Russia Beyond (Photos : Nathalie Samoïlov; Legion Media; Musée Pouchkine)
Nadia Léger, artiste et épouse
du célèbre peintre moderniste français Fernand Léger, a quitté son
village sur le territoire de l'actuelle Biélorussie, s'est fait un nom
en France et a consacré la fin de sa vie à établir des relations entre
l'Europe et l'URSS.
Cette
femme infatigable était surnommée « Nadia la cosaque » lorsqu'elle
était encore enfant pour son audace et son courage. Née en 1904 dans un
village près de Vitebsk (aujourd’hui en Biélorussie), dans une famille
pauvre : son père vendait de la vodka, tandis que sa mère tissait et
élevait neuf enfants. Ils vivaient une vie paysanne typique. Nadia a
rappelé qu'elle passait des jours et des jours dans le jardin à planter
des pommes de terre et qu'elle peignait la nuit - la petite fille a
révélé son talent très tôt. C’est à cette époque qu’elle a décidé de
devenir artiste.
Objectif : Paris
Adolescente,
après avoir lu dans un journal un article sur Paris, « où vivent tous
les artistes », elle s'enfuit de chez elle pour s'y rendre en train.
Reconnue à la gare suivante, elle est ramenée chez elle.
Avec le début de la Première Guerre mondiale,
la famille a souvent déménagé et la fille reçoit les bases d’une
éducation artistique dans un atelier provincial. À l'âge de 15 ans, elle
s'enfuit à nouveau, cette fois à Smolensk, où des « ateliers d'art de
l'État libres » voient le jour. Cette autodidacte talentueuse y est
immédiatement admise. Pendant de longues années, elle a vécu « de pain
et d’eau ». Ainsi, à Smolensk, avant qu’elle soit hébergée par des
professeurs d'atelier, elle passait la nuit dans un vieux wagon sur les
voies de garage de la gare. Les premières expérimentations artistiques
de Nadia se situent dans le domaine de l'abstraction pure. Après avoir
rencontré Kazimir Malevitch, elle passe au suprématisme.
Devenue artiste d'avant-garde, elle déménage en Europe, d’abord en Pologne ; mais le but final est toujours le même - Paris
! Nadia se souvient des racines polonaises de son père, change de
religion (devient catholique) et, en tant que réfugiée, se retrouve en
1921 à Varsovie. Son objectif est l'Académie des Arts, où elle entre par
concours. Les conditions de vie sont difficiles: d'abord un refuge,
puis elle décroche un emploi de bonne avec logement. Ensuite,
lorsqu'elle est admise pour étudier, elle gagne de l'argent comme
modiste dans une chapellerie. Cette femme s'est toujours distinguée non
seulement par son courage et son audace, mais aussi par ses capacités de
travail phénoménales. Elle a rappelé que dans sa jeunesse, elle pouvait
facilement dormir pas plus d'une heure par nuit, mais qu’elle n’était
pas fatiguée pendant la journée.
Le rêve prend vie
Sa
vie prend une nouvelle tournure avec son mariage et son déménagement à
Paris. Son premier mari, Stanislav Grabovski, étudiait également à
l'Académie. Il était issu d'une famille aisée, et à Paris les jeunes ne
vivaient pas dans la misère. En 1924, le couple entre dans une académie
d'art privée fondée par l'idole de Nadia, le moderniste Fernand Léger.
Par la suite, elle a rappelé qu'elle avait lu pour la première fois des
articles à son sujet dans un journal au cours de ses années cruciales de
formation, lorsque le suprématisme ne lui convenait plus, mais qu'elle
ne parvenait pas à trouver une nouvelle voie. L'esthétique de Léger et
les principes de retour à la forme qu'il prêchait ont été pour elle une
révélation, une nouvelle base.
À Paris, Nadia a non seulement étudié, mais a immédiatement commencé à
se faire des connaissances dans les milieux de l'art et à vendre ses
œuvres, gagnant rapidement d’importantes sommes grâce à cela. Son mari
n'a pas eu autant de succès, et des désaccords ont commencé à émerger
sur cette base. Le couple a divorcé. Nadia est restée avec sa petite
fille à sa charge, et a recommencé à faire des petits travaux : elle est
embauchée comme servante dans une pension où elle occupait auparavant
les meilleures chambres. Mais malgré les difficultés de la vie, elle a
continué à étudier dur. Et elle a même trouvé le temps de publier un
magazine sur l'art contemporain sur ses modestes deniers.
