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vendredi 7 mars 2025

La suspension des programmes de l’USAID frappe durement le régime de guerre de Kiev

 SOURCE: https://histoireetsociete.com/2025/02/27/journee-noire-pour-le-nationalisme-ukrainien-la-suspension-des-programmes-de-lusaid-frappe-durement-le-regime-de-guerre-de-kiev/?fbclid=IwY2xjawItw8ZleHRuA2FlbQIxMQABHfytG-6iEnMiOHQRx6hzdxATrwR97TVSmrYc82LBk3WvRWxLdNJxx1iStA_aem_G4QjHwVdbrgUSm4rWLxQlg&sfnsn=scwspmo

 


Que vont devenir les assistés de l’impérialisme des Etats-Unis après la destruction de la trop bureaucratique USAID ? Entre une aide humanitaire qui enrichit seulement ses employés et une organisation conçue pour trouver une base sociale aux révolutions de couleur et qui recrute de plus en plus des incapables corrompus comme au Venezuela, le rapport qualité prix n’y est plus… mais que vont devenir les assistés français qui occupent les plateaux de télé et les rédactions de la presse ? La panique est totale et pas seulement en Ukraine, surtout que comme le dit l’article il y a les fondations européennes… Celles de l’Allemagne en particulier la mal nommée fondation Rosa Luxembourg a acheté bien des consciences « révolutionnaires » et financé des revues et des colloques. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

25/02/2025


Dmitri Kovalevic

15 févr., 2025

La suspension du financement de l’USAID à l’Ukraine par la nouvelle administration américaine a révélé l’étendue de l’influence financière occidentale sur les médias, le gouvernement et les mouvements nationalistes ukrainiens.

À la fin de janvier 2025, la nouvelle administration américaine à Washington a annoncé une suspension de 90 jours des programmes du gouvernement américain, y compris l’aide à l’étranger. Pour expliquer cette décision, la nouvelle attachée de presse de la Maison Blanche, Caroline Leavitt, a sévèrement condamné le précédent régime présidentiel de Joseph Biden pour avoir dépensé « comme des marins ivres ». Elle n’a fait aucune mention spécifique de l’Ukraine ni de l’USAID, le principal organe de financement de l’aide étrangère de son gouvernement.

La chaîne Telegram ukrainienne « Rubicon » a rapporté dans un long message le 28 janvier : « Tous les clients ukrainiens de l’aide étrangère américaine ont reçu des lettres de leurs sponsors annonçant des suspensions pour une période indéterminée de toutes les nouvelles demandes de financement de l’USAID. » En conséquence, la plupart des bénéficiaires de l’aide parmi les médias de masse en Ukraine ont publié des appels à leurs lecteurs pour qu’ils paient pour les abonnements et l’accès des lecteurs à l’avenir, affirmant que les revenus sont nécessaires en raison de la suspension des nouvelles demandes de financement de l’USAID.

La chaîne poursuit : « C’est la première fois que les lecteurs, les téléspectateurs ou les auditeurs des médias de masse en Ukraine apprennent dans quelle mesure les agences gouvernementales américaines ont financé les opérations de l’État ukrainien et des médias de masse nationalistes loyaux du pays. » Depuis le coup d’État en Ukraine en février 2014, ces médias ont travaillé sans relâche pour condamner tout ce qui est russe, opposant les Ukrainiens aux Russes. La suspension de l’aide a provoqué la panique parmi des milliers de fonctionnaires de l’État et du gouvernement, ainsi que des journalistes et d’autres professionnels des médias.

Rubicon explique plus loin : « Nous notons que ce décret n’affecte pas les programmes de fourniture d’armes précédemment convenus à l’Ukraine. Le Pentagone a assuré que les programmes de production d’armes en Ukraine ainsi que les livraisons d’armes à partir des entrepôts de l’armée américaine se poursuivront selon les volumes préalablement convenus.

Ukraine.ru chroniqueuse Viktoriya Titova a écrit le 30 janvier : « L’interprétation nationaliste de l’Ukraine moderne, financée par l’argent occidental, devra peut-être évoluer vers l’autosuffisance. Comme cette Ukraine se trouve sur des pieds d’argile, la plus grande crainte des propagandistes est que la population ukrainienne se dégrise rapidement et commence à revenir à ses vraies valeurs. Tout cela est maintenant visible dans les écrits et les commentaires sur les médias sociaux. Des points de vue alternatifs de leaders d’opinion dans le pays émergent dans les médias sociaux.

Titova a poursuivi : « Les mangeurs de subventions ukrainiens continuent de s’exposer. La suspension de l’aide américaine aux projets sociaux et humanitaires (lire : traitement de propagande de la population) a semé la panique dans les rangs des patriotes.

En Ukraine comme en Russie, les bénéficiaires de subventions étrangères sont traditionnellement détestés et perçus comme des traîtres de leurs pays respectifs. Ils sont généralement décrits avec le terme péjoratif de « mangeurs de subventions ». Un fonctionnaire ukrainien qui reçoit des subventions occidentales depuis longtemps est généralement considéré comme quelqu’un qui est complètement déconnecté des gens ordinaires, parlant avec des clichés vides typiques des responsables américains qui ne ressemblent à rien de plus que du bavardage.

La publication d’informations sur les bénéficiaires d’un financement de l’USAID a suscité une vague d’écrits furieux sur les réseaux sociaux en Ukraine, car elle révèle que de nombreux responsables et journalistes en Ukraine ne sont guère plus que des agents rémunérés du gouvernement des États-Unis. Cela met en lumière les raisons pour lesquelles ils ont propagé la guerre contre la Russie.

Rien ne peut venir de l’idéalisation de Donald Trump ou de son administration du Parti républicain, mais c’est un fait que les bénéficiaires de l’aide en Ukraine au cours des quatre dernières années ont été ou sont devenus des clients dévoués des rivaux de Trump dans l’administration du Parti démocrate à Washington.

Portée du financement étranger

La législatrice ukrainienne Maryan Zablotskyy a rendu compte sur sa page Facebook le 27 janvier de 112 projets actuellement financés par l’USAID en Ukraine, d’une durée variable, s’élevant à 7 milliards de dollars. Le New York Times a rapporté le 9 février le financement total de l’USAID par pays pour 2023, la dernière année pour laquelle des chiffres complets sont disponibles. Il a montré que l’Ukraine était, de loin, le plus grand bénéficiaire cette année-là avec 16,6 milliards de dollars, suivie par l’apartheid israélien avec 3,3 milliards de dollars.

Le rapport Facebook de Zablotskyy cite spécifiquement sept programmes financés par 297 millions de dollars américains au cours des trois dernières années. Il a déclaré que ceux-ci étaient d’une valeur douteuse ou qu’il n’y en avait pas du tout et qu’il y avait des dizaines d’autres projets de ce type recevant un financement. Il a écrit : « Peut-être que certaines personnes ont besoin de telles dépenses, mais je ne comprends pas très bien pourquoi les contribuables américains ressentent le besoin de les payer. Et pourquoi le gouvernement ukrainien ne demande-t-il pas le financement de programmes qui sont clairement plus nécessaires ?

Les gouvernements de l’Union européenne fournissent également des niveaux élevés d’aide à l’Ukraine.

Des enquêtes menées par l’Institut de l’information de masse (lui-même une organisation financée par des subventions étrangères) auprès des employés des médias ukrainiens révèlent une grande anticipation nerveuse des conséquences très négatives dues à la fin des subventions de l’USAID. Seulement 4,2 % des répondants ont déclaré que les impacts seront minimes et qu’ils pourront continuer à travailler comme avant. La directrice de l’institut, Oksana Romanyuk, affirme que près de 90 % des médias ukrainiens survivent grâce aux subventions étrangères. Selon elle, « 80 %, et peut-être plus, des médias ukrainiens ont coopéré avec l’USAID ». Certains des médias interrogés ont également reçu des subventions de l’UE.

Il convient de noter en particulier que tous les médias bénéficiaires de subventions et les organisations connexes interrogés se positionnent comme étant politiquement « indépendants », même s’ils sont entièrement dépendants du financement d’États étrangers. En 2021, le régime ukrainien au pouvoir à Kiev, dirigé par Volodomyr Zelensky, a fermé toutes les chaînes de télévision et tous les médias du pays qui exprimaient des points de vue opposés au régime et à ses politiques. Tous les partis de gauche et les mouvements sociaux ont également été interdits cette année-là, sans qu’aucune procédure judiciaire ne justifie ces mesures. Les décisions d’interdiction ont été prises par le Conseil national de sécurité et de défense (NSDC) du régime de Kiev. Seuls les médias ou les partis financés par le gouvernement américain ou les gouvernements de l’UE ont désormais pu continuer à fonctionner légalement.

