Article épinglé

dimanche 31 août 2025

EXTRAITS À COMPLÉTER: Écologie, psychogéographie et transformation du milieu humain (Guy Debord, 1959)

 SOURCE: Guy Debord, Œuvres, Quarto Gallimard, 2006, pp. 457-462.
 
Écrit au bas du manuscrit, resté inédit: 
"Notes envoyées à Constant, sans doute vers le printemps 59".
 
 
 
1

LA PSYCHOGÉOGRAPHIE est la part du jeu dans l’urbanisme actuel. À travers cette appréhension ludique du milieu urbain, nous développerons les perspectives de la construction ininterrompue du futur. La psychogéographie est, si l’on veut, une sorte de « science-fiction », mais science-fiction d’un morceau de la vie immédiate, et dont toutes les propositions sont destinées à une application pratique, directement pour nous. Nous souhaitons donc que des entreprises de science-fiction de cette nature mettent en question tous les aspects de la vie, les placent dans un champ expérimental (au contraire de la science-fiction littéraire — ou du bavardage pseudo-philosophique qu’elle a inspiré — qui, elle, est un saut, simplement imaginaire, religieux, dans un avenir si inaccessible qu’il est détaché de notre propre monde réel autant qu’a pu l’être la notion de paradis. Je n’envisage pas ici les côtés positifs de la science-fiction, par exemple comme témoignage d’un monde en mouvement ultra-rapide.).

 

2

Comment peut-on distinguer la psychogéographie des notions voisines, inséparables, dans l’ensemble du jeu-sérieux situationniste ? C’est-à-dire les notions de psychogéographie, d’urbanisme unitaire et de dérive ?

Disons que l’urbanisme unitaire est une théorie — en formation — sur la construction d’un décor étendu. L’urbanisme unitaire a donc une existence précise, en tant qu’hypothèse théorique relativement vraie ou fausse (c’est-à-dire qui sera jugée par une praxis).

La dérive est une forme de comportement expérimental. Elle a aussi une existence précise comme telle, puisque des expériences de dérive ont été effectivement menées, et ont été le style de vie dominant de quelques individus pendant plusieurs semaines ou mois. En fait c’est l’expérience de la dérive qui a introduit, formé, le terme de psychogéographie. On peut dire que le minimum de réalité du mot psychogéographique serait un qualificatif — arbitraire, d’un vocabulaire technique, d’un argot de groupe — pour désigner les aspects de la vie qui appartiennent spécifiquement à un comportement de la dérive, daté et explicable historiquement.

La réalité de la psychogéographie elle-même, sa correspondance avec la vérité pratique, est plus incertaine. C’est un des points de vue de la réalité (précisément des réalités nouvelles de la vie dans la civilisation urbaine). Mais nous avons passé l’époque des points de vue interprétatifs. La psychogéographie peut-elle se constituer en discipline scientifique ? Ou plus vraissemblablement en méthode objective d’observation-transformation du milieu urbain ? Jusqu’à ce que la psychogéographie soit dépassée par une attitude expérimentale plus complexe — mieux adaptée —, nous devons compter avec la formulation de cette hypothèse qui tient une place nécessaire dans la dialectique décor-comportement (qui tend à être un point d’interférence méthodique entre l’urbanisme unitaire et son emploi).

 

3

Considérée comme une méthode provisoire dont nous nous servons, la psychogéographie sera donc tout d’abord la reconnaissance d’un domaine spécifique pour la réflexion et l’action, la reconnaissance d’un ensemble de problèmes ; puis l’étude des conditions, des lois de cet ensemble ; enfin des recettes opératoires pour son changement.

Ces généralités s’appliquent aussi, par exemple, à l’écologie humaine dont l’« ensemble de problèmes » — le comportement d’une collectivité dans son espace social — est en contact direct avec les problèmes de la psychogéographie. Nous envisageons donc les différences, les points de leur distinction.

 

4

L’écologie, qui se préoccupe de l’habitat, veut faire sa place dans un contexte urbain à un espace social pour les loisirs (ou parfois, plus restrictivement, à un espace urbaniste-symbolique […]

 

 

vendredi 29 août 2025

De Gaza au Donbass : comment Israël et l’Ukraine ont construit une machine de guerre fasciste et transnationale

Par Sarah B. – 20 août 2025

De Bandera à Ben Gourion, un nouvel axe de suprématie ethnique s'élève, alimenté par le soutien américain. Mêmes armes. Mêmes drapeaux. Même idéologie. Gaza et le Donbass ne sont pas des guerres distinctes. Elles forment une seule et même machine.

