Article épinglé

mercredi 30 avril 2025

Nadia la rouge

SOURCE: https://fr.gw2ru.com/histoire/204163-epouse-fernand-leger

Russia Beyond (Photos : Nathalie Samoïlov; Legion Media; Musée Pouchkine)
Russia Beyond (Photos : Nathalie Samoïlov; Legion Media; Musée Pouchkine)
Nadia Léger, artiste et épouse du célèbre peintre moderniste français Fernand Léger, a quitté son village sur le territoire de l'actuelle Biélorussie, s'est fait un nom en France et a consacré la fin de sa vie à établir des relations entre l'Europe et l'URSS.
 
Cette femme infatigable était surnommée « Nadia la cosaque » lorsqu'elle était encore enfant pour son audace et son courage. Née en 1904 dans un village près de Vitebsk (aujourd’hui en Biélorussie), dans une famille pauvre : son père vendait de la vodka, tandis que sa mère tissait et élevait neuf enfants. Ils vivaient une vie paysanne typique. Nadia a rappelé qu'elle passait des jours et des jours dans le jardin à planter des pommes de terre et qu'elle peignait la nuit - la petite fille a révélé son talent très tôt. C’est à cette époque qu’elle a décidé de devenir artiste.

Objectif : Paris

Adolescente, après avoir lu dans un journal un article sur Paris, « où vivent tous les artistes », elle s'enfuit de chez elle pour s'y rendre en train. Reconnue à la gare suivante, elle est ramenée chez elle.

Nathalie Samoïlov (CC BY-SA 4.0)   

Avec le début de la Première Guerre mondiale, la famille a souvent déménagé et la fille reçoit les bases d’une éducation artistique dans un atelier provincial. À l'âge de 15 ans, elle s'enfuit à nouveau, cette fois à Smolensk, où des « ateliers d'art de l'État libres » voient le jour. Cette autodidacte talentueuse y est immédiatement admise. Pendant de longues années, elle a vécu « de pain et d’eau ». Ainsi, à Smolensk, avant qu’elle soit hébergée par des professeurs d'atelier, elle passait la nuit dans un vieux wagon sur les voies de garage de la gare. Les premières expérimentations artistiques de Nadia se situent dans le domaine de l'abstraction pure. Après avoir rencontré Kazimir Malevitch, elle passe au suprématisme.

Musée Pouchkine  
Nadia Léger. Suprematism, 1972-73, Musée Pouchkine.

Devenue artiste d'avant-garde, elle déménage en Europe, d’abord en Pologne ; mais le but final est toujours le même - Paris ! Nadia se souvient des racines polonaises de son père, change de religion (devient catholique) et, en tant que réfugiée, se retrouve en 1921 à Varsovie. Son objectif est l'Académie des Arts, où elle entre par concours. Les conditions de vie sont difficiles: d'abord un refuge, puis elle décroche un emploi de bonne avec logement. Ensuite, lorsqu'elle est admise pour étudier, elle gagne de l'argent comme modiste dans une chapellerie. Cette femme s'est toujours distinguée non seulement par son courage et son audace, mais aussi par ses capacités de travail phénoménales. Elle a rappelé que dans sa jeunesse, elle pouvait facilement dormir pas plus d'une heure par nuit, mais qu’elle n’était pas fatiguée pendant la journée.

Le rêve prend vie

Sa vie prend une nouvelle tournure avec son mariage et son déménagement à Paris. Son premier mari, Stanislav Grabovski, étudiait également à l'Académie. Il était issu d'une famille aisée, et à Paris les jeunes ne vivaient pas dans la misère. En 1924, le couple entre dans une académie d'art privée fondée par l'idole de Nadia, le moderniste Fernand Léger. Par la suite, elle a rappelé qu'elle avait lu pour la première fois des articles à son sujet dans un journal au cours de ses années cruciales de formation, lorsque le suprématisme ne lui convenait plus, mais qu'elle ne parvenait pas à trouver une nouvelle voie. L'esthétique de Léger et les principes de retour à la forme qu'il prêchait ont été pour elle une révélation, une nouvelle base.