Notez la date de 2021 des décisions d’interdiction ; elles ont été prises bien avant l’intervention militaire russe en Ukraine, qui a débuté en février 2022. Notons également que selon la loi actuelle, tous les employés des fondations financées par l’Occident en Ukraine bénéficient de rares exemptions à la conscription militaire obligatoire. L’ironie supplémentaire (ou plus exactement, la tragédie) est que le personnel exempté des médias et des organisations sociales/politiques qui reçoivent de l’aide est précisément engagé dans la promotion de la guerre contre la Fédération de Russie.

Le législateur ukrainien Oleksandr Dubinskyy a écrit sur sa chaîne Telegram le 29 janvier : « Les pleurnicheries des mangeurs de subventions selon lesquelles sans l’argent du gouvernement américain, ils sont finis, ne font que confirmer que le seul objectif de ces médias et de ces agences sociales/politiques a été d’influencer « correctement » l’opinion publique en utilisant la propagande de la guerre. Les employés de ces médias sont en train d’apprendre les résultats personnels de la ‘nouvelle’ (propagande) qu’ils ont propagée : ils risquent de perdre leurs salaires et de perdre leur exemption de la conscription pour la guerre.

En plus de financer les salaires des médias, l’USAID a financé l’administration judiciaire de l’Ukraine, à hauteur de 16 millions de dollars rien qu’en 2023 et 2024. Le 3 février, la revue en ligne ukrainienne Law and Business fait état du financement occidental de la Fondation DEJURE (DEmocracy, Justice, REforms) qui supervisait les tribunaux ukrainiens dans l’intérêt de l’administration du Parti démocrate avant Trump. Le journal écrit : « Le résultat de ces processus [le financement de plusieurs agences occidentales] a été un effondrement du système judiciaire ukrainien, une forte baisse du niveau de confiance dans le système judiciaire et une baisse du prestige de la profession judiciaire… Le montant des fonds et les tâches accomplies prouvent clairement que le contrôle du système judiciaire ukrainien s’est exercé en dehors des procédures acceptées.

La liste complète des organisations et des ministères et agences gouvernementaux en Ukraine qui sont touchés par la suspension du financement de l’USAID a été publiée le 29 janvier par la publication ukrainienne Ekonomichna Pravda (« Vérité économique »). Ironiquement, cette publication est elle-même bénéficiaire de fonds de l’USAID. Sa liste de bénéficiaires de financement de l’USAID se compose de centaines de noms, y compris des blogueurs YouTube « autorisés » et des organismes de sondage qui rapporteraient les opinions des Ukrainiens.

Actualités connexes

Ekonomichna Pravda écrit : « En 2024, l’Ukraine a reçu 6,05 milliards de dollars par le biais des programmes de l’USAID, dont 3,9 milliards de dollars d’aide directe aux dépenses non militaires du budget de l’État, c’est-à-dire des subventions sans obligation de remboursement. Si l’on exclut les subventions directes au budget de l’État, la plus grande partie du financement de l’USAID est allée à des programmes de développement économique (1,05 milliard de dollars), d’aide humanitaire (soutien à la vie des réfugiés de guerre, des soldats blessés au combat, des sans-abri (580 millions de dollars) et de la promotion de la démocratie et des droits de l’homme (340 millions de dollars).

Financement d’organisations néonazies

Il s’avère que le célèbre néo-nazi ukrainien Yevhen Karas a promu ses idées grâce au financement de l’USAID. « Non, à cause des suspensions de financement, il n’y aura plus de podcasts de Karas », écrit Melania Podolyak, chef de projet de l’Institut de l’éducation, une organisation ultra-nationaliste qui existe uniquement grâce à l’USAID. Yevhen Karas mentionné par Podolyak est le chef du groupe néonazi S14, qui s’est notamment livré à des pogroms et à des attaques contre des colonies de Roms dans l’ouest de l’Ukraine.

Sous l’administration Biden, l’USAID a financé la propagande néonazie en Ukraine, y compris des subventions aux représentants de la diaspora ukrainienne d’extrême droite aux États-Unis. Dans une déclaration extrêmement ironique, le milliardaire Elon Musk chargé par Trump de réduire les dépenses du gouvernement américain a récemment qualifié l’USAID d’agence de « marxistes de gauche radicale ».

Le journal britannique The Guardian déplore que la décision de Trump de geler les subventions de l’USAID en Ukraine ait entraîné l’arrêt de la surveillance des crimes de guerre, la suspension de l’aide aux personnes déplacées (dont beaucoup n’ont de toute façon jamais reçu d’aide) et la suspension des programmes de réhabilitation des anciens combattants blessés. Les seuls « crimes de guerre » faisant l’objet d’une enquête en Ukraine (grâce au financement de l’USAID) sont ceux qui auraient été commis par la Fédération de Russie ; les crimes de guerre dont l’Ukraine est accusée ne font l’objet d’aucune surveillance ni d’enquêtes.

Sans des années de financement de la part d’agences et de fondations américaines et européennes, le nationalisme ukrainien radical et le néonazisme resteraient un phénomène marginal en Ukraine. Il serait encore réduit au domaine d’un petit nombre de monstres, comme c’était le cas il y a 20 ou 25 ans, avant que la « révolution orange » n’éclate en 2004-2005 et ne mette l’Ukraine de droite sur la voie d’une rupture totale avec le passé soviétique de l’Ukraine et avec la Fédération de Russie, qui a culminé avec le coup d’État de février 2014. La guerre actuelle en Ukraine n’aurait pas lieu, les populations de Crimée et du Donbass n’auraient pas fait sécession de l’Ukraine, les compagnies aériennes et les trains relieraient encore les deux anciennes républiques soviétiques et les résidents de chaque pays pourraient encore se déplacer librement à travers leur frontière commune sans visa ni permis, comme c’était le cas jusqu’à il y a 11 ans.

L’économiste ukrainien Oleksiy Kushch écrit que le grand public ukrainien a été choqué par les révélations sur l’ampleur de l’aide étrangère qui s’est déversée en Ukraine et qui a perturbé ses institutions sociales, médiatiques et politiques. Mais un public plus restreint et sélectionné en Ukraine a toujours été conscient de l’ampleur de ce financement parce qu’il en a bénéficié.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la suspension des programmes de l’USAID contribuera à éroder la « pureté idéologique » (langage et récits ultra-nationalistes et anti-russes) que le financement a promue alors que les citoyens commencent à penser et à agir « hors de propos ».

Comment fonctionnent les pots-de-vin

Kusch explique que les gestionnaires américains qui distribuent des subventions récupèrent la majeure partie de l’argent sous forme de pots-de-vin, un système courant dans lequel les fonds sont reçus et blanchis sous le couvert de l’« aide ». Le schéma général se présente comme suit, écrit Kushch.

« Par exemple, une subvention de 3,5 millions de dollars pour un certain « projet de réforme du marché foncier » est ouverte. Sur ce montant, 2 millions de dollars sont immédiatement pris par le partenaire occidental qui a influencé le processus de prise de décision et a aidé à le réaliser. La partie ukrainienne reçoit les 1,5 million de dollars restants. Ce partenaire ukrainien garde 1 million de dollars pour lui-même et trouve ensuite une agence « avec un nom bien connu » pour mener des « analyses et des recherches » avec les 500 000 dollars restants.

« L’agence d’analystes et de chercheurs garde 450 000 dollars pour elle, et pour 50 000 dollars, elle embauche une poignée de spécialistes (avocats, analystes, financiers). Ces « professionnels » gardent 45 000 $ pour eux-mêmes, et pour 5 000 $, ils embauchent dix étudiants, payant chacun 500 $ pour mener le travail de recherche proprement dit. Il pourrait bien s’agir d’utiliser des sources ouvertes sur Internet, aujourd’hui de plus en plus renforcées par les outils de l’intelligence artificielle.

« La partie la plus importante de tout le processus consiste à tout bien envelopper dans un rapport et à tenir des tables rondes et des études spéciales, et à rédiger des propositions de modifications aux lois. »

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Les gouvernements européens à la rescousse ?

L’élite ukrainienne paniquée crie aujourd’hui à l’aide de ses alliés européens, les suppliant d’assumer une partie ou la totalité des coûts de leur cheval de bataille particulier qui était auparavant couvert par le gouvernement américain. En janvier, lors du Forum économique mondial annuel de Davos, en Suisse, la délégation ukrainienne a désespérément appelé les gouvernements et les agences européens à prolonger le financement précédemment fourni par les États-Unis.

Mykola Kuleba, ancienne médiatrice ukrainienne pour les droits de l’enfant et fondatrice de la « Fondation Save Ukraine », a fait de son mieux pour effrayer les responsables européens naïfs et mal informés afin qu’ils augmentent le financement de l’aide. Un rapport de Politnavigator daté du 23 janvier et intitulé « Kuleba a fait une crise de colère à Davos » a rapporté le discours de Kuleba lors d’un forum spécial organisé par la Fondation Pinchuk. Il a écrit : « Vous, les gars et les filles qui vous battez pour nos enfants sur le champ de bataille, savez ce qui se passe. Vous faites face à des barbares qui sont venus sur notre terre pour nous détruire et nous tuer ! J’ai participé aux négociations de Minsk [février 2015] et ces discussions n’avaient aucune importance. Nous n’avons jamais pu communiquer avec Poutine, même à ce moment-là, parce que ce n’est qu’un monstre qui tue des enfants puis les mange au petit-déjeuner ! », a-t-elle déclaré, tombant dans l’hystérie.

