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lundi 24 février 2025

Raz Segal : Le déni de génocide dans les études sur l’Holocauste

 


Raz Segal, historien universitaire israélien, raconte l’étrange expérience qu’il a vécu lorsqu’il a été traité d’antisémite, pour s’être opposé aux massacres perpétrés par Israël dans la bande de Gaza, bien qu’il soit lui-même juif et qu’il ait étudié l’Holocauste et d’autres génocides.

Source : Jacobin, Raz Segal
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des Palestiniens déplacés retournent à pied dans la partie nord de la bande de Gaza, le 19 janvier 2025. (Omar al-Qattaa / AFP via Getty Images)

Raz Segah est un historien israélien résidant aux États-Unis. Il est professeur agrégé d’études sur l’Holocauste et le génocide et professeur doté pour l’étude du génocide moderne à l’Université de Stockton, où il dirige également le programme de maîtrise ès arts en études sur l’Holocauste et le génocide.

Qu’est-ce qui sous-tend le soutien inconditionnel de l’Allemagne à Israël, y compris au cours des seize derniers mois de l’assaut génocidaire d’Israël contre Gaza ? Cette question reste pertinente même si le cessez-le-feu actuel met fin au génocide : l’aborder met en lumière le processus de colonisation israélienne qui dure depuis des décennies et qui a conduit au génocide, une Nakba qui continue de se dérouler indépendamment du cessez-le-feu. De fait, les attaques d’Israël contre les Palestiniens n’ont pas cessé et, en Cisjordanie occupée, elles se sont même intensifiées depuis le début du cessez-le-feu à Gaza, avec des attaques meurtrières menées par des colons israéliens et l’armée israélienne.

Un partenariat étroit entre des spécialistes israéliens et allemands de l’Holocauste apporte des réponses troublantes à cette question. Lors d’un événement en ligne organisé par le programme d’études sur l’Holocauste du Western Galilee College (WGC) israélien le 19 décembre 2024, trois intervenants – Alvin Rosenfeld, professeur d’anglais et d’études juives à l’université d’Indiana, Verena Buser, historienne allemande qui enseigne en ligne au WGC, et Lars Rensmann, professeur de sciences politiques à l’université de Passau en Allemagne – se sont attaqués aux spécialistes des études sur l’Holocauste et le génocide qui ont écrit et parlé du génocide israélien à Gaza, moi y compris.

Bien que cet événement ait été organisé en l’honneur de Yehuda Bauer, figure fondatrice des études sur l’Holocauste décédée le 18 octobre 2024 à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans, les orateurs ont à peine mentionné Bauer ou son travail. Pas plus qu’ils n’ont analysé la montagne de preuves attestant du génocide en cours dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023. Au lieu de cela, ils ont opté pour un déni pur et simple du génocide.

Buser, par exemple, a affirmé que les universitaires qui qualifient les actions d’Israël à Gaza de génocide ne tiennent pas compte des « nombreuses critiques internationales » concernant l’exactitude des chiffres relatifs aux victimes palestiniennes qui, a-t-elle ajouté, « ne font pas la distinction entre les combattants et les civils ». La vérité est qu’il existe un large consensus international pour affirmer qu’Israël a tué plus de 46 000 Palestiniens. Les chiffres réels sont d’ailleurs probablement bien plus élevés : un article récent du Lancet affirme que, fin juin 2024, Israël avait tué plus de 64 000 Palestiniens, la majorité d’entre eux n’étant pas des combattants, et parmi lesquels des milliers d’enfants. Selon Save the Children : « Le territoire palestinien occupé est désormais classé comme l’endroit le plus meurtrier au monde pour les enfants : environ 30 % des 11 300 enfants identifiés tués à Gaza [entre octobre 2023 et août 2024] avaient moins de cinq ans. » En outre, Israël a tué à Gaza près de trois mille enfants palestiniens toujours pas identifiés à la fin du mois d’août 2024.

Le déni de génocide de Buser va au-delà de la simple minoration du nombre de victimes, qui caractérise également le déni de l’Holocauste ; elle a aussi fait référence à des « rapports qui montrent que la faim ne sévit pas [à Gaza] ou qu’elle est causée par les défis logistiques de la guerre ». Elle n’a cité aucun rapport spécifique et n’a donné aucun exemple précis de défis logistiques. Cela n’est pas surprenant, puisqu’il existe également un large consensus international autour des politiques de famine menées par Israël, qui sont bien documentées et dont les chefs militaires israéliens ont ouvertement fait état.

Nous accuser d’antisémitisme parce que nous nous identifions comme juifs ne fait que reprendre le discours antisémite qui nie les identités juives plurielles pour considérer tous les juifs comme une seule et même entité, « les juifs ».

La plupart des universitaires dans la ligne de mire des panélistes de l’événement du WGC sont des Juifs, et j’en fais partie, ciblés pour la manière dont nous expliquons et exprimons notre critique des atrocités de masse perpétrées par Israël au travers du prisme de nos identités juives. Il semblerait que nous ne fassions pas partie des bon juifs. Mais nous accuser d’antisémitisme pour la façon dont nous nous identifions en tant que Juifs ne fait que reprendre le discours antisémite qui nie les identités juives plurielles pour considérer tous les Juifs comme une seule et même entité, « les Juifs ». En tant que telles, les attaques contre les universitaires juifs s’inscrivent dans la vision du monde raciste plus large des orateurs de l’événement du WGC, qui visait initialement à dénigrer les Palestiniens.

Plus scandaleux encore, l’historien israélien Dan Michman, qui dirige l’Institut international de recherche sur l’Holocauste à Yad Vashem, s’est référé à nul autre qu’Adolf Hitler pour donner du poids aux attaques des orateurs :

« Personne ne trouve à redire au terme « palestinien ». […] Mais si l’on remonte un siècle en arrière, dans Mein Kampf, par exemple […] Hitler dit à un moment donné que les sionistes veulent établir un État palestinien afin de disposer d’une base pour leurs activités criminelles. Or, il y a un siècle, un État palestinien était un État juif. Et le fait est que pendant la période du mandat [britannique] en Palestine, les habitants juifs étaient appelés Juifs palestiniens, les Arabes étaient des Arabes palestiniens. […] En 1948, Israël a été créé et les Juifs palestiniens sont devenus des Israéliens. Le terme [palestinien] est donc resté en suspens et ce n’est que depuis les années 1950 que nous commençons à entendre parler des Palestiniens. »

Il semble que Michman ait voulu faire écho à Rensmann, qui a affirmé dans son intervention au début de l’événement : « De tout temps, depuis Hitler en 1920 […] les nazis étaient ouvertement, agressivement, antisionistes et s’attaquaient à un éventuel État sioniste. » La logique à l’œuvre ici est que si Hitler était antisioniste, l’antisionisme ne peut être autre chose que de l’antisémitisme – une affirmation que les orateurs ont répétée encore et encore. Ce faisant, ils ignorent la riche histoire des Juifs antisionistes et des organisations et partis politiques juifs antisionistes, ainsi que les nombreux Juifs antisionistes et organisations juives dans le monde aujourd’hui. Ils nous présentent à la place une situation insolite où un professeur allemand prétend déterminer au nom des Juifs la légitimité ou l’illégitimité de leurs identités juives, appuyé par un spécialiste israélien de l’Holocauste qui finit par reproduire la logique du racisme hitlérien.