Legion Media  

À Paris, Nadia a non seulement étudié, mais a immédiatement commencé à se faire des connaissances dans les milieux de l'art et à vendre ses œuvres, gagnant rapidement d’importantes sommes grâce à cela. Son mari n'a pas eu autant de succès, et des désaccords ont commencé à émerger sur cette base. Le couple a divorcé. Nadia est restée avec sa petite fille à sa charge, et a recommencé à faire des petits travaux : elle est embauchée comme servante dans une pension où elle occupait auparavant les meilleures chambres. Mais malgré les difficultés de la vie, elle a continué à étudier dur. Et elle  a même trouvé le temps de publier un magazine sur l'art contemporain sur ses modestes deniers.

En 1939, à la veille du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Fernand Léger propose à la talentueuse étudiante le poste de son assistante, mais la guerre retarde ce projet. Léger, membre du Parti communiste français et figurant sur les « listes noires » nazies, émigre aux États-Unis et revient en 1945, tandis que Nadia reste à Paris. Sous l'influence de Léger, elle rejoint également le Parti communiste, et avec le déclenchement de la guerre, elle entre dans la clandestinité et travaille pour la Résistance. Elle a raconté qu'elle avait même un petit pistolet. Toutefois, elle était principalement engagée dans la création et la publication de tracts de propagande.

Musée Pouchkine  
Fernand Léger. Portrait de Nadia Léger, 1948, Musée Pouchkine.

Après le retour de Léger, Nadia a retrouvé son poste d’assistante. Elle a également continué à créer par elle-même. Son genre de prédilection était le portrait, esthétiquement proche de l'expressionnisme d'après-guerre dans l'esprit de David Siqueiros. En 1951, l'épouse de Léger, avec qui il a vécu pendant plus de trente ans, décède. Et un an plus tard, l'artiste demande la main de son assistante de longue date, sur laquelle il comptait pour tout. Il avait déjà 70 ans, Nadia en avait moins de 50. Les dernières années de la vie de Léger se sont passées aux côtés de Nadia, qui s’appelait désormais Khodassevitch-Léger.

Le grand artiste est décédé en 1955, le mariage n'a duré que trois ans, mais Fernand a déclaré qu'il n'avait jamais été aussi heureux. Léger a laissé à sa femme un héritage considérable. Nadia a oublié le mot « pauvreté » pour toujours. Outre d’importantes sommes et plusieurs maisons, son legs principal est le patrimoine artistique colossal de Fernand Léger, que Nadia décide de mettre dans un musée - dans le sud de la France dans la ville de Biot, où, peu avant la mort de Fernand, le couple avait acheté une maison de campagne.

Musée Pouchkine  
Fernand Léger. Portrait de Nadia Léger, 1949, Musée Pouchkine.

Nadia consacre le reste de sa vie à populariser l'œuvre de Léger, y compris en URSS, où l'artiste aux idées de gauche a été bien accueilli.

Retour en URSS

Reporters Associes/Gamma-Rapho / Getty Images  
Nadia Léger, 1964Reporters Associes/Gamma-Rapho / Getty Images

Immédiatement après la guerre, Nadia rejoint l'organisation Union des patriotes soviétiques, qui réunit les émigrés russes en France. En 1945, sous les auspices de l'Union, elle lance une importante exposition caritative et une vente aux enchères d'artistes contemporains (Léger, Braque et Picasso) afin de récolter des fonds pour les anciens prisonniers de guerre soviétiques. Après la mort de son mari, grâce à ses connaissances au sein du Parti communiste français, elle noue des liens avec leurs « collègues » russes, notamment avec la ministre soviétique de la Culture Ekaterina Fourtseva. Grâce à cela, en 1959, elle se rend pour la première fois en Union soviétique et commence à soutenir activement les échanges culturels entre l'URSS et la France. Les années de dégel lui sont bénéfiques : l'initiative de la communiste française est vue d'un bon œil.

Alexandre Konkov / TASS De gauche à droite : Nadia Léger, Ekaterina Fourtseva et Maïa Plissetskaïa, 1968
Alexandre Konkov / TASS

En 1963, elle organise la première exposition monographique de Léger en Russie, présente à plusieurs reprises son travail dans des expositions de collections et fait également don d’œuvres de son mari à des musées soviétiques. Elle promeut les écrivains et réalisateurs russes en Occident (notamment Konstantin Simonov, dont elle était une amie proche). En 1972, Khodassevitch-Léger a reçu l'Ordre de la bannière rouge du travail « pour sa grande contribution au développement de la coopération franco-soviétique ».