Le président ukrainien du régime Zelensky, a également pris la parole à Davos. Il a déclaré que les intérêts de l’Europe ne sont pas une priorité du nouveau président américain et que « si l’Europe veut se protéger de la Russie, elle doit s’unir avec l’Ukraine ». Il a déclaré que l’Ukraine avait besoin d’au moins 200 000 soldats de l’OTAN sur ses terres, et non d’une petite mission de quelques centaines. (Les rédacteurs en chef du New York Times sont intervenus le 11 février : « Dissuader la Russie d’envahir à nouveau l’Ukraine, une fois cette guerre terminée, pourrait nécessiter 150 000 soldats et l’aide américaine en matière de couverture aérienne, de renseignement et de défense antimissile, selon les experts. »)

« Rubicon » a expliqué le 28 janvier que la part des États-Unis dans l’aide militaire à l’Ukraine pendant ses années de guerre a varié de 60 % à 70 %. 25 à 35 % ont été fournis par les pays de l’UE et la Grande-Bretagne. Cela signifie que les pays européens devraient dépenser trois fois plus qu’ils ne le font actuellement si les pertes potentielles d’aide militaire américaine suggérées par les élucubrations de Trump devaient se produire. « Les pays de l’UE devraient enfoncer davantage leurs économies dans la récession pour la survie du régime de Zelensky et de quelques milliers de consommateurs ukrainiens qui distribuent des tracts aux dirigeants européens et britanniques qui ont été créés par des étudiants utilisant des sources ouvertes sur Internet pour un coût de millions d’euros parlant de ‘promotion de la démocratie’ et de ‘réformes progressistes’. »

Une voie qui verrait les pays européens augmenter leurs engagements dans la guerre de l’OTAN en Ukraine à 5 % du PIB annuel, comme le promeut actuellement le siège de l’OTAN, serait accompagnée d’une « diplomatie émotionnelle », plaidant pour des coupes dans les dépenses sociales afin que le régime de Kiev reçoive des milliards de dollars et d’euros supplémentaires pour sa survie.

Des fonds publics pour « sauver l’Ukraine » fournis par les contribuables des pays occidentaux selon les processus décrits ci-dessus, accompagnés de coupes profondes dans les dépenses sociales : ce n’est guère une recette pour la « victoire ». Il s’agit plutôt d’un témoignage d’un dilemme insoluble auquel sont confrontés les pays impérialistes et belliqueux des États-Unis et de l’Europe.

 

The Apprentice (critique)

 SOURCE: https://www.legrandsoir.info/the-apprentice-critique.html

 

Le personnage de Donald Trump est internationalement connu de tous pour figurer autant parmi les objets couverts d’opprobre par la presse que parmi les fédérateurs de toutes les extrêmes droites et bourgeoisies ultra-réactionnaires.

Ainsi, afin de révéler qui est réellement le nouveau président des États-Unis, au-delà de son bronzage artificiel, nous pensons que l’occasion se prête à discuter du film biographique de l’irano-danois Ali Abbasi, The Apprentice (2024), sorti à la veille des élections présidentielles étasuniennes, décrivant l’ascension de Trump et la construction de son personnage dans les années 1970-1980.

Origines romanesques

Il convient, dans un premier temps, d’éclaircir la zone d’ombre qui pèse sur l’origine du film biographique saturant les écrans contemporains.

Le genre cinématographique du film biographique puise son origine dans un genre particulier de roman, majeur au XVIII-XIXème siècle : le bildungsroman, en allemand, qui se traduit par roman d’apprentissage ou roman de formation, en français. L’œuvre de Goethe a grandement contribué à la définition du genre, notamment grâce à son roman-fleuve Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister, écrit en 1795-1796. Il narre l’histoire d’un jeune homme qui, au fil de ses aventures, en apprend plus sur lui-même et sur le monde, mettant en jeu, ainsi que Bakhtine, le critique soviétique, le remarque dans son ouvrage portant sur le sujet (Esthétique et théorie du roman), la dialectique du subjectif et de l’objectif sur le long terme de l’existence humaine individuelle : « [dans le roman de formation,] l’homme se forme en même temps que le monde, il reflète en lui-même la formation historique du monde. [...] L’image de l’homme en devenir perd son caractère privé (jusqu’à un certain point, bien entendu) et débouche sur une sphère toute différente, sur la sphère spacieuse de l’existence historique” (Moretti, 2019). L’essor de ce genre littéraire coïncide avec la Révolution française et les idéaux des Lumières, qui ébauchent l’espoir de l’individu émancipé, en dialogue avec la société, mais également à distance avec elle, d’où l’influence certaine d’un romantisme relatif. Ce qui ressort de ce genre, c’est sa volonté à la fois subjective et objective d’inculquer au lecteur une façon de vivre, d’appréhender le monde, de parvenir en quelque sorte à une espèce d’euthymie, dans la découverte, comme dirait Lukacs, de la “claire connaissance de soi” (Montandon, 2019). Et ce n’est pas prendre ses désirs pour réalité que d’imaginer pouvoir influencer durablement et fortement le lecteur via une œuvre littéraire – Goethe en sait lui-même quelque chose. À titre d’exemple, prenons son premier roman, Les Souffrances du Jeune Werther, paru en 1774, qui met en scène le personnage principal s’ôtant la vie. Résultat : il a été scientifiquement prouvé que le taux de suicide, suite à la parution du livre, a explosé en Europe (Manina Mestas, 2024 ; Jack, 2014).

Pour les lecteurs étrangers à la littérature allemande, notez qu’Emile, ou de l’éducation de Rousseau, L’Éducation sentimentale de Flaubert, ou encore Le Père Goriot de Balzac, sont tous trois des bildungsroman (Fabienne Payoute, 2020). Le cinéma, apparu à la fin du XIXème siècle, ne pouvait donc l’ignorer, s’essayant ainsi dès ses débuts au film biographique en français.

L’inversion dialectique du bildungsfilm

Les films biographiques ont toujours existé, mais deux âges d’or historiques les ont placés au premier plan. Il y a celui des années 1930, qui, pour le chercheur Rémi Fontanel, “a mis en place un système où la précision documentaire joue un rôle prépondérant. La ligne éditoriale est engagée, humaniste et éducative : on raconte les vies de Pasteur, Zola, Juarez. On véhicule des valeurs pour revitaliser le moral d’une nation. On s’adresse à des citoyens. Après-guerre, on s’adressa à des consommateurs en privilégiant l’entertainment”, et celui que l’on connaît aujourd’hui, ayant débuté dans les années 1980-1990. Fontanel précise que deux types de films biographiques restent prépondérants : ceux sur les entrepreneurs, et ceux sur les groupes musicaux, défendant la méritocratie et le développement individualiste. En effet, bon nombre de films biographiques racontent la vie d’une vedette ayant réussi à tout rafler grâce à son génie et à sa volonté surhumaine (The Social Network, Le Loup de Wall Street). Le but est toujours de valoriser le sujet du film, de faire en sorte que sa vie nous paraisse enviable. Même si des films comme Le Loup de Wall Street ou Scarface se finissent mal, et que certains “critiques” de cinéma toisent leurs admirateurs en prétendant qu’ils n’y ont rien compris, il en ressort que tout de même, la vie des personnages de ces films est cool, qu’en dépit de leur courte hubris, elle fut intense, si intense qu’elle est désirable. C’est ce que le public moyen retient, en témoigne le nombre de références dans la pop-culture de ces films. En fait, c’est comme si je vous faisais l’éloge pendant 2 heures d’une idéologie, et qu’à la fin de notre conversation, je finissais par ajouter de la contradiction, comme s’il fallait le faire parce qu’il fallait le faire. Encore une fois, ce qui compte dans l’analyse d’un film, c’est sa réception historiquement déterminée, en l’occurrence dans un monde gagné par le néo-libéralisme, car c’est principalement à cela qu’il est destiné. Effectivement, il se trouve que, depuis les années 1980-1990, l’idéologie néo-libérale du self-made-man trône, et que les films biographiques suivent en général bêtement son enseignement.

C’est en cela que The Apprentice réalise un tour de force : il inverse dialectiquement cette mécanique perverse qui régnait jusqu’alors en maître dans les films biographiques grand public.

Une lecture de classe ?

Avant d’entamer cette partie, je renvoie le lecteur à mon article sur l’investiture de Trump, disponible sur le site de la JRCF (“Trump à la Maison-Blanche”, 20/01/2025).