En 1939,
à la veille du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Fernand
Léger propose à la talentueuse étudiante le poste de son assistante,
mais la guerre retarde ce projet. Léger, membre du Parti communiste
français et figurant sur les « listes noires » nazies, émigre aux
États-Unis et revient en 1945, tandis que Nadia reste à Paris. Sous
l'influence de Léger, elle rejoint également le Parti communiste, et
avec le déclenchement de la guerre, elle entre dans la clandestinité et
travaille pour la Résistance.
Elle a raconté qu'elle avait même un petit pistolet. Toutefois, elle
était principalement engagée dans la création et la publication de
tracts de propagande.
Fernand Léger. Portrait de Nadia Léger, 1948, Musée Pouchkine.
Après
le retour de Léger, Nadia a retrouvé son poste d’assistante. Elle a
également continué à créer par elle-même. Son genre de prédilection
était le portrait, esthétiquement proche de l'expressionnisme
d'après-guerre dans l'esprit de David Siqueiros. En 1951, l'épouse de
Léger, avec qui il a vécu pendant plus de trente ans, décède. Et un an
plus tard, l'artiste demande la main de son assistante de longue date,
sur laquelle il comptait pour tout. Il avait déjà 70 ans, Nadia en avait
moins de 50. Les dernières années de la vie de Léger se sont passées
aux côtés de Nadia, qui s’appelait désormais Khodassevitch-Léger.
Le
grand artiste est décédé en 1955, le mariage n'a duré que trois ans,
mais Fernand a déclaré qu'il n'avait jamais été aussi heureux. Léger a
laissé à sa femme un héritage considérable. Nadia a oublié le mot
« pauvreté » pour toujours. Outre d’importantes sommes et plusieurs
maisons, son legs principal est le patrimoine artistique colossal de
Fernand Léger, que Nadia décide de mettre dans un musée - dans le sud de
la France dans la ville de Biot, où, peu avant la mort de Fernand, le
couple avait acheté une maison de campagne.
Fernand Léger. Portrait de Nadia Léger, 1949, Musée Pouchkine.
Nadia consacre le reste de sa vie à populariser l'œuvre de Léger, y
compris en URSS, où l'artiste aux idées de gauche a été bien accueilli.
Immédiatement après la guerre, Nadia rejoint l'organisation Union des
patriotes soviétiques, qui réunit les émigrés russes en France. En
1945, sous les auspices de l'Union, elle lance une importante exposition
caritative et une vente aux enchères d'artistes contemporains (Léger,
Braque et Picasso)
afin de récolter des fonds pour les anciens prisonniers de guerre
soviétiques. Après la mort de son mari, grâce à ses connaissances au
sein du Parti communiste français, elle noue des liens avec leurs
« collègues » russes, notamment avec la ministre soviétique de la
Culture Ekaterina Fourtseva. Grâce à cela, en 1959, elle se rend pour la
première fois en Union soviétique et commence à soutenir activement les
échanges culturels entre l'URSS et la France. Les années de dégel lui
sont bénéfiques : l'initiative de la communiste française est vue d'un
bon œil.
De gauche à droite : Nadia Léger, Ekaterina Fourtseva et Maïa Plissetskaïa, 1968Alexandre Konkov / TASS
En 1963, elle organise la première exposition monographique de Léger
en Russie, présente à plusieurs reprises son travail dans des
expositions de collections et fait également don d’œuvres de son mari à
des musées soviétiques. Elle promeut les écrivains et réalisateurs
russes en Occident (notamment Konstantin Simonov, dont elle était une
amie proche). En 1972, Khodassevitch-Léger a reçu l'Ordre de la bannière
rouge du travail « pour sa grande contribution au développement de la
coopération franco-soviétique ».