Musées du Kremlin de Moscou  

Nadia Léger. Broche "Lune". 1970, Musées du Kremlin de Moscou.

Il existe aujourd'hui de nombreuses œuvres de Nadia Léger elle-même au Musée national d'art de Biélorussie, où elle les a offertes en 1967 en hommage à ses racines. De plus, les musées du Kremlin contiennent une collection de ses bijoux en or, platine et diamants - elle les a offerts au gouvernement soviétique en 1976. Et quiconque peut voir les mosaïques de Nadia à Doubna, près de Moscou : elles décorent les allées de deux maisons de la culture locales. L'artiste a en outre réalisé une série de portraits en mosaïque de personnalités russes de la culture et de la science en cadeau à la Cité scientifique soviétique.


samedi 26 avril 2025

De Kaatharsis (Rara Vez, 2012) a Geopolítica actual

 

Biografía de Kathaarsys

La historia de Kathaarsys puede rastrearse desde finales de los años 90, J.L Montáns comenzó por entonces a buscar músicos para formar una banda de rock/metal y la primera agrupación seria y con cierta trascendencia local será Elsenor que autoeditará una demo hoy imposible de conseguir. A partir del año 2000 JL Montáns se decidirá a emprender un proyecto más serio, con influencia ya del aspecto más progresivo y extremo del metal, para el que serán necesarios 4 años de trabajo hasta que a finales de 2004 se graba Portrait of Wind and Sorrow, la banda había permanecido en el más absoluto anonimato concediendo solo algunos conciertos locales muy puntuales en los que ya empieza a usarse el nombre actual de la banda.

Portrait of Wind and Sorrow será grabado, autoeditado y promocionado por JL Montáns (quien además grabará la mayor parte de guitarras, todas las voces y el bajo, además de ser el único compositor de música y letras) durante el año 2005, ante la falta de interés de los miembros iniciales del proyecto. En este momento ingresa en la banda M. Barcia como bajista y pocos meses después A. Hernandez comenzará a ensayar con Kathaarsys hasta su ingreso definitivo en la banda ya en el año 2006. La formación actual ya estaba consolidada y Kathaarsys entra en estudio a finales de 2006 para grabar el doble álbum Verses in Vain después de firmar contrato con el sello Silent Tree Productions. Verses in Vain marca un antes y un después en la historia del grupo puesto que la banda pasa de hacer conciertos a nivel local a girar por Europa en varias ocasiones presentando el nuevo álbum incluso en América. Entre 2006 y 2008 Kathaarsys realizará más de 150 conciertos y la popularidad de la banda empezará a crecer a nivel internacional.

La música de Kathaarsys en estos años es extraordinariamente compleja, temas muy largos, planteamientos conceptuales muy elaborados con una lírica orientada a temas existenciales e intimistas pero siempre con una relación de cierto tinte pagano o naturalista vinculada a su tierra natal, Galicia.

A finales de 2008 tras la finalización del primer tour mundial del grupo comienza la grabación de un nuevo álbum, “Anonymous Ballad”, un disco más maduro y personal con temas más directos pero igualmente complejos y una historia conceptual aun más elaborada que tendrá continuación en los próximos trabajos. Dicho álbum sale en 2009, concretamente en marzo, y es grabado en Argentina, en La Nave de Oseberg.

En 2009, después del éxito de “Anonymous Ballad”, el grupo vuelve a reunirse para componer nuevo material. Después de un tiempo no muy largo, sale a la luz "Intuition", un año y unos días después de su anterior disco.

Con "Intuition" el grupo se adentra en el mundo del jazz casi totalmente sin perder su estilo y originalidad. Una mezcla de rock progresivo, black metal y jazz al estilo de la vieja escuela hace de este disco una obra de arte del metal progresivo de los últimos años.

La gira "Intuition" les hace girar por toda Europa. Más de 100 conciertos por toda España, Bélgica, Romanía, Croacia, Francia, Portugal, Reino Unido, Finlandia, etc y una grabación de DVD en Santiago de Compostela (con lanzamiento previsto para 2011).