Le film s’ouvre sur la rencontre de Trump avec l’avocat Roy Cohn, son futur mentor. Celui-ci est d’emblée présenté comme un mafieux (éclairage en douche, gros balourds qui rient grassement autour d’une partie de cartes, volutes de fumées de cigares) se présentant à Trump dans un cynisme des plus assumés – qui fait penser à la doctrine d’Ayn Rand -, égoïste, individualiste, néo-libérale, somme toute, fasciste. Roy Cohn, c’est lui qui a envoyé les époux Rosenberg à la potence. Il hait les communistes et les homosexuels (bien qu’il en soit un). Plus qu’un mafieux, Cohn est le mal incarné, il est, dans le film, le diable qui ronge les États-Unis.

Mais c’est surtout un homme qui copine avec les grands, les bourgeois qui cherchent à maximiser leur profit par tous les moyens.

Cette rencontre tombe donc à pic pour Trump, qui voit l’entreprise familiale au bord de la faillite. Ses allées et venues dans les résidences Trump, visant à extorquer le moindre centime aux prolétaires qui y résident, la caractérisent comme vacillante en même temps qu’elles instaurent une distance entre lui et ces derniers. À table, son père raciste se plaint du frère de Trump, la “honte de la famille” en cela même qu’il est un pilote d’avion et non un entrepreneur comme son père l’aurait voulu. S’il en avait été autrement, peut-être qu’ils n’en seraient pas là. Mais Trump le rassure. Il lui fait signe que lui, il comprend, et qu’il a trouvé quelqu’un qui pourrait les aider.

Les premières manœuvres en justice de Roy Cohn démontrent les principes fondamentaux du trumpisme, que Trump ne lâchera jamais par la suite. Première règle : “Attaquer, attaquer, attaquer”. Deuxième règle : “Ne jamais admettre. Tout nier.” Troisième règle, “la plus importante de toutes” : “Peu importe à quel point tu es battu, tu déclares victoire et ne reconnais jamais la défaite”. Grâce aux pratiques illégales de Roy Cohn, le procès déterminant l’avenir de l’entreprise Trump se solde à la fois sur une victoire, mais aussi sur un apprentissage déterminant pour Donald.

Beaucoup parlent de pacte faustien pour décrire la relation entre Trump et Cohn, achevant de rappeler la prégnance de l’utilisation de la religion pour justifier la politique étasunienne. En effet, peu à peu, Trump perd son humanité en progressant dans le cynisme de son maître. Dans la deuxième moitié du film, l’élève finit classiquement par dépasser le maître, à ceci près qu’il le dévore ici tout cru. Le grain de l’image s’accentue, et le bal des masques de la télévision superficielle commence enfin. Trump, qui n’était resté qu’un personnage pour le moins passif, prend désormais l’initiative et s’affirme en véritable ordure, enchaînant les coups d’éclat.

En ce qui me concerne, le film m’a paru un bon film. Le montage frénétique, la bande-son ultra-présente et le jeu des acteurs surinvestis donnent à certains une impression de superficialité trop gênante pour comprendre la personnalité de Trump ; or, à mon avis, c’était la meilleure manière de se moquer d’un homme qui n’en a que faire de toute forme de critique construite ou rationnelle. C’est s’immiscer partiellement, dialectiquement, dans le bling-bling pour l’exploser de l’intérieur. Partiellement, dis-je, car contrairement au Loup de Wall Street, Trump n’est pas, me semble-t-il, valorisé comme l’est Jordan Belfort qui finit toujours par triompher en fanfare. Et pour cause : le sentiment global des spectateurs de The Apprentice se recoupe sous la détestation totale de Trump, présenté comme un suppôt de Satan (Roy Cohn) et du Grand Satan (le capitalisme étasunien).

Mais le film divise sur ce point-là, j’en veux pour preuve les arguments plutôt convaincants du critique de cinéma Pierre Murat : “Je ne vois pas où est la satire. Trump devient une sorte de grand Américain qui réussit des trucs. C’est tout ce que Hollywood a fait depuis des années et des années. Il montre l’évolution d’un capitaliste qui réussit. Quand on prétend démolir Trump et Roy Cohn et qu’on les exalte, surtout Roy Cohn, au point d’en faire un héros shakespearien, ou bien, c’est ça qu’il voulait, ou bien, il a totalement loupé son coup. » Murat assimile ainsi le personnage de Trump dans The Apprentice aux personnages de Tony Montana dans Scarface et de Jordan Belfort dans Le Loup de Wall Street.

Quoi qu’il en soit, il existe des sites internets dont l’accès est relativement facile et qui permettent de vous faire votre propre avis sur le film. Mais il faut savoir une chose : un film produit dans un pays capitaliste est destiné à être vendu à ses habitants, et là, même avec un Roy Cohn de gauche sous le bras, on n’arriverait pas à faire des miracles.

L' Afghanistan islamiste: une des touches du grand Wurlitzer CIA

 


Aujourd'hui, on sait que les Américains ont eux-mêmes fabriqué les moudjahidin (combattants pour la foi, opposés aux forces gouvernementales afghanes) et qu'ils ont cyniquement décidé de les utiliser pour affaiblir l'Union soviétique et "infliger aux Soviets leur propre Vietnam"

🔸Le président américain Carter a signé dès juillet 1979 une directive sur l'aide aux ennemis du régime soviétique, manœuvre qui visait à piéger l'URSS en Afghanistan. Officiellement, l'aide de la CIA aux moudjahidin a commencé en 1980.

🔸Le gouvernement soviétique répugnait à envoyer l'armée en Afghanistan, mais en 1979, il n'a pas eu le choix - suite aux supplications du gouvernement afghan lui-même. Un djihad – guerre sainte – a été décrété par les moudjahidin contre l'Union soviétique avec l'argent de l'Occident. Leur but était simple : repousser "l’ennemi-occupant" (comme ils le prétendaient).

🔸En réalité, l'Union soviétique a été froidement instrumentalisée : le gouvernement afghan réglait ses problèmes sur le dos de l'URSS. Après le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan, l'opposition téléguidée par l'Occident s'est désintégrée en une myriade de groupes terroristes, qui sont devenus les infâmes Talibans, Al-Qaïda et Daech.

Con Euroejército o Euro-OTAN, Europa será la próxima Ucrania 2.0 de EEUU contra Rusia. Análisis

 

El presupuesto destinado al rearme debe servir, tanto a reponer los arsenales vaciados por la guerra de Ucrania como para pagar las deudas de la guerra a EEUU. Huelga decir que, sin industria, rearmarse y empobrecerse son sinónimos. El objetivo último: volver a transformar a Europa en un ariete contra Rusia, esta vez del tamaño de un continente. Ante la incapacidad manifiesta para tal propósito, podemos asegurar que esta maniobra es otra distracción mediática que lo único que oculta es la manipulación especulativa más grande vista desde la Pandemia de 2020 entorno a la industria militar y una nueva guerra delegada contra Rusia.



Como Euroejército, OTAN, EuroOTAN o Europa Plus, Europa seguirá siendo dependiente de EEUU y amenaza con sustituir a Ucrania en la confrontación con Rusia.

Hechos

Unamos puntos, los titulares representativos de 3 días nos bastan. Observad las secuencias, porque todo está guionizado:
Europa se vuelve a preparar para la guerra rearmándose: 

EEUU tímidamente se retira de Europa:

Resultado final: la misma guerra

Impedimentos al Ejército Europeo

Para que un Ejército Europeo fuera posible, todos los ejércitos nacionales deberían: 
-Estratégicamente - adoptar y producir un modelo de armamento uniforme; no solo estandarizado, como el sistema OTAN. 
-Logísticamente - producir armamento a escala mundial. Con líneas de suministro confiables. Lo cuál en la práctica implica recursos propios.
-Estructuralmente - resolver un gran problema: la concentración de capacidades militares. Si las tendencias civilizadoras, la robotización y producción industrial a escala planetaria, se mantuviesen, haría que, a la postre, un solo país albergarse toda la producción armamentística. Este país sería el nuevo amo.

1 Impedimento Estratégico

Un ejército Europeo no sería real si no se uniformiza. Si Europa quiere uniformidad, esta será la aportada por los equipos estadounidenses.

La función estratégica de la OTAN para EEUU es de Mando y Control sobre Europa. La OTAN impide la uniformidad, impone un estándar adaptado a las necesidades del ejército. Es decir, a las del ejército de EEUU. Como se ha visto en la guerra de Ucrania, esta estandarización es totalmente inadecuado para su uso real, la guerra colonial y el saqueo a escala mundial. Solo sirve para lo que sirve, mantener a los aliados divididos e incapaces de unirse como una sola entidad. No controlados, sino sometidos

2 Impedimento Logístico

Europa carece de recursos para abastecer a la maquinaria bélica, como se ha visto en la misma guerra. Y, si los tuviese, le saldría tan caros que la producción sería inasumible. Europa siempre fue a la zaga en la carrera, ya que la fragmentación industrial-militar impedía tanto la competencia como la cooperación real. Pero seguía en la Carrera Armamentística Mundial ocupando cuotas de mercado. Carrera que Definitivamente perdió el día 27 de febrero de 2022, día de la voladura del Nordstream2.