Qui plus est, les critiques de Michman et Rensmann n’ont pas eu pour cible les néo-nazis et les groupes apparentés qui se multiplient à nouveau en Allemagne et ailleurs, mais bien les juifs antisionistes. Les deux chercheurs se sont engouffrés dans ce piège paradoxal pour une raison bien précise. Ils ne supportent pas que des Juifs antisionistes, parmi lesquels des spécialistes juifs antisionistes de l’Holocauste et du génocide, osent affirmer que l’attaque d’Israël contre Gaza depuis octobre 2023 correspond bien à un crime de génocide au regard du droit international.

Ces universitaires juifs ne sont toutefois pas les seuls. William Schabas, l’un des plus grands experts en droit international sur le génocide, issu d’une famille de survivants de l’Holocauste, a expliqué dans une interview à la fin du mois de novembre 2024 que :

« À Gaza […] Les infrastructures ont été massivement détruites, les gens n’ont pas pu s’échapper – et puis il y a eu les terribles déclarations de [l’ancien ministre israélien de la défense] Yoav Gallant. […] Des ministres, des porte-parole du gouvernement et des chefs militaires, qui ont tous de l’influence sur les troupes, se sont exprimés. A ma connaissance, leurs déclarations sont plus fréquentes et plus graves que dans n’importe quelle autre affaire portée devant [la Cour internationale de justice]. […] Conjuguées à la faim, au manque d’accès à l’eau et à l’hygiène, à la destruction systématique des maisons, des écoles et des hôpitaux, une image se dégage qui pourrait donner lieu à l’interprétation d’une volonté génocidaire. »

Pour Rensmann, cependant, « l’allégation de génocide [portée à l’encontre d’Israël] fait partie intégrante de l’histoire de l’antisémitisme du vingtième et maintenant du vingt-et-unième siècle ».

Buser s’est appuyée sur Rensmann pour faire fi des chercheurs spécialisés dans l’étude de l’Holocauste et des génocides, pour la plupart juifs, dont les travaux se fondent sur un vaste corpus de sources en constante augmentation sur le génocide perpétré par Israël à Gaza. Il s’agit notamment de documents provenant de l’accusation de génocide portée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice, des nombreuses cartes, témoignages de Palestiniens, photos aériennes et autres sources figurant dans les rapports d’Amnesty International, de Human Rights Watch, de Forensic Architecture et de la rapporteure spéciale des Nations unies Francesca Albanese quant à la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, sans oublier les milliers de vidéos fièrement postées sur les réseaux sociaux par des soldats et des officiers israéliens dans lesquelles ils ont documenté leur propre violence et leurs propres crimes.

Niant cette réalité largement documentée, Buser affirme que les universitaires spécialisés dans l’étude de l’Holocauste et des génocides qu’elle cherche à discréditer utilisent la Déclaration de Jérusalem sur l’antisémitisme (JDA), qui « exonère l’antisionisme et les comparaisons avec les nazis de toute accusation d’antisémitisme ». La JDA, poursuit-elle, permet donc à ces universitaires de faire des déclarations antisionistes ou d’utiliser des comparaisons avec l’Histoire qu’elle considère comme antisémites, y compris, selon elle, celle affirmant que « l’État d’Israël est un État blanc, colonisateur et pratiquant l’apartheid qui commet un génocide à Gaza ».

Selon la JDA (Déclaration de Jérusalem), « critiquer ou s’opposer au sionisme en tant que forme de nationalisme » n’est pas antisémite, car « en général, les normes de débat qui s’appliquent à d’autres États et à d’autres conflits liés à l’autodétermination nationale valent également dans le cas d’Israël et de la Palestine ». En d’autres termes, s’il est légitime de critiquer toute idéologie ou politique d’un État – un droit constitutionnel protégé aux États-Unis – il est également légitime de le faire dans le cas du sionisme et d’Israël.

La JDA conclut donc à juste titre : « Même si c’est controversé, comparer Israël à d’autres cas dans l’histoire, y compris le colonialisme ou l’apartheid, n’est pas antisémite en soi. » Cependant, Buser, comme ses collègues du WGC, met sur le même plan l’antisionisme et l’antisémitisme, ce qui fait qu’à ses yeux, les universitaires qu’elle cible sont des antisémites. Ses interventions énumèrent ainsi les onze qui, à son avis, sont les plus importants ; huit d’entre eux sont juifs, et j’en fais partie.

La notion de caractère unique de l’Holocauste

Que penser de ce partenariat entre des spécialistes israéliens et allemands de l’Holocauste qui attaquent des Juifs dans le but de nier le génocide commis par Israël tout en reproduisant le racisme anti-palestinien qui est à l’origine de ce génocide ? Nous pouvons commencer à répondre à cette question en rappelant que la WGC voulait honorer Bauer, spécialiste de l’Holocauste particulièrement attaché à l’idée que l’Holocauste est un événement unique dans l’histoire de l’humanité. Cette idée, qui a également guidé les travaux de Rosenfeld et Michman, a joué un rôle fondamental dans les politiques et les sociétés tant israéliennes qu’allemandes.

L’idée que l’Holocauste serait unique reprend plutôt qu’elle ne les remet en cause le nationalisme d’exclusion et le colonialisme de peuplement qui ont conduit à l’Holocauste.

L’idée du caractère unique de l’Holocauste dans l’histoire de l’humanité a été renforcée par la définition du concept de génocide dans la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide en 1948, grâce à laquelle ce que nous appelons aujourd’hui l’Holocauste (personne n’utilisait le terme à l’époque) a été considéré comme plus terrible qu’un génocide. Cette hiérarchie, qui en viendra plus tard à incarner l’essence du domaine académique des études sur l’Holocauste et les génocides dans son titre, a été d’un intérêt crucial pour les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : elle a permis de distinguer la violence de masse nazie de la longue histoire des génocides coloniaux occidentaux et de l’histoire plus brève des génocides soviétiques qui l’ont précédée.