Nadia Léger. Broche "Lune". 1970, Musées du Kremlin de Moscou.
Il existe aujourd'hui de nombreuses œuvres de Nadia Léger elle-même
au Musée national d'art de Biélorussie, où elle les a offertes en 1967
en hommage à ses racines. De plus, les musées du Kremlin contiennent une
collection de ses bijoux en or, platine et diamants - elle les a
offerts au gouvernement soviétique en 1976. Et quiconque peut voir les
mosaïques de Nadia à Doubna, près de Moscou : elles décorent les allées
de deux maisons de la culture locales. L'artiste a en outre réalisé une
série de portraits en mosaïque de personnalités russes de la culture et
de la science en cadeau à la Cité scientifique soviétique.
La historia de Kathaarsys puede rastrearse desde
finales de los años 90, J.L Montáns comenzó por entonces a buscar
músicos para formar una banda de rock/metal y la primera agrupación
seria y con cierta trascendencia local será Elsenor que autoeditará una
demo hoy imposible de conseguir. A partir del año 2000 JL Montáns se
decidirá a emprender un proyecto más serio, con influencia ya del
aspecto más progresivo y extremo del metal, para el que serán necesarios
4 años de trabajo hasta que a finales de 2004 se graba Portrait of Wind
and Sorrow, la banda había permanecido en el más absoluto anonimato
concediendo solo algunos conciertos locales muy puntuales en los que ya
empieza a usarse el nombre actual de la banda.
Portrait of Wind
and Sorrow será grabado, autoeditado y promocionado por JL Montáns
(quien además grabará la mayor parte de guitarras, todas las voces y el
bajo, además de ser el único compositor de música y letras) durante el
año 2005, ante la falta de interés de los miembros iniciales del
proyecto. En este momento ingresa en la banda M. Barcia como bajista y
pocos meses después A. Hernandez comenzará a ensayar con Kathaarsys
hasta su ingreso definitivo en la banda ya en el año 2006. La formación
actual ya estaba consolidada y Kathaarsys entra en estudio a finales de
2006 para grabar el doble álbum Verses in Vain después de firmar
contrato con el sello Silent Tree Productions. Verses in Vain marca un
antes y un después en la historia del grupo puesto que la banda pasa de
hacer conciertos a nivel local a girar por Europa en varias ocasiones
presentando el nuevo álbum incluso en América. Entre 2006 y 2008
Kathaarsys realizará más de 150 conciertos y la popularidad de la banda
empezará a crecer a nivel internacional.
La música de Kathaarsys
en estos años es extraordinariamente compleja, temas muy largos,
planteamientos conceptuales muy elaborados con una lírica orientada a
temas existenciales e intimistas pero siempre con una relación de cierto
tinte pagano o naturalista vinculada a su tierra natal, Galicia.
A
finales de 2008 tras la finalización del primer tour mundial del grupo
comienza la grabación de un nuevo álbum, “Anonymous Ballad”, un disco
más maduro y personal con temas más directos pero igualmente complejos y
una historia conceptual aun más elaborada que tendrá continuación en
los próximos trabajos. Dicho álbum sale en 2009, concretamente en marzo,
y es grabado en Argentina, en La Nave de Oseberg.
En 2009,
después del éxito de “Anonymous Ballad”, el grupo vuelve a reunirse para
componer nuevo material. Después de un tiempo no muy largo, sale a la
luz "Intuition", un año y unos días después de su anterior disco.
Con
"Intuition" el grupo se adentra en el mundo del jazz casi totalmente
sin perder su estilo y originalidad. Una mezcla de rock progresivo,
black metal y jazz al estilo de la vieja escuela hace de este disco una
obra de arte del metal progresivo de los últimos años.
La gira
"Intuition" les hace girar por toda Europa. Más de 100 conciertos por
toda España, Bélgica, Romanía, Croacia, Francia, Portugal, Reino Unido,
Finlandia, etc y una grabación de DVD en Santiago de Compostela (con
lanzamiento previsto para 2011).