Français Le lien Ukraine-Israël : des alliances pragmatiques entre paradoxes et défis communs
De Bandera à Ben Gourion, les échos du renouveau ethno-nationaliste résonnent dans les trajectoires modernes de l'Ukraine et d'Israël, deux États forgés par la guerre, endurcis par des mentalités de siège et alimentés par des récits historiques de luttes existentielles. Mais ces similitudes ne sont pas le fruit d'un développement parallèle. Elles reflètent un alignement croissant façonné par des adversaires communs comme la Russie et l'Iran, soutenus et négociés par les mêmes mécènes occidentaux.

jeudi 28 août 2025

L’État profond des géants de la Tech

La technologie numérique a été présentée comme un outil libérateur capable de soustraire les individus au pouvoir de l’État. Pourtant, l’appareil sécuritaire de l’État a toujours eu un point de vue différent – et aujourd’hui, il reprend le contrôle de sa propre création.

Source : Jacobin, Paolo Gerbaudo
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

 
Adam Goldstein, PDG d’Archer Aviation Inc. (à gauche), et Alexander Karp, PDG de Palantir Technologies Inc., lors de la conférence AIPCon à Palo Alto, en Californie, le 13 mars 2025. (David Paul Morris / Bloomberg via Getty Images)

Dans les années 1990, marquées par le néolibéralisme effréné, le techno-optimisme a atteint des sommets embarrassants. Imprégnés de l’imaginaire futile de ce que Richard Barbrook a qualifié « d’idéologie californienne », les travailleurs du secteur technologique, les entrepreneurs et les idéologues techno-visionnaires ont identifié la technologie numérique comme une arme de libération et d’autonomie personnelle. Cet outil, proclamaient-ils, permettrait aux individus de vaincre le Goliath honni de l’État, alors largement dépeint comme le géant défaillant du bloc soviétique en pleine implosion.

Pour quiconque ayant une connaissance superficielle des origines de la technologie numérique et de la Silicon Valley, cela aurait dû être, dès le départ, une croyance risible. Les ordinateurs étaient le produit des efforts de guerre du début des années 1940, développés comme moyen de décoder les messages militaires cryptés, avec la célèbre participation d’Alan Turing à Bletchley Park.

ENIAC, ou Electronic Numerical Integrator and Computer, considéré comme le premier ordinateur polyvalent utilisé aux États-Unis, a été développé pour effectuer des calculs d’artillerie et faciliter la mise au point de la bombe à hydrogène. Comme l’a tristement fait remarquer G. W. F. Hegel, la guerre est l’Etat dans sa forme la plus brutale : l’activité dans laquelle la puissance d’un État est mise à l’épreuve face à celle d’autres États. Les technologies de l’information sont devenues de plus en plus centrales dans cette activité typiquement étatique.

Certaines personnes croient peut-être encore au mythe selon lequel la Silicon Valley serait née naturellement de hackers soudant des circuits dans leurs garages. Mais la réalité est qu’elle n’aurait jamais vu le jour sans le soutien infrastructurel de l’appareil de défense américain et ses marchés publics garantissant la viabilité commerciale de nombreux produits et services que nous considérons aujourd’hui comme acquis. Cela inclut Internet lui-même, avec la Defense’s Advanced Research Projects Agency ou DARPA (Agence pour les projets de recherche avancée de défense) chargée de développer la technologie de commutation par paquets qui sous-tend encore aujourd’hui l’architecture de communication du web.

C’est vrai : à partir de cette incubation dans le secteur militaire, la Silicon Valley a progressivement évolué pour se concentrer principalement sur des applications civiles, des réseaux sociaux et le commerce électronique aux jeux vidéo, à la cryptographie et à la pornographie. Mais elle n’a jamais rompu ses liens avec les appareils de sécurité. Les révélations d’Edward Snowden en 2013 sur le programme Prism ont mis au jour une coopération profonde et presque inconditionnelle entre les entreprises de la Silicon Valley et les appareils de sécurité de l’État, tels que l’Agence nationale de sécurité (NSA). Les gens ont pris conscience que pratiquement tous les messages échangés via les grandes entreprises technologiques telles que Google, Facebook, Microsoft, Apple, etc. pouvaient être facilement espionnés grâce à un accès direct par une porte dérobée : une forme de surveillance de masse sans précédent par son ampleur et son omniprésence, en particulier dans les États démocratiques. Ces révélations ont suscité l’indignation, mais la plupart des gens ont finalement préféré détourner le regard de cette vérité dérangeante qui avait été mise à nu.