Plus concrètement, elle a également détourné l’attention des crimes de guerre à grande échelle commis par les alliés occidentaux et les Soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale, parmi lesquels l’utilisation de bombes atomiques sur le Japon par les États-Unis, ce que le spécialiste du génocide Leo Kuper a plus tard qualifié d’actes de génocide dans son livre de 1981 intitulé Genocide : Its Political Use in the Twentieth Century (Génocide : son instrumentalisation politique au vingtième siècle). La communauté d’intérêts entre l’Union soviétique et l’Occident sur le nouveau crime de génocide s’est arrêtée là. En Occident, cette hiérarchie a fait des Juifs les victimes les plus pures, ce qui a été rendu possible par la place fondatrice des Juifs dans le monde judéo-chrétien. Comme l’a fait valoir le regretté historien de l’Holocauste Alon Confino dans A World Without Jews (Un monde sans juifs), un brillant ouvrage paru en 2014, les nazis considéraient la destruction des Juifs précisément de cette manière, comme essentielle à l’anéantissement de la civilisation judéo-chrétienne afin de créer une civilisation nazie à la place. L’unicité de l’Holocauste s’est donc appuyée sur l’idée que les Juifs sont un peuple unique et l’a renforcée.

La victimisation sans concession s’est ensuite transformée en une morale supérieure et a rejoint un élément central du projet sioniste : la fusion d’un peuple, les Juifs, et d’un État, Israël. C’est ainsi qu’est née l’opinion commune à Israël et à l’Occident qui veut que l’armée israélienne soit l’armée la plus morale au monde. En conséquence, il est devenu inimaginable qu’Israël puisse commettre un quelconque crime au regard du droit international, sans parler d’un génocide. Cette impunité d’Israël sur le plan juridique international a rendu plus difficile à cerner la reproduction du nationalisme d’exclusion et du colonialisme de peuplement de l’État israélien, depuis ses origines lors de la Nakba de 1948 en passant par la Nakba actuelle à travers des décennies de violence de masse israélienne contre les Palestiniens, et qui culmine aujourd’hui avec le génocide commis par les Israéliens dans la bande de Gaza.

L’idée que l’Holocauste était un phénomène unique a également modelé la volonté de l’Allemagne de soutenir Israël, ce que l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a décrit de manière très célèbre dans un discours prononcé devant la Knesset (parlement) israélienne en 2008 comme étant la « raison d’État » de l’Allemagne. Feu Rudolf Dressler, homme politique social-démocrate allemand, qui a été ambassadeur d’Allemagne en Israël de 2000 à 2005, a été le premier à utiliser cette formule dans un mémoire en 2005, et l’actuel chancelier allemand Olaf Scholz l’a reprise dans son discours devant le parlement allemand le 12 octobre 2023. Cinq jours plus tard, alors qu’il se trouvait en Israël, Scholz a ajouté que « l’histoire de l’Allemagne et sa responsabilité dans l’Holocauste nous obligent à préserver la sécurité et l’existence d’Israël ».

Mais l’unicité de l’Holocauste a également un effet plus profond sur la politique et la société allemandes. Il rend le nazisme également unique et déconnecte ainsi la période nazie du reste de l’histoire allemande, avant et après l’Holocauste.

Cette mystification occulte les liens entre le nazisme et le génocide colonial des colons allemands contre les Herero et les Nama dans le sud-ouest de l’Afrique au début du vingtième siècle. De même, le nationalisme allemand d’exclusion avant et après les nazis, dont l’explosion contemporaine de racisme contre les migrants et les réfugiés, disparaît également. À l’extrême, cette logique légitime le racisme contre les Palestiniens au moment même où Israël perpètre un génocide à leur encontre. L’idée de l’unicité de l’Holocauste reproduit donc le nationalisme d’exclusion et le colonialisme de peuplement qui ont conduit à l’Holocauste et qui continuent à structurer à la fois le statut des auteurs et celui des survivants, au lieu de les remettre en question.

La conférence de la WGC a donc reflété ce que Bauer avait exprimé un an avant sa mort, en novembre 2023, dans un article paru dans Haaretz. Utilisant une terminologie coloniale, Bauer a présenté l’attaque d’Israël contre Gaza comme la protection d’une « société plus ou moins civilisée » contre la « barbarie du Hamas », appelant à une « lutte sans relâche » entre « deux visions du monde […] [qui] font appel à des formes différentes de l’univers humain ». Le partenariat israélo-allemand d’études sur l’Holocauste au WGC utilise précisément cette vision du monde profondément raciste, une vision qui a mis les Juifs en danger par le passé et qui les vise à nouveau aujourd’hui – en soutenant les atrocités israéliennes à Gaza tout en niant qu’il s’agit d’un génocide.

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Raz Segal est professeur agrégé d’études sur l’Holocauste et les génocides à l’université de Stockton, où il dirige également le programme de maîtrise en études sur l’Holocauste et les génocides.

Source : Jacobin, Raz Segal, 27-01-2025

Solo el 3% de los israelíes judíos cree que el plan de limpieza étnica de Trump para Gaza es inmoral

 FUENTE: https://rafaelpoch.com/2025/02/07/solo-el-3-de-los-israelies-judios-cree-que-el-plan-de-limpieza-etnica-de-trump-para-gaza-es-inmoral/

Autora: Caitlin Johnstone

Una encuesta del Jewish People Policy Institute ha revelado que «más de ocho de cada diez israelíes judíos apoyan el plan» propuesto por el presidente Donald Trump de limpiar étnicamente la Franja de Gaza de palestinos reasentándolos en Egipto y Jordania.

La encuesta también encontró que entre la minoría de israelíes que no apoyaban el plan de Trump, sólo el 13% se oponía porque lo consideraba inmoral. Entre los israelíes judíos específicamente, el número que se opone a la limpieza étnica de Gaza por razones morales es de solo el tres por ciento.

Un tres por ciento. Si eso no es un signo de una sociedad moralmente enferma, no sé qué lo sería.

Para que quede claro, estamos hablando de expulsar permanentemente a una población indígena de su tierra natal a escala masiva para que su territorio pueda ser reclamado por colonos. Este es el tipo de crimen que incluso una conciencia medianamente formada reconocería inmediatamente como profundamente inmoral, pero entre los judíos israelíes, esa cifra es sólo del tres por ciento.

La degeneración moral que hace posible tal falta de empatía humana básica a gran escala es la consecuencia natural de todo lo que el Estado de Israel es y siempre ha sido. A los judíos israelíes se les adoctrina desde que nacen para que consideren a los palestinos menos que humanos, porque de lo contrario el Israel moderno no tendría sentido. No tiene sentido que un Estado de apartheid en el que un grupo recibe un trato preferente sobre los demás se haya colocado encima de una civilización preexistente a la que se robó violentamente la tierra, los derechos y la dignidad, si se considera que todas las partes implicadas son iguales. Así que se les enseña a no verlas como iguales.