Tras "Intuition" empiezan a trabajar en su próximo disco "Rara Vez" que sale a la luz en 2012 y que supone un giro total en la música de la banda. Ya asentados como dúo (Marta y J.L.) crean un nuevo concepto y filosofía musical que se posiciona al margen de todo lo anterior creado por ellos. En "Rara Vez" nos encontramos a unos Kathaarsys predominantemente instrumentales (una única canción contiene letra) en los que estilos como la música clásica y el rock progresivo con gran influencia del flamenco de bandas como Triana toman el control sobre una base de piano muy marcada. Tras su experimentación en 2010 con el jazz fusion y el metal progresivo vuelven a innovar saliendo muy bien parados.


En diciembre 2014 con "Describing The Paradox Vol​.​ I" Marta y Jose vuelven a adentrarse una vez más en la experimentación, demostrando que son capaces de crear lo que quieran, cuando quieran y como quieran sin perder su creatividad. Alejados y a la vez cercanos a sus orígenes crean este álbum de cuatro cortes con aparentes expectativas de condensar todo lo que han sido y son en poco más de treinta minutos. Vuelven de nuevo a acercarse sigilosamente al metal extremo, pero esta vez incorporando matices de todo tipo e incluso partes acústicas. "Describing The Paradox Vol​.​ I" es un todo que completa parte del camino recorrido desde sus orígenes más remotos hasta la maduración musical de sus dos miembros.

https://kathaarsys.bandcamp.com/

 Fuente: https://www.last.fm/es/music/Kathaarsys/+wiki por jaimet0me el 20 diciembre 2014

 

 

        HOY EN DÍA, 

José y Marta animan Geopolítica actual

 

jeudi 24 avril 2025

Nadia Léger par Aymar de Chatenet


 

Comment les États-Unis ont financé les crimes présumés de Duterte contre l’humanité

J. Renau



L’ancien président philippin attend d’être jugé pour sa guerre brutale contre la drogue. Il l’a menée avec le soutien du gouvernement américain.

Source : Responsible Statecraft, Gideon Pardo
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

L’ancien président des Philippines Rodrigo Duterte a été arrêté à Manille et emmené à La Haye, où il sera jugé pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale.

De 2016 à 2022, le gouvernement de Duterte a mené une campagne d’exécutions de masse de gens soupçonnés de consommer de la drogue. On estime que 27 000 personnes, pour la plupart pauvres et indigentes, ont à sa demande, été exécutées sans procès par des policiers et des milices. Les enfants ont également été régulièrement victimes des raids antidrogue de Duterte, que ce soit en tant que victimes collatérales ou en tant que cibles.

Pendant ce temps, les États-Unis fournissaient des dizaines de millions de dollars par an à l’armée et à la police nationale philippines. Les fonds se sont déversés pratiquement sans interruption, tandis que les groupes de défense des droits humains du monde entier criaient au scandale.

Dès le début, Duterte avait fait part de son intention de mener une répression brutale contre la drogue. Avant d’accéder à la présidence, il avait été maire de Davao, la troisième ville du pays. C’est là qu’il a présidé à l’exécution de 1 400 criminels présumés et enfants des rues par un groupe de voyous justiciers connu sous le nom d’« escadron de la mort de Davao ». Duterte a d’abord nié toute implication directe dans ces mises à mort, avant de laisser entendre qu’il les avait en fait soutenues, en déclarant : « Comment ai-je obtenu ce titre de ville la plus sûre du monde ? En les tuant tous. »

 ARTICLE INTÉGRAL

Où RSF opère un retrait posthume de leur carte professionnelle aux journalistes palestiniens

 

Reporters Sans Frontières (RSF) a toutes les audaces, tous les culots. Les « salauds ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît ». L’assertion du type Bernard Blier marche pour eux en changeant le premier mot. Voilà une « ONG » qui n’en est pas une, puisqu’elle a avec constance touché de l’argent des USA et d’Israël, voilà qu’en novembre, dans son « Bilan Annuel de la liberté de la presse dans le monde », elle refuse de compter les journalistes assassinés par Israël à Gaza ! En effet pour RSF les martyrs de presse Palestiniens ne sont pas de « vrais journalistes ». Du type Robert Ménard.