Les technologies vendues comme des outils de libération et d’autonomie se révèlent être des moyens de manipulation, de surveillance et de contrôle hiérarchique.

 

Question juive, problème arabe (1798-2001) : une synthèse de la question de Palestine, par Henry Laurens


 

mardi 26 août 2025

Guy Debord: "Deux notes inédites sur l'architecture" (1959)

 SOURCE: Guy Debord, Œuvres, Quarto Gallimard, 2006, p. 497.

Réflexions sur l'architecture

Amsterdam 29 mai-2 juin 59 

1

Le problème de l'architecture n'est pas d'être vu du dehors, ni de vivre dedans. Il est dans le rapport dialectique intérieur-extérieur, à l'échelle de l'urbanisme (maison-rues) et à l'échelle de la maison (intérieur-extérieur).

2

Toutes les façades de la maison déterminent un "espace clair" dont la fonction est de jouer sur la contradiction ouverture-fermeture.

3

Construire toute une ville pour y faire l'amour à une seule fille, quelques jours.

4

La notion de "chambre de rue" (H.O.) renverse la fausse distinction des ambiances ouvertes et fermées. L'ambiance fermée elle-même s'ouvre sur l'ambiance ouverte (que des ambiances fermées délimitent).

Har Oudejans, un des deux architectes hollandais – l'autre étant Anton Alberts – qui avaient rejoint l'I.S. en mars 1959 (un an plus tard, ils furent exclus pour avoir accepté de construire une église à Volendam). 

 

Sur le complexe architectural

Cf. Ors. L'attitude baroque (= contradiction) par excellence c'est vouloir à la fois suivre la procession et la regarder passer (être dans la maison et la voir – depuis une maison annexe).

Eugeno d'Ors, Du Baroque. 

 

 

dimanche 10 août 2025

Quelques cocktails situationnistes

Extrait d'une lettre de Guy Debord à Ivan Chtcheglov du 9 août 1963:

 

Voici, retrouvés dans une note d’époque – dont l’écriture était fortement tremblée – quelques cocktails que nous avons nommés et bus vers le début de 1954 :
 
le Déséquilibré : 2 rhums, 1 Ricard.
Il existe aussi (plutôt même) sous la forme du Double-déséquilibré.
 
La Première communion : 1 Raphaël, 1 kirsch (pour petites filles). Pour exclus ou crypto-troubles comme Conord – un ou deux inventés justement à l’usage de celui-là :
la Douce exclusion : 1 café + 1 Raphaël,
et le Dernier espoir : 1 munich, 1 Suze.
 
D’autre part, nous appréciions nous-mêmes :
le Trafic d’influence : 1 Phœnix, 1 mascara, 1 Raphaël, et la Parfaite délinquance : 3 rhums, 1 Raphaël, 1 Pernod, 1 chartreuse, 1 kirsch, 1 vin blanc.
 
Et oui, l’humour n’a pas manqué. L'aventure... Voilà pourquoi aujourd’hui nous sommes si intelligents.
 
 
(“Mort de J.H. ou Fragiles tissus”. Credit: Guy Debord)
 
 
 

De l'écriture métagraphique à la supertemporalité situationniste


La supertemporalité situationniste, qu'elle que soit l'amorce, littéraire ou filmique, est, par nature, expansive.

Exemple, ici, avec Histoire des gestes de Guy Debord (qui signe Guy-Ernest). 

Ce roman "tridimensionnel" pourrait tout autant s'appeler supertemporel, l'aventure à suivre est la même, au gré du lecteur (et du spectateur) créateur: l'amorce part de l'écriture métagraphique – les collages sur des bouteille de rhum –, après à chacun son labyrinthe.

 

Extrait d'Internationale lettriste, nº 3, août 1953 

La Petite marchande d'allumettes (Jean Renoir, Jean Tedesco, 1928)

 

 « Ça serait bon de se réchauffer à la flamme d'une allumette »

Lien pour le film 

La Petite Marchande d'allumettes


« Parler de civilisation judéo-chrétienne est une supercherie »

 

Sophie Bessis
Historienne spécialiste des relations Nord-Sud. Autrice de « La civilisation judéo-chrétienne. Anatomie d’une imposture » (Les Liens qui libèrent, 2025)

La référence régulière en Europe à une « civilisation judéo-chrétienne » est-elle fondée historiquement ? Pour l’historienne Sophie Bessis, l’insistance sur cette notion sert souvent à occulter près de deux millénaires d’antisémitisme, mais aussi à occulter l’apport de l’islam, aussi structurant pour l’Europe.