Tras "Intuition" empiezan a
trabajar en su próximo disco "Rara Vez" que sale a la luz en 2012 y que
supone un giro total en la música de la banda. Ya asentados como dúo
(Marta y J.L.) crean un nuevo concepto y filosofía musical que se
posiciona al margen de todo lo anterior creado por ellos. En "Rara Vez"
nos encontramos a unos Kathaarsys predominantemente instrumentales (una
única canción contiene letra) en los que estilos como la música clásica y
el rock progresivo con gran influencia del flamenco de bandas como
Triana toman el control sobre una base de piano muy marcada. Tras su
experimentación en 2010 con el jazz fusion y el metal progresivo vuelven
a innovar saliendo muy bien parados.
En
diciembre 2014 con "Describing The Paradox Vol. I" Marta y Jose
vuelven a adentrarse una vez más en la experimentación, demostrando que
son capaces de crear lo que quieran, cuando quieran y como quieran sin
perder su creatividad. Alejados y a la vez cercanos a sus orígenes crean
este álbum de cuatro cortes con aparentes expectativas de condensar
todo lo que han sido y son en poco más de treinta minutos. Vuelven de
nuevo a acercarse sigilosamente al metal extremo, pero esta vez
incorporando matices de todo tipo e incluso partes acústicas.
"Describing The Paradox Vol. I" es un todo que completa parte del
camino recorrido desde sus orígenes más remotos hasta la maduración
musical de sus dos miembros.
L’ancien président des Philippines Rodrigo Duterte a été arrêté à
Manille et emmené à La Haye, où il sera jugé pour crimes contre
l’humanité par la Cour pénale internationale.
De 2016 à 2022, le gouvernement de Duterte a mené une campagne
d’exécutions de masse de gens soupçonnés de consommer de la drogue. On
estime que 27 000 personnes, pour la plupart pauvres et indigentes, ont à
sa demande, été exécutées sans procès par des policiers et des milices.
Les enfants ont également été régulièrement victimes des raids
antidrogue de Duterte, que ce soit en tant que victimes collatérales ou
en tant que cibles.
Pendant ce temps, les États-Unis fournissaient des dizaines de
millions de dollars par an à l’armée et à la police nationale
philippines. Les fonds se sont déversés pratiquement sans interruption,
tandis que les groupes de défense des droits humains du monde entier
criaient au scandale.
Dès le début, Duterte avait fait part de son intention de mener une
répression brutale contre la drogue. Avant d’accéder à la présidence, il
avait été maire de Davao, la troisième ville du pays. C’est là qu’il a
présidé à l’exécution de 1 400 criminels présumés et enfants des rues
par un groupe de voyous justiciers connu sous le nom d’« escadron de la
mort de Davao ». Duterte a d’abord nié toute implication directe dans
ces mises à mort, avant de laisser entendre qu’il les avait en fait
soutenues, en déclarant : « Comment ai-je obtenu ce titre de ville la
plus sûre du monde ? En les tuant tous. »
Reporters
Sans Frontières (RSF) a toutes les audaces, tous les culots. Les
« salauds ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît ». L’assertion du
type Bernard Blier marche pour eux en changeant le premier mot. Voilà
une « ONG » qui n’en est pas une, puisqu’elle a avec constance touché de
l’argent des USA et d’Israël, voilà qu’en novembre, dans son « Bilan
Annuel de la liberté de la presse dans le monde », elle refuse de
compter les journalistes assassinés par Israël à Gaza ! En effet pour
RSF les martyrs de presse Palestiniens ne sont pas de « vrais
journalistes ». Du type Robert Ménard.
Et
voilà qu’aujourd’hui, à Paris et à Marseille, cette OG (organisation
Gouvernementale) rejoint l’appel d’une cohorte d’honnêtes gens pour
protester contre les crimes israéliens commis contre les journalistes à
Gaza ! Faut vraiment être culotté.
Nous avons eu la preuve par Trump que RSF est un mistigri piloté par
les US : RSF a protesté contre la coupure des crédits exigée par le
blondinet qui règne à la Maison Blanche. Cette pleurnicherie était un
aveu, Washington ne verse plus de sous aux héritiers de Ménard ce qui
« met en danger la liberté de la presse ». Disent-ils. Il faut entendre
ou lire ce paradoxe pour le croire. Donc, puisque Trump garde ses sous,
la puce change d’âne et RSF entend taper la caisse de l’Europe (qui lui
verse déjà un million d’euro par an).