Sin embargo, este envenenamiento sistemático de la conciencia tiene repercusiones en todo tipo de ámbitos. Una encuesta de 2011 publicada por Haaretz reveló que el 61% de los hombres israelíes no considera violación el sexo forzado con un conocido, y que sólo el 7% cree que la violación marital es algo real. Las violaciones abundan en el ejército israelí y casi nunca se castigan; en 2022, The Jerusalem Post informó de que las FDI recibieron 1.542 denuncias de agresiones sexuales en el año 2020 y que, de ellas, sólo se presentaron 31 acusaciones.

Basta con escuchar a los israelíes hablar de valores exclusivos de su cultura como el «shitat hamatzliah» (pasar por encima de la gente y hacer lo que te dé la gana para ver si te sales con la tuya) o el pecado de ser un «freier» (alguien que se atiene a las normas y pierde la oportunidad de engañar a los demás) para comprender que ésta es una nación de sociópatas.

Y tiene que serlo. Si los israelíes fueran un pueblo profundamente moral con conciencias bien formadas, no existiría Israel, porque los abusos necesarios para mantener su existencia como Estado nunca contarían con el apoyo democrático de su pueblo. Israel no puede existir sin violencia, tiranía e injusticia incesantes, por lo que es vital para los intereses del Estado que los israelíes sean el tipo de personas que apoyarían estas cosas.

Y en caso de que alguien esté confundido, esta inmoralidad no se refiere en realidad a los judíos o al judaísmo. Cualquier grupo al que se adoctrine de forma generalizada en la creencia de que un grupo vecino debe ser tratado de forma abusiva se convertirá en personas crueles e ignorantes; cualquier persona con conciencia que haya interactuado alguna vez con sudafricanos blancos a partir de cierta edad probablemente haya probado esto. No tiene nada que ver con la religión o la etnia de nadie, es simplemente cómo se mantienen los abusos del apartheid.

Esta es la entidad depravada a la que se le dice a todo el mundo occidental que debe apoyar incondicionalmente. Un Estado de apartheid que convierte a su propia gente en monstruos para que participen en actos monstruosos.

(Publicado en : Only 3% Of Jewish Israelis Think Trump’s Ethnic Cleansing Plan For Gaza Is Immoral )

La USAID y el periodismo “independiente”

 FUENTE: https://espanol.almayadeen.net/articles/1983776/la-usaid-y-el-periodismo--independiente

 


El presupuesto de este año 2025 incluía más de 268 millones de dólares para “medios independientes y el libre flujo de información”. En Ucrania particularmente, recoge el informe, nueve de cada 10 medios dependen de subvenciones y USAID es el principal patrocinador.

La administración de Donald Trump ha arremetido contra la Agencia de los Estados Unidos para el Desarrollo Internacional (USAID), en lo que parece ser la punta de lanza de un programa político orientado a lograr la “mayor eficiencia gubernamental” y volver a “hacer a América grande de nuevo”, el cual es probable que pronto involucre a otras instituciones e instancias del gobierno federal. Como parte del ataque, se han tomado un grupo de decisiones prácticas sobre la agencia y han salido a la luz revelaciones interesantes, sobre todo en lo referente al financiamiento de medios en el extranjero, sobre las cuales convendría detenerse.

“Una bola de gusanos”

Desde su surgimiento en los años sesenta, la USAID ha sido una herramienta al servicio de los intereses y la hegemonía norteamericana. Por tanto el ataque a la agencia debemos leerlo más en clave de un reordenamiento de medios y fines de esta hegemonía, que como un cuestionamiento a las esencias que articulaban el funcionamiento del aparato. En otras palabras, se cuestionan políticas, decisiones, gastos, pero no la legitimidad misma de tener una herramienta como esa, que bajo el manto de la ayuda, ha promovido activamente en su historia operaciones de cambio de gobierno en numerosos países.

Elon Musk, flamante director del Departamento de Eficiencia Gubernamental, en una sesión en vivo en X Spaces, afirmó que Trump estuvo de acuerdo en cerrar la agencia. La calificó como una bola de gusanos e insistió en la idea de eliminarla. En declaraciones a otros medios la llamó también “una organización criminal”. Trump, por su parte, afirmó que la USAID ha sido dirigida “por un puñado de lunáticos radicales”.

La agencia gubernamental norteamericana da empleo a unas 10 mil personas y administra un presupuesto de 40 billones de dólares (billones norteamericanos), además de una compleja red de organizaciones sin ánimo de lucro, grupos, medios, etc, que implican a miles de personas más.

Este 4 de febrero su sede en Washington amaneció cerrada y los empleados enviados a casa sin saber cuál será su futuro, el personal en el extranjero fue puesto en baja administrativa por los próximos 30 días. El último mensaje en el sitio web de la agencia dice “Gracias por sus servicios”. La USAID pasó a estar bajo supervisión del Departamento de Estado, lo cual indica muy probablemente un cambio de estatus en el futuro de la agencia. 

El desmontaje de la USAID forma parte, por un lado, del nuevo enfoque en política exterior norteamericana, que tiene una de sus expresiones en la decisión de Trump de congelar toda la ayuda exterior norteamericana poco después de asumir el cargo en el mes de enero y sus recientes decisiones de retirarse de varios organismos internacionales. Por otro lado, forma parte del esfuerzo del ambicioso Musk por mostrar resultados en la gestión de su Departamento, como parte del objetivo declarado de reducir a la mitad el inmenso déficit fiscal del país para 2026. Sin embargo, como apunta el medio Wired, la USAID representa menos del uno por ciento del presupuesto federal total de Estados Unidos.

Las amenazas de esta política de ajuste ya se han extendido a otras agencias gubernamentales, como la CIA, que ha implementado una política para promover las “renuncias voluntarias” y el Departamento de Educación, en peligro de desaparecer. Estas medidas y otras tomadas en estos días por el nuevo gobierno ya han generado protestas en el Senado y la Cámara de Representantes, así como decisiones judiciales en contra en varios estados. 

Toda esta política parece articulada en función de una agenda neoliberal de reducción de lo público, nacionalismo y valores conservadores, promoción activa y agresiva de los intereses del capital y un intento de reconstituir, por cualquiera de las vías a su alcance, la hegemonía en crisis de Estados Unidos.

Sin embargo, en medio de toda la barahúnda de reducción de gastos públicos, permanece intocada la mayor fuente de despilfarro presupuestario en el país: el Pentágono y su relación con el complejo militar-industrial. Tampoco se tocan ni cuestionan los gigantescos presupuestos de la NASA, la cual tiene entre sus subcontratistas a Blue Origin de Jeff Bezos y Space X, de Elon Musk. Se puede sacrificar la educación, pero nadie tocará los miles de millones de dólares que engrasan las puertas giratorias de la corporatocracia que domina en EE. UU.