Et voilà qu’aujourd’hui, à Paris et à Marseille, cette OG (organisation Gouvernementale) rejoint l’appel d’une cohorte d’honnêtes gens pour protester contre les crimes israéliens commis contre les journalistes à Gaza ! Faut vraiment être culotté.

Nous avons eu la preuve par Trump que RSF est un mistigri piloté par les US : RSF a protesté contre la coupure des crédits exigée par le blondinet qui règne à la Maison Blanche. Cette pleurnicherie était un aveu, Washington ne verse plus de sous aux héritiers de Ménard ce qui « met en danger la liberté de la presse ». Disent-ils. Il faut entendre ou lire ce paradoxe pour le croire. Donc, puisque Trump garde ses sous, la puce change d’âne et RSF entend taper la caisse de l’Europe (qui lui verse déjà un million d’euro par an).

Résumons. RSF a vécu de l’argent américain et israélien, et un peu des largesse de Bongo. En Echange RSF a toujours très bien classé Israël dans son « Palmarès mondial de la démocratie », et tant pis pour les journalistes Palestiniens, et quelques occidentaux, assassinés par Tel Aviv. Miracle et nouveau marketing, cette engeance que Macron à naguère nommée pour assurer la police au sein de la presse, s’en vient pleureur sur Gaza. Ménard reviens ils sont devenus fous !

ARTICLE EN INTÉGRALITÉ

Nadia Léger, le communisme chevillé au pinceau

 SOURCE: https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/nadia-leger-le-communisme-cheville-au-pinceau/

Qui connaît Nadia Léger ? Ou plutôt qui connaît son œuvre ? Car si elle est connue dans les milieux artistiques pour avoir été la femme de Fernand Léger, pas un musée français ne présente l’une de ses toiles. Celle qui était surnommée la milliardaire rouge dans les années 60 a pourtant été une personnalité très importante de la scène artistique parisienne, des années 1930 aux années 1970. Pourquoi ses tableaux ont-ils été invisibilisés de la sorte, boudés des spécialistes, critiques et conservateurs au point qu’ils ont été effacés de l’histoire de l’art ?

Parcours d’une femme prodige restée dans l’ombre

C’est Aymar du Chatenet qui lève le voile qui recouvrait sa très grande oeuvre. Oeuvre qu’il découvre par hasard en rendant visite aux descendants du couple Léger. Une centaine de tableaux se trouvent là, empilés dans une pièce, abandonnés à l’oubli. Editeur de jeunesse mais grand amateur d’art, celui-ci est surpris de faire cette découverte et s’adresse aux spécialistes. Il découvre alors le mépris du milieu pour cette femme, d’origine paysanne, et décrite comme une « communiste enragée »[1]. Elle a aussi pâti de l’ombre de son mari, comme beaucoup d’épouses de maîtres – pensons à Camille Claudel ou Frida Khalo dont les œuvres n’ont pas été initialement reconnues à leur juste valeur.

Frappé par la splendeur de ses toiles, par son talent propre et par la richesse de son itinéraire artistique, il entreprend de réparer cette injustice. Au terme de dix ans de travail, il sort fin 2019 une somme de 4,7 kg, qu’il qualifie de « pavé dans la mare » pour faire exister l’oeuvre de cette femme hors pair et la sortir de l’oubli. De novembre 2024 à mars 2025, il a également coordonné une magnifique rétrospective au Musée Maillol qui retraçait la vie et l’oeuvre de cette peintre franco-soviétique jusqu’ici condamnée aux oubliettes. L’histoire de l’art est, elle aussi, victime de l’anticommunisme…

Fille de la révolution

Nadiejda Khodossievitch naît en 1904 dans une famille paysanne pauvre de neuf enfants, dans la région de Vitebsk dans l’actuelle Biélorussie. Son père vend de la vodka et sa mère tisse. Toute jeune, elle passe ses journées à planter des patates et raconte qu’elle peignait la nuit. Naturellement douée pour le dessin et déterminée à devenir artiste, elle prend des cours à l’Ecole des Beaux arts de Beliov puis intègre à seulement 16 ans l’Atelier national des beaux-arts de Smolensk[2], formations rendues gratuites par le tout jeune État soviétique. Elle est déjà à cette époque totalement portée par les idées de la Révolution bolchévik et de la construction du socialisme, sans lesquelles elle n’aurait tout simplement jamais pu étudier la peinture !