Résumons. RSF a vécu de l’argent américain et israélien, et un peu
des largesse de Bongo. En Echange RSF a toujours très bien classé Israël
dans son « Palmarès mondial de la démocratie », et tant pis pour les
journalistes Palestiniens, et quelques occidentaux, assassinés par Tel
Aviv. Miracle et nouveau marketing, cette engeance que Macron à naguère
nommée pour assurer la police au sein de la presse, s’en vient pleureur
sur Gaza. Ménard reviens ils sont devenus fous !
Qui connaît Nadia Léger ? Ou plutôt qui connaît son œuvre ? Car si
elle est connue dans les milieux artistiques pour avoir été la femme de
Fernand Léger, pas un musée français ne présente l’une de ses toiles.
Celle qui était surnommée la milliardaire rouge dans les années 60 a
pourtant été une personnalité très importante de la scène artistique
parisienne, des années 1930 aux années 1970. Pourquoi ses tableaux
ont-ils été invisibilisés de la sorte, boudés des spécialistes,
critiques et conservateurs au point qu’ils ont été effacés de l’histoire
de l’art ?
Parcours d’une femme prodige restée dans l’ombre
C’est Aymar du Chatenet qui lève le voile qui recouvrait sa très
grande oeuvre. Oeuvre qu’il découvre par hasard en rendant visite aux
descendants du couple Léger. Une centaine de tableaux se trouvent là,
empilés dans une pièce, abandonnés à l’oubli. Editeur de jeunesse mais
grand amateur d’art, celui-ci est surpris de faire cette découverte et
s’adresse aux spécialistes. Il découvre alors le mépris du milieu pour
cette femme, d’origine paysanne, et décrite comme une « communiste
enragée »[1].
Elle a aussi pâti de l’ombre de son mari, comme beaucoup d’épouses de
maîtres – pensons à Camille Claudel ou Frida Khalo dont les œuvres n’ont
pas été initialement reconnues à leur juste valeur.
Frappé par la splendeur de ses toiles, par son talent propre et par
la richesse de son itinéraire artistique, il entreprend de réparer cette
injustice. Au terme de dix ans de travail, il sort fin 2019 une somme
de 4,7 kg, qu’il qualifie de « pavé dans la mare » pour faire exister
l’oeuvre de cette femme hors pair et la sortir de l’oubli. De novembre
2024 à mars 2025, il a également coordonné une magnifique rétrospective
au Musée Maillol qui retraçait la vie et l’oeuvre de cette peintre
franco-soviétique jusqu’ici condamnée aux oubliettes. L’histoire de
l’art est, elle aussi, victime de l’anticommunisme…
Fille de la révolution
Nadiejda Khodossievitch naît en 1904 dans une famille paysanne pauvre
de neuf enfants, dans la région de Vitebsk dans l’actuelle Biélorussie.
Son père vend de la vodka et sa mère tisse. Toute jeune, elle passe ses
journées à planter des patates et raconte qu’elle peignait la nuit.
Naturellement douée pour le dessin et déterminée à devenir artiste, elle
prend des cours à l’Ecole des Beaux arts de Beliov puis intègre à
seulement 16 ans l’Atelier national des beaux-arts de Smolensk[2],
formations rendues gratuites par le tout jeune État soviétique. Elle
est déjà à cette époque totalement portée par les idées de la Révolution
bolchévik et de la construction du socialisme, sans lesquelles elle
n’aurait tout simplement jamais pu étudier la peinture !
L’exposition donnait à voir quelques unes de ses œuvres de jeunesse
avec des toiles peintes à 17-18 ans. Nadia faisait déjà montre d’un
véritable talent. Elle est initialement influencée par le suprématisme
de Kasimir Malévitch qui enseigne à Smolensk (courant abstrait qui
supprime toute référence à la réalité dans une recherche d’esthétisme
pur, associant couleurs et formes géométriques). Mais elle découvre
bientôt, à travers la revue « L’Esprit nouveau » de Le Corbusier,
empruntée à la bibliothèque municipale, le style de Fernand Léger.