Los medios “independientes”

Todo lo anterior no quiere decir que lamentemos ni un ápice la suerte de la USAID, agencia imperialista y colonial por excelencia. Su crisis, sin embargo, ha destapado un cúmulo de información sumamente interesante. Una de las aristas relevantes es la relacionada con el financiamiento de la agencia norteamericana a miles de periodistas y agencias periodísticas en todo el mundo, los cuales no dudaban en presentarse como “independientes”, mientras en la práctica eran cuñas ideológicas al servicio de la dominación estadounidense.

En un reporte reciente de Reporteros sin Fronteras se apunta que el congelamiento de financiamiento exterior, y particularmente de la USAID, ha dejado en una situación sumamente precaria desde el punto de vista económico a más de seis mil 200 periodistas, 707 medios no estatales y a 279 organizaciones “dedicadas a fortalecer el periodismo independiente”.

El presupuesto de este año 2025 incluía más de 268 millones de dólares para “medios independientes y el libre flujo de información”. En Ucrania particularmente, recoge el informe, nueve de cada 10 medios dependen de subvenciones y USAID es el principal patrocinador. 

La USAID es solo una de las agencias y organizaciones usadas por el gobierno de los Estados Unidos para promover el periodismo “independiente”, aunque su caso resulta paradigmático sobre el funcionamiento y los fines de este financiamiento. La agencia preparó un Manual sobre la lucha contra la desinformación en 2021, pensado para orientar la actuación de estos medios y periodistas. Una de las claves recogidas en este Manual, por ejemplo, es la del “silencio estratégico”, básicamente orientado a no mencionar ni dar cobertura a aquellas aristas de la realidad que no encajen con la narrativa promovida por Washington.

Al final muchos de estos medios y periodistas, promovidos sobre todo en contra de países percibidos como enemigos de los Estados Unidos y en regiones de interés estratégico para el imperio norteamericano, acaban reproduciendo el discurso hegemónico, promoviendo la agenda liberal y produciendo los contenidos con los cuales, desde una visión intencionalmente sesgada, se construye la narrativa de la dominación.

En Cuba hemos vivido y vivimos el impacto de la estrategia de asedio simbólico para la cual se construyen, financian y promueven estos medios y figuras. La propia USAID ha sido desde su surgimiento en 1961 una activa promotora de la agenda subversiva contra la isla. 

Por poner solo un ejemplo, en 2020, mientras la isla enfrentaba, como el resto del planeta, la pandemia de la covid-19 con el añadido del Bloqueo recrudecido, la USAID destinó la suma de 410 mil 710 dólares a la empresa Digital News Association Inc. Esta organización, con sede en la Florida, es financista a su vez de numerosas páginas y periodistas que bajo el manto noticioso promueven activamente la propaganda contra la isla. Es el caso, por ejemplo de ADN Cuba, uno de los “medios” beneficiarios de este financiamiento. 

En tanto se define la suerte de herramientas como la USAID y se calman las aguas revueltas por el reajuste dentro de la cúpula política en los Estados Unidos, podemos apuntar un grupo de conclusiones preliminares. 

La transformación o desaparición de la USAID y otras agencias no modifica un ápice la naturaleza imperialista y plutocrática del poder en Estados Unidos. A pesar de su discurso facilista, construido para agradar a la enojada clase media norteamericana, Trump gobierna con y para la oligarquía, basta ver solo la estructura de su gabinete. Estos procesos forman parte, como ya apunté antes, de una readecuación de las herramientas de la hegemonía norteamericana, para que se ajusten mejor a la visión del mundo y los intereses del grupo dirigente en la actualidad.

El Departamento de Musk va a recortar gastos fundamentalmente en materia de servicios y derechos públicos, como corresponde a la lógica de un gobierno neoliberal, nacionalista y de ultraderecha. No van a tocar los desproporcionados presupuestos militares, van a beneficiar al Big Tech y, en última instancia, a los propios intereses de Musk.

Y por último, la información publicada sobre el financiamiento a medios y periodistas “independientes” revela el grado de penetración e influencia de las diversas agencias norteamericanas en la agenda mediática global, no solo en los grandes medios cartelizados, sino en empresas periodísticas muchísimo más pequeñas, hasta llegar incluso a comunicadores individuales, en una clara evidencia de cómo desde los centros del capitalismo contemporáneo se estructura y produce la microfísica del poder mediático al servicio de la hegemonía del capital. 

José Ernesto Nováez Guerrero

Escritor y periodista cubano. Miembro de la Asociación Hermanos Saíz (AHS). Coordinador del capítulo cubano de la Red en Defensa de la Humanidad. Rector de la Universidad de las Artes

La USaid contra Cuba

FUENTE: https://espanol.almayadeen.net/articles/1988577/la-usaid-contra-cuba

La USAID ha sido, desde su surgimiento en 1961, una activa promotora de la agenda subversiva contra la isla.

En estos días es noticia el desmantelamiento parcial sufrido por la Agencia de los Estados Unidos para el Desarrollo Internacional (USAID) a manos de Donald Trump. La agencia pasó a estar bajo supervisión del Departamento de Estado y sus más de 10 mil trabajadores en todo el mundo han quedado en suspensión administrativa por 30 días. 

También se ha cerrado la web de la agencia. Adicionalmente, las propias autoridades norteamericanas han hecho públicas numerosas informaciones que ayudan a tener una idea de la dimensión y diversidad de las operaciones llevadas a cabo por esta agencia bajo el manto de la “ayuda al desarrollo”. 

En Cuba no sorprenden estas revelaciones. La USAID ha sido, desde su surgimiento en 1961, una activa promotora de la agenda subversiva contra la isla.

Una herramienta de la Guerra Fría

La USAID fue creada por John F. Kennedy como parte de una reforma del programa de asistencia exterior de los Estados Unidos, mediante la firma de la Ley de Asistencia Extranjera, que exigía la fusión de las agencias de asistencia preexistentes en una nueva agencia en un plazo de 60 días. Surgida en medio de la Guerra Fría, la agencia rápidamente pasó a desplegar una estrategia de subversión bajo el manto de la asistencia humanitaria. 

Uno de los primeros programas impulsados por la agencia en América Latina fue la Alianza para el Progreso, una especie de Plan Marshall para el continente cuyos recursos finalmente acabaron usándose para financiar y sostener los regímenes golpistas y dictatoriales que llegaron al poder en numerosos países entre las décadas del 60 y el 80 del siglo XX. 

La USAID también colaboró con la CIA en el adiestramiento de fuerzas policiales en tácticas de contrainsurgencia y guerrilla urbana en apoyo a los regímenes golpistas de Chile, Uruguay, Paraguay, Brasil y Argentina.

Su impronta no se detiene solo en América Latina, sino que abarca un largo abanico de acciones subversivas también en África, Medio Oriente y Asia, promoviendo agendas de cambio de gobierno, “golpes blandos” y “revoluciones de colores” a lo largo de sus más de seis décadas de existencia.