Toute civilisation, et l’Europe ne fait pas exception à cette règle, est le fruit de subtils mélanges entre cultures, de rencontres pacifiques ou conflictuelles qui se sont effectuées au cours de la longue histoire, de strates qui se superposent dans la durée pour arriver au présent qui nous constitue. C’est donc la multiplicité des racines qu’il convient d’inventorier pour tenter de définir ce que serait une civilisation européenne.

Il est en effet difficile d’employer le singulier à ce sujet dans la mesure où, de son Occident à son Orient, « ce petit appendice de l’Asie » a subi des influences diverses. Dans les Balkans, l’empreinte de Byzance puis de la longue occupation ottomane ont modelé entre autres l’architecture et les traditions culinaires, sans parler de l’orthodoxie qui différencie cette région des parties catholiques ou protestantes du continent. Il y a l’Europe de la latinité et celle de l’hellénisme, celle de la germanité et celle de la Méditerranée.

Supposons cependant qu’il existe une Europe se définissant par un fonds culturel commun. Dans cette diversité de trajectoires historiques et d’influences culturelles, peut-on donner une place spécifique à ce que la doxa contemporaine appelle « les racines judéo-chrétiennes » ? Encore faudrait-il que ce binôme ait quelque pertinence. Or, il n’en a guère. Et il n’est pas innocent qu’après une longue période durant laquelle tous les enseignements affirmaient que l’Europe était gréco-latine, le tournant des années 1980 ait remplacé cette appartenance par un improbable mariage entre judaïsme et christianisme.

Quelles qu’en aient été les versions, les racines chrétiennes de l’Europe sont incontestables et l’on employa à son sujet pendant des siècles le terme de chrétienté. Les églises rythment les paysages et l’entrée de bien des villages est annoncée par une croix qui le protégerait. La profonde sécularisation de ce continent, malgré les coups de boutoir d’un retour au religieux sous sa forme la plus réactionnaire, ne saurait masquer la centralité du marqueur chrétien sur sa civilisation.

Occulter l’antisémitisme

Le judaïsme est une tout autre affaire. Certes, l’Europe est aussi fille de la Bible dans la mesure où le christianisme est issu de la première version du monothéisme abrahamique et où il a repris bien des mythes et des référents du récit biblique. Mais cela ne suffit pas pour parler de « judéo-chrétien ». Cet accouplement a ceci de gênant qu’il sert à occulter près de deux millénaires d’antijudaïsme chrétien puis d’antisémitisme moderne, lesquels ont également modelé – et avec quelle force – l’habitus culturel européen.

ARTICLE EN INTÉGRALITÉ 

Note sur Jean Eustache

 Jean Eustache quelques mois avant son suicide et son "sens du réel" cinématographique (Beaubourg, Cinéma du Réel 1981):

 

Quelques films de Jean Eustache:

 Numéro zéro (1971) : le documentaire avec sa grand-mère Odette

Une sale histoire (1977) 

Le jardin des Délices de Jérôme Bosch (1980) 

 

Film sur Jean Eustache:

La peine perdue de Jean Eustache (Angel Diez) 

 

 

Robespierre détourné par Debord


 «  Alors que jusqu'à présent tout truquage de l'histoire, au cinéma, s'aligne plus ou moins sur le type  de bouffonnerie des reconstitutions de Guitry, on peut faire dire à Robespierre, avant son exécution : "malgré tant d'épreuves, mon expérience et la grandeur de ma tâche me font juger que tout est bien". Si la tragédie grecque, opportunément rajeunie, nous sert en cette occasion à exalter Robespierre, que l'on imagine en retour une séquence du genre néo-réaliste, devant le zinc, par exemple, d'un bar de routiers - un des camionneurs disant sérieusement à un autre : 

On voit ce que cette rencontre ajoute en rayonnement à la pensée de Maximilien, à celle d'une dictature du prolétariat. »

 

 * Extrait de "Mode d'emploi du détournement" de Guy Debord et Gil J Wolman, texte paru initialement dans Les Lèvres nues, nº 8, mai 1956.