Hagámos números: Si Rusia produce 4 veces más armamento que el Occidente Colectivo (M. Rutte 2025), y más de la mitad del armamento era producido por EEUU, significa que la la estructura que soporte al euroejeército, se llame como se llame, debe producir al menos 8 veces más armamento, y de mejor calidad, que el actual. Simplemente imposible.

3 Impedimento Estructural

La concentración de la producción bélica ya ha producido Amos, y evitado que estos se instalasen en Europa. La producción militar mundial ya está irrevocablemente concentrada en tres países: Rusia, China y EEUU. 

En Europa occidental manda EEUU. Para seguir mandando debe evitar que ningún país Europeo logre un grado de desarrollo industrial que le permita el ascenso a la Escala mundial. Por eso EEUU ha decretado la desindustrialización, no solo de Alemania, sino de Europa. Tanto como la de Japón, y en breves Corea del Sur. Si quieren luchar las guerras estadounidenses, tendrán que hacerlo con armas estadounidenses. 

Discusión

No entendemos muy bien la lógica estadounidense de desmontar una región totalmente cooptada y entregada al imperialismo anglosajón. Tampoco el porqué se le da la libertad de organizar un ejército propio, cuando realmente no lo puede ser. Veamos:

¿Por qué EEUU podría presentar al nuevo Ejército Europeo como Independiente?

La única explicación es el no ser responsable de las consecuencias de sus actos. Y el ejemplo lo tenemos tanto en Ucrania como en Israel. 

1- Ambigüedad estratégica: Mantener una distancia entre el actor y el controlador permite a este la acción sin sufrir las consecuencias. Por ejemplo, si se le ordenase a la EuroOTAN atacar de nuevo a Rusia, EEUU no estaría en la obligación de defender ningún territorio, como si lo estaría con la OTAN. Lo mismo sucede si Israel ataca a Irán, o en caso de confrontación entre Taiwán y China.

2- Casus Belli/Black Hat contra Europa: El controlador puede dar una orden al actor mientras se opone públicamente a la misma. Si la Europa política dispusiese de ejército propio, EEUU podría oponerse a sus acciones hostiles contra Rusia, a pesar de ordenarlas. Podría generar tal casus belli que permitiese a EEUU intervenir militarmente en suelo Europeo, emulando el Día-D de 1944. Esto mismo sucede ya en Ucrania, cuando EEUU la acusa de tráfico de armas y malversación, retirando su ayuda militar; cuando realmente todo ha sido un esquema del pentágono para pertrechar a Israel y Hamás. 

¿Por qué EEUU considera a Europa un Rival, y no aliada? Ideología

Si EEUU considerase a UE como un aliado hubiese creado estructuras comunes, conjuntas. Podía haber completado la absorción de los mismos como verdaderos estados, que se hubiesen unido federalmente. Este era el deseo de algunas élites en Canadá, Reino Unido o Irlanda principalmente. Incluso podía haber utilizado a la ONU para impulsar una unión aún más amplia y sólida entorno suyo. Posibilidades había múltiples. Entonces, ¿Por qué no lo hizo? ¿Por qué prefirió la vía de la confrontación y la rivalidad? Vasallaje.

Con otra ideología, puede, pero bajo la ideología estadounidense, la alianza no es conceptualmente posible. Porque EEUU proviene de una tradición colonial y excepcionalista mesiánica de Pueblo Elegido. EEUU se creía excepcional, y desplegó una política internacional basada en las Reglas. Esta concepción jerárquica y supremacista, supone el privilegio sobre el derecho internacional y justifica que una nación subyugue a otra, esto es, total impunidad para explotarla. Por lo tanto, no aliándose evita la extensión de su propia ley a terceros países, y excluye la igualdad entre naciones y pueblos. Repele, la unión. Excepcionalismo es explotación. Europa, como tantos territorios, se mantuvo como una competidora, controlada pero independiente. Subyugada.

EEUU consideraba a Europa como un competidor, eso es claro. Un competidor al que pertrechó durante la 1º Guerra Mundial contra Rusia, quedando destruida. Proveyó el appasement alemán de los años 1920, lo cual llevaría a la 2ºGM; quedando destruida de nuevo. Volvió a reconstruirla durante el Plan Marshal conforme a 3 procesos bien conocidos: OTAN, unión neoliberal y cooptación de élites, el Occidente Político. Proyecto que comienza a desmontar en 2014 a favor del Intermare/3SI, con el fin de frenar la unión euroasiática promovida por el proyecto BRI 2013 chino. Después de la voladura del Nordstream2, Europa ha vuelto a ser destruida, ahora a cámara lenta.

En Europa, el país más beneficiado por la organización de un ejército pseudoeuropeo sería el Reino Unido. Debido a su debilidad estructural e imposibilidad material para si quiera defenderse con Rusia, ya propuso la creación de la OTAN en su momento. Apoyará cualquier proyecto que signifique vender armas, enfrentarse a Rusia, y mantenerla alejada de sus costas por medio de un conflicto que a demás la debilite.

¿Por qué permitir a Europa tener un ejército propio?

Eso no pasará. Esa ilusión forma parte de la ambigüedad estratégica estadounidense, como hemos mencionado.

Empobrecer a Europa y forzarla a comprar material bélico es parte de la misma estrategia. Es generar la posibilidad de usar a Europa de nuevo contra Rusia sin verse envuelta. Una Ucrania 2.0, donde Europa haría el papel de Ucrania. Así, las armas serían totalmente uniformes, lo que aumenta el rendimiento. Y solo americanas, lo que aseguraría su control, no serían usadas en contra de EEUU, y otorgaría a Washington todos los beneficios económicos e industriales.

Finalmente, si el impulso ruso fuera demasiado potente y arrasase Europa, encontraría una tierra descapitalizada y tercermundista, que es el estado en que se encontrará ahora Ucrania. Europa Tierra quemada. Así piensan.

Lo que más nos tiene que preocupar es si esta casta de genozidas europeos logra unificar un ejército europeo (no estandarizar). 
- El ejército dependiente de EEUU sin tropas de EEUU es la realidad de hoy día y del futuro.
- El Ejército Europeo independiente no es posible ni en corto ni medio plazo, improbable en el largo plazo.  De uno u otro modo, el Euroejército, Europa Plus o la Euro-OTAN, serán dependientes de EEUU, China o Rusia.

¿Qué probabilidades hay de que Europa como continente se enfrente a Rusia?

En igualdad de condiciones, Remotas. Dudamos de hecho el que pueda continuar con sus prácticas colonialistas.

1 El volumen requerido de armamento es totalmente insuficiente. EEUU se ajusta a una producción para el mantenimiento de stocks y fronteras, pero se aleja de la producción de armamento para conflictos de alta intensidad y extensivos. No da de si.

2 La reposición de arsenales para un proyecto de tal calado llevaría, a ritmo actual, décadas; que es el tiempo que se requeriría para ajustar la producción. Recordando que la producción europea ha sido desmantelada y fragmentada, por lo que EEUU ya no puede contar con ella.

3 La calidad del armamento es totalmente subestandar e inadecuado para las nuevas condiciones bélicas. 

4 La variedad del equipamiento europeo lo descarta para el pertrechamiento de una guerra a gran escala. Estos impedimentos multiplicarían el tiempo de desarrollo de un ejército de agresión viable.

5 El precio del armamento también es prohibitivo. El armamento es un artículo de especulación que a penas sirve como herramienta bélica real: F-35, Patriot, Himars, JDAM, Abrams, portaviones..., ya no sirven.

Por todo ello, creemos que es más probable la generación de un conflicto proxi, al estilo Ucrania, en cualquier frontera rusa, que a una escalada continental de Europa contra Rusia hasta que se subsanen estos problemas.

Conclusiones

Europa ha sido desarmada tras la guerra de Ucrania y desindustrializada tras la voladura del Norstream2, apartada de la escala productiva mundial, y por tanto de la carrera mundial por la hegemonía. Lo que oculta el aparente rearme europeo es la mayor acción especulativa desde la Pandemia.

La viabilidad de la OTAN es irrelevante en estos momentos, su inoperancia se demostró durante la guerra de Ucrania. Solo sirve para contener a Europa. La conformación de un ejército propio supondría, o bien una estructura militar sin la participación de EEUU, alternativa a la OTAN, una EuroOTAN, como apuntaba Macron con la "Europa Plus".

La independencia militar europea le permitiría combatir a Rusia sin afectar a EEUU, como ya sucedió en la 2ªGM

El escenario más posible es la intención de organizar otra guerra delegada contra Rusia. Ya no hay necesidad de destruir militarmente a Europa, porque está desmontada.