 

La USAID contra Cuba

Como ya se ha apuntado, la USAID tiene un largo historial de operaciones contra Cuba desde los primeros años de la Revolución cubana, de conjunto con otras organizaciones, como la tristemente famosa NED (National Endowment for Democracy), creada por Reagan en 1983.

En los años noventa, mientras la isla atravesaba el denominado como Período Especial, la agencia impulsó el denominado Programa Cuba, donde se emplearon más de seis millones de dólares en el financiamiento a grupos mercenarios en el país.

Entre 2001 y 2006, la agencia asignó más de 61 millones de dólares en proyectos y acciones contra Cuba, incluyendo muchas de carácter comunicacional. 

Entre 2007 y 2013 el Programa Cuba empleó más de 120 millones de dólares para unos 315 proyectos que buscaban promover una “Primavera cubana”. Con este fin se impulsaron plataformas como ZunZuneo, que pretendía ser una variante cubana de Twitter. 

En 2013 impulsaron también la operación Piramideo, destinada a crear un canal de comunicación entre diversos grupos contrarrevolucionarios en la isla. Todas estas acciones, y muchas otras que involucraron también a la entonces Oficina de Intereses de los Estados Unidos en Cuba, se llevaron a cabo en flagrante violación de todos los convenios y protocolos diplomáticos e internacionales, así como de la soberanía de la isla. 

En octubre de 2020, mientras Cuba y el mundo luchaban contra la pandemia de la covid-19, el periodista norteamericano Tracy Eaton, de The Money Project, hizo público que la USAID había otorgado más de 410 mil dólares a la empresa Digital News Association Inc., con sede en la Florida, para “promover los derechos humanos en Cuba”. Esta empresa está estrechamente asociada con ADN Cuba, uno de los muchos “medios” de propaganda contra la isla.

Según el propio Eaton, durante el primer período de gobierno de Donald Trump, al menos 54 grupos han operado programas en Cuba financiados por la USAID y la NED, recibiendo en el período entre 2017 y 2020 más de 16 millones y medio de dólares para promover agendas de cambio de régimen en la isla. 

Al Bloqueo económico, comercial y financiero que pesa sobre el país, se suman entonces las acciones subversivas de grupos, “medios” e individuos financiados por estas agencias para alterar el orden político vigente en el país. Es una estrategia donde se combinan la formidable presión de las sanciones económicas con esta penetración soft que busca erosionar la cohesión política y la voluntad de resistencia del pueblo cubano

José Ernesto Nováez Guerrero

Escritor y periodista cubano. Miembro de la Asociación Hermanos Saíz (AHS). Coordinador del capítulo cubano de la Red en Defensa de la Humanidad. Rector de la Universidad de las Artes

dimanche 23 février 2025

"L'empire s'autodétruit" (Chris Hedge)

 

Ces milliardaires vont faire fortune en « récoltant » les restes de l’empire. Mais ils vont finalement abattre la bête qui a créé la richesse et la puissance américaines.

Et puis le monde a explosé – par Mr. Fish.

Par Chris Hedges
ScheerPost

Les milliardaires, les fascistes chrétiens, les escrocs, les psychopathes, les imbéciles, les narcissiques et les déviants qui ont pris le contrôle du Congrès, de la Maison Blanche et des tribunaux, cannibalisent l’appareil d’État.

Ces blessures auto-infligées, caractéristiques de tous les empires récents, paralyseront et détruiront les tentacules du pouvoir. Et puis, tel un château de cartes, l'empire s'effondrera.

Aveuglés par l’orgueil, incapables de comprendre la puissance décroissante de l’empire, les mandarins de l’administration Trump se sont retirés dans un monde imaginaire où les faits durs et désagréables n’ont plus d’importance.

Ils débitent des absurdités incohérentes tandis qu’ils usurpent la Constitution et remplacent la diplomatie, le multilatéralisme et la politique par des menaces et des serments de loyauté. Des agences et des départements, créés et financés par des lois du Congrès, partent en fumée.

Ils suppriment les rapports et les données du gouvernement sur le changement climatique et se retirent de l’Accord de Paris sur le climat. Ils se retirent de l’Organisation mondiale de la santé. Ils sanctionnent les fonctionnaires qui travaillent à la Cour pénale internationale – qui a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre à Gaza.

Ils ont proposé que le Canada devienne le 51e État membre. Ils ont formé un groupe de travail pour « éradiquer les préjugés antichrétiens ». Ils appellent à l’annexion du Groenland et à la saisie du canal de Panama.

Ils proposent la construction de complexes hôteliers de luxe sur la côte d'une bande de Gaza dépeuplée sous contrôle américain, ce qui, si cela se concrétisait, ferait tomber les régimes arabes soutenus par les États-Unis.

Les dirigeants de tous les empires tardifs, y compris les empereurs romains Caligula et Néron ou Charles Ier, le dernier monarque des Habsbourg, sont aussi incohérents que le Chapelier fou, prononçant des remarques absurdes, posant des énigmes sans réponse et récitant des salades de mots d'inepties.

Comme Donald Trump, ils sont le reflet de la pourriture morale, intellectuelle et physique qui afflige une société malade.

J'ai passé deux ans à faire des recherches et à écrire sur les idéologues pervers de ceux qui ont aujourd'hui pris le pouvoir dans mon livre American Fascists: The Christian Right and the War on America . Lisez-le tant que vous le pouvez. Sérieusement.

Ces fascistes chrétiens, qui définissent l’idéologie fondamentale de l’administration Trump, n’ont aucun scrupule à exprimer leur haine envers les démocraties pluralistes et laïques. Ils cherchent, comme ils le détaillent de manière exhaustive dans de nombreux livres et documents « chrétiens » tels que le Projet 2025 de la Heritage Foundation , à déformer les pouvoirs judiciaire et législatif du gouvernement, ainsi que les médias et le monde universitaire, pour en faire des appendices d’un État « christianisé » dirigé par un dirigeant divinement oint.

Ils admirent ouvertement les apologistes nazis tels que Rousas John Rushdoony, un partisan de l’eugénisme qui soutient que l’éducation et la protection sociale devraient être confiées aux églises et que la loi biblique doit remplacer le code juridique laïc, et les théoriciens du parti nazi tels que Carl Schmitt.

Ce sont des racistes avoués, des misogynes et des homophobes. Ils adhèrent à d’étranges théories du complot, de la théorie du remplacement des blancs à un monstre mystérieux qu’ils appellent « les éveillés ». Il suffit de dire qu’ils ne sont pas ancrés dans un univers basé sur la réalité.

Domination chrétienne 

Les fascistes chrétiens sont issus d’une secte théocratique appelée Dominionisme. Cette secte enseigne que les chrétiens américains ont reçu pour mission de faire de l’Amérique un État chrétien et un agent de Dieu. Les opposants politiques et intellectuels à ce biblicalisme militant sont condamnés comme étant des agents de Satan.