L’exposition donnait à voir quelques unes de ses œuvres de jeunesse avec des toiles peintes à 17-18 ans. Nadia faisait déjà montre d’un véritable talent. Elle est initialement influencée par le suprématisme de Kasimir Malévitch qui enseigne à Smolensk (courant abstrait qui supprime toute référence à la réalité dans une recherche d’esthétisme pur, associant couleurs et formes géométriques). Mais elle découvre bientôt, à travers la revue « L’Esprit nouveau » de Le Corbusier, empruntée à la bibliothèque municipale, le style de Fernand Léger. Celui-ci lui semble incarner le futur de la peinture. Un courant novateur qualifié de cubiste qui n’abandonne pas la figuration au contraire de ses maîtres soviétiques. Elle décide donc de se rendre à Paris pour le rencontrer et se former auprès de lui.

Elle fait une étape en Pologne, qui durera finalement quatre ans. Elle y côtoie les milieux d’avant-garde tout en se formant à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie et se marie avec le peintre Stanislaw Grabowski. Ensemble ils viennent s’intaller à Paris en 1925 et s’inscrivent à l’Académie moderne, fondée par Fernand Léger et Amédée Ozenfant, ainsi que Nadia l’avait décidé des années aupraravant. Mais le couple se sépare deux ans plus tard, peu après la naissance de leur fille. C’est alors que Nadia entame une relation intime et plus seulement artistique avec Fernand Léger. Elle passe bientôt d’élève à directrice adjointe de son atelier, l’un des plus en vue de la capitale, d’où sortiront des artistes de renom comme Nicolas de Staël, Hans Hartung ou Louise Bourgeois. L’exposition à Maillol donnait d’ailleurs à voir des œuvres des élèves de l’atelier, illustrant la grande liberté de style qui y régnait, mais aussi l’approche collective, avec la réalisation de toiles monumentales à plusieurs mains. Mais le nom de Nadia n’est guère mis en avant, que ce soit sur la fiche Wikipédia de l’Académie où elle n’est signalée que comme élève ou sur les clichés de Robert Doisneau, alors que c’est bien elle la professeure !

Après des années de partage amoureux et professionnel, Nadia épouse Fernand en 1952. Plus âgé qu’elle, il décède en 1955. Elle hérite alors de toute sa fortune et de son œuvre. Celle qui a dormi dans des wagons stationnés en gare les premiers temps à Smolensk et fait des ménages dans une pension de famille pendant ses dix premières années à Paris devient tout à coup milliardaire. Mais plutôt que de profiter de ce patrimoine immobilier et artistique, Nadia consacre le restant de sa vie et cette fortune à valoriser l’oeuvre de son défunt mari. Avec l’aide du peintre Georges Bauquier avec qui elle s’est remariée, elle édifie à Biot le plus grand musée dédié à un artiste encore aujourd’hui en France, et en fait don à l’État en 1967 avec les 385 œuvres de Fernand en sa possession (peintures, dessins, céramiques, bronzes et tapisseries).

Elle n’aura cessé de peindre jusqu’à sa mort. Elle s’eteint en 1982 à Callian dans le Var où sa tombe est ornée d’une superbe mosaïque tirée de l’un de ses autoprotraits. Elle sera restée fidèle toute sa vie à son intense engagement communiste et à l’Union soviétique. Ce qui explique sans doute le malaise des « communistes mutants » du PCF et consorts. Ainsi la cheffe du service culture de l’Humanité titrait « Nadia Léger, une artiste dans les tourments du XXème siècle. » Bof… Je lui sais toutefois gré d’avoir attiré mon attention sur cette lumineuse exposition. Nadia est morte « stalinienne » comme le dit son résurrecteur, raison principale de son enterrement artistique, outre le machisme persistant de nos sociétés inégalitaires.