Solo un viraje radical de las dinámicas entre potencias podría generar la independencia militar de Europa. Ej. el deterioro de EEUU es evidente, y su repliegue a su Fortress America posible. En tal caso, Rusia podría impulsar el Balance Estratégico por medio de garantías de seguridad. Aun así, se encontraría con el problema estructural del nazismo y colonialismo de las élites europeas.

Para Rusia, reconstruir el Eje Moscú-Berlín es una necesidad estratégica. Eurasia es su jugada en el Gran Juego. Para ello aún debe superar otros escollo, los países del 3SI, altamente nazificados, aunque igualmente desarmados. Es ahí donde se rifa la siguiente guerra europea.

Europa será conquistada, porque está siendo vendida al mejor postor por la Europa Política, como cualquier país del tercer mundo. China ya avanza económicamente sobre el continente. Rusia avanza militarmente y promete un marco de seguridad común. EEUU promete botines de guerra y colonialismo sin fin; Irak, Libia, Siria, Palestina...

La pregunta crucial es, viendo lo que ha hecho con sus ejércitos, ¿Para qué necesita la Europa Política un Ejército? ¿Para continuar con sus ínfulas imperialistas? ¿Para arrasar con sus prácticas colonialistas como hace ahora EEUU? ¿Para continuar la matanza? ¿Para empobrecer a sus pueblos? No, para crear otra burbuja especulativa que les permita mantener el control sobre el continente.

Ni si quiera el forzar a Europa a respetar el derecho internacional pondrá fin a los desmanes del occidente colectivo. Estos solo acabarán cuando los pueblos se liberen de sus yugos y las élites corporativas pierdan todas sus posesiones.

Estamos contemplando los coletazos del viejo mundo. Manotazos de ahogado.

Ni Guerra entre Pueblos, Ni paz entre Clases!

lundi 3 mars 2025

L’étonnante postérité de la doctrine française de contre-insurrection

Dans Revolutionary Warfare, How the Algerian War Made Modern Counterinsurgency, Terrence Peterson livre une foule de détails puisés dans les archives militaires de la guerre d’indépendance à l’appui de son récit des stratégies mises en œuvre, sans succès, par l’armée française pour tenter de rallier la population algérienne. Il analyse également l’étonnante postérité de la doctrine militaire française de contre-insurrection élaborée à cette époque, qui a été ressuscitée en 2007 par le général américain David Petraeus en Irak.

Victoria Brittain : Quelle a été l’étincelle à l’origine de vos travaux sur cette guerre coloniale française et sur le concept de pacification à travers le remodelage de la société civile ?

Terrence Peterson : La personne qui a éveillé mon intérêt pour la guerre d’Algérie est Frantz Fanon. J’ai commencé mes études supérieures avec la France de Vichy et la complexité des lois antijuives appliquées en Afrique du Nord. Et j’ai fini par lire L’An V de la révolution algérienne (1959), dans lequel Fanon raconte comment les femmes algériennes du Front de libération nationale (FLN) choisissaient de porter le voile ou non à différents moments, pour détourner les soupçons et déjouer les mesures de sécurité françaises. J’ai été séduit.

J’ai fait des recherches exploratoires dans les archives et découvert que l’armée française avait lancé toutes sortes de programmes sociaux destinés aux femmes algériennes pendant les huit années de guerre. J’ai aussi découvert d’autres programmes destinés aux jeunes, aux ruraux, aux anciens combattants, etc. Cela m’a conduit à me poser ces questions : comment ces programmes s’articulaient-ils entre eux ? Quelle était leur finalité ? Comment concilier le travail social armé, se présentant comme humanitaire, avec les violences notoires qui ont été la réponse militaire au mouvement de libération nationale algérien ? Je l’ai rapidement constaté, les officiers français eux-mêmes n’étaient pas tout à fait sûrs. Ils expérimentaient toutes sortes d’idées sur le terrain. Ce livre est né de mes efforts pour comprendre ce qu’était le concept de « pacification », comment il était né puis avait évolué au cours de la guerre. Quand on évoque la guerre d’Algérie, on pense d’abord aux formes de violence les plus criantes, comme la torture. Mais les archives révèlent que la réponse française au mouvement de libération de l’Algérie a été beaucoup plus large.

Victoria Brittain : Dans l’énorme quantité d’archives des gouvernements français et algérien que vous mentionnez, y a-t-il des filons particulièrement riches qui vous ont permis de pénétrer au plus profond de la mentalité coloniale française ? Vous êtes-vous particulièrement intéressé à certains personnages ?

Terence Peterson  : Le sens de l’historicité qu’ont ressenti les fonctionnaires et officiers coloniaux français est particulièrement frappant dans les archives : ils semblaient comprendre que le FLN et la spirale de la guerre de libération nationale qu’il avait initiée constituaient un phénomène sans précédent, bien avant que l’indépendance de l’Algérie ne devienne une évidence. Leur réaction a été d’essayer de comprendre ce qui était si nouveau, afin de pouvoir maîtriser les forces du changement. Le gouvernement colonial et l’armée française ont tous deux lancé toutes sortes de nouvelles institutions expérimentales pour s’attaquer à la « question algérienne » – c’est-à-dire la raison pour laquelle le FLN réussissait aussi bien à emporter l’adhésion en Algérie et à l’étranger –, et les archives témoignent de beaucoup de débats perspicaces, de réflexions, d’échecs et de projets ratés qui nous aident à comprendre l’état d’esprit colonial et son évolution au fur et à mesure que la décolonisation progressait.

Ces institutions regorgeaient également de personnages étranges et hauts en couleur, en particulier au sein du bureau d’action psychologique de l’armée, qui devint l’épicentre de cet effort au milieu de la guerre. L’un d’entre eux, Jean Servier, était un ethnographe mais aussi un simple escroc qui espérait tirer parti de sa connaissance de l’Algérie rurale pour se faire une place dans les cercles politiques. Il y avait aussi le colonel Michel Goussault, un anticommuniste ardent qui avait mené des opérations de propagande lors de l’invasion de Suez par la France en 1956 et qui est ensuite devenu le chef du bureau d’action psychologique à Alger. Ces personnages m’ont vraiment intrigué, non seulement parce que leurs ambitions ont laissé des traces écrites très riches dans les archives, mais aussi parce que leur tempérament les ont conduits à s’opposer fortement, ce qui me permettait de confronter leurs écrits de façon très productive.

« Les défaites ont discrédité la doctrine française »

Victoria Brittain : Vous décrivez des divisions profondes au sein de l’armée et l’impact persistant de la défaite française de Diên Biên Phu... De quoi s’agit-il ?

Terrence Peterson : Les récits populaires sur la guerre d’Algérie parlent souvent de l’armée française en termes monolithiques mais, en fait, lorsque le FLN a lancé sa lutte de libération nationale, en 1954, l’establishment militaire français était déjà en crise. Les défaites subies sur le sol français en 1940, puis à Diên Biên Phu en 1954, avaient discrédité les doctrines militaires françaises dominantes. Les officiers en milieu de carrière, comme les capitaines et les colonels, étaient convaincus que leurs chefs militaires étaient voués à mener des guerres dépassées. Ce sentiment de crise a finalement contribué aux coups d’État militaires de 1958 et 1961, mais, tout au long de la guerre, il a également conduit à la recherche de nouvelles techniques et de nouveaux cadres stratégiques.

Souvent, les officiers à l’avant-garde de cet effort pour élaborer de nouvelles doctrines militaires étaient précisément ces officiers de niveau intermédiaire : des soldats de carrière qui avaient combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, puis lors de l’insurrection malgache en 1947, en Indochine ou dans d’autres zones de guerres coloniales après 1945, avant d’arriver en Algérie.

En pleine guerre d’Algérie, ce débat a éclaté pendant les premières années du conflit, alors que l’armée française peinait à progresser face au FLN. À cela se sont ajoutés d’autres chocs culturels entre les officiers indigènes ou des affaires algériennes, qui incarnaient les traditions et la culture de l’Armée d’Afrique, et les forces de frappe composées en grande partie de vétérans de l’Indochine. Autant dire que l’ambiance au sein de l’armée était tumultueuse et souvent conflictuelle.

Victoria Brittain : Chez les militaires, l’idée que le communisme mondial était l’étincelle qui allumait le nationalisme anticolonial en Afrique, comme cela avait été le cas, pensaient-ils, en Indochine, était répandue. Pourquoi ?

Terrence Peterson  : En 1956, un fort consensus émerge de tous ces débats sur la doctrine et la stratégie. Les partisans de ce courant de pensée, souvent appelé « doctrine de la guerre révolutionnaire », soutenaient que les guerres de décolonisation en Indochine et en Algérie n’étaient pas seulement semblables en apparence, mais qu’elles étaient littéralement liées, comme deux fronts d’un vaste assaut mondial contre l’Occident mené par des communistes qui maîtrisaient les techniques de la guerre idéologique et psychologique.