« Sous la domination chrétienne, l’Amérique ne sera plus une nation pécheresse et déchue, mais une nation dans laquelle les dix commandements constitueront la base de notre système juridique, le créationnisme et les « valeurs chrétiennes » constitueront la base de notre système éducatif, et les médias et le gouvernement proclameront la Bonne Nouvelle à tous », ai-je noté dans mon livre.

« Les syndicats, les lois sur les droits civiques et les écoles publiques seront abolis. Les femmes seront retirées du marché du travail pour rester à la maison, et tous ceux qui ne seront pas suffisamment chrétiens se verront refuser la citoyenneté. Outre son mandat de prosélytisme, le gouvernement fédéral sera réduit à la protection des droits de propriété et de la sécurité intérieure. »

Les fascistes chrétiens et leurs bailleurs de fonds milliardaires, ai-je noté, « parlent en termes et en expressions qui sont familiers et réconfortants pour la plupart des Américains, mais ils n’utilisent plus les mots pour signifier ce qu’ils voulaient dire par le passé ». Ils commettent un logocide , tuant les anciennes définitions et les remplaçant par de nouvelles.

Les mots — vérité, sagesse, mort, liberté, vie et amour — sont déconstruits et on leur attribue des significations diamétralement opposées. La vie et la mort, par exemple, signifient la vie en Christ ou la mort au Christ, signe de croyance ou d’incrédulité.

La sagesse fait référence au niveau d’engagement et d’obéissance à la doctrine. La liberté n’est pas une question de liberté, mais de liberté qui vient du fait de suivre Jésus-Christ et d’être libéré des diktats de la laïcité.

L’amour est déformé pour signifier une obéissance inconditionnelle à ceux, comme Trump, qui prétendent parler et agir au nom de Dieu.

Alors que la spirale de la mort s’accélère, des ennemis fantômes, nationaux et étrangers, seront accusés de cette disparition, persécutés et voués à l’anéantissement. Une fois les dégâts complets, entraînant la paupérisation des citoyens, l’effondrement des services publics et engendrant une rage inchoative, seul l’instrument brutal de la violence d’État restera.

Beaucoup de gens vont souffrir, d’autant plus que la crise climatique inflige avec une intensité de plus en plus grande ses conséquences mortelles.

L’effondrement de notre système constitutionnel de freins et contrepoids a eu lieu bien avant l’arrivée de Trump. Le retour de ce dernier au pouvoir représente le râle d’agonie de la Pax Americana.

Le jour n’est pas loin où, comme le Sénat romain en 27 avant J.-C., le Congrès prendra son dernier vote important et cédera le pouvoir à un dictateur. Le Parti démocrate, dont la stratégie semble être de ne rien faire et d’espérer que Trump implose, a déjà accepté l’inévitable.

La question n’est pas de savoir si les États-Unis vont disparaître, mais combien de millions d’innocents ils emporteront avec eux. Compte tenu de la violence industrielle dont fait preuve l’empire américain, ce chiffre pourrait être élevé, surtout si les dirigeants décident de recourir à l’arme nucléaire.

Le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) — dirigée par « un nid de vipères de marxistes radicaux de gauche qui détestent l'Amérique », selon Elon Musk — est un exemple de la façon dont ces incendiaires ignorent comment fonctionnent les empires.

Qui reçoit l’aide étrangère américaine ? 



Une femme haïtienne à Port-au-Prince en 2010 reçoit sa ration de riz distribuée

par World Vision en coordination avec l'armée américaine

et le Programme alimentaire mondial des Nations Unies.

(R. Gustafson, USAID, Flickr,(CC BY-SA 2.0)

L'aide étrangère n'est pas bienveillante. Elle est utilisée comme une arme pour maintenir la primauté sur les Nations Unies et pour renverser les gouvernements que l'empire juge hostiles. Les pays membres de l'ONU et d'autres organisations multilatérales qui votent dans le sens exigé par l'empire, qui abandonnent leur souveraineté aux multinationales et à l'armée américaine, reçoivent de l'aide. Ceux qui ne le font pas, n'en reçoivent pas.

Lorsque les États-Unis ont proposé de construire l'aéroport de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, rapporte le journaliste d'investigation Matt Kennard, ils ont exigé qu'Haïti s'oppose à l'admission de Cuba à l'Organisation des États américains, ce qu'ils ont fait.

L’aide étrangère permet de construire des projets d’infrastructures qui permettent aux entreprises d’exploiter des ateliers de misère et d’extraire des ressources à l’échelle mondiale. Elle finance la « promotion de la démocratie » et la « réforme judiciaire » qui contrecarrent les aspirations des dirigeants politiques et des gouvernements qui cherchent à rester indépendants de l’emprise de l’empire.

L’USAID, par exemple, a financé un « projet de réforme des partis politiques » conçu « comme un contrepoids » au Mouvement « radical » vers le socialisme ( Movimiento al Socialismo ) et visant à empêcher des socialistes comme Evo Morales d’être élus en Bolivie.

Il a ensuite financé des organisations et des initiatives, notamment des programmes de formation pour que les jeunes boliviens puissent apprendre les pratiques commerciales américaines, une fois Morales devenu président, afin d'affaiblir son emprise sur le pouvoir.

Dans son livre, The Racket: A Rogue Reporter vs The American Empire , Kennard décrit comment les institutions américaines telles que le National Endowment for Democracy, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Banque interaméricaine de développement, l'USAID et la Drug Enforcement Administration, travaillent en tandem avec le Pentagone et la Central Intelligence Agency pour subjuguer et opprimer le Sud global.

Les pays bénéficiaires de l’aide doivent briser les syndicats, imposer des mesures d’austérité, maintenir les salaires à un niveau bas et maintenir des gouvernements fantoches. Les programmes d’aide massivement financés, conçus pour faire tomber Morales, ont finalement conduit le président bolivien à expulser l’USAID du pays.

Le mensonge propagé au grand public est que cette aide profite à la fois aux nécessiteux à l’étranger et à nous-mêmes. Mais les inégalités que ces programmes favorisent à l’étranger reproduisent les inégalités imposées sur le plan national. La richesse extraite des pays du Sud n’est pas répartie équitablement. Elle finit entre les mains de la classe des milliardaires, souvent cachée dans des comptes bancaires à l’étranger pour échapper à l’impôt.

Financer Iron Fist

Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth avec le Premier ministre israélien 

Benjamin Netanyahu au Pentagone le 5 février. (DoD, Madelyn Keech, domaine public)

Pendant ce temps, les impôts américains financent de manière disproportionnée l’armée, qui est la main de fer qui soutient le système d’exploitation. Les 30 millions d’Américains victimes des licenciements massifs et de la désindustrialisation ont perdu leur emploi au profit des ouvriers des ateliers clandestins à l’étranger. Comme le souligne Kennard, il s’agit d’un vaste « transfert de richesse des pauvres vers les riches, à l’échelle mondiale et nationale ».