Une œuvre indissociable de son engagement communiste et du PCF

Nadia adhère au PCF en 1933. Pour cette paysanne qui a connu la misère et évolue désormais dans les milieux intellectuels et culturels d’avant-garde, cet engagement ne tient en rien à l’air du temps. Elle va dès lors lier une partie importante de son œuvre au Parti. Elle réalise par exemple des affiches pour des appels à manifestation et dirige la production collective de fresques et grands panneaux pour des événements du front populaire et pour un rassemblement des femmes pour la paix. Son autoportrait au drapeau rouge de 1936 est un manifeste politique.

Puis les nazis soumettent la France. Fernand Léger, très menacé, parvient à s’exfiltrer aux États-Unis où il reste pendant toute l’occupation. Nadia, elle aussi recherchée mais détentrice d’un seul passeport russe, n’a d’autre choix que de rester en France avec sa fille dans la clandestinité. Et d’entrer en résistance. Sous le nom de Georgette Paineau elle produit et diffuse de nombreux tracts clandestins et sert d’agent de liaison pour les FTP-MOI, tout comme sa fille Wanda, tout juste âgée de seize ans. Quelques peintures très marquantes illustrent cette période : Autoportrait – Le serment d’une résistante (1941) (autoportrait), Wanda (1942) (glissant un message sous une porte), La mort de Tania (1942) figurant une femme pendue ou bien le portrait poignant de Fernand Léger au coq rouge, dont les traits tirés expriment la douleur de l’exil.

Autoportrait – Serment d’une résistante (1941)

A la libération, elle rejoint l’Union des patriotes soviétiques. Elle lance au profit des anciens prisonniers de guerre soviétiques une vente aux enchères de 140 tableaux qu’elle a elle-même récoltés de la part d’artistes comptant des grands noms tels que Picasso, Braque, Matisse et Fernand Léger. Nadia, elle, met véritablement son art au service du parti. Ce sont ses portraits des grandes figures communistes soviétiques et françaises qui ornent le 10e Congrès du PCF de juin 1945. Réalisés à partir de photos dont elle ne garde que les contours et restitue les contrastes par applats de couleur primaires, ces tableaux façon affiche de propagande, d’une modernité époustouflante, font de Nadia Léger une véritable précurseure du pop-art. Marx, Lénine, Staline, Maïakovski, Thorez, Duclos, Cachin, Sampaix… ; sans oublier les femmes que Nadia met beaucoup à l’honneur de manière générale dans sa peinture – Danielle Casanova, Elsa Triolet Nadejda Kroupskaia (femme de Lenine) ou encore Ekaterina Fourtseva (Ministre de la culture soviétique).

Très proche d’Aragon, beaucoup de critiques lui reprochent le même « art de parti ». Nadia a peint de nombreuses représentations de Staline, notamment une belle toile où il est à son bureau avec une petite fille, en petit père des peuples. Aymar du Chatenet précise qu’elle n’était pas payée par le KGB. C’est au contraire elle qui les a « financés », ce qui, selon ses dires, lui a permis de conserver une grande liberté artistique et culturelle. Á la mort de Fernand Léger, Nadia met la propriété dont elle hérite à Gif-sur-Yvette à la dispositions des cadres du PCF qui vont y organiser réunions et colloques. C’est même là que se tinrent, le 22 novembre 1972, les négociations entre Henry Kissinger et Le Duc Tho qui mettront fin à la guerre du Vietnam !

Nadia était aussi une infatigable travailleuse, pouvant dormir une heure par nuit à certaines périodes de sa vie paraît-il. Vie qu’elle a dédiée à son combat pour l’art populaire et la construction d’un monde meilleur. Dans les années 70, elle a envoyé en URSS quelque 2 000 œuvres classiques de maîtres de la peinture qu’elle a reproduits à l’identique pour servir à l’enseignement plastique. Un labeur titanesque ! Elle a par ailleurs fait don à la Biélorussie et à la Russie soviétique de nombre de ses œuvres dans les années 1960 et 1970. Notamment une collection de ses bijoux en or, platine et diamant, visible à Moscou, et cent immenses portraits en mosaïque de personnalités russes de la culture et de la science qui ornent encore aujourd’hui des lieux publics de diverses villes de Russie. Ce sont des peintures que l’on peut voir au Musée national des beaux-arts à Minsk.

On percevait très bien cette immense générosité mais aussi cette humilité des quelques photographies de la « cosaque » présentées à l’exposition. De ses traits rieurs se dégagent une bonhomie extrêmement sympathique et une simplicité sincère. On la voit bras dessus bras dessous avec Aragon, Elsa Triolet et Danielle Casanova dont elle était une amie proche.