* Jean Gabin dans La Belle équipe de Julien Duvivier, 1936.


 

jeudi 7 août 2025

Boris Taslitzky, la guerre d'Indochine et celles d'aujourd'hui

En 1946, la guerre en Indochine française éclate. Les artistes et les intellectuels, qui sortent à peine de la seconde guerre mondiale, s'insurgent.

Entre 1950 et 1956, ils produisent des oeuvres dénonçant la guerre et prônant la Paix et la défense de la dignité humaine.

Parmi la richesse des productions de l'époque:

Boris Vian écrira la chanson " le déserteur "

Paul Carpita tournera « Le rendez-vous des quais » à Marseille

et Boris Taslitzky peindra le tableau « Riposte » en 1951. Il expose cette année-là au Salon d'Automne sous le pseudonyme de Julien Sorel « Le Prisonnier » qui représente Henri Martin dans sa cellule et sous son nom « Riposte » qui représente la répression d'une manifestation de dockers à Port-de-Bouc. Ces dockers refusaient de charger des armes destinées à la guerre d'Indochine.

Ces tableaux sont décrochés du Salon sur ordre du préfet Baylot, car jugés « politiquement incorrects »

Dessinateur, peintre et ancien résistant communiste, ce " messager de la Paix " a cotoyé l'enfer concentrationnaire de Buchenwald.

Le peintre a voulu apporter un symbole à cette lutte en ajoutant une Marianne brandissant le drapeau républicain

Taslitzky s'est éteint à l'âge de 94 ans. Il était le dernier peintre à faire parti du courant artistique du réalisme socialiste de l'après guerre.

 Riposte (1951) de Boris Taslitzky (©Guy Boyer). 

Le tableau est exposé à la Tate Gallery de Londres. 

Pourquoi ce genre de tableau n'est pas exposé dans un grand musée français? 

Pourquoi les artistes français ne produisent plus ce genre d'oeuvres aujourd'hui (les raisons ne manquent pas)?

Pourquoi les ouvriers, les syndicats, ne réagissent plus de la sorte (les raisons ne manquent pas: ce sont les mêmes)? 

 

Le mieux, c'est d'y répondre par un exemple pris dans l'actualité espagnole: 

Donald Trump vient de déclarer : « Les dirigeants de l’OTAN font ce que je leur dis de faire. »

Inutile de le jurer. Au-delà du spectacle que Pedro Sánchez a monté au sommet de l'OTAN – pour finalement signer le même accord que tout le monde –, l'entreprise espagnole Indra (avec participation de l'État) va verser 13 millions d'euros à General Dynamics . Cet argent servira à « former » les ouvriers de « El Tallerón » de Gijón, en les « recyclant » dans la construction de véhicules blindés.

General Dynamics est le principal fournisseur de chars d'Israël et a été l'un des bailleurs de fonds de la campagne présidentielle de Donald Trump.


Au début du génocide à Gaza, des syndicats palestiniens ont lancé un appel pour le 1er mai, adressé à tous les syndicats de ce côté-ci du mur de l'OTAN et appelant à une solidarité de classe internationaliste. Parmi leurs revendications figurait une revendication cruciale : dénoncer les entreprises d'armement complices du génocide. Quels syndicats des Asturies ont obtempéré ? Aucun.

Indra va maintenant donner 13 millions à General Dynamics, qui possède une usine dans les Asturies depuis des années.

Non seulement l’engagement internationaliste envers le peuple palestinien a été rompu, mais plus encore : au lieu d’une usine d’armement, désormais il y en aura deux.

Et rien de ce qui est fabriqué dans les Asturies ne servira à défendre le peuple palestinien contre un génocide télévisé. L'Espagne est membre de l'OTAN, et les armes seront envoyées là où l'OTAN  leur ordonnera d'aller.

   

 Les syndicats européens sont couchés,  parce que payés par l'UE (l'OTAN civile) --> Les artistes? Eux aussi font la planche --> OCCIDENT TERMINAL --> RESTER DANS LE CAMP DU BIEN, CELUI DES HERBIVORES DU JARDIN FACE À LA JUNGLE DES BARBARES ---> NE SURTOUT PAS REMETTRE EN QUESTION L'IMPÉRIALISME.

Il faut lire et voir Taslitzky, cela remet les idées en place et on se redresse. 

Mythes et réalités de le l'histoire moderne (Jacques Pauwels)


 

Guerre hybride en Indochine