait l'associer à une créature hybride fruit de l'union entre Michel Onfray, Eric Zemmour et Yves Cochet.

Contrairement à Land, Yarvin est directement impliqué dans le processus politique. Ami de Thiel, il connaît bien plusieurs politiciens et responsables de l'entourage de Trump. Yarvin prône le remplacement de la démocratie libérale compromise par un système politique plus efficace, sous la forme d'une monarchie autocratique ou d'une société commerciale, où un organe dirigeant unique dispose de pouvoirs absolus. L'une de ses idées est la création d'un système composé de nombreuses entités souveraines contrôlées par des entreprises ( Patchwork ), au sein duquel il sera possible d'expérimenter librement les lois, les règles et les technologies.

Yarvin rejette clairement le leadership mondial américain. Il estime que les États-Unis devraient se retirer d'Europe et laisser les puissances régionales régler leurs propres différends. Il parle chaleureusement de la Chine et ses opinions sur la Seconde Guerre mondiale sont pour le moins peu orthodoxes, suggérant qu'Hitler était motivé par des calculs stratégiques plutôt que par des ambitions génocidaires.

Comme la plupart des idéologues de la « nouvelle Amérique », en politique étrangère, Yarvin prône le démantèlement de « l'ordre international libéral » né après 1945, où les États-Unis jouaient le rôle de gendarme et de garant de la sécurité mondiale. Yarvin prône même le retrait des États-Unis d'Europe, tout en stipulant que la Grande-Bretagne, pays anglosaxon, doit rester sous la protection américaine [11] . Yarvin n'aurait rien contre, par exemple, une guerre entre la Turquie et la Grèce. C'est leur affaire, et non celle de l'Amérique. Contrairement à son ami milliardaire Thiel, Yarvin parle de la Chine moderne avec calme et même avec une admiration contenue.

Yarvin, dont les ancêtres juifs ont émigré d'Odessa sous l'Empire russe, a une vision peu orthodoxe de la Seconde Guerre mondiale . Selon lui, Hitler ne cherchait pas à dominer le monde. Il souhaitait simplement la reconnaissance de sa domination sur l'Europe continentale en utilisant les Juifs européens comme otages lors des négociations avec les ÉtatsUnis et la Grande-Bretagne. Si Roosevelt avait accepté un accord avec Hitler, la guerre mondiale et l'Holocauste auraient pu être évités . [12]

Land, Yarvin et d'autres intellectuels des « Lumières obscures » peuvent, à première vue, paraître bien moins importants que les milliardaires Musk et Thiel. Mais il faut se demander : qui a joué un rôle plus important dans la création du Troisième Reich il y a cent ans ? L'un des principaux capitalistes allemands, Gustav Krupp, qui soutenait Hitler, ou le brillant philosophe politique et plus tard principal avocat du Troisième Reich, Carl Schmitt (que, soit dit en passant, Yarvin et Thiel aiment citer), qui a développé la théorie du « cas exceptionnel », grâce à laquelle le Reichstag a adopté en 1933 une loi conférant à Hitler des pouvoirs illimités ?

 

Et ensuite ?

L'idéologie émergente de la « nouvelle Amérique » est hétérogène et recèle différents scénarios. Il n'est pas du tout inévitable qu'elle se matérialise en une forme pernicieuse, rappelant le Troisième Reich ou la « Sphère de coprospérité de la Grande Asie de l'Est ». Cependant, de nombreux éléments, dans les idées et les significations qui circulent aujourd'hui en Amérique et dans d'autres pays de l'Anglosphère, ne peuvent qu'inquiéter. Parmi eux, le désir de cultiver des « surhommes technologiques », des « superprédateurs », ou des « posthumains » dans un amalgame de confusion idéologique qui "parle" même à certains adeptes de la "planète arc en ciel" ou aux plus malthusiens des écologistes sectateurs de Gaïa, etc ,  voire des "rationalistes" suggérant ici et là des propositions de rationalisation visant à déléguer le pouvoir absolu à un « organe exécutif unique » - tels l'influenceur français jacques Attali  .

Si les idéologues de la « nouvelle Amérique » méprisent l'ordre international libéral, « fondé sur des règles », longtemps considéré comme la vache sacrée de l'hégémonie mondiale américaine , cela ne signifie pas qu'ils souhaitent voir l'Amérique comme l'un des sujets souverains d'un monde multipolaire. Des légions américaines pourraient se retirer d'Europe, du Moyen-Orient ou de Corée du Sud, mais des moyens plus sophistiqués et « technologiques » apparaîtront pour contrôler et dominer les corps et les âmes. Le concept principal qui imprègne les écrits de Curtis Yarvin est le « pouvoir » . Le livre préféré de Peter Thiel, un homme qui aspire à la vie éternelle, est « Le Seigneur des Anneaux ».