Celui-ci lui semble incarner le futur de la peinture. Un courant
novateur qualifié de cubiste qui n’abandonne pas la figuration au
contraire de ses maîtres soviétiques. Elle décide donc de se rendre à
Paris pour le rencontrer et se former auprès de lui.
Elle fait une étape en Pologne, qui durera finalement quatre ans.
Elle y côtoie les milieux d’avant-garde tout en se formant à l’Académie
des Beaux-Arts de Varsovie et se marie avec le peintre Stanislaw
Grabowski. Ensemble ils viennent s’intaller à Paris en 1925 et
s’inscrivent à l’Académie moderne, fondée par Fernand Léger et Amédée
Ozenfant, ainsi que Nadia l’avait décidé des années aupraravant. Mais le
couple se sépare deux ans plus tard, peu après la naissance de leur
fille. C’est alors que Nadia entame une relation intime et plus
seulement artistique avec Fernand Léger. Elle passe bientôt d’élève à
directrice adjointe de son atelier, l’un des plus en vue de la capitale,
d’où sortiront des artistes de renom comme Nicolas de Staël, Hans
Hartung ou Louise Bourgeois. L’exposition à Maillol donnait d’ailleurs à
voir des œuvres des élèves de l’atelier, illustrant la grande liberté
de style qui y régnait, mais aussi l’approche collective, avec la
réalisation de toiles monumentales à plusieurs mains. Mais le nom de
Nadia n’est guère mis en avant, que ce soit sur la fiche Wikipédia de
l’Académie où elle n’est signalée que comme élève ou sur les clichés de
Robert Doisneau, alors que c’est bien elle la professeure !
Après des années de partage amoureux et professionnel, Nadia épouse
Fernand en 1952. Plus âgé qu’elle, il décède en 1955. Elle hérite alors
de toute sa fortune et de son œuvre. Celle qui a dormi dans des wagons
stationnés en gare les premiers temps à Smolensk et fait des ménages
dans une pension de famille pendant ses dix premières années à Paris
devient tout à coup milliardaire. Mais plutôt que de profiter de ce
patrimoine immobilier et artistique, Nadia consacre le restant de sa vie
et cette fortune à valoriser l’oeuvre de son défunt mari. Avec l’aide
du peintre Georges Bauquier avec qui elle s’est remariée, elle édifie à
Biot le plus grand musée dédié à un artiste encore aujourd’hui en
France, et en fait don à l’État en 1967 avec les 385 œuvres de Fernand
en sa possession (peintures, dessins, céramiques, bronzes et
tapisseries).
Elle n’aura cessé de peindre jusqu’à sa mort. Elle s’eteint en 1982 à
Callian dans le Var où sa tombe est ornée d’une superbe mosaïque tirée
de l’un de ses autoprotraits. Elle sera restée fidèle toute sa vie à son
intense engagement communiste et à l’Union soviétique. Ce qui explique
sans doute le malaise des « communistes mutants » du PCF et consorts.
Ainsi la cheffe du service culture de l’Humanité titrait « Nadia Léger,
une artiste dans les tourments du XXème siècle. » Bof… Je lui sais
toutefois gré d’avoir attiré mon attention sur cette lumineuse
exposition. Nadia est morte « stalinienne » comme le dit son
résurrecteur, raison principale de son enterrement artistique, outre le
machisme persistant de nos sociétés inégalitaires.
Une œuvre indissociable de son engagement communiste et du PCF
Nadia adhère au PCF en 1933. Pour cette paysanne qui a connu la
misère et évolue désormais dans les milieux intellectuels et culturels
d’avant-garde, cet engagement ne tient en rien à l’air du temps. Elle va
dès lors lier une partie importante de son œuvre au Parti. Elle réalise
par exemple des affiches pour des appels à manifestation et dirige la
production collective de fresques et grands panneaux pour des événements
du front populaire et pour un rassemblement des femmes pour la paix.
Son autoportrait au drapeau rouge de 1936 est un manifeste politique.
