Article épinglé

jeudi 28 août 2025
mardi 26 août 2025
Guy Debord: "Deux notes inédites sur l'architecture" (1959)
SOURCE: Guy Debord, Œuvres, Quarto Gallimard, 2006, p. 497.
Réflexions sur l'architecture
Amsterdam 29 mai-2 juin 59
1
Le problème de l'architecture n'est pas d'être vu du dehors, ni de vivre dedans. Il est dans le rapport dialectique intérieur-extérieur, à l'échelle de l'urbanisme (maison-rues) et à l'échelle de la maison (intérieur-extérieur).
2
Toutes les façades de la maison déterminent un "espace clair" dont la fonction est de jouer sur la contradiction ouverture-fermeture.
3
Construire toute une ville pour y faire l'amour à une seule fille, quelques jours.
4
La notion de "chambre de rue" (H.O.) renverse la fausse distinction des ambiances ouvertes et fermées. L'ambiance fermée elle-même s'ouvre sur l'ambiance ouverte (que des ambiances fermées délimitent).
Har Oudejans, un des deux architectes hollandais – l'autre étant Anton Alberts – qui avaient rejoint l'I.S. en mars 1959 (un an plus tard, ils furent exclus pour avoir accepté de construire une église à Volendam).
Sur le complexe architectural
Cf. Ors. L'attitude baroque (= contradiction) par excellence c'est vouloir à la fois suivre la procession et la regarder passer (être dans la maison et la voir – depuis une maison annexe).
Eugeno d'Ors, Du Baroque.
jeudi 14 août 2025
Léon la Lune et Le Tonneau d'or
Voir le film:
Léon la Lune (Alain Jessua, 1956)
À 15:15mn, on voit la devanture du Tonneau d'or derrière la voiture blanche:
Plus d'infos sur Léon la Lune, copain de Bob Giraud et "locataire" de la Mouffe:
https://www.theoverblowers.com/2014/03/leon-la-lune-et-son-harmonica.html
dimanche 10 août 2025
Quelques cocktails situationnistes
Il existe aussi (plutôt même) sous la forme du Double-déséquilibré.
la Douce exclusion : 1 café + 1 Raphaël,
et le Dernier espoir : 1 munich, 1 Suze.
le Trafic d’influence : 1 Phœnix, 1 mascara, 1 Raphaël, et la Parfaite délinquance : 3 rhums, 1 Raphaël, 1 Pernod, 1 chartreuse, 1 kirsch, 1 vin blanc.
De l'écriture métagraphique à la supertemporalité situationniste
La supertemporalité situationniste, qu'elle que soit l'amorce, littéraire ou filmique, est, par nature, expansive.
Exemple, ici, avec Histoire des gestes de Guy Debord (qui signe Guy-Ernest).
Ce roman "tridimensionnel" pourrait tout autant s'appeler supertemporel, l'aventure à suivre est la même, au gré du lecteur (et du spectateur) créateur: l'amorce part de l'écriture métagraphique – les collages sur des bouteille de rhum –, après à chacun son labyrinthe.
Extrait d'Internationale lettriste, nº 3, août 1953
« Parler de civilisation judéo-chrétienne est une supercherie »
La référence régulière en Europe à une « civilisation judéo-chrétienne » est-elle fondée historiquement ? Pour l’historienne Sophie Bessis, l’insistance sur cette notion sert souvent à occulter près de deux millénaires d’antisémitisme, mais aussi à occulter l’apport de l’islam, aussi structurant pour l’Europe.
Toute civilisation, et l’Europe ne fait pas exception à cette règle, est le fruit de subtils mélanges entre cultures, de rencontres pacifiques ou conflictuelles qui se sont effectuées au cours de la longue histoire, de strates qui se superposent dans la durée pour arriver au présent qui nous constitue. C’est donc la multiplicité des racines qu’il convient d’inventorier pour tenter de définir ce que serait une civilisation européenne.
Il est en effet difficile d’employer le singulier à ce sujet dans la mesure où, de son Occident à son Orient, « ce petit appendice de l’Asie » a subi des influences diverses. Dans les Balkans, l’empreinte de Byzance puis de la longue occupation ottomane ont modelé entre autres l’architecture et les traditions culinaires, sans parler de l’orthodoxie qui différencie cette région des parties catholiques ou protestantes du continent. Il y a l’Europe de la latinité et celle de l’hellénisme, celle de la germanité et celle de la Méditerranée.
Supposons cependant qu’il existe une Europe se définissant par un fonds culturel commun. Dans cette diversité de trajectoires historiques et d’influences culturelles, peut-on donner une place spécifique à ce que la doxa contemporaine appelle « les racines judéo-chrétiennes » ? Encore faudrait-il que ce binôme ait quelque pertinence. Or, il n’en a guère. Et il n’est pas innocent qu’après une longue période durant laquelle tous les enseignements affirmaient que l’Europe était gréco-latine, le tournant des années 1980 ait remplacé cette appartenance par un improbable mariage entre judaïsme et christianisme.
Quelles qu’en aient été les versions, les racines chrétiennes de l’Europe sont incontestables et l’on employa à son sujet pendant des siècles le terme de chrétienté. Les églises rythment les paysages et l’entrée de bien des villages est annoncée par une croix qui le protégerait. La profonde sécularisation de ce continent, malgré les coups de boutoir d’un retour au religieux sous sa forme la plus réactionnaire, ne saurait masquer la centralité du marqueur chrétien sur sa civilisation.
Occulter l’antisémitisme
Le judaïsme est une tout autre affaire. Certes, l’Europe est aussi fille de la Bible dans la mesure où le christianisme est issu de la première version du monothéisme abrahamique et où il a repris bien des mythes et des référents du récit biblique. Mais cela ne suffit pas pour parler de « judéo-chrétien ». Cet accouplement a ceci de gênant qu’il sert à occulter près de deux millénaires d’antijudaïsme chrétien puis d’antisémitisme moderne, lesquels ont également modelé – et avec quelle force – l’habitus culturel européen.