L’idée qu’une conspiration communiste puisse se cacher derrière tous les soulèvements anticoloniaux n’était pas nouvelle : elle plongeait ses racines dans les années 1920. Mais elle a redoublé de puissance au milieu des années 1950, car les stratèges français voyaient bien que la position hégémonique de la France était mise à mal par le bloc sino-soviétique d’une part, et par le nouveau statut de superpuissance mondiale de l’Amérique d’autre part. Des théoriciens de la guerre révolutionnaire, comme le colonel Charles Lacheroy et le capitaine Jacques Hogard, ont interprété les mouvements de libération anticoloniaux comme une émanation de cet ordre géopolitique en mutation rapide, plutôt que de considérer la volonté des peuples colonisés eux-mêmes.

Ils voyaient comme apocalyptique la possibilité de l’effondrement de l’empire français : cela signifiait non seulement la fin de la puissance mondiale de la France, mais peut-être même la fin de la France, qui risquait d’être engloutie par l’une des superpuissances montantes. Leur diagnostic était erroné à bien des égards, mais il était important, parce qu’il faisait de l’Algérie un problème existentiel : la France devait soit forger un nouvel ordre capable de résister aux pressions d’un ordre mondial en mutation, soit disparaître.

« Le FLN a flairé l’affaire presque immédiatement »

Victoria Brittain : Comment expliquer l’influence exercée sur l’armée par Jean Servier, jeune ethnographe quasi inconnu ? Son ambitieux article sur la fondation d’« un État colonial revigoré » grâce à de « nouvelles élites politiques » aurait pu facilement passer inaperçu...

Terrence Peterson : Jean Servier est un personnage étrange, surtout parce qu’il n’est pas particulièrement créatif ou talentueux et qu’il a pourtant exercé une forte influence sur la stratégie française. Au premier jour de la guerre, le 1er novembre 1954, il a brièvement attiré l’attention des médias en venant au secours de civils, dans la ville d’Arris, contre les attaques du FLN. Ethnographe de formation, il était spécialiste des langues berbères. Mais son implication auprès du commandement militaire français est obscure. Il a fait toutes sortes de petits boulots pour l’administration coloniale et il est même apparu dans le cadre d’une calamiteuse opération d’armement d’un contre-maquis pro-français en Kabylie en 1956. L’historien Neil MacMaster a démontré de manière assez convaincante sa collusion avec le colonel Goussault (le chef de la guerre psychologique) dans la conception du plan de l’opération Pilote1 et dans son déploiement en dépit d’administrateurs coloniaux réticents.

Tout cela est probablement vrai. Mais je pense aussi que Servier n’était qu’un bon arnaqueur : il a rencontré Goussault à Paris lors d’une session de formation sur la guerre révolutionnaire et il a joué divers rôles dans l’administration. En d’autres termes, il se déplaçait beaucoup et savait ce que voulaient les commandants militaires et les fonctionnaires coloniaux. Et ce qu’ils voulaient, début 1957, c’était un moyen de mobiliser les Algériens eux-mêmes dans un effort de reconstruction de l’ordre colonial. Il ne s’agissait pas nécessairement d’une alternative à la violence mais d’un complément. Je pense que Servier a joué un rôle aussi important parce que ses propositions étaient parfaitement adaptées aux besoins des administrateurs coloniaux et des commandants militaires. Et, bien sûr, dès qu’il n’a plus été indispensable, ils l’ont exclu.

Victoria Brittain : Pouvez-vous expliquer le déroulement des opérations Pilote et Orléansville, leur planification et leur échec ?

Terrence Peterson : L’opération Pilote, opération test lancée au début de l’année 1957, s’inspire largement des actions du FLN. L’idée de base était que l’armée française pouvait créer une organisation politique clandestine, populaire et pro-française, en cooptant les djemâa, les assemblées coutumières qui régissaient la vie rurale algérienne. Il s’agissait de reconstruire l’État colonial à partir de la base. Les principaux agents de cette action telle que Servier et les chefs militaires français l’envisageaient devaient être des agents secrets recrutés localement, formés par le bureau d’action psychologique, puis réintégrés clandestinement dans les campagnes. L’armée a cherché à étendre cette action en ciblant les femmes avec des équipes de protection sociale itinérantes et en recrutant des hommes dans les milices locales d’autodéfense.

Cela ressemblait un peu à la manière dont le FLN et même le Viêt Minh avaient cherché à créer des « contre-États » révolutionnaires en face de l’ordre colonial, et Servier et ses homologues militaires étaient convaincus que ce système leur permettrait de prendre le contrôle de la société rurale algérienne.

Mais l’opération se heurte d’emblée aux réalités de la société rurale, que ni Servier ni les officiers du bureau d’action psychologique ne comprennent vraiment. Ils ont du mal à recruter des agents ; les hommes qu’ils recrutent n’ont pas les compétences nécessaires pour mener à bien leur mission et ils restent, à juste titre, assez méfiants sur les intentions de l’armée. Les djemâas s’appuyaient sur la recherche du consensus et sur des relations inter-familiales anciennes, de sorte que la cooptation envisagée par les officiers n’a jamais été possible. Et, bien sûr, le FLN a flairé l’affaire presque immédiatement et a commencé à assassiner ou à kidnapper les agents infiltrés. En fin de compte, ce projet de création d’une infrastructure politique à la base ne s’est jamais concrétisé.

« Leurs hypothèses étaient fausses »

Victoria Brittain : Alors pourquoi, en 1957, les généraux Raoul Salan et Jacques Allard ont-ils décidé la poursuite du programme Pilote ? Croyaient-ils que l’échec n’était dû qu’à une mauvaise organisation et que l’Algérie nouvelle était le seul avenir possible ? Pensez-vous que les chefs de l’armée étaient si éloignés des réalités algériennes sur le terrain qu’ils ne comprenaient ni la société, ni le FLN, ni les colons français ?

Terrence Peterson : Je pense qu’il s’agit de tout cela. La conception de l’opération Pilote a démontré à quel point les chefs militaires comprenaient mal la société algérienne, ce qu’on a vu aussi à travers d’autres opérations, comme la maladroite campagne de propagande visant à encourager les pieds-noirs à « se faire un ami musulman », qui n’a suscité que des courriers haineux. Le haut commandement – les généraux Salan et Allard – se trouvait à Alger, loin du terrain, et ne pouvait pas constater l’échec de ses propres yeux. Le ton des rapports avait tendance à devenir plus optimiste au fur et à mesure qu’ils remontaient la chaîne de commandement, et je pense que les chefs militaires avaient un orgueil démesuré, persuadés que leurs méthodes allaient forcément fonctionner avec le temps, précisément parce qu’ils avaient une vision superficielle de la société algérienne et des griefs à l’origine du soutien au FLN.

Pendant des années, l’armée s’est efforcée d’élaborer une doctrine opérationnelle en réponse au FLN, et Salan tenait enfin quelque chose qui correspondait à ses préférences idéologiques. Je pense que l’autre facteur puissant qui a conduit Salan et les autres à ne pas voir les échecs de Pilote, ce sont les querelles intestines. Les officiers de l’armée française se sont montrés tout aussi réticents que les Algériens à adopter les tactiques et les techniques du bureau d’action psychologique, et il était plus facile pour Salan et le reste du haut commandement de les blâmer que d’admettre que leurs hypothèses de base sur la société rurale algérienne étaient fausses.

Victoria Brittain : L’initiative « Engagement »2 auprès des femmes et des jeunes a-t-elle eu plus de succès ?

Terrence Peterson : Si les efforts visant à prendre secrètement le contrôle des assemblées coutumières ont échoué, Pilote et les opérations ultérieures ont semblé prospérer davantage dans leurs tentatives d’implication des femmes et des jeunes. Les fonctionnaires coloniaux français voyaient dans ces deux groupes des leviers potentiels pour transformer la société algérienne selon les principes français, et ils ont donc créé une série de programmes, par exemple des équipes itinérantes de médecins et de travailleurs sociaux ciblant les femmes rurales ou des clubs sportifs pour les enfants et les jeunes adultes. Leur objectif était à peu près le même que celui du réseau d’agents politiques imaginé dans le cadre de l’opération Pilote : collecter du renseignement, diffuser de la propagande et cultiver une élite locale pro-française. La principale différence était que les Algériens interagissaient réellement avec ces programmes et l’armée en a donc fait le cœur de sa stratégie de pacification.

En même temps, il faut être très critique sur l’interprétation de cette apparente adhésion. Pour les officiers français, cette participation était un indicateur de succès. Mais les Algériens, eux, s’engageaient sur une base profondément stratégique et subversive. L’offre de soins médicaux, par exemple, était rare et les femmes semblaient heureuses de se rendre avec leurs enfants auprès des médecins itinérants, sans tenir compte de la propagande qui accompagnait ces visites. Elles renvoyaient aussi à leurs stéréotypes le personnel militaire, prétendant ne rien savoir des mouvements ou de la présence du FLN lorsqu’on les interrogeait, sous prétexte qu’elles étaient des femmes opprimées et cloîtrées (ce qui était rarement le cas). La guerre a été la source de profondes difficultés pour les Algériens : pas seulement les pénuries alimentaires ou l’effondrement des économies locales, mais aussi, pour de très nombreuses communautés rurales, le déplacement forcé dans des camps. Dans cette situation, les Algériens n’avaient pas d’autre option que l’armée pour accéder à de maigres services vitaux.