Puis les nazis soumettent la France. Fernand Léger, très menacé,
parvient à s’exfiltrer aux États-Unis où il reste pendant toute
l’occupation. Nadia, elle aussi recherchée mais détentrice d’un seul
passeport russe, n’a d’autre choix que de rester en France avec sa fille
dans la clandestinité. Et d’entrer en résistance. Sous le nom de
Georgette Paineau elle produit et diffuse de nombreux tracts clandestins
et sert d’agent de liaison pour les FTP-MOI, tout comme sa fille Wanda,
tout juste âgée de seize ans. Quelques peintures très marquantes
illustrent cette période : Autoportrait – Le serment d’une résistante (1941) (autoportrait), Wanda (1942) (glissant un message sous une porte), La mort de Tania
(1942) figurant une femme pendue ou bien le portrait poignant de
Fernand Léger au coq rouge, dont les traits tirés expriment la douleur
de l’exil.
Autoportrait – Serment d’une résistante (1941)
A la libération, elle rejoint l’Union des patriotes soviétiques. Elle
lance au profit des anciens prisonniers de guerre soviétiques une vente
aux enchères de 140 tableaux qu’elle a elle-même récoltés de la part
d’artistes comptant des grands noms tels que Picasso, Braque, Matisse et
Fernand Léger. Nadia, elle, met véritablement son art au service du
parti. Ce sont ses portraits des grandes figures communistes soviétiques
et françaises qui ornent le 10e Congrès du PCF de juin 1945. Réalisés à
partir de photos dont elle ne garde que les contours et restitue les
contrastes par applats de couleur primaires, ces tableaux façon affiche
de propagande, d’une modernité époustouflante, font de Nadia Léger une
véritable précurseure du pop-art. Marx, Lénine, Staline, Maïakovski,
Thorez, Duclos, Cachin, Sampaix… ; sans oublier les femmes que Nadia met
beaucoup à l’honneur de manière générale dans sa peinture – Danielle
Casanova, Elsa Triolet Nadejda Kroupskaia (femme de Lenine) ou encore Ekaterina Fourtseva (Ministre de la culture soviétique).
Très proche d’Aragon, beaucoup de critiques lui reprochent le
même « art de parti ». Nadia a peint de nombreuses représentations de
Staline, notamment une belle toile où il est à son bureau avec une
petite fille, en petit père des peuples. Aymar du Chatenet précise
qu’elle n’était pas payée par le KGB. C’est au contraire elle qui les a
« financés », ce qui, selon ses dires, lui a permis de conserver une
grande liberté artistique et culturelle. Á la mort de Fernand Léger,
Nadia met la propriété dont elle hérite à Gif-sur-Yvette à la
dispositions des cadres du PCF qui vont y organiser réunions et
colloques. C’est même là que se tinrent, le 22 novembre 1972, les
négociations entre Henry Kissinger et Le Duc Tho qui mettront fin à la
guerre du Vietnam !
Nadia était aussi une infatigable travailleuse, pouvant dormir
une heure par nuit à certaines périodes de sa vie paraît-il. Vie qu’elle
a dédiée à son combat pour l’art populaire et la construction d’un
monde meilleur. Dans les années 70, elle a envoyé en URSS quelque 2 000
œuvres classiques de maîtres de la peinture qu’elle a reproduits à
l’identique pour servir à l’enseignement plastique. Un labeur
titanesque ! Elle a par ailleurs fait don à la Biélorussie et à la
Russie soviétique de nombre de ses œuvres dans les années 1960 et 1970.
Notamment une collection de ses bijoux en or, platine et diamant,
visible à Moscou, et cent immenses portraits en mosaïque de
personnalités russes de la culture et de la science qui ornent encore
aujourd’hui des lieux publics de diverses villes de Russie. Ce sont des
peintures que l’on peut voir au Musée national des beaux-arts à Minsk.
On percevait très bien cette immense générosité mais aussi cette
humilité des quelques photographies de la « cosaque » présentées à
l’exposition. De ses traits rieurs se dégagent une bonhomie extrêmement
sympathique et une simplicité sincère. On la voit bras dessus bras
dessous avec Aragon, Elsa Triolet et Danielle Casanova dont elle était
une amie proche.