« Les mêmes qui ont inventé les mythes sur ce que nous faisons à l’étranger ont également construit un système idéologique similaire qui légitime le vol chez nous ; le vol des plus pauvres par les plus riches », écrit-il. « Les pauvres et les travailleurs de Harlem ont plus en commun avec les pauvres et les travailleurs d’Haïti qu’avec leurs élites, mais cela doit être occulté pour que le racket fonctionne. »

L’aide étrangère maintient des ateliers de misère ou des « zones économiques spéciales » dans des pays comme Haïti, où les travailleurs peinent pour quelques centimes de l’heure et souvent dans des conditions dangereuses pour des entreprises mondiales.

« L’une des facettes des zones économiques spéciales, et l’un des avantages pour les entreprises aux États-Unis, est que les zones économiques spéciales ont encore moins de réglementations que l’État national sur la façon dont vous pouvez traiter le travail, les impôts et les douanes », m’a dit Kennard dans une interview.

« Vous ouvrez ces ateliers clandestins dans les zones économiques spéciales. Vous payez les travailleurs une misère. Vous récupérez toutes les ressources sans avoir à payer de droits de douane ou d’impôts. L’État du Mexique ou d’Haïti, ou quel que soit le pays où cette production est délocalisée, n’en tire aucun bénéfice. C’est voulu. Les caisses de l’État sont toujours celles qui ne sont jamais augmentées. Ce sont les entreprises qui en profitent. »

Ces mêmes institutions et mécanismes de contrôle américains, écrit Kennard dans son livre, ont été utilisés pour saboter la campagne électorale de Jeremy Corbyn, un féroce critique de l’empire américain, pour devenir Premier ministre en Grande-Bretagne.

Les États-Unis ont dépensé près de 72 milliards de dollars en aide étrangère au cours de l’exercice 2023. Ils ont financé des initiatives en faveur de l’eau potable, des traitements contre le VIH/sida, la sécurité énergétique et la lutte contre la corruption. En 2024, ils ont fourni 42 % de toute l’aide humanitaire recensée par les Nations unies.

L’aide humanitaire, souvent décrite comme un « soft power », est conçue pour masquer le vol des ressources du Sud global par les entreprises américaines, l’expansion de l’empreinte de l’armée américaine, le contrôle rigide des gouvernements étrangers, la dévastation causée par l’extraction des combustibles fossiles, les abus systémiques des travailleurs dans les ateliers de misère mondiaux et l’empoisonnement des enfants travailleurs dans des endroits comme le Congo, où ils sont utilisés pour extraire le lithium.

« Assécher le marais »

Manifestation devant le bâtiment du Trésor américain le 4 février.  

(Geoff Livingston, Wikimedia Commons, CC BY 2.0 )

Je doute que Musk et son armée de jeunes serviteurs du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) – qui n’est pas un département officiel au sein du gouvernement fédéral – aient la moindre idée de la manière dont fonctionnent les organisations qu’ils détruisent, de la raison de leur existence ou de ce que cela signifiera pour la disparition de la puissance américaine.

La saisie des dossiers du personnel gouvernemental et des documents classifiés, les efforts visant à résilier des contrats gouvernementaux d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars – principalement ceux liés à la Diversité, l’Équité et l’Inclusion (DEI), les offres de rachat pour « assécher le marais », y compris une offre de rachat à l’ensemble du personnel de la Central Intelligence Agency – désormais temporairement bloquée par un juge –, le licenciement de 17 ou 18 inspecteurs généraux et procureurs fédéraux , l’ arrêt du financement et des subventions gouvernementales, les voient cannibaliser le Léviathan qu’ils adorent.

Ils prévoient de démanteler l' Agence de protection de l'environnement , le ministère de l'Éducation et le service postal américain , qui font partie intégrante de l'appareil interne de l'empire. Plus l'État devient dysfonctionnel, plus il crée des opportunités commerciales pour les entreprises prédatrices et les sociétés de capital-investissement.

Ces milliardaires vont faire fortune en « récoltant » les restes de l’empire. Mais ils vont finalement abattre la bête qui a créé la richesse et la puissance américaines.

Une fois que le dollar ne sera plus la monnaie de réserve mondiale, ce que garantit le démantèlement de l'empire, les États-Unis ne pourront plus payer leurs énormes déficits en vendant des obligations du Trésor. L'économie américaine sombrera dans une dépression dévastatrice.

Cela entraînera une désintégration de la société civile, une hausse des prix, notamment des produits importés, une stagnation des salaires et un taux de chômage élevé. Le financement d’ au moins 750 bases militaires à l’étranger et de notre armée pléthorique deviendra impossible à maintenir.

L’empire va instantanément se contracter. Il deviendra l’ombre de lui-même. L’hypernationalisme, alimenté par une rage latente et un désespoir généralisé, se transformera en un fascisme américain empli de haine.

« La disparition des États-Unis en tant que puissance mondiale prééminente pourrait survenir bien plus rapidement que quiconque ne l’imagine », écrit l’historien Alfred W. McCoy dans son livre In the Shadows of the American Century: The Rise and Decline of US Global Power :

Lorsque les revenus diminuent ou s’effondrent, souligne McCoy, « les empires deviennent fragiles ». Il écrit :

« L’écologie de leur pouvoir est si fragile que, lorsque les choses commencent à vraiment mal tourner, les empires s’effondrent régulièrement à une vitesse incroyable : un an seulement pour le Portugal, deux ans pour l’Union soviétique, huit ans pour la France, onze ans pour les Ottomans, dix-sept pour la Grande-Bretagne et, selon toute vraisemblance, vingt-sept ans seulement pour les États-Unis, à compter de l’année cruciale de 2003 [lorsque les États-Unis ont envahi l’Irak]. »

L’éventail d’outils utilisés pour la domination mondiale — la surveillance généralisée, l’éviscération des libertés civiles, y compris le respect des procédures régulières, la torture, la police militarisée, le système pénitentiaire massif, les drones et les satellites militarisés — sera utilisé contre une population agitée et enragée.

La dévoration de la carcasse de l’empire pour nourrir la cupidité et les égos démesurés de ces charognards présage d’un nouvel âge sombre.

Chris Hedges est un journaliste lauréat du prix Pulitzer qui a été correspondant à l'étranger pendant 15 ans pour  le New York Times , où il a été chef du bureau du Moyen-Orient et chef du bureau des Balkans. Il a auparavant travaillé à l'étranger pour  le Dallas Morning News, le Christian Science Monitor et NPR. Il est l'animateur de l'émission « The Chris Hedges Report ».

Cet article est tiré de ScheerPost

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