Sans surprise, les archives rapportent un point de vue presque entièrement français sur la guerre, mais malgré cela, on y décèle une hostilité croissante des Algériens engagés dans ces programmes. Et lorsqu’une vague de protestation populaire a déferlé sur les villes algériennes en décembre 1960, les commandants militaires français ont été choqués de constater que les manifestants étaient issus des groupes démographiques et des communautés qu’ils avaient ciblés pour ces programmes.

« Être harki était un moyen d’accéder à un salaire »

Victoria Brittain : Quelle a été la contribution des 56 000 harkis recrutés et l’impact sur leur société ?

Terrence Peterson : C’est une grande question, et des historiens comme François-Xavier Hautreux lui ont rendu justice bien mieux que moi. Pour répondre rapidement, je dirais que les Algériens ont rejoint les harkis et d’autres groupes d’autodéfense pour toutes sortes de raisons compliquées, la loyauté idéologique envers l’État colonial n’ayant vraisemblablement motivé qu’une petite minorité d’entre eux.

La guerre a provoqué une misère et un chômage massifs, et l’enrôlement comme harki était souvent un moyen d’accéder à un salaire ou à des allocations familiales. Parfois, cela s’inscrivait dans des rivalités intercommunautaires ou la volonté de défendre sa communauté contre des intrusions extérieures. De nombreux commandants de l’Armée de libération nationale (ALN) ont raconté comment l’enrôlement de leurs forces dans une harka, ou groupe d’autodéfense, leur permettait d’obtenir du gouvernement français les laissez-passer dont ils avaient besoin pour se déplacer librement. Pendant la plus grande partie de la guerre, les communautés des campagnes algériennes étaient tiraillées non seulement entre l’armée française et le FLN mais aussi, souvent, entre des hommes forts courtisés localement par les deux camps. Pour les Algériens des campagnes, les choix étaient difficiles.

L’armée française s’est également efforcée de mobiliser le plus grand nombre possible d’Algériens armés et civils dans la lutte contre le FLN. Cela est devenu un pilier central de la stratégie française vers le milieu de la guerre conduisant à l’engagement de nombreux Algériens sous le drapeau français, soit dans des rôles de défense locale, soit dans des opérations offensives de combat, comme ce fut le cas pour de nombreux harkis. Inévitablement, cela a nourri le ressentiment et la suspicion au sein de la société algérienne et contribué aux violentes représailles et purges de la fin de la guerre. Les chiffres définitifs sont difficiles à établir, mais il est clair que des milliers d’Algériens, y compris des harkis perçus comme trop proches de l’État colonial, ont perdu la vie, et que des dizaines de milliers d’autres ont fui vers la France.

Victoria Brittain : À partir de l’automne 1961, alors que le processus de pacification était bien engagé, jusqu’à son abandon en janvier 1962, des décisions contradictoires sont prises par les commandants locaux de l’armée. Pourquoi ?

Terrence Peterson : En avril 1961, les généraux Raoul Salan et Maurice Challe et un groupe d’autres conspirateurs tentent de faire un putsch à partir d’Alger pour empêcher le président Charles de Gaulle de négocier l’indépendance de l’Algérie. Le coup d’État échoue et, soudain, la pacification passe de mode : après tout, Salan et Challe sont deux des plus éminents partisans de cette stratégie. L’armée se repositionne autour de l’annonce d’un projet « humanitaire » destiné à préparer l’Algérie à l’indépendance mais, faute de cadre opérationnel alternatif à la pacification, beaucoup de commandants locaux continuent la même politique, jusqu’à ce que l’armée démobilise le personnel qui dirigeait les programmes de pacification sur le terrain.

Comme je l’affirme, il s’agit d’une partie importante de l’histoire. D’une part, cela a permis à l’armée française de blanchir sa campagne en Algérie en la présentant comme un projet de modernisation, de démocratisation et d’édification de la nation. D’autre part, avec le putsch et ses conséquences, les officiers ont pu prétendre que la pacification avait fonctionné jusqu’à ce que l’intrusion de la politique la fasse avorter. Ces deux mythes ont contribué à occulter la violence et les échecs de la pacification et permis à ces pratiques de perdurer après la guerre. L’une des toutes dernières choses que l’armée a faites en janvier 1962 a été l’organisation d’une ultime tournée de propagande de huit jours à l’intention des attachés militaires de vingt-trois pays amis, pour leur montrer les prétendues réalisations de l’armée en Algérie.

« L’armée française a formé des officiers portugais, espagnols... »

David Galula, auteur de {Contre-Insurrection. Théorie et pratique} (1939).
David Galula, auteur de Contre-Insurrection. Théorie et pratique (1939).
© DR

Victoria Brittain : Le plus étonnant, c’est que cette expérience militaire française a connu une grande postérité dans les programmes de pacification ultérieurs : ceux des militaires espagnols et portugais en Afrique contre les mouvements d’indépendance, des États-Uniens au Vietnam, du général états-unien David Petraeus en Irak et même dans les mésaventures postcoloniales de la France en Afrique de l’Ouest. Comment Paul Aussaresses, Roger Trinquier et David Galula ont réussi ce tour de force ? Ont-ils séduit les institutions militaires et universitaires américaines par leur charisme ? Ou faut-il y voir une volonté française de réécrire ce que beaucoup voyaient déjà comme un désastre national ?

Terrence Peterson : Je pense que la pérennité de la doctrine française de contre-insurrection est le fruit d’une campagne organisée de l’armée française pour cultiver son influence. Aujourd’hui encore, on parle de Galula et (dans une moindre mesure) de Trinquier comme de penseurs novateurs et transformateurs et, à bien des égards, cela revient à adhérer aux mythes qu’ils ont forgés. En réalité, l’armée française a déployé de très grands efforts pour cultiver des affinités et de l’influence auprès d’armées amies. À partir des années 1920, elle a formé à l’École de guerre à Paris de nombreux officiers étrangers de haut rang pour susciter une adhésion à la pensée stratégique française. Pendant toute la guerre d’Algérie, elle s’est associée à des armées étrangères pour former des officiers à l’école militaire d’Arzew, près d’Oran. En 1957, et surtout en 1959, l’armée française a formé en Algérie des dizaines d’officiers portugais, espagnols, états-uniens, argentins et autres, dans le but de les rallier à la cause française.

Ces efforts ont porté leurs fruits car ils ont été déployés au moment où la « pacification » semblait le mieux réussir, ce qui a permis aux Français, bien que la guerre se soit achevée par un désastre, de revendiquer une place dans le champ émergent de la contre-insurrection de la guerre froide. Ils n’ont rien proposé de radicalement nouveau ou créatif par rapport à d’autres pays, comme la Grande-Bretagne, qui mettait au point des approches similaires à la même époque. Mais les officiers français ont su capter l’esprit du temps dans leur doctrine et s’en servir pour vendre avec succès leur méthode à l’étranger. En fait, ils ont créé un public, ce qui a facilité la tâche d’anciens militaires entreprenants, comme Galula et Trinquier, qui ont commercialisé leur propre version de ces idées quelques années plus tard.

Ce qu’il faut surtout retenir à la lecture de David Galula, c’est qu’il ne fait que proposer une version réchauffée d’une doctrine qui a échoué, revisitée pour séduire les sensibilités états-uniennes. Avec Galula, comme avec la pacification en général, il faut rester extrêmement critique par rapport aux récits des officiers français sur ce qu’ils faisaient et la manière dont les Algériens y réagissaient.

Larga Noche (Paco Periñan, 1977)

 Mediometraje que relata la última noche de un anarquista español exiliado en París, 

antes de regresar a su país, tras largos años en Francia

Ayuntamineto de Chemnitz (arquitectura socialista de la DDR)

 
El ayuntamiento de Chemnitz, diseñado por Rudolf Wei ßer y Hubert Schiefelbein, es un ejemplo sorprendente de la arquitectura modernista de Alemania oriental. Construida durante la era de la RDA, la estructura cuenta con una audaz fachada con forma de red, donde elementos prefabricados de hormigón hacen hincapié en el ritmo y la repetición, estallos del diseño cívico socialista. El edificio refleja los ideales arquitectónicos de funcionalidad y monumentalidad mientras integra sutiles variaciones de forma para romper la uniformidad. Hoy en día, se mantiene como un referente clave en el modernismo alemán de la posguerra, capturando las ambiciones estéticas e ideológicas de su tiempo.
 
📷 Foto de Sebastian Weiss.