Une grande artiste et remarquable portraitiste

Je ne saurais m’improviser critique d’art. Beaucoup des commentaires de l’exposition soulignent la grande évolutivité de l’oeuvre de Nadia Léger qui a adopté au cours de sa longue vie de peintre une multiplicité de styles, tout en conservant chaque fois sa marque propre. Une « capacité à se réinventer » plutôt rare, paraît-il, pour les grands artistes : suprématisme, purisme, cubisme, constructivisme, biomorphisme, surréalisme, réalisme socialiste, et enfin précurseure du pop art… Une diversité qui est, à tout le moins, signe d’une très grande maîtrise technique.

L’exposition avait le grand mérite de donner à voir aussi des œuvres de Fernand Léger. Ce qui permettait d’apprécier l’influence relative que celui-ci a eue sur sa peinture durant leur collaboration. Et d’attester sans équivoque que Nadia n’a pas fait du Fernand. Si on trouve une parenté manifeste dans leurs décors  industriels par exemple, la façon de peindre les sujets, elle, n’a rien à voir. Chez Fernand, les personnages sont extrêmement froids et mécaniques, comme des pantins articulés, tandis que chez Nadia ils sont toujours restés très charnels et expressifs. Même chose dans les natures mortes. Celles du maître cubiste sont planes aux formes assez géométriques, tandis que les courbes et couleurs flamboyantes de Nadia donnent aux choses un air animé et une quasi sensation de 3D. Quelque chose de très chaleureux et sensuel qui déborde de vie.

Après-guerre, elle embrasse le réalisme socialiste ce qui a donné chez elle des œuvres lumineuses telles que Les mineurs, Les constructeurs, Les baigneuses ou Les musiciens Tadjiks (qu’Aragon avait accroché dans son bureau). En effet, portraitiste hors pair, elle sait dégager des visages beaucoup d’émotions – et en l’occurence sur cette période une magnifique joie de vivre. Les regards interpellent le spectateur et expriment avec force notre commune humanité. Les personnages semblent là devant nous, comme de chair et d’os. Ils nous parlent. L’un de ses portraits de Fernand Léger, peint en hommage après sa mort, m’a d’ailleurs fait monter les larmes aux yeux tellement son regard semblait restituer tout l’amour, la tendresse et l’admiration qu’elle avait pu avoir pour lui, et lui pour elle.

Foi en l’humanité et combat pour la paix

C’est ça qui m’a le plus marquée dans cette exposition. Depuis ses débuts ou presque sa peinture est très incarnée, sensuelle et joviale. On découvre une oeuvre puissante et lumineuse, qui ne peut émaner que d’une femme chaleureuse et humaniste. Mais de sa peinture d’après-guerre transperce la foi et la confiance en un monde nouveau, un futur heureux, harmonieux, plein d’une promesse d’égalité et d’épanouissement de l’humanité. Que j’aurais aimé vivre cette époque ! Que de lueurs que nous ne voyons plus, ni dans l’art, ni dans la rue…

Fascinée par le développement spatial, Nadia revient sur le tard à ses premiers amours suprématistes qui lui semblent incarner cet élan vers le ciel comme avenir de l’homme et de l’art. Elle réalise de nombreux portraits de Gagarine, de Lenine et d’elle-même dans cette veine, que des céramistes de renom reproduiront en mosaïques. Des planches très graphiques qui s’apparentent à des collages dans lesquels la composition prend le pas sur le fond. L’agencement des symboles a plus d’importance que ces symboles eux-mêmes. Une esthétique qui plairait à beaucoup aujourd’hui – malgré la faucille et le marteau – car les couleurs et le design peuvent les muer en 2025 en un folklore amusant aux accents pop. J’ai pour ma part préféré la période « réalisme socialiste » car elle donne une forme sensible à la part la plus belle et la plus noble de notre humanité, celle qui aspire profondément à un monde de paix, de justice et de rire.


[1] https://www.youtube.com/watch?v=do_Eg_MXHEs

[2] https://fr.gw2ru.com/histoire/204163-epouse-fernand-leger


Pauline Detuncq