Une grande artiste et remarquable portraitiste
Je ne saurais m’improviser critique d’art. Beaucoup des
commentaires de l’exposition soulignent la grande évolutivité de
l’oeuvre de Nadia Léger qui a adopté au cours de sa longue vie de
peintre une multiplicité de styles, tout en conservant chaque fois sa
marque propre. Une « capacité à se réinventer » plutôt rare, paraît-il,
pour les grands artistes : suprématisme, purisme, cubisme,
constructivisme, biomorphisme, surréalisme, réalisme socialiste, et
enfin précurseure du pop art… Une diversité qui est, à tout le moins,
signe d’une très grande maîtrise technique.
L’exposition avait le grand mérite de donner à voir aussi des
œuvres de Fernand Léger. Ce qui permettait d’apprécier l’influence
relative que celui-ci a eue sur sa peinture durant leur collaboration.
Et d’attester sans équivoque que Nadia n’a pas fait du Fernand. Si on
trouve une parenté manifeste dans leurs décors industriels par exemple,
la façon de peindre les sujets, elle, n’a rien à voir. Chez Fernand,
les personnages sont extrêmement froids et mécaniques, comme des pantins
articulés, tandis que chez Nadia ils sont toujours restés très charnels
et expressifs. Même chose dans les natures mortes. Celles du maître
cubiste sont planes aux formes assez géométriques, tandis que les
courbes et couleurs flamboyantes de Nadia donnent aux choses un air
animé et une quasi sensation de 3D. Quelque chose de très chaleureux et
sensuel qui déborde de vie.
Après-guerre, elle embrasse le réalisme socialiste ce qui a donné
chez elle des œuvres lumineuses telles que Les mineurs, Les
constructeurs, Les baigneuses ou Les musiciens Tadjiks (qu’Aragon avait
accroché dans son bureau). En effet, portraitiste hors pair, elle sait
dégager des visages beaucoup d’émotions – et en l’occurence sur cette
période une magnifique joie de vivre. Les regards interpellent le
spectateur et expriment avec force notre commune humanité. Les
personnages semblent là devant nous, comme de chair et d’os. Ils nous
parlent. L’un de ses portraits de Fernand Léger, peint en hommage après
sa mort, m’a d’ailleurs fait monter les larmes aux yeux tellement son
regard semblait restituer tout l’amour, la tendresse et l’admiration
qu’elle avait pu avoir pour lui, et lui pour elle.
Les constructeurs
Foi en l’humanité et combat pour la paix
C’est ça qui m’a le plus marquée dans cette exposition. Depuis
ses débuts ou presque sa peinture est très incarnée, sensuelle et
joviale. On découvre une oeuvre puissante et lumineuse, qui ne peut
émaner que d’une femme chaleureuse et humaniste. Mais de sa peinture
d’après-guerre transperce la foi et la confiance en un monde nouveau, un
futur heureux, harmonieux, plein d’une promesse d’égalité et
d’épanouissement de l’humanité. Que j’aurais aimé vivre cette époque !
Que de lueurs que nous ne voyons plus, ni dans l’art, ni dans la rue…
Fascinée par le développement spatial, Nadia revient sur le tard à
ses premiers amours suprématistes qui lui semblent incarner cet élan
vers le ciel comme avenir de l’homme et de l’art. Elle réalise de
nombreux portraits de Gagarine, de Lenine et d’elle-même dans cette
veine, que des céramistes de renom reproduiront en mosaïques. Des
planches très graphiques qui s’apparentent à des collages dans lesquels
la composition prend le pas sur le fond. L’agencement des symboles a
plus d’importance que ces symboles eux-mêmes. Une esthétique qui
plairait à beaucoup aujourd’hui – malgré la faucille et le marteau – car
les couleurs et le design peuvent les muer en 2025 en un
folklore amusant aux accents pop. J’ai pour ma part préféré la période
« réalisme socialiste » car elle donne une forme sensible à la part la
plus belle et la plus noble de notre humanité, celle qui aspire
profondément à un monde de paix, de justice et de rire.