Nombre de ces idées peuvent paraître marginales. Pourtant, elles ont du pouvoir, surtout lorsque plutôt que de raisonner elles résonnent dans les couloirs de l'influence politique et technologique. Les théories juridiques de Carl Schmitt ont permis à Hitler de s'emparer du pouvoir dictatorial en 1933. Aujourd'hui, les alliés intellectuels de Trump et Thiel élaborent leurs propres récits d'« urgence », de « décadence » et de « réveil ».

Ce qui émerge aux États-Unis n'est pas un recul de l'hégémonie, mais une reformulation de celle-ci. L'ordre international libéral n'est plus considéré comme sacré, même par le pays qui l'a bâti. La nouvelle élite américaine retire peut-être ses troupes d'Europe, du Moyen-Orient et de Corée, mais ses ambitions n'ont pas diminué. Elle se tourne plutôt vers des méthodes de contrôle plus subtiles : l'IA, la cyberdomination, la guerre idéologique et la supériorité technologique. Leur objectif n’est pas un monde multipolaire, mais un monde unipolaire repensé, dirigé non pas par des diplomates et des traités, mais par des algorithmes, des monopoles et des machines.

Pour sortir la Planète de sa mondialisation malheureuse, les surhumains sont en marche...

NOTES DE BAS DE PAGE

  1. Le discours inaugural // La Maison Blanche. Président Donald J. Trump. 20.01.2025. URL : https:// www.whitehouse.gov/remarks/2025/01/the-inaugural-address/ (date de consultation : 10.07.2025).

  2. Elon Musk n’est pas le seul leader technologique àcontribuer à façonner l’administration Trump // Washington Post. 13/01/2025. URL : https://www.washingtonpost.com/ politics/2025/01/13/andreessen-tech-industry-trumpadministration-doge/ (consulté le 10/07/2025).

  3. Marc Andreessen. Le Manifeste Techno-Optimiste //Andreessen Horowitz. 23.10.2023. URL : https://a16z.com/thetechno-optimist-manifesto/ (date d'accès : 10.07.2025).

  4. Peter Thiel. L'éducation d'un libertaire // Cato Institute.13.04.2009. URL : https://www.cato-unbound.org/2009/04/13/ peter-thiel/education-libertarian/ (date de consultation : 10.07.2025).

  5. Peter Thiel sur la théologie politique (ép. 210) //Conversations avec Tyler. 17.04.2024. URL : https:// conversationswithtyler.com/episodes/peter-thiel-politicaltheology/ (date d'accès : 10.07.2025).

  6. « L’Antéchrist ressemblera à Greta Thunberg. » Les idéesfortes de l’investisseur des « Jeux olympiques du dopage » // Sport Express. 02.07.2025. URL : https://m.sport-express.ru/ olympics/reviews/chem-osnovateli-enhanced-gamesmotiviruyut-svoy-interes-k-dopingu-v-sporte-intervyu-piteratilya-v-new-york-times-2339930/ (date de consultation : 10.07.2025).

  7. Peter Thiel soutient la révolution commerciale de Trumpciblant la Chine // Zero Hedge. 13/04/2025. URL : https:// www.zerohedge.com/political/peter-thiel-backs-trumps-traderevolution-targeting-china (consulté le 10/07/2025).

  8. Peter Thiel, leader de l'Alliance rebelle // Hoover Institution. 09.11.2022. URL : https://www.hoover.org/research/peter-thielleader-rebel-alliance ( consulté le : 10.07.2025).

  9. Ibid.

  10. « La seule chose que j'imposerais, c'est la fragmentation. » Entretien avec Nick Land par Marko Bauer et Andrej Tomažin // Synthetic Zerø. 19/06/2017. URL : https:// syntheticzero.net/2017/06/19/the-only-thing-i-would-impose-isfragmentation-an-interview-with-nick-land/ (consulté le 10/07/2025).

  11. Curtis Yarvin sur la disparition de la Grande-Bretagne, laligne rouge de Poutine et les attaques contre Churchill // The Spectator. 21/02/2025. URL : https://www.spectator.co.uk/ podcast/curtis-yarvin-on-britains-demise-putins-red-linechurchill-bashing/ (consulté le 10/07/2025).

  12. En fait, vous ne devriez pas transporter les gens parcamionnette // Gray Mirror. URL : https:// graymirror.substack.com/p/actually-you-shouldnt-van-people (consulté le : 10.